Boîte à lire avril 2020 LivresEducation ou barbarie. Pour une anthropo-pédagogie contemporaineBernard Charlot, Economica, Anthropos, février 2020, 336 p.Il n’y a pas de pédagogie « contemporaine », anthropologiquement fondée, quiserait l’équivalent de ce que furent les pédagogies « traditionnelles » ou « nouvelles ». Celles-ci proposaient un type d’homme à éduquer. Aujourd’hui, l’objectif est : un bon métier plus tard, une meilleure position dans les classifications internationales.Cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de nouveaux discours. Mais les recherches scientifiques sérieuses servent d’alibi à un neurocharlatanisme envahissant, la cyberculture promet l’intelligence collective et nous livre fakenews et cyberbullying et le transhumanisme annonce, avec une jubilation suicidaire, la fin proche de Sapiens. Pendant ce temps, chacun survit comme il peut avec ses enfants ou ses élèves et les logiques de performance et de concurrence dévorent notre monde. Ce livre est porté par l’idée qu’il faut réintroduire la question de l’homme dans le débat sur l’éducation. Mais comment penser l’homme ? Bernard Charlot pose la question à des auteurs modernes et contemporains, en particulier Gehlen, Heidegger, Arendt, Patocka, Sloterdijk, Descola, Schaeffer, et il interroge la paléoanthropologie, quiétudie scientifiquement comment sont advenues ces diverses espèces humaines dont nous, Sapiens, sommes l’ultime forme. Cet appel à une anthropo-pédagogie contemporaine est une contribution importante au débat sur l’avenir de notre monde, de notre espèce, de notre planète. Éducation ou barbarie… Présentation du livre Les gestes professionnels dans la classeÉthique et pratiques pour les temps qui viennent, Dominique Bucheton, ESF-Sciences humaines, janvier 2020, 216 p.Dans cet ouvrage, Dominique Bucheton démontre que transmettre les « savoirs fondamentaux » n’est possible qu’en éveillant la liberté de penser, en suscitant le goût d’apprendre ensemble et la volonté de prendre soin du monde. Pour elle, tout enseignant, à travers ses postures etdans le moindre de ses gestes, exprime un ensemble de préoccupations et de valeurs qui confèrent à son enseignement tout à la fois son crédit, son sens et sa portée. C’est pourquoi les gestes professionnels sont porteurs, simultanément, de technique et d’éthique. Présentation du livre L’origine sociale des élèvesSous la direction de Patrick Rayou, Retz, Collection Mythes et réalités, 2019Méritocratique pour les uns, inégalitaire pour les autres. Les débats oscillent entre ces deux visions de l’école. Entre ceux qui pensent que l’école peut tout et ceux qui considèrent qu’elle est bien trop démunie face à l’origine sociale des élèves. Cet ouvrage décortique les mythes et les réalités qui entourent la question de l’origine sociale des élèves. Dans la première partie, « L’école peut tout », les auteurs abordent les mythes du type : « L’école inclusive abolit les clivages sociaux », « Les parents collaborent, les enfants réussissent », « Exposer aux mêmes savoirs garantit l’égalité ». La seconde partie, « L’école n’y est pour rien », apporte des éclairages sur des mythes comme « L’école fréquentée fait toute la différence », « Les élèves de milieu populaire sont insensibles à la culture légitime », « Les héritages décident de tout ». Un ouvrage qui donne des clés pour comprendre les études scientifiquesrécentes et pour se former un avis éclairé. Présentation du livre Un instit ne devrait pas avoir à dire ça !Sylvain Grandserre, ESF-Sciences humaines/ La Classe éd., mars 2020, 160 p.Face aux injonctions ministérielles, à la dérive paperassière et aux dirigisme bureaucratique, beaucoup d’enseignants se sont tus, dépossédés de leur métier, infantilisés comme jamais, culpabilisés par l’infaisabilité de ce qui leur est demandé… Àl’heure où quelques professeurs osent encore témoigner sous couvert d’anonymat, il fallait une voix forte pour dire le mal qui est fait à l’École. Il fallait aussi l’expérience professionnelle et militante solide d’un enseignant pour qui le pire serait de ne rien dire. Sylvain Grandserre livre ainsi ses réflexions et témoigne de son quotidien et de celui de ces collègues. Entre analyses percutantes et anecdotes croustillantes, il révèle les absurdités et les aberrations du système, « non pas pour dire du mal de l’École mais pour vous parler du mal qui est fait à l’École. Et, du coup, du mal que fait l’École quand elle fait mal son travail. » Plus qu’un coup de gueule, c’est le cridu cœur d’un enseignant qui aime son travail et milite pour reprendre les commandes de sa classe et du système pour des élèves plus épanouis. Présentation du livre RevuesLe numérique va-t-il révolutionner l’éducation ?Les Cahiers de recherche du Girsef, n°120 mars 2020 par Benoît GalandQuelle place donner au numérique et à l’informatique en éducation ? Le débat est vif entre ceux qui affirment qu’il s’agit d’une priorité incontournable pour répondre aux défis éducatifs d’aujourd’hui et aux besoins de notre économie, et ceux qui pensent qu’ils’agit d’une menace pour le développement intellectuel et la santé de nos enfants. L’objectif de ce texte est de faire une synthèse des études concernant les effets du numérique sur les élèves. Plus précisément, sept idées courantes autour du numérique en éducation sont discutées. Les résultats indiquent qu’elles sont largement erronées. Au regard des apprentissages, le numérique n’apparaît ni meilleur ni pire qu’un autre outil ou support, mais présente des coûts cachés souvent peu évoqués. Présentation du n° Les Sciences de l’éducation en France : positionnement, tensions, avancéesLes Sciences de l’éducation – pour l’ère nouvelle, tome 2, n° 2.2019Marguerite Altet et Jean-François Marcel qui coordonnent ce numéro, signent uneintroduction sur « la vitalité d’une quinquagénaire : évolutions et perspectives des recherches en sciences de l’éducation ». Au sommaire de ce 2ème tome : « pédagogie et sciences de l’éducation : pas facile ! » par Jean Houssaye ; « conjuguer des recherchessur les pratiques enseignantes et sur la formation des enseignants : une doublefonction scientifique et sociale des sciences de l’éducation » Marguerite Altet ; « être sociologue de l’éducation et militant pour une pédagogie nouvelle et populaire : une impossibilité théorique pour la sociologie française de l’éducation dominante dans les années 1980 et 1990 ? » Henri Peyronie ; « la formation continue des adultes en France : des repères » Michel Sonntag ; « d’aujourd’hui à demain : une discipline sous l’égide de Janus » Jean-François Marcel ; « quelques remarques de conclusion » Alain Vergnioux. Présentation du n° Emancipation et formationSavoirs n° 51 (février 2020)Ce nouveau numéro de Savoirs s’ouvre sur la note de synthèse de Dominique Broussalqui a le mérite et le grand intérêt de relever le défi de proposer un aperçu de la façon dont la recherche aborde l’étude des relations entre émancipation et formation. L’enjeu consiste à retracer les “pérégrinations d’une notionséculaire” selon la belle formule de l’auteur, mais aussi d’ancrer cette question au regard des évolutions récentes que connaît le champ de la formation des adultes. Présentation du n° Critiques, les pédagogies ?N’autre école, n° 14 (hiver 2019-2020)Porter la voix de la critique paraît toujours aussi essentiel. Une critique de l’actualité des réformes, certes, mais également une critique du fonctionnement même de l’École, des classes, des programmes et de la société qui s’y reflète, en particulier dans ses pratiquesinégalitaires et discriminatoires. Mais est-il possible d’allier critique sociale et pratiques pédagogiques ? De quelles manières s’y prennent les pédagogues qui réfléchissent aussi bien aux apprentissages des élèves qu’à la société dans laquelle tous et toutes évoluent ? Selon quelles visées, quelles postures, et quelle éthique ? Quelle place, également, pour lesquestionnements et l’émancipation des jeunes ? On cherchera donc à comprendre comment la pédagogie peut servir la critique sociale, ou tout au moins interroger la société et les rapports sociaux, et comment, à l’inverse, la critique sociale bouscule aussi la pédagogie, la remet en question dans lessavoirs qu’elle aborde, les programmes qu’elle met en œuvre, les démarches, les pratiques, les relations interpersonnelles… Présentation du n° Urgence écologique : un défi pour l’écoleCahiers Pédagogiques n° 560 (mars-avril 2020)Ce dossier nous invite à aller plus loin que l’éducation à l’environnement ou au développement durable. Comment permettre à nos élèves de prendre conscience des enjeux de cette indispensable transition écologique : apport de connaissances,actions locales, formation à l’éco-citoyenneté… Présentation du n° Enjeux de l’école inclusiveCarnets Rouges (PCF réseau école) n° 18, janvier 2020Le ministère a annoncé pour la rentrée 2019 « une école pleinement inclusive » dont il s’est sans attendre déclaré très satisfait. Pourtant, le triomphalisme ministériel se heurte une fois de plus à la réalité des faits. Il est plus qu’indispensable de prendre en compte la réalité des situations ordinaires de classe, sachant qu’elles ont des conséquences sur la santé physique, mentale et psychique des élèves comme des personnels ; et de s’interroger sur la désinstitutionalisation en cours, qui a pour effet premier de dissocier ledroit à l’éducation du droit aux soins. Tout comme il est indispensable de s’affranchir des logiques comptables et technocratiques au nom desquelles est mise en place une politique scolaire de tri des élèves, qu’ils soient « à besoins particuliers » ou non. Des réponses existent pour prendre en comptecette réalité complexe, qui passent par la mise en commun des expériences professionnelles et des travaux de recherche et s’appuient sur la conviction, sans surestimer ni sous-estimer les différences, que tous les élèves sont capables de réussir c’est-à-dire de s’émanciper. Peut-il y avoir un autreprojet pour une école vraiment démocratique ? Présentation du n° Rôle des interactions langagières dans l’élaboration du travail individuel etcollectif : le cas de l’enseignement-apprentissage du système linguistique françaisRecherches en éducation, n°40 (mars 2020)Ce numéro a pour objectif de réunir un ensemble de contributions autour de la question du rôle des interactions langagières dans ses visées d’élaboration dans le travailindividuel et collaboratif, et plus particulièrement concernant l’enseignementet l’apprentissage de connaissances et de compétences du fonctionnement de la langue et du langage. Les différents articles, au-delà de leurs spécificités, montrent que les échanges produits entre élèves, entre élèves et enseignants au cours d’interactions langagières (tant orales qu’écrites) ne sont pas toujours gage d’apprentissages et d’appropriations des savoirs par les élèves. Le niveau de la classe des élèves, leurs performances, les discours et les mises en œuvre des enseignants en aval et au cours de l’activité semblent participer de différences dans l’acquisition des connaissances et compétences linguistiques et langagières des élèves. Ces articles mettent en évidence qu’il s’agit moins des effets de divers dispositifs que d’un certain nombre d’éléments récurrents mis au jour par les auteurs dans les pratiques de classe. Ces différents éléments ont en commun de solliciter en effet une activité cognitivelinguistique, textuelle et langagière des élèves, et donc de favoriser une meilleure appropriation du fonctionnement de la langue et du langage. Présentation du n° Enseigner l’oral qui structure la penséeAnimation & Education (OCCE) n°274 (janvier-février 2020)Comment enseigner l’oral pour permettre à l’enfant, dès le plus jeune âge, de construire sapensée ? Quelles situations favorisent l’apprentissage du langage oral ? Quels gestes professionnels l’enseignant doit-il mettre en œuvre pour laisser aux enfants le temps d’enrichir leur parole ? Comment rendre cet apprentissage suffisamment explicite pour que les élèves puissent prendre conscience des modes d’élaboration du langage oral et des formes linguistiques adéquates à l’expression de la pensée ? Les auteurs et autrices de ce dossier répondent à ces interrogations et abordent également la problématique des inégalités.Car, en France, peut-être plus qu’ailleurs, l’oral est un marqueur social source de discrimination et d’exclusion. Présentation du n° Quelle place pour la culture des élèves en classe de français ?Le Français Aujourd’hui n° 207 (AFEF), décembre 2019« La lecture et l’étude des œuvres classiques ou patrimoniales sont aux fondements de ladiscipline français dans l’enseignement primaire ou secondaire, général ou professionnel. Il peut donc sembler difficile d’accorder une place, même minime, aux œuvres qui ne font pas partie de ce vaste corpus, fonds commun de la culture scolaire française. Mais de quelles œuvres parle-t-on alors ? Une étiquette générique, comme celle de paralittérature, n’est pas la meilleure pour regrouper ces œuvres qui peuvent ne pas ressortir à la fictionécrite. En effet, tout comme les romans de genre, les films, les séries, les BD, les mangas, les fanfictions, les blogs, les chansons, voire les jeux vidéos, peuvent en effet avoir pour point commun d’être étudiés en classe tout en étant à la marge du corpus littéraire classique ou patrimonial. C’est doncplutôt l’étiquette plus large de culture juvénile qui nous semble mieux convenir. » Présentation du n° Une littérature de jeunesse européenne au XXIe siècle ?Cahiers Robinson (Centre Robinson, laboratoire “Textes & Cultures”, université d’Artois) n° 46, 2ème semestre 2019L’enjeu de ce numéro est de réfléchir à la manière dont les ouvrages pour la jeunesse participent ou non à la construction d’une entité culturelle associée ou à certaines de ses représentations. Il n’y a sans doute pas une littérature réellement européenne, mais plutôt des littératures nationales qui échangent et communiquent de manières diverses. Quelques exemples de ces échanges sont ici analysés, ainsi que la manière dont certaines fictions décrivent les rencontres entre jeunes Européens, à la fois semblables et étrangers. La littérature de jeunesse met en scène intentionnellement ou non les sociétés européennes et leurs cultures. Cette Europe hypothétique est elle-même confrontée à un plus vaste espace mondialisé, dominé par la langue anglaise et par des productions de l’industrie de « l’entertainment », du divertissement. Il s’agit donc de s’interroger sur les passerelles qui permettent la circulation des formes littéraires et des genres et leur reconfiguration continuelle et différenciée au sein d’un espace multiculturel comme l’Europe. Présentation du n° Conseil en PITRACeS n°244 (février 2020)Des Conseils fleurissent un peu partout. Dans les nouvelles écoles, dans les écolesdifficiles. Il y a aussi des Conseils pour parler de ses sentiments. Des Conseils de toutes sortes. Ce TRACeS de ChanGements vous propose un dossier sur les Conseils en Pédagogie institutionnelle (PI). Entre la méthode clé sur porte qui assure une gestion du groupe et aplanit tous les conflits qui se trament dans les relations, et les expériences de Conseils en PI qui s’égrènent au fil de ces pages, il y a peut-être un gouffre. Une grande part au doute, au questionnement. La conviction qu’il faut organiser le collectif, être conscient du pouvoir présent dans les groupes et souvent concentré dans les mains du maitre et des adultes de l’école. Faire Conseil, pour du vrai, avec ce qui se passe dans la classe, pas pour répondre à des directives, ni pour avoir uneactivité citoyenne dans la grille horaire. Faire Conseil pour mieux coopérer et apprendre ensemble. Nous ne sommes pas des centaines en Belgique à faire des Conseils PI, mais ce sont ceux-là quenous défendons. En maternelle, en primaire, en secondaire, dans le supérieur. Avec des enfants, avec des adultes. À l’école et aussi en dehors. Nous avions envie de partager… Présentation du n° Faire vivre les droits de l’enfantLe Nouvel éducateur n° 246 (ICEM-pédagogie Freinet) février 2019On évoque souvent des régions du monde où les droits de l’humain comme ceux desenfants sont bafoués. Mais en France, trente ans après l’adoption de la Convention internationale des droits de l’enfant, ces derniers ne sont toujours pas respectés. Trop d’enfants en situation de précarité n’ont pas accès à l’éducation : pas de domicile donc pas d’inscription à l’école. Et dans nos classes ? La pédagogie Freinet et les droits de l’enfant sont intimement liés. C’est ce que veut montrer le dossier de ce numéro : comment l’organisation coopérative favorise l’exercice de droits fondamentaux, comment le droit à la parole, à la culture et la connaissance, à la créativité vivent par l’écoute, l’entraide et la critique coopérative. Ces pratiques éducatives favorisent l’émergence de questionnements, de créations et de recherches personnelles ou collectives… Présentation du n° A voir11ème journée sur l’enfance au quotidienLe 14 décembre2019, le laboratoire de sciences de l’éducation de Normandie (CIRNEF) organisait à la MRSH de l’Université de Caen Normandie, la 11ème journée sur l’enfance au quotidien. Le film des tables rondes, ainsi que la conférence de Claire Cossée peuvent être visionnées.– Table ronde 1 « Quel accueil et quelle intégration pour les enfants et les jeunes migrants ? » (108 min)– Table ronde 2 « Enfants et jeunes migrants dans les établissements scolaires et les lieux de formation » (63 min)– Conférence de Claire Cossée, maîtresse de conférences en sociologie – Université UPEC, LIRTES, « La parole des enfants migrants allophones vis-à-vis des institutions socio-éducatives » (43 min)Voir 27 avril 2020 Valérie Pinton