B. Rey Apprendre à l'épreuve des compétences
| le 30/11/-0001 00:00
Analyse du concept de compétences dans le domaine scolaire. La mise en activité intellecteulle est la seule garantie pour de...En savoir plus
Mouvement de recherche et de formation en éducation
Tous capables ! Tous chercheurs ! Tous créateurs !
La mise en place du socle commun et du livret de compétences
ainsi que la large part faite dans les nouveaux programmes à l'acquisition de
connaissances au détriment de l'exercice de la pensée n'a échappé à personne,
les modifications opérées notamment en histoire nous ont, en revanche,
peut-être encore échappé. Le BO spécial permettant une comparaison facilitée
entre les anciens et nouveaux programmes est un outil intéressant lorsqu'il
s'agit de dénicher dans le détail, ce qui change, disparaît des points à
traiter prioritairement. Chaque période est décrite de façon générale et
déclinée sous la forme de quelques points forts. Le choix des points forts à
traiter prioritairement nous éclaire sur l'habileté de ceux qui nous gouvernent
à revisiter les programmes d'histoire à l'école primaire dans une tentative
d'infléchissement idéologique.
Les points forts sont réduits à quatorze alors qu'ils étaient au nombre de
vingt et un, le socle commun étant passé par là... mais ce qui est
particulièrement intéressant, c'est d'aller interroger ce qui n'est plus
prioritaire et la rédaction modifiée de certains paragraphes.
La disparition des références extra territoriales (Afrique,
monde méditerranéen) sont symptomatiques d'une histoire simplifiée, repliée sur
elle-même.
Au Moyen-âge, il était question dans les anciens IO de migrations et
d'invasions lorsqu'il s'agissait de décrire de façon prudente les mouvements de
populations extrêmement différentes qui se sont déroulés sur deux siècles et
dont la civilisation médiévale est l'héritière. S'il est toujours question dans
le texte présentant la période, de peuples s'installant dans l'Empire romain
d'Occident, le terme « migrations » a disparu des points forts. Seul le terme «
invasions » reste ainsi que son sens péjoratif et le caractère soudain du
phénomène... Comment ne pas être tenté de lire entre les lignes dans ce raccourci
rapide qu'il s'agissait bien de sanguinaires « barbares » responsables de la
chute de l'empire romain !!
On peut également s'étonner de la nouvelle formulation du point fort concernant
l'émergence de l'Islam. L'amalgame fait entre « Islam et civilisation » est
contestable, alors que les anciens IO parlaient d' « une civilisation fondée
autour d'une nouvelle religion, l'Islam ».
Le terme « domination » qui caractérise les rapports entre seigneurs et paysans
disparaît également du point fort évoquant la naissance de la France...
Le début des temps modernes et les grandes découvertes se voient amputés du
volet concernant l'apparition d'une nouvelle forme d'esclavage lié à
l'accessibilité de toute la planète. Le développement du trafic d'esclaves
africains ainsi que le dépérissement des Indiens d'Amérique est passé sous
silence. Il reste présent dans la première partie générale.
Même traitement pour le mouvement des Lumières qui disparaît également des
points forts des Temps modernes. Le grand mouvement intellectuel, culturel et
scientifique, l'inflexion anticléricale et combative que cette philosophie
prend dans les années 1750 dans une France pré révolutionnaire, Voltaire,
Rousseau, Diderot, les encyclopédistes ne sont plus à évoquer prioritairement.
Nous trouvions dans la partie générale concernant l'histoire et ses objectifs,
l'importance accordée à l'évocation de quelques personnages majeurs ayant
marqué leur siècle dans les domaines politique, littéraire, artistique ou
scientifique. Cette remarque était suivie par la mise en garde suivante « on
n'oubliera pas pour autant, le rôle de groupes plus anonymes, ni celui des
femmes dont on soulignera la faible place dans la vie publique ». Ce paragraphe
disparaît et disparaît également au XIXième le point fort qui soulignait «
l'inégalité homme femme exclue du vote et inférieure juridiquement»... La
position de la femme et son infériorité est toutefois évoquée dans la partie
générale de la période concernée.
Quant au XXème, pour finir, si les massacres et en particulier les camps
d'extermination sont évoqués dans la présentation de ce siècle, les deux
conflits mondiaux font partie du même point fort. « L'extermination des juifs :
un crime contre l'humanité » a disparu...
Plus généralement d'un point de vue pédagogique, il s'agit à travers ces
nouveaux programmes de balayer ce qui dans les anciens relevait de la
conception développée par Alain Dalongeville et que nous partageons et
encourageons au GFEN, c'est-à-dire une « construction de l'intelligence du
temps historique fait de simultanéité et de rupture, de courte et de longue
durée». Cela est remplacé par la nécessité « d'acquérir des repères
chronologiques, spatiaux, culturels et civiques au cours du cycle, » afin que «
les élèves appréhendent progressivement l'unité et la complexité du monde ; ils
acquièrent une première approche de la culture européenne. » En parallèle,
l'acquisition d'un vocabulaire spécifique, ces « mots nouveaux et leur
réinvestissement régulier doivent être une préoccupation permanente du maître».
L'enseignement de l'histoire réduit à quelques repères chronologiques,
spatiaux, culturels et civiques, à quelques mots de vocabulaire dont il
conviendra régulièrement de vérifier la bonne maîtrise (pour cela, pourquoi
d'ailleurs ne pas utiliser quelques QCM contre lesquels nos anciens IO nous
mettaient en garde...). Nous retrouvons dans l'enseignement de l'histoire cette
même logique qui prévaut dans d'autres matières (en mathématiques, en
grammaire...), à savoir la stricte acquisition de connaissances, minimum requis à
l'école élémentaire, autrement dit ce que nous dénonçons, le socle commun.
Il est explicitement dit « à l'école primaire, les élèves mémorisent des
repères spatiaux et des repères chronologiques, notamment en prenant appui sur
des événements et des personnages clés. » Ces connaissances seront «
consolidées et approfondies au collège pour constituer la culture historique et
géographique attendue des élèves dans le cadre du socle commun ».
Il s'agit bien d'un retour à une histoire sans rapport de causalité, sans
conséquence, réduit à des événements-clé.
Dunicode2utf8(0x2018a)utre part, nous avons affaire dans ces nouveaux
programmes à une vision de l'histoire insidieusement modifiée dans la
hiérarchie opérée et les choix qui sont faits. Comment ne pas être tenté
d'aborder en priorité les points forts et de survoler dans le meilleur des cas
les 7 points qui ont disparu surtout lorsque le temps devant une classe entière
sera passé de 26 à 24 h... et que les éditeurs se seront emparés de ces nouvelles
I.O.
Comment ne pas rapprocher la disparition ou la modification de tous ces points
forts, à d'autres signes, d'autres discours... celui de Nicolas Sarkozy cet été
parlant « des africains », les tests ADN pour les immigrés, la lecture de la
lettre de Guy Môquet réduite à un témoignage de courage de jeune adulte face à
la mort, écrivant à ses parents.
Comment ne pas y voir la tentative d'une modification habilement menée mais
profonde de notre vision du monde et de son histoire ?
PROGRAMME D'HISTOIRE
Le programme est découpé en six périodes et en quatorze
vingt et un points forts. La programmation en est laissée à la liberté
du conseil de cycle qui doit, cependant, respecter l'ordre chronologique et ne
négliger aucune période, y compris la plus récente.
Le Moyen-Âge (476-1492)
Points forts
- Après les invasions, naissance de la
France : un État royal, une capitale, une langue, seigneurs
et paysans ; (à la suite de migrations et d'invasions, en
particulier celle des Francs, dislocation du pouvoir politique et domination
des seigneurs sur les paysans ; )
- l'Europe des abbayes et des cathédrales ;
- l'Islam : une nouvelle civilisation, des conflits
et des échanges en Méditerranée. (en Méditerranée, une civilisation
fondée autour d'une nouvelle religion, l'Islam. Entre chrétiens et musulmans,
des conflits mais aussi des échanges.)
Du début des temps modernes à la fin de l'époque napoléonienne
(1492-1815)
Points forts
- le temps des découvertes : la planète désormais accessible, (mais
l'apparition d'une nouvelle forme d'esclavage ;)
- une autre vision du monde artistique, religieuse, scientifique et technique ;
- la monarchie absolue en France : Louis XIV et Versailles ;
- le mouvement des Lumières, la Révolution française et le Premier
Empire : l'aspiration à la liberté et à l'égalité, réussites et échecs.
Le XIXème(1815-1914)
Points forts
- une Europe en pleine expansion industrielle et urbaine, à la recherche de
territoires et de débouchés : le temps du travail en usine, de l'émigration et
des colonies ;
- les difficultés de la République à s'imposer en France : un combat politique
de plusieurs générations.
- l'inégalité entre l'homme et la femme exclue du vote et inférieure
juridiquement.
Le XXème siècle et le monde actuel
Points forts
- La violence du siècle, les deux conflits mondiaux
; la planète en guerre : l'extrême violence du siècle
- l'extermination des juifs par les nazis : un crime contre l'humanité
;
- la Cinquième République : pour commencer à comprendre le fonctionnement de
notre système démocratique ;
- la société en France dans la deuxième moitié du XXème siècle : les progrès
techniques, les
transformations économiques et sociales, les arts (à partir d'un ou deux
exemples français ou internationaux laissés
au choix de l'enseignant) la fin des campagnes et le bouleversement
des genres de vie ; les arts, expressions d'une époque.
Analyse du concept de compétences dans le domaine scolaire. La mise en activité intellecteulle est la seule garantie pour de...En savoir plus
Notre inquiétude vis-à-vis de l'application des programmes 2008 dans le premier degré et le lien avec le Socle Commun de...En savoir plus
NON à l'évaluation et au tri permanents ?TOUS les enfants sont CAPABLES...En savoir plus
Les nouveaux programmes (février 2008)... Mécanismes et docilité intellectuelle : voilà la promesse de...En savoir plus
Quels savoirs pour quels citoyens ? Contribution du GFEN au texte "Consultation sur le projet...En savoir plus