Philippe Meirieu :  » L’innovation pédagogique doit se faire au sein de l’école publique » paru dans AlterEcoplus

Paru dans AlterEco, un entretien avec

Philippe Meirieu :

par Céline Mouzon, le 07/09/2016

Le  discours  sur  une  alternative  scolaire  hors  de  l’Education  nationale  se  développe.  Porté  par différents  courants,  il  pourrait  ouvrir  la  voie  à  une  balkanisation et  une  marchandisation  de  l’école. Or  les  innovations  pédagogiques  existent  au  sein  de  l’école  publique.  Il  suffit  de  les  promouvoir, explique Philippe Meirieu, spécialiste des sciences de l’éducation et de la pédagogie.

L’école innove-t-elle aujourd’hui ?
Parlons-nous-nous de l’innovation dans l’Education nationale ou bien de la myriade d’innovations qui se  développent actuellement  à sa marge ? Avec  l’approche des élections présidentielles, se fait jour un  débat  important  opposant,  souvent  de  manière  peu  lisible  par  l’opinion  publique,  ceux  qui affirment que l’innovation pédagogique doit se faire au sein de l’école publique et ceux qui pensent qu’elle  est  impossible  dans  le  système  actuel  et  ne  peut  se  faire  qu’en  dehors  du  « carcan »  de l’Education nationale.
On  trouve,  parmi  les  tenants  de  cette  dernière  voie,  aussi  bien  des  personnalités  de  droite  qui professent  des  méthodes  très  traditionnelles,  fondées  sur  la  répétition,  la  mémorisation  et  la discipline,  avec  un  discours  fort  autour  du  « rétablissement  de  l’autorité »,  que  des  militants  de certains courants de l’Education nouvelle, autour des pédagogies Montessori et Steiner par exemple, voire  proches  de  la  mouvance  libertaire,  qui  ont,  eux,  pour  ambition  de  « lutter  contre  tout formatage  scolaire »  et  de  développer  la  créativité  des  enfants  que  l’école  traditionnelle  serait incapable de prendre en compte.
Se   côtoient   dans   un   même   combat   pour   la   « liberté   scolaire »   des   libéraux   élitistes,   des « républicains » nostalgiques et des « alternatifs » marginaux
Se  côtoient  ainsi  dans  un  même  combat  pour  la  « liberté  scolaire »  des  libéraux  élitistes,  des « républicains »   nostalgiques   et   des   « alternatifs »   marginaux.   Cette   convergence   entre   une conception  ultra-libérale  et  une  vision  autogestionnaire  de  l’éducation  me  paraît  préoccupante.
D’autant  que  ce  mouvement  se  rapproche  désormais  des  tenants  de  la  déscolarisation,  comme André  Stern,  qui,  au  nom  d’une  certaine  conception  de  l’enfance, affirment  que  l’école  « abîme » systématiquement les enfants et que seule « l’école à la maison », dans la nature, peut permettre un développement harmonieux.

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