Extraits Dialogue n° 187

Dialogue n° 187 – Former, se former, ça ouvre des horizons

 
 
Editorial
  • Le GFEN est, intrinsèquement, un mouvement de formation…  Lire l’édito
    Michel BARAËR
Formation… Recherche
  • Former, c’est mettre en recherche…
    Jacques BERNARDIN, président du GFENCet article rapporte une intervention de Jacques Bernardin lors du colloque de l’Association Française des Acteurs de l’Éducation (AFAE), à Guyancourt (78), le 13 janvier 2018.
    Les relations terrain / recherche
    Si la place de la recherche est indiscutée pour transformer les pratiques de terrain, il n’est pas inutile de dresser un état des relations qui jusqu’ici ont prévalu entre les deux univers pour saisir ce qui peut y faire obstacle.
    Des logiques professionnelles différentes
    Les enseignants ont pour fonction sociale d’éduquer les jeunes générations dans le cadre d’orientations éducatives périodiquement actualisées, de transmettre la culture patrimoniale que chaque époque juge indispensable, en visant prioritairement – jusqu’au terme du collège – la formation de la personne et du citoyen. Leur quotidien consiste à « faire classe », logique pragmatique exigeant d’assurer la transmission des connaissances à des élèves reconnus « tous capables d’apprendre et de progresser », mais cependant plus ou moins « disposés » à cet égard.
    Les chercheurs ont pour fonction sociale de produire des savoirs, des outils d’intelligibilité du réel. Leur quotidien vise à « faire sens », logique réflexive consistant à mettre à distance les phénomènes et situations pour saisir les logiques à l’oeuvre, pour ressaisir la complexité. Ils proposent de nouveaux outils de lecture, interrogent les allant-de-soi, renouvellent les catégories de perception et de jugement.
  • … par la recherche le GFEN est un mouvement de formation et de recherche en éducation
    Jean-Louis CORDONNIERNotre conviction, depuis les années 80 est « Je cherche, donc j’apprends ». On peut donc affirmer que pour nous, la formation se fait par la recherche.
    « Ici, c’est la classe où nous sommes des chercheurs ! » affirme cet élève, chargé de faire visiter le lycée aux parents lors de la journée « portes ouvertes ». Qu’est ce qui fait donc que ma pédagogie amène les élèves à s’y sentir chercheurs, alors que j’enseigne le même contenu que mes collègues ?
    Quand j’ai fait mes études de géophysique, je voulais devenir chercheur. En militant au GFEN, c’est ce que je suis devenu, attiré (entre autres choses) par l’accent mis sur la recherche dans tout processus de formation. Un des slogans du GFEN est « Tous chercheurs ». Ainsi, en 1985, l’intitulé de l’Université du gfen à Grenoble : « Je forme les autres ? Non, ils se forment, si je les mets tout de suite, et en permanence en situation de recherche partout, dans tous les lieux ».
    Mardi, j’ai cours avec les premières S.
  • Former des formateurs : quand s’auto-former ne suffit pas
    Jacqueline BONNARDMais passe-t-on aisément du statut d’enseignant à celui de formateur ? “Faire la classe” ou “animer un groupe d’adultes” est-ce la même chose ? S’agit-il juste de passer d’un public à un autre ? Être repéré comme un enseignant “performant” suffit-il pour devenir un formateur pertinent ?
    Quelle est la spécificité du formateur et quelle formation cela présuppose-t-il pour passer d’une posture à l’autre ? Suffit-il de s’auto-former pour endosser le statut ? La proximité permettant d’entrer dans la logique des formés aide-t-elle à construire des formations au plus près des attentes des praticiens ? Quels sont les gestes professionnels spécifiques aux formateurs ?
    En m’appuyant sur deux expériences de mise en oeuvre de formation de formateurs, je vais tenter de répondre à ces questionnements.
La formation dans tous ses formats
  • Quels formats de la formation pour le GFEN ?
    Rémy DAVID, Professeur de philosophie à Montpellier, Directeur de programme au Collège international de Philosophie, doctorant à l’UPEC (Laboratoire LIS-EA 4395)La formation initiale et continue de l’éducation nationale demeure, y compris pour une bonne part de ses concepteurs, relativement opaque à l’époque de l’explicitation affichée des objectifs et des évaluations, et peut paraître à la fois insuffisante quantitativement et inefficace qualitativement. Certains mouvements, notamment ceux de l’éducation nouvelle, construisent leurs propres processus formatifs, en cohérence avec leurs valeurs et leurs aspirations à la fois politiques et éducatives. Quelle place est faite à ces propositions dans le paysage des formations, et quelle spécificité se dégage de cette conception pratique, de cette pratique conceptualisée et problématisée de la formation au sens large du GFEN ?
    Au regard du paysage des « formats de formation » que l’on peut dégager à partir d’une recherche en cours sur le rapport à la formation des enseignants de philosophie, il appert que les propositions du GFEN, et plus précisément de son secteur philosophie, sont particulièrement remarquables mais singulièrement isolées et rares.
  • Comment je vis mon métier de formateur informatique en tant que militant d’Éducation Nouvelle
    interview de Bruno ASTULFONI par Michel BARAËRJ’ai rencontré le GFEN en 1984 lors d’un stage à l’école normale de Bonneuil ; j’ai tout de suite adhéré et vécu d’autres stages et universités d’été.
    Le secteur Informatique a été créé en 1986, et à l’université d’été GFEN de Grenoble, et nous avons préparé et animé avec Paul Recoursé et Maurice Tamisier la démarche « Inventer un Ordinateur ». Les objectifs de cette démarche étaient de permettre une conscientisation des représentations et de faire évoluer les pratiques individuelles et collectives autour des outils informatiques émergents.
    C’est ensuite un processus de recherche à partir d’articles et d’ouvrages sur l’histoire des technologies qui ont abouti à l’informatique telle qu’on la connaît en 1986. (Internet n’existe pas ; c’est le moment du lancement du programme « Informatique à l’école » avec le TO7 ; les réseaux sont essentiellement des réseaux privés au sein d’entreprises ou d’universités avec le début des communications à distance avec le Minitel
  • Pourquoi nous ne formons pas aux arts plastiques…
    Hélène COHEN SOLALDans le cadre d’une formation organisée par la Délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (DRAJES) de Nantes, j’interviens avec deux ateliers dans une formation ouverte aux animateurs, bibliothécaires, artistes, écrivains, bénévoles… appelée « Ateliers d’écriture, Pratiques et recherches ». L’un des ateliers que j’avais proposés dans le cadre d’une commande sur « écrire avec les arts plastiques » est axé sur l’appropriation d’outils d’invention d’atelier. Je défends l’idée, dans les stages du secteur, que c’est au coeur de nos enjeux. La part de didactique de la matière relative aux savoirs et aux savoirs faire peut être suspendue dans nos ateliers de formation pour développer une exploration de la démarche même.
  • Parcours dans les Dialogue sur la formation

    Cinq numéros de Dialogue ont déjà porté sur la formation :
    numéro 30 « La formation en jeu Enjeu de la transformation », de décembre 1978
    numéro 75 « Sortir du cadre Formation », de juin-juillet 1992
    numéro 99 « Formation : normalisation ou émancipation ? » de mars 2001
    numéro 122 « Formation : alternance ou alternative ? » d’octobre 2006
    numéro 159 « Conformer ou transformer ? Enjeux des formations » d’octobre 2015.

Pour maintenir l’exigence

  • Principes, valeurs et pratiques du GFEN dans la formation des étudiant.e.s et notamment des futur.e.s.enseignant.e.s
    Geneviève GUILPAINComment faire vivre nos valeurs, convictions dans des pratiques efficaces lorsqu’on travaille auprès d’un public d’étudiant.e .s ? Les enjeux et difficultés sont-ils les mêmes qu’avec un public d’élèves ? Devons-nous adapter nos pratiques ? Découvrons-nous d’autres opportunités ? Voici quelques-unes des questions que nous nous sommes posées qui nous ont conduit à proposer quelques témoignages précédés d’une présentation de nos lignes de convergence et préoccupations communes.
    Comment lutter contre les inégalités, s’ajuster, porter une attention à la progression des apprentissages, et aux étapes nécessaires, sur le long terme afin que les étudiant.e .s qui forment un public d’une hétérogénéité chaque année plus accusée s’approprient savoirs et savoir-faire ? Comment lutter contre l’inégalité des étudiant.e.s dans un système de plus en plus ségrégatif qui ne fonctionne que pour les plus performants ? Comment notamment faire acquérir des compétences d’analyse de textes complexes lorsque la lecture ne relève plus d’un habitus partagé, alors même que les épreuves d’examen ou de concours sélectionnent sur le critère des compétences de lecture experte ?
  • Former des enseignant.e.s aux contradictions du métier
    Interview de Jean BERNARDIN par Laurent CARCELESLaurent Carceles : Pourquoi la formation est-elle une priorité du GFEN ?
    Jean Bernardin : Il ne peut y avoir, à mon avis, de véritable transformation sociale que si les citoyens pensent qu’un autre type de société est possible. Une société qui reconnaît et respecte l’humain dans chacun, quelles que soient ses origines, sa situation sociale, son histoire personnelle, ses convictions…
    Cela s’apprend dans les divers lieux de socialisation qui construisent le développement des futur.es citoyen.nes, et en premier lieu l’École.
    Il y a donc urgence à « révolutionner » l’École et donc la formation des enseignant.es.
    Deux conditions essentielles :
    Une définition claire des enjeux politiques assignés à l’École.
    Une transformation des enjeux et pratiques de la formation
  • Justice pour les classes technologiques ?
    Jean-Charles ROYERA la suite d’une proposition de l’IPR, j’ai intégré dès octobre 2021 une équipe de profs de philo afin que nous produisions ensemble des « ressources » à destination des jeunes collègues qui éprouveraient des difficultés à prendre en main les classes technologiques. Tel était le projet initial, plutôt flou dans ses modalités pratiques, mais néanmoins bienvenu, tant l’enseignement dans ces classes est peu pris en compte. Il s’est avéré assez vite qu’il ne s’agirait pas, comme j’avais pu l’espérer, de proposer des formations « en présence » afin que d’éventuelles « démarches » d’apprentissage puissent « être vécues », comme nous avons l’habitude de le dire, mais de produire des ressources numériques en ligne sur le site du ministère ! C’est alors qu’une série de doutes m’est apparue. Ce qui suit vise à formuler ces doutes, et à dire mes réponses à ce jour.
  • Le GFEN, c’est sûr, ça débloque !
    Joëlle CORDESSE, Professeur d’anglais, co6fondatrice en 1983 du Secteur Langue(s) et de sa revue Dialangues, et en 2001 des Labos de Babel. Docteure en sémiotique et communication, spécialiste de sémiotique peircienneMai 1982, à l’école Makarenko d’Ivry, je participe à mes premières Journées d’études du GFEN (il y en aura peu par la suite, Arcueil, Vendôme). Elles sont consacrées à la formation accélérée d’équipes pouvant proposer et animer des stages en Institution. Ces stages s’intitulent « Tous capables ! ». Ils durent 3 jours, et nous en construisons ensemble la grille type, à peu près immuable, à base de démarches des Allumettes, des Attentes, du Jeu de l’île, et d’un atelier d’écriture / de création. En entrée de stage, une démarche « Tous capables » dans une matière où les personnes se vivent a priori comme en échec, et vont vivre la surprise de se retrouver en réussite. En sortie, quelque chose autour des outils, des projets, des stratégies, où prendront place par la suite, par exemple, des démarches Sosie. Le GFEN a construit l’outil grâce auquel il devient formateur de formateurs : la démultiplication de sa capacité d’intervention dans les lieux de formation va permettre de diffuser largement les pratiques, attirer de nouveaux adhérents, agir sur la transformation des mentalités.
Cahier du LIEN
  • Susciter le débat ? Construire le débat ? Pourquoi débattre en Éducation Nouvelle ?
    Joëlle CORDESSELes langues-cultures, un moteur d’émancipation et de renouvellement pour l’Éducation Nouvelle ?
    Comment travailler ensemble quand on ne parle pas la même langue ? En quoi est-ce une question pour l’Éducation Nouvelle et son développement ?
  • Quelles relations entre recherches et mouvements pédagogiques ?
    Étiennette VELLAS et Yves REUTER
  • « Pour une société inclusive »
    Soraya GUENDOUZ et Michel NEUMAYER