Ecrire et faire écrire… pour amener l’élève à « penser le stylo à la main »

Ecrire et faire écrire…

Retour sur deux ateliers-débats
avec Dominique BUCHETON
 
à Tours, le 13 mars
à Chartres, le 14 mars
Plutôt que de se lancer dans une « conférence sur », Dominique BUCHETON plante le décor et propose de travailler sur deux situations de classe : l’une en CP où les élèves confrontés à l’élaboration d’un courrier aux parents apprennent à lire en écrivant le texte de la lettre, l’autre en classe de troisième où chaque groupe adopte un point de vue différent à partir d’une même situation, le voyage en diligence décrit dans le roman de Maupassant : Boule de suif.

Pour chacune des vidéos, on est plongé dans l’ordinaire de la classe avec deux enseignantes ayant opté pour des travaux dirigés de groupes centrés sur une tâche prescrite : écrire individuellement et ensemble dans l’objectif d’une production socialisée. Il s’agit d’une lettre aux parents pour les CP, de la lecture scénarisée d’un texte produit collectivement à l’ensemble de la classe pour les élèves de troisième.

Puis l’assemblée se sépare en deux groupes d’échanges. La consigne donnée aux participants de l’atelier est,  soit de se centrer sur la posture de l’enseignant, soit de se centrer sur la posture de l’élève.
Pour la posture de l’enseignant, on repère :
–  la formulation de l’objectif visé : « la lettre aux parents » (CP), la production d’un texte qui sera lu à l’ensemble de la classe (3ème ) ;
– l’organisation spatiale en petits groupes de travail ;
– la mise en lien ;
– une attitude d’accueil et de bienveillance, le recours à la reformulation ;
– l’acceptation de toutes les paroles.
Du côté des élèves, on note :
– la grande concentration et une réelle mise en activité ;
– l’acceptation du point de vue de l’autre et le recours à l’argumentation ;
– l’entraide et la coopération.

A partir de ces constats et en s’appuyant sur son multi-agenda, Dominique Bucheton, décrypte les différentes postures  possibles et observées chez  l’enseignant dans le cadre des cours :  accompagnement, contrôle, lâcher-prise, enseignement, « du magicien ». « L’enseignant expert est celui qui sait circuler sur l’ensemble d’entre elles ».

Les élèves, quant à eux, disposent de plusieurs postures pour moduler leur engagement dans l’activité proposée : posture de refus, première (faire), ludique, réflexive, scolaire, dogmatique.
Il existe une forte corrélation entre les postures de l’enseignant et celles des élèves : ainsi une posture de contrôle très prégnante chez l’enseignant génère une posture très scolaire chez des élèves fragiles. Dominique Bucheton affirme que le sur-cadrage explique en partie l’échec du modèle des processus rédactionnels chez des élèves dont le rapport à l’école et à ses normes est négatif.
Elle demande aux enseignants de porter un autre regard sur les écrits des élèves et de les prendre en compte afin de « faire sortir les talents ». Il conviendrait de travailler davantage sur l’axe de la variation : pratiques langagières, posture de lecture, d’écriture, mais également sur les supports. L’écriture n’est pas seulement communicative, elle doit être également réflexive et créative ce qui reste encore largement un impensé pédagogique. C’est pourtant cette deuxième visée  de l’enseignement de l’écriture qui permet de nommer, penser et organiser le monde et les savoirs sur le monde.
Elle invite les enseignants à oser sortir des pratiques habituelles en créant des situations où les élèves prennent réellement plaisir à écrire et progressivement apprivoisent leur stylo et commencent à en jouer.
Jacqueline BONNARD
en complément 
– Le diaporama de Dominique Bucheton : le multi-agenda
– La recension du livre de Dominique BUCHETON : Refonder l’enseignement de l’écriture
sans oublier
Le prochain rendez-vous : les 8èmes Rencontres Nationales de Saint Denis, « L’écriture, éducation prioritaire », le 11 avril 2015