Analyses

A propos de la création du LIEN

Ligue Internationale de l'Éducation Nouvelle)au congrès de Calais, 1921:
" Ce Congrès était le résultat du mouvement pacifiste qui avait succédé à la première guerre mondiale.
Il avait semblé alors que pour assurer au monde un avenir de paix, rien ne pouvait être plus efficace que de développer dans les jeunes générations le respect de la personne humaine par une éducation appropriée.
Ainsi pourraient s'épanouir les sentiments de solidarité et de fraternité humaines
qui sont aux antipodes de la guerre et de la violence "

Henri Wallon, 1952

Responsable au sein du Conseil National de la Résistance en 1944

Président du GFEN de 1946 à 1962



Déclaration du Groupe Français d'Education Nouvelle (GFEN)


Paris, le 19 Septembre 2001

Un autre avenir est à construire ensemble

Ce qui arrive, sous les yeux du monde entier, ébranle imagination et raison. Jusqu'où le pouvoir destructif de l'homme ? jusqu'où - de toute part - la bonne conscience d'une lutte du " bien contre le mal " ?

Nous condamnons sans réserve la violence funeste des attentats perpétrés aux Etats-Unis. Mais nous nous devons de ne pas entrer dans une surenchère dont les conséquences pourraient non point résoudre mais aggraver, multiplier par le pire la destruction de l'homme par l'homme.

Si l'Education nouvelle est née au lendemain de la première déflagration mondiale, dans une perspective internationale, c'est dans la dénonciation de l'acceptation fataliste de la guerre comme légitime, dans l'attaque comme dans la riposte. Dénonciation de la guerre comme seule solution possible aux conflits, aux inégalités et injustices qui prétendent la générer et qu'elle-même génère.

Si nous affirmons le pari du " Tous capables " c'est pour dire, avec d'autres, combien sont grandes les potentialités positives du petit d'homme et de l'homme, tout au long de sa vie, comme celles des peuples. Pour dire aussi que ces potentialités ne peuvent être suscitées et développées qu'au travers de la réalité vécue de contextes et de situations propres à une telle émergence. C'est le sens de la recherche de l'éducation nouvelle de mettre en acte un tel pari.

Nous sommes convaincus que l'homme ne naît pas fanatique ni terroriste, il le devient. De même qu'il ne naît pas " démocrate " ni solidaire, il le devient. Pas de génération spontanée mais des processus, qui font de toute situation d'éducation et de formation autant de chemins de conditionnement, de mise en soumission aveugle ou bien d'émancipation.

Si la solidarité se construit dans le vécu de pratiques, ce n'est pas en évacuant contradictions et conflits, en soi et avec les autres, mais en les travaillant. La solution par les armes et le feu comme la dérive sécuritaire nous empêchent aujourd'hui d'interroger l'essentiel.

La pensée dominante évacue les divergences sans chercher à comprendre à quels problèmes de fond ils renvoient, et la peur de l'autre conduit aux confusions, aux amalgames et aux jugements dangereux. Le terrorisme fanatique comme les grandes déclarations d'humanité ne sauraient masquer la terreur silencieuse des inégalités et de la misère endémique sans les aggraver.

Plus que jamais un autre avenir est à construire ensemble. Après les Droits Universels de l'Homme et face à la loi du talion, une autre loi est à élaborer à l'échelle mondiale, entre les Nations, concernant les moyens utilisés pour leur mise en vigueur et leur préservation. Face aux exigences d'une part d'une volonté d'hégémonie et d'autre part d'un terrorisme meurtrier, n'est-il pas possible d'en appeler à la recherche d'une justice nouvelle et à la nécessité d'une conscience internationale ?

A la veille du Forum Mondial sur l'Éducation à Porto Alegre, sans doute est-il temps de poser l'urgence du droit à une éducation qui ouvre sur un monde solidaire. Un monde où les enfants, les hommes et les peuples puissent accéder au droit et à la dignité de vivre et de comprendre, d'agir et de créer pour, ensemble, le transformer.


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