Une priorité : l’éducation prioritaire

21ème Journée nationale OZP, 18 mai 2019
“Pour une évaluation publique de l’éducation prioritaire en 2019”


Introduction


– Pourquoi une journée sur l’évaluation de l’éducation prioritaire en 2019 ? Une histoire qui n’est pas linéaire – Marc Douaire, président de l’OZP

Cette journée est particulièrement consacrée à la question de l’évaluation de l’éducation prioritaire 2014/2019. Elle se situe dans le prolongement de la rencontre publique OZP du 7 novembre 2018 qui avait présenté les raisons de notre initiative et dans la poursuite du travail engagé lors du séminaire du 9 février 2019. […]

En janvier 2017, l’OZP présentait publiquement son Nouveau Manifeste pour l’éducation prioritaire pour éviter que cette refondation importante ne soit suivie comme la fondation de 1981 et comme les 3 relances qui ont suivi par des périodes de silence et d’abandon ou de tentatives de dénaturation. Il fallait affirmer cette exigence dans une période où se multipliaient les attaques idéologiques contre l’existence même de l’éducation prioritaire en dépit de toute évaluation scientifique sérieuse.
C’est pour toutes ces raisons que l’OZP, reçue en avril 2017, par le cabinet de J.-M. Blanquer, a demandé que soit conduite l’évaluation nationale de l’éducation prioritaire en 2019. Constatant l’absence de réponse ministérielle, l’OZP décidait de prendre ses responsabilités et de proposer aux réseaux une évaluation des projets de réseaux.

Les grandes lignes des réponses à l’enquête – Patrick Picard

C’est une enquête collaborative, avec des réponses ouvertes et c’est compliqué de faire l’analyse du corpus. Il faut donc prendre ces premiers résultats avec une extrême prudence pour éviter d’en tirer des conclusions hâtives. Le travail va se poursuivre collectivement jusqu’au séminaire prévu en automne. Nous nous en tiendrons donc à évoquer les thématiques traitées dans l’enquête et attendrons quelques mois pour en avoir une meilleure vue d’ensemble.

Qui a répondu à l’enquête ? Majoritairement des personnes individuelles et du 1er degré, comme le montre le schéma ci-dessous.

Les questions du formulaire abordaient les points suivants :

  • l’évolution des difficultés sociales,
  • la stabilité des professionnels,
  • la connaissance et l’utilité du référentiel,
  • le développement du travail collectif et ses apports,
  • les priorités de formation,
  • le pourcentage de néotitulaires et de vacataires ou contractuels dans les deux degrés,
  • les principes les plus importants et les plus difficiles à mettre en oeuvre pour la réussite des
    élèves
  • des exemples de formation pertinente
  •  les leviers et obstacles à une formation efficace – avec un essai de catégorisation des obstacles.

Enjeux d’une évaluation de la carte de l’éducation prioritaire, Marc Bablet

[…] Nous vivons dans une société qui magnifie les différences en magnifiant les identités, les individus. L’école, comme le reste de la société est confrontée aux identités sociales, mais aussi aux identités
religieuses, culturelles, locales, sexuelles, sanitaires… Est-ce un hasard si l’exacerbation de l’individu, de ses identités fait ressurgir actuellement dans tous les pays développés la peur de l’autre et toutes les formes du racisme ?
Si l’identité est reine alors nos malheurs ne peuvent venir que d’une autre identité. Celle du juif, de l’homosexuel, de l’arabe ou du voisin… Face à cela ne faut-il pas promouvoir à nouveau ce qui nous rassemble soit le collectif et l’universel dans l’homme ?

Le plan Langevin-Wallon qui au lendemain d’une guerre, qui avait vu l’exacerbation du racisme poussé à
l’horreur, proposait non pas une école de la différenciation individuelle mais un enseignement reposant sur le « principe de justice » dont ils disent : « Il offre deux aspects non point opposés mais complémentaires : l’égalité et la diversité » et plus loin « L’enseignement doit donc offrir à tous d’égales possibilités de développement, ouvrir à tous l’accès à la culture, se démocratiser moins par une sélection qui éloigne du peuple les plus doués que par une élévation continue du niveau culturel de l’ensemble de la Nation. »
Pour retrouver davantage d’égalité dans la diversité, sans doute faut-il s’y appliquer en remettant en avant le collectif, l’universel et l’intérêt général. Faire classe c’est d’abord travailler avec un groupe dans lequel on respecte chaque personne. L’intérêt de la classe n’est pas d’exacerber les individualités. L’intérêt de la classe est de reconnaître ces individualités pour en faire les forces d’un collectif qui vise à l’universalité. Ainsi conçue l’école n’a pas besoin d’être inclusive pour être l’école de tous. Il suffit
qu’elle soit l’école « du développement maximum » de chacun pour reprendre une autre formule du plan Langevin Wallon. Dans cette perspective le pas principal a été fait par la loi de 2013 qui a rappelé dans l’article L111-1 du code de l’éducation « Tous peuvent apprendre, tous peuvent progresser ». Et la loi en cours de discussion ne modifiera pas cet article qui est celui qui s’impose vraiment comme le cœur de la loi.

Dans cette perspective il est décisif que la question de la carte de l’éducation prioritaire soit adossée
à une conception de la société qui vise la mixité sociale, c’est-à-dire cette conception des espaces de vie communs à la diversité des personnes qui composent la société. Ainsi idéalement devons-nous porter l’idée de lieux de vie où se croisent toutes les couches de la société, toutes les origines, toutes les religions, toutes les réalités et pratiques personnelles. Bien sûr que nous souhaitons la mixité sociale d’abord pour la société dans son ensemble et aussi pour les enfants dans les écoles, pour leur compréhension de l’autre, le vivre ensemble, l’apprentissage de la citoyenneté démocratique.

Conclusion – Marc Douaire

De 2012 à 2017, beaucoup a été fait en peu de temps. […]

La 20ème journée nationale de l’OZP, organisée le 26 mai 2018, était intitulée : « Quelles autonomies pour faire réussir tous les élèves ? ». Les travaux de cette journée mettaient en évidence des formes d’autonomie engagées localement depuis plusieurs années par des réseaux d’éducation prioritaire.
Citons notamment l’expérience de réseaux apprenants dont l’action se fonde sur 4 principes :

  • Des pratiques pédagogiques pensées collectivement afin de traiter la difficulté scolaire dans la classe
  • Des collectifs de travail, avec dans certains cas l’existence d’une commission interpartenariale de suivi des difficultés des élèves
  • Des instances de régulation : comité de pilotage, commission école/collège…mais aussi un travail collectif sur les tableaux de bord
  • Un leadership partagé : les pilotes se situent davantage dans l’accompagnement des équipes et comme garants du projet.

[…] Les premiers résultats de notre enquête collaborative mettent clairement en évidence cette construction de collectifs de réseaux partageant petit à petit une culture professionnelle commune. Il s’agit là d’un processus de maturation collective autour des principaux leviers de progrès identifiés par les réseaux : les effets produits par les structures (postes supplémentaires, temps de concertation, efficience du pilotage, mesures favorisant la stabilité des personnels…), la qualité et la pertinence de la formation, l’engagement professionnel des équipes de réseau.

Entreprendre cette évaluation publique de l’éducation prioritaire 2014/2019 avec l’ensemble des acteurs des réseaux :
C’est avant tout pour permettre d’améliorer tout ce qui concourt à une meilleure réussite des élèves de l’éducation prioritaire,
C’est mettre en évidence les actions et les évolutions professionnelles qui favorisent la démocratisation de l’école,
C’est mieux faire connaître la réalité de l’éducation prioritaire telle qu’elle est engagée dans de nombreux territoires.

L’intégralité est à lire sur le site de l’OZP

Isabelle LARDON