Extraits Dialogue n° 185 Dialogue n° 185 – Enrayer les mécanismes d’exclusion Retour à la présentation du n° 185 Sommaire Éditorial Contre ce(ux) qui exclue(nt !) Lire l’édito Le collectif de rédaction du numéro Des volontés d’équipes… Un projet collectif en lycée professionnel : Tous en bac pro ! Jacqueline BONNARD, accompagnateur MAIPE de l’académie d’Orléans-Tours Cet article relate la genèse d’un projet visant à faire d’une filière souffrant d’une image de relégation un marchepied pour réussir quand même ses études. Il s’appuie sur les notes prises lors de l’accompagnement de ce projet ainsi que sur le bilan rédigé par les porteurs de l’action. Quand l’équipe « Productique » décide de cesser les aides individualisées, de se recentrer sur les savoirs et de se la jouer collectif (côté élève/côté prof), elle se lance un défi : « Tous en bac pro ! ». Portée par ce défi et la force du collectif, c’est une des aventures professionnelles les plus marquantes qu’il m’ait été donné de suivre. Kennedy-Kergomard Jean-Jacques VIDAL De part et d’autre d’un boulevard à quatre voies qui, dans les années soixante, contournait Besançon de manière nouvelle, et qui est aujourd’hui « en ville », les différents quartiers se succèdent, mais les secteurs qu’on longe en voiture ou en bus sont très différents selon qu’ils sont d’un côté ou de l’autre : classes moyennes dans des maisons ou petits immeubles, catégories populaires « issues de l’immigration » en face dans d’autres immeubles, souvent rénovés ou remplaçant d’anciennes barres démolies, dont on a contraint les habitants, parfois eux-mêmes très anciens, à déménager. […] Au début des années 2000, quand nous devenons directeurs de deux écoles maternelles très proches mais séparées par ce boulevard, Benoît et moi nous retrouvons avec des populations scolaires très différentes : à 300 m l’un de l’autre, le clivage saute aux yeux. Repenser l’espace « cour de récréation » Pascale BILLEREY GFEN 25 et Maud DELSART Directrice d’école élémentaire Comment, dans nos classes, ne pas faire vivre les différences comme des inégalités ? Un reportage sur un aménagement de cour de récréation pour lutter contre la marginalisation des filles. F ace aux défis climatiques, écologiques et sociaux, l’espace urbain devient un lieu d’expérimentation qui doit permettre à chacun de vivre mieux dans un environnement adapté à ces nouveaux enjeux. Bien entendu, repenser l’espace scolaire en fait partie : c’est un facteur d’intégration à la vie sociale où l’on va apprendre à vivre les uns avec les autres. La cour de récréation est l’un des lieux fondateurs de construction de sa citoyenneté, de développement de sa relation aux autres et c’est loin d’être anodin au vu du nombre d’heures passées dans une cour de récréation ! « Les cours de récréation illustrent la sexuation des espaces de loisirs et jouent le rôle de lieu d’apprentissage des normes et des rôles de sexe.» À l’école de l’anthropologie interview de Jean-Loïc LE QUELLEC par Claire BENVENISTE Le projet Thélème au lycée Le Corbusier à Aubervilliers Compte tenu des difficultés rencontrées tant au niveau de l’investissement dans la scolarité que de la maîtrise de la langue, l’équipe du lycée Le Corbusier a mis en place des actions fortes. Les effectifs de seconde sont limités à 19 élèves et une après-midi par semaine est banalisée pour que les élèves puissent s’inscrire dans des projets « Arts, Sciences et Culture » (ASC1 ). C’est ainsi que pas moins de 680 élèves participent à des actions culturelles depuis quatre ans, avec la possibilité de suivre le même projet pendant toute leur scolarité au lycée. … pour inclure des possibles… Écrire sa minibiographie, une fierté d’utilité publique Pascale LASSABLIÈRE, Animatrice d’ateliers d’écriture, Militante avec le Groupe Belge d’Éducation Nouvelle et le Lien International pour l’Éducation Nouvelle La chaîne des savoirs est une association qui agit pour que l’on reconnaisse la réalité des personnes illettrées et lutte pour un accès au savoir tout au long de la vie. Elle est constituée d’un ensemble de « maillons »1 qui rassemblent une soixantaine de personnes en situation d’illettrisme, les « ambassadeurs », et une vingtaine d’ « accompagnateurs », formateurs salariés ou bénévoles, assistants sociaux, employés de Centres de Ressources Illettrisme… Ce réseau s’est constitué suite à une formation-recherche-action menée par Anne Vinerier en 2001 dans le but de comprendre pourquoi les personnes en situation d’illettrisme ne s’inscrivent pas dans les organismes de formation pour (ré)apprendre à lire, écrire et compter. En 2017, La chaîne des savoirs me demandait de penser un projet d’écriture dans le cadre d’une action soutenue par la Fondation de France. Les objectifs étaient de mettre en lumière les causes structurelles de l’illettrisme, de permettre aux rédactrices et rédacteurs de situer leur histoire dans un contexte global, et d’outiller le réseau pour développer des dispositifs de sensibilisation. En SEGPA, apprendre pour socialiser Emmanuelle HAMEZ, Professeure des écoles La socialisation est-elle le préalable aux apprentissages ? Ou est-ce par, et dans les apprentissages que les élèves vont pouvoir se socialiser, « faire ensemble », accueillir la « faiblesse » de l’Autre ? C’est cette seconde piste que j’ai explorée avec mes élèves de SEGPA dans le cadre d’un projet culturel et artistique : comment d’une classe « difficile », agglomérat d’individualités aux relations conflictuelles, on a avancé dans la construction d’un collectif davantage coopératif, respectueux, mieux engagé dans des apprentissages, jusqu’à devenir pour certains élèves des passeurs de culture dans leur famille. Complexité des dispositifs d’accueil particuliers Jany VIDAL, GFEN 25 il y a quelques décennies, les élèves récemment arrivés en France qui ne comprenaient pas ce qu’on disait à l’école, perturbateurs pour le déroulement immuable de la classe car ayant besoin d’une attention particulière, étaient fréquemment « foutus dehors » par les maîtres, et certains ont passé dans les couloirs des heures chaque jour, seuls. Aujourd’hui, on propose des itinéraires d’accompagnement, en principe choisis et mis en place après un examen attentif des situations, en accord avec les familles. L’inclusion est ainsi affichée, mais comment se passe-t-elle ? Et on doit faire les mêmes constats au regard des élèves présentant des troubles de mémoire de travail, des fonctions cognitives ou sociales. … selon des normes revisitées « L’école à l’épreuve de la complexité » Andreea CAPITANESCU BENETTI J’ai récolté les commentaires des auteures Margarita Sanchez Mazas, Geneviève Mottet, Nilima Chankakoti et Aneta Mechi à propos de l’ouvrage qu’elles ont coordonné L’école à l’épreuve de la complexité : Radicalisation, altérité, reconnaissance, L’Harmattan (Paris, 2021). L’ouvrage est issu des 3èmes Rencontres du Réseau International Éducation et Diversité (RIED) qui se sont tenues à Genève les 181920 juin 2018. Ce colloque abordait des « questions vives », des problèmes rencontrés par les acteurs scolaires au quotidien et qui suscitent tensions, crispations ou sentiments d’impuissance. Souvent polémiques, les thèmes de la « radicalisation », de la scolarisation des enfants réfugiés, de la discrimination ou encore du plurilinguisme s’inscrivent dans un contexte général marqué par des peurs et de la méfiance peu propices à leur traitement sous l’angle pédagogique. Le jugement de valeur par rapport à d’autres normes, d’autres coutumes, d’autres manières de faire positionne le regard du côté négatif avant même de connaître la personne, avant de l’entendre, de la voir, de la rencontrer. Sujets ou hors-sujets ? Joëlle CORDESSE, membre du Bureau National et du collectif International du GFEN, responsable des Labos de Babel, professeure d’anglais, docteure en sémiotique et communication » Si vous ne voulez rien écrire, n’écrivez rien. C’est tout à fait votre droit. Vous n’aurez qu’à afficher votre feuille vide avec les autres, elle signifie quelque chose et c’est bien de le dire à tout le monde et pas seulement à moi. » Je choisis cette anecdote parce que c’était la première fois que j’osais réagir de cette manière, dans un stage institutionnel, à un refus de produire. Cahier du LIEN Cent ans d’Éducation Nouvelle pour créer une ère nouvelle ! Diana DRAGHICI, Walid SFEIR (GROEN), Étiennette VELLAS (GREN) Ce supplément du LIEN puise dans le numéro spécial 2021 de la revue suisse romande du Syndicat des enseignants, l’Éducateur. Il évoque l’Éducation Nouvelle, à travers un de ses mouvements, la Ligue Internationale pour l’Éducation Nouvelle, ses cent ans d’histoire(s), les implications qu’elle provoque toujours aujourd’hui sous de nombreuses latitudes, les endroits où elle a transformé l’enseignement. Il met l’accent sur « Convergence(s) pour l’Éducation Nouvelle », cette dynamique actuelle, s’appuyant sur ses valeurs fortes, son ambition humaniste toujours élevée au service d’une éducation qui se réinvente en permanence. De ce numéro, que j’ai eu le plaisir de coordonner, nous reprenons ici diverses réflexions qui traitent de quelques jalons de l’histoire de cette Éducation Nouvelle. 20 juillet 2022 Valérie Pinton