Appel à soutien pour que vive le GFEN (2010)

Appel à soutien pour que vive le GFEN

L’annonce brutale, le 2 juillet 2010 d’un arrêt de subventionnement d’un poste de détaché sur deux met en péril le devenir du GFEN. Or derrière une logique comptable, c’est la pédagogie qui est menacée et avec elle, toutes celles et tous ceux qui pensent et agissent aujourd’hui pour la réussite de tous.
 
Depuis de nombreuses années, le GFEN poursuit son engagement militant dans le refus des fatalités et d’une éducation socialement ségrégative. Il fait la preuve dans les formations qu’il conduit de la pertinence de ses approches, de l’efficience de ses propositions en matière d’apprentissage et de création.
 
Mais il il n’y a pas de fatalité au déni de la pensée, de la recherche obstinée des conditions de l’accès de tous à la culture.
 
Nous appelons toutes celles et tous ceux qui partagent nos défis à venir nous rejoindre lors de nos stages d’été et de entrée.
 
Nous appelons chacun et chacune à s’abonner à la revue Dialogue, à adhérer au GFEN pour que perdure son projet d’émancipation solidaire.
 

Issu de la tourmente de la Première guerre mondiale, le GFEN n’a cessé de promouvoir la transformation de l’Ecole afin qu’elle parle à tous, prépare « le futur citoyen (…) mais aussi l’être humain conscient de sa dignité d’homme ».

Ses apports à l’Education portent l’empreinte de ses présidents successifs. Le physicien Paul Langevin insiste sur la formation de l’esprit scientifique (« L’enseignement fait trop souvent apprendre mais pas comprendre »). Henri Wallon contribue à une meilleure connaissance de la psychologie de l’enfant, dans un débat stimulant avec Piaget où, dans l’entrecroisement de l’affectif et du cognitif, si « la pensée naît de l’action pour retourner à l’action », c’est toujours en interaction avec la pensée de l’autre. Son travail à la Maison du Renouveau à Montmorency, qui accueille des enfants juifs victimes de la guerre, permettra de développer la notion de surcompensation pour rendre compte de leur exceptionnel développement. Est-il besoin de rappeler la place qu’a pris le Plan Langevin-Wallon, mûri dans la Résistance, dans l’imaginaire éducatif de notre pays ?

Gaston Mialaret lui succèdera en 1962, contribuant à la création des Sciences de l’Education en France (en 1967), puis Robert Gloton, lui aussi ancien élève de Wallon, IEN qui n’aura cesse de développer l’éducation nouvelle auprès de ses équipes de circonscription dans la Marne, l’Eure puis à Paris, où il crée le Groupe Expérimental du 20ème arrondissement, attestant de la puissance créatrice du travail d’équipe, ayant contribué à éradiquer l’échec scolaire. Henri Bassis en exportera le principe au Tchad, élaborant une expérience de formation des maîtres à l’échelle d’un pays, occasion d’élaborer, à l’épreuve du terrain, puis de formaliser – en complicité avec sa femme Odette Bassisla démarche d’auto-socio-construction du savoir.

Le GFEN a parallèlement porté la polémique contre les dons et ses avatars (talents, aptitudes…) et affirmé l’éducabilité de tous ; il a introduit et popularisé les pratiques des ateliers d’écriture, travaillé la pédagogie du projet, expérimenté le travail par cycles, n’ayant cesse d’inventer des pratiques pour que tous les élèves réussissent, transforment leur rapport au savoir et à culture de la maternelle à l’université, dans tous les domaines disciplinaires, en lien avec la recherche (plus de trente ouvrages parus depuis dix ans)…

Ses apports à l’Education sont considérables. De l’élémentaire au secondaire, nombre d’équipes peuvent témoigner de la pertinence et de la fécondité de ses formations, qui dynamisent le travail des équipes d’établissement, contribuent à redonner sens à apprendre pour les élèves tout autant qu’elles réactivent l’envie d’enseigner des professionnels. Son travail est salué par de nombreux chercheurs.

L’annonce brutale de coupes sombres début juillet (arrêt du soutien d’un de ses deux détachés par l’Education Nationale et du subventionnement de ses projets par le Haut Commissariat à la Jeunesse) lui porte un coup terrible fragilisant la poursuite de son action.
A l’heure où les difficultés scolaires se creusent sur fond de problèmes sociaux accrus, il est inconcevable et inacceptable d’asphyxier cet espace de réflexion et d’action pédagogique, alors même  qu’il est sollicité pour la formation de formateurs, auprès des équipes en Education Prioritaire et des dispositifs relais, des éducateurs de la PJJ et de tant d’autres lieux préoccupés par des jeunes en mal d’apprendre. Au-delà de leur efficacité, les moyens pédagogiques ne sont pas indifférents aux finalités éducatives : à quel monde préparons-nous nos élèves au quotidien ?

Nous appelons à soutenir le GFEN, pour la démocratisation de l’Ecole et une conception émancipatrice de l’éducation, contre toutes fatalités.

Merci de signer et faire signer cet appel à soutien