Sur les traces du Dr Janusz Korczak

 Colette CHARLET- 2012

L’année 2012 est marquée par une série d’hommages au Dr Korczak (1878-1942), tant en Pologne, qu’ailleurs dans le monde. Ainsi, en a décidé le Parlement Polonais.

En effet, il y a 100 ans qu’il créa sa première maison d’enfants à Varsovie (Dom Sieriot). Cela fait aussi 70 ans, qu’il disparut tragiquement avec ses 200 orphelins vers le camp d’extermination de Treblinka.

Malheureusement, force est de constater que de nos jours, des atrocités se perpétuent à l’encontre des enfants sur des zones de conflits, en dépit de grandes déclarations d’institutions internationales.

Korczak bouleversa notre rapport à l’enfant, en revendiquant sa place de sujet et d’acteur. Par ses ouvrages, dès 1928, il est considéré comme le précurseur de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant.

En France, l’Association Française Janusz Korczak (AFJK) est à l’initiative d’une série de manifestations avec l’appui de certaines municipalités, en direction du monde associatif, des éducateurs, des jeunes…

Sur la plan international : la Mission Polonaise des Nations Unies de Genève, a organisé un séminaire le 1er et 2 Juin  2012 pour lui rendre hommage et inciter à mettre en pratique ses idées.

Notre mouvement ne peut rester à l’écart de ces initiatives, parce qu’historiquement des personnalités comme Mme François (Claude François Unger), compatriote de Korczak et créatrice de la Maison d’Enfants : « Le Renouveau », nous fit connaître l’œuvre de ce grand éducateur, à la fin des années 70. Celle-ci était membre du BN et du comité de rédaction de notre revue Dialogue. Plusieurs articles évoquèrent le parcours de ce pionnier de l’éducation nouvelle et une exposition lui fut consacrée à l’INRP.

Mme François, ne cessa de nous rappeler qu’il fallait aller au-delà des évocations et célébrations (point de pleurnicheries ! répétait-elle…) car Korczak était à la fois : médecin, éducateur, écrivain, penseur d’avant-garde dont « la réflexion dépasse la cadre de son époque ».

Dans sa maison d’enfants, tout comme avec Mme François, notre « aventurière » de l’éducation nouvelle ; il instaura des instances démocratiques pour que les jeunes puissent prendre parole et aient
leur mot à dire sur des décisions qui les concernent. Ce fut une véritable république d’enfants qui vit le jour avec son parlement, son tribunal et son organe de presse : « La Petite Revue » (vendue en kiosque dans Varsovie).

Korczak assura aussi pendant plusieurs années, des émissions de radio où il répondait aux questions des auditeurs. Il ne cessa d’être le propagateur des Droits de l’Enfant. Ses idées sont développées dans deux livres majeurs : « Comment aimer un enfant » et « Le Droit de l’Enfant au respect ».

En ces temps de crise, les œuvres de Korczak, porteuses de valeurs humanistes, nous ouvrent des perspectives pour agir, que l’on soit adulte ou enfant, nous incitent à ne point nous résigner ou de nous laisser aller à quelconque fatalisme : « Les enfants sont de futurs adultes. Ils sont donc en devenir, absents en quelque sorte…

Nous sommes cependant présents ; vivons, sentons, souffrons… » (J.K)

« L’intérêt supérieur de l’enfant doit être pris en considération… » dit l’article 3 de la Convention Internationale de l’Enfant. Mais combien d’Etats, de gouvernements ayant ratifié la dite convention, appliquent-ils cette décision et recommandation ???

Nous, militant(e)s dans le champ de l’Education Nouvelle faisons en sorte de donner existence à ces droits.

Pour en savoir plus, vous référer au site de l’AFJK : htpp://korczak.fr

Rio 2012…Sommet de la Terre

Colette CHARLET

Comme je l’écrivais et l’annonçais dans des précédents numéros de Dialogue ; en particulier le N° 143, consacré au Développement Durable à un sommet de la Terre réunissant un grand nombre de chefs d’état dont le nôtre seront présents pour prendre un certain nombre de décisions. Mais sur quelles bases vont-ils les prendre, sur quelle légitimité ? A t-on demandé l’avis des peuples, des jeunes ? Que vaut notre avis face à celui de ce que l’on appelle les « experts » ? Peut-on continuer à s’accommoder de sociétés à plusieurs vitesses, soumises aux diktats de ceux qui savent, nous empêchent de
nous exprimer, d’exercer notre esprit critique ?

Ce qui en ressortira engagera notre avenir concret sur le long terme et parfois de manière irréversible.

Alors, qu’est-ce que l’éducation nouvelle a à voir avec ces importantes questions politiques ?

A échanger avec mes ami(e)s de l’Association Korczak, ces 1er et 2 Juin dernier, en compagnie de 15 pays différents, dont une importante délégation de pays africains (adultes – enfants) ; nous avons pris
conscience que le lien était aisé à construire avec la pensée de Korczak.

Comment préparer les jeunes, dès le plus jeune âge, par des activités de mise en recherche, de questionnement, par la formation à la prise de parole au sein d’instances démocratiques ; leur permettant de développer un esprit critique, de structurer leurs savoirs, de leur donner la capacité d’agir de construire des projets sur un long terme, de transformer des situations inacceptables.

C’est ce que nous avons fait au sein d’un collectif d’associations, à l’initiative d’INDP (Intercultural Network for Development and Peace), pour porter la parole et les projets des jeunes jusqu’à Rio.

Régionalement, en Rhône-Alpes, une exposition a été montée ; donnant à voir des initiatives et une compilation est en cours de réalisation, des réalisations vidéos circulent…

Bref, un travail coopératif et participatif entre plusieurs pays et associations où le GFEN peut prendre sa place. Notre revue Dialogue y a répondu par son numéro consacré à cette question.

Comme l’histoire du Rat de Gramsci (qu’il écrivit de sa prison) ; il nous faut être des personnes d’action et en recherche…car la question de l’écologie politique est bien une affaire de démocratie et d’exercice du débat d’idées.