Edito n° 139

DIALOGUE n° 139  Écrire ses pratiques : levier de transformation sociale


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Écrire ses pratiques ,                                                                           un pouvoir d'action sur le réel à démultiplier

Christine Jeansous

Dialogue offre depuis sa création une scène aux militants de l'éducation nouvelle, une invite à l'écriture de leurs pratiques. C'est à ce titre que la revue était invitée aux Journées d'étude de l'Institut Henri Wallon : « Écrire ses pratiques : levier de transformation sociale », avec pour défi la mise en chantier, en collaboration avec les participants et intervenants à ces journées, d'un numéro sur ce sujet.

C'est ainsi que les articles qui suivent questionnent une expérience particulière bien connue du GFEN : celle de l'écriture des pratiques.

Quels en sont les enjeux et quels en sont les effets sur celui qui écrit ?

Pour celui qui écrit, comment s'y prendre ?

Que transmettre ? Que donner à lire de sa pratique si l'on veut que le lecteur s'en empare ?

 

Ni compte-rendu, ni simple mise en mots d'une histoire à raconter, quels sont les choix à opérer pour retracer plusieurs heures voire plusieurs mois de travail en quelques lignes ? Ne s'agit-il pas en premier lieu tout simplement d'oser ? Passer par le faire, ici celui de l'écriture ? Se décider à la tâche pour en éprouver l'activité ?

Lors de ces journées ont été explorés plusieurs outils, que le lecteur trouvera développés dans les pages qui suivent, pour formaliser l'expérience et la communiquer. L'anecdote significative : Comment passer de ce récit à l'écriture d'une pratique analysée ? La schématisation : en quoi et comment permet-elle la conceptualisation ? La problématisation : en quoi est-elle nécessaire à l'écriture et transmission de ses pratiques ?

Ni grille descriptive au vocabulaire spécifique, ni modèle préétabli où la part de l'humain et sa subjectivité sont trop souvent relégués aux oubliettes. Jusqu'où jouer avec la norme et quel rapport entretient-on avec elle ?         La poésie et l'écriture de création peuvent-elles rendre compte d'une pratique professionnelle  et donner au lecteur l'envie de la faire sienne ? Qu'est-ce que cette écriture-là bouscule ?

Écrire pour de bon, publier ses pratiques dans une revue ou un ouvrage pour les mutualiser et se pose alors la question du destinataire, cet autre imaginé, plus ou moins présent, identifié. Quels questionnements faire émerger  et comment les mettre en relation ? Cet autre nous pousse à adopter un point de vue, choisir ce qui est à expliciter, mettre en lumière une part d'invisible de l'acte (ses motifs, ses mobiles, ses valeurs...) effacer, abandonner une part du visible et accepter que s'invente, par les choix opérés, une pratique transformée. Rude tâche pour l'auteur. C'est dans ce travail-là que cet autre bien réel, celui de l'éditeur ou du comité de rédaction, peut jouer comme le souligne André Soutrenon dans une interview, pleinement son rôle d'accompagnement à l'écriture. 

Comment enfin tenir compte et gérer les exigences d'une situation de publication ? Plusieurs auteurs y répondent ici en analysant leur expérience,  que ce soit celle de la publication d'un ouvrage collectif : comment lui donner cohérence quand on est 25 auteurs ? ou celle de l'écriture d'un manuel : n'est-ce pas une forme particulière d'écriture de pratique et comment faire avec ses spécificités ?

Écrire une pratique professionnelle pour la partager serait-il réservé à quelques initiés ? D'abord, osez... entendait-on dire lors de ces journées. Derrière ce faire, c'est la construction de la pensée sur son acte qui est en jeu, un pouvoir d'action sur le réel... à démultiplier.

C'était l'un des enjeux des journées organisées par l'Institut Henri Wallon.

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