« L'école maternelle que nous voulons »
Valérie Pinton | le 10/01/2023 00:00
Le groupe forum Maternelle regroupant associations, syndicats, enseignants spécialistes de la maternelle a été...En savoir plus
Mouvement de recherche et de formation en éducation
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Les associations éducatives en danger !
La diminution, en 2005, de la subvention du Ministère de l'Éducation nationale et la suppression annoncée pour 2006 de 800 emplois d'enseignants mis à disposition mettent en grave difficulté les associations éducatives complémentaires de l'enseignement public et l'École publique elle-même.
Ces associations se situent, depuis leur création,
dans la logique du développement et du rayonnement de l'Ecole
publique. Elles en défendent les valeurs et visent à promouvoir,
durant et en dehors du temps scolaire, le service public d'éducation
dont elles sont des partenaires incontournables.
Que ce soit dans l'école elle-même, dans les centres
de loisirs et de vacances, dans les établissements spécialisés,
au sein des ateliers relais, des associations scolaires..., ou au
travers des formations qu'elles mettent en place, des colloques
et séminaires qu'elles organisent, des revues qu'elles
éditent ou des outils éducatifs et pédagogiques qu'elles
produisent..., elles occupent depuis des décennies une place
décisive dans l'éducation et la formation. Elles contribuent
à l'évolution du système éducatif, en
accompagnant nombre de dispositifs innovants dont elles sont souvent à
l'origine.
A ce titre, elles bénéficient depuis très longtemps
de l'agrément de l'Éducation nationale et du soutien
de l'Etat pour mener leur action grâce à des subventions
de fonctionnement et à la mise à disposition d'enseignants
(autorisée par le statut de la fonction publique), qui animent
et encadrent des réseaux nationaux, régionaux et départementaux
avec l'aide de milliers de salariés et plus encore de bénévoles.
Les enseignants mis à disposition de ces associations sont garants
de la qualité éducative des projets comme du respect des
principes fondamentaux de l'Ecole républicaine. L'évaluation,
régulièrement assurée par les inspections du ministère,
des missions confiées à ces enseignants confirme le bien-fondé
de leur action.
La baisse continue des subventions (moins 20% en 4 ans),
la décision de supprimer les postes de mis à disposition,
l'absence de référence au rôle éducatif
des associations complémentaires dans la Loi d'orientation,
marquent une rupture majeure des relations du Ministère de l'Éducation
nationale avec ses premiers partenaires éducatifs et illustrent
une évolution de la conception de l'éducation à
laquelle nous ne pouvons souscrire.
Nous réaffirmons la vocation non lucrative de l'action des
associations complémentaires et nous opposons aux dérives
marchandes qui dénaturent l'éducation, en temps et
hors temps scolaire, creusent les inégalités, asservissent
la communauté éducative et déconsidèrent les
missions et le rayonnement des éducateurs.
Dans une période où les questions de formation,
d'éducation à la citoyenneté, d'éducation
au développement, de laïcité, de temps libre, d'intégration
sociale, d'épanouissement personnel de l'enfant...
mettent en évidence la nécessaire complémentarité
éducative, cette « rupture de contrat » entre l'Éducation
nationale et ses premiers partenaires est incompréhensible.
Aujourd'hui, le gouvernement appelle à la mobilisation des
associations pour aider à la réalisation de ses politiques
en faveur de l'emploi et de la réussite éducative.
Nous ne pouvons admettre la diminution, dans le même temps, des
moyens attribués aux associations, qui va entraîner la réduction
de leurs activités et d'inévitables disparitions d'emplois.
La suppression des mises à disposition d'enseignants serait,
selon le ministère, une conséquence technique de la mise
en oeuvre de la nouvelle Loi Organique relative aux Lois de Finances (LOLF)
: les actions des associations ne rentreraient pas dans les objectifs
des programmes « Enseignement scolaire » de la LOLF adoptés
par le parlement.
Nous ne pouvons entendre cet argument.
En effet, s'il ne s'agit pas, comme l'affirme le Ministère,
d'une volonté politique délibérée d'affaiblir
les associations complémentaires de l'École, mais d'une "omission"
du législateur, celle-ci doit être rattrapée de toute
urgence pour permettre aux associations de retrouver leur place au sein
de l'École.
Nous demandons au Ministre de l'Éducation nationale
et au Premier Ministre de présenter devant le Parlement un rectificatif
au programme « Enseignement scolaire » de la LOLF intégrant
les objectifs éducatifs dont sont porteuses les associations.
Nous leur demandons également de revenir sur les décisions
de réduction des moyens pour 2005 et de suppression de la mise
à disposition d'enseignants en septembre 2006.
Ces demandes sont essentielles, car elles engagent la qualité des actions menées au quotidien par les associations éducatives complémentaires, dans et hors l'École, au service d'une Éducation démocratique, laïque et responsable.
Nous appelons dans le même temps à la mobilisation de tous les acteurs de l'éducation pour combattre ces décisions qui, si elles ne sont pas remises en cause, affaibliront durablement la capacité d'intervention des mouvements laïques.