témoignages

Témoignages d’acteurs de terrain

Quelles pratiques pour rendre l’école inclusive ?
Quatre binômes d’enseignants et de professionnels ont témoigné de leur travail en milieu ordinaire ou médico-social. Ils ont présenté des pratiques destinées à favoriser la réussite de tous les élèves.
1 -Comment penser et exercer la co-intervention en classe ?

Ce premier témoignage est celui d’un enseignant d’ULIS qui travaille avec deux auxiliaires de vie scolaire. Ils ont choisi de décrire leur co-activité en classe et leurs outils.

Point de vue de l’enseignant spécialisé
L’accompagnement des élèves handicapés n’est possible, au quotidien, qu’avec l’étroite collaboration des enseignants et des AVS. En effet les regards croisés sont essentiels pour répondre efficacement aux besoins des élèves.
Il est nécessaire d’échanger, de communiquer à l’aide d’outils qu’il faut sans cesse faire évoluer en fonction des situations qui sont toutes singulières.
Le travail d’accompagnement consiste en une aide à la compréhension, un aménagement des emplois du temps, un soutien psycho-affectif, un suivi des parcours, une aide dans les relations sociales, etc…
 
Point de vue d’une AVS – Aide collective
Mon rôle d’AVS-co est d’être avec les élèves lorsqu’ils sont en classe entière avec leur professeur pour leur apporter un soutien dans la compréhension des cours et des exercices et pour les aider durant les activités. Je les accompagne aussi lorsqu’ils vont en inclusion dans d’autres classes du collège pour m’assurer que tout se passe bien, qu’ils arrivent à s’intégrer avec les autres élèves, qu’ils comprennent les cours et qu’ils deviennent autonomes afin qu’ils n’aient plus besoin de moi.
Le travail en co-intervention en classe n’a pas été facile au début. Il m’a fallu du temps pour découvrir le métier, trouver ma place dans la classe et pour connaître les élèves.
La communication est donc importante pour trouver un équilibre entre ma fonction et celle de l’enseignant, pour que chacun puisse tenir sa place correctement.
 
Point de vue d’une AVS à Aide individuelle
En tant qu’AVS-i, j’accompagne un élève en particulier. Une fois par semaine, nous avons un temps d’échange avec l’enseignant, ce qui permet de favoriser l’écoute de l’élève et prendre ne compte ses besoins.
Je note chaque semaine sur des « fiches synthèses » des observations sur les élèves : pendant les temps de classe ou d’inclusion (j’accompagne l’élève pendant des cours avec une autre classe pour l’aider à s’adapter), des temps au sein du collège (récréations, pause méridienne, ateliers, relations avec les autres) et je note ses activités extérieures pour faire des liens avec la famille.
2 – Prendre en compte la surdité : Quels accompagnements pour les jeunes sourds, de l’école maternelle aux études supérieures ?

Le deuxième témoignage présenté par l’enseignant spécialisé et la directrice du SESSAD montre le parcours de scolarisation d’un élève sourd.

Le SESSAD Surdités du Fil d’Ariane accueille des jeunes de 0 à 20 ans, porteurs de surdités sévères et profondes, parfois accompagnées de handicaps associés. Son équipe pluridisciplinaire intervient dès l’éducation précoce et tout au long de la scolarité ; elle met en place des projets personnalisés élaborés avec les familles et les enfants pour un accès au langage et aux moyens de communication et l’accès à une éducation et à une scolarisation en relation optimale avec les potentialités de chaque jeune.
La surdité crée une double situation de handicap pour les élèves sourds du fait des difficultés perceptives qui rendent difficile l’accès aux informations orales et à  la communication orale, mais également des difficultés langagières qui sont la conséquence des surdités (principalement pour les surdités congénitales ou acquises dans les premières années de vie) et qui pénalisent également la compréhension des informations écrites et la restitution écrite des connaissances acquises.
Le témoignage passera en revue quelques-unes des actions spécifiques mises en place avec les équipes enseignantes pour concourir à l’accès aux connaissances et à une inclusion scolaire de qualité, de la maternelle jusqu’au baccalauréat – et depuis quelques années, dans des études post-bac.
 3 – Prendre en compte l’autisme : Comment tout concourt à mettre du sens pour les jeunes autistes (de l’architecture aux outils)

La coordonnatrice et l’assistante sociale montrent la mise en oeuvre par tous les professionnels de l’IME, de pratiques adaptées.

L’IME a fait le choix de mettre en place  une approche d’éducation structurée. Basée sur un système visuel, elle s’articule autour de 3 principes : structurer l’espace, le temps, les interactions sociales et adapter les démarches d’apprentissages.  Il s’agit de développer la capacité d’autonomie face à une tâche, de visualiser les acticités pour améliorer la compréhension, d’anticiper l’action suivante ou le déroulement d’une journée pour éviter l’angoisse de l’imprévu.
L’unité d’enseignement a fait le choix de s’engager elle aussi dans cette approche spécifique. L’environnement scolaire est pensé pour sécuriser l’élève et libérer de la disponibilité mentale pour apprendre.  L’utilisation d’outils collectifs et individuels adaptés aux besoins spécifiques des élèves autistes favorise la mise en sens des apprentissages.
La diversité des approches professionnelles enrichit la réflexion autour de la mise en œuvre de méthodes éducatives adaptées à l’accompagnement des autistes. C’est  la  démarche des professionnels de l’équipe plurielle de l’IME et des enseignants  avec les enfants, les jeunes accueillis, avec leur famille : travailler en partenariat pour la construction du lien.
Nous avons tous à apprendre les uns des autres pour aider la personne autiste à prendre sa place dans la société.
4 Prendre en compte les troubles cognitifs : La scolarité partagée entre deux lieux, quels bénéfices pour les élèves qui ont des déficiences ?

La coordonnatrice pégagogique et la directrice de l’IME travaillent ensemble pour que les élèves soient scolarisés à l’interne et dans un collège proche.

Lorsque le dispositif « classe collège » a été implanté au collège, qui comptait environ 400 élèves de tous milieux sociaux et de toutes cultures, les jeunes de l’IME ont été accueillis tout naturellement. Le handicap mental n’était pas une difficulté pour cet établissement d’éducation prioritaire habitué à la différence, quelle qu’elle soit.
Le fait d’être dans le collège permet de bénéficier de cours avec des professeurs en arts plastiques et en espagnol. Nos élèves sont intégrés dans les projets Handisport avec les jeunes des ULIS et dans la chorale avec les collégiens ; ils ont accès au CDI, à la salle informatique avec son accès Internet, le gymnase. Cette année, un élève a pu bénéficier d’inclusions individuelles en français en ULIS. Les jeunes sont au collège quatre demi-journées par semaine, et le reste du temps à l’IME où ils bénéficient d’ateliers de préprofessionnalisation, de temps éducatifs et thérapeutiques selon leurs besoins.
En classe, nous travaillons ensemble, enseignante et éducatrice, et c’est ce binôme qui sécurise et cadre les élèves. Ce n’est pas le niveau scolaire qui leur permet d’entrer dans cette « classe collège » mais bien la capacité de socialisation.
L’expérience de seulement quelques années permet néanmoins de constater des effets parmi les douze élèves qui sont passés par ce dispositif. Les caractéristiques de l’adolescence se sont affirmées : l’amitié, l’amour, les conflits avec les parents… Les élèves ont gagné en maturité et en confiance en eux. Tous ces éléments jouent sur leurs progrès scolaires. Ils ne perçoivent plus les apprentissages comme en dehors de leur portée et en comprennent enfin le sens et l’utilité. La confrontation à la vie au collège contribue à soutenir dans leur projet Individuel une meilleure insertion dans la société.