Rencontres accompagnement 2012

5ème Rencontres Nationales
Saint Denis, le 17 mars 2012

Quelles relations établir entre Familles/Ecole/Quartier, pour une véritable dynamique éducative ? 

Telle était la question posée à ces Rencontres  et travaillée par les 150 participants : enseignants, parents, chercheurs, étudiants, associations, collectivités locales.

Partant du constat que bien que reconnus comme partenaires par les textes depuis plus de vingt ans (loi d’orientation de 1989), les parents peinent à trouver leur place à l’école, il s’agissait d’éclaircir les
rôles respectifs, d’œuvrer à la reconnaissance mutuelle, de changer le regard et les façons de faire, d’informer  mais aussi de promouvoir le potentiel éducatif des parents.

Entre conférences et ateliers, les participants ont abordé :

– Les logiques de socialisation familiale et le rapport à la scolarité dans les familles populaires (Pierre PERIER)
Le sociologue  a rappelé que tous les parents ont besoin d’investir l’école et souhaitent la réussite de leurs enfants mais ils peinent à trouver la bonne distance avec les enseignants. Il y a une attente légitime de respect et de reconnaissance mutuels mais en l’absence d’explicitation d’accords possibles, ces familles se tiennent à distance  ne sachant pas exactement quel rôle l’institution scolaire leur attribue. Si elles souhaitent suivre la scolarité de leurs enfants, elles se sentent parfois démunies (suivi des devoirs) et fluctuent entre méfiance et fatalisme. Pourtant des solutions existent par la création de collectifs parents/enseignants pour clarifier la délimitation des rôles respectifs, la clarification des règles d’échanges, l’explicitation  des enjeux d’apprentissage.

– Les devoirs à la maison (Patrick RAYOU)
On le sait, les devoirs à la maison (cf. initiative FCPE, ICEM « Ce soir, pas de devoirs ! »: http://cesoirpasdedevoirs.blogspot.fr) sont un temps qui cristallise les tensions dans les familles entre
enfant/parents/école. Implicitement, les enseignants supposent que les élèves sont capables de répondre à la demande de l’enseignant à ce sujet, donc de travailler seuls le soir à la maison. Sans trop savoir à quoi servent les devoirs, chacun s’acquitte de la tâche dans des conditions inégales selon les
milieux sociaux et le malentendu s’installe entre les parents de milieux populaires dont la représentation du travail scolaire est souvent éloignée des attendus de l’école actuelle. Patrick Rayou s’interroge sur la
« déscolarisation » de certaines activités scolaires  (sous la forme de devoirs) qui peut apparaître comme un aveu d’échec de l’école. Il serait nécessaire de créer des espaces pour échanger sur la continuité dans/hors la classe pour installer la synergie entre les différents acteurs.

– Dans les différents ateliers, les récits d’expérience, la présentation de projets de quartier ou d’école, des pratiques pour organiser les rencontres ont permis d’explorer des pistes pour faire se rencontrer les familles, l’école, les associations de quartier dans la perspective d’œuvrer à la reconnaissance mutuelle, valoriser l’expérience éducative des parents, clarifier les attendus, impulser des dynamiques éducatives.

La journée s’est achevée sur une table-ronde sur le thème « Famille/Ecole/Quartier : quelles ambitions pour une autre politique éducative ?
Animée par Patrick PICARD, responsable du Centre Savary de l’IFE (ex INRP)

Avec :

–  Jacques BERNARDIN, Président du GFEN,
–  Alain BOCQUET, Secrétaire national de l’ANDEV,
– Régis FELIX, Responsable du réseau école, ATD Quart Monde,
–  Jean Jacques HAZAN, Président de la FCPE
–  Claire KREPPER, Secrétaire nationale Education du SE-UNSA,
–  Sébastien SIHR, Secrétaire national du SNUIPP

Des différentes interventions, il ressort la nécessité de reconnaître les parents comme des partenaires à part entière, de la nécessaire formation des enseignants sur la relation aux familles, de réunir tous les acteurs de l’éducation dans le cadre d’un « projet éducatif local ».

Jacques BERNARDIN propose d’organiser un partenariat  état/ enseignants/ collectivités locales où les rôles seraient complémentaires  autour d’un projet « d’éducation-promesse d’avenir » tant sur le plan individuel que sur le plan collectif :

 « Pour réhabiliter les élèves et les parents, en haute estime il faut que les enseignants aient reçu une formation exigeante, et que tous les parents aient dans la société un droit à une vraie place avec reconnaissance symbolique, valorisation de leur apport éducatif spécifique ».

LIRE aussi le reportage du Café Pédagogique, Expresso du 19 mars 2012