La place du symbolique dans la conceptualisation
Yann Gibert | le 01/01/1970 00:00
Le but même de toute démarche est de se construire des schèmes réflexifs, capables de cerner telle ou...En savoir plus
Mouvement de recherche et de formation en éducation
Tous capables ! Tous chercheurs ! Tous créateurs !
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avril 2012
Former des travailleurs
compétents sur un marché de l'emploi concurrentiel ? Orienter une minorité
de jeunes vers les « pôles d'excellence », et les autres vers les
petits boulots précaires d'exécution ? Est-ce ainsi que les hommes et les
femmes s'humanisent ?
La visée d'employabilité,
adossée au « tout économique », qui
est assigné à l'école, rend aveugle sur la fonction essentielle du savoir,
qui est l'émancipation. L'école doit permettre une appropriation du
patrimoine culturel de l'humanité qu'il s'agisse des œuvres
humanistes, scientifiques, techniques, artistiques, qui nous affilient à toute
l'histoire humaine et par lesquelles se découvre et s'enrichit la personnalité. L'école doit viser une socialisation
élargie qui porte l'élève au-delà de ses premières attaches :
familiales, sociales, culturelles. L'école doit développer une aptitude
au travail collectif : comprendre et gérer aussi bien le conflit
que la coopération. L'école doit cultiver une conscience critique :
apprendre à problématiser et à hiérarchiser les informations reçues, et ainsi à
se forger un esprit critique et des convictions réfléchies. Autant
d'apprentissages qui participent d'une citoyenneté agissante, indispensable
pour actualiser et dynamiser la démocratie.
Le parti pris du « Tous capables » prend tout son sens dans le fait de prendre en compte, dans l'acte d'apprentissage, les potentialités immenses de chaque enfant pour qu'elles deviennent capacités effectives.
Aujourd'hui, l'individualisation
s'affirme comme la seule réponse à l'échec scolaire : il faudrait, dit-on,
adapter la scolarité aux « besoins » de chaque enfant en fonction de
ses « talents », de ses « goûts », de ses
« intérêts ».
Mais les différences entre
les élèves ne sont pas naturelles, elles sont culturelles, construites
socialement. Alors que certains enfants sont, dès leur entrée à l'école
maternelle, en connivence avec la culture scolaire, d'autres, issus des milieux
populaires, rencontrent des pratiques si éloignées de leurs pratiques
familiales qu'ils les ressentent comme étrangères, voire disqualifiantes et
violentes. Ignorer cela revient à légitimer les orientations précoces ou à
penser l'échec sur le mode de l'anormalité psychologique. Ce déni du social
amène ainsi à systématiser les aides personnalisées, qui ne font que répéter les
mécanismes d'exclusion, à prôner
médicalisation ou psychologisation normatives. Au bout du compte, l'enfant est
doublement culpabilisé : « élève en difficultés » et
« élève dys... » voire « anormal ».
L'individualisation, telle qu'elle est pensée, ne fait finalement que renforcer
les logiques ségrégatives.
Contre cette naturalisation des difficultés scolaires, nous réaffirmons ici la nécessité d'une haute exigence pour tous, dans l'affirmation de la capacité de chaque élève à apprendre, à se transformer en se dépassant.
Une idée très répandue considère
la transmission comme une opération de simple transfert de connaissances. Dans
une telle conception cumulative des savoirs et mécaniste de l'apprentissage, l'inégalité
reste une fatalité : quelques uns seraient « naturellement » aptes à
recevoir le plus, tandis que la grande majorité
devrait se contenter d'un minimum faussement garanti.
Contre cette vision linéaire et appauvrissante du
savoir comme « produit à stocker », nous soutenons l'idée d'un savoir
qui se construit dans un processus de transformation. Les incompréhensions que
rencontre l'élève dans son apprentissage ont à voir avec des problèmes auxquels
s'est heurtée l'humanité au long de son histoire. Le théorème de Thalès, la
circulation sanguine, la tectonique des plaques, la création poétique,
l'exploration de l'histoire, l'usage
d'une langue étrangère... autant d'énigmes, de questions à se poser, de problèmes à
résoudre. Il s'agit de faire vivre à chacun(e), en interaction avec les autres,
des situations stimulant inventivité et rigueur de pensée.
C'est dans une telle communauté de recherche et d'élaboration que se construisent tant les savoirs que la personnalité de chacun.
« Les élèves désobéissent, ne travaillent pas, veulent savoir sans faire l'effort d'apprendre, se comportent comme des sauvage » : qui n'a jamais entendu ces plaintes ? La souffrance est partout : chez les élèves, chez les enseignants, chez les parents, au point d'imaginer qu'une répression sans faille serait la solution. Mais toute répression est régression, faute d'interroger les causes du mal.
Aucun autoritarisme, aucune violence, aucune menace n'engagera jamais un élève dans un processus d'apprentissage réel. Un renversement pédagogique est indispensable si l'on veut éveiller la curiosité, reprendre pouvoir sur le désir d'apprendre, faire partager la joie de comprendre et d'interroger le monde. La pédagogie est invention permanente de situations adaptées, de défis sollicitant l'intelligence, visant à enclencher une dynamique d'élaboration collective.
Pratique
d' « auto-socio-construction du savoir » conçue, mise en œuvre,
théorisée dans l'éducation nouvelle.
Triste sort que celui fait à
la formation, d'un « haut niveau » académique sacrifiant la
professionnalité dans un déni consommé de la pédagogie : symptôme d'un
renoncement à la démocratisation et à la formation intellectuelle des futurs
citoyens ?
Une formation des
enseignants est plus que jamais nécessaire, si tant est que l'on se soucie
encore de démocratie, c'est-à-dire de la formation d'un peuple souverain. Il est urgent d'encourager une conception
solidaire de la pratique professionnelle, le travail d'équipe, que ce soit pour
élaborer des situations d'apprentissage, échanger sur les gestes professionnels
(faire classe, s'ajuster à l'inattendu, théoriser les démarches), ou encore
pour inscrire l'action éducative dans une stratégie qui mobilise l'ensemble des
acteurs (élèves, personnels, parents, collectivités locales ...).
Tous, élèves comme enseignants, sont capables... à condition de leur en fournir les moyens.
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