Un autre avenir est à construire ensemble Nous sommes convaincus que l’homme ne naît pas fanatique ni terroriste, il le devient. De même qu’il ne naît pas « démocrate » ni solidaire, il le devient. Pas de génération spontanée mais des processus, qui font de toute situation d’éducation et de formation autant de chemins de conditionnement, de mise en soumission aveugle ou bien d’émancipation. « Tous capables ! » affirmons-nous, pari audacieux sur les capacités de l’humain à s’émanciper de sa condition et des fatalités intériorisées. Loin de n’être que spéculation utopique, notre expérience plurielle en témoigne, notamment sur des terrains réputés difficiles : éducation prioritaire, classes spécialisées, dispositifs relais, quartiers… Le prix de l’échec scolaire, outre ses conséquences sur l’avenir professionnel, est élevé pour les individus comme pour la société : perte de l’estime de soi, sentiments d’incapacité personnelle et de disqualification symbolique qui amènent à l’inhibition, au renfermement, mais aussi au ressentiment et à la violence contre soi ou les autres. Faute de socialisation satisfaisante, l’individu – en mal d’appartenance, d’inscription dans un collectif solidaire lui faisant place – devient une proie facile pour toutes les manipulations et monstruosités. Nous venons hélas d’avoir une confirmation tragique de ce qui peut arriver quand des individus, accumulant les frustrations, n’ont pas suffisamment fait l’expérience du débat, de la confrontation d’idées, de l’épreuve de la raison, d’une réflexion certes exigeante mais finalement jubilatoire et intellectuellement émancipatrice : comprendre, c’est élargir sa maîtrise du réel et renforcer la confiance en ses propres capacités. Comprendre ensemble, c’est s’inscrire dans un collectif porteur de progrès, structurant et sécurisant. La société, par l’intermédiaire de son école, cherche à perpétuer le lien social auprès des jeunes générations, en transmettant les acquis du passé et en éduquant aux valeurs communes. Autrement dit, la scène scolaire est le terrain d’essai de la citoyenneté. Au-delà des discours, de quels principes relèvent les pratiques au quotidien des classes : appel au conformisme et à la soumission ou à la créativité et à la liberté de pensée ? Imposition dogmatique des règles et contenus ou incitation à la recherche et au débat ? Compétition ou coopération ? Sélection ou promotion collective ? C’est dire la responsabilité des éducateurs… Le Secrétariat Général Collectif du GFEN Ivry-sur-Seine, le 15 janvier 2015 A propos de la création du LIEN (Ligue Internationale de l’Education Nouvelle) au congrès de Calais, 1921 :« Ce Congrès était le résultat du mouvement pacifiste qui avait succédé à la première guerre mondiale. Il avait semblé alors que pour assurer au monde un avenir de paix, rien ne pouvait être plus efficace que de développer dans les jeunes générations le respect de la personne humaine par une éducation appropriée. Ainsi pourraient s’épanouir les sentiments de solidarité et de fraternité humaines qui sont aux antipodes de la guerre et de la violence » Henri Wallon, 1952 (Responsable au sein du Conseil National de la Résistance en 1944, Président du GFEN de 1946 à 1962) Télécharger 16 janvier 2015 Valérie Pinton