Métier(s)
à fleur de peau :
de la nécessité de renouer avec le
collectif pour sortir de l'impasse
Jacqueline
BONNARD
Deux
suicides, celui d'une directrice
d'école sur son lieu de travail en
région parisienne suivi de celui
d'un enseignant de lycée
professionnel dans le Puy de Dôme,
ont mis en avant la souffrance au
travail des enseignants (Selon le
Ministère de l'éducation national,
58 agents de l'Education nationale
se sont suicidés durant l'année
scolaire 2018-2019 dont 11 depuis la
rentrée de septembre). Face à
l'irréversible et l'incompréhension
de tels gestes, quelques mots écrits
en guise de testament pointent à
chaque fois les conditions de
travail mettant à mal le
professionnel soucieux de "bien
faire son travail". C'est ce
sentiment que le métier vous échappe
alors que la responsabilité en
matière de résultats s'accroit
socialement et institutionnellement.
Pour Yves Clot, « on
peut parler de souffrance au
travail lorsque l'activité est
empêchée. (...) L'activité empêchée,
c'est ne pas pouvoir se
reconnaître dans ce que l'on fait »
Une
conception du métier qui se heurte
aux nouvelles gouvernances
Chaque
système éducatif est le résultat
d'une histoire nationale singulière.
La nôtre a été marquée par celle des
"hussards noirs de la république",
instituteurs publics sous la III?
République après le vote des lois
scolaires dites "lois Jules Ferry"
et le vote de la loi de séparation
des Églises et de l'État en 1905.
L'appartenance
à l'Union Européenne n'a pas que
des implications économiques et
politiques, elle impose à chacun
de ses membres des directives qui
induisent de nouvelles
gouvernances. Lancée en 2000, la
stratégie de Lisbonne visait un
double objectif : transformer
l'économie européenne du XXIe siècle
en la fondant sur l'économie
de la connaissance pour en faire
la plus compétitive au monde.
Mais comment transformer les
systèmes publics d'éducation pour
les rendre "compétitifs" ?
Certains thinktank européens de
l'éducation préconisent le
"nouveau management public"
inspiré des méthodes de gestion du
secteur privé, en particulier
industriel. Il s'agit de
rationaliser toute organisation en
diminuant les coûts de production,
mais peut-on traiter de l'humain
de la même façon que les pièces
automobiles ? [...] Lire la
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