La natation de demain, une pédagogie de l’action. Raymond CATTEAU

Un outil au service des formateurs et entraîneurs
 
Nouvelle édition, revue et augmentée, éditions ATLANTICA, 2015. 230 pages, 24,90 euros

Introduit  par trois préfaces émanant de cadres techniques de la natation française, l’ouvrage se veut au service des formateurs et entraîneurs. Mais chacun peut y trouver des ressources utiles pour peu qu’il s’intéresse à la natation bien sûr, mais également aux situations d’apprentissage à privilégier dés lors que le milieu dans lequel l’apprenant évolue  lui paraît suffisamment étrange, voire étranger. Car il ne faut pas s’y tromper, c’est avant tout  la pédagogie de l’action qui est privilégiée dans le propos de Raymond Catteau car “transmettre la compétence ou l’expertise par des discours, verbaux ou écrits, se révèle toujours inopérant”.

Pour apprendre à nager ou enseigner la natation, faites d’abord un peu de physique et de  mécanique pour appréhender les caractéristiques des milieux terrestre et aquatique afin de comprendre ce que l’être humain doit surmonter et modifier dans sa motricité pour passer de l’être terrien  “vivant sur un monde essentiellement hétérogène , peuplés d’êtres et d’objets” à un être  aquatique capable de se mouvoir dans un milieu homogène qui oblige à revoir la façon de se mouvoir, se propulser.
Apprendre à nager n’est pas chose facile lorsqu’inconsciemment, le néophyte tente d’adapter sa posture de terrien à ce nouveau milieu en maintenant les voies respiratoires et la tête hors de l’eau ce qui induit une verticalité du corps susceptible de gêner la nage. Certains diront que pour apprendre à nager, il suffit d’abord “d’apprendre les mouvements” comme l’ont fait les générations antérieures, au bord des bassins “où l’on a pied”… pour prendre confiance. Mais comme on n’apprend pas de mouvements pour apprendre à marcher, Raymond Catteau soutient que  les systèmes de mouvements se coordonnent à partir de situations à résoudre par l’action et l’expérience du sujet. C’est le mobile (apprendre à nager) qui pousse  l’individu à réunir les mouvements aux cours d’expériences répétées et analysées qui permet au nageur de se construire et passer progressivement d’une “organisation terrienne” à une “organisation aquatique”. Comme pour la marche, on note des structures de fonctionnement que l’apprenant doit successivement remettre en cause s’il veut progresser pour devenir un nageur performant.
Quatre parties dans cet ouvrage
 
La première est consacrée à la natation. Après avoir présenté un historique montrant que, dès l’Antiquité, la natation est présente dans les activités humaines, l’auteur pointe la progressive accession pour tous à la pratique de la natation. Il décrit ensuite les différents types de nage et cette faculté des bébés à explorer le milieu aquatique et s’y mouvoir sans appréhension.
La deuxième partie aborde la culture natatoire. Il s’agit là de la connaissance des nages (structure et fonctionnement) : nages alternées  (crawl et nage sur le dos) et nages simultanées (nage papillon et brasse). A chaque fois, on décrypte  la posture, les gestes du nageur avec photos et illustrations à l’appui.
La troisième partie  propose une mise oeuvre didactique “pour devenir nageur et toujours meilleur nageur”.  Cette mise en oeuvre se base sur la pédagogie de l’action et le processus de construction. Trois états pour le corps en milieu aquatique : le corps flottant, le corps projectile, le corps propulseur. Pour chaque état, on étudie successivement les aspects physique, physiologique, psychologique, pédagogique.
Dans la quatrième partie, la mise en oeuvre pédagogique s’appuie sur les six niveaux de l’action décrits en partie 1, en reprenant les trois thèmes précédents : corps flottant, corps projectile et corps propulseur. L’auteur propose une suite d’objectifs intermédiaires à atteindre et chacun d’eux à travers une succession de tâches.
Des annexes très fournies complètent cet ouvrage pour permettre au lecteur de connaître les références et options philosophiques de l’auteur dont  Henri Wallon, Robert Mérand, Jean-Pierre Astolfi, Gaston Bachelard, Aurélien Fabre.
Jacqueline BONNARD