De la liquidation du programme du Conseil national de la résistance : le cas du droit à l’éducation et à la culture pour tous

Tribune du Collectif Langevin Wallon, 21 décembre 2023
G. Attal renonce au principe de démocratisation scolaire porté par les autorités publiques depuis 1945

   « La crise consiste justement dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître :
pendant cet interrègne on observe les phénomènes morbides les plus variés
. »
Antonio Gramsci, Cahiers de prison.

A l’heure où les autorités politiques ont tendance, avec une apparente ferveur, à exalter la grandeur de notre histoire nationale, à travers des commémorations grandiloquentes et la « panthéonisation » de nos « grands hommes » (Anthonioz-de Gaulle, Brossolette, Tillion, Zay), elles liquident ce qu’elles considèrent comme étant un vestige d’un autre temps : le programme du Conseil national de la Résistance. Déjà en 2004, les derniers résistants de la première heure s’en étaient émus. Ils avaient lancé un appel aux jeunes générations pour qu’elles fassent « vivre et retransmettre l’héritage de la résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle ». Ils étaient loin de prévoir l’attaque frontale de Denis Kessler en 2007. Celui-ci, alors patron de Scor, l’un des principaux réassureurs mondiaux, après avoir été un temps vice-président du MEDEF, affirmait, dans un éditorial du magazine Challenges, que « le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance […], un compromis entre gaullistes et communistes ». Il ajoutait ceci : « Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie. Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme… A y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! (1) »

Aujourd’hui, nous y sommes. L’héritage du CNR, tant ses institutions que sa philosophie, a bel et bien été liquidé. Nous ne reprendrons pas ici la liste de toutes « les conquêtes sociales » dont le socle a été démantelé au fil des présidences, nous ne parlerons pas non plus des restrictions des « libertés publiques » (notamment la liberté d’association, de réunion et de manifestation) toujours plus nombreuses, nous n’aborderons pas non plus les lois violant « le respect de la personne humaine » ni « l’égalité absolue de tous les citoyens devant la loi », nous évoquerons encore moins « la liberté de la presse » et son indépendance malmenées du fait « des puissances d’argent »… Autant de principes affirmés par le programme du Conseil national de la Résistance qui ont été bafoués depuis, et continuent de l’être sous cette présidence, jusqu’au détournement indécent de son acronyme dans une opération de communication de petite envergure (l’insipide conseil national de la refondation (2)), alors que l’exercice même du pouvoir depuis 2017 se trouve à l’exact opposé de ce qui était promu par le CNR, le vrai, celui qui, issu des combats contre le nazisme et son allié, le pétainisme, n’était pas un artifice de communication. Jusqu’ici, un domaine était relativement épargné par cette liquidation — encore que Jean-Michel Blanquer ait frontalement attaqué le paritarisme —, c’était l’éducation. Les dernières annonces de Gabriel Attal visent à lui porter le coup de grâce. […] lire la suite sur le site de ToutEduc et ses signataires dont le GFEN