Retour sur les Rencontres du LIEN, Tunisie, juillet 2012

de MAHDIA (Tunisie), 15-18 juillet 2012

Un bref retour croisé

Odette et Michel Neumayer (GFEN), Etiennette Vellas (GREN)

 

On pourrait raconter Mahdia en suivant bien des fils…

… Celui de la richesse des rencontres interpersonnelles.

Une centaine de personnes étaient présentes (nous avons dû clore les inscriptions un mois avant la date officielle). Tunisiennes évidemment (environ la moitié des participants) mais aussi européennes (Suisse, Belgique, Luxembourg, Allemagne, Italie, France), mais encore haïtiennes, russe, boliviennes et même
une personne japonaise ! Superbe croisement, richesse des découvertes.

… Celui des langues et des cultures.

Nous avons veillé à leur présence effective aussi bien dans les groupes de travail, les plénières que lors d’un forum des langues. Nous avons affirmé notre diversité, traduit et lu nos problématiques en plusieurs langues, chanté et échangé.

… Celui de la naissance d’un groupe nouveau, le GTEN (Groupe Tunisien d’Éducation Nouvelle).

Nous avons remercié chaleureusement ce mouvement « tout neuf », en relation avec le GBEN
depuis quelques années déjà, et qui agit dans un contexte social et politique particulièrement complexe. En relation avec les autres mouvements du LIEN d’Europe et des Amériques, il a su avec brio faire de l’organisation de ces Rencontres une belle réussite.

Celui de notre préoccupation commune : agir pour la transformation de nos sociétés à travers la transformation de nos systèmes scolaires et de formation. Nous avons pris conscience de l’étonnante
proximité de nos préoccupations.

Celui de la transmission entre groupes, personnes, générations.

Nous avons veillé à inscrire notre présent dans l’Histoire de l’Éducation nouvelle, cet ensemble
de pratiques, de théories, de partis pris et d’engagements. Ce fut le cas dès l’ouverture avec l’atelier proposé à tous du GBEN sur « quelques 25 idées d’Éducation nouvelle ». Cela se confirma avec la présence du GHEN (Groupe haïtien) qui se développe et fête sa deuxième année d’existence. Cela se
traduira bientôt par la création (re-création) d’un groupe d’Éducation nouvelle en Italie.

Celui de la préparation internationale inter-mouvements : d’abord un défi, celui de tenir ces Rencontres en terre africaine ; puis un patient travail, mis en musique par le GREN (en charge en ce premier semestre 2012 de la coordination des activités du LIEN) en étroite collaboration avec les ami(e)s tunisien(nes)s sur place. Le pari a été tenu et réussi (!),  sachant que cette préparation internationale est une spécificité du LIEN par rapport aux Universités d’été du GFEN par exemple.

On pourrait évoquer les objets de travail retenus : au delà des ateliers consacrés à la lecture, aux langues, aux sciences, à l’écriture, aux arts plastiques, à divers projets d’école d’Éducation nouvelle, au travail avec des adultes, insistons sur le souci partagé de faire exister dans nos pays, si différents et si proches malgré tout, une variété de pratiques qui soient à la hauteur de nos engagements : une école juste, démocratique, inclusive, créative, humaine.

On pourrait décrire les modes de travail retenus :
« ateliers » mais aussi des « cartes blanches », deux « forums », un « atelier d’écriture et de réflexion » (Mosaïques d’expériences) auquel tous les participants étaient quotidiennement conviés en fin d’après-midi.

Nous terminerons ce bref compte-rendu par un début d’inventaire (en vrac), de quelques points sur
lesquels nous avons le sentiment d’avoir avancé par rapport à nos précédentes Rencontres du LIEN (Ciney 2009, Marly-le-Roi 2006, Malone 2003) :

  • le renforcement de la dimension internationale.
  • la collaboration étroite, le travail intense, exigeant, d’entrer dans des cultures, des rapports aux savoirs, au temps, à l’Éducation nouvelle elle-même, etc. différents) afin que le GTEN,  puisse
    organiser l’accueil en participant pleinement à la préparation conceptuelle du tout aussi.
  • la participation de nombreuses personnes de Tunisie venant découvrir pour la première fois des pratiques d’Éducation nouvelle.
  • la place affirmée de l’écriture pour tous et par tous, avec la perspective d’un écrit collectif et la naissance d’un collectif de coordination international pour mener à bien ce projet.
  • la reconnaissance des apports de chacun, dans les ateliers évidemment, mais aussi par le biais de Cartes blanches très brèves et variées (10 minutes pour parler d’un sujet qui tient particulièrement à cœur).
  • la notion d’engagement : chacun a compris qu’il pouvait changer quelque chose à son quotidien, se donner des perspectives en prenant appui sur ses découvertes, ses étonnements, ses partages.
  • la dimension de la confiance réciproque.
  • le constat que des principes et des pratiques d’Éducation nouvelle existent, que l’on peut en parler, y accéder, choisir à titre personnel mais aussi collectivement ceux qui semblent les plus pertinents. (La mise à disposition de livres offerts à la lecture des participants sur place et ultérieurement au GTEN a matérialisé notre souci de partager nos outils).
  • la place de pratiques de création qui permettent le détour réflexif et sont des défis collectifs.
  • l’ouverture aux langues (nous sommes en demande, à l’écoute, interpellés par leur mystère).
  • la perception des apports originaux du GFEN en matière de sciences, de création, de langue, et notre souci (partagé) de prendre appui sur l’Histoire de l’Éducation nouvelle. Des apports incarnés par des personnes (nous étions une dizaine à Mahdia, « toutes générations confondues », membres du GFEN)
  • le développement du site du LIEN (www.lelien.org), porté actuellement par la Suisse, la Belgique et la France et qui s’est donné pour mission de mettre en ligne une série de documents sur les Rencontres (descriptifs des ateliers, réflexions, Cartes blanches, etc.). Le site proposant par ailleurs des témoignages, des documents, des références de lecture et bien d’autres choses qui attestent que l’Éducation nouvelle se développe dans le monde. L’organisation et la gestion du site sont, depuis Mahdia, de plus en plus coopératives et internationales.

Restent des questions encore non traitées :

  • le rapport des mouvements d’Éducation nouvelle aux institutions de leur pays.
  • les stratégies de développement, les partenariats et les alliés, dans et hors l’école.
  • les suites à donner aux Rencontres et l’organisation du LIEN (principes et fonctionnement).

Ces quelques lignes pour faire comprendre qu’à Mahdia nous avons vécu de l’inoubliable… que le LIEN commence à être une très belle histoire… que c’est celle de nos mouvements d’Éducation nouvelle réunis.