Retour sur le stage « subvertir les pratiques pédagogiques » « Subvertir les pratiques pédagogiques » Près de 300 personnes à ce stage qui s’est déroulé les 30 et 31 janvier 2014 à Créteil auquel le GFEN d’Île de France a participé activement.. L’organisation en était assurée par Sud Education 75 et 92, la CNT, Émancipation, la revue « N’Autre école », le site « Questions de classe », et seul mouvement pédagogique à avoir accepté d’être dans le comité d’organisation, le GFEN Île-de-France Voir le programme du stage sur le site « Questions de classe » 2 ateliers du GFEN ont été proposés Atelier « Texte recréé » animé par Pascal DIARD L’atelier a regroupé un groupe de quarante stagiaires de disciplines et de degrés d’enseignement divers. Dans un premier temps chacun a pu se positionner par rapport à la poésie. L’atelier est ensuite présenté sous la forme d’un défi : être capable de retrouver un texte mot à mot et cela après 2 écoutes seulement, par la force du collectif… Il s’agit d’un texte de J. Prevert qu’aucun des participants ne doit connaître. Celui qui connaît le poème devient observateur. Une première écoute du poème, sans prise de notes. A la suite de cette écoute, les participants expriment leurs impressions,les images évoquées, le ressenti de chacun. Durant cet échange, l’animateur ne fait aucun commentaire. Lors de la deuxième écoute, les participants sont concentrés au maximum et tentent de trouver les indices nécessaires à la mémorisation du texte. Puis progressivement, le groupe recrée le texte lu, l’animateur notant les propositions justes. Lorsqu’il y a une hésitation, on laisse un blanc. On commence par le début bien entendu, et à l’aide des propositions des et des autres, la première strophe apparaît. Chemin faisant, on aborde les questions sur le style, le rythme, la grammaire. On parle poésie, de la forme des écrits de Prévert. En relisant le texte reconstruit, les « blancs » disparaissent… C’est par la mise en commun et la confrontation de toutes les écoutes que le défi est relevé. Mission accomplie ! « Apprendre devient un moment de partage et d’échange où seul l’énergie et le travail de toutes et tous permet d’arriver au but« . Atelier « la lecture silencieuse avec questions préalables » animé par Pascal DIARD 21 participants, en majorité de professeurs d’Histoire-Géographie, mais aussi des professeurs des écoles, des professeurs de SVT, langues, philosophie… Il s’agit d’une démarche autour d’un document historique « le discours de Pétain du 30 octobre 1940. D’ordinaire, l’enseignant donne aux élèves le document accompagné de questions. Mais ici, on procède autrement : 1 – Le « document sans question mais avec des consignes » : « écrivez tout ce qui vous vient en tête », « faites des mises en relation », « tirez les conclusions que vous voulez ». Il semblent évident qu’ au bout d’un moment, les élèves demandent s’ils peuvent s’en poser ! Exemple : à propos d’un travail sur l’Affiche Rouge. Les élèves se demandent pourquoi elle est rouge? qui est représenté ? Et finalement : « mais qui a fait cette affiche ? ». A partir de ce questionnement, le cours magistral est facile à mettre en oeuvre. 2 – Lors de la « lecture silencieuse avec questions préalables », on inverse la démarche puisque l’on donne d’abord les questions et ensuite le document. Le lecteur est donc celui qui donne du sens à la lecture puisqu’il va essayer de répondre aux questions sans le document. Le déroulement de l’atelier (les participants sont répartis dans 3 groupes de 7 stagiaires) 1. Chacun lit individuellement les questions sans avoir le document 2. Puis chacun lit le document (allocution radio difffusée de Pétain) et tente de répondre individuellement aux questions 3.Mise en commun des réponses au sein de chacun des groupes Remarque : chaque groupe a en commun la première et la dernière questions mais celles du milieu varient. – La première question est une question de prélèvement d’informations dans le document, pour permettre aux élèves en difficulté de s’impliquer plus facilement. Il s’agit ici de trouver « la ou les expressions qui indiquent le contexte ». – Les questions suivantes obligent les élèves à mettre en relation plusieurs informations du texte. Ici, elles tournent autour de la collaboration, de la France, de l’Europe. Ceci entraîne les élèves à s’interroger sur ces notions et leur signification actuelle. – La dernière question vise à aller au-delà du texte pour interroger l’Histoire. Même si les questions médianes sont différentes, elles renvoient à des notions communes car l’on constate que chaque groupe est amené à débattre des questions des autres groupes. 4. La mise en commun des travaux de groupe :Chaque groupe présente ses éléments de réponses que l’enseignant note au tableau sous forme de schéma. Et le schéma se complète au fur et à mesure que les travaux des différents groupes s’affichent. Analyse – Le travail de groupe permet la confrontation des idées. Chacun est obligé de justifier, d’argumenter mais il n’a de sens que si chacun s’empare de la dimension collective. Chacun lit et comprend différemment. Les questions n’appellent pas de réponse univoque. Chaque réponse a sa place mais l’expression de la réponse peut être différente. Certaines interprétations peuvent être « partielles », « idéologiquement déterminées » ou bien encore « historiquement datées » et on ne peut les conserver. -Donner les questions avant le document crée une attente : l’élève a envie d’avoir le document. -On déplace le rapport à la question. En interprétant les questions avant d’avoir lu le document, les élèves entrent dans une lecture active. – Le choix du document : les textes choisis doivent permettre un travail sur des concepts universels. Les questions invitent alors au va-et-vient entre le passé et le présent des élèves.Il peut être intéressant de faire comparer les documents originaux à ceux publiés dans les manuels car les différences, les ellipses sont souvent énormes. Le ressenti de l’animateur Des ateliers intéressants dans leur dynamique et par l’implication des participants. !! Bouleversante expérience pour l’animateur !! lors de la lecture silencieuse sur le discours de Pétain du 30 octobre 1940 (présence d’un professeur de philosophie aveugle). Le délai d’une heure trente par atelier a été tenu avec : présentation des participant-es et de leurs attentes par rapport à l’atelier, vécu de l’atelier, moment de réflexion sur l’atelier autour de la question « en quoi celui-ci est subversif au niveau des pratiques pédagogiques ? ». La qualité des compte-rendu faits par des stagiaires indique que ce dernier moment a produit une prise de conscience importante (certaines stagiaires affirmant par exemple qu’elles allaient faire le texte recréé dès la semaine suivante!). 23 février 2014 Jacqueline Bonnard