Extraits Dialogue n° 162

Dialogue n° 162 -  Des pratiques pour lever les fatalités

Actes des 9èmes rencontres nationales sur l'accompagnement, Saint-Denis 2 avril 2016

  • Pratiques pour lever les fatalités à l'école, dans les familles, dans le quartier  Lire
    Jacques BERNARDIN
  • Une école de la réussite pour tous 
    Marie-Aleth GRARD, vice-présidente d'ATD-Quart-Monde

    Au titre de vice-présidente d'ATD-Quart-Monde je siège au Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) et au Conseil Supérieur des Programmes. ATD Quart-Monde, ATD = Agir Tous pou la Dignité Quart-Monde, noud sommes un mouvement qui depuis 60 ans mène un combat éminemment politique au sens premier du terme. Nous avons la folie de croire qu'éradiquer la misère c'est toujours possible et que pour cela il faut faire bouger la société. Dans notre société il y a des pensées, des savoirs et des paroles qui manquent : ce sont ceux des personnes qui vivent dans la grande pauvreté. Sans ces savoirs partagés au quotidien et à tous les échelons de la société nous ne pourrons vivre à égale dignité les uns des autres.

  • Ces jeunes de familles populaires qui «s'autorisent» à réussir
    Jean BERNARDIN, GFEN Eure-et-Loir pour Historique du projet
    Ilham SEIGNEURET, Prévention spécialisée de l'ADSEA 28 pour Paroles de jeunes

    La coordinatrice du Programme de Réussite Educative (PRE) de Lucé, pôle éducation du Contrat de Ville, Marie-Héléna Le Balc'h, contacte le GFEN 28 pour animer la journée annuelle de formation à destination de tous les professionnels impliqués dans le PRE : personnels municipaux et régie de quartier, centre social, assistantes sociales, psychologues, infirmières, personnels du Centre Communal d'Action Sociale, Relais d'Assistante Maternelle et structure petite enfance, Caisse d'allocations familiales, Centre de ressources sur l'illettrisme et l'analphabétisme, Direction départementale Jeunesse et sports éducateurs-trices du service de prévention spécialisée de la sauvegarde de l'enfant et de l'Adulte (ADSEA 28), animateurs d'associations, enseignants de maternelle, élémentaire et collège, formateurs d'enseignants, Conseillère d'orientation, etc.

  • Le théâtre entre le quartier et le collège : tous capables d'interpréter 
    Laurent CARCELES

    [...] Cela fait dix ans que Martine intervient dans le cours de l'année et dans le cadre de mes cours de français lorsque j'étudie le théâtre avec les classes de 3ème dont je suis l'enseignant. En travaillant avec elle, en donnant à vivre des textes théâtraux au programme, nous leur proposons de quoi (re)trouver le goût de (les) lire... c'est-à-dire d'interpréter. Souvent, à partir du texte étudié, nous les faisons écrire, puis jouer, un moment théâtral. Nous cherchons à appeler les élèves à devenir interprètes de ces pièces dites "classiques". Et, par ces détours, qu'ils soient un peu plus interprètes de et dans leur propre vie. Que le texte de théâtre soit ce moyen de "chercher à lire ce monde [et] ne plus seulement en dépendre".

  • Pratiques d'enseignement pour lever les fatalités : un exemple en ULIS école 
    Isabelle LARDON

    Le mot fatalité désigne "toute espèces de nécessités, de déterminations, de contraintes irrémédiables", selon la définition du CNRTL. Quelles fatalités pour ces enfants-là ? Leur parcours scolaire est en partie fixé par leur milieu social ; ils sont issus de familles du voyage ou d'origine maghrébine, d'Afrique noire, allophones, pauvres, éloignées de l'école, ils ont de grosses difficultés d'apprentissage et ont connu l'échec scolaire. Nous allons voir comment certaines pratiques d'enseignement permettent de lever les nombreux déterminismes, y compris culturels et cognitifs qui pèsent sur eux.

  • Pour des apprentissages solidaires, prendre appui sur l'hétérogénéité 
    Jacqueline BONNARD

    Bon nombre d'enseignants avancent le problème de l'hétérogénéité pour justifier une incapacité à enseigner comme ils le souhaiteraient en suivant un programmation élaborée pour un niveau médian de réussite et balisée par des évaluations immanquablement sommatives dont les résultats -sans surprise et conforme à la courbe de Gauss- répartissent les élèves de chaque classe en groupes de niveau. Et la tentation est grande de donner à "chacun selon ses moyens" quitte à baisser les exigences, différencier les contenus plutôt que les approches pédagogiques en renvoyant à chacun la responsabilité de sa performance et en particulier de ses échecs.

  • Développement durable ? Faire vivre les contradictions d'une société en développant son territoire
    Gatien ELIE

    Le premier chapitre de géographie en seconde générale s'intitule "Du développement au développement durable". J'ai d'abord enseigné ce chapitre sous la forme d'un cours dialogué, de la manière la plus classique qui soit quand on sort d'un concours et que l'on veut transmettre toutes les belles choses que l'on sait. Je m'épuisais en tentant de tenir à bout de bras une trentaine d'élèves et une notion qui me rebutait. Je leur montrais les contradictions, dévoilais les supercheries, théâtralisais mon indignation autant que possible. Tour ce que je réussissais à faire c'était de laisser la moitié de la classes sue le bord du chemin et d'embrouiller l'autre. C'est qu'enseigner le développement durable au lycée, est un véritables casse-tête, surtout si l'on a pour but de faire réussir tout le monde et de provoquer des ruptures qui émancipent.


  • Écrire, créer pour être reconnu...
    Colette CHARLET Michel NEUMAYER

    Si nous avons choisi d'animer un atelier "sosie", dans le cadre de rencontres consacrées à la relation école-famille et aux "Pratiques pour lever les fatalités", c'est que ce type de dispositif de transmission d'une expérience permet de dépasser la singularité de tel ou tel cas évoqué et, sans en nier l'intérêt, d'entrer en débat. En prenant appui sur l'expérience du "grand témoin" (Colette C.) l'atelier est construit comme une confrontation d'outils, de stratégie, d'analyses. Les savoirs qu'on y construit sont de différents types : comment aller au-delà de clichés que nous portons sur certaines classes sociales ou communautés culturelles, ici les Manouches ? Comment ouvrir le champ de possibles et ne pas nous laisser bloquer par les diagnostiques des experts ? Comment lutter contre la vision pessimiste des choses et -au nom du "tous capables"- combattre les fatalismes ordinaires ?

  • La pratique des devoirs : un enjeu de formation ? 
    Rémi BONASIO, Maître de conférence en Sciences de l'Education, Université Toulouse Jean Jaurès

    Parmi les pratiques omniprésentes et pourtant peu discutées au sein de l'institution scolaire, les "devoirs" à la maison font sans doute figure d'emblème, à tel point que l'on peut les qualifier de "tabou". Des travaux de recherches, récents et relativement peu nombreux, permettent de mieux comprendre cette pratique et de mettre en évidence toutes les tensions dont elle est porteuse et qui peuvent en partie expliquer son difficile traitement : elle serait défavorable aux élèves les plus socialement et scolairement fragiles tout en étant plébiscitée par ces mêmes publics (Rayou, 2009 ; Kapko, 2012) : le travail personnel des élèves en-dehors de la classe est jugé indispensable à la réussite scolaire mais la forme que cela prend à travers les devoirs ne serait, selon certains auteurs (Perrenoud, 2003) que peu rentable sur le plan cognitif, et peu en phase avec les rythmes chronobiologiques (Montagner, 2009)



  • Renforcer le rôle des familles dans l'école et le système éducatif
    Entretien avec Jean LAMBRET, coordinateur du collectif national "Mille et un territoires se mobilisent avec les parents pour la réussite de tous les enfants"

    L'essentiel
    - Un collectif d'associations s'est crée pour lutter contre les inégalités d'accès à l'éducation.
    - Il fédère des initiatives dans les villes et quartiers, afin de soutenir les parents, les acteurs de quartier et les équipes éducatives dans un projet d'éducation partagée.
    - Leur objectif : changer les pratiques, restaurer la confiance entre parents et équipe éducatives.



  • Traquer les implicites pour combattre les inégalités : bonnes pratiques ou vigilance partagée ? 
    Jean-Yves ROCHEX, Université Paris 8 Saint-Denis, Equipe ESCOL-CIRCEFT

    La montée en puissance -dans les débats sociaux, scientifiques et professionnels, mais aussi dans nombre de textes officiels récents - de la thématique de "l'enseignement explicite" ou du souci d' "enseigner (plus) explicitement", voire de mettre en oeuvre une "pédagogie" explicite", donne lieu, légitimement, à divers questionnements et controverses sur ce qu'elle désigne et sur la manière dont elle éclaire ou non les débats sur les politiques et les pratiques éducatives. Le n° 160  de la revue Dialogue reflète pour une part ces questionnements, sur lesquels il m'a été demandé de revenir, à partir des travaux et préoccupations de recherche qui sont les miens (et ceux de l'équipe ESCOL-CIRCEFT de l'Université Paris 8) et qui portent à la fois sur les politiques d'éducation prioritaires et les processus de construction de l'inégalité scolaire au coeur des pratiques et des dispositifs d'enseignement les plus ordinaires (ce qui n'interdit pas, loin de là, d'interroger celles et ceux qui se présentent comme ne l'étant pas).


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