Démocratiser l’accès au savoir, conférence de Jacques Bernardin 11 mars 2025 Valérie Pinton Lors de la journée d’étude « Egalité des chances » de l’Académie de Montpellier – mars 2025. Conférence de Jacques Bernardin, Docteur en Sciences de l’Éducation et Président du Groupe Français d’Éducation Nouvelle (GFEN), Durée : 01:33:41A voir sur PodEduc
Relever le défi de la démocratisation, par Philippe LAHIANI (GFEN) 3 décembre 2024 Valérie Pinton Intervention au débat public « Comment parvenir à une école égalitaire et démocratique ? » à l’initiative de : À gauche citoyens !, Ensemble, Génération.S, NPA Besançon, 21 novembre 2024 Télécharger le texte Présentation Le GFEN (Groupe Français d’Éducation Nouvelle) est une association, mouvement de recherche et de formation en éducation. Il a été fondé en 1921 en réaction à la boucherie de 14-18. Depuis les années 80, en opposition à l’idéologie des dons, des talents, du mérite, il a pour slogan « Tous capables » et propose des ponts entre recherche, formation et pratiques sur le terrain de la maternelle à l’université, dans toutes les disciplines, dans comme hors l’école. Plus de cinquante ouvrages témoignent de pratiques pour transformer les modalités d’apprentissage de nature à permettre l’engagement intellectuel de chacun et la compréhension partagée. Un passé récent qui marque encore le présent C’est dans les années 60 que les réformes Berthoin et Fouchet prolongent la scolarité de 14 à 16 ans puis la réforme Haby qui, en 1975 ouvre le secondaire à tous les élèves en instaurant le collège unique. Beaucoup pensaient alors qu’ouvrir le collège à tous permettrait une véritable démocratisation. Mais, dans ces mêmes années, de grandes enquêtes statistiques mettent en évidence que, dès l’école primaire, le milieu social, mais aussi les comportements et aspirations des familles et l’origine géographique, sont des déterminants massifs pour la réussite scolaire. Aujourd’hui encore, si on ne peut nier les effets de massification qui montrent une augmentation des bacheliers et une baisse des sorties sans qualification, force est de constater que les enfants de milieux populaires réussissent moins bien que les enfants de cadres. Selon une note de l’Observatoire des inégalités (2008) « Les catégories sociales les moins favorisées (…) les enfants d’ouvriers, d’employés et des sans activité représentent 84 % des élèves en difficulté alors qu’ils constituent la moitié des jeunes qui suivent un enseignement général ». Quand la réussite scolaire proposée à tous (ce qui n’était pas le cas auparavant) est refusée à certains il faut trouver une explication. Les premières tentatives d’explication furent celle d’un déficit d’intelligence : la fameuse théorie des dons qui fait des enfants de pauvres de pauvres enfants. Mais les recherches, notamment celles sur le cerveau, ne découvrirent jamais le gêne de la bêtise et montrèrent que l’acquis prime sur l’inné. Ce sont les expériences sociales qui permettent au cerveau de se développer biologiquement. En 1974, pour contester cette théorie, le GFEN publiera « L’échec scolaire : doué ou non doué ? ». Livre qui rencontra un grand succès, au-delà des professionnels de l’éducation. Puis il y eut les théories du handicap socio culturel (dans une falsification de la théorie Bourdieusienne) qui ont mis en cause la responsabilité des familles de milieux populaires, dans l’échec de leurs enfants (on comprendra que ces familles aient des réserves, voire se méfient de l’école). Des sociologues comme Bourdieu développent une théorie de la reproduction dont la thèse centrale est que de façon indéniable le système éducatif transforme les injustices et les inégalités sociales en inégalités scolaires ; ce qui, en retour, justifie les inégalités sociales et substitue aux privilèges de la naissance ceux du mérite certifié par l’école. Ils développent l’idée que c’est par ses valeurs et ses pratiques, que l’École est en connivence avec les valeurs et pratiques qui sont celles des classes moyennes et supérieures et en décalage – voire en contradiction ou conflit – avec celles des milieux populaires, devenant handicapantes pour ceux-ci. Bourdieu parlera de la violence symbolique de l’École quand celle-ci est indifférente aux différences, quand elle s’adresse à tous de la même façon en supposant un déjà là chez chacun, quand elle fonctionne sur des implicites partagés par quelques uns (ceux qu’il appellera les héritiers), quand elle ne donne pas explicitement à tous ce qu’elle exige de chacun. Mais ces théories sociologiques, si elles permettent d’expliquer le phénomène indéniable de la reproduction sont impuissantes à expliquer les cas atypiques qui ne sont pas rares et vont chercher les manques ou ce qui fait distance du côté de l’enfant et de sa famille sans véritablement interroger les pratiques de l’École ! Interroger le rapport à l’école et au savoir des élèves À partir des années 80, un autre courant de la recherche va s’interroger sur la nature des difficultés des élèves pour essayer de comprendre pourquoi des enfants qui ont tout (sociologiquement) pour réussir échouent et pourquoi d’autres qui auraient tout pour échouer (enfants de chômeur et/ou d’immigré et/ou vivant dans une famille monoparentale pauvre…) réussissent, parfois même brillamment. Ils vont interroger des centaines d’élèves pour connaître le sens qu’ils donnent à leur présence à l’École et à leur scolarité en leur demandant « Pourquoi apprendre ? ». L’hypothèse de ces chercheurs est que selon le sens que les élèves donnent à leur présence à l’école ils vont travailler de manière différente, utiliser des moyens en correspondance avec ce sens donné. D’où la deuxième question posée à ces élèves : « Comment fais-tu pour apprendre ? » Pour certains, l’école est faite pour avoir des bonnes notes, passer de classe en classe et accéder au « bon métier ». Ils n’investissent que ce qui leur apparaît utile à ces fins et interrogent la valeur des contenus (« A quoi ça sert ? » demandent-ils). Le savoir apparaît comme un objet extérieur que l’on reçoit en vue de le stocker avant de le restituer. Apprendre consiste ainsi à « écouter l’enseignant », à mémoriser « par cœur, surtout si on a un contrôle le lendemain ». Dans une conception émiettée des activités et des contenus, les situations se succèdent sans lien les unes avec les autres, ni avec des contenus qui les justifient. Dans un tel flou, les élèves restent dans une dépendance excessive à l’enseignant, duquel ils attendent tout. D’autres élèves n’oublient pas que l’école permet d’obtenir des certifications permettant de choisir son métier, mais y trouvent d’autres bénéfices culturels ou symboliques : leur développement, l’émancipation. Le projet professionnel s’élabore au fil de l’expérience scolaire et des centres d’intérêts qui en émergent. Résultat d’une activité faite de recherche et d’erreurs rectifiées, savoir est important car cela permet d’exercer son intelligence, de comprendre le monde en échangeant avec d’autres. L’apprentissage est conçu comme processus nécessitant l’engagement personnel, dans la durée. Apprendre consiste surtout à comprendre. Interroger les pratiques Les derniers ministres de l’Éducation nationale font des fondamentaux un axe essentiel de leur politique éducative et multiplient injonctions et évaluation standardisées afin d’en vérifier la mise en œuvre. Avec le retour du mantra « Lire, écrire, compter », classique dans les périodes conservatrices, l’horizon scolaire s’est rétréci, au détriment d’autres domaines (arts, sciences, EPS), pourtant sources de questionnements propres à motiver l’accès à ces fondamentaux, à en diversifier et multiplier l’usage. Ces fondamentaux sont pensés à courte vue, réduits à des gymnastiques combinatoires et à la mise en place d’automatismes, contribuant à appauvrir la pédagogie, dans une logique d’école à deux vitesses. Viser la réussite à l’école et de l’école nécessite de repenser ce qui en est au cœur : la transmission des savoirs. On a longtemps pensé que cela allait de soi, renvoyant à la bonne volonté, au sérieux du travail, autrement dit au « mérite » personnel : la réalité dément cette croyance. Les mobiles d’investir la scolarité, la valeur accordée aux contenus, la façon d’appréhender les situations d’apprentissage sont divers selon les univers sociaux. Enrayer les inégalités exige d’en tenir compte, avec lucidité et détermination. Réduire ou simplifier les contenus s’est avéré une impasse. Multiplier les dispositifs supplétifs également, dès lors que l’ordinaire des pratiques reste inchangé. Qu’est-ce qui peut expliquer la permanence des discriminations ? D’une part, le regard sur les élèves, plus marqué par le jugement (élèves inattentifs, lents, peu autonomes…) que par la compréhension de leurs univers intellectuel ; d’autre part, une conception faible des savoirs, considérés a priori comme dignes d’intérêt et présentés dans l’évidence de leur forme faite. Une ambition à soutenir : Tous capables ! Dès les années 80, ce sera le slogan du GFEN. « Tous les élèves sont capables d’apprendre et de progresser » : ce principe est encore inscrit dans la Loi d’orientation. Cependant, les conceptions fatalistes, les injonctions contradictoires perdurent et alimentent les renoncements. Or, si chacun est tributaire d’une histoire passée, l’avenir reste ouvert aux changements, les scientifiques le confirment avec la notion de plasticité cérébrale. Autrement dit, il y a trop souvent méconnaissance et/ou minoration du potentiel transformateur des situations, pratiques et projets vécus, propres à dénouer les blocages, stimuler l’intérêt, aiguillonner la pensée, sortir du sentiment d’impuissance et relancer le développement. La fausse évidence des savoirs : Quel sens ? Si les savoirs ont une valeur, c’est moins en tant qu’objets de transaction scolaire et sociale (pour la note, passer, le métier) qu’au regard de leur valeur anthropologique opératoire. Ce sont des outils d’émancipation des fatalités, des moyens pour l’humain d’échapper à l’étroitesse et aux déterminismes de sa condition. Fruits d’élaborations socio-historiques, de brassages et d’emprunts entre les peuples, de ruptures et de remaniements successifs, les savoirs ont permis de construire des repères communs et de répondre à des problèmes initialement vitaux et pratiques : chaque nouvelle génération mérite d’y être initiée par l’école. Cette question des origines des savoirs fait puissamment sens, quel que soit l’âge et l’origine sociale des élèves. Bien souvent, le savoir scolaire percute le « bon sens », déstabilise ce que l’on croyait connaître. Ainsi à l’école, la tomate n’est pas un légume mais un fruit, le soleil ne se couche pas, la laine n’est pas chaude et l’eau ne s’évapore pas à 100°… Accéder à la vérité exige l’examen critique des connaissances familières. G. Bachelard parle d’obstacles épistémologiques : ne pas savoir gêne moins que revenir sur ce qu’on croit savoir ! Dans toutes disciplines et à tous niveaux, les contenus méritent d’être considérés avec attention, afin de déterminer ce qu’il est essentiel de faire comprendre, au regard de là où les élèves en sont. La réflexion épistémologique éclaire l’origine et la genèse des contenus : question clé du sens des savoirs, du contexte problématique de leur émergence et des étapes constitutives qui les ont façonnés. C’est moins par une approche édulcorée des contenus qu’en restituant leur dimension culturelle et leur profondeur conceptuelle que l’on peut engager tous les élèves dans l’aventure de la connaissance. En conclusion, pour parvenir à une école égalitaire et démocratique L’avenir de l’école a besoin d’une ambition politique : Vise-t-on une démocratisation restreinte ou élargie ? S’agit-il d’élargir le périmètre de recrutement de l’élite ou de promouvoir l’ensemble de la population ? Question posée à la sortie de la guerre par Wallon, qui se repose aujourd’hui. Efficacité rime avec équité : tout le monde profite d’une attention accrue à la réussite de tous. Cette impulsion sert d’horizon structurant à tous niveaux. L’avenir de l’école a besoin d’un service public fort Qui seul un est en mesure de soutenir et d’organiser la mixité sociale et scolaire, facteur clé de stimulation réciproque : les sociologues parlent « d’effet de contexte ». Outre l’implantation des établissements, la carte scolaire y contribue, comme la composition des classes. Autre élément : un tronc commun véritable, sans redoublement, sans classes de niveau[1], jusqu’au terme de la scolarité obligatoire (jusqu’à quel âge ? : Le plan Langevin/Wallon – tous deux anciens présidents du GFEN – l’envisageait jusqu’à 18 ans… en 1947.) L’avenir de l’école a besoin d’enseignants formés à la réussite de tous Enseigner est un métier créatif de conception. Imaginer la progression conceptuelle (ce qu’il y a à comprendre, à travers différentes séances), mais aussi le processus de conceptualisation (la manière dont on va faire progresser la réflexion). Mobiliser chacun, mettre en scène des ruptures avec les conceptions points de vue antérieurs des élèves, provoquer des prises de consciences, des changements d’orientation, bref « mettre la pensée en culture ». Enseigner est un métier qui nécessite un accompagnement des équipes et aussi une solide formation initiale et continue. Formation et accompagnement, dans une articulation dialectique pratique / théorie / pratique qui permette la prise de conscience des effets proprement pédagogiques sur les scolarités et de leur résonance avec les conditions sociales des élèves.
Audition par le CESE de Jacques Bernardin & rapport de la commission 26 juin 2024 Valérie Pinton Jacques Bernardin (président du GFEN) avait été auditionné par la Commission Éducation, culture et communication du CESE (Conseil économique social et environnemental) dans le cadre de la saisine d’initiative « Réussite à l’École, réussite de l’École », le 13 septembre 2023. Lire l’audition Suite à ces travaux, les préconisations du CESE ont été présentées le 25 juin 2024 Lire En savoir plus sur la saisine « Réussite à l’École, réussite de l’École » (site du CESE)
Education Morale et civique 9 février 2024 Jacqueline Bonnard Aborder cette rentrée autrement – Julien CUEILLE – octobre 2020 « Sous le ciel incertain des jours »– Pascal DIARD – 19 octobre 2020 (Edito de la lettre d’informations du GFEN) « Contre les fanatismes, pour la liberté d’expression » – Collectif Sarthois « Réagir pour la démocratie », auquel s’est associé le GFEN 72 – octobre 2020 Guide pratique_du HCE – 2015 « Le grand retour de la morale à l’école » ? Point de vue d’un enseignant en philosophie, Jean-Charles ROYER – 2011 Entretien avec Benoît Falaize, (A lire sur le site du Café Pédagogique) par François Jarraud – 2008 Numéro140 de la revue Dialogue « La morale qu’en faire ? » Citoyens dans le savoir – Odette BASSIS – 2015
Partis-pris 9 février 2024 Jacqueline Bonnard Tous capables, du pari éthique à la loi d’orientation – Jacques BERNARDIN – 2014 De l’ambition_pour l’école ! – plaquette GFEN – 2012 Pour un avenir du second degre – Jacques BERNARDIN – 2012 Tous capables, _la preuve par l’épreuve – Jacques BERNARDIN – 2008 Egalité et éducation : contre le renoncement – Jacques BERNARDIN – 2010 L’ ecole en mutation_: quels enjeux actuels ? _ – Jacques BERNARDIN – 2010 Retour au Ministère de l’instruction publique – Jacques BERNARDIN – 2008 Fabrique de crétins – GFEN28 – 2007 Pour une école de l’égalité – Martine ALCORTA – 2007 Faut-il être nostalgique du passé ? – Jacques BERNARDIN – 2005 L’école fondatrice du lien social – Jacques BERNARDIN – 2003 Collège pour tous – déclaration du GFEN – 2002 Manifeste du GFEN « L’éducation nouvelle comme émancipation mentale à conquérir : une urgence de civilisation ! » – Pour le GFEN, Henri BASSIS – 1992
Analyses 9 février 2024 Jacqueline Bonnard Réussite à l’école, réussite de l’école – CESE – Jacques Bernardin – 2023 « Comment faire collectif éducatif en temps de confinement ? Et après ? » 2020 Savoir et citoyenneté – Jacques BERNARDIN– 2018 Pour une éducation au politique par l’école – intervention de Philippe MEIRIEU au débat du GFEN 28 – 2016 Les révolutions pédagogiques à l’école maternelle – Christine PASSERIEUX – 2016 Plan Langevin-Wallon, où en est-on aujourd’hui ?. Jacques BERNARDIN – 2011 Résister aux réformes, c’est proposer des alternatives – Christine PASSERIEUX – 2011 Quels freins à la démocratisation ? – Jacques BERNARDIN – 2011 Demain, l’éducation… – Jacques BERNARDIN – 2010 Qu’est-ce que la rationalité libérale ? –Pierre DARDOT– 2009 De mai 68 , l’élection de Nicolas Sarkozy et de la refondation de l’école – Patrick RAYMOND – 2009 Naturalisation des différences – Jacques BERNARDIN – 2009 Pensee pedagogique de Janusz Korczak – A LEWIN – 2008 Faut-il être nostalgique du passé ? – Jacques BERNARDIN – 2005 Démocratisation ou tri social – Jacques BERNARDIN – 2005 Du socle commun à la culture commune : quelle réussite ? – Christine PASSERIEUX – 2005 L’éducation nouvelle est-elle populaire ? – Jacques BERNARDIN – 2004 Transformer l’école, une urgence de civilisation – Christine PASSERIEUX – 2004 Le collège unique – Odette BASSIS – 2004 L’école fondatrice du lien social – Jacques BERNARDIN – 2004 Démocratisation, où en est-on ? – Jacques BERNARDIN – 2003 Education Nouvelle, une urgence de civilisation, Porto Allegre – 2001 Déclaration du GFEN – suite au 11 septembre 2001
PAJEP, colloque « De l’animation nature à l’éducation à l’environnement ? » Mise en ligne des séances plénières 20 octobre 2022 Valérie Pinton Cette playlist rassemble les séances plénières du colloque « De l’animation nature à l’éducation à l’environnement ? (France – années 1970-1990) » organisé par le Pajep (Pôle de conservation des archives des associations de jeunesse et d’éducation populaire) les 30 et 31 mars 2022. Revisionnez les interventions de Laurent Besse, Dominique Bachelart, Thierry Paquot, Anna Trespeuch-Berthelot, Arnaud Loustalot, Charles-Edouard Harang, ainsi que les deux tables rondes animées par Patrick Février et Henri Jaffeux. Voir Enregistrement audio des séances d’ateliers
Carnets Rouges n°24 « Ecole et élitisme » 25 février 2022 Valérie Pinton Soft-skills : pour l’école du bonheur et de la croissance ! L’importance croissante donnée aux compétences comportementales prétend changer la donne d’une réussite scolaire et sociale que l’on affirme désormais fondée sur la révélation des talents et l’épanouissement des potentialités. Elle prétend en finir avec l’élitisme des savoirs et des diplômes en éduquant aux « compétences douces » qui ouvriraient les portes du bonheur et de la croissance ! Vouloir assigner à l’école des finalités éducatives qui outrepassent la transmission des savoirs académiques n’est pas chose nouvelle. Notre école républicaine a connu les tentations des catéchismes citoyens qui prétendaient parfois « instruire des moyens d’être heureux sur terre[1] ». Et ne nous méprenons pas… dénoncer l’éducation comportementale ne sous-entend pas qu’il faudrait renoncer aux finalités éducatives de l’école mais veut considérer qu’elles résultent d’un exercice de la raison fondé sur les connaissances et la culture commune et construites par la sociabilité scolaire et la liberté. Nombre d’écrits pédagogiques, sociologiques et philosophiques ont, dans les perspectives ouvertes par Durkheim, cherché à définir les conditions pour que l’éducation morale ne puisse pas se confondre avec un asservissement idéologique. Cependant, les classes dominantes voient dans la transmission de comportements normés le moyen le plus sûr de garantir la reproduction d’un ordre social utile à leurs intérêts particuliers. Apprendre versus apprendre à être On peut constater depuis les années 1970, des tentatives réitérées d’affirmation du primat absolu de la finalité éducative aux dépens de la transmission de savoirs. Dans un rapport coordonné par Edgar Faure pour l’Unesco, où il est désormais question d’« apprendre à être », cette finalité est affirmée comme préférable à celle « d’acquérir, de façon ponctuelle, des connaissances définitives[2] ». L’époque est traversée par les illusions de l’éducabilité cognitive de Feuerstein même si, très tôt, des études doutent fort des effets positifs de la méthode[3]. L’idée même de pouvoir enseigner des compétences transversales semble des plus fragiles[4] dès lors qu’on constate leur faible transférabilité. On peut fantasmer la boîte à outils… mais cela ne suffit pas à la rendre efficiente. Quant aux évaluations, elles ne constatent généralement que de faibles progrès, limités aux effets immédiats et circonscrits de l’entraînement intensif à une situation particulière. La question reste entière de la pertinence d’un apprentissage procédural sans contenu. Cela n’empêche pas PISA de vouloir intégrer ces « compétences douces » en s’inscrivant dans l’obsession d’une opposition binaire simpliste : «développer la participation, la créativité, la résilience » plutôt que de « remplir le cerveau des élèves[5] ». Mais à chaque fois, c’est au nom de la démocratisation de la réussite scolaire que ce renoncement aux savoirs académiques est affirmé nécessaire. On peut craindre pourtant qu’au-delà de la générosité apparente de l’intention, nous soyons face aux risques d’une pédagogie plus élitaire encore. Ce n’est pas d’une question de méthode dont il s’agit ici : défendre la nécessité d’une centration de l’école sur les savoirs ne présume pas de la manière avec laquelle on les enseigne et ne renonce pas à permettre à l’élève de construire le sens de son activité scolaire. Par contre, on peut craindre qu’« apprendre à apprendre » ne soit qu’une illusion procédurale fort éloignée de l’élucidation des enjeux de l’activité scolaire et qu’elle reste donc une activité socialement très discriminante. Lire la suite sur le site de Carnets Rouges et télécharger le n°
« Sous le ciel incertain des jours » 3 novembre 2020 Valérie Pinton « Sous le ciel incertain des jours » Pascal DIARD Lundi 19 octobre 2020 (Edito de la lettre d’informations du GFEN) Commencer par cette citation d’un poème de Jean-Pierre Siméon[1] me semblait approprié pour décrire l’époque que nous traversons : réduction de notre subvention de 30% par le ministère de l’éducation nationale, annulation du jour au lendemain d’initiatives prévues pour des raisons sanitaires qui se doublent de mesures sécuritaires, annonce ministérielle d’états généraux du numérique regroupant toutes les entreprises avides des profits possibles en cas de privatisation du service public de l’éducation, apologie de l’enseignement à distance au détriment d’une relation pédagogique de proximité, j’en passe et des meilleures. Les fondements sociaux de l’éducation publique sont ainsi profondément remis en cause, soumis strictement aux impératifs politiques et économiques de rapports de production et de consommation qui engendrent des inégalités de plus en plus criantes. Et puis le « ciel incertain des jours » s’est considérablement assombri le 16 octobre avec l’assassinat effrayant d’un professeur d’histoire, posant avec une acuité extrême la question de l’éducation scolaire, celle du sens du métier d’enseignant et de ses impacts sur les mentalités des publics concernés. Au-delà de l’émoi légitime qu’un tel acte produit dans la population, pouvons-nous encore cultiver un maximum d’esprit critique, nous interroger sur ce qui, à nos yeux, est source de tels crimes ? Alors que les conditions d’exercice pratique et théorique de notre métier sont bouleversées par des politiques de formation du « moins-disant » pédagogique, les injonctions à se ranger, tel un seul homme, telle une seule femme, derrière la bannière des « valeurs de La République », résonnent curieusement aux oreilles des militant.es de l’éducation nouvelle. Car l’objet « république » est loin d’être une évidence ; elle demeure un savoir historique à construire, en particulier en confrontant les différentes interprétations qui lui ont donné sens et signification : cette république, est-ce la « sociale » chère au mouvement ouvrier ou la « conservatrice » revendiquée par Thiers et Jules Ferry ? Ou les deux à la fois dans un conflit d’idées et de pratiques permanent ? Est-ce la « coloniale » ou la « fraternelle », voire « l’universelle » ? Quelle exemplarité et quelle efficacité accorder au principe d’égalité quand l’article 1 de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 se termine par ces mots : « les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune » ? Que faut-il comprendre derrière le mot « laïcité », liberté de conscience et/ou refus catégorique de certaines prises de position partisanes ? C’est ce genre de questions que les élèves se posent quand nous construisons des démarches qui sollicitent leur questionnement, base et support d’un esprit critique qui vise toutes les formes d’émancipation, individuelle et sociale, intellectuelle et pratique. Penser les contradictions du temps présent, mettre en œuvre un rapport au savoir et à savoir qui vise à comprendre collectivement le monde pour le transformer, nous semblent toujours d’une urgence anthropologique. Et, plus que jamais, le poète a des choses à nous dire : « Un jour il y a longtemps je me suis dit à moi-même (c’était un serment dans la nuit) : avant de partir sous le ciel incertain des jours habille-toi de ta langue emplis tes poches des mots volés à toutes les bouches les mots du fou du sage du charpentier les mots de ton père et les mots de l’étranger » [1] Serment à moi-même, tiré du recueil « Ici — Poèmes pour grandir », Cheyne éditeur, 2009.
Continuité, discontinuité, reprise 2026 15 mai 2020 Valérie Pinton Continuité, discontinuité, reprise… Après la « continuité pédagogique », la reprise de l’école s’effectue au quotidien, dans la rupture, « l’accrochage » et la discontinuité. Notre rubrique évolue. Nous n’entrerons pas dans les revendications, débats, controverses et prises de position qui agitent les sphères médiatique, politique, syndicale, même si individuellement ou au nom du mouvement, nous avons signé ou signons des tribunes collectives. Nous ne participerons pas au dernier « vadémécum » d’activités ou d’aménagements pour organiser la reprise de l’école — d’autres l’ont fait, parfois de belle façon et nous les soutenons, même si bien entendu, certaines images sur les réseaux sociaux nous ont fait réagir. Nous faisons le pari de l’intelligence collective et de ce pas de côté politique et pédagogique que peut provoquer un mouvement pédagogique engagé comme l’est le GFEN et nous proposons cette rubrique en particulier et celle qui regroupe des textes écrits par des militant.e.s du GFEN pour permettre à nos lecteurs de se faire leur propre opinion sur ces temps troublés et troublants que nous vivons. Nous continuons donc de nourrir cette rubrique de textes qui, comme une revue de presse, partielle et donc subjective, courte et donc orientée, donnent à lire quelques réactions, actions venant de celles et ceux, enseignants, chercheurs, formateurs connaissant bien l’école, qui croient (encore !) aux valeurs collectives, solidaires de l’École dans ce « monde d’après » et qui sont (toujours !) prêt.e.s à les défendre. La rubrique s’est arrêtée le 22 juin, date de la reprise complète de l’école. Prises de position et écrits à ce sujet Dans Libé du 11 juin – Quatre spécialistes de l’éducation donnent des pistes pour rattraper les décrocheurs scolaires : P. Meirieu -Julien Fuchs, historien sport/jeunesse – Marie-Aleth Grard ATD QM – Eunice Mangado-Lunetta AFEV Verbatim «Faire de l’entraide entre élèves un principe fondamental de l’école» Dans le Café pédagogique du 11 juin – un article de François Jarraud A qui profite le prof bashing ? « Comment des milliers de profs n’ont pas assuré leur propre cours pendant le confinement ». France 2 a pris sa part dans ce qui devient une vraie campagne médiatique contre les enseignants. Lire Dans la lettre de l’ANRAT – Association nationale de recherche et d’action théâtrale – le 9 juin Inscrire plus que jamais le spectacle vivant au cœur de l’éducation artistique et culturelle Le contexte rend d’autant plus nécessaire une Éducation Artistique et Culturelle qui s’adresse à tous, comme une expérience fondatrice inscrite au cœur même de l’École, des programmes et des évaluations, comme une façon de se (re)construire et d’apprendre.Lire Dans The conversation du 1er juin – un article de Sylvie Cèbe Apprendre à raconter à l’école maternelle L’école maternelle ne se donne pas pour objectif d’apprendre aux jeunes enfants à raconter des histoires. Cela peut sembler étonnant quand on sait qu’il s’agit d’une habileté valorisée, scolairement déterminante et socialement très marquée. Certes, les parents de milieu favorisé ne l’enseignent pas non plus, mais les « lectures partagées » qu’ils offrent régulièrement à leurs enfants contiennent les bons ingrédients. Lire L’avis de la CNCDH – commission nationale consultative des droits de l’homme – le 26 mai ÉTAT D’URGENCE SANITAIRE : LE DROIT À L’ÉDUCATION À L’AUNE DE LA COVID-19 L’avis alerte sur l’urgence de garantir l’égalité des chances et le droit à l’éducation pour tous et offre de nouvelles perspectives pour construire une école plus respectueuse des droits. Il formule onze recommandations à l’attention des pouvoirs publics.Lire Sur le blog Médiapart de Sylvain Grandserre, « maitre d’école » – le 2 juin « Les enseignants sont-ils des lâches ? » Lire Un chantage à l’héroïsme pousse certains à vouloir comparer les marques et manques de courage, avérés ou supposés, des différentes professions face à l’épidémie. Le dévouement des personnels soignants est ainsi parfois opposé aux atermoiements des professeurs lors de la réouverture des écoles, attitude interprétée comme de la lâcheté. Et si les plus couards étaient ceux auxquels on ne pense pas ? Dans le Monde daté du 2 juin – une tribune de deux professeurs Inégalités scolaires : « Peut-on faire semblant de ne pas voir ce qui se passe en dehors de la classe ? » Lire Les professeurs d’histoire-géographie Camille Taillefer et Laurent Clavier racontent l’activité proposée à leurs élèves dans leur lycée de Saint-Denis depuis deux mois : une étude sociologique sur les conditions du confinement. Sur le site « Vie numérique – Choses lues, vues, entendues, ressenties » « Dans la mesure du possible (2) » Dans ce billet numéro 2 publié fin mars mais repéré il y a peu, Thierry Joffredo, un acteur de terrain, présente « quelques réflexions personnelles sur les présupposés et les enjeux de cette « continuité pédagogique » qui a été au cœur du quotidien de toute la communauté éducative ces deux dernières semaines, avec des fortunes diverses ». « Protocole relatif au dispositif d’appui à la reprise scolaire «Sport, santé, culture, civisme» (2S2C) en sortie de confinement, à destination des acteurs culturels » – MENJ + Ministère des sports Le protocole en question à lire ici Une certaine vision de l’école… réactions – Dans TOUTEDUC le 29 mai – la réaction collective de représentants des villes, syndicats, associations d’éducation populaire Lire Le développement dans le temps scolaire d’activités 2S2C (sport, santé, culture, citoyenneté) provoque « une vive inquiétude » parmi les représentants de collectivités territoriales (RFVE et ANDEV), les syndicats enseignants (SE-UNSA et SGEN-CFDT), les fédérations d’éducation populaires (Ligue de l’enseignement, JPA, CEMEA, Francas, ORTEJ) et les représentants de parents d’élèves (FCPE) qui publient, ce 29 mai, un communiqué commun. – Sur le blog d’Éveline Charmeux – le 31 mai 2020 « Veut-on tuer l’école primaire ? » Lire Elle réagit au « , qui a suscité de vives inquiétudes parmi les représentants de collectivités territoriales, syndicats enseignants, fédérations d’éducation populaires et parents d’élèves. Ce protocole est catastrophique à plus d’un titre, dit-elle. Dans les Cahiers pédagogiques – Jean-Paul Delahaye – le 29 mai 2020 « Leçons d’hier pour la formation d’aujourd’hui » Lire Le CRAP publie une analyse sur la formation initiale et continue des instituteurs avant les IUFM et celle des professeurs des écoles d’aujourd’hui. L’article dans sa version intégrale, avec un historique fouillé et un comparatif entre la fin des années 80 et la formation dans les ESPE devenus Inspé, est à télécharger en pdf. Architecture scolaire Un article dans Libé du 28 mai « Architecture des écoles : aux grands maux les modèles oubliés » Au moment où les élèves reprennent la classe dans des établissements pas vraiment adaptés aux consignes sanitaires actuelles, l’exposition «Batir l’école» dans les Hauts-de-Seine montre que d’anciennes méthodes d’agencement auraient pu répondre à de tels besoins. « Espérer le meilleur et se préparer au pire » – Fernando Pessoa Lire Pour poursuivre le séminaire «Design with care» à distance, la chaire de philosophie du CNAM, a demandé à des intervenants de réagir à la citation de Fernando Pessoa. Une vidéo de Michel Lussault Dans TOUTEDUC du 28 mai – une tribune des CEMEA sous le titre « Rééquilibrer risques sanitaires et enjeux socio-affectifs, nos enfants ont besoin, dès aujourd’hui, de vivre ensemble » « Enfermer » des enfants dans des carrés de 4m de côté est une atteinte à leurs besoins fondamentaux. France culture – le 28 mai – dans l’émission de Louise Tourret – un témoignage Depuis le début de l’épidémie et la mise en place de l’école à la maison, les professeurs tentent d’assurer au mieux la continuité pédagogique, et ce malgré la distance, le manque d’échanges avec les élèves et les disparités sociales. Mais comment assurer cette continuité sur le long terme ? Et comment aider les élèves à rester motivés sans la présence de leurs camarades ni de leur professeur ? « La continuité pédagogique à l’épreuve du temps » Lire France culture – Radiographies du coronavirus – le 26 mai De la difficulté d’apprendre seul : pourquoi la classe manque-t-elle tant aux élèves ? Lire L’école à la maison. Que nous apprend l’école à distance sur l’importance du collectif en matière de pédagogie ? Pourquoi apprend-on mieux à plusieurs ? Eléments de réponse avec le spécialiste de l’éducation Philippe Meirieu. Association des Technologies de l’Information pour l’Éducation et la Formation – le 24 mai Avis du Conseil d’Administration de l’ATIEF en réponse aux propositions du Conseil Scientifique de l’Éducation Nationale « Il existe, dans le monde francophone, une recherche en éducation plurielle et ouverte à l’international. L’ATIEF, qui regroupe des chercheurs en sciences humaines et sciences et technologies de l’information et de la communication, souhaite rendre possible le nécessaire dialogue entre les disciplines. Son conseil d’administration s’inquiète d’une part qu’un texte élaboré par le CSEN et destiné aux acteurs de terrain puisse offrir une image partielle et partiale de la recherche en éducation et d’autre part que ce texte annonce que le CSEN souhaite s’ériger en censeur des travaux qui ne s’inscriraient pas dans le seul paradigme de l’expérimentation contrôlée. » Rue du monde le 4 mai Après ce printemps de confinement, s’annonce un été de déconfiture… Alain Serres, auteur et directeur des éditions Rue du monde, écrit une lettre ouverte pour analyser la situation de l’édition de littérature jeunesse et faire des propositions : « 5 questions-clés et 5 bulles d’air urgentes pour réanimer l’édition jeunesse indépendante en danger ». Sur le blog Médiapart de Sylvain Grandserre – le 18.05.2020 Maître d’école en Normandie, auteur de « Un instit (confiné) ne devrait pas avoir à dire ça ! », comme il se présente, Sylvain Grandserre analyse la réouverture des écoles le 12 mai qui d’après le ministre se serait donc bien passée. « Or, ce retour est bien en trompe-l’œil pour qui analyse le tour de passe-passe qui nous a été offert. La ficelle était bien visible ! A condition d’ouvrir les yeux. » Quand le ministre cafouille, les instits bidouillent Lire Dans le Café pédagogique du 15 mai, a publié la tribune d’un groupe de hauts fonctionnaires (groupe Grenelle) qui voient dans la gestion du ministre un « immense mensonge », une « mise au pas », un « aveuglement scientiste », un « projet réactionnaire », une « éducation à la citoyenneté et une laïcité fourvoyées »… « Tribune : Des hauts fonctionnaires du ministère dénoncent le projet réactionnaire de JM Blanquer » Nous, enseignants, formateurs, chercheurs, inspecteurs du premier et second degrés, inspecteurs généraux, directeurs académiques, cadres de l’administration centrale, sommes des témoins privilégiées et informés de la situation actuelle de l’école. […] Aujourd’hui, nous ne pouvons plus nous taire. Au-delà même de la gestion chaotique du Covid 19 dans les écoles, au-delà, dans ce contexte complexe, des propos du ministre contradictoires, évasifs, ou immédiatement infirmés par le Premier ministre, nous considérons que ce serait une faute éthique et politique. Qu’observons-nous bien plus précisément que les journalistes, même les plus aguerris, n’écrivent ? Lire Cette tribune a été précédée d’une autre, d’un haut fonctionne sous pseudonyme – le 12 mai, toujours publiée dans le Café pédagogique « Tribune : Maurice Danicourt : Un haut fonctionnaire parle… » Depuis « la centrale », rue de Grenelle, un haut fonctionnaire partage cette analyse du premier degré sous Blanquer. Une école où le « débrouillez vous » est devenu la règle, pilotée par des recteurs et un ministre qui ne la connaissent pas. Pour « Maurice Danicourt », un pseudonyme, » tout doit changer, vite, à tous les niveaux, bouleversant une organisation vieille de plus d’un siècle, remettant en cause un management plus récent et renvoyant un ministre dépassé ».(François Jarraud) Lire Une (énième) proposition de loi sur la direction d’école : – dans le Café pédagogique du 14 mai Directeurs d’école : Une nouvelle proposition de loi Déposée par la députée LREM Cécile Rilhac, une nouvelle proposition de loi envisage de modifier la fonction de directeur d’école. Sans changer le statut du directeur, la proposition de loi prévoit de lui donner autorité dans l’école et de nouvelles responsabilités en échange d’un meilleur système de décharges et d’une meilleure rémunération. Lire – sur le blog Médiapart de Claude Lelièvre Une loi pour que les directeurs d’école soient «décisionnaires» Compte tenu du passé ou du passif de cette orientation et du contexte menaçant dans lequel nous vivons, on aurait pu croire qu’il y avait d’autres priorités que d’envisager une nouvelle répartition des pouvoirs dans les écoles communales. Eh bien non ! Du moins si l’on en juge par la proposition de loi déposée mardi dernier en vue de créer la «fonction de directeur d’école».Lire Viviane Youx, présidente de l’AFEF (association pour l’enseignement du français) réagit au nom de son association au maintien du bac de français. « Enseigner la littérature : les professeurs empêchés » Les enseignants de français mis au pas L’acharnement du ministre à maintenir « l’oral de français du bac » soulève une vague d’incompréhension […] Ce qui nous choque le plus et nourrit notre désaccord profond avec les propos du ministre, c’est la conception de l’enseignement de la littérature et l’idéologie masquée qu’ils sous-tendent. Lire Dans le Café pédagogique du 15 mai, un interview de Florian Lascroux, coordinateur à Solidarité laïque « Covid-19 : Quels impacts pour l’éducation dans le monde ? » La crise sanitaire montre à quel point la dimension relationnelle est au cœur de la réussite éducative et de la lutte contre les inégalités à l’école. Alors que dans le monde une partie des écoles sont en train de rouvrir leurs portes, Solidarité Laïque fait le point avec ses partenaires sur les impacts de la pandémie sur le Droit à l’éducation.Lire La « continuité pédagogique »… à quelles conditions ? En ce contexte d’épidémie et de confinement dont la durée est inconnue, le GFEN s’est organisé, a fermé son siège à Ivry, l’équipe nationale s’est mise en télétravail et aux réunions à distance pour poursuivre ses activités. Cependant, les différents ateliers, rencontres, formations prévus ces mois de mars et avril dans les régions sont annulés ou reportés. Au fur et à mesure de l’évolution de la situation, nous publions des éléments sur le site. Continuez donc à nous lire ! En particulier, nous nous questionnons sur la « continuité pédagogique », mise en avant par le ministre et qui percute les valeurs que nous défendons d’égalité d’accès au savoir pour toutes et tous. Ce qui est aujourd’hui demandé aux enseignant.e.s par leurs hiérarchies renforce les inégalités sociales et est complètement déconnecté des réalités du terrain, notamment pour celles et ceux d’entre nous qui travaillent auprès des plus précaires. Même si nous devons réfléchir à la manière d’accompagner les élèves et leurs familles dans cette situation très particulière, notre responsabilité en tant que mouvement d’Education Nouvelle est de montrer que les préconisations qui sont faites mettent à mal le service public d’éducation. Les questions de l’accès à la culture, de la relation pédagogique, de la construction des savoirs sont autant de sujets qui sont totalement évacués. Pour continuer de penser malgré tout, nous proposons à votre lecture ou à votre écoute différents documents écrits ou vidéos, articles de presse dont les auteur.e.s sont des militant.e.s du GFEN et d’autres mouvements ou des chercheurs ou personnalités qui partagent nos idées. Les adhérents du GFEN publient à ce sujet Eloïse Durand – 30 avril 2020 Continuité vs historicité, quand la réflexivité s’emmêle Lire L’école d’après – Café pédagogique du 28 avril 2020 Jean Perbet : Où se situent les inégalités en période de confinement ? Lire Propos recueillis par Gurvan Le Guellec – dans L’Obs du 13 avril 2020 Moi, prof confiné (3) : « Le Covid-19 ne doit pas être le cheval de Troie d’une école numérique désincarnée » Pour Julien Cueille, professeur de philosophie en lycée, les solutions numériques développées pendant le confinement devraient être davantage questionnées. Pérenniser leur utilisation pourrait creuser encore plus les inégalités. Lire Dominique Piveteaud – 17 avril 2020 De l’impossibilité de faire classe ailleurs qu’à l’école Lire Ce texte est paru dans N’autre école hebdo n° 1 (supplément de la revue Questions de classe(s)) Jean-Louis Cordonnier & Joëlle Cordesse – 29 mars 2020 Parents : peut on enseigner ce qu’on ignore ? Lire GFEN Ile de France – 24 mars 2020 L’école d’exception Lire Prises de position et écrits à ce sujet Une tribune de Philippe Champy dans Le Monde du 5 mai Le rôle et l’importance des professeurs ont été relégitimés depuis le début de la crise sanitaire, selon Philippe Champy, ancien éditeur scolaire et auteur de « Vers une nouvelle guerre scolaire » Irremplaçables durant le confinement, les enseignants vont-ils être incités à inventer l’école post-pandémie ? Lire Une autre tribune dans Le Monde du 5 mai de Philippe Watrelot Professeur de sciences économiques et sociales, et militant pédagogique, Philippe Watrelot espère que la période de confinement permettra « une redéfinition et une réévaluation de la place du métier d’enseignant dans la société ». L’école d’après sera ce que nous en ferons Lire Un article de Sylvain Connac dans les Cahiers pédagogiques – le 5 mai Les enfants restent des enfants, avec leur potentiel de vie, leur curiosité naturelle et leur élan vers les échanges avec des copains et des copines. C’est pour cela qu’organiser de la coopération est judicieux, autant pour « faire groupe » que pour être en rapport avec des savoirs. Cet article présente ce qui semble possible pour tous. Une pédagogie coopérative sans contact ? Lire Un article de Mathieu Périsse, journaliste à Mediapart paru le 5 mai – réservé aux abonnés Alors que leur utilisation a explosé avec le confinement, les outils numériques auxquels ont recours les établissements scolaires ne sont pas gérés directement par l’Éducation nationale. Une dépendance problématique qui risque de faire le jeu des Gafam. Dans l’Education nationale, le confinement révèle un numérique noyauté par le privé Lire Sur le blog d’Eveline Charmeux le 2 mai 2020 En classe, comment mettre en place le déconfinement ? Lire Dans The Conversation du 1er mai 2020 La position de Charles Hadji, chercheur en sciences de l’éducation Penser l’après : Pour une école de l’essentiel Lire Dans Politis du 29.04.2020 Philippe Meirieu : «Arrêtons de totémiser le numérique» Lire Dans L’école des lettres du 29 avril 2020 Un billet d’actualité de Gabriel Brierer 11 mai 2020 ? C’est dès maintenant que la classe est à réinventer ! Lire Dans le Café pédagogique du 30.04.2020 Deux études menées respectivement par P. Rayou (Paris 8) et Luc Ria (Ifé-ENS de Lyon) Patrick Rayou — Luc Ria : L’Ecole à l’épreuve du confinement Comment les enseignants d’une part, les parents d’autre part assument-ils cette migration vers les familles de la part des apprentissages qui se déroulent d’ordinaire dans la classe ? Notre contribution à deux voix tente de montrer des effets de la crise sanitaire au niveau de la réorganisation du travail des enseignants (Luc Ria) et du traitement par les familles (Patrick Rayou) de cette demande accrue de contribution à la scolarité. Lire Un texte de Georges Fotinos dans TOUTEDUC du 22.04.2020 Ne pas prendre en compte les mouvements profonds de changement de mentalité en cours « serait une erreur dangereuse pour notre Ecole ». « Prendre en compte le caractère global de l’éducation… » Lire Une tribune dans Le Monde du 21.04.2020 Coronavirus : « Ne pourrait-on pas limiter l’accueil dans les écoles aux élèves menacés de décrochage ? » Afin de limiter les risques sanitaires d’une réouverture totale des écoles, trois enseignants, dont le pédagogue Philippe Meirieu, proposent, dans une tribune au « Monde », de réserver l’accueil aux élèves en difficulté.Lire Dans Le Monde du 28.04.2020 « Lettre à des enfants qui ne sont plus des écoliers » Le professeur des écoles et auteur de « Dessine-moi une école où il fait bon vivre », Cédric Forcadel, dénonce le « leurre » de l’école à la maison et raconte ce qui lui manque le plus dans le quotidien de l’école qu’il dirige.Lire Dans le Café pédagogique du 27.04.2020 Rodrigo Arenas : Reprise : Avant le comment, si on se demandait pour quoi ? Lire « L’Ecole d’après » – Café pédagogique :- le 23.04.2020 – Quatre questions à Benjamin Moignard Benjamin Moignard, professeur à l’université de Cergy-Pontoise en sciences de l’éducation, membre fondateur avec Eric Debarbieux de l’Observatoire Education et Prévention (OUIEP), analyse les effets de la crise sanitaire sur l’école. Lire – le 24.04.2020 – Jean Paul Payet : « L’école a raté l’occasion de se renouveler » Sociologue à l’université de Genève, Jean Paul Payet a analysé les rapports entre l’école et les familles dans « École et familles. Une approche sociologique » (2017). Lire Un entretien avec Marc Bablet sur « L’école de demain », le blog Education du SE-UNSA « Pour Marc Bablet, le ministre confisque aux acteurs de l’éducation ce qui se vit pendant le confinement » Sur votre blog, vous critiquez le récit que fait le ministre de l’école depuis la crise sanitaire. Peut-on dire que l’expression «continuité pédagogique» est un «élément de langage» qui fait écran à la réalité ? Lire Suites de la rubrique « L’Ecole d’après » dans le Café pédagogique : – le 20.04.2020 – Eric Demougin : Un lien, même pédagogique, ne fait pas l’Ecole. Lire – le 17.04.2020 – Philippe Meirieu : « L’école d’après »… avec la pédagogie d’avant ? Lire L’Ecole d’après : rubrique du Café pédagogique – le 16.04.2020 Najat Vallaud-Belkacem : La mixité scolaire et l’égalité des chances doivent redevenir des sujets prioritaires Lire Le Monde – 15.04.2020 Ecole à la maison : « Les enfants vont perdre deux mois d’école, peut-être plus, est-ce vraiment un drame ? » Le chercheur en sciences de l’éducation Benoît Urgelli, université Lyon 2, invite à considérer cette période particulière « à l’échelle de toute une scolarité ». Le blog de Paul Devin sur Mediapart – le 15.04.2020 Réouvrir les écoles par promesse d’égalité ? Peut-on croire que l’égalité est la motivation première de la réouverture des écoles le 11 mai ? Lire Tribune dans le Café pédagogique du 15.04.2020 Tribune : Sylvain Grandserre : Pardon les enfants !Pardon les enfants, pardon… Vraiment dé-so-lés les écoliers ! En pleine épidémie de coronavirus, quand il a fallu soudainement fermer nos écoles mais continuer à travailler, on a pensé à tout, sauf à vous ! Lire Centre de recherche, formation, histoire sociale Henri Aigueperse-UNSA Education – par Alexandra Vié, doctornate en sciences de l’éducation – le 15.04.2020 « Enseigner dans la rupture : Réflexions sur les enjeux de la continuité pédagogique en contexte de crise sanitaire » Lire Lettres vives, pour un autre enseignement du français – Collectif de militants et enseignants – le 14.04.2020 « Question vive : les postures d’enseignant·es durant le confinement » Lire France inter- Lettres d’intérieur – Augustin Trapenard – le 13.04.2020 La lettre de Wadji Mouawad « Donne du courage autour de toi et n’accepte jamais ce qui te révulse… » Wajdi Mouawad est auteur et metteur en scène. Il est né au Liban. Depuis 2016, il est directeur du Théâtre de la Colline. Dans cette lettre adressée à l’homme que sera son fils, il s’interroge sur le monde laissé aux générations futures, et réaffirme la puissance des valeurs que sont l’amour, le courage et la bonté. Lire Un article de trois professeurs sur un blog Mediapart – le 07.04.2020 « Pédagogie et confinement: entre continuité et discontinuité » Incertitude, discontinuité, fracture numérique… En dépit de la dispersion spatiale qui nous est imposée par le confinement, les enseignants que nous sommes peuvent éviter d’ajouter la distanciation sociale. Au contraire, nous pouvons assurer avant tout un travail de maintien des liens avec celles et ceux auprès desquels nous nous sommes engagés. Par Arnaud Dubois, Patrick Geffard et Gérald Schlemminger. Lire Sur le blog France Info de Lucien Marboeuf, professeur des écoles – L’instit’humeurs – le 11.04.2020 « Quelques enseignements du confinement à l’usage de ceux qui dirigent l’école » Lire L’équipe Veille & Analyses de l’Ifé poursuit sa réflexion par une deuxième série d’articles s’intéressant aux élèves et aux conditions dans lesquelles ils et elles peuvent poursuivre leur travail personnel, actuellement hors la classe – le 08.04.2020 Développer le(s) sens de l’autonomie à l’école … et à la maison ? Lire Le Café pédagogique demande à des personnalités de l’éducation des textes de réflexions sur « L’école d’après ». Aujourd’hui, 10 avril 2020, ce sont les contributions de : – Marc Bablet : « La sortie du confinement et après » Lire – Rodrigo Arenas, co-président de la FCPE « Il nous reste l’espoir… » Lire Blog Mediapart de Jean Paul Delahaye – le 09.04.2020 Des « colonies éducatives » ? Chiche ! La proposition faite par le ministre de l’éducation nationale de « colonies éducatives » destinées aux élèves qui ont rencontré des difficultés scolaires pendant le confinement mérite réflexion, si tant est bien entendu que le calendrier et les modalités du déconfinement en permettent l’organisation. A ce jour, rien n’est moins sûr. Lire Entretien paru dans le Café pédagogique – le 03.04.2020 Marie-Aleth Grard : « Il faut éviter que les inégalités scolaires se creusent avec le confinement » Marie-Aleth Grard est vice-présidente d’ ATD Quart Monde France et représentante du mouvement au Conseil économique, social et environnemental (CESE) où elle a rendu en 2015 un rapport sur « Une école de la réussite pour tous » (1). Elle vient par ailleurs de rejoindre le Conseil scientifique qui conseille l’exécutif sur la crise du coronavirus. Elle s’inquiète ici des conditions de scolarité à domicile des enfants en situation de pauvreté et des inégalités que la crise sanitaire et le confinement risquent encore de creuser. Lire Mediapart, 09.04.2020 Lettre d’une mère (qui se penche enfin sur les devoirs de son fils) aux professeurs Lire Un long texte de Philippe Champy, publié dans le Café pédagogique du 09.04.2020 « L’Ecole d’après : Philippe Champy : Premières leçons du confinement » Lire Long article de Véronique Decker, ancienne directrice d’école à Bobigny (93), enseignante engagée « L’Ecole d’après : Véronique Decker : Comment imaginer la rentrée ? » dans le Café pédagogique du 08.04.2020 Lire Autrice de « Trop classe » – actuellement proposé en accès gratuit par Libertalia ici Un joli abécédaire proposé par Olivier Maulini, université de Genève « L’école à la maison ? ABC de pédagogie pour temps d’épidémie » Lire Un long entretien de Philippe Meirieu dans Ouest-France du 02.04.2020 – disponible en intégralité sur son site personnel « L’enseignement à distance accroit les inégalités » Lire Un texte de Marc Douaire, président de l’OZP publié dans le Café pédagogique du 7 avril 2020 « L’école d’après » Lire Un dossier du service de veille scientifique de l’Ifé paru sur Eduveille le 02.04.2020 « La continuité pédagogique à la recherche d’une véritable coéducation » Lire L’équipe Veille & Analyses s’interroge dans la période actuelle sur la façon dont les relations entre les parents et l’école se reconfigurent, et publie dans les prochaines semaines une série d’articles consacrés à ces relations. Un entretien avec Bernard Lahire, sociologue, professeur à l’ENS de Lyon – dans L’Obs le 3 avril 2020 « Confinement: la « discontinuité pédagogique » exacerbe l’inégalité des chances » Lire Extrait :Q: Peut-on assurer une « continuité pédagogique » ? R: « Le terme n’est pas bon car il y a une discontinuité pédagogique au contraire, nette. L’école signale encore sa présence, elle envoie des signaux, des devoirs, mais elle ne peut pas faire le travail qu’elle fait ordinairement. Et c’est bien là le problème. Transmettre des savoirs, ce n’est pas qu’une question d’émetteur et de récepteur, c’est une construction, des interactions, un encadrement, des encouragements… Sur le site de l’Observatoire des inégalités – le 3 avril 2020 « Ce que fait le coronavirus aux inégalités » Lire Confinement, travail, santé, les populations sont inégales face au coronavirus. Mais nous sortirons de la crise : il faudra alors rappeler le rôle des services publics et réfléchir à ce qui nous unit ou nous sépare. Point de vue de Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités. Un article dans le blog Mediapart de Marc Bablet le 2 avril 2020 « Ne laissons pas le pouvoir voler le récit de l’école au temps du confinement » Lire Il est impressionnant de voir comment le pouvoir, sensible à ce qui se dit de la réalité vécue du confinement, cherche à imposer son récit face aux acteurs du monde réel qui convergent sur beaucoup de points, tant dans les foyers que dans les institutions. Pour l’école, il est important que ceux qui travaillent gardent la maîtrise du récit face aux silences, aux demi vérités, voire aux mensonges. Un article de Céline Darnon, professeure de psychologie sociale à l’INSPE Clermont-Auvergne dans The Conversation le 31 mars 2020 « Inégalités scolaires : des risques du confinement sur les plus vulnérables » Lire Courrier intersyndical des organisations de l’Éducation Nationale au ministre Blanquer – le 1er avril 2020 Lire Extrait : « si le lien éducatif a été maintenu avec les élèves dans la période de confinement, le fonctionnement normal de l’école s’est arrêté le 13 mars et à la reprise, tous les éléments de programme seront repris en tenant compte de ce temps suspendu : c’est cela qui constituera la continuité des apprentissages due à tous les élèves. » Sur Mediapart – le 31.03.2020 – Emission vidéo « A l’air libre » Enseignants et élèves face aux cours en ligne, le confinement vu des quartiers populaires Voir La rédaction reçoit : – Roselène, lycéenne en terminale STMG à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) ; – Véronique Servat, enseignante en histoire-géographie en collège, à Montreuil (Seine-Saint-Denis) ; – Stéphane Bonnéry, maître de conférences en sciences de l’éducation à l’université Paris-VIII – à 1:00:50 Article dans Le Monde du 31.03.2020 Comment s’organise la « continuité pédagogique » en maternelle ? Lire Avec Véronique BOIRON – extraits : Avec les plus petits, « il faut raison garder » « L’école à la maison n’existe pas. » « Le plus important à cet âge, c’est le langage… « sur la place du jeu dans les apprentissages [et] la notion d’enfant-sujet, qui réfléchit, pense, comprend et questionne le monde » « Faire avec » plutôt que « faire faire » etc. Tribune dans Reporterre le 26.03.2020 – Des instituteurs et des professeurs Sans enseignants, la « pédagogie virtuelle » aggrave les inégalités Lire Tribune de Jean Paul Delahaye dans Libération – le 01.04.2020 Le confinement, une catastrophe pour les enfants pauvres Lire Interview de Laurence De Cock dans Regards.fr – le 31.03.2020 Nos élèves sont angoissés par la maladie et la mort, c’est le grand oubli de l’Éducation nationale dans cette crise Lire Communiqué de l’Union des profs de physique-chimie Covid19 et continuité pédagogique Lire Communiqué de presse de la FCPE – 31 mars 2020 M. Blaquer arrêtez de faire semblant Lire La continuité pédagogique à l’université Article daté du 26.03.2020 sur le site personnel de Pierre Mercklé, sociologue, professeur à l’Université Grenoble Alpes et chercheur au laboratoire PACTE (équipe « Régulations ») qui donne les résultats d’un sondage auprès de ses étudiant.es pour essayer d’évaluer leur capacité à suivre des cours à distance. La continuité pédagogique, vraiment ? Lire Pierre Périer, sociologue à Rennes II dans un entretien avec François Jarraud – Café pédagogique – 30 mars 2020Dans le silence de l’Ecole, la montée des inégalités Lire Stéphane Bonnery : La continuité pédagogique et les mensonges Café pédagogique du 27.03.2020 Lire Bruno Devauchelle : Chronique d’un confinement : deuxième semaine Café pédagogique du 27 mars 2020 Lire ANDEV – 27 mars 2020 Continuité éducative ne rime pas avec continuité scolaire Lire La grande lessive – chacun et chacune à sa fenêtre le 26 mars Lire Solidarité Laïque – 25 mars 2020 Coronavirus : vers un creusement des inégalités en France Lire FCPE- 24 mars 2020 Continuité pédagogique : la FCPE Paris appelle à la raison Lire Philippe Meirieu dans The Conversation – le 15 mars 2020 Écoles fermées aux élèves : les leçons du virus (et quelques pistes pour les parents) Lire Café pédagogique – le 17 mars 2020 De la continuité pédagogique à l’enseignement à distance Lire Edubref – Veille scientifique de l’Ifé – mars 2020 Apprendre et coopérer en classe Lire Sur Eduveille – Complément à Edubref – 18 mars 2020 Jusqu’où peut-on apprendre sans les autres ? Lire Sur le blog de l’amie scolaire Eveline Charmeux – Questions de profs. – lundi 16 mars : Enseigner à distance ? Lire – mardi 24 mars : Un bel exemple d’enseignement à distance Lire Une autre vidéo de Frédéric Grimaud, enseignant chercheur, Aix Marseille Université – le 13 mars 2020 De quoi la « continuité pédagogique » est-elle le nom? Le Président, face à la crise sanitaire du coronavirus, décide de fermer les écoles. Les enseignants doivent assurer « la continuité pédagogique »… mais de quoi parle-t-on ? « Parce que les enseignants, même dans une période aussi sombre, doivent garder une boussole » Voir Une vidéo de Stéphane Bonnery, Paris 8 – dans L’Humanité en ligne – 18 mars 2020 Covid-19 : « Les informations en ligne ne suffisent pas à l’appropriation des savoirs par les élèves » Malgré une situation d’urgence inédite et nécessaire dans l’Éducation nationale, le fait de confier aux familles le soin de transmettre un savoir que les élèves doivent acquérir est inquiétant et peut aggraver les inégalités, souligne Stéphane Bonnery, professeur en sciences de l’éducation à l’Université Paris 8. Les dates d’épreuves du bac, parcoursup, E3C, les concours d’étudiants, les recrutements d’enseignants et la loi LPPR sont autant de dangers qui planent sur les étudiants. Voir La tribune initiée par Philippe Meirieu et l’ICEM signée par le GFEN – 23 mars 2020 Continuité pédagogique ou rupture d’égalité ? L’enseignement à distance ne doit pas être la mise à distance de notre projet éducatif Lire Le courrier au ministre initié par ATD-Quart monde sur les difficultés rencontrées par les familles dans la grande précarité signé par le GFEN – 18 mars 2020 « La continuité pédagogique »… comment vont faire les familles en difficultés ? Lire
L’école d’exception 25 mars 2020 Valérie Pinton 24 mars 2020 télécharger le texte – C’est une idée qui peut faire rire, mais la seule façon de lutter contre la peste, c’est l’honnêteté. – Qu’est-ce que c’est l’honnêteté ? dit Rambert, d’un air soudain sérieux. – Je ne sais pas ce qu’elle est en général. Mais dans mon cas, je sais qu’elle consiste à faire mon métier. Albert Camus, La Peste, juin 1947 Jusqu’au dernier moment, une partie de l’institution scolaire aura nié les faits : la crise sanitaire est réelle, il n’y aura donc plus d’école en France, plus d’heure de classe avec des humain.es en présence, et ce pour une durée indéterminée. Le Ministre assurait pourtant, la veille encore de l’annonce présidentielle, que les établissements scolaires resteraient ouverts. La course à la communication au sommet de l’Etat a donc fait perdre aux enseignant.es un temps précieux. C’est en quelques heures que nous dûmes imaginer les modalités d’une école d’un genre nouveau : une école à distance. Exclusivement. Les enseignant.es, des ingénieur.es permanent.es Conscient.e du caractère extraordinaire de la situation, chacun.e s’est mis.e au travail le plus rapidement possible. Souvent dubitatif.ve, face à des consignes variant selon les établissements, mais avec un sens certain du devoir. Car chacun.e fut, sans réelle formation, livré.e à soi-même pour trouver des solutions. Des lectures, des fiches d’activités, des révisions, des jeux éducatifs, des rédactions, des liens vers des documentaires, des conseils aux parent.es, des sujets types pour les examens, ont été inventés en l’espace d’un week-end. La créativité des enseignant.es est souvent sans limite quand il s’agit de faire réussir les élèves. Mais pendant combien de temps ? Pour la plupart d’entre-nous, les week-ends ont déjà disparu, les tâches professionnelles colonisent désormais notre quotidien et notre temps de travail n’a plus de limite. Au ministère, on étudie en toute logique la possibilité de nous faire travailler cet été, considérant que la période actuelle s’apparente à des vacances. Le lundi 16 mars au matin, premier jour de l’école à distance, bien peu de ressources furent transmises aux élèves. Les outils numériques, que le Ministère vantait depuis des années, s’avéraient incapables de faire face à l’explosion du nombre de connexions. Pour contourner l’obstacle, beaucoup proposèrent des outils alternatifs et l’on se retrouva rapidement submergé par un nombre sidérant de solutions présentées comme « intelligentes », « fluides », «ergonomiques » – la plupart ne respectant d’ailleurs aucune règle de confidentialité. La découverte et l’appropriation de ces nouveaux outils prenaient dès lors le pas sur la seule question qui vaille : quels savoirs transmettre dans cette période exceptionnelle ? Comment les transmettre ? La « continuité pédagogique », cet engagement solennel de l’État, boitait déjà. Une école d’exception ou d’exclusion ? Lorsque les connexions furent à peu près possibles, on put mesurer la réalité sociale du réseau. Peu nombreux.ses furent les élèves qui répondirent présent.es : des élèves en réussite scolaire surtout, des élèves équipé.es sur le plan informatique et accompagné.es par leur(s) parent.e(s) dans leur scolarité, disposant d’espaces dédiés. La crise sanitaire révèle, au passage, un problème de l’Éducation nationale : l’enseignant.e et les familles doivent être équipé.es à leurs frais de tout l’appareillage nécessaire. Travailleur.ses et usager.ères se retrouvent ensemble dans la même obligation de puiser dans leurs ressources financières personnelles pour assurer un droit fondamental de la nation : le droit à l’éducation. On imaginerait mal le droit à la santé répondre aux mêmes règles … La situation, si elle perdure, va, sans nul doute creuser, un peu plus encore, les inégalités entre les élèves en réussite et celleux qui ont du mal à construire le sens de l’école. Les parent.es les plus connivent.es avec les attentes de l’école s’en remettent d’ores et déjà aux nombreuses plateformes payantes en ligne pour assurer la continuité du service public d’éducation – la tragédie sanitaire est une aubaine pour de nombreuses entreprises. Le malheur des un.es… Pour l’heure, l’école à distance annonce donc le retour, publiquement assumé, d’une école indifférente aux différences. Mais quand bien même chacun.e serait formé.e et outillé.e, quand bien même l’Etat aurait pris ses responsabilités en matière d’équipement, le problème de la « continuité pédagogique » serait-il pour autant résolu ? Continuité pédagogique ? Mais de quoi parle-t-on L’école est un espace-temps dans lequel des enfants différents se retrouvent pour « apprendre ensemble », comme le rappelle Philippe Meirieu. Qui peut croire que l’enseignement individualisé par écran interposé peut efficacement s’y substituer ? Nous, éducateur.rices et enseignant.es membres du Groupe Français d’Éducation Nouvelle (GFEN), défendons et mettons en pratique une idée simple (mais qui n’évacue pas la complexité) : on apprend toujours pour soi, mais jamais sans les autres. Nos pratiques pédagogiques tiennent compte de l’importance de la mobilisation de chacun.e. Cette mobilisation – qui ne va jamais de soi, même pour celleux qui réussissent – nous en sommes tous capables. Elle ne peut se réaliser que lorsque les dimensions individuelles, personnelles et subjectives rencontrent la dimension collective, lorsque le sujet rencontre le groupe, lorsque l’individu rencontre la société. Dans la coopération bien sûr, mais aussi dans la confrontation et la contradiction. C’est pourquoi nous faisons le pari de « recréer » en groupe les textes au programme. C’est pourquoi nos travaux de groupe commencent toujours par un travail individuel. C’est pourquoi le « texte à trous » passe par des conflits socio-cognitifs au sein de petits groupes, puis du grand groupe. C’est pourquoi « la lecture silencieuse avec questions préalables » fait appel aux représentations des élèves pour les mettre à l’épreuve (scientifique) du réel, les déconstruire pour les reconstruire et les laisser en recherche au sein de débats. C’est pourquoi retirer les questions (de l’enseignant.e) pour que les élèves puissent s’en poser est souvent nécessaire. C’est pourquoi nous inventons des ateliers d’écriture et d’arts plastiques dans lesquels les élèves conçoivent et produisent des objets, des idées et des textes ensemble. Autant de pratiques que nous diffusons régulièrement dans nos stages et nos publications. Tout ceci est impossible, interdit, confisqué lorsque nous restons entre nous, qui plus est confiné.es derrière nos écrans. La relation professeur.e-élèves et les relations élèves-élèves ne prennent sens que dans le groupe classe, qu’au sein du groupe établissement regroupant toute la communauté éducative. Nos démarches sont donc issues d’un long travail entremêlant collectif et individuel, héritières d’une longue réflexion théorique et pratique. Aujourd’hui, même confiné.es, nous persévérons à nous mettre en recherche pour trouver des pratiques qui correspondent à nos valeurs – la tâche n’est pas aisée – car nous n’abandonnerons l’école ni aux avocat.es de l’individualisme, ni aux responsables de sa décomposition, ni aux détaillant.es de solutions factices. Le fantasme de la technique : quand la télé-école menace de devenir la norme La période que nous traversons est, certes, exceptionnelle. Nous n’avons ni l’intention, ni la légitimité de remettre en question les mesures recommandées par l’Organisation Mondiale de la Santé, ni celles des chercheur.ses en épidémiologie. Ces lignes sont le fruit de la fréquentation longue et assidue, souvent jalonnée d’obstacles, d’enseignantes et d’enseignants, d’élèves, qui se lancent dans les démarches que nous concevons, transmettons, réinvestissons et recréons jour après jour, utilisant le numérique et les ordinateurs sans jamais croire qu’ils peuvent remplacer un tant soit peu un véritable cours : avec des humain.es en présence. Dans les semaines à venir, les militant.es du GFEN inventeront et proposeront de nouveaux outils, de nouvelles démarches afin que la prétendue « continuité pédagogique » ne provoque pas une rupture historique, en créant l’illusion d’une école possible sans classe, d’un apprentissage sans l’autre, d’une éducation sans société. Le GFEN Ile-de-France, réuni en Assemblée générale singulière
Lucien Sève : une pensée toujours vivante, un combat plus que jamais actuel 24 mars 2020 Valérie Pinton Lucien Sève : une pensée toujours vivante, un combat plus que jamais actuel Lucien Sève s’est éteint le 23 mars 2020 Au GFEN nous connaissions bien Lucien Sève ! Parce que les questions d’éducation le préoccupaient grandement Parce qu’il était un ardent défenseur du plan Langevin-Wallon, un lecteur averti de Vygotski et un passeur exigeant parmi d’autres de ses apports théoriques (hommage à Françoise Sève pour son travail de traduction, essentiel pour rendre cette œuvre accessible en français) Parce qu’il a contribué intellectuellement à notre combat contre l’idéologie mystificatrice des « dons » ou autres « talents inscrits dans l’ADN » Parce qu’il est de ceux et celles qui ont pensé sans discontinuer les rapports entre le biologique et le social, entre l’individuel et le collectif, entre sciences et logique dialectique, entre révolution sociale et révolution pédagogique Parce qu’il avait un style d’écriture et de pensée qui fait écho à notre « démarche d’auto-socio construction » des savoirs. Nous pourrions aligner tous les titres de ses ouvrages et articles, et se rendre compte, ainsi, à quel point il a nourri et nourrit encore notre réflexion. Pour le GFEN, il a contribué à « L’échec scolaire, doué ou non doué ? » (1974) dans lequel était repris son célèbre article d’octobre 1964 paru dans la revue L’Ecole et la Nation (« Les « dons » n’existent pas ») ; puis, 45 ans plus tard, il réactualise sa pensée dans « Pour en finir avec les dons, le mérite, le hasard », en titrant sa contribution, non sans un certain humour, « Les « dons » n’existent toujours pas » (2009). Voici comment il concluait à propos de la réussite scolaire, et qui résonne étrangement en mars 2020 : « On comprend ainsi à quel point la résolution du problème dans ses dimensions les plus générales, est conditionné par le sens que le monde social existant donne ou refuse à nos vies — il n’y aura donc vraiment école de la réussite pour tous que dans une société émancipée en profondeur de ses gravissimes aliénations présentes. Mais on conçoit aussi combien, dans ses conditions présentes mêmes, les efforts conjoints des enseignants, des jeunes, des parents, de tous ceux à qui importe le sort des nouvelles générations, sont cependant capables ensemble, sans attendre, de donner sens à l’activité éducative. Et c’est même, sans aucun doute, l’une des très importantes manières de faire pièce au non-sens plus vaste qui nous menace. » (p 34). Nous pourrions ainsi multiplier les citations, les poser comme « problème de pensée sans questions » et, ainsi, engager le débat avec celles et ceux qui continuent de concevoir et vivre les déterminations sociales comme des déterminismes fatalement naturels alors que, pour nous, il est essentiel de « faire avec les différences sans les penser et les vivre comme des inégalités ». Simplement, en ce jour de deuil sans possibilité de manifestation publique, nous voulons rendre hommage à l’un des grands penseurs du 20ème siècle révolu et du 21ème siècle commençant. Celui qui écrivait, en 1964, au début de la bataille d’idées contre les « dons », « l’homme n’est pas un animal », et qui affinait sa pensée en octobre 2019 dans « Carnets Rouges », en pleine polémique sur une certaine neuroscience cognitive : « A l’animalité d’Homo sapiens est ainsi venue se superposer et se surimposer une immense deuxième humanité non plus organique-interne mais sociale-externe, souvent appelée d’un mot très insuffisant « la culture » et qui est en vérité le monde-de-l’humain. Confondre pareil monde avec le simple environnement d’une espèce animale constitue une faute de pensée anthropologique fabuleuse. » Quel chemin parcouru, entre émergence et complexité ! Pascal DIARD, pour le GFEN 24 mars 2020 Pour entendre ou ré-entendre Lucien Sève sur Vygotski, le marxisme et les sciences du psychisme, ce lien vers une émission de télévision laquelle participaient également Jean-Yves Rochex, Gérard Vergnaud et Annick Wel-Barais. Vidéo de Lucien Sève évoquant les rapports entre aliénation, émancipation et communisme, un de ses derniers gros chantiers de travail. Un entretien accordé à EPS et société où il est question de culture, de développement humain, d’émancipation
Une priorité : l’éducation prioritaire 13 juin 2019 Valérie Pinton 21ème Journée nationale OZP, 18 mai 2019 « Pour une évaluation publique de l’éducation prioritaire en 2019 » Introduction – Pourquoi une journée sur l’évaluation de l’éducation prioritaire en 2019 ? Une histoire qui n’est pas linéaire – Marc Douaire, président de l’OZP Cette journée est particulièrement consacrée à la question de l’évaluation de l’éducation prioritaire 2014/2019. Elle se situe dans le prolongement de la rencontre publique OZP du 7 novembre 2018 qui avait présenté les raisons de notre initiative et dans la poursuite du travail engagé lors du séminaire du 9 février 2019. […] En janvier 2017, l’OZP présentait publiquement son Nouveau Manifeste pour l’éducation prioritaire pour éviter que cette refondation importante ne soit suivie comme la fondation de 1981 et comme les 3 relances qui ont suivi par des périodes de silence et d’abandon ou de tentatives de dénaturation. Il fallait affirmer cette exigence dans une période où se multipliaient les attaques idéologiques contre l’existence même de l’éducation prioritaire en dépit de toute évaluation scientifique sérieuse. C’est pour toutes ces raisons que l’OZP, reçue en avril 2017, par le cabinet de J.-M. Blanquer, a demandé que soit conduite l’évaluation nationale de l’éducation prioritaire en 2019. Constatant l’absence de réponse ministérielle, l’OZP décidait de prendre ses responsabilités et de proposer aux réseaux une évaluation des projets de réseaux. Les grandes lignes des réponses à l’enquête – Patrick Picard C’est une enquête collaborative, avec des réponses ouvertes et c’est compliqué de faire l’analyse du corpus. Il faut donc prendre ces premiers résultats avec une extrême prudence pour éviter d’en tirer des conclusions hâtives. Le travail va se poursuivre collectivement jusqu’au séminaire prévu en automne. Nous nous en tiendrons donc à évoquer les thématiques traitées dans l’enquête et attendrons quelques mois pour en avoir une meilleure vue d’ensemble. Qui a répondu à l’enquête ? Majoritairement des personnes individuelles et du 1er degré, comme le montre le schéma ci-dessous. Les questions du formulaire abordaient les points suivants : l’évolution des difficultés sociales, la stabilité des professionnels, la connaissance et l’utilité du référentiel, le développement du travail collectif et ses apports, les priorités de formation, le pourcentage de néotitulaires et de vacataires ou contractuels dans les deux degrés, les principes les plus importants et les plus difficiles à mettre en oeuvre pour la réussite des élèves des exemples de formation pertinente les leviers et obstacles à une formation efficace – avec un essai de catégorisation des obstacles. Enjeux d’une évaluation de la carte de l’éducation prioritaire, Marc Bablet […] Nous vivons dans une société qui magnifie les différences en magnifiant les identités, les individus. L’école, comme le reste de la société est confrontée aux identités sociales, mais aussi aux identités religieuses, culturelles, locales, sexuelles, sanitaires… Est-ce un hasard si l’exacerbation de l’individu, de ses identités fait ressurgir actuellement dans tous les pays développés la peur de l’autre et toutes les formes du racisme ? Si l’identité est reine alors nos malheurs ne peuvent venir que d’une autre identité. Celle du juif, de l’homosexuel, de l’arabe ou du voisin… Face à cela ne faut-il pas promouvoir à nouveau ce qui nous rassemble soit le collectif et l’universel dans l’homme ? Le plan Langevin-Wallon qui au lendemain d’une guerre, qui avait vu l’exacerbation du racisme poussé à l’horreur, proposait non pas une école de la différenciation individuelle mais un enseignement reposant sur le « principe de justice » dont ils disent : « Il offre deux aspects non point opposés mais complémentaires : l’égalité et la diversité » et plus loin « L’enseignement doit donc offrir à tous d’égales possibilités de développement, ouvrir à tous l’accès à la culture, se démocratiser moins par une sélection qui éloigne du peuple les plus doués que par une élévation continue du niveau culturel de l’ensemble de la Nation. » Pour retrouver davantage d’égalité dans la diversité, sans doute faut-il s’y appliquer en remettant en avant le collectif, l’universel et l’intérêt général. Faire classe c’est d’abord travailler avec un groupe dans lequel on respecte chaque personne. L’intérêt de la classe n’est pas d’exacerber les individualités. L’intérêt de la classe est de reconnaître ces individualités pour en faire les forces d’un collectif qui vise à l’universalité. Ainsi conçue l’école n’a pas besoin d’être inclusive pour être l’école de tous. Il suffit qu’elle soit l’école « du développement maximum » de chacun pour reprendre une autre formule du plan Langevin Wallon. Dans cette perspective le pas principal a été fait par la loi de 2013 qui a rappelé dans l’article L111-1 du code de l’éducation « Tous peuvent apprendre, tous peuvent progresser ». Et la loi en cours de discussion ne modifiera pas cet article qui est celui qui s’impose vraiment comme le cœur de la loi. Dans cette perspective il est décisif que la question de la carte de l’éducation prioritaire soit adossée à une conception de la société qui vise la mixité sociale, c’est-à-dire cette conception des espaces de vie communs à la diversité des personnes qui composent la société. Ainsi idéalement devons-nous porter l’idée de lieux de vie où se croisent toutes les couches de la société, toutes les origines, toutes les religions, toutes les réalités et pratiques personnelles. Bien sûr que nous souhaitons la mixité sociale d’abord pour la société dans son ensemble et aussi pour les enfants dans les écoles, pour leur compréhension de l’autre, le vivre ensemble, l’apprentissage de la citoyenneté démocratique. Conclusion – Marc Douaire De 2012 à 2017, beaucoup a été fait en peu de temps. […] La 20ème journée nationale de l’OZP, organisée le 26 mai 2018, était intitulée : « Quelles autonomies pour faire réussir tous les élèves ? ». Les travaux de cette journée mettaient en évidence des formes d’autonomie engagées localement depuis plusieurs années par des réseaux d’éducation prioritaire. Citons notamment l’expérience de réseaux apprenants dont l’action se fonde sur 4 principes : Des pratiques pédagogiques pensées collectivement afin de traiter la difficulté scolaire dans la classe Des collectifs de travail, avec dans certains cas l’existence d’une commission interpartenariale de suivi des difficultés des élèves Des instances de régulation : comité de pilotage, commission école/collège…mais aussi un travail collectif sur les tableaux de bord Un leadership partagé : les pilotes se situent davantage dans l’accompagnement des équipes et comme garants du projet. […] Les premiers résultats de notre enquête collaborative mettent clairement en évidence cette construction de collectifs de réseaux partageant petit à petit une culture professionnelle commune. Il s’agit là d’un processus de maturation collective autour des principaux leviers de progrès identifiés par les réseaux : les effets produits par les structures (postes supplémentaires, temps de concertation, efficience du pilotage, mesures favorisant la stabilité des personnels…), la qualité et la pertinence de la formation, l’engagement professionnel des équipes de réseau. Entreprendre cette évaluation publique de l’éducation prioritaire 2014/2019 avec l’ensemble des acteurs des réseaux : C’est avant tout pour permettre d’améliorer tout ce qui concourt à une meilleure réussite des élèves de l’éducation prioritaire, C’est mettre en évidence les actions et les évolutions professionnelles qui favorisent la démocratisation de l’école, C’est mieux faire connaître la réalité de l’éducation prioritaire telle qu’elle est engagée dans de nombreux territoires. L’intégralité est à lire sur le site de l’OZP Isabelle LARDON
Loi pour « une école de la confiance » : analyses et propositions du CAPE 24 avril 2019 Valérie Pinton Le Collectif des Associations Partenaires de l’école publique (CAPE), dont le GFEN fait partie, analyse le projet de loi , rappelle et donne à lire ses propositions pour renforcer l’Ecole de la République. Quand 20 mois de mesures sont censés faire politique éducative ! Dans un contexte où le débat démocratique avec l’ensemble des acteurs concernés n’a pas eu lieu sur la transformation de la politique éducative du pays, le CAPE témoigne de ses analyses, rappelle ses positionnements et donne à lire ses propositions pour renforcer l’Ecole de la République. Celles-ci, rédigées en six points distincts, s’articule autour de cinq idées forces : 1) Le CAPE exprime son désaccord avec une conception « libérale » qui semble largement mésestimer les ressorts de la panne de la démocratisation de la réussite que l’on constate depuis le milieu des années 1990, et qui organise un système en accord avec la philosophie classique et critiquable de « l’égalité des chances ». 2) Si la liberté de choix est l’un des maîtres mots de la confiance dans le système scolaire évoquée par le ministre, nous craignons cependant que cette conviction n’amplifie la différenciation compétitive de « l’offre » scolaire, ainsi que le séparatisme social et culturel. Vers une marchandisation accrue de l’Education ? 3) Si l’intention du ministre est de lutter contre la « baisse inexorable du niveau scolaire », il conviendrait sans doute de s’entendre sur ce qui baisse et pourquoi, et sur la vision que l’on se fait des exigences à venir en termes de défis sociaux, culturels et environnementaux auxquels nous devons préparer les générations futures pour une lecture complexe du monde. 4) Les récentes condamnations à l’encontre « des pédagogies de la découverte » dont « l’inefficacité aurait été cent fois démontrée » s’apparentent à une sorte de liquidation assez simpliste de près d’un siècle de savoirs pratiques et théoriques nourris de la diversité des courants de l’éducation nouvelle. Fin de la visée émancipatrice de l’acte éducatif ? 5) Si l’on veut réellement reconstruire la confiance de tous les acteurs dans l’institution, il est essentiel de recréer, à toutes les échelles de territoire, de vraies dynamiques de débats, d’implication et de co-construction mobilisant l’ensemble de la communauté éducative, sans oublier les jeunes, les familles et les partenaires de l’Ecole (associations et collectivités). Lire le texte
TRACeS n°234 Tous capables, Hein !? Un dossier de la CGé où les propositions se succèdent pour que la profession de foi devienne réalité. 25 février 2018 Jacqueline Bonnard Que nos amis de la CGé décident d’explorer notre pari philosophique dans un dossier, voilà qui nous intéresse et nous intrigue. Comment vont-ils le décliner? Quels angles d’attaque? Quel(s) public(s)? Questions de société? Questions de métier? Tout commence par l’édito qui permet de revisiter le « tous capables » d’écrire un édito ! Au-delà du risque à prendre quel cadre bienveillant permet de dépasser ses peurs, de se dédouaner du regard de l’autre ? Ecrire un édito, c’est trouver dans les textes du dossier un fil conducteur, une problématique qui traverse les différents articles. « Croire au Tous capables amène finalement à se demander : à quoi sert l’école ? À quoi voulons-nous qu’elle serve ? Tous capables, oui, mais, pour faire quo? » Posture exigeante. Véronique Baudrenghien pose le dilemme auquel l’enseignant est confronté lorsqu’il faut décider d’une orientation d’un élève vers un enseignement spécialisé. A-t-on raté quelque chose ? Est-ce une question de compétences professionnelles ? Après la décision prise à la satisfaction des adultes référents, d’où vient ce malaise lorsqu’on a le sentiment de séparer l’enfant de ses camarades d’une même classe d’âge ? L’auteure constate la corrélation entre inégalités sociales et inégalités scolaires et s’interroge sur le destin de ces enfants s’ils avaient été issus d’un autre milieu social : enfants d’enseignants par exemple. « Il s’agit ici de tout ce que les familles de milieux culturels proches de l’école peuvent mettre en place pour leurs enfants en grandes difficultés scolaires, parce qu’ils comprennent mieux les enjeux d’une orientation, parce qu’ils ont les moyens financiers nécessaires pour suppléer aux manques d’encadrement dans l’enseignement ordinaire pour ces enfants [ ] ». De fortes complicités. Jacques Liesenborghs revient sur le contexte dans lequel le « Tous capables » du GFEN s’est invité en Belgique dans les années 80 lors de formations : une véritable provocation ! Le vécu des démarches d’autosocioconstruction en ont convaincu plus d’un à inventer de nouvelles pratiques en puisant notamment dans les propositions de la pédagogie institutionnelle. Il s’agit d’un pari éthique s’appuyant sur le principe d’éducabilité qui transforme le regard posé sur l’autre, son propre rapport au savoir, à la société, au monde. L’orthographe, un défi pour l’égalité ? Danièle Cogis identifie la maîtrise orthographique comme marqueur social même si les enfants de toutes les classes sociales peuvent être atteints par la peur de la faute. Elle démonte la croyance selon laquelle « c’était mieux avant » lorsque les enseignants ne présentaient au certificat d’études que les élèves prêts à réussir en dictée. On est loin du mythe de toutes les grands-mères qui ne faisaient aucune erreur. C’est par un apprentissage réflexif que la compréhension de la langue se construit et favorise une mise en ?uvre orthographique pertinente. Tous capables ? Mais de quoi ? Dominique Bucheton énumère les visées d’une réforme de l’éducation : apprendre à tout élève de penser par lui-même, qu’il inscrive son développement dans un contrat scolaire, qu’il trouve les formes d’enseignement et les dispositifs lui permettant de comprendre et de s’adapter aux attentes de ce socle, que les élèves apprennent à vivre et à travailler avec leurs pairs. Ce qui oblige à repenser collectivement le métier d’enseignant afin de s’adapter à la grande hétérogénéité sociale, culturelle et langagière des élèves accueillis. Cela peut passer par des changements simples pour commencer et oser faire varier les dispositifs dans la conduite de la classe. Les Cerfs-volants de Trois-Ponts. Pascale Lassablière s’inscrit dans une filiation, celle du tous capables, tous chercheurs, tous créateurs depuis sa rencontre, il y a une quinzaine d’années avec Odette et Michel Neumayer. Elle présente le projet d’une maison de quartier et d’une bibliothèque pour accompagner de jeunes mineurs demandeurs d’asile en leur faisant vivre un moment dense et positif. Tout part d’un objet culturel très fort en Afghanistan : le cerf-volant. En fabriquer, en parler, écrire et échanger autour de la métaphore de l’objet : Quel rapport entre un cerf-volant et la vie ? En travaillant sur des textes de poètes ayant écrit sur la liberté, le vent, l’amour de la vie, les mots et les images surgissent. A chaque atelier, un texte collectif est produit et progressivement les relations se tissent. Un support pour réussites. Marie-Luce Latran nous présente un outil mis en place dans sa classe de maternelle : un porte-folio qu’on nommerait en France « cahier de réussites ». Loin de l’évaluation formelle, il permet à l’enfant de s’inscrire dans un projet : grandir dans la classe et à l’école. Chacun repère ce qu’il a réussi même si c’était difficile, appris : dessins, photos, dictée à l’adulte avant de présenter cela à ses parents lors d’une visite à l’école. Chaque enfant a l’occasion de mettre en avant ses forces et ses qualités et d’énoncer un défi. Un projet à analyser et à consolider. La plasticité cérébrale, clé de l’apprentissage. Catherine Vidal montre que les neurosciences ont permis de modifier notre perception du développement du cerveau et de battre en brèche certaines théories selon lesquelles tout serait joué avant six ans : le cerveau est un organe dynamique qui évolue tout au long de la vie. L’imagerie cérébrale permet de visualiser les régions du cortex concernées selon les apprentissages et les grandes capacités de plasticité de celui des enfants. L’opposition entre inné et acquis semble dépassé puisque l’interaction avec l’environnement est la condition indispensable au développement et au fonctionnement du cerveau. Mais à chacun son cerveau car aucun cerveau ne ressemble à un autre, chacun ayant son histoire personnelle faite d’interactions lors de rencontres personnelles et d’expériences individuelles. Mais peut-on voir un cerveau penser ? Chaque cliché est une image dans une situation pour une personne donnée et à un instant « t » et ne dit rien de ce qui la mobilise. C’est dans la relation avec le monde et avec les autres humains que se forge la personnalité et que se structure la pensée. Des visages, des figures. Thomas Michiels, volontaire dans une école de devoirs, aborde le thème de l’évaluation. A quoi servent les notes, interroge-t-il ? Il constate l’impact désastreux de la « mauvaise note » chez les élèves en difficulté au niveau de l’image de soi et de leur capacité à se projeter jusqu’à les conforter dans l’idée qu’ils relèveraient d’un enseignement spécialisé. La note devient un outil à trier et sélectionner qui renvoie à l’élève et ses parents la responsabilité de l’échec sans expliciter les pistes d’action à envisager pour surmonter les difficultés rencontrées. Pourquoi l’idéologie des intelligences multiples plait-elle tant ? Pierre Waaub interroge : cette théorie sonnerait-elle le glas du tous capables ? Ou ne serait-elle qu’une nouvelle forme plus policée de justification des inégalités scolaires ? La proposition de Gardner est une théorie scientifiquement contestée et pourtant elle rencontre un certain succès dans le monde de l’éducation. Il existe une ambiguïté entre ensemble d’habiletés et intelligences. Pour valoriser un individu, on peut mettre en avant ses habilités et lui proposer des apprentissages s’appuyant sur « son type d’intelligence » au risque de ne pas développer chez lui d’autres aptitudes nécessaires à la formation de tout un chacun. Cette théorie permet de classer les élèves selon leurs intelligences et de proposer un panel d’apprentissages adaptés dans lequel chacun pourra picorer dans son bol ce qui le motivera à venir à l’école. Ceci va à l’inverse de ce qu’il faudrait : travailler toutes les habiletés avec tous les élèves pour les rendre tous capables de réussir des apprentissages dans tous les domaines, porter pour tous les élèves l’ambition d’une culture commune et exigeante. Gênés en maths. Renaud Coché s’insurge contre le fatalisme affiché des « nuls en maths » et affirme que tous les élèves sont capables d’y réussir : mais sont-ils tous également capables ? Il réfute l’idée que sous prétexte que l’élève éprouve des difficultés en mathématiques, il faudrait lui en donner moins. Il propose d’adopter une autre posture : établir une relation de confiance et travailler progressivement sur le rapport de l’élève au savoir mathématique. Mais cela ne suffit pas à lever tous les obstacles lorsque les bases ne sont pas maîtrisées. La faute à l’évaluation ? Une extrême dépendance didactique aux années précédentes ? La question de l’enseignement des mathématiques est un dossier à investir. Du sur mesure plutôt que de la taille unique. Joanne Deprez enseigne à l’école maternelle. Véronique Baudrenghien l’interroge sur le pari du Tous capables lorsqu’on accueille de jeunes enfants dont l’origine sociale est très hétérogène. Penser l’enfant capable d’apprendre c’est le mettre dans de bonnes conditions d’apprentissage, c’est l’accueillir tel qu’il est et rendre accessibles les savoirs visés. Certains ont davantage besoin d’étayage que les autres : selon les aptitudes et les comportements repérés, l’enseignant adapte les demandes pour stimuler le désir d’apprendre. C’est dans les activités quotidiennes qu’on peut repérer ce que les enfants sont déjà capables de faire (pas besoin de test ou d’évaluation normée), et sur ce déjà-là, on bâtit des apprentissages « plus disciplinaires ». Le CEFA, l’école autrement. Claudia Taronna relate le parcours de Paolo dans « cette école de la dernière chance ». Comment accueillir ces jeunes, primo arrivants, que la barrière de langue isole dans les relations sociales ? C’est par une prise en charge collective des différentes problématiques liées à son parcours de vie par les professionnels que progressivement la situation s’est améliorée : maîtrise de la langue, apprentissage des gestes professionnels, intégration sociale. Tous capables de mener chacun au plus loin de sa formation professionnelle, personnelle et sociale suppose de laisser à chaque jeune le temps d’exercer son pouvoir sur les choses, de faire des erreurs et progresser car on croit dans son potentiel et sa capacité de réussite. Un dossier très intéressant donc (à la conception graphique équilibrée, très agréable pour le lecteur !) qui permet de décliner ce pari du TOUS CAPABLES sur tous les niveaux de scolarité. Il manquerait peut-être un volet concernant la formation initiale et continue des personnels de l’éducation en termes d’apports théoriques pour étayer le principe d’éducabilité. Le parti-pris philosophique ne suffit pas à lever les doutes liés au paradoxe du développement de la pensée chez l’élève qui ne s’accompagne pas toujours d’une réussite scolaire dont les critères institutionnels s’appuient sur des compétences acquises dans les familles en connivence avec l’école mais de ce fait facteurs de discrimination pour les autres. accéder à la page du site CGé Jacqueline Bonnard février 2018
ATD Quart Monde lance une recherche « École : Pour une orientation qui laisse sa chance à tous » 14 février 2018 Valérie Pinton ATD Quart Monde lance une recherche à partir d’un constat : les élèves orientés vers les filières spécialisées ou du handicap sont en grande majorité desenfants en situation de pauvreté. Comment sortir de cette «fatalité » ? Au départ, un chiffre qui en dit long : près des trois quarts(72 ,1%) des élèves de SEGPA, ces classes de collège pour élèves en grande difficulté, sont issus de catégories sociales défavorisées. La statistique a été publiée par le ministère de l’Education nationale.C’est une réalité : plus souvent que les autres, les enfants en situation de pauvreté sont orientés très tôt à l’école. On les retrouve sur-représentés dans les classes spéciales réservées aux élèves en grande difficulté et dans les filières du handicap. Comme si le fait d’être dans une famille en précarité les y destinait. Pour ATD Quart Monde, cette orientation précoce, hors du cursus classique, ne peut être une fatalité. Comment sortir de cette spirale qui pèsera plus tard sur leur insertion professionnelle ? Comment privilégier une orientation choisie qui donne ses chances à tous ? C’est l’enjeu de la recherche lancée par le Mouvement avec ses partenaires. Un groupe de travail a d’abord réalisé une trentaine d’auditions – médecins scolaires, psychologues, parents…. Elles ont débouché sur une synthèse qui sert de base de travail. La recherche est menée selon la méthode du Croisement des savoirs – des groupes de « pairs » (enseignants, parents, chercheurs… ) « croisent » leurs savoirs. La première séance a eu les 21 et 22 octobre 2017. La seconde, les 9 et 10 décembre (voir ci-contre) et la dernière est prévue les 3 et 4 février. Fin 2018, la recherche devrait se conclure avec des propositions pour une orientation réellement choisie. Lire la suite
Jean-Michel Blanquer. Une politique scolaire et de droite et de droite, par Alain Beitone 15 septembre 2017 Valérie Pinton A lire sur le site du GRDS (Groupe de Recherche sur la Démocratisation Scolaire) Alain BEITONE 2 septembre 2017 Nous avons montré à quel point il était important, dans les débats sur l’école , de bien distinguer les discours libéraux et les discours conservateurs (Beitone et Pradeau, 2016). L’analyse du discours, des propositions et des premières mesures de Jean-Michel Blanquer confirme la nécessité de cette grille d’analyse. Toute une partie du discours de Blanquer vise à caresser dans le sens du poil les tenants de l’approche conservatrice. Par exemple la distribution aux élèves des Fables de La Fontaine (auteur injustement instrumentalisé par les tenants du retour en arrière en matière éducative) est saluée à droite. Alain Finkielkraut (inlassable contempteur de la pédagogie) apporte son soutien au ministre et à son directeur de cabinet qui veut « restaurer les grands textes patrimoniaux dès le plus jeune âge » (L’Obs du 24/08/2017). Au demeurant, il faut rappeler qu’après la publication, en 2016, de son livre « L’école de demain » (Odile Jacob), Blanquer était présenté par les médias comme le probable ministre de l’Eduction Nationale de François Fillon. A la veille de sa désignation au ministère, Blanquer accorde un entretien au très conservateur site SOS-Education, proche notamment de la manif pour tous. L’article sera précipitamment retiré du site par l’association éditrice qui ne veut pas « causer du tort au ministre » mais se réjouit bruyamment de sa nomination. Le Figaro, pour sa part, rappelle, en s’en réjouissant, que lorsqu’il était recteur de l’académie de Créteil, Blanquer faisait chanter la Marseillaise aux écoliers et organisait des stages de « tenue de classe » pour les professeurs (Le Figaro, 17/05/2017). Et Blanquer vient de relancer le projet d’apprendre la Marseillaise à tous les écoliers. Il veut aussi développer à nouveau les internats d’excellence et favoriser un recours plus large au redoublement. Après sa prise de fonction, le ministre donne une interview au Monde (un journal plus convenable que SOS éducation) dans laquelle il dénonce le clivage gauche-droite « qui a fait plus de mal que de bien à l’éducation ». Plus de clivage donc, du « pragmatisme ». Parmi les éléments de langage qui réjouissent les conservateurs, il y a la dénonciation par Blanquer de l’égalitarisme. Le titre de son entretien à l’Obs (24/08/2017) est d’ailleurs le suivant : « Le discours égalitariste est destructeur ». Bref Blanquer c’est « la droite complexée » (ou qui avance masquée). Lire la suite
Comptes-rendus de la journée OZP du 20 mai 2017 30 mai 2017 Valérie Pinton Retrouvez les comptes-rendus de la journée nationale de l’OZP « Poursuivre et renforcer l’éducation prioritaire » qui s’est tenue le 20 mai, à Paris. Parmi lesquels le compte-rendu de l’atelier « Le premier degré en éducation prioritaire : ce qui marche et ce qui est transférable » animé par Patrick Picard (C. Alain Savary), avec l’intervention de Jacques Bernardin. Lire
La politique éducative face au défi de penser le numérique, par Julien Rabachou 14 avril 2017 Valérie Pinton Il semble impossible de réfléchir à un programme d’amélioration et de réforme de l’école, de se prononcer sur le rôle que l’éducation doit jouer pour améliorer notre société dans les prochaines années, de mener une quelconque réflexion programmatique, si l’on ne prend pas en compte le profond changement anthropologique que viennent de produire les nouvelles technologies. Le philosophe Julien Rabachou, qui co-anime l’Observatoire de l’éducation de la Fondation Jean-Jaurès, analyse les nécessaires mutations de l’école face au numérique. La nouveauté historique de cette mutation nous la rend évidemment difficile à penser et à concevoir dans toute son ampleur : pouvons-nous même prévoir vers quelle voie inédite de développement elle conduira l’humanité ? Le seul constat que nous pouvons raisonnablement produire reste pour le moment l’importance de la révolution. Révolution de l’écrit tout d’abord, avec l’apparition puis la généralisation du numérique : nous voici désormais, adultes comme enfants, face à des écrans davantage qu’à des livres, et il faut retourner au moins « à l’aube de l’Europe moderne », aux origines de l’imprimerie, pour trouver un bouleversement de si grande ampleur, et dont l’ampleur même échappa évidemment à ses contemporains ⌈1]. Or là où l’imprimerie a produit à la fois de nouvelles institutions, les grandes bibliothèques, et un nouvel esprit, celui de la Réforme, le progrès du numérique apporte lui aussi dans son sillage une institution absolument nouvelle, l’internet, et un esprit nouveau, celui des réseaux. La récente révolution de l’écriture, contrairement à la précédente sur ce point, n’est en outre pas sans conséquences physiologiques et cognitives, surtout chez les individus qui l’ont connue enfants ou adolescents, et dont le cerveau s’est trouvé façonné en plein devenir par l’environnement numériséAcadémie des Sciences[2]. Ainsi, l’essor du numérique engendre un homme authentiquement nouveau, dont les relations sociales se trouvent transformées, virtualisées, comme en témoignent les réseaux sociaux sur lesquels nous choisissons d’exposer nos vies, en croyant paradoxalement exhiber notre individualité là où le plus souvent nous tombons dans la plus grande uniformité. À cette anthropologie nouvelle s’ajoute enfin, pour ce qui nous intéresse, la révolution de notre accès et de notre relation au savoir ; les nouveaux outils de connaissance dont nous disposons, par exemple les liens hypertextes, les moteurs de recherche ou les encyclopédies en ligne, impliquent que nous définissions, chacun pour soi et sans modèle préconçu, de nouvelles méthodes de recherche, de nouveaux critères de tri entre ce que nous retenons et ce que nous excluons, parmi le foisonnement non hiérarchisé de ce que nous lisons. […] Lire la suite
Loi de refondation de l’école : rapport annuel du comité de suivi (2016) 3 mars 2017 Valérie Pinton rapport annuel du comité de suivi (2016) Le Comité de suivi a travaillé en 2016, comme il s’y était engagé, sur les mêmes sujets que dans son rapport annuel 2015, en tant qu’ils constituent les chantiers prioritaires engagés par la loi du 8 juillet 2013 : la mise en œuvre de la priorité au premier degré et le cycle 3, commun aux premier et second degrés, la réforme de la formation des enseignants et en particulier les écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE), la mise en place des nouvelles instances de gouvernance que constituent le Conseil supérieur des programmes (CSP) et le Conseil national de l’évaluation du système éducatif (CNESCO). Il a choisi cette année de faire également un point thématique sur la mise en œuvre du nouveau service public du numérique éducatif, enjeu d’une grande importance pour l’égalité à laquelle tend le service public d’éducation.Le Comité a conservé les mêmes modalités de travail que pour le rapport annuel 2015. Il a rencontré des acteurs et partenaires de tous les niveaux de l’action publique, dans le cadre d’auditions à Paris et dans les académies, sur la base de questionnaires exhaustifs. Il a également recueilli des informations par enquêtes à diffusion large. On trouvera en annexe la liste des personnes auditionnées, des académies visitées et des exemples des questionnaires proposés. Il a arrêté ses observations en décembre 2016. Concernant la méthodologie du suivi, le Comité a décidé de rendre compte de ses observations selon les mêmes 10 critères que ceux identifiés en 2015 pour suivre l’application de la loi : le délai de la réglementation, les contenus et la cohérence de cette réglementation, l’affectation des moyens, l’organisation, l’accompagnement et le pilotage, le portage et la communication, l’intégration de l’évaluation dans les pratiques, la mise en mouvement des pratiques, la logique de la mise en œuvre, la perception du changement. Sa priorité a été d’être à l’écoute des acteurs et usagers de la loi, partant du principe qu’une loi s’applique quand ses usagers se la sont appropriée. Aussi le Comité a-t-il été très attentif à la mesure des écarts entre les intentions du législateur et les réalités de l’application de la loi, dans le respect de sa position qui n’est ni celle du contrôle, ni celle de l’inspection, mais bien celle du suivi. Il est reparti des observations dont il avait fait état dans le rapport annuel 2015 et a tenté de percevoir les évolutions de la mise en œuvre de la loi, leurs raisons, leurs freins et leurs perspectives au travers de recommandations. lire le rapport lire la synthèse du rapport