La mixité sociale à l’école, de Choukri Ben Ayed Tensions, enjeux, perspectives Choukri BEN AYED Armand Colin avril 2015, 224 p., 22,50 € Choukri Ben Ayed poursuit son travail sur les inégalités et interroge une mixité sociale présente dans nombre de discours sur l’école tout en demeurant une catégorie floue. Dans cet ouvrage il analyse les différentes conceptions qui s’opposent, interroge les catégories convoquées (sociales, ethniques, culturelles, économiques…) et montre qu’elles impliquent des choix qui ont des incidences concrètes sur les parcours scolaires, en particulier des enfants des classes populaires : plus s’affirment des intentions en matière de mixité et plus se creusent les écarts ségrégatifs. Le premier chapitre est un rappel historique, tout à fait nécessaire en cette période dite de refondation, des choix de l’école des choix de l’école de la république à sa création : une école inégalitaire, reposant sur des principes méritocratiques qui perdurent. Rappel historique, poursuivi dans deux chapitres consacrés aux politiques menées en terme de carte scolaire, avec en particulier un développement très explicite des conséquences de la politique menée par Sarkozy. Politique qui a conduit à l’accroissement des ségrégations scolaires et jusqu’à une remise en cause de la sectorisation, dont on mesure bien les effets : autonomie des établissements, concurrence entre eux, place du privé, recul d’une politique nationale qui renvoie les responsabilités aux administratifs locaux. Par ailleurs Choukri Ben Ayed montre comment la généralisation du système informatique Affelnet, qui permet pour les élèves et parents les plus avertis de faire leur marché dans la recherche de l’établissement le mieux côté dans la grille concurrentielle de l’offre, rajoutant de la ségrégation là où elle est de plus en plus criante. Choukri Ben Ayed ne s’arrête pas à une analyse aussi fine soit-elle de l’état des lieux. Il apporte des outils conceptuels pour définir la notion de mixité sociale, des outils de mesure pour comprendre les écarts entre discours et réalité. Il fait également des propositions pour sortir d’une situation où se conjuguent hiérarchisation et méritocratie, alors que la mixité est particulièrement faible en France : redonner place à l’état tout en pensant les articulations entre national et local, limitation de la concurrence entre établissements, traitement de la question de l’école privée… En fin d’ouvrage il développe l’action du Conseil général du Val de Marne qui a fait de l’éducation une priorité sur la base du « tous capables » inscrit dans le projet éducatif départemental. Il n’y a donc pas de fatalité, y compris en matière de mixité sociale à l’école Christine PASSERIEUX 31/05/2015 3 juin 2015 Valérie Pinton