Panorama du forum « L’Ecole maternelle par celles et ceux qui la font vivre » Paris, bourse du travail – samedi 17 novembre 2018 La séance d’ouverture Julie Meunier et Isabelle Lardon ont accueilli les 200 participant-e-s au nom du collectif de mouvements pédagogiques, syndicats, associations organisateur de l’évènement. Les personnels, les parents et les associations qui constituent la communauté éducative ont été les grands absents des assises ministérielles qui se sont tenues il y a quelques mois et se sont mobilisés pour construire ensemble ce Forum pour donner la parole aux actrices et acteurs de terrain. Les inquiétudes et les questionnements sont grands par rapport aux nombreuses annonces du ministre concernant l’école maternelle, les programmes, les métiers.Qu’est-ce qu’on enseigne, qu’est-ce qu’on apprend à l’école maternelle ? Quels savoirs ? Quels apprentissages ? Comment on s’y prend pour les articuler ? Quels savoirs professionnels sont en jeu ? A quelles conditions les différents métiers peuvent-ils coopérer ? Comment réduire les inégalités qui sont prégnantes dès l’entrée à l’école maternelle ?Tous ces enjeux font discussion dans la société et le Forum les a interrogés. Le grand collectif de travail constitué ce jour-là est sorti enrichi des travaux de la journée, c’est ce qui ressort des premiers retours des personnes qui s’y trouvaient.La conférence introductive Christine Passerieux, formatrice, membre du GFEN, qui a participé au groupe de travail sur les programmes de l’école maternelle, a décliné les points qui font débat, qui restent à discuter, y compris entre tous les mouvements d’éducation et syndicats, et a proposé des pistes pour continuer de défendre et transformer l’école maternelle.Elle s’est ensuite prêté au redoutable jeu animé de main de maitre par Patrick Picard de répondre aux questions des participant-e-s qui grâce à un formulaire en ligne pouvaient l’interroger en direct sur différents sujets qui faisaient consensus ou dissensus ou à approfondir.Lire l’intervention de Christine PasserieuxAteliers du matinLes organisateurs ont tenu à mettre en avant les programmes de 2015 qui décrivent les cinq grands domaines ainsi que les modalités d’apprentissage à travers des ateliers qui ont mobilisé les savoirs et organisé les apprentissages. Atelier 1 – Le langage dans toutes ses dimensions Il revient aux enseignants, tâche redoutable, de permettre à de tout jeunes élèves de comprendre l’école et ses spécificités langagières, le monde, les livres et autrui, mais aussi de les initier aux langages de l’écrit et des différentes disciplines. Ils ont depuis longtemps élaboré de multiples stratégies concrètes dont l’atelier a rendu compte, hors de toute idée de catalogue de prescriptions. Maryse Rebière, enseignante-chercheure en sciences du langage et de l’éducation/AFEF Atelier 2 – L’activité physiqueA quelles conditions les expériences motrices vécues par l’enfant dans le cadre de l’école peuvent-elles lui permettre d’apprendre et de comprendre ? Comment envisager les caractéristiques des situations proposées pour qu’elles permettent aux enfants d’apprendre l’école ? Qu’est-ce qui définit une situation scolaire dans le domaine « Agir, s’exprimer, comprendre à travers l’activité physique », au-delà des comportements moteurs visés ? Patrick Lamouroux, formateur EPS Atelier 3 – Les activités artistiques Au cours de cet atelier, le groupe a pris appui sur des œuvres pour s’interroger surl’expérience sensible (couleur, formes, matières), l’imagination et la créativité. Quel est leur rôle dans le développement du jeune enfant et, à plus long terme, dans la construction du sujet ? Il a réfléchi aux situations proposées en maternelle pour construire ces apprentissagesartistiques et transdisciplinaires. Maëliss Rousseau, professeure des écoles/CRAP-Cahiers pédagogiques Atelier 4 – Des outils pour structurer sa pensée En utilisant comme support une vidéo d’un atelier de mathématique en PS/MSsur le concept d’énumération, une analyse collective des difficultés d’enseignement et de la nature des difficultés d’apprentissage s’est mise en place. Les échanges sur les « savoirs à enseigner » et les « savoirs pour enseigner » ont conduit le groupe à envisager des conditions nécessaires pour engager et maintenir les élèves, à la fois dans la tâche (le faire), mais aussi dans l’activité cognitive et langagière nécessaire aux apprentissages (le comprendre). Sylvie Martin-Dametto, chargée d’études Mathématiques en éducation prioritaire/Centre Alain Savary-Ifé Atelier 5 – Explorer le mondeUn domaine qui questionne quant à la mise en œuvre d’activités qui aillent au-delà du « faire » etinstallent chez le jeune élève une posture de chercheur. Comment rendre étranger l’objet familier pour qu’il devienne objet de savoirs ? Quelle articulation avec les autres domaines ? Quelles situations proposer pour aider à la compréhension du monde ?Jacqueline Bonnard, formatrice sciences et technologie/GFEN Les ateliers transversaux de l’après-midiLes travaux ont repris à 14h précises pour se décliner en cinq nouveaux ateliers animés chacun par une des organisations. Atelier 6 – Comment installer des relations constructives entre l’école et toutes les familles ?Par quels moyens rencontrer les parents ? Comment les accueillir tous dans leur diversité ? Quelle place donner à leur expertise ? Quelle symétrie établir dans les échanges ? Comment expliciter les enjeux des apprentissages et de la socialisation ? Qu’est-ce que la co-éducation ? Comment partager un projet pour l’enfant ?…Quelles formations des enseignants ? Des parents ? Atelier 7 – A quelles conditions la collaboration peut-elle se construire entre enseignant et ATSEM ?Quels champs de compétences spécifiques, complémentaires, partagés entre les deux métiers ? Comment coopérer, sur quels temps, avec quels outils ? Comment ajuster ses gestes quand on est deux dans la classe ? Qu’est-ce qui change dans le nouveau décret sur le statut des ATSEM ?…Quelles formations conjointes ? Atelier 8 – Quelles complémentarités d’apprentissages dans et hors l’école ? Un même lieu, l’école, mais deux espaces et temps d’éducation : avec l’enseignant ou l’animateur… Comment les deux métiers peuvent apprendre à se connaitre et à travailler ensemble ? Quelle place pour les savoirs formels et informels ? Quels champs pédagogique et éducatif en commun et spécifiques à chacun ?Quelle formation au partenariat ? Atelier 9 – La scolarisation des moins de trois ans… et si on la pensait ensemble ?A quelles conditions la scolarisation des moins de 3 ans est-elle souhaitable et peut-elle avoir lieu ? Quelles spécificités de l’accueil dans les structures de la petite enfance et de la scolarisation àl’école maternelle ? Quelles passerelles construire ? Comment à la fois prendre en compte les besoins du jeune enfant et développer chez lui le besoin d’apprendre ?…Quelles formations spécifiques ? Atelier 10 – Accueillir tous les élèves, quels appuis, quelles ressources ? Repérer, éclairer, aider, accompagner, soutenir… quel rôle pour le partenaire de proximité qu’est le RASED ? Et pour les autres partenaires ? Comment peuvent-ils faire ressource pour les enfants, les parents, les enseignants ? Quels métiers, quelles instances, quelles médiations ? Comment travailler ensemble ?Quelle formation pour les enseignants généralistes ? Table rondeLa table ronde a réuni trois personnalités très présentes dans le champ de la formation, de la formation de formateurs, en éducation prioritaire mais pas seulement. Trois personnes qui partagent un certain nombre de valeurs défendues par le GFEN et les autres organisateurs de ce forum mais qui utilisent des cadres théoriques différents pour appuyer leur réflexion, qui portent trois exigences qui se croisent dans l’unique but de faire réussir les élèves et les professionnels. Trois individus qui se connaissent bien et sont capables de s’interpeler mutuellement et de discuter le point de vue de l’autre. Nous les avons prévenus qu’il ne s’agissait pas de montrer une discussion lisse où tout le monde est d’accord. Patrick Picard disait dans le dernier n° de Fenêtres sur cours, la revue du SNUipp : « Pour s’attaquer à ce qui est difficile à faire, il faut croiser les expériences et points de vue de tous les acteurs. C’est exigeant pour chacun, parfois contradictoire, mais c’est le propre du travail. Sans ces «controverses», on reste dans l’injonction ou la résistance passive, et chacun garde pour soi ses problèmes… ».Il s’est agi de mettre en débat avec ces trois spécialistes de domaines différents, des réflexions qui ont jalonné la journée, sur les enjeux de l’école maternelle et la réduction des inégalités. La clôtureLa journée se termine sur une adresse au ministre qui sera rédigée, affinée et envoyée en décembre. Gageons que les organisations sauront prolonger ce forum un peu partout dans les territoires, dans des collectifs de travail pour penser le métier, les métiers. Car les métiers ont besoin d’être forts en ce moment… Isabelle LARDON Lire aussi La présentation du forum Le reportage du Café Pédagogique Le reportage du CRAP-Cahiers Pédagogiques Le reportage de l’AFEF 28 novembre 2018 Valérie Pinton