Où va l’éducation prioritaire ?

L’OZP fait paraitre un communiqué inquiet. Marc Bablet publie des articles extrêmement bien documentés et affirme des positions tranchées sur la question. Pour l’association et pour cet ancien IA-IPR qui a mis en place la refondation de l’éducation prioritaire sous le gouvernement précédent, il n’y a pas d’évaluation de l’éducation prioritaire, pas de formation de formateurs, pas de pilotage mais une communication uniquement basée sur les dédoublements de classes et les Cités éducatives qui ne mettent pas l’Ecole au cœur du système.

Le GFEN, qui intervient avec ses formateurs et formatrices à tous les échelons de la formation en REP+ et de la formation de formateurs, soutient ces deux formes d’expression : le communiqué et le blog.

Il vous incite à lire le communiqué de l’OZP.

Il engage les acteurs et actrices du terrain à répondre au questionnaire d’évaluation de l’OZP qui est encore disponible.

Le GFEN engage ses lecteurs à suivre sur Mediapart le blog que tient M. Bablet, fin connaisseur de l’éducation prioritaire, inspecteur d’académie, inspecteur pédagogique régional retraité.

Celui-ci y écrit : « Depuis l’arrivée du ministre Blanquer, l’éducation prioritaire n’est plus pilotée. Il n’y a de communication que sur le dispositif des CP et CE1 dédoublés qui donnent lieu à une transmission d’instructions descendantes autoritaires comme on en a rarement vu. »

Il publie, entre autres articles sur les cités éducatives, la violence à l’école, la mixité sociale, les dédoublements des classes, etc., quatre articles sur le pilotage de l’éducation prioritaire. Extraits et liens ci-dessous.

  • L’éducation prioritaire n’est plus pilotée (4) – le 25 juin 2019 « Plus de visée systémique responsabilisante pour les professionnels »

En ce qui concerne le dispositif des CP et CE1 dédoublés, désormais seul outil considéré comme sérieux dans le cadre de la lutte contre les inégalités, on voit bien qu’il n’y a plus de politique de réseau et plus de visée systémique, plus de travail collectif, plus de valorisation de la responsabilité des enseignants. Les principes du référentiel qui en appelaient à la réflexion collective sont oubliés au profit d’instructions qui doivent être appliquées par chacun avec son groupe d’élèves sans visée de travail partagé, de cohérence dans le temps et dans l’espace. »

  •  L’éducation prioritaire n’est plus pilotée (3) – le 18 juin 2019 – Lire

« Fin de la formation de formateurs éducation prioritaire (FEP)

Considérant que la formation était une priorité pour améliorer la situation des professionnels dans les classes de l’éducation prioritaire, nous avons dans le cadre de la refondation mis en place depuis 2014 jusqu’en 2017 des formations de formateurs pour l’éducation prioritaire qui avaient vocation à enrichir le vivier des formateurs. De longue date des rapports et les ministres en appellent au développement de la
formation, mais peu de choses étaient vraiment réalisées et les changements de désignation des écoles en instituts et des instituts de formations en écoles pour la formation initiale n’ont que contribué à mettre en évidence le besoin criant de constituer un vivier de professionnels de la formation
professionnelle des enseignants. Lire

  • L’éducation prioritaire n’est plus pilotée (2) – le 11 juin 2019

« Plus de pilote national à la DGESCO, l’éducation prioritaire, un territoire comme les autres.

Depuis l’arrivée du ministre en 2017,  les correspondants académiques pour l’éducation prioritaire n’ont plus été réunis sur ce thème, signe que le pouvoir n’a rien à leur dire. Et surtout que la diffusion des orientations ne doit pas reposer sur ce canal. Il fut déjà très clair que la question des CP et CE1 à 12 devait être traitée par la bureau en charge des écoles et que le bureau de l’éducation prioritaire y fut très peu associé. J’avais montré toutefois que dans les premiers mois nous avions produit des propositions pédagogiques   qui n’eurent pas l’heur de plaire à la mission qui est de fait à la DGESCO responsable de ces orientations dans une position transversale où elle est donneuse d’ordre au
bureau des écoles dont la marge de manœuvre est très faible actuellement. On voit bien, sur internet, en cherchant un peu, comment la DGESCO est amenée à répéter le livre orange sur la lecture et le discours convenu sur les évaluations. Le ministre sait ce qu’il faut faire dans la classe et toute la
chaîne hiérarchique répète à l’envi ce qu’il croit bon comme si c’était à un ministre de dire comment enseigner. » Lire

  •  L’éducation prioritaire n’est plus pilotée (1) – le 4 juin 2019

« Le ministre annonce depuis bien longtemps déjà qu’il veut modifier la politique d’éducation prioritaire pour « la rendre plus efficace ». « Les Échos » ont donné à lire cette citation : « Les moyens considérables qui sont mis par la France dans son éducation prioritaire doivent être beaucoup plus efficaces dans le futur, et la philosophie est de se dire comment les moyens doivent, non pas indemniser la difficulté, mais stimuler la réussite et permettre de se fixer des objectifs », affirme
Jean-Michel Blanquer. La formule d’une éducation prioritaire qui actuellement « indemnise la difficulté » est particulièrement  insultante pour l’ensemble des collègues qui travaillent en éducation prioritaire. Quant à dire que les moyens mis sont considérables, même s’ils ont significativement augmenté en 2015 avec la mise en place des REP+, des « plus de maîtres que de classes » puis en 2017 avec les CP dédoublés, ils sont encore assez loin de ce que recommandait l’OCDE dès 2013 qui proposait de
consacrer 0.13% de PIB à l’école en éducation prioritaire. » Lire

Isabelle Lardon, le 27 juin 2019