Extraits Dialogue n° 169

Dialogue n° 169 -  La maternelle. Enjeux d'hier et de demain


Editorial

  • La maternelle en jeu  Lire
    Jacques BERNARDIN

Des enjeux

  • L'école maternelle, une école pour la petite enfance
    Viviane BOUYSSE

    L'école maternelle dont il va être question ici est celle que nous connaissons aujourd'hui, plutôt que celle que nous pourrions ou devrions connaître. Cette précaution liminaire s'impose car l'obligation d'instruction à trois ans, dont la mise en place est annoncée pour 2019, pourrait conduire à modifier sa fonction et son fonctionnement. Disons donc que nous la regardons en 2018, dans « la fin du commencement » puisqu'elle aura eu bien plus d'un siècle d'existence avec ce régime particulier qui a fait d'une école facultative l'école de presque tous les enfants de France entre trois et six ans, une école de référence aussi, quelque critique qu'on ait pu lui adresser.
    Il s'agit ici de reprendre, à nouveaux frais car les temps ont bien changé, ce geste inaugural par lequel Pauline Kergomard tentait de faire saisir l'identité propre de l'école maternelle alors naissante : ni « petite caserne » (là c'était la salle d'asile qui était visée), ni « petite Sorbonne » (là c'était l'école élémentaire qui était concernée) car, en effet, il est plus facile de dire ce qu'elle n'est pas que ce qu'elle est. Cédons à cette facilité avant d'affronter la difficulté de sa définition positive.

  • Construire le goût d'apprendre à l'école maternelle
    Christine PASSERIEUX

    Ce texte est extrait de l'avant-propos du livre publié sous la direction de Christine Passerieux Construire le goût d'apprendre à l'école maternelle, paru en 2014.
    L'école maternelle, malgré des effets positifs reconnus sur le cursus scolaire des enfants, ne profite pas à tous de la même manière. Elle renforce pour ceux qui sont le plus éloignés de ses pratiques un rapport aux savoirs et aux apprentissages qui peut faire empêchement au devenir élève.
    Il est plus que nécessaire d'interroger les conceptions de ses missions et des modes de faire qui produisent de la différenciation. L'école maternelle doit sortir de son enfermement entre une conception rousseauiste de la « nature » enfantine où il suffirait de mettre les enfants en présence d'éléments de programmes et des logiques de résultats qui privilégient une approche techniciste des programmes et une conception mécaniste des apprentissages (dont les programmes de 2008 sont la démonstration).


  • L'école maternelle est fondamentale parce que c'est à l'école maternelle qu'on apprend à apprendre l'école
    Élisabeth BAUTIER Christine PASSERIEUX

    Éviter les malentendus qui construisent les inégalités d'apprentissage : pour que le langage et les situations deviennent des outils pour apprendre dès la maternelle.
    Les débats autour de ce que peut / doit / pourrait être l'école maternelle ont jusqu'à présent accompagné son existence sans pour autant la mettre en danger (en péril). Lieu de garderie, lieu des apprentissages premiers ou fondamentaux, lieu de développement global de l'enfant, productive vs expressive. Selon les époques, les conceptions, les élèves accueillis, son rôle n'était pas vécu, considéré de la même manière. Les débats sont donc loin d'être nouveaux, mais la question de la maternelle nous semble devoir être posée aujourd'hui de façon sensiblement différente compte tenu des évolutions curriculaires actuelles et du rôle des différents segments du système scolaire dans la scolarité des élèves.
    Compte tenu des recherches sur les inégalités sociales de scolarité, la maternelle comme première école est fondamentale pour une grande partie des élèves qui n'ont que l'école pour (y) apprendre ce que sont ses spécificités, ses formes cognitives et langagières, ses enjeux d'apprentissage également.

Des enseignements

  • Des objets sonores pour inventer et écrire un concert en maternelle
    Sophie REBOUL

    Quand les savoirs sont mobilisés dans le cadre d'une pédagogie de projet, quand ce n'est pas un simple intermède pensé et réalisé par l'enseignant en parallèle des temps d'apprentissage, finalités et objectifs conceptuels sont travaillés. Les enfants sont actifs, s'engagent, s'expriment et partagent leur point de vue. Michel Huber affirme que la pédagogie de projet est indispensable au développement, elle « révèle à l'acteur son pouvoir sur le monde et permet de fixer des objectifs de transformation de soi à travers des actions collectives et individuelles sur le réel ». Le projet qui vous est ici présenté consiste à construire un spectacle sonore à partir d'un album étudié en classe. Il est décrit dans son intégralité dans le chapitre 7 de l'ouvrage collectif Apprendre à comprendre dès l'école maternelle. Réflexions, pratiques, outils.

  • Athlétisme en maternelle : des actes et des pensées pour nos élèves et pour nous
    Claire PONTAIS

    L'EPS est régulièrement enseigné en maternelle, bien que les enseignant.e.s disent qu'elles/ils ne sont pas toujours à l'aise avec cet enseignement. En effet, ce qui est appelé -encore très souvent - « motricité » pose un problème récurrent : celui des acquisitions scolaires pour tous les élèves. Souvent ces acquisitions sont minimisées au profit d'objectifs plus généraux : la socialisation, le langage notamment. Et lorsque l'on pointe la question des inégalités sociales, avec le constat des écarts énormes entre l'accès à la culture des enfants de milieux populaires et enfants de milieux favorisés (qui pratiquent toutes sortes d'activités sportives : bébés-nageurs, baby-basket, baby-gym, du vélo, des randonnées en forêt, etc), c'est la question du rôle de l'école qui est pointé.

  • Vies tranquilles
    Hélène COHEN-SOLAL

    Présentation d'un atelier décloisonné mené en classe de maternelle (PS à MS- GS et CP; 3 fois deux heures).

    Le pari : Construire des tableaux faisant figurer des  « choses » ; on inaugure la question du « tableau» par rapport à la conventionnelle dénomination de « faire une peinture ».
    L'approche créative de la peinture et de la composition. Soutenir un travail créateur. Soutenir la « pulsion figurative ».

    Le dispositif et les situations :
    - Un moment de peinture, sans objectif annoncé, où on fait l'expérience des mélanges de couleurs (PS/MS) : la stratégie Matisse
    - Un deuxième moment de peinture de graphismes, (PS/MS) : Jeux graphiques
    - Un moment de dessin au trait de formes figuratives (GS/CP) : la stratégie Picasso
    - Une session de découpage des formes
    - Un moment d'analyse de tableau : chez Cézanne
    - Un de composition de formes figuratives (les deux sections) : Le marché
    - Une séance d'écoute de poèmes
    - Une séance en écriture, une énonciation (les deux sections).


  • Des savoirs dès la maternelle ? Oui, mais lesquels ?
    Catherine LEDRAPIER

    L'école maternelle en danger ? La récente tenue des "assises de la maternelle" (mars 2018) peut le laisser craindre, et ce rien qu'en regardant le programme. En effet on peut y constater que, ni les professionnels enseignants en maternelle, ni les professionnels chercheurs sur la maternelle (ni en didactique, ni en psychologie, ni en sociologie de l'éducation), ni les associations, ni les syndicats, ni les parents d'élèves, et, le comble, ni les enseignants (!), n'avaient été conviés à donner leur avis, à faire part de leurs savoirs. De réels "états généraux" de la maternelle s'imposent !
    Le ministre annonce qu'il veut des réformes "basées sur les sciences", mais il ne convoque que les neurosciences et la neuropsychiatrie, sciences d'émergence toute récente, qui ont certes des connaissances à apporter, mais qui n'ont pas d'expertise en matière d'apprentissage à l'école. De plus ces disciplines n'abordent pas la question des savoirs, ce qui est quand même une question importante pour une école. Par contre le ministre fait fi des sciences de l'éducation qui depuis 40 ans travaillent sur les questions relatives à l'école maternelle.

Le cahier du LIEN

  • Édito
    Étiennette VELLAS (GREN) et Michel NEUMAYER (GFEN)

    II est devenu fondamental pour l'Unesco, «d'investir» dans l'Éducation et la Protection de la Petite Enfance (EPPE) pour réaliser l'Agenda Éducation 2030 et plus largement le Programme de développement durable des Nations Unies. Avec entre autres ces objectifs : contribuer à une meilleure efficacité des systèmes d'éducation et de santé ; promouvoir l'égalité des sexes et une culture de paix ; produire une main-d'oeuvre mieux formée et qualifiée ; etc.

  • L'enfant, un primo-arrivant ?
    Eugénie ELOY (GBEN)

    Cet intitulé d'un atelier RPE *présenté par Danièle Crutzen, Directrice d'un centre d'accueil pour mineurs étrangers non accompagnés, est très intéressant.
    Cheminant dans le texte descriptif de cet atelier, arrêtons-nous sur quelques phrases qui nous interpellent, sortons du cadre des primo-arrivants non francophones, attardons-nous sur les quoi et les pourquoi de ce que l'on appelle communément,
    même au jardin d'enfance : «Inégalités scolaires».

  • Jardins d'enfants du canton de Genève
    Interview de Yolande HAUSER

    Créatrice des premiers Jardins d'enfants du canton de Genève, Yolande Hauser a participé à l'évolution de la prise en charge
    professionnelle de la Petite enfance.

  • L'approche par la situation (RFA et Luxembourg)
    Mélanie NOESEN (GLEN LUXEMBOURG) Kerstin HOPP

    Des traditions très divergentes existent entre Allemagne et France : en Allemagne, l'obligation scolaire commence à 6 ans et  c'est seulement à cet âge que l'État, les Länder entrent en jeu. Depuis peu, l'État garantit que chaque enfant à l'âge de deux  ans puisse trouver une place dans une institution, mais ce droit n'est pas réalisé partout faute d'institutions et de professionnels formés. Du coup, l'acteur le plus puissant en la matière en Allemagne de l'Ouest est encore l'Église (les Églises). Des institutions publiques existent. Elles sont rares. Il peut s'agir (par exemple) d'initiatives de parents quand elles remplissent les conditions pour avoir l'agrément.

  • À Genève, « L'école active »
    L'équipe pédagogique de L'école active

    La classe des 3 et 4 ans. Enseignement bilingue.
    Coup d'oeil sur des spécificités de l'école.

La vie de classe

  • Apprendre à penser en réalisant un puzzle : une pratique coopérative et langagière
    Jean PERBET

    Les récentes Assises de la maternelle nous ont amenés à reprendre nos réflexions au sein du mouvement. Il nous semblait urgent de rappeler la place des savoirs dans ce débat. La maternelle ne peut pas être qu'une école de la bienveillance et du bien-être. Ou plutôt, le bien-être et la bienveillance sont liés aux savoirs qui font l'essence de notre métier.
    Je me réfère aux travaux du groupe ESCOL pour parler de savoirs ou plutôt de rapport au Savoir. Rapport au Savoir qui inclut les rapports aux savoirs scolaires, mais aussi les rapports à « savoir » (représentations de ce qu'est apprendre), les rapports à soi, aux autres et au monde.
    L'école, par la médiation des savoirs, devrait permettre à chacun d'apprendre à penser par soi-même dans une perspective émancipatrice et altruiste car les savoirs portent en eux une dimension de progrès pour l'Humanité. Mais comment « apprendre à penser » ? Comment utiliser cette pensée pour apprendre, pour comprendre, pour développer ce langage intérieur ?...

  • Qu'on laisse la parole aux ATSEM
    Interview par Marie-Pierre DUBERNET

    Alors que la commune reviendra aux 4 jours de classe à la rentrée prochaine et que les TAP seront supprimés, nous avons choisi de faire le bilan de ces 4 années avec 2 ATSEM travaillant chacune dans une des maternelles et dont les expériences apparaissent très contrastées. Elles ont bien voulu répondre à nos questions. Les problèmes auxquels elles sont confrontées ne sont pas forcément ceux que nous avions anticipés. Nous pensions par exemple que le transfert d'autorité aux ATSEM lors des TAP ne serait pas évident pour elles, mais aussi pour les enfants et les parents.

  • Apprentissages collectifs et individuels : quelles pratiques enseignantes ?
    Damien SAGE

    Au départ de cette question vive, il y a pour moi une tension qui s'est exacerbée ces dernières années. Dès ma deuxième année d'enseignement, j'ai rencontré le GFEN. En vivant les démarches qui sont proposées par le mouvement, j'ai pu appréhender un certain nombre de notions :
    -  le conflit socio-cognitif comme levier d'apprentissage;
    - la mobilisation (et non la motivation) des élèves par des situations défis ;
    - la construction des savoirs à l'école, et non leur transmission ;
    - la dimension anthropologique des savoirs, à savoir replacer les savoirs dans l'histoire de l'humanité comme des solutions apportées à des problèmes historiques contextualisés ;
    - l'importance du collectif d'apprentissage qui permet de sécuriser tous les participants leur permettant ainsi d'expérimenter — et de se tromper — pour pouvoir aller plus avant dans la construction des savoirs.

Le secteur Maternelle du GFEN

  • Défendre et transformer l'école maternelle : des Rencontres nationales pour que la maternelle fasse école
    Secteur Maternelle
    En juillet 2008 le ministre de l'éducation nationale, Xavier Darcos heurtait l'ensemble des enseignants de l'école maternelle dans leur professionnalité en déclarant devant le sénat : « Est-ce qu'il est vraiment logique, alors que nous sommes si soucieux de la bonne utilisation des crédits délégués par l'État, que nous fassions passer des concours bac +5 à des personnes dont la fonction va être essentiellement de faire faire des siestes à des enfants ou de leur changer les couches ? ».
    Sous couvert de bonne gestion des deniers publics, la tentation provoque régulièrement de la part de nos dirigeants des tentatives de réforme de cette première école, particularité du système français d'éducation.

  • Apprendre à comprendre dès l'école maternelle» : quand un projet d'écriture participe du projet d'un secteur
    Isabelle LARDON et le secteur Maternelle

    Ce texte relate une expérience individuelle et collective et il donne à voir de l'intérieur tout le déroulement de la chronologie du projet, de la décision de le monter à la production de l'objet final. Il tente également de prendre un peu de recul pour analyser ce qui s'est passé pendant la durée du projet pour le groupe qui l'a porté. Au final, ce projet a aussi consisté à créer et  montrer des pratiques pour défendre et transformer l'école maternelle, qui est la problématique générale de ce numéro de Dialogue.

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