Deux journées aux CEMEA en Avignon

« J’ai testé deux journées aux CEMEA »
 

Un journaliste de Libération s’est immergé tout un dimanche dans la rédaction du Figaro et inversement. L’opération s’est appelée « J’ai testé une journée au figaro ». Eh bien, moi, « j’ai testé deux journées aux CEMEA » en Avignon début juillet. Alors je n’ai pas « repassé mon chemisier », j’y suis allée comme ça, il faisait une chaleur tellement caniculaire qu’on était bien en peine pour paraitre présentables. J’ai trouvé facilement le chemin pour arriver au lycée où avait lieu l’accueil des partenaires. Une petite guinguette reconstituée au milieu de la cour et je n’y vois que des têtes jeunes, garçons et filles, jeunes adultes pleins d’allant. Là déjà ça change ! Je m’attendais à ne trouver que les cheveux blancs de quinquagénaires responsables. Néanmoins, ils/elles sont là, les quinquas, responsables mais conviviaux, toutes et tous mobilisé-e-s pour que notre accueil au festival soit réussi, la présidente, le directeur et la directrice adjointe, les directeurs du pôle culture des CEMEA. Tiens, ils ont des pôles, au GFEN nous avons des secteurs… question de vocabulaire, pôle, ça fait plus moderne !

 
Un spectacle d’envergure et populaire
 
A notre arrivée, nous avons donc été discrètement mais efficacement pris en main, accompagnés au centre d’hébergement, au lycée où nous prenons les repas, au spectacle. Le soir, nous assistons à la dernière représentation d’un des spectacles-phares du festival, Thyeste, tragédie de Sénèque sur la violente histoire des Atrides, dans une mise en scène grandiose de Thomas Jolly, un jeune metteur en scène lui aussi d’envergure et populaire. Nous sommes dans la cour d’honneur du palais des papes, comble ce soir-là, « lieu de représentation en plein air, pour 2 000 spectateurs rassemblés dans la nuit provençale, au cœur d’un monument classé au patrimoine mondial de l’Unesco ».
Une journée de travail dense mais conviviale
 
Le lendemain, « il est pile 9h et personne n’est en retard ». La réunion partenariale commence avec les responsables des CEMEA, des représentants des différentes structures invitées et la présence amicale de Philippe Meirieu. Des chaises installées en rond dans la salle, le staff déroule les interventions en toute simplicité pour expliciter l’origine de ce projet et le travail fait au festival.

« Il faut bien reconnaitre que la machine CEMEA est une belle bête » :

  • 59 ans de partenariat avec l’association du Festival et la ville d’Avignon dans le cadre de l’association créée en 1959 « CDJSFA » (Centres de Jeunes et de Séjours du Festival d’Avignon), qui assure l’organisation et le déroulement des séjours proposés chaque mois de juillet pendant le festival.
  • Des centaines de responsables de projets, animateurs sur 10 sites d’accueil et de séjour
  • 1500 festivaliers accueillis encore cette année pour des séjours éducatifs et culturels, stages de jeunes, scolaires ou non, séjours individuels ou familiaux.
Une organisation sans faille
 
Nous nous répartissons ensuite en plusieurs groupes pour « visiter » des lieux d’accueil. J’ai vu une école transformée en lieu de vie et de production artistique, la « maison », des classes ré-aménagées  en lieux-ressources, la cour de récréation décorée comme une place de village le jour d’une fête, une équipe d’animation bien occupée et une « maitresse de maison » qui nous accueille et nous explique comment l’équipe d’animation travaille. On voit de l’intérieur comment les choses se mènent, pas de « conversation autour » mais un « discours sur ».
Ici, on apprend à voir et faire du théâtre :
  • Etre spectateur : en amont, préparer l’univers de l’œuvre et de l’artiste, rencontrer les artistes ; assister à plusieurs spectacles différents (théâtre, danse, musique…), participer à un spectacle dans la cour du palais des papes ; en aval, faire un retour sensible, exprimer ses impressions
  • Créer : amener à créer collectivement une production éphémère, apprendre à créer avec ce qu’on est, ce qu’on a, mener un projet à son terme
Le temps des échanges est calculé juste pour aller à l’essentiel et ne pas se laisser aller au « bavardage ». Et le marathon continue dans les rues de la ville… « On n’est pas là pour baguenauder ».
 
Une belle rencontre
 
On a rendez-vous avec Olivier Py et son adjoint qui viennent déjeuner avec nous. Et là on entend un directeur de festival, artiste accompli et reconnu, dire des choses incroyables : il milite pour dire « qu’il n’y a pas d’autre alternative : la culture et l’éducation » dans le monde financier, économique et politique actuel ; il apprécie ce partenariat qui permet de continuer l’œuvre émancipatrice de Jean Vilar. Nous, on aurait dit dans l’autre sens : éducation et culture mais qu’importe, chacun parle de là où il est mais les convergences de vues sont tangibles. Et le bonhomme accessible. Une belle rencontre !

Le festival d’Avignon est empreint d’une portée émancipatrice, artistique mais aussi sociale. Et ce volet est joué en partie par les CEMEA. Il s’agissait et il s’agit toujours de contribuer à une société plus équitable et plus démocratique, de toucher tout le monde. Il faut vraiment militer pour que ces projets (programmation du festival et éducation par la culture) soient toujours « de réels moteurs avant-gardistes de la création artistique et de l’émancipation citoyenne ».

Voilà, le séjour touche à sa fin, nous nous séparons sur un autre spectacle et un dernier repas partagé collectivement. Le bain nostalgique dans nos expériences de jeunesse est fini. Retournons au réel, l’orage, les horaires de train et les compromis pour s’arranger avec la vie.
Isabelle LARDON (août 2018)

Journée partenariale sur le site des CEMEA

Festival d’Avignon sur le site du Centre de jeunes et de séjours du festival d’Avignon

« J’ai testé une journée au figaro » sur le site de Libé

NB. Les propositions en italique sont une parodie de l’article de Libé.