Communiqué de presse de la FNAREN : “Des milliers d’élèves exclus de l’école inclusive !”

Communiqué de presse de la FNAREN

Nouvelle circulaire sur la formation des enseignants spécialisés :

DES MILLIERS D’ELEVES EXCLUS DE L’ECOLE INCLUSIVE !

Le Ministère de l’Education Nationale s’apprête à publier une circulaire qui mettra fin à l’aide spécialisée apportée par les Rééducateurs de l’éducation nationale dans le cadre des RASED, aux élèves rencontrant  des difficultés d’adaptation  à  l’école,  en  l’absence  de  trouble  ou  de  handicap.  Cette circulaire  sera  présentée  au  Conseil  supérieur  de  l’éducation  le  26  janvier prochain.

Devenir élève, c’est accepter de se conformer à des règles, des lois, liées à la vie en collectivité, c’est accepter d’apprendre selon une culture, des codes, qui ne sont pas ceux de la maison, c’est aussi prendre le risque de se tromper, d’être confronté au regard  des autres…
Or,  il  existe  des  enfants qui,  à  un  moment  de  leur  scolarité,  en  l’absence  de  troubles  ou  de handicap, ou malgré le recours à des aides extérieures à l’école, ne parviennent pas à répondre à ces exigences et à mobiliser leur pensée de manière efficace pour devenir élèves. Certains de ces enfants, « les inclassables », ne peuvent pas se saisir des aides qui leur sont proposées en classe et se trouvent en grande difficulté à l’école.

Au sein de l’école française, un dispositif nommé RASED (Réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficultés), prend en compte la situation de ces élèves pour leur apporter une réponse originale et  individualisée,  en  complémentarité  avec  le  travail  de  l’enseignant  de  la  classe  et  dans  une réflexion conjointe. 
Ce  qui  agite  ou  inhibe  l’enfant,  ce  qui  l’empêche  d’apprendre,  ne  peut  pas  être  évoqué  et  travaillé  au milieu  de  la  classe.  Le  rééducateur,  professionnel  formé  pour  ce  travail  spécifique,  propose  un accompagnement  ajusté  à  chaque  situation  singulière,  dans  un  temps  bien  déterminé,  et  un  espace sécurisé. L’enfant peut alors trouver, à son rythme, ses chemins pour se construire en tant qu’élève.

La  nouvelle  circulaire,  relative  à  la  formation  professionnelle  spécialisée  et  au  certificat  d’aptitude professionnelle aux pratiques de l’éducation inclusive (CAPPEI), s’attaque à nouveau à l’identité et aux pratiques  des  enseignants  spécialisés  des  RASED  dont  elle  prévoit  de  modifier  profondément  les missions.

En réalité, ce sont les fondements d’une école pour tous que ce texte vient bousculer :
– par la confirmation d’une tendance à la médicalisation de l’échec scolaire
– par le renforcement du tout protocole et la promotion des « valisettes » pédagogiques
– par la fin de l’aide spécialisée apportée en dehors de la classe, dans un lieu dédié
– par   la   mise   en   œuvre   d’une   formation   paradoxalement   dé-professionnalisante   pour   les rééducatrices et rééducateurs de l’éducation nationale.

Construire  une  école,  puis  une  société  inclusive  ne  demande  pas  que  de  bonnes  intentions,  cela demande une réflexion en profondeur sur le sens qu’on lui donne, sur la manière de s’y prendre, sur les moyens dont on dispose pour la mettre en œuvre, cela demande aussi de se concerter avec ceux qui en seront les artisans. Or, les concepteurs de la nouvelle circulaire n’ont pas pris en compte les remarques que nous soulevions et aucune de nos recommandations ou propositions ne figure dans le nouveau texte.
A l’heure où les politiques prônent la concertation et le dialogue comme des vertus essentielles de la  démocratie,  comment  interpréter  le  fait  que  nous  soyons  mis  devant  le  fait  accompli,  et  ce faisant, méprisés plutôt que consultés ?

Nous, rééducatrices/teurs,  sommes  scandalisé(e)s  par  ces  perspectives  qui  vont  faire  de  notre métier  de  la  relation  d’aide  une  profession  d’observateur,  de  concepteur  de  dispositifs-clés  en main  pour  nos  collègues  et  de  prescripteurs  de  soins  médicalisés !  Ces  évolutions  s’inscrivent dans  la  continuité  des  réformes  faites  par  le  gouvernement  précédent.  Elles  aggravent  les tendances de fond d’une école déshumanisée.
Les  enfants  qui  rencontrent  des  difficultés  à  l’école  seront  adultes  demain.  Nous  leur devons  mieux  qu’une  école  qui  nie  la  part  de  l’affectif  au  profit  de  la  norme,  et  qui privilégie   mesures,   indicateurs,   expertise,   en   congruence   avec   une   société   de   la compétition.

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