« L'école maternelle que nous voulons »
Valérie Pinton | le 10/01/2023 00:00
Le groupe forum Maternelle regroupant associations, syndicats, enseignants spécialistes de la maternelle a été...En savoir plus
Mouvement de recherche et de formation en éducation
Tous capables ! Tous chercheurs ! Tous créateurs !
27 Septembre 2007
Monsieur le Président,
Améliorer la réussite scolaire de tous les jeunes, il n'y a
rien de plus urgent !
Vous semblez découvrir ce que nous n'avons cessé de dénoncer : après des années
de progrès constants, de hausse du niveau de formation des jeunes, le système
éducatif peine encore à remédier à l'échec scolaire de milliers de jeunes en
difficulté.
Mais cette crise est d'autant plus urgente à traiter qu'elle s'inscrit dans une
société qui voit grandir les inégalités sociales et territoriales. S'il y a des
difficultés dans l'Ecole, elles renvoient aussi, tout le monde le sait, à des
difficultés vécues au quotidien hors de l'école par des milliers d'enfants et
de jeunes. Non, tous les enfants n'ont pas les mêmes chances au départ, tous
les jeunes n'ont pas les conditions de vie, de santé, d'équilibre qui leur
permettent, sans accompagnement, d'accéder aux apprentissages, de se projeter
dans l'avenir.
Aider efficacement les jeunes les plus en difficulté, former les enseignants
pour cela, combattre les inégalités sociales et le danger que représenterait
l'instauration d'une Ecole à deux vitesses, ouvrir un avenir positif pour tous
les jeunes, rien de plus difficile, rien de plus compliqué sans doute, mais
rien de plus indispensable pour les jeunes, pour nous, pour l'avenir du pays.
C'est pourquoi l'Ecole doit réussir à se transformer.
C'est ce défi là que doit relever le Service Public d'Education, parce qu'il
est le seul à pouvoir le faire, pour tous, et pas seulement pour les plus
favorisés ou les « méritants ».
C'est une question d'avenir, c'est un enjeu de démocratie.
« Egalité des chances » ou « ambition-réussite », ces grands mots, tout comme
les polémiques stériles sur les méthodes d'enseignement, ne peuvent tenir lieu
de politique de transformation démocratique de l'Ecole.
Au contraire, supprimer des milliers de postes, réduire l'offre d'enseignement
pour tous, libéraliser la carte scolaire pour laisser se développer des ghettos
scolaires, jouer la concurrence entre établissements, annoncer un collège
éclaté, favoriser l'école privée, c'est menacer gravement le service public.
Comment avancer avec une politique guidée par la seule réduction des coûts ?
Tristement historique, la suppression de 11 200 emplois dans l'Education
nationale (et peut-être plus dans les années à venir), s'ajoutant aux milliers
déjà subies, annonce encore plus de précarité, de difficultés, pour tous,
personnels, familles, élèves. C'est inacceptable.
L'école, les enfants et les jeunes méritent mieux.
L'avenir des enfants d'aujourd'hui, leur formation de citoyen et leur insertion
professionnelle ne peuvent pas se réduire à un problème de « rentabilité » du
système, encore moins s'organiser en sélections successives avant le collège,
les lycées ou l'université.
Leur avenir se joue dès la maternelle, il se joue dans des classes moins
chargées, il se joue dans un collège pour tous, il se joue dans la mise en
oeuvre de pédagogies et d'organisations prenant en compte chacun, permettant
l'accès de tous aux savoirs, à la culture. Il se joue certes avec des études
dirigées, mais aussi et surtout avec une meilleure cohésion de la communauté
éducative, des enseignants formés, des personnels pour accompagner, aider à
tous les niveaux enfants et adolescents.
Nous voulons une politique éducative ambitieuse faisant avancer notre École
publique en mettant au cœur la réussite de tous les jeunes. Nous voulons pour
cela d'autres choix, un autre budget, une autre politique.
Nous vous prions d'agréer, Monsieur le président de la République, l'expression
de notre haute considération.
Signataires :
Cé, CRAP-Cahiers pédagogiques, FAEN, FCPE, FERC-CGT, FIDL, FSU, GFEN,
ICEM-Pédagogie Freinet, Ligue de l'enseignement, SGEN-CFDT, UNEF, UNL, UNSA
Education.