Boîte à lire octobre 2018

Livres

Lire, c’est comprendre

Donc apprendre à lire c’est apprendre à comprendre ce qui est écrit, Eveline Charmeux, Editions Universitaires Européennes, 2018, 276 p. 49,90 €
Depuis longtemps des chercheurs, des pédagogues, ont contesté l’hypothèse d’une
dissociation nécessaire entre « le code » et la compréhension, dans l’apprentissage de la lecture. Ce qui justifie en effet cette dissociation, c’est l’idée que la compréhension surgit naturellement de la connaissance : un mot reconnu est « compris » automatiquement. On peut alors en déduire qu’il
suffit que les mots reconnus soient nombreux, pour que les textes qui les contiennent soient compris. Or, le sentiment s’est installé assez vite chez les chercheurs, qu’il y avait, dans cette hypothèse, tenue pour vérité, une confusion entre « reconnaître des mots » et « comprendre des textes », que la
compréhension n’est peut-être pas la même sur des mots et sur des textes et qu’en tout état de cause, c’est la compréhension des textes qu’il faudrait viser. En fait, c’est un « anti-manuel de lecture », un guide pour enseigner celle-ci avec des livres, des vrais, et tous les « objets à lire » existants, et surtout sans manuel de lecture. Présentation du livre

Savoirs, opinions, croyances


Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Belin, coll. « Guides de l’enseignement », 128 pages, 9,90 €
Un livre qui comble un réel manque face aux déstabilisations et aux attaques
concernant les savoirs et les connaissances, par les opinions et les croyances.
Aujourd’hui, en classe de SVT, de science physique ou même d’histoire, les enseignants peuvent se trouver confrontés à une contestation du savoir scientifique. L’objet de ce livre est de leur donner les moyens d’y répondre clairement, sans polémique, et de manière laïque. Pour cela, il détaille les différences entre savoirs, opinions, et croyances (religieuses ou non). Il explique comment la science produit des connaissances. Il rappelle que le cours de sciences est un espace collectif dédié au savoir, sans que cela soit incompatible avec la liberté individuelle de croire ou la liberté d’opinion. Il détaille l’articulation de ces notions dans notre démocratie républicaine. Guillaume Lecointre est professeur du Muséum national d’Histoire naturelle. Spécialiste de la systématique et de l’évolution, il a publié de nombreux articles scientifiques et ouvrages de vulgarisation, dont certains avec des enseignants.
Il intervient fréquemment dans la formation initiale et continue des enseignants, et parfois dans les écoles, collèges et lycées. Présentation du livre

Voix et voies pédagogiques en Europe

Héritage, continuité, émancipation, Coordonné par Loïc Chalmel, L’Harmattan,
coll. « Pédagogie : crises, mémoires, repères », 2018, 180 p. 19 € (papier), 13,99 € (numérique) Le présent ouvrage fait suite au symposium « Itinéraire Héloïse» (Université de Haute-Alsace, 9-10 avril 2015), dont le but était de préparer la labellisation
d’un Itinéraire culturel du Conseil de l’Europe autour des grands pédagogues.
Ce volume défend différentes pédagogies audacieuses. Présentation du livre

Une vraie alternative à l’enfermement des mineur-es : la liberté

Evelyne Bechtold-Rognon, Nathalie Caron, Michelle Olivier, Sonia Ollivier, Anaïs Vrain (coord.), Institut de recherches de la FSU, éditions Syllepse, coll. « Avant-première
», 2018, 112 p. 7 €
Le nombre d’adolescent·es emprisonné·es dans le cadre de la détention provisoire
n’a jamais atteint le niveau d’aujourd’hui et il marque une évolution historique. Il s’agit dans ce livre de questionner l’accélération des politiques sécuritaires et les orientations générales à l’égard de la jeunesse la plus en difficulté. Toutes les études montrent pourtant que l’enfermement socialise dans un milieu criminogène, où la scolarisation, les soins, la vie familiale, la citoyenneté sont entravés et qu’il produit des effets contraires à ceux qu’il prétend obtenir. C’est pour alimenter ce débat que ce livre
éclaire les mécanismes à l’œuvre dans les lieux et situations d’enfermement, leurs effets spécifiques sur des adolescent·es et les implications sur le travail éducatif effectué avec ces jeunes. La mise en perspective historique des modalités de prise en charge pénale des enfants, les constats des
professionnel·les et des études sociologiques de terrain permettent d’éclairer l’articulation difficile—voire impossible—entre impératifs pénitentiaires et action éducative. À travers ce miroir tendu à l’institution judiciaire, ce livre tente d’ouvrir des perspectives susceptibles de répondre à l’enjeu
d’éducation de la jeunesse et de promouvoir des outils qui libèrent. Présentation du livre

Sigmaringen 4 445 — Voyage au bout de l’enfer

Michel Huber, Editons Le Hérisson, 2018, 50p. 10 €
Sigmaringen 4 445 conte la fin du règne de Vichy. L’abominable système n’échappe pas au ridicule. Le rire peut côtoyer le tragique. Cet ouvrage fait la part belle aux paroles prononcées par les principaux acteurs, ce qui en rend la lecture particulière dynamique. Cet épisode historique ainsi évoqué aidera le lecteur à comprendre les enjeux d’aujourd’hui. Commande : michel.huber44@gmail.com

Revues

Des alternatives à l’école ?

Cahiers pédagogiques, n° 547, CRAP, septembre-octobre 2018
Faire classe ou école autrement, proposer des alternatives à l’école, voilà un projet qui semble avoir le vent en poupe, quoi qu’on mette derrière cet « autrement » et ces « alternatives ». Le dossier propose un panorama de ces expériences de classes et d’écoles
alternatives, dans le système public comme à l’extérieur, voire à l’étranger et les passe au crible de l’impératif d’équité sociale. Présentation du n°

Filière qualifiante

TRACeS n°237, CGé, septembre-octobre 2018
Entre valorisation de l’enseignement qualifiant trop souvent dénigré et constats affligeants d’une filière de relégation à la dérive, la filière qualifiante est surtout méconnue et caricaturée. L’intelligence de la main “Dans ta gueule” !
Entre une vision des métiers techniques centrée sur la personne (l’artisan, l’ouvrier
qualifié, le professionnel expert) et une autre centrée sur le poste de travail (l’ouvrier spécialisé jetable et sans pouvoir de négociation), l’image de la filière qualifiante gomme la diversité des réalités qu’elle recouvre. Au plus près des acteurs, ce dossier s’attèle à vous faire mieux connaitre la réalité de l’enseignement qualifiant, ce qui s’y vit, ce qui s’y travaille, les enjeux qui le traversent, et ce qu’il pourrait être demain. Pour se rendre compte que cela demande pas mal de compétences intellectuelles, manuelles et morales pour arriver au bout de l’objet, que l’enseignement technique, ce n’est pas que du manuel, et qu’il faut savoir penser le métier. Présentation du n°

Langues d’exil

Archipels n° 2, l’Insatiable
Ce deuxième numéro de la revue franco-belge, animée avec l’équipe bruxelloise de
Culture&Démocratie, poursuit le travail de repérage et de mise en valeur de diverses pratiques d’artistes, de compagnies, d’associations qui s’emparent de la question migratoire pour faire apparaître le visage hideux d’une humanité qui refuse l’autre et comment les moyens de l’art permettent de résister à cette insupportable situation. En interrogeant l’identité et la mémoire européenne, ils réaffirment la place centrale de l’altérité. La pensée d’Édouard Glissant, dont nous suivons le fil, affirme un possible où « des différences s’ajoutent sans se détruire, et des identités varient en ne dépérissant pas », pour afficher les richesses nées des partages et pour maintenir la parole, en-deçà ou au-delà des langues, comme premier lieu commun…
Les textes sont accompagnés de belles photos de Laetitia Tura et d’images rares du collectif Coconut Valley. Présentation du n°

1968 : impact & héritage

EP&S n°380, avril-mai-juin 2018
Un demi-siècle est-il suffisant pour porter un regard critique sur l’année 1968 et la période qui l’entoure ?
Mexico, New York, Varsovie ou Paris… dans ces sociétés en ébullition, le sport, l’éducation et même l’EPS, sont interpellés : avons-nous idéalisé cette période ou minimisé son influence ? Analyses, témoignages et archives offrent l’occasion de questionner notre passé récent et de mieux comprendre notre présent. Présentation du n°

Approches de la catégorisation en éducation

Recherches en éducation, Université de Nantes, département des sciences de l’éducation, n° 33, juin 2018
Les situations d’interaction en contexte d’enseignement-apprentissage sont ici abordées par le regard des enseignants sur leurs élèves, et vice versa. Ces regards sont approchés sous l’angle des catégorisations dont les élèves font l’objet, puis, inversement, par les catégorisations dont les enseignants et leurs cours font l’objet. Après un édito qui précise l’organisation spécifique du dossier, les deux premiers articles, discutés par le troisième, abordent les questions suivantes : comment les enseignants catégorisent-ils leurs élèves ? Ont-ils recours à des routines pédagogiques particulières liées à ces catégories ? Les deux articles suivants approchent la catégorisation du
point de vue des élèves et de leur métaperception : comment les élèves se sentent catégorisés par leurs enseignants ? Un dernier article illustre l’approche par catégorisation dans une perspective interactionnelle. Présentation du n°

Quel sens des savoirs à l’école ?

Animation & Education, OCCE, n°265-266, juillet-octobre 2018
Ce dossier revient sur l’un des trois axes, intitulé « Les apprentissages en coopération : engager le rapport aux savoirs », de l’Université d’automne de l’OCCE. Il nous invite
à engager le rapport aux savoirs ; à revisiter le sens (la direction) du prescrit institutionnel et à considérer que ce sont aussi les modalités selon lesquelles, enseignants, formateurs et élèves, donnent sens (la conception) à la scolarité et interprètent les situations scolaires qui sont à l’origine de
« l’échec » ou de la « réussite » scolaire. Présentation du n°

Les enfants ont besoin de livres pour apprendre à lire !

Les Actes de lecture, AFL, n° 143, septembre 2018
Jour de pré-rentrée dans une grand librairie. Toutes les syllabiques sont là, serrées les unes contre les autres…Comment a-t-on pu à ce point échouer à donner des repères à des parents qui ont, pourtant, su apprendre à parler à leurs enfants ? Comment a-t-on été si peu audible sur le fait que l’écrit est d’abord un langage pour l’œil dont le degré de maîtrise est proportionnel à l’implication de l’enfant dans le « fonctionnement graphique du collectif », à la puissance des aides environnantes et à la qualité de l’entraînement individuel ? « Il ne faut plus seulement résister mais agir, s’adresser aux enseignants, oui, mais d’abord aux utilisateurs potentiels de l’écrit dans la cité ». Ce dossier fait état de rencontres qui s’organisent. Les enfants n’ont pas besoin de livres « lisses » mais de livres qui, tout de suite, s’emparent de leurs grandes questions. Présentation du n°

Enseigner la littérature avec et au-delà des programmes

Le français aujourd’hui, AFEF, Armand Colin, n° 202, octobre 2018
L’objectif de ce numéro est de mesurer combien les recherches en littérature et en didactique de la littérature ont infusé, d’une part, dans les programmes de «
français », d’autre part, dans les classes, depuis une vingtaine d’années.
Par-delà les réformes et ajustements politiques ou idéologiques des programmes,
y compris ceux de 2018, par-delà les effets de gommage ou de soulignement de
concepts nés de la recherche en didactique, il est apparu à l’équipe de rédaction que quatre grandes conceptions et orientations de l’enseignement de la littérature, correspondant à de véritables avancées de la recherche en littérature et en didactique de la littérature, avaient réussi à se faire une place durable dans les programmes et dans les classes. Présentation du n°

Humanités numériques

Vers l’Education Nouvelle, Ceméa, n°571, juillet 2018
Nous vivons un moment particulier de notre histoire, une révolution est à l’oeuvre qui bouleverse notre quotidien, nos vies personnelles, notre rapport au monde, à l’information, à la démocratie. Il est même parfois souvent question d’identité. Cette révolution dite numérique nous est cependant imposée par des entreprises sans que nous ne nous soyons, à aucun moment, concerté.e.s. Tout juste avons-nous le temps de nous adapter à ces nouvelles pratiques que d’autres surgissent et s’imposent à tous et toutes sous prétexte de modernité. Nous pouvons décrypter notre société en analysant la place sociale du numérique, la
manière dont il est régi politiquement et les incidences sociétales de ces choix politiques. Le numérique est un fait social total, car il déstabilise nos sociétés, réinterroge nos identités individuelles et collectives, notre rapport à l’espace, au temps, à l’autre mais aussi les conditions de production et de
diffusion des savoirs. Quel sens donner au numérique aujourd’hui et plus particulièrement dans les pratiques éducatives ? Les transformations culturelles et les révolutions pédagogiques liées au numérique nous inscrivent dans une réflexion sur ce récent concept des humanités numériques. Présentation du n°

A voir

L’Aped à la radio

Le 28 août, Jean-Pierre Kerckhofs de l’APED est passé à la RTBF sur « Débats Première » pour aborder la question : « comment enseigner la démocratie à l’école ? » Voir (à partir de la 32ème min)