Le retour de la morale à l’école ? Citoyens dans le savoir !

2015
« La morale n’est pas un enseignement mais une réflexion permanente et
contradictoire sur les problèmes réels que pose la vie, [il s’agit]
moins d’instruction civique que de l’apprentissage vécu de la vie
collective de la classe ». (Henri BASSIS).
Deux textes sur le concept de citoyenneté dans la construction du savoir
 

Devenir citoyens dans le savoir

Odette BASSIS
 
Présidente d’honneur du GFEN
C’est dès l’arrivée officielle de l’école publique que furent liés aux apprentissages celui de l’« éducation morale et civique ». Accolement traversant des pratiques d’enseignement moulées sur l’autorité et le respect.  Alors oui, citoyens dans le savoir, on le devient, en général, aussi sûrement que passivement, aussi objectivement qu’inconsciemment, dans tout acte d’apprentissage. Mais « citoyen passif », formé laborieusement — et il en faut du labeur et du temps — à devenir membre soumis, docile et appliqué d’une société où quelques-uns seulement pensent et décident pour tous les autres.
Les choses sont pourtant clairement annoncées : dès qu’un savoir est l’objet d’un apprentissage reconnu comme tel, il devient DISCIPLINE au sens précis de dépendance à la fois par rapport à celui qui transmet (l’enseignant) que par rapport à l’enseignement transmis  (la discipline). Double assujettissement.
Derrière le contenu manifeste que désigne telle « discipline » de savoir, se love un autre savoir, un autre apprentissage qui en constitue le contenu latent : c’est celui de l’ORDRE ETABLI et de  sa légitimation, profondément ancré au précédent et d’autant plus tenace qu’il se construit dans une pratique (celle de la transmission) qui en est le garant. C’est en ce sens qu’on peut dire — et ce n’est pas une boutade — que toute pratique de transmission est une démarche, c’est à dire suscite des processus d’auto-élaboration de comportements mentaux (des « habitus » dirait P. Bourdieu). Mais une démarche à rebours, puisqu’elle a un effet d’auto-aliénation et non pas d’émancipation.

Toujours dans le réactif

Michel HUBER
 
Décidément, le sens unique, exclusif : exposition de la théorie puis application dans une pratique a la peau dure. Cherchez le chaînon manquant.
Ainsi, suite aux évènements de janvier, nos jeunes vont avoir droit à des cours de citoyenneté, de laïcité, d’esprit critique face aux médias….
Encore une fois, on scolarise (dans le mauvais sens du terme), on saucissonne des finalités qui doivent être au cœur même des pratiques pédagogiques, indépendamment du contenu disciplinaire.
La forme est aussi un contenu écrivait Henri Bassis.
C’est l’occasion de rappeler ici la conception du GFEN du « citoyen dans le savoir », et  comment je la pratique, sans parler des perspectives d’une mise en œuvre méthodique de la pédagogie du projet/élèves.
La citoyenneté à mon avis doit être non seulement l’objet mais aussi la modalité pédagogique. Ainsi seraient en interaction le fond et la forme pour une plus grande efficacité éducative.
Au GFEN, nous avançons ce concept de la citoyenneté dans la construction du savoir.