Retour sur les stages d’été et de rentrée 2019

Stage du secteur Création Ile de France du GFEN, 26 et 27 aout 2019, Ivry/Seine

Qui forme qui ?

Et ta ma place dans la création contemporaine

A travers des ateliers de création en  Ecriture/ Arts Plastiques :

  • Le rapport que nous entretenons avec les autres- ce qu’ils nous apportent et ce que nous leur apportons-
  • et aussi la découverte  de la ville-, découvrir sa ville autrement ?comment elle peut ?être un élément de transformation de soi ?d’étonnement
  • En  quoi les mouvements en peinture traduisent ils une certaine vision du monde ?

En nous appuyant sur le vécu de ces  ateliers nous avons recherché ensemble les éléments incontournables qui permettaient à tous de concevoir de nouveaux ateliers et démarches pour cette nouvelle année scolaire et ce sans être« expert »

Beaucoup d’enthousiasme de la part des participants, beaucoup d’audace, et de réflexion sur ce que pouvaient être les ateliers de création comme facteur  d’émancipation. Les discussions menées après chaque atelier ont contribué très fortement  à cette recherche

Stage du secteur Philosophie du GFEN, 26, 27 et 28 août, Ivry/Seine

Sexes, genre et féminismes

La philosophie à l’épreuve du genre

Un stage chaleureux sur un thème brûlant

Le stage du secteur philo a rassemblé cette année une quinzaine de participant-e-s sur une question brûlante « Sexes, genre et féminismes ». Comme si la grosse chaleur qui planait sur la place Voltaire ne leur  suffisait pas,  les esprits se sont échauffés à plusieurs reprises au cours de ces trois journées de lectures, de partage d’expériences et d’échanges, histoire de faire monter encore le thermomètre de quelques degrés : comment nier la différence des sexes ? Mais si elle existe, en quoi consiste-t-elle exactement ? Sommes-nous assuré-e-s de notre identité sexuée, même sur le plan biologique ? Et si nous étions tous des intersexué-e-s qui nous ignorons ? Qui a le pouvoir et le droit de nous faire douter de notre identité et de nous demander d’en rendre compte ? Questions que nous nous sommes posé en constituant un comité d’éthique chargé d’examiner le cas de Caster Semenya.

Questions vives au croisement de l’intime et du politique, de l’individuel et du collectif  qui suscitent
immanquablement le débat passionné, passionnel. Dur dur pour les philosophes de garder leur sang froid !

Être féministe, une évidence, oui mais quel féminisme ? Là les choses se gâtent car certains sont
diamétralement opposés : quelle mesure commune entre le féminisme du care et le féminisme queer, entre le féminisme matérialiste et marxiste de Christine Delphy et un féminisme d’arrangement entre les sexes, entre le féminisme d’Antoinette Fouque affirmant l’irréductible différence entre les sexes et un
féminisme visant une neutralisation des différences ou une virilisation des femmes, comme le propose Hubertine Auclert ?

Au cours de ces trois journées, nous avons également effectué une relecture genrée de nos philosophes préférés en nous demandant quel travail proposer aux élèves.

Kant néglige-t-il la domination masculine ou au contraire la dénonce-t-il ? Faut-il éviter de (faire)
lire  un certain texte de Spinoza excluant les femmes de la citoyenneté ? Le Rousseau auteur de
l’Émile est-il bien le même que celui qui propose le programme éducatif de Sophie visant non pas l’émancipation des femmes mais leur maintien dans l’ordre sexué naturel et social ?

La dernière matinée a été consacrée à examiner des possibles.

Si nous sommes tombés d’accord pour construire un monde qui éradiquerait la domination masculine et les rapports de pouvoir entre masculin et féminin, les avis ont été partagés sur les moyens à mettre en œuvre. Une société qui serait dispensée des combats féministes ne relève-t-elle pas de l’utopie ? Faut-il lancer un vaste programme d’éducation, notamment à la sexualité, faut-il en finir avec nos limites
identitaires, penser à de nouveaux contrats, abolir les catégories de sexe et de genre, notamment dans les documents administratifs, point de départ du conte philosophique de Thierry Hoquet ?

Demain nous retrouverons nos élèves, nos étudiant-e-s, les adultes que nous formons : n’oublions pas
que l’exercice de notre métier croise au quotidien des interrogations identitaires, des conflits et des préjugés et des ignorances qui peuvent être source de drames.

Plus que jamais, il importe de se former à écouter, décrypter et répondre.

Nous espérons rendre compte dans un futur Pratiques de la philosophie de quelques travaux que nous avons ou aurons menés.

En attendant nous pouvons envoyer aux collègues interessé-e-s quelques suggestions de lectures et l’an prochain n’oubliez pas de vous inscrire au stage du secteur philo…

Stage du GFEN 28, 26-27 août, Chartres

Des apprentissages solidaires pour une réussite partagée

Accueillies dans les locaux des PEP28, 42 personnes ont participé à ces deux jours de stage qui se sont déroulés dans une atmosphère studieuse et conviviale pour mieux se préparer à affronter la rentrée.

 

 
Introduction

Jean Bernardin a introduit le stage en insistant sur  les nombreuses transformations structurelles en cours qui renvoient à une mise sous tutelle accrue, interrogeant le concept de « bienveillance due aux élèves » prônée à
grand renforts médiatiques par le ministère. Des transformations inquiètent tous les enseignants soucieux de construire dans leur classe une démocratie véritable, non reproductrice des inégalités sociales croissantes.

1 – Quelques éléments :

– La définition des droits et obligations des fonctionnaires, généralisant à toutes et à tous ce qui jusqu’ici ne concernait que les fonctionnaires d’autorité : toute critique portant atteinte à la réputation du service public est susceptible d’être légalement sanctionnée, voire par une révocation. Faites attention à ce que vous écrivez sur les réseaux sociaux !

– Le caractère obligatoire de l’instruction à 3 ans alors que 98% des élèves de cet âge fréquentent déjà l’école : plus de démocratisation ou cadeau au privé et facilitation pour multiplier les écoles privées de parents ?

– La création d’établissements publics internationaux qui prépareront à des diplômes internationaux. Le recrutement dérogatoire, dès le très bas âge pour les enfants qui ont un bon niveau en langues, interroge sur une école républicaine. Nouvelle fabrique d’héritiers puisque l’amendement tendant à fixer des quotas de boursiers a été rejeté par la majorité ?

– Si l’abandon des établissements publics des savoirs fondamentaux (EPSF) regroupant des classes de collège et du premier degré du même secteur de regroupement a été rejeté, il semble que ce projet sera
prochainement remis à l’ordre du jour sous une autre forme.

– Remise en cause du rôle des commissions paritaires (CAEN et CDEN) et du rôle de contrôle et de proposition des syndicats enseignants. Commissions considérées comme « fastidieuses où l’on cultive le jeu de rôle » selon notre ministre.

– Mise sous tutelle de l’évaluation sur le plan national avec la quasi disparition du CNESCO, organisme indépendant du ministère, et son remplacement par le Conseil d’évaluation de l’école (CEE) dont 10 membres sur 14 sont nommés par le ministre. Ce conseil évaluera tous les établissements et les résultats pourront être publiés, renforçant la concurrence entre établissements et au sein même des établissements.

– Réforme de la formation avec la transformation des ESPÉ (écoles supérieures du professorat et de l’éducation) en INSPE (instituts nationaux du professorat et de l’éducation) dont les directeurs seront
directement nommés par le ministre.

– Pilotage possible par ordonnances mettant l’Ecole au service du gouvernement en place, soumise aux aléas politiques et non plus de la nation et de la République.

– Evaluation des élèves de CP et de CE1.

2 – A propos de ces évaluations

En tant que mouvement pédagogique, nous estimons que c’est la mesure la plus problématique car elle met en cause l’indépendance des enseignants et tend à les placer un peu plus sous tutelle, leur retirant leur rôle de concepteur.

Pourquoi ?[…] Lire la suite

11ème Université d’Été du Secteur Langues du GFEN, 20-23 août, Vénissieux

L’ordinaire de la classe

Ouverture

Mardi 22 août 2019, Maria-Alice MEDIONI
 

Nous avons le plaisir de nous retrouver cette année encore pour la 11ème Université du Secteur Langues du GFEN. Je voudrais avant toute chose remercier la Mairie de Vénissieux et le directeur de cette École du Centre pour la mise à disposition de ces locaux pour cette initiative. Et puis vous tous, ceux et celles qui reviennent fidèlement tous les ans, et ceux et celles qui viennent pour la première
fois, vous qui avez pris ces quelques jours, en pleines vacances, pour travailler, réfléchir, se questionner, s’étonner, s’étranger le regard, se décoiffer, et s’enthousiasmer (j’espère)…

Cette année, nous avons pensé nécessaire de regarder plus précisément qu’à l’accoutumée, l’ordinaire de la classe. La recherche, d’ailleurs, s’y intéresse beaucoup. Je citerais –outre le numéro 142 de Dialogue consacré à cette thématique et les travaux de Dominique Bucheton, sur lesquels nous reviendrons dans le cadre de cette UE –à titre d’exemple, le livre de Maurice Tardif et Claude Lessard, Le Travail enseignant au quotidien(1999),qui s’attachait à décrire, comprendre et expliquer l’acte d’enseignement défini comme « composite »; celui qu’a dirigé Claudine Blanchard-Laville, Une séance de cours ordinaire. « Mélanie tiens passe au tableau…» ui en 2003 a étudié, à la loupe, une séance de mathématiques en cinquième à propos de la multiplication des fractions permettant de mettre au jour, de façon fine, comment se jouent les interactions et le traitement différencié des élèves au sein de la classe; ou les publications de Anne Barrère dont les titres sont éloquents : Enseignants au travail. Routines incertaines, en 2002; Travail scolaire, travail enseignant en 2014; Au cœur des malaises enseignants, en 2017. Ces auteurs (et d’autres) témoignent à la fois de la complexité du travail
au jour le jour, de ce qui peut passer inaperçu, à l’insu des acteurs, mais de plus en plus ils rendent compte de l’incertitude à laquelle les enseignants sont confrontés, du malaise ressenti et de la
pénibilité de la tâche. Le travail enseignant est en crise, comme le soulignait déjà le rapport sur le métier d’enseignant réalisé par la sénatrice des Hauts de Seine, Brigitte Gonthier Maurin, vice-présidente
de la Commission de la culture en 2012. Ce rapport évoquait, en effet,la « crise » du métier d’enseignant et les profondes inégalités au sein de l’école, revenait sur les causes de cette «crise» et formulait différentes propositions, parmi lesquelles une démocratisation de l’école et une refonte totale de la formation des enseignants. […] Lire la suite du discours d’ouverture
Vous trouverez sur le site du Secteur Langues toutes les traces de la 11ème UE :

– Synthèse de clôture
– Le diaporama de Dominique Bucheton
– Le regard de… Andreea Capitanescu Benetti