Extraits du Dialogue n° 152
Dialogue n° 152 - Enseignement secondaire. Enjeux et pratiques
L'éducation nouvelle en situation nouvelle : témoignage d'une traversée en cours
Jean-Charles ROYER
Le micro lycée « Lycée Nouvelle Chance »
de Cergy est une structure de « raccrochage » installée au sein même
d'un lycée classique. (...) Il ne vise pas uniquement la (re)scolarisation, mais aussi la re-socialisation
de ces jeunes pour la plupart très heurtés par l'existence, cumulant de
nombreuses difficultés, à la fois économiques, sociales, familiales et
psychologiques. Cette articulation est au coeur des interrogations de l'équipe
: faut-il privilégier la réussite éducative (intégration dans la classe,
dans le groupe LNC, dans la relation aux adultes, etc.) pour rendre possible la
réussite scolaire, ou au contraire faut-il penser la réussite scolaire
comme condition d'un progrès dans l'estime de soi, et par conséquent d'un
progrès dans l'aisance relationnelle ?
C'est au vu de cette interrogation que
l'auteur présente le fonctionnement du Lycée Nouvelle Chance puis décrit et
analyse une de ses spécificités : des « ateliers
philo-culture ».
Instruction/éducation : la distribution des rôles entre conseiller principal d'éducation et professeurs
Fabienne SCHMITT - CPE à Paris, Secteur philosophie du GFEN
Il est des sujets plus douloureux à
traiter que d'autres parce qu'ils cristallisent en eux toutes les tensions
irrésolues qui agissent sourdement et de façon insidieuse sur les personnes et
les institutions. Évoquer la distribution des rôles entre conseiller principal
d'éducation et professeurs dans les collèges et lycées, c'est d'emblée mettre
le doigt sur une division sociale du travail dans les établissements du
secondaire, qui semble tout à la fois évidente et nécessaire autant qu'absurde
et arbitraire.
Le métier de CPE - Conseiller
principal d'éducation - s'est en quelque sorte construit sur cette
contradiction et en reste prisonnier, tant son dépassement se heurte à des
résistances farouches et puissantes, de l'institution, mais aussi des CPE eux-mêmes.
Doit-on avancer l'hypothèse que le
métier de CPE, cette spécificité française est le symptôme des luttes internes
entre deux conceptions antagonistes de l'éducation et que comme tout symptôme,
il révèle autant qu'il laisse en l'état une situation de blocage et de
souffrance ?
A moins qu'il ne s'agisse d'un faux débat faisant
recours à des modèles qui relèvent plus du mythe que de la réalité ?
Une formation dans le second degré outillée par l'éducation nouvelle et l'analyse du travail
Isabelle LARDON, formatrice, académie de Dijon
Les enseignants spécialisés du premier degré, les professeurs de collège ou de lycée professionnel qui enseignent à des élèves de SEGPA ont-ils des préoccupations communes malgré des « métiers » différents ? Il en est une qui revient souvent quand on rencontre les collègues sur le terrain, c'est celle de « ces élèves qui nous poussent à bout ». (...)
Histoire d'une formation académique associant démarches du GFEN et ressources de Néopass@ction.
Un projet littéraire pour assurer la continuité école/collège : à quelles conditions ?
Marie-Pierre DUBERNET, professeur des écoles
La réussite scolaire des enfants devrait être facilitée par une continuité école/collège affirmée, année après année, par les textes. Qu'en est-il réellement, sur le terrain ? Pour les enseignants, les enseignants de CM2 et un ou deux professeurs volontaires du collège se rencontrent une fois au mois de juin. Ces réunions se limitent à des commentaires individuels sur les élèves, puis petit à petit, sur les seuls élèves en difficulté. Pour les élèves, la liaison CM2/6ème se résume à une journée passée au collège : visite des locaux, rencontre avec le principal, repas et passage dans un cours en 6ème. L'expérience de projet littéraire que j'ai mené de 2007 à 2013, permettra d'éclairer les conditions d'une collaboration entre les professionnels et d'une réelle continuité des apprentissages.
Jean-Marc CHAMPEAUX
Le collège : une rencontre singulière d'un sujet-élève dans sa trajectoire préadolescent, d'un produit à les savoirs dispensés en ce lieu à et d'une historie particulière à celle des structures sociales organisées de l'éducation.
Les dispositifs d'alternance au collège : un prof à l'école du tri sélectif
Sylvain GALY, professeur d'espagnol, Secteur Langues du GFEN. Coresponsable d'un dispositif d'alternance en 4ème, de 2004 à 2013
Entre une alternative valorisante pour les élèves qui ne se trouvent pas à l'aise dans les études générales et une « orientation précoce » voire adaptabilité au marché du travail, quelle position adopter face à ce dispositif ? S'appuyant sur son expérience, qu'il décrit ici, l'auteur nous fait part de ses analyses et questionnements.
C'est le moment ou jamais d'apprendre à se passer d'un maître... Pour une ambition éducative partagée
Cécile VICTORRI
J'enseigne à Sarcelles, en banlieue parisienne, et contrairement à ce qu'on pourrait peut-être s'imaginer, mes élèves ont souvent complètement intériorisé les enjeux de l'école : les notes, l'objectif du bac, l'orientation par la sélection. De ce fait, leur demande est parfaitement claire : des notes convenables, pour leur permettre d'accéder à des études supérieures d'une qualité raisonnable. Ils ne demandent pas la lune (dont ils ignorent parfois l'existence), mais ils savent très bien ce qu'il faut éviter à tout prix (le marché du travail sans qualification) et ce que le lycée leur permet d'espérer. On voit combien leurs préoccupations, dont la légitimité n'est pas en question ici, peuvent paraitre éloignées de celles du professeur, que je suis, pour qui les notes sont secondaires, voire nuisibles, pour qui la collaboration est le moteur de l'intelligence, pour qui le savoir est en lui-même émancipateur, et non un simple moyen pour obtenir une reconnaissance sociale. (...)
Si on part du principe que le cours ne doit pas être « reçu », mieux encore, qu'il n'y a pas « un cours » à recevoir mais qu'enseigner c'est créer les conditions pour que les élèves découvrent et s'approprient ensemble les problèmes, les concepts, les textes philosophiques, on voit à quel point on est en rupture avec le contrat tacite qui lie les élèves à l'institution scolaire. Or ma priorité n'est pas de créer les conditions requises pour que je puisse « faire mon cours » mais plutôt d'installer un cadre pour que les élèves puissent travailler(...) Comment construire la classe elle-même comme collectif de travail ?
Les débuts d'une professeur des écoles en SEGPA
Emmanuelle HAMEZ
Comment les pratiques pédagogiques peuvent-elles nous aider à mettre les élèves en activité, et dans le même temps renforcer l'envie d'enseigner ? Témoignage d'une professeur.
Florence MAZET
L'entrée en seconde est dans de nombreux établissements l'occasion de regrouper
des publics de divers collèges de quartier, de diverses provenances, et tous
les élèves du groupe classe ne se connaissent pas. A fortiori en langue
vivante, où des regroupements différents des classes elles-mêmes sont réalisés.
Pourquoi ne pas consacrer les premières heures à faire se connaître les élèves
de ce groupe, tout en réactivant les connaissances et les réflexes en matière
de présentation d'un individu (soi, ou un autre) en langue étrangère ? Ce
vocabulaire a en effet été bien travaillé lors des premières années
d'apprentissage de la langue vivante. Cette prise de contact permettra
peut-être la cohésion du groupe, et assurément facilitera les prochains travaux
en petits groupes, car il est toujours un peu difficile de travailler avec des camarades
sans les connaître du tout... Cette proposition de « jeu » permet aussi de
commencer l'année par un travail de groupe débouchant sur de l'expression
orale, ainsi qu'une première occasion de réfléchir au travail de mobilisation,
recherche, organisation et mémorisation du vocabulaire. Lire la suite
Engager les élèves dans une activité de pensée
Patrick RAYMOND, professeur d'histoire à géographie à éducation civique à GFEN Midi Pyrénées
« J'essaie seulement d'être toujours en
situation de démarche. » Qu'est-ce que ça signifie ? Simplement qu'il
n'est pas nécessaire de toujours faire vivre à voire d'inventer à des démarches
« canoniques » - ou qui pourraient le devenir à mais de mettre en
œuvre, au quotidien de la classe, ce qui fait leur efficience comme pratiques
de transmission du savoir : n'apprendre que seul mais avec les
autres ; la situation problème ; le détour ; la surprise ;
la création ; l'écriture... et par dessus tout, le pari du tous capables.
Développement et illustration avec un cours de 6ème
en éducation civique, qui n'est pas toujours - c'est un euphémisme - la matière
de prédilection des « historiens et géographes ».
Comment impliquer les élèves dans
la construction de savoirs en histoire ?
Pascal DIARD
« Mais monsieur, l'histoire à quoi ça sert ? ». Face à cette interpellation des élèves, souvent répétée dans des classes où l'histoire est seulement perçue comme un faible coefficient au bac, voici 2 outils inventés au GFEN, ici réinvestis dans le champ des études historiques, qui nous ont permis de construire un autre rapport à savoir au cœur même de nos pratiques : le texte à trous et le problème sans question.
Don Quichotte à Les moulins à
vent
Maria-Alice
MEDIONI, Centre de langues, Lyon 2, Secteur Langues du GFEN
Comment proposer le texte original de Cervantes, en l'occurence l'épisode des moulins ? Langue du XVII°, longueur du texte, "manque de culture" des élèves, contexte... tout concourt à rendre l'entreprise difficile. Pour autant, faut-il se priver mutuellement du plaisir et de la richesse des grandes œuvres ? Il faudra partir de ce que connaissent les élèves, même si c'est peu de choses, pour les amener à appréhender le personnage de Don Quichotte et l'aventure des moulins dans leur complexité.
Cet
atelier a été conçu pour un niveau A2. Lire la suite
Comment permettre aux élèves d'accéder au patrimoine cinématographique ?
Patrick RAYMOND
La
démarche décrite dans cet article, la « Lecture silencieuse avec questions
préalables », est une démarche réinvestissable dans toutes les disciplines.
Avec l'introduction au collège d'un enseignement d'histoire des arts, la séance
qui y est décrite, animée avec une classe de 6ème est directement
ré-exploitable telle quelle ou adaptable à toute production cinématographique.
Faut-il une propédeutique à l'éducation nouvelle ?
Erwan LE JEUNE
Comment transmettre les « outils » de l'éducation nouvelle ? S'appuyant sur la préparation collective d'une démarche du GFEN, la « Lecture avec questions préalables » - qu'il décrit par ailleurs - ainsi que sur sa mise à l'épreuve dans les classes, l'auteur dégage des invariants communs à toute démarche d'auto-socio-construction des savoirs.