La question de l’action éducative à l’échelle d’un quartier GFEN Île de France : Valérie SULTAN, Jeanne DION Le « Groupe Réseau Éducatif » du quartier du Bois l’Abbé à Champigny dans le Val de Marne impulse depuis un an et demi une dynamique de réflexion entre différents partenaires :éducation nationale, conseil départemental, municipalité, et des associations de quartier ? « Les Femmes relais », « Unies pour Tous » -qui ensemble se regroupent à la « Maison pour Tous » du quartier.Tout au long de l’année, des rendez-vous sont proposés pour réfléchir et tenter d’apporter des solutions aux problèmes éducatifs rencontrés dans et hors l’école. Le mercredi 9 décembre 2015, le quatrième de ces rendez-vous a réuni 170 personnes dont 125 enseignants des premier et second degrés de la 18e circonscription de Champigny, en REP+ et 45 acteurs territoriaux et associatifs. Ce large public a assisté avec une attention soutenue à une conférence de Serge Boimare, psychopédagogue, qui sur la base de ses travaux et de son expérience, propose de mettre en oeuvre une démarche de « médiation culturelle » propre à surmonter les situations de blocage qui empêchent de nombreux élèves d’entrer avec force dans les apprentissages et sont une cause majeure du décrochage scolaire. Madame Sache, Inspectrice de l’Éducation Nationale de la 18e circonscription, a introduit l’après-midi en soulignant l’intérêt porté à la question des élèves en difficulté et en remerciant les personnels de l’éducation nationale, les partenaires acteurs de l’éducation, le GFEN et Serge Boimare. La conférence de Serge Boimare a suscité ensuite des échanges particulièrement riches permettant d’avancer sur de nombreuses problématiques de fond : comment passer de la théorie à la pratique dans les classes ? Quels rapports l’institution entretient-elle (ou pas) avec la réflexion pédagogique et didactique ? Jeanne Dion, membre du GFEN, est intervenue pour décrire dans le détail une pratique pédagogique intitulée »le texte recréé », ce qui a permis de rendre « vivante » et »visible » une activité concrète de classe, tout en démontrant l’efficience de la recherche en didactique pour ouvrir des horizons prometteurs au sein de notre système éducatif, en opposition aux sempiternels discours de déploration, qui paralysent toute réflexion. Le débat s’est poursuivi avec une intervention sur la question de la sélection à l’école. La conférence de Serge Boimare a permis de démontrer qu’il était possible de dépasser cette question en développant des pratiques de nature à faire réussir l’ensemble des élèves. Les échanges ont également donné lieu à des témoignages particulièrement éclairants, émanant à la fois d’anciens élèves décrocheurs, mais également de parents et d’acteurs sociaux qui ont pu faire partager leur expérience. Une intervenante a insisté sur l’importance de « l’intergénérationnel » permettant aux acteurs éducatifs de tous âges de construire collectivement leurs savoirs, leur expérience et leurs pratiques. La question de l’interculturel et de l’anthropologie des cultures a également traversé de nombreuses interventions :plusieurs intervenant-e-s ont considéré que cette problématique majeure ne faisait pas suffisamment l’objet d’une réflexion de fond et gagnerait à être davantage prise en compte dans la formation. D’autres échanges ont eu lieu autour de la question de la »gestion de classe » et de « l’autorité », deux questions particulièrement lancinantes, auxquelles les travaux de Serge Boimare et du GFEN ont permis d’apporter des réponses en dépassant les idées reçues et les lieux communs. La posture de l’enseignant, son statut vis-à-vis de la classe,son rôle dans la relation pédagogique ont également été abordés, de même que la dialectique incontournable entre individu et collectif dans la construction des apprentissages. L’intervention de Serge Boimare a permis de faire émerger des discussions très constructives, qui ne demandent qu’à être approfondies. Elle a surtout permis, au-delà des idées reçues et des poncifs qui paralysent si souvent la réflexion, de travailler à rendre visible ce qui se passe à l’école, avec tous ceux qui, dans un quartier, participent à l’action éducative, en proposant de dépasser les difficultés en étant créatifs. Lire l’intervention de Serge Boimare : « N’ayons plus peur des « mauvais élèves », c’est sur eux que repose le secret pour améliorer l’école ! » 19 janvier 2016 Valérie Pinton