La Lettre d’informations janvier 2022

N° 32 – janvier 2022

« Trop la classe » : l’inversion renversante

Distanciel et classe inversée

Julien CUEILLE (GFEN Philo)

« Depuis quelques années, quand on parle d’innovation pédagogique, elle est souvent liée ? voire synonyme ? de pédagogie par le numérique »  Mais oui ! « Innovation », bien sûr, comme dans « nouvelles technologies », d’âge pourtant déjà respectable, mais, quand même, toujours jeunes, comme le vampire de Twilight. Et, aussi, « intégration » et « engagement », « lutte contre la fracture numérique », « expérience unifiée », et bien sûr, « émotion » . Si les mots (clés) ont un pouvoir, l’algorithme qui les a choisis a coché toutes les cases. Dans la région Occitanie, comme dans le Grand Est, le Conseil Régional qui pilote l’équipement des lycées a décidé d’équiper tous les élèves d’ordinateurs portables : ce plan, appelé LoRdi, a pour slogan « avec la Région, priorité à l’Education ». La rime est presque aussi riche que le fonds qui a permis de doter les lycéens (37 millions par an tout de même , pour un coût de 425,52? pièce). Dans le lycée où je travaille, rares sont les enseignant-e-s qui en voient l’utilité : bien entendu, de nombreux Amish adeptes du retour à la bougie s’y refusent, mais aussi d’autres, qui préfèrent les pédagogies actives et collectives au repli derrière un écran. Mais l’écran n’est-il pas une fenêtre ouverte sur le monde ? La si poétique métaphore de Windows date quand même un peu, surtout à l’heure où les enfants d’âge PRE-SCOLAIRE passent déjà en moyenne, tous pays confondus, six heures par jour sur un écran .

Lire la suite sur le site Lundi matin

voeux

Dernières parutions

Dialogue n° 183 – 100 ans d’Education Nouvelle : la faire vivre aujourd’hui

Le n° 183 est le deuxième à porter sur le centenaire de l’Éducation Nouvelle. Le précédent explorait plutôt les racines des groupes dans « une histoire à partager ». Ce n° accorde la place principale à la vie des mouvements, leurs actions, leurs réflexions et les mises en ?uvre actuelles de l’Éducation Nouvelle pour « la faire vivre aujourd’hui ».

Les groupes internationaux du LIEN y sont très présents. On entend ainsi la parole d’acteurs provenant de Belgique, d’Haïti, de Suisse, de Tunisie, de Roumanie.

présentation et commande

Actualités du GFEN

qualiopi

– Le GFEN a obtenu la certification Qualiopi, qui lui permet de percevoir de l’argent public pour ses formations. Offres de formation

Secteur Ecriture :« Haut les mots », le 21 février 2022 : « Liberté, j’écris ton nom au féminin » 

Secteur Langues : 20ème RV du secteur Langues, 19 et 20 mars 2022

Secteur Maternelle : Petite rencontre de printemps, 2 avril 2022

 

 

fuocoammare

En régions

Groupe Île de France : le 29 janvier, « la recréation dans tous ses états politiques » 

Groupe Paris : le 16 janvier, « le jeu de l’île » en collaboration avec le groupe Île de France

Groupe Provence : présentation du film Fuocamarre et débat, Jeudi 27 janvier

Groupe Rhône-Alpes : le 29 janvier,
« Partages et échanges »

Groupe Sud-Ouest : le 1er février, atelier d’écriture autour d’un objet insolite

L’agenda des groupes et secteurs planifier

cartable/élections

Avec nos partenaires

– Colloque de l’union rationaliste : le 10 février 2022 : SAUVONS L’ÉCOLE PUBLIQUE ! Tout savoir

– Communiqué de presse du collectif national Rased Lire

– Les véritables enjeux de l’Éducation, c’est à nous, citoyens, d’en débattre ! le 29 janvier Tout savoir

– Convergence(s) : lancement de l’écriture d’un manifeste  Suivre le projet

 

pile revues

Boîte à lire

– Actualités des livres, des revues… Voir

 

cep

Autres évènements

– Forum du CEP enfance : Politique de l’enfance et si on en parlait en 2022 ? le 29 janvier à la Bourse du travail En savoir plus

– Veille et analyses de l’IFE : Numérique en éducation : aller au-delà des mythes  (janvier 2022) En savoir plus

 

 

Visites et plus

Se cultiver, s’informer sans se ruiner… c’est gratuit !

– En replay sur France Info : « noirs en France » documentaire d’Aurelia Perreau et Alain Mabanckou 

– Les mardis de l’Oulipo à la BNF 

– Expo photo « Gaston Paris » au centre Pompidou

– Exposition Paris Terra Fibra Architecture au pavillon de l’Arsenal

suivez le guide

GFEN – 14 avenue Spinoza – 94200 Ivry sur Seine – new.gfen.asso.fr

Le GFEN dans l’écrin des pédagogies émancipatrices ! ça ne craint pas !

Compte-rendu stage Sud Education 05 ; 2 et 3 juin 2022 ; Molines en Champsaur

Le GFEN dans l’écrin des pédagogies émancipatrices !
ça ne craint pas !

C’est la deuxième année que nous sommes invités à participer à ce stage syndical, dans le cadre enchanteur du massif des Ecrins (même quand il pleut un vendredi matin !).

Et ce pour deux raisons principales : le succès de l’an
passé a suscité chez les syndicalistes l’envie de poursuivre le travail amorcé ; et nous avons accepté de venir sans crainte dans ce bout du monde qui en rebute d’autres, selon les dires de nos hôtes (8 heures de voiture ? Même pas peur !).

La demande était précise : comment trouver dans le champ de la géographie des démarches qui émancipent, c’est-à-dire qui aident à penser le territoire et les enjeux de son aménagement, à donner envie de contribuer à sa transformation pour y vivre mieux ?

Gatien a donc ouvert le bal en faisant vivre sa démarche « développement durable, développement impossible ? », dans laquelle le jeu de rôle nécessite un travail de la pensée, une mise en question de nos représentations, le besoin de se confronter au langage cartographique.
Pour démarrer ce stage, le soleil était de la partie, sur les corps mais aussi dans les têtes.

Puis nous avons poursuivi par la démarche du problème sans question, qui permet d’enclencher bon nombre de recherches. Le lendemain, notre intervention s’est achevée par le texte à trous sur Fukushima, qui a été conçu pour décrypter le langage des lobbies du nucléaire et pour faciliter le débat autour des enjeux de cette énergie.

Ce qui n’a pas manqué de nous faire énormément plaisir c’est les effets que la démarche des allumettes, animée l’an passé, avait eu dans les pratiques quotidiennes des collègues syndicalistes : outre la qualité des animations menées sur « comment mener un débat en classe » en SEGPA comme ailleurs, je me souviens de cette enseignante témoignant de la manière dont elle distribue la parole depuis. Quand un bon élève se précipite pour donner « la réponse », elle se débrouille pour éviter qu’il ou elle prenne le pouvoir de la parole au détriment de la recherche des autres (ce qu’elle avait vécu dans le groupe au moment de la démarche des allumettes !).

Enfin, un atelier sur la classe coopérative a été le lieu d’un débat constructif, y compris sur ces possibilités en collège dans le domaine des savoirs à se construire.

Deux jours seulement, mais deux jours pleins et studieux, mais aussi amicalement nôtres, qui ne demandent qu’à se reconduire l’an prochain !!

Pascal DIARD

Vous êtes ici ! Stage-Festival de tous les ailleurs, 25-29 juillet 2022, Livry/Seine

Trois jours pour vivre des ateliers, des débats, des spectacles, des moments festifs (27,28,29 juillet)

pré-stage les 25 et 26 juillet
Deux journées pour finaliser ensemble le contenu du stage festival (25 et 26 juillet)

Un Stage-Festival organisé par le secteur écriture du GFEN, et les associations Ôdébi et La Langue de Travers qui tient pour pari que l’écriture, la musique et l’oralité peuvent, en se rencontrant, faire fête, nous rendre tous capables de bousculer nos évidences et d’ouvrir les possibles.
Un Stage-Festival pour chercher ensemble, nous mettre en mouvement et (re)prendre pouvoir sur nos espaces. Vivre et créer, créer du vivre. Depuis le petit territoire à la marge de la grande métropole, explorer nos ailleurs, superposer les cartes anciennes et nouvelles, se jouer des échelles.
Imaginer, écrire, arpenter, improviser, jouer de la musique, découvrir des contes et des conteurs, débattre! Ou comment se rencontrer sur les berges de nos fleuves, au fil de nos sentes?

Programme du stage :

  • 9h-12h30 et 14h-17h : Ateliers de création (conte, musique, écriture)
  • 18h-19h : Conférences actives sur le sujet de la journée.
  • 21h : Concert / Spectacle du festival

Durant chaque journée du Stage-Festival seront vécus des ateliers de création qui, par effet de rebond permettront une autre approche du spectacle qui aura lieu le soir-même.

Programme détaillé et inscriptions (avant le 10 juillet)

Journée d’étude « Pédagogies de projets, projets pédagogiques et Éducation nouvelle: quels enjeux ? » 22 Juin, Livry-Gargan

Mercredi 22 Juin 2022
9h – 17h30

Inspé de l’académie de Créteil
Site de Livry-Gargan

Journée d’étude organisée par les Groupes de Réflexion « Enseigner autrement » et « Éduquer à la solidarité » de l’Inspé de l’académie de Créteil – UPEC.
Avec le soutien de l’UPEC, de l’ACLIPE (Association Culture Loisirs de l’Institut des Professeurs d’École de Livry- Gargan) et du LIS (Lettres, Idées, Savoirs)
Cette journée s’inscrit dans la continuité de celle du 23 juin 2021 « Quelle école pour quelle société ? Rôle et enjeux de l’Éducation nouvelle aujourd’hui » qui avait rassemblé une centaine de participant.e.s.
Jacqueline BONNARD et Isabelle LARDON du GFEN y animeront l’atelier suivant à 11h :

L’Éducation nouvelle… toujours nouvelle ?

Pourquoi ce projet éducatif et politique né il y a 100 ans est-il toujours d’actualité ? Comment des associations se sont-elles fédérées et comment le GFEN s’inscrit-il dans la dynamique de « Convergences pour l’Éducation nouvelle » ?

Entrée libre sur inscription

« Pour un monde kaléidoglotte ! » Université d’été d’Éducation Nouvelle et Populaire, 10-13 juillet 2022, Béziers

Université d’été d’Éducation Nouvelle et Populaire

Congrès des Labos de Babel Monde

« Pour un monde kaléidoglotte ! »


(7- 9)* 10-13 juillet 2022, Béziers

Peut-on faire vivre l’égalité des personnes sans questionner la hiérarchie des langues ?
Peut-on viser l’émancipation intellectuelle de toutes en excluant de l’espace public l’expression de la diversité des parlers ?

Les Labos de Babel Monde, le GFEN66, le Lien International d’Éducation Nouvelle, les Ceméa-Occitanie, l‘Institut Paulo Freire d’Italie et l‘Unifreire, et le réseau de ConvergENce(s) pour l’Éducation Nouvelle,
vous invitent à vous inscrire à une Université d’été dont l’objet est de repenser, du point de vue d’une pédagogie politique de l’égalité, les pratiques sociales et linguistiques de la parole, du débat, de l’écriture, de la recherche, de l’école.

Il nous semble urgent de prendre conscience du verrou que constitue le monolinguisme structurel et idéologique de nos sociétés multilingues.

Comment sortir de la contradiction ? Des pratiques se cherchent, des outils s’inventent, la création
contemporaine fait rayonner dans l’environnement la multiplicité des univers linguistiques. Et si nous avions besoin de plus de langues pour mieux nous comprendre ?

– Dans les marges et en conclusion de l’Université d’été, le Congrès de l’association des Labos de Babel Monde travaillera à la structuration et au développement de l’activité à venir.

– Dans les marges et en conclusion de l’Université d’été, le Congrès de l’association des Labos de Babel Monde travaillera à la structuration et au développement de l’activité à venir.

Les journées de co-préparation des 7 (équipe locale), 8 et 9 juillet sont ouvertes à tous les participants, également sur inscription. Ces deux journées permettront que soient prises en compte au mieux, dans la mise en place finale de l’événement, les apports et propositions de toutes et de tous.
Nous vous invitons à prendre contact avec notre équipe dès que possible, pour que nous puissions anticiper au plus tôt le nombre de participants, en particulier pour nous permettre d’organiser un éventuel accueil enfants.
Mais aussi à nous rejoindre, et à venir étoffer notre dynamique équipe de préparation.

Inscription, précisions, et, à venir, le programme au fur et à mesure de sa construction


Jeunes parents, un accueil enfants d’éducation Nouvelle (Ceméa) est prévu sur inscription
si vous ne tardez pas.

Voir l’affiche

14ème Université du Secteur Langues, 22 au 25 août « Etonner et s’étonner. Mettre l’intelligence en mouvement »

14ème Université du Secteur Langues

Etonner et s’étonner. Mettre l’intelligence en mouvement

du 22 au25 août 2022

à l’Ecole Jean Moulin, 10 Av. Vladimir Komarov, Vénissieux (69)


L’étonnement, cette « pulsation essentielle de la vie mentale » (Dewey), déjà convoqué dans l’antiquité mais longtemps ignoré en pédagogie, revient en force dans les dispositifs de formation, notamment à travers le journal d’étonnement, mais aussi dans le domaine du management par le biais de l’entretien ou du rapport d’étonnement, voire de l’injonction. Un effet de mode, probablement, mais n’est-ce pas aussi la reconnaissance d’une capacité qui, même si elle court le risque d’être instrumentalisée à des fins mercantiles, semble retenir à présent l’attention dans le champ éducatif.

L’étonnement est, en effet, le point de départ de toute démarche de connaissance, un « ouvreur de pensée » (Thievenaz). C’est parce que l’on s’étonne de ce qui paraît évident que la quête du savoir peut commencer. C’est la démarche du philosophe, du scientifique mais aussi de l’enfant qui questionne l’évidence du monde quand d’autres n’y voient que clarté (logique, routine) et banalité : « Si la question appelle la connaissance, c’est l’étonnement qui appelle la question » (Thievenaz).
On s’étonne, on est confronté à de l’inattendu, à de l’énigme qui oblige à regarder ce qu’on ne regardait pas, à (se) questionner, à sortir de ses habitudes, à mener l’enquête…
L’étonnement constitue une interpellation, un dérangement, une perturbation qui peuvent désarçonner, voire frapper de stupeur, comme nous l’indique l’étymologie : étonner vient en effet du latin extonare, frapper de la foudre. Il y a presque (et parfois) de la violence dans l’étonnement qui vient ébranler nos certitudes, nos assises, nos convictions, mais aussi de la nécessité qui réveille et remet en mouvement l’intelligence, remet en route l’activité intellectuelle.
C’est l’étonnement de « l’homme éveillé [qui] connaît une activité de renouveau, de recommencement » (Bachelard).
L’étonnement présente deux facettes : l’une passive quand on est étonné, l’autre active, quand on s’étonne. La première semble davantage prégnante quand, dans une société où on est revenu de tout, on réclame sans cesse du nouveau, de l’exceptionnel, du scandale. La seconde est moins fréquente parce que certainement moins convoquée, moins entraînée, moins admise. Car l’étonnement révèle dans ce cas, une sensibilité, un désir que, contrairement à l’enfant, l’adulte a souvent perdus ou qu’il ne s’autorise pas : « Où il y a étonnement, il y a désir d’expérience. Seule cette forme de curiosité garantit avec certitude l’acquisition des premiers faits sur lesquels pourra se baser le raisonnement » (Dewey). Il faut sans doute accepter l’ignorance à laquelle on est confronté, que l’on dévoile et qui peut être interprétée comme un manque, voire de la faiblesse. Il faut de l’humilité sans doute pour s’étonner !La 14ème Université du Secteur Langues du GFEN se propose donc d’explorer cette notion, à travers un certain nombre de questions :

  • En quoi l’étonnement est-il pertinent dans l’apprentissage de la langue étrangère ?
  • Comment repérer l’étonnement qui « vient toujours à bas bruit » (Meirieu), comment l’autoriser ?
  • Comment et pourquoi créer des situations susceptibles de générer de l’étonnement, à propos des objets d’apprentissage mais aussi à propos de soi-même et des autres ?
  • Comment faire pour que l’on puisse s’étonner « en toute sécurité », pour que la perturbation provoquée par l’étonnement puisse déboucher sur une réorganisation, un nouveau sens à
    construire ?
  • Comment passer de « être étonné » à « s’étonner », autrement dit s’étonner s’apprend-il (ou se réapprend-il) et comment ?
  • Comment l’enseignant peut-il réveiller cette compétence pour lui-même et s’en servir dans sa pratique, en faire « un principe organisateur de situations didactiques » (Thievenaz) ?
  • Comment cette capacité, cette posture qui consiste à prendre du recul, à regarder autrement le
    monde, peut-elle contribuer à la construction de la réflexivité de l’apprenant comme de l’enseignant ?

Le GFEN à la CGT, une rencontre fructueuse

Pascal DIARD
24 mai 2022

C’est la 2ème fois en Île de France que le GFEN est invité à proposer des ateliers pendant un stage syndical CGT éduc’action, la 1ère fois pour le 94, cette fois-là pour l’ensemble de l’académie de Créteil. Et nous sommes passés d’une journée à deux jours, les 19 et 20 mai 2022 donc.

La présentation de ce stage par le syndicat donnait le ton : « Pédagogie: entre théorie, analyses collectives et pratiques ». Une tonalité différente des stages Sud, plus généraliste que revendicative, plus centrée sur le métier que sur le changement social, même si revendications et visée émancipatrice n’étaient pas absentes des prises de parole des stagiaires. Un point commun fort : quand un syndicat de transformation sociale s’empare de la question pédagogique, celle-ci prend toute sa dimension politique !

L’ambition des camarades de la CGT était clairement affichée dans l’invitation aux collègues : « La CGT Educ’action porte un projet d’école fort s’appuyant sur les recherches en sciences de l’éducation, les expériences pédagogiques… En effet, nous ne nous limitons pas seulement à la défense des conditions de travail des personnels et militons également pour de meilleurs conditions d’apprentissage de nos élèves. Face aux attaques idéologiques du ministre Blanquer, il est nécessaire que les miltant.es puissent s’emparer et maîtriser les concepts pédagogiques qui constituent notre outil de travail. ».

Ce rapport entre théorie et pratique affirmé d’entrée de jeu a été confirmé dans l’organisation des deux journées : un jeudi de conférence et un vendredi d’ateliers.

La première conférence, celle de Laurence de Cock, était centrée sur les enjeux politiques et idéologiques de l’enseignement de l’histoire en France, en particulier dans ses rapports avec l’Etat. Sa conclusion nous interpelle directement : comment outiller nos élèves si l’on conçoit une histoire des possibles réalisés, laissant toute sa place aux « invisibles » passé.es jusque-là à la trappe (les femmes, les peuples, les luttes sociales, les frontières mouvantes, etc.) ?

La conférence de Philippe Goémé, intitulée « Pédagogies et idéologies », tentait une synthèse des formes pédagogiques dites innovantes et de leur fondement idéologique (des écoles mutuelles jusqu’au paradigme utilitariste actuel). Le débat permanent que Ph. Goémé a laissé se dérouler pendant son intervention m’ont permis alors de commencer à mieux cerner ce sur quoi « accrocher » la question des pratiques.

Une surprise m’attendait le lendemain dans les ateliers, surprise qui dit beaucoup sur une des qualités de ce syndicat : celle de recruter dans tous les métiers de l’éducation puisque j’ai eu dans mes ateliers une assistante sociale, des enseignants de LP, de maternelle, d’élémentaire et du secondaire, des contractuelles travaillant à l’ITEP ou avec des personnes autistes.
Une belle « hétérogénéité » pour travailler et réussir le texte recréé !!

Avec des résistances bienvenues : simple reconstitution pour saisir ce que les mots veulent dire ou recréation du sens qui laisse toute sa place à l’interprétation des lectures ? Entrer en compréhension scolaire d’un texte et/ou s’autoriser à s’approprier une œuvre mise en partage ?

Autant de résistances qui nous ont permis de mener un débat de fond sur « transmettre des savoirs sans pratique transmissive » pour que le sujet qui apprend puisse et veuille s’émanciper de la parole du maître quand celui-ci est injonctif-dogmatique. Ce qui était, somme toute, la visée principale de l’atelier.

Et puis j’en ai profité pour faire recréer un texte pour la première fois : « Va-nu-pieds » de Lisette Lombé (tiré de son recueil « Brûler, brûler, brûler » ; voir son site : Mes livres | Lisettelombe) ; une belle rencontre poétique !

Après les stages Sud Education et SNUIpp, cette heureuse rencontre avec la CGT remonte le moral : la diversité des organisations syndicales dans l’éducation n’empêche nullement, au contraire, de se battre ensemble sur les enjeux anthropologiques qui sont au cœur de la question éducative ! La prise de conscience de tels enjeux est même perçue comme urgente par les temps qui courent.

Et c’est tant mieux !

Retour du stage Sud Education Réunion, 25-29 avril 2022

Stage Sud Education
Réunion, 25-29 avril 2022

Aux antipodes il se passe toujours quelque chose !

Dans la perspective d’un 3ème tour social, sur l’île de la Réunion, près de 120 personnes ont décidé de s’emparer de la question pédagogique et éducative comme une question politique.

Le titre de cette formation syndicale disait déjà beaucoup : « Pédagogies critiques et émancipatrices : pour qui ? Pourquoi ?». Dans l’histoire courte des stages syndicaux, sur 12 ans, il est intéressant de voir comment la manière de poser la question du double rapport école/société et pédagogie/éducation a évolué. A l’origine, ces stages PASE (pédagogies alternatives et syndicalisme d’émancipation) remettaient au goût du jour et sur le tapis la question lancinante des mouvements révolutionnaires : que faut-il changer d’abord, la société ou l’école ? En cascade, se greffait la question syndicale des moyens matériels et humains pour enclencher cette transformation. Et pendant longtemps, ne nous le cachons pas, la dimension pédagogique de cette visée était minorée à tout le moins, voire ignorée.

Puis, patatras, la qualification d’alternatif était reprise par des courants pédagogiques qui ne remettaient pas fondamentalement en cause les rapports sociaux hors l’école, même si ces courants se présentaient comme une remise en question des rapports éducatifs dans l’école. Un des mouvements emblématiques de cette position pédagogique était alors, est encore le mouvement Montessori.

Le succès quantitatif et qualitatif des stages à Paris, à Créteil, en Guyane, à Angers, en Vendée, à Reims et Nancy, à Lyon et Marseille, à Caen et à Nantes, près de Gap, à Amiens ou Alençon, à Limoges comme à Besançon, partout où le GFEN est intervenu aux côtés d’autres mouvements, ce succès nous a obligé à modifier l’intitulé de la question en travail.
L’alternative est devenue émancipation et critique ! Une autre conception de la formation enseignante a commencé ainsi à se construire.

Aujourd’hui, c’est dans un cadre tropical automnal, hémisphère Sud oblige, que des militant.es et des enseignant.es de la Réunion s’offrent une première séance de recherche-action. Tous les mots sont importants, nous le savons, et il s’agit bien de créer les conditions de se mettre en recherche comme en action, donc en activité intellectuelle, sur les questions pédagogiques, à l’articulation des luttes syndicales.

Sacré stage, pour une première ! Benjamin, le camarade de Sud Réunion qui y travaille depuis 3 ans, perturbé par les contraintes de temps et d’espace, mais jamais découragé, nous a concocté un programme très ambitieux et copieux (qu’est-ce qu’on mange bien depuis 5 jours !). Prof de philo soucieux de concilier théorie et pratique, Benjamin, avec l’aide de ses camarades, a fait appel tous azimuts à celles et ceux que le syndicat Sud considère comme légitimes pour animer une telle formation, à la visée critique et émancipatrice.

En alternance complémentaire, des conférences et des ateliers : Nico Hirtt pour la critique de l’offensive néolibérale et de l’approche par compétences dans sa version «Commission européenne» ; Laurence de Cock pour la critique des politiques de contre-démocratisation en voie d’accélération et d’exacerbation depuis 5 ans ; les ateliers du collectif «Questions de classe(s)» animés par Magali Jacquemin, Mathieu Billière (rencontré lors de la réunion de Convergences à Calais il y a quelques mois) et Arthur Serret (de l’ICEM Paris qui a déjà pris langue avec les camarades du GFEN Paris) ; l’atelier de pédagogies critiques animé à distance par Irène Pereira et en présence sociale par Rachel Salem ; l’atelier ICEM-Freinet animé par des militant.es locales ; et 3 ateliers du GFEN animés par mes soins.

Triple moment jubilatoire que vivent aussi bien les stagiaires que l’animateur : enchaîner texte recréé («Le sultan» de Jacques Prévert) et problème sans questions (en maths et en histoire) a été possible parce que les 2 groupes étaient réduits (7 et 10 personnes) mais les participant.es particulièrement motivé.es et critiques ; l’atelier d’écriture du lendemain («Binômes imaginatifs» à partir du mot «cerveau») a déjà donné envie de le réinvestir à 2 enseignantes de l’élémentaire comme à cette prof doc et à cette enseignante de RASED. Dans le 2ème lieu de stage, même mot mais des textes différents et une réflexion inédite sur l’entrée en matière de l’atelier (minute de pensée brouillonnante ou minute qui impose le silence à la pensée ?) mais aussi prise de conscience que nous ne pouvons pas émanciper les élèves, en particulier dans le rapport à l’écriture, à leur place. Comme l’a écrit Henri Bassis, nous ne pouvons que créer les conditions idéelles et matérielles pour que les sujets puissent et veuillent s’émanciper. Et ça, c’est déjà énorme !! J’avoue avoir jubilé grave dans ces moments de rencontre d’intelligence collective !

Car ce qui s’est joué alors c’est l’appropriation, pour soi et pour les autres, et pour nos élèves en particulier, de la possibilité réelle, quotidienne, d’une transformation concrète des pratiques d’enseignement et d’éducation, et par conséquent des conditions d’apprentissage.  Peut-être plus encore ? L’émergence et/ou la continuité d’un processus de conscientisation des enjeux anthropologiques d’une transformation radicale du rapport au savoir, du rapport à savoir, et plus généralement du rapport à l’éducation. Radicale, disiez-vous ?
Comprenez-le comme une tentative, à la fois théorique et pratique, d’une révolution du quotidien, au quotidien !

Nous n’en avons pas fini avec la bataille d’idées de l’Education Nouvelle… et c’est tant mieux !

Et tout ça grâce aux camarades de la Réunion ! Merci, mille mercis à Benjamin, Léna, Isabelle et Éric, François et Agnès, Nathalie pour leur accueil chaleureux, leurs disponibilités quotidiennes, leur patience et leurs sourires quand tout allait bien enfin !

Spéciale dédicace aux rhums arrangés artisanaux… qui ne m’ont nullement dérangé.

Pascal DIARD

Extraits Dialogue n° 184

Dialogue n° 184 – 100 ans d’Education Nouvelle. Cultiver l’à venir

Sommaire

Éditorial

  • L’Éducation Nouvelle, aujourd’hui si précieuse   Lire l’édito
    Michel BARAËR et le collectif de rédaction du numéro
Pour hâter la venue du printemps
  • La Commune de Paris (1871) a-t-elle un avenir pédagogique ?
    Pascal DIARD

2021, année des 150 ans de la Commune de Paris. 2021, année du centenaire de l’Éducation Nouvelle. Une concordance des temps qui prête à ré flexion sur l’art et la manière pédagogiques de présenter un événement historique majeur à la compréhension de toutes et tous. Et de s’interroger sur la légitimité de la posture de praticien chercheur pour définir le travail de militant de l’éducation nouvelle.
Les origines d’une démarche (sept 2005)
Saisissant l’occasion d’un stage de rentrée du GFEN Île de France, je pars d’une idée de professeur d’histoire pour construire un scénario pédagogique sur la Commune de Paris.

  • Ici et ailleurs, quelle éducation nouvelle à une géographie citoyenne ?
    Interview de Gatien ELIE par Pascal DIARD (et dans le supplément en ligne)

Qu’est ce que la géographie (qui interroge le rapport à l’espace, le rapport au mondial) peut apporter au GFEN aujourd’hui et réciproquement ?
Ce que le GFEN m’apporte en tant que professeur de géographie, ce sont d’abord des pratiques d’enseignement, des pratiques pédagogiques, en par ticulier la découverte du jeu de rôle qui a été la colonne vertébrale de ma démarche « développement durable, développement impossible ? » .
On dit souvent au GFEN qu’il faut « faire revivre l’histoire des savoirs », ici il s’agit de « faire vivre des situations géographiques » aux élèves pour leur faire prendre conscience des conflits de territoires, des représentations contradictoires et des intérêts divergents qui s’y agrègent, des enjeux politiques et sociaux. Autrement dit faire vivre une dialectique du rapport à l’espace géographique. La question de la construction de l’abstraction que pose le GFEN dans la construction du savoir a été pour moi, en tant qu’enseignant, une grande rupture.

  • Sur le fil… de la marge
    Le secteur philosophie du GFEN

Qu’est ce qui fait du secteur philosophie du GFEN un lieu si particulier, si précieux aussi, en tout cas pour celles et ceux qui s’y tiennent durablement, et qui y trouvent manifestement ce qu’ils cherchent ailleurs parfois en vain ? Le groupe que forment les membres du secteur philo, qui a bien sûr évolué, qui s’est renouvelé avec le temps, conserve malgré tout, depuis 30 ans une spécificité qui est à la fois évidente intuitivement, et assez difficile à caractériser précisément.
Nous tenterons ici de proposer quelques pistes pour dire ce que représente le secteur, et le rôle qu’il joue, pistes puisées dans son histoire, et dans nos expériences partagées. Ces hypothèses ont en commun l’idée d’un équilibre instable : entre l’institution et son «dehors», au cœur d’un croisement entre politique, pédagogie et philosophie, entre l’exigence maintenue d’une certaine normativité (au sens où nous n’opérons pas de rejet de la norme scolaire) et l’écueil d’une normalisation stérile (ou standardisation des compétences).

  • Quatre couleurs d’éducation nouvelle. Les nuances de gris, on laisse ça à d’autres
    Un adhérent du GFEN

Aujourd’hui Monsieur Sapoge va au CHIEN (Collectif Hybride et Intergalactique de l’Éducation Nouvelle). Quatre nouvelles planètes viennent d’adhérer à cette Ligue galactique et Sapoge est impatient de faire connaissance avec les pratiques et les valeurs pédagogiques que vont exposer les quatre intervenants.
ARGOS et l’école des argonautes : Ulysse, ouvre la séance avec la présentation de l’éducation sur Argos, sa planète. Dès l’introduction, on sent qu’on a affaire à une femme qui a les pieds sur terre, bien enracinés. Des pommettes qui exhibent une ardeur à vivre, deux fossettes qui révèlent une belle humeur. Et un front cabochard qui impose une force têtue prête à affronter avec joie l’adversité.

Un futur déjà là

  • L’Éducation Nouvelle : un pouvoir d’étonnement toujours intact
    Geneviève GUILPAIN, enseignante de philosophie, formatrice à l’INSPE de Créteil (site de Livry-Gargan)

Un temps suspendu – Depuis quelques années, deux ou trois groupes d’étudiant.e.s chanceux/ses ont droit à un moment suspendu dans la formation marathon qu’est devenu le master Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation.
Soit seule, soit en compagnie de Pascal Diard,enseignant détaché au GFEN, ou encore en coanimation avec une collègue « freinétique », je leur propose une douzaine d’heures de pratiques et réflexions gfenistes. Une formation en immersion totale où l’on n’est pressé ni par le temps, ni par l’évaluation, parce qu’on annonce d’emblée que « chacun.e sera largement validé.e dès lors qu’il/elle s’impliquera activement dans le travail ». Il est arrivé aussi que nous leur proposions une recherche par petits groupes portant sur une question soulevée au cours de ces deux journées (« À quelles conditions une formation peut elle être formatrice ? Quel rôle l’éducation nouvelle attribue t elle au jeu ? Qu’apporte le travail de groupe ? … »).

  • « Re-créer en s’émancipant progressivement de ses conceptions anciennes »
    Questions à Jean BERNARDIN par Laurent CARCELES

Jean Bernardin a été enseignant. Il est aujourd’hui un formateur du GFEN qui partage des ressources et des approches, avec le souci permanent de tenir ensemble objectivation théorique et les réalités concrètes les plus pratiques. Il a réinvesti et conçu plusieurs démarches. Celles-ci nourrissent les parutions du GFEN 28 en particulier, et le mouvement dans son ensemble.
Jean Bernardin, vous dites souvent que le savoir est la seule chose qui rend plus riche quand on la partage, pouvez vous nous expliquer pourquoi ?
C’est Jean Yves Rochex qui avait l’habitude de dire qu’à l’inverse des marchandises le savoir s’accroît d’être partagé. Affirmation qui me semble s’accorder tant sur le plan de l’histoire de l’humanité que sur le plan de la construction du sujet et qui interroge le double sens du mot « savoir » : à la fois contenu qui a déjà été élaboré par les générations qui m’ont précédé et processus de construction de cet objet par un sujet.

  • Du silence en pédagogie…
    Michel NEUMAYER

Au-delà de la pensée des poètes, je voudrais revenir dans ce troisième numéro des « 100 ans d’Éducation Nouvelle » sur la notion de « question » en pédagogie et interroger sa place en Éducation Nouvelle, face aux défis d’un futur incertain.
Je veux briser le carcan du « questionner et donc répondre », ce binôme insécable auquel l’enfant et l’adulte, ces deux acteurs de la relation pédagogique si souvent répondent, peut être trop souvent sans les réinterroger. Les pédagogies dominantes sont encore souvent celles qui cherchent à colmater le vide relationnel, le suspens dans le langage que l’irruption d’une « question » peut susciter. Pourquoi ?
Quelle place laisser au doute chez l’apprenant ? Comment en tant que formateur suspendre en nous le désir de parole ? Comment entendre la puissance poétique des paradoxes ? Comment s’abstenir de tout ce qui fige la pensée ?

D’une bouture l’autre
  • Le GFEN en Île-de-France : passés, présents, avenirs
    Jeanne HAUGOUBART-BONNEFOY et Laurent CARCELES

Cet article est le fruit d’un travail collaboratif entre Jeanne HAUGOUBART%u2010BONNEFOY (ex DION), qui a animé le groupe Île de France pendant deux décennies, et Laurent CARCELES qui a connu et rejoint le GFEN grâce à Jeanne.
1976 : Un groupe d’enseignants découvre le GFEN
« Après 15 années d’enseignement en région parisienne (à Saint Denis 93 puis à Créteil et Bonneuil sur Marne 94), investie politiquement dans le Mouvement de la Paix, les questions de l’éducation à la paix et de la réussite de tous les enfants deviennent de plus en plus incontournables pour moi. En dépit des pratiques de coopération, de projets de création comme la conception, la réalisation de longs métrages et la production de petits romans issus de ces films, de séjours réguliers en classes de découverte, du refus d’user des punitions/récompenses…, ma pédagogie –très fortement inspirée par le mouvement Freinet rencontré pendant ma formation initiale– , pédagogie que je veux « active » ne vient pas à bout des échecs que rencontrent encore trop d’enfants dans le champ des savoirs. Dans notre école, nous sommes déjà un groupe d’enseignants opposés de puis plusieurs années à l’orientation ségrégative des élèves de CM2 en classes de 6e différenciées : voie I(enseignement général long, classique ou moderne) voie II (enseignement moderne court) voie III (6e de transition pratique).


  • Quels possibles… renouvellements ?
    Laurent CARCELES et Pascal DIARD

Partager, permettre des possibles d’éducation que les démarches GFEN ouvrent. C’est ce que nous tentons depuis dix ans. Pascal Diard, en tant que détaché national depuis 2013. Laurent Carceles depuis 2015, en tant que déchargé par le Rectorat de Créteil pour le GFEN, puis formateur Maîtrise De la Langue pour l’académie de Créteil avec, pour mission, de continuer à faire vivre des démarches auprès d’enseignantes et enseignants. Porteurs des héritages de l’Éducation Nouvelle, et plus précisément de celui construit et transmis au  sein du groupe Île de France notamment par Jeanne Dion, nous avons animé des centaines d’heures de formation sur tous les « terrains » :  formation au — plus ou moins — long cours dans les Réseaux d’Éducation Prioritaire (REP), stages de regroupement au Plan Académique de Formation (PAF), Aide Négociée de Territoire (ANT) en établissement, stages syndicaux, personnels de catégorie C en reconversion, éducateurs de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) et les jeunes qu’ils accueillent… […]
Laurent Carceles vous propose de plonger dans le concret d’une formation récente d’enseignants, puis Pascal Diard au cœur d’une formation d’ « éducs » de la PJJ.


  • Et si nous entrions tous dans la tapisserie de Bayeux ?
    Sandrine LEROU, professeur d’histoire, collège Travail de Bagnolet (93)

L’histoire commence par mon choix du stage LAN0101 au Plan Académique de Formation : former des lecteurs et scripteurs compétents. J’enseigne l’histoire depuis bien long temps. Le nombre de mes années d’expériences, cumulées aux deux délicates dernières (années noyées dans le télé enseignement covid confine ment demi jauge), exigeait un nouveau regard sur mes cours. Déjà adepte de méthodes particulières (jeux de rôles, etc.), je m’ennuyais presque dans mes séances de travaux en groupe. À bout, je ne pensais même plus à organiser des sorties. J’étais en quête d’une « recharge », en quelque sorte.
À moi donc les expériences heureuses du texte recréé, du texte à trous, du texte à dévoilement progressif ! À chaque fois que je vivais une des démarches proposées, je cherchais tout de suite comment l’appliquer aux documents et travaux que donne l’historien en classe. En effet, le professeur d’histoire se trouve toujours devant un paradoxe : il doit, tout à la fois, s’appuyer sur des documents d’époque et remettre ces mêmes documents en question. Or, bien trop souvent, les élèves ne les voient que comme des illustrations du propos, et les considèrent comme une preuve. Ils n’en voient pas les limites. Le professeur n’a, en effet, pas toujours le temps de proposer l’ensemble des versions d’un même événement.

Ombres et sous-bois

  • Pour une redéfinition de l’émancipation
    Sandrine BREITHAUPT, Groupe Roman d’Éducation Nouvelle

C’est un peu par hasard que je suis tombée sur un livre qui date déjà de 2009, intitulé Ils ont voulu changer l’école. Histoire des pédagogies actives dans le Jura, 1950 1970, dirigé par Mémoires d’Ici et édité par Alphil aux Presses Universitaires Suisses. À l’occasion des 100 ans de L’EN, j’ai approfondi ma lecture et je partage aujourd’hui mes découvertes.
Je le ferai en deux temps. Le premier cherchera à saisir ce que nous pouvons apprendre de l’expérience jurassienne, de ce passé bien révolu, comme l’écrivait Sauvain, tout en cherchant à comprendre le déclin d’une certaine école alors très active dans la région. Le second s’arrêtera brièvement sur le présent pandémique, signe d’un espace propice peut être à une réorganisation scolaire pour se pencher enfin sur un avenir possible.

 

  • Quel avenir pour le « Tous capables » ?
    Jean-Jacques VIDAL

Ils « partagent la capacité d’apprendre et de progresser » : la visée à mettre en œuvre pour tous les enfants est inscrite dans « Les principes de l’éducation » de la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République de juillet 2013.
Le « Tous capables », marqueur principal du Gfen au point d’être « dans l’ADN » du mouvement, est ainsi devenu un principe institutionnalisé.
Mais, pour les classes où les professeurs sont confrontés à trop d’empêchements, cette formulation participe très fortement à la mise à l’écart de ses objectifs : ils ne croient pas à son efficience pour les élèves dans les classes où ils enseignent, dans les écoles qui sont les leurs. Et il ne s’agit pas là uniquement de débutants nommés sur des postes difficiles, qui mettraient leur déclassement — le terme semble ironique, mais son vécu est amer — sur le compte de leur incompétence ou de leur manque d’expérience.

Graines d’espoir dans le champ des possibles
  • Lettre du Hermel 14 février 2022 (Liban)
    Ghoussoune WAHOUD

Chers amis de l’Éducation Nouvelle,
En 2020, mes amis et moi avons fondé le GLIEN le groupe libanais d’Éducation Nouvelle qui fait partie du LIEN. Nous avons créé l’école « Esprits Libres » où nous valorisons et cultivons les valeurs de responsabilité, d’autonomie, de respect, de liberté, de citoyenneté, d’empathie et de bienveillance. Notre mission est d’avoir de futurs responsables ayant des valeurs et capables de faire le changement qu’on vise dans notre pays. Mais pratiquement, comment travaillons nous ?

  • Douze perspectives, douze chantiers pour l’éducation nouvelle…
    Philippe MEIRIEU (Philippe Meirieu était le grand témoin de la Première Biennale de l’Éducation Nouvelle.)

Après avoir brossé un portrait de notre environnement montrant un univers individualiste qui peine à construire du commun assumé et se perd dans une consommation compulsive de « l’épuisable » ; une société où les savoirs se perdent dans la multiplication d’informations virales… ; une école qui creuse les inégalités sociales en raison du caractère massivement « laxiste » de ses pratiques… Philippe Meirieu avait proposé que nous ouvrions ces 12 chantiers, à partir de quelques thématiques rencontrées à l’occasion de cette Biennale. Le titre de son intervention alliait tant ce que fut l’Éducation Nouvelle que ce qu’elle doit continuer à faire en tout temps pour demeurer toujours nouvelle.

  • Concevoir une formation : l’expérience du GFEN…
    Jacques BERNARDIN

Il est fréquent d’entendre des reproches à l’égard de formations jugées trop « théoriques » et insuffisamment pratiques, et/ou en décalage avec les problèmes professionnels de terrain. Pour ceux auxquels elle s’adresse, la théorie n’est pas opératoire lorsqu’elle précède la conscience des problèmes qu’elle est censée expliquer ou lorsqu’elle n’ouvre pas sur une alternative à l’ordinaire. Suffit il a contrario de prescrire de « bonnes pratiques » ? Cela rabat la professionnalité enseignante à un métier d’exécution et laisse entendre que certaines pratiques vaudraient quels que soient les situations, le contexte et les acteurs en présence. Plus encore, que le dispositif serait opératoire indépendamment de la façon de le mettre en œuvre et de l’intention éducative qui le surplombe ? Au mieux, cette prescription règle provisoirement un problème, mais confirme et renforce la dépendance aux supposés experts et laisse en l’état le développement professionnel attendu

  • L’expérience d’une consultante de l’éducation parentale
    Ting LI (LIEN) Wuhan-Chine

Une harmonisation chinoise : le besoin de réussite des enfants et le besoin de la Nation En 2021, l’Administration de l’Éducation Nationale Chinoise a annoncé l’«Avis sur la poursuite de l’allégement de la charge de travail et de la formation extrascolaire des élèves de l’enseignement obligatoire» (2021). L’explication officielle de cet avis est la suivante : Pourquoi le bureau de l’Éducation Nationale met il une telle importance sur le déchargement des élèves ? Tout d’abord, je vais présenter brièvement le contexte social.
Le système de Sécurité sociale en Chine est en train de s’améliorer. À part les fonctionnaires, la plupart des gens de la classe moyenne ne comptent pas sur les aides sociales pour garantir leur retraite et les cas graves de problèmes de santé. Les parents mettent l’accent sur l’avenir de leur enfant, il faut réussir à l’école, faire des études supérieures dans les meilleures universités, trouver un travail bien rémunéré.

  • Pédagogies alternatives et Éducation Nouvelle : quels horizons ?
    Sylvain WAGNON, Faculté d’éducation de l’Université de Montpellier (Questions posées par Étiennette VELLAS)

Effectivement, je pense que les pédagogies alternatives forment aujourd’hui une nébuleuse qui se compose de nombreux mouvements, écoles et expériences éducatives et qu’elles sont révélatrices des mutations de nos sociétés. L’ambition des pédagogies alternatives est d’incarner une autre voie, une autre façon d’éduquer, d’enseigner, de comprendre les apprentissages, de redéfinir les relations entre adultes et enfants, enfin de penser nos sociétés. Le terme alternatif est puissant, radical et fédérateur pour des mouvements très disparates qui entendent s’opposer à un modèle dominant. Mais il me semble que plusieurs axes fédèrent la plupart de ces mouvements.

Supplément en ligne  télécharger

  • Pourquoi répondre à une invitation syndicale ?
    Jean-Jacques VIDAL
  • Du concept de fruit au concept de classification
    Jacqueline BONNARD
  • Ateliers d’écriture et de création : ces lieux qui n’existent pas encore
    Stéphanie FOUQUET, Laurent CARCELES

Numérique

  • La classe à l’épreuve du distanciel. Enquête sur le lycée numérique – Julien Cueille

L’Harmattan, Logiques sociales (13 oct 2021)

Les confinements successifs auront été une épreuve de vérité : que serait un enseignement… sans école ? Cette école entièrement ou partiellement à distance nous aura permis de nous interroger sur ce que veut dire « faire classe ». Or a-t-on pris la peine d’écouter les acteurs et actrices de terrain ? Ce livre relate une enquête menée, entre 2020 et 2021, auprès de nombreux professeurs et élèves de lycée. Il réserve bien des surprises : notamment sur leur perception du « distanciel ». Les élèves sont-ils convaincus par le e-learning ? Le numérique améliore-t-il réellement les apprentissages ? L’auteur, en confrontant ces résultats avec des discours d’« experts » nous invite à nous questionner :« révolution numérique » et « révolution pédagogique » vont-elles nécessairement de pair ? Voir

  • Manifeste pour une école démocratique dans une société numérique, 2020, lire 

Le Forum soutient le numérique à l’École, mais pas à n’importe quelles conditions. Les enseignant.e.s ont fait de leur mieux durant le confinement, avec les outils dont ils disposaient, et beaucoup ont fait preuve d’une grande inventivité. La réponse ministérielle, très verticale, n’a pas vraiment tenu compte de la réalité de leur travail pour penser la place et le rôle du numérique à l’École. L’idée du Forum École Alternumérique a émergé d’un groupe d’associations, l’AFEF a servi de base logistique et elle s’est engagée dans ce Forum pour des raisons essentielles liées à la discipline français : la question de la communication, centrale en français et reprise dans toutes technologies audio-visuelles-numériques ; la question des langages, de la langue et des discours : les manipulations du langage et des discours sont au centre de la désinformation, mais aussi du harcèlement et du complotisme sur les réseaux ; la littérature se saisit de ces sujets, non comme thème, mais parce que c’est le corps même de son œuvre, mettre des mots sur les questions qui traversent le monde…

  • Numérique, un changement qui pourrait rester virtuel

Jacqueline BONNARD – Décembre 2012

Le 13 décembre, le ministre de l’éducation nationale Vincent PEILLON présentait, devant un auditoire composé des acteurs du numérique éducatif, un plan d’actions en direction des
enseignants, des élèves, des parents, des collectivités territoriales pour hisser la question du numérique éducatif au rang d’objectif global national. A cette occasion, il affirmait que « le numérique offre une opportunité unique pour refonder l’école »

La section 3 du projet de loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la
république, relative au développement de l’enseignement numérique propose d’installer « un service public de l’enseignement numérique et de l’enseignement à distance » (art. 10), « une formation à l’utilisation des instruments et des ressources numériques » (art.11), de simplifier l’application du code de la propriété intellectuelle en l’élargissant à l’exception pédagogique afin de permettre aux enseignants d’utiliser des extraits d’œuvre disponibles via une édition numérique de l’écrit. (art.12)

L’ambition est louable et l’annonce de la création de Conseils et Comités chargés de coordonner les différents acteurs (éducation nationale, collectivités territoriales, représentants de la communauté éducative, partenaires privés de la filière numérique éducative…) présente l’avantage d’une approche globale des conditions d’équipement informatique et d’accès aux ressources numériques pour l’ensemble des établissements scolaires.

Pour autant suffit-il d’équiper les établissements de façon uniforme et donner accès aux ressources
numériques aussi pertinentes soient-elles pour refonder l’école ?

Suffira-t-il aux élèves d’avoir du contenu en ligne, des corrigés du brevet et du bac  pour apprendre et se construire une représentation cohérente du monde dans lequel ils vivent ?

Suffira-t-il aux enseignants de bénéficier d’une formation à distance pour mettre en place une pédagogie propice à « accompagner les élèves dans la société du numérique » dans une approche citoyenne ?

Technologies nouvelles, nouvelles pratiques sociales

Personne ne conteste que nous baignions dans une société du numérique qui transforme profondément les comportements et les rapports humains. Ainsi que l’écrivait Bruno JACOMY dans « une histoire des techniques », les nouveaux outils « ne prolongent plus seulement nos mains, nos jambes, nos muscles. Ils prolongent nos sens, nos organes de communication et dans une certaine mesure notre cerveau. » L’homme d’aujourd’hui a accès à une multitude d’informations, prenant appui sur des médias aux formes diverses. Les élèves baignent dans ce milieu numérique à la recherche du plaisir immédiat, « icôno-zappeurs »  passant d’une information à une autre sans but précis apparent, activité
le plus souvent individuelle qui laisse des traces dans l’inconscient sans qu’il y ait réflexivité.

Technologies nouvelles et apprentissages scolaires

L’enseignement vise à faire organiser les informations reçues par celui qui apprend afin de modifier ce qu’il croyait vrai de la réalité observée  en se construisant des savoirs extériorisés et formalisés de cette réalité. Il peut être intéressant de s’appuyer sur cette réalité virtuelle, mais est-ce suffisant ? Ce n’est qu’un apport parmi d’autres et s’il permet de sortir d’une transmission frontale par l’introduction d’un objet tiers (le poste informatique, vecteur des informations du Net), il ne suffit pas à construire
du savoir chez l’élève. Mettre les élèves en stabulation libre devant les postes informatiques est tout aussi inefficace que de les soumettre à des exercices répétitifs dénués de sens pour eux.

Technologies nouvelles, nouvelle pédagogie ?

Il ne faudrait pas pour autant nier les compétences numériques acquises par les élèves hors l’école
même s’il semble évident que les acquisitions soient inégales selon les milieux sociaux. Encore faut-il en avoir conscience et proposer des situations pédagogiques prenant en compte les acquis.  L’apport du numérique permet de diversifier les représentations du réel et de mettre en place une différenciation
pédagogique dans le cadre d’une séquence d’apprentissage qui vise à mobiliser tous les élèves sur un même objet de savoir, laissant la possibilité à chacun de suivre des itinéraires singuliers. C’est lors d’une synthèse active (construite collectivement) que la structuration des connaissances permettra à
chacun de s’approprier le savoir visé.

Mais cette approche pédagogique se heurte à plusieurs écueils :

– un sous équipement informatique dans les établissements scolaires.
– des offres insuffisantes de ressources numériques éducatives de qualité.
– une formation insuffisante aux nouvelles technologies (le C2I2E suffit-il pour
maîtriser les différents outils à disposition ?)
– une réflexion quasi inexistante  sur la pédagogie à mettre en œuvre intégrant les apports numériques, sans pour autant individualiser les parcours ce qui mènerait à l’effet inverse de ce qui est annoncé : la réussite de tous.

La tâche semble donc colossale tant le retard pris est important créant de grandes inégalités selon les établissements et les territoires. Rien ne se fera sans un plan d’équipement coordonné à l’échelle
régionale et nationale. Et rien ne se fera sans une réflexion sur les pratiques professionnelles qui, tout en intégrant le fait que les TIC sont incontournables dans le contexte actuel, il ne saurait être question de centrer la pédagogie autour de leur utilisation.

Lire également

  • Vincent PEILLON lance une « stratégie globale » pour le numérique.
    Le Café Pédagogique présente les propositions de Vincent PEILLON pour que le numérique
    participe du projet de refondation de l’école. « L’Ecole se doit d’accompagner les élèves dans la société numérique, par pour s’y plier mais pour porter ses valeurs et sa mission éducative ».
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2012/12/14122012Article634910670326384545.aspx
  • Des technologies vraiment éducatives ? LIRE
    Dialogue n°136 (avril 2010) « Transmettre, enjeux sociaux et pratiques éducatives engagées. »
    Michel BARAER décrit l’introduction progressive des technologies de l’information à l’université, les usages souvent limités de ces moyens techniques dans les pratiques enseignantes et interroge l’articulation entre nouvelles technologies et pédagogie.
  • Poétiques et cybermondes. Quand la poésie déménage LIRE
    Dialogue n°131 (janvier 2009) « Culture : combats pour l’émancipation ».
    Pierre COLIN réfute l’idée des penseurs de la poésie sonore selon lesquels il existerait « une interdépendance radicale entre la technologie d’une époque et la poésie »…
  • Blog de classe : un lien virtuel bien  réelavec les parents. LIRE
    Dialogue n°127 (janvier 2008) « Parents : des liens à réinventer »
    Marie Pierre DUBERNET – Une pratique du blog pour communiquer avec les parents de la classe.
  • Pour des pédagogies adaptées à un contexte « numérique ». Bruno
    DUVAUCHELLE affirme  qu’il est plusimportant de prendre en compte le fait TIC en éducation plutôt que d’utiliser les TIC en éducation. Il met en débat trois propositions :
    – Une pédagogie de l’apprendre ensemble qui change les symétries traditionnelle de la classe,
    – Une pédagogie de l’appropriation qui impose de dépasser les limites de la classe,
    – Une pédagogie de l’autonomie réflexive accompagnée qui soit structurante, avant d’être strictement structurée.
    http://www.brunodevauchelle.com/
    Que les élèves apprennent-ils dans le monde numérique hors l’école ?
  • « Le numérique n’est qu’un outil pour apprendre… »  André TRICOT, professeur à l’ESPE  de Toulouse, écoutez 

 

  • Un dossier de l’IFE (ENS Lyon) qui reprend l’historique de l’intégration des usages du numérique dans les classes depuis « le plan informatique pour tous » de 1985 jusqu’à l’usage des T.IC. dans les classes et les lieux de formation.
    Au-delà de l’importance d’un équipement adapté à ces usages, Rémy THIBERT interroge l’évolution du rapport entretenu au savoir lors d’une pratique du numérique d’une part, ce que cela induit dans les pratiques pédagogiques d’autre part. Il souligne l’importance d’une réflexion à mener sur la formation des enseignants pour une intégration pertinente des usages numériques lors des apprentissages.
    http://ife.ens-lyon.fr/vst/DA-Veille/79-novembre-2012.pdf
  • « Apprendre avec le numérique », un n° des Cahiers Pédagogiques présentant une grande variété de pratiques pédagogiques, de méthodes recourant à des outils numériques pour mieux faire apprendre, dans un cadre collectif comme dans l’accompagnement individuel.
    http://cahiers-pedagogiques.com/spip.php?article7941

Parcours Médiascol

L’université Paris 8 (CIRCEFT-ESCOL) propose un parcours de formation dont le GFEN est partenaire. Il accueille aussi bien des étudiants en formation initiale que des professionnels en reprise d’étude (Master 1 et 2). Il articule professionnalisation et formation à la recherche dans les domaines de
l’enseignement, l’éducation prioritaire et la médiation culturelle.

en savoir plus 

livret de présentation de Mediascol

L’enseignement agricole

Récemment viennent de paraître deux ouvrages sur la rénovation de l’enseignement agricole dont le GFEN fut un des acteurs :

Par delà les camarades du mouvement qui sont cités dans ce livre pour leurs pratiques ou leurs écrits : BASSIS H., BASSIS O.,  CLOT Y., DALONGEVILLE A., DUNY A., GFEN – IHW Dijon – HUBER M., – TRAMOY M., WALLON H., … il est possible de mieux connaître ce qu’a été la participation du GFEN à la rénovation de l’enseignement agricole.
Participation peu connue des militants du mouvement.

L’invention des idées – Le défi réussi de l’enseignement agricole français

Sous la direction de Philippe MAUBANT et Edgar LEBLANC – Champ Social Éditions  2022.

De l’hétérogénéité de ses publics et de ses partenaires, l’enseignement agricole a su extraire une force d’action
et une ambition politique.

Ce livre tente de décrire, d’analyser et de comprendre la singularité de l’enseignement agricole français faite d’audaces, d’inventions et d’innovations. En découvrant les textes, le lecteur pourra constater combien tous les actes posés, tous les fondements des politiques éducatives soulignés et mis en valeur, tous les argumentaires déployés par les différents auteurs du livre soutiennent une seule et même vision
de l’enseignement agricole : « faire société ». En effet, « Faire société » n’est pas une reformulation du « vivre ensemble » des années 1980. L’expression « Faire société » souligne la dimension d’unité et de
cohésion sociale, voire d’intégration des différences au service du Bien commun. Or, tous les acteurs de l’enseignement agricole, rencontrés dans ce livre, ont souhaité et souhaitent encore, avec fougue et
passion, contribuer à rassembler toutes les personnes œuvrant ensemble pour défendre et soutenir une certaine idée de l’éducation, de la formation, de l’agriculture, du monde rural et plus généralement de la
société. À l’heure où différentes études soulignent le caractère encore très inégalitaire de l’École française, l’enseignement agricole semble avoir réussi le défi de « faire société » au sens où il est parvenu à rassembler, à fédérer, à unir et à intégrer. De l’hétérogénéité de ses publics et de ses partenaires, l’enseignement agricole a su extraire une force d’action et une ambition politique. Des différences, il a su construire des lieux uniques et singuliers où la seule ambition est celle de concilier formation, travail, insertion, intégration au service d’une éducation émancipatrice et transformatrice des individus et des collectifs. De l’invention des idées, il a su faire œuvre de transgression et de création au service de la transmission et du dépassement des expériences humaines. site éditeur

Un institut en appui à l’innovation dans l’enseignement agricole – INRAP (1968/1993)

Auteur : Association Mémorap – Educagri Éditions 2020.

L’INRAP n’a pas toujours été l’Institut national de recherches archéologiques préventives, avant 1993, l’INRAP était l’Institut national de recherches et d’applications pédagogiques. Il a été créé par le ministère de l’Agriculture, à la fin des années 1960 dans une période d’expansion économique mais aussi de profonds bouleversements sociétaux. L’intitulé de son sigle « recherche et applications pédagogiques » correspond à une certaine conception de la « diffusion du progrès », en plaçant
l’Institut à l’interface entre recherche et pratiques. Dans les faits, l’Institut a beaucoup contribué à la formation des personnels del’enseignement technique agricole, tout en recherchant de «nouvelles méthodes pédagogiques propres à développer et à améliorer l’enseignement», et en produisant pour les praticiens et avec eux, des publications et des outils pédagogiques.
L’INRAP a été actif de 1968 à 1993, date de sa fusion au sein du nouvel Établissement national d’enseignement supérieur agronomique dijonnais (ENESAD). L’association MEMORAP, constituée d’anciens personnels de l’INRAP, a entrepris depuis 2016 un travail mémoriel pour documenter les
archives et publications de l’Institut conservées par AgroSup Dijon dans les locaux de Mediadoc. Son objectif est de faire connaître aux formateurs de l’enseignement général et agricole, les formations, les
expérimentations et les recherches conduites par l’INRAP de 1968 à 1993 pour nourrir la réflexion actuelle sur l’appui à l’innovation pédagogique dans l’Enseignement agricole.
Ce travail d’histoire et de mémoire donne à comprendre l’identité revendiquée par et pour l’INRAP, comment les chantiers emblématiques lui ont donné forme et comment le fonctionnement collectif lui a donné sens. Ce faisant, il donne un aperçu des fondements objectifs de la « dynamique d’innovation pédagogique » que l’enseignement agricole revendique « comme un élément important de son identité ». site éditeur

Ecriture collective du Manifeste pour l’Éducation nouvelle

Parmi les dixchapitres rappelés ci-dessous, le GFEN est chargé de l’écriture du troisième.

I – L’Éducation Nouvelle : un projet politique

II – L’Éducation Nouvelle n’exclut personne

III – Des convictions sans cesse renouvelées

IV – Nous sommes praticiens-chercheurs et acteurs sociaux militants

V – Nos ambitions permanentes, nos références fondamentales

VI – Nos pratiques, la mise en acte de nos valeurs

VII- Le souci constant apporté à l’Enfance, aux enfants et aux jeunes comme
condition de progrès

VIII- Une attention particulière à l’école…

IX- …qui ne saurait occulter d’autres enjeux, d’autres champs d’intervention

X – L’Éducation Nouvelle prend en compte les nouveaux défis du XXIème siècle

Le prochain grand rendez-vous sera la Biennale du 29 octobre au 1er novembre 2022 à Bruxelles.
Ce sera aussi le moment de la publication du Manifeste de Convergence(s), socle commun à toutes les organisations souhaitant intégrer formellement cette dynamique internationale.

Élaboration du Manifeste

Une première version « brute » du Manifeste est en cours d’écriture et sera disponible fin mars. Nous diffuserons largement cette première version autorisant ainsi les réactions, propositions de modifications etc. Nous recueillerons les suggestions afin de réaliser une deuxième version du
Manifeste qui sera diffusée pour relecture avant l’été.

Organisation de la Biennale

Espace de rencontre, d’échanges, la Biennale permet de mieux connaître les pratiques des
organisations présentes tout en favorisant la création d’espaces de débats de nature plus politique (au sens du projet d’Education Nouvelle). C’est pourquoi nous  sollicitons les militant·e·s :

– à proposer des ateliers de témoignage de pratiques

– à suggérer des thèmes de débat

Un important travail a démarré sur des enjeux importants pour nos sociétés (environnement,
éducation inclusive, etc.). Une fois ces enjeux précisés, un appel sera lancé pour identifier des personnes ressources pouvant apporter leurs compétences et leur éclairage pour la mise en place de ces temps d’échanges et de débats.

Les activités du groupe Languedoc-Roussillon

Rencontre multi-associative de militants d’éducation nouvelle de notre région,

  • Dimanche 15 mai 2022, 9h30-14h
    Centre social Les Mille Couleurs, 5 place Watteau, Nîmes (30) avec un casse-croûte convivial, à partager, en mode Auberge espagnole

    Nous relèverons le défi de l’écriture coopérative d’une partie du Manifeste de ConvergENce(s).

    La matinée pourrait à nouveau prendre la forme d’une mise en situation de création et de recherche, avec un atelier d’écriture-lecture coopérative. Nous préparons une animation ludique et
    créatrice dans la veine du dispositif déjà entrepris lors des deux premières rencontres et auquel quiconque peut se joindre, même s’il n’était pas présent les autres fois.

    Lors de sa réunion de novembre, notre groupe a pris la responsabilité d’écrire l’article n°8, consacré à l’école. Nous avons abouti à une proposition de réécriture de cet article en 1400 signes. Le COPIL (Comité de Pilotage) a centralisé les travaux des différents groupes et organisations à l’oeuvre produisant ainsi la première version du Manifeste (en pièce jointe). Ce travail d’écriture à plusieurs mains demande désormais d’être retravaillé.

    Notre production commune (réécriture, amendements…) sera transmise au COPIL qui finalisera une deuxième version du Manifeste avant l’été. Nous nous retrouverons ensuite pour poursuivre la réflexion et ainsi aboutir à la version finale. Rappelons-nous que la Biennale de l’Education Nouvelle au cours de laquelle sera présentée le Manifeste aura lieu à Bruxelles du 29 octobre au 1er novembre prochain.

    Prévenez-nous si vous venez, pour le calibrage de la salle et du matériel !

     

  • Samedi
    22 janvier 2022
    , 9h30-14h, Centre de Formation des Ceméa Occitanie, 501 Rue de la Métairie de Saysset, 34 Montpellier (avec un casse-croûte convivial)

    Deuxième rencontre multi-associative au cours de laquelle nous relèverons le défi de l’écriture coopérative d’un article du Manifeste de ConvergENce(s). (voir Convergences – Écriture d’un Manifeste pour l’Éducation nouvelle)

    La matinée pourrait à nouveau prendre la forme d’une mise en situation de création et de
    recherche, avec un atelier d’écriture-lecture coopérative. Un moment d’écriture collective d’un
    petit morceau du Manifeste. Nous préparons une animation ludique et créatrice, qui nous mettra toutes et tous en appétit et audace d’écriture, et nous permettra, c’est notre projet, de mieux nous connaître, et de nous ouvrir des chemins communs. 

    Lors de sa réunion de novembre, notre groupe a pris la responsabilité d’écrire l’article n°8, consacré à l’école.
    Nous devrons aboutir à une proposition de réécriture de cet article en 1000 signes. Au-delà, il est bien sûr imaginable que notre travail de janvier nous amène à produire également des propositions de formulations pour d’autres articles.

    J’offre à votre réflexion ce petit extrait, que je viens de recevoir, de la réflexion des militants du Conseil National de la Nouvelle Résistance, qui  » affirment qu’il serait temps que les Français prennent conscience que «  demain, leurs enfants vont devoir vivre dans un monde où la solidarité, la coopération, la mobilisation de toutes les formes d’intelligence, seront indispensables pour faire face, pour résister, pour trouver des solutions. » et que : « Notre système « éducatif »ne correspond en aucune façon à cet avenir. »

    Prévoyez de pouvoir prendre un peu de temps l’après-midi pour les décisions à prendre et le partage des idées de suite. La première fois, nous ne pouvions plus nous quitter, nous avons d’un
    commun accord prolongé jusqu’à 16h !

    Parce que nous sommes enthousiastes à l’idée de renouer ensemble avec l’aventure historique qui donna naissance à nos mouvements. désireu.ses de contribuer à ce que l’Éducation Nouvelle cesse d’être vue comme une histoire terminée, mais que le grand défi politique qu’elle porte d’une éducation libératrice ici et maintenant pour tous retrouve une place dans le débat social et
    politique. 

    Un premier document élaboré en mars par le comité de pilotage de Convergence(s) pour l’Éducation Nouvelle sert de fil directeur à l’écriture du manifeste. Il se présente sous la forme de dix grandes thématiques, contenant chacune 4 items (nos souhaits, nos combats), en tout 40
    propositions. Vous le trouverez en pièce jointe, ainsi que le compte-rendu détaillé de notre première réunion régionale de novembre.

  • Samedi 20 novembre 2021, 9h30-14h
    Centre Social Les Mille Couleurs, 5 place Watteau, quartier Pissevin, Nîmes avec un casse-croûte convivial, à partager, en mode Auberge espagnole
Un moment d’écriture collective d’un petit morceau du Manifeste (voir Convergences – Écriture d’un Manifeste pour l’Éducation nouvelle) . Nous préparons une animation ludique et créatrice, qui nous mettra toutes et tous en appétit et audace d’écriture, et nous permettra, c’est notre projet, de mieux nous connaître, et de nous ouvrir des chemins communs.
 
D’ici là, n’hésitez pas à aller voir le film « Pingouin et Goéland », actuellement sur les écrans. Il est formidable, parle d’Éducation Nouvelle, nous pose de multiples questions.
 
Parce que nous sommes enthousiastes à l’idée de renouer ensemble avec l’aventure historique qui donna naissance à nos mouvements. désireu.ses de contribuer à ce que l’Éducation Nouvelle cesse d’être vue comme une histoire terminée, mais que le grand défi politique qu’elle porte d’une
éducation libératrice ici et maintenant pour tous retrouve une place dans le débat social et politique. 
Prévenez-nous si vous venez, pour le calibre de la salle !

Les activités du groupe du Lyonnais 2022

Rencontres

Elles seront des temps forts de l’année, l’occasion de vivre une « démarche », de l’analyser, de la reconstruire éventuellement, ensemble, de prendre rendez-vous pour poursuivre les recherches  engagées. Nos rencontres sont ouvertes à tous ceux, enseignants, éducateurs, parents, qui souhaitent réfléchir, ensemble, à leurs pratiques éducatives pour les faire évoluer dans le sens de l’égalité et de
l’émancipation
.

  • Mercredi 19 octobre 2022, à 14h Salle du Château (à coté de notre siège) 2 Place de la Paix à
    Vénissieux

    Nous vous invitons à une première rencontre pour commencer à travailler à nos prochains projets. Nous pensons qu’il est important de retravailler ensemble, avec tou.te.s celles et ceux qui en ont exprimé l’envie à l’occasion des dernières rencontres, des stages récents soit en établissement, soit au GFEN dans des temps parfois un peu plus reculés.

    Nous aimerions envisager avec vous un programme pour l’année, et étudier ce que nous pourrions proposer dans le cadre de la nouvelle Ecole Académique à la Formation Continue (puisque le PAF est mort), qui mixte (et nous nous en réjouissons) 1er et 2d degré. 

    Tout est ouvert, sur la table, discutable : du contenu à l’organisation que nous nous donnerons collectivement en fonction des disponibilités de chacun·e·s.  Une nouvelle année commence. Il est plus que jamais nécessaire de penser notre métier pour le rendre plus efficace et agréable,  pour
    nous comme pour nos élèves.
    Je m’inscris

Interventions

  • Grand week-end pédagogique les 22 et 23 octobre 2022
    Le collectif Questions de Classe(s) organise à Lyon un comité de rédaction décentralisé de la Revue N’autre école.
    Samedi, 14h -17h, École élémentaire Ernest Renan A, 365 cours Émile Zola, 69100 Villeurbanne.
    Venez découvrir des pédagogies actives… en les pratiquant !
    Rencontre coorganisée avec l’ICEM-Pédagogie Freinet et le GFEN du Lyonnais. Programme/inscription

Les activités du groupe Haute Savoie

Exposition et animations

32èmes SEMAINES D’EDUCATION contre les DISCRIMINATIONS et le RACISME

Exposition dans le Forum de Bonlieu
Samedi 25 juin 2022, 10h à 18h
Méfiez-vous des apparences. Venez découvrir comment naissent les préjugés.
Information / désinformation comment s’y retrouver ?
Ne pas se laisser manipuler par les images

Le GFEN Haute-Savoie est co-organisateur de cet évènement

Voir aussi les activités du GFEN Rhône-Alpes

TRACeS n°254 – « Sortir de l’école » – Cours toujours

(février 2022)

Changer d’air, courir, ralentir, s’arrêter, observer, analyser, comprendre. Sortir de l’école ? La formule pour avoir le vent en poupe reste aussi complexe à mettre en place qu’à généraliser.

Bien sûr, si l’enjeu, c’est de sortir, pas besoin d’aller bien loin.

La situation sanitaire des deux dernières années a mis en exergue les inégalités sociales entre élèves dans et hors de l’école, en rendant quasi impossible l’organisation des sorties, elle a aussi mis en évidence le fait que l’égalité se questionne dans l’accès de tous à ces sorties. Du côté des familles, en termes d’équipements, de prix d’entrée et de transport… Et du côté de l’école, en termes de planification, d’encadrement, d’énergie, de prise de risques…

Les élèves apprécient les sorties scolaires parce qu’elles leur donnent l’occasion de tisser autrement les liens qui les unissent ou qui les isolent et, hors de l’école, ils n’ont pas l’impression de travailler.
Mais qu’est-ce qui fait sortir les profs de leurs classes, pour prendre le risque d’arpenter pavés, bois, musées, les abords de rivières avec ce paquet de marmaille bruyante ? Ils sortent pour réaliser des enquêtes, pour se mettre au vert, repenser les liens avec le vivant, repenser le rapport à l’histoire, se confronter au réel ou à ce qui médiatise le rapport des élèves au monde… La sortie, parce qu’elle se dégage du discours et s’évertue à prendre d’autres chemins d’acquisition du savoir, fait et défait les évidences de ce que faire classe signifie.

en savoir plus

Carnets Rouges n°24 « Ecole et élitisme »

Soft-skills : pour l’école du bonheur et de la croissance !

L’importance croissante donnée aux compétences comportementales prétend changer la donne d’une réussite scolaire et sociale que l’on affirme désormais fondée sur la révélation des talents et l’épanouissement des potentialités. Elle prétend en finir avec l’élitisme des savoirs et des diplômes en éduquant aux « compétences douces » qui ouvriraient les portes du bonheur et de la croissance !

Vouloir assigner à l’école des finalités éducatives qui outrepassent la transmission des savoirs académiques n’est pas chose nouvelle. Notre école républicaine a connu les tentations des catéchismes citoyens qui prétendaient parfois « instruire des moyens d’être heureux sur terre[1] ».
Et ne nous méprenons pas… dénoncer l’éducation comportementale ne sous-entend pas qu’il faudrait renoncer aux finalités éducatives de l’école mais veut considérer qu’elles résultent d’un exercice de la raison fondé sur les connaissances et la culture commune et construites par la sociabilité scolaire et la liberté. Nombre d’écrits pédagogiques, sociologiques et philosophiques ont, dans les perspectives ouvertes par Durkheim, cherché à définir les conditions pour que l’éducation morale ne puisse pas se confondre avec un asservissement idéologique. Cependant, les classes dominantes voient dans la transmission de comportements normés le moyen le plus sûr de garantir la reproduction d’un ordre social utile à leurs intérêts particuliers.

Apprendre versus apprendre à être

On peut constater depuis les années 1970, des tentatives réitérées d’affirmation du primat absolu de la finalité éducative aux dépens de la transmission de savoirs. Dans un rapport coordonné par Edgar Faure pour l’Unesco, où il est désormais question d’« apprendre à être », cette finalité est affirmée comme préférable à celle « d’acquérir, de façon ponctuelle, des connaissances définitives[2] ». L’époque est traversée par les illusions de l’éducabilité cognitive de Feuerstein même si, très tôt, des études doutent fort des effets positifs de la méthode[3]. L’idée même de pouvoir enseigner des compétences transversales semble des plus fragiles[4] dès lors qu’on constate leur faible transférabilité. On peut fantasmer la boîte à outils… mais cela ne suffit pas à la rendre efficiente. Quant aux évaluations, elles ne constatent généralement que de faibles progrès, limités aux effets immédiats et circonscrits de l’entraînement intensif à une situation particulière. La question reste entière de la pertinence d’un apprentissage procédural sans contenu. Cela n’empêche pas PISA de vouloir intégrer ces « compétences douces » en s’inscrivant dans l’obsession d’une opposition binaire simpliste : «développer la participation, la créativité, la résilience » plutôt que de « remplir le cerveau des élèves[5] ». Mais à chaque fois, c’est au nom de la démocratisation de la réussite scolaire que ce renoncement aux savoirs académiques est affirmé nécessaire. On peut craindre pourtant qu’au-delà de la générosité apparente de l’intention, nous soyons face aux risques d’une pédagogie plus élitaire encore. Ce n’est pas d’une question de méthode dont il s’agit ici : défendre la nécessité d’une centration de l’école sur les savoirs ne présume pas de la manière avec laquelle on les enseigne et ne renonce pas à permettre à l’élève de construire le sens de son activité scolaire. Par contre, on peut craindre qu’« apprendre à apprendre » ne soit qu’une illusion procédurale fort éloignée de l’élucidation des enjeux de l’activité scolaire et qu’elle reste donc une activité socialement très discriminante.

Lire la suite sur le site de Carnets Rouges et télécharger le n°

Extraits Dialogue n° 183

Dialogue n° 183 – 100 ans d’Education Nouvelle : la faire vivre aujourd’hui

Éditorial
  • Cette histoire internationale commune que nous vivons avec nos différences  Lire
    Collectif de rédaction du n° issu du GFEN et du LIEN
L’Éducation Nouvelle a une histoire
  • Je ne conçois pas l’éducation sans référence à l’Éducation Nouvelle
    Entretien avec Gaston MIALARET
    conduit par Odette et Michel NEUMAYER (GFEN), Étiennette VELLAS, Jean-Marc RICHARD (GREN)  (suite du n° 182)
    Pensez-vous que pédagogues et scientifiques doivent travailler ensemble ?
    J’ai dit souvent : d’une part il faut que les chercheurs aient une formation pédagogique. Et deuxièmement, il faut que le praticien ait une initiation à la recherche. Pour pouvoir collaborer. Et alors ça pose des problèmes, ce n’est pas aussi simple. Mais il faut absolument que le maître soit intégré, qu’il fasse partie de l’équipe de recherche. Et pour ça il faut qu’il ait une certaine formation
    scientifique pour comprendre et pour qu’il puisse apporter ses informations.
    Remontons un peu dans le temps. Les filiations de l’Éducation Nouvelle vous les voyez où ? Comment vous nous raconteriez ce qui s’est passé en 1921 ?
    Grosse question ça. Parce que justement l’Éducation nouvelle c’est tout un ensemble de petits bouillonnements qui apparaissent. D’abord, je crois que Rousseau a marqué une rupture incontestablement là. Claparède l’a bien montré : avant Rousseau il y avait quand même une certaine attitude, après Rousseau il y en avait une autre.

  • D’hier à aujourd’hui, les apports de l’Éducation Nouvelle au débat éducatif
    Jacques BERNARDIN (suite du n° 182)
    Contre l’essentialisation, l’Éducation Nouvelle parle de potentialité ininterrompue de développement : désormais, les recherches sur la plasticité cérébrale le confirment. Plusieurs facteurs y contribuent, notamment les sollicitations du milieu et l’activité de l’apprenant.
    L’importance du milieu, de ses stimulations (contre l’idée d’« auto-développement»)
    Le milieu où l’individu évolue n’est pas un milieu naturel, mais culturel et technique, milieu social façonné et transformé par l’histoire humaine. Sous dépendance vitale de son entourage, le jeune enfant ne cesse d’apprendre des expériences et interactions, d’abord avec ses proches puis en fréquentant d’autres univers, dont l’école. Chacun est ainsi à la croisée de plusieurs milieux, d’autant d’influences, de sollicitations, de références. Loin de n’être que le réceptacle de ces influences, face aux situations vécues, il va puiser dans l’ensemble de ce répertoire, faire des comparaisons et des choix qui lui sont propres et s’émanciper progressivement des influences initiales. Des activités au Centre de loisirs aux jeux dans la cour en passant par les situations d’apprentissages en classe, chaque groupe d’appartenance le contraint à la conformité (se plier aux règles communes) et à la singularité (trouver ou y faire sa place). Processus conjoint de socialisation et de personnalisation: si on ne peut réinventer les règles du langage, s’y plier permet de pouvoir dire « je »… Le GFEN développera la notion de « milieu stimulant»…
Tous capables
  • L’école de la bienveillance… du bien être dans la nature…mais… la construction des savoirs ?
    Pascale BILLEREY, Sophie REBOUL, Jean-Jacques VIDAL (GFEN 25)
    Beaucoup d’écoles et de crèches sont sollicitées pour laisser les enfants jouer dehors et cela fait de plus en plus d’adeptes. Être confinés pendant des mois a renforcé ce besoin d’extérieur et renouvelé cette approche de l’espace dans lequel évoluent plus librement les enfants.
    Ceci se justifierait pour promouvoir une école de la bienveillance, de l’écoute, du développement personnel. De belles intentions, mais on peut se demander où sont passés les savoirs, le langage, la culture ?
  • Tous capables ! Du pari éthique à la loi d’orientation
    Jacques BERNARDIN (président du GFEN)
    Audace défendue au Sénat avant d’être ratifiée par l’Assemblée nationale, l’idée que « tous les enfants partagent la capacité d’apprendre et de progresser » est désormais inscrite dans la loi de juillet 2013 en tant que principe de l’éducation.
    « Tous capables ! » La formule portée avec audace par le GFEN (mouvement pédagogique héritier de Langevin et de Wallon, présidents successifs de 1936 à 1962) fut d’abord un parti-pris éthique (relevant d’une philosophie de l’éducation) et simultanément un défi pédagogique (pour en attester) avant de trouver un étayage scientifique, puis de devenir un principe institutionnalisé.
  • La naissance de « Tous capables ! » et ses malentendus
    Jean-Louis CORDONNIER (GFEN 66, secteur Sciences)
    Le slogan « Tous capables ! » n’a pas toujours été présent dans les orientations du GFEN. Il apparaît au début des années 80 et se précise ensuite. Depuis, il s’est parfois affadi, parfois utilisé à contre-sens. Explorons !
    L’éducation nouvelle des débuts ne se préoccupe pas du Tous capables ! Au congrès de Calais (1921), elle affirme que l’éducation doit respecter l’individualité de l’enfant et que les études doivent donner libre cours à ses intérêts innés (Pour l’ère nouvelle, N°1, Calais 1921). Le congrès de Nice (1932) ajoute que l’éducation doit mettre l’enfant en mesure de saisir les complexités de la vie sociale et économique de son temps et d’accueillir la contribution originale de toute autre nation à la culture humaine universelle.
  • L’Éducation Nouvelle, une exigence intellectuelle !
    Catherine LEDRAPIER (GFEN secteur Sciences, LIEN)
    Je veux tordre le cou à une idée trop répandue mais fausse : l’Éducation Nouvelle c’est le « laisser-aller ». Sous prétexte de respect de la personnalité de l’enfant et de sa liberté, il n’y aurait aucune contrainte, en particulier aucune exigence intellectuelle ! L’abandon des méthodes coercitives signifierait laxisme ! L’objet de cet article est de présenter et d’analyser pour comparaison deux exemples très différents de conceptualisation pris dans des pédagogies nouvelles des plus opposées. Ce qui permettra entre autres de juger des exigences intellectuelles… Dans un premier temps, j’expliciterai un cas de conceptualisation dans la pédagogie Montessori1. Dans un deuxième temps, sur le même sujet, j’expliciterai comment se fait la conceptualisation dans une démarche relevant du GFEN ou du LIEN.
Pratiques du changement
  • Ateliers d’écriture : comment la langue se travaille et nous travaille
    Joëlle CORDESSE et Patricia CROS
    A Melun, une famille Rom s’est installée provisoirement. Nous demandons à la militante du MRAP qui est en contact avec eux et que nous connaissons, si un atelier d’écriture pourrait les intéresser. «Bien sûr» nous répond-elle. Quelques jours plus tard, nous déroulons notre grand rouleau de papier (la fresque) dans la cour de leur maison et nous y déposons des feutres de couleur. Les enfants se précipitent pour dessiner, certains écrivent leurs prénoms. Nous écrivons les nôtres puis nous commençons à légender les dessins, à écrire les mots qui émergent de la situation (bribes de conversation, noms d’objets se trouvant dans la cour…). Les enfants copient spontanément les mots et les énoncent plusieurs fois à voix haute. Petit à petit, les adultes forment un cercle autour de la fresque et discutent. Nous essayons de capter des mots en roumain et de les écrire (phonétiquement car le roumain ne nous est pas familier). La fresque s’étoffe dans les deux langues.
  • D’une révolte à une révolution, même à l’école. Du neuf en Éducation Nouvelle
    Charles PEPINSTER (Groupe Belge d’Education Nouvelle)
    Depuis des décennies, les huit inspecteurs de cette région de Belgique qui se croient souvent progressistes, organisent pourtant chaque année des « Examens cantonaux » sous la houlette d’un inspecteur principal. Il s’agit d’un examen externe fait de questions scolaires destinées à des centaines d’enfants de douze ans. Après trois jours d’épreuves (externes à leurs écoles), les examinateurs ‘évaluent’. Ils disposent de barèmes de correction pour attribuer un certificat officiel d’études de base aux récipiendaires ayant obtenu au moins 50 % des points. Ce système me trouble puis me révolte parce qu’il conforte l’enseignement traditionnel sélectif, entraîne le bachotage, le stress et mange le temps des vrais apprentissages. De plus, le chiffrage arbitraire des réponses enfantines me révulse. Je me décide, en 1978 à ne plus participer à cette combine. Je développe l’objection de conscience aux examens notés que l’un ou l’autre collègue inspecteur semble approuver mais n’ose pas le dire.
  • Dans le silence et le calme, dans le bruit et l’agitation, l’Éducation Nouvelle est une histoire à vivre
    Joël SAINTIPHAT (LIEN, IEPEHN, Haïti) et Sandrine BREITHAUPT (LIEN, GREN, Suisse)
    L’Éducation Nouvelle traverse les temps, les espaces et les cultures. C’est ainsi que nous pouvons nous retrouver entre militantes et militants dans la campagne haïtienne de la vallée de l’Artibonite et au bord du lac Léman en Suisse romande. A priori tout nous sépare, mais à y regarder de plus près, beaucoup nous rassemble. Nous portons ainsi des revendications, des valeurs communes et aussi la volonté d’un monde meilleur, plus solidaire. Nous pensons que ce monde-là peut se réaliser au travers de l’émancipation, par les savoirs d’une solidarité pédagogique, d’une lutte constante pour une école constructive, utilitaire et active et non assise (comme nous l’a transmis Ferrière il y a 100 ans déjà), plus respectueuse de l’enfant.
    Bien sûr, nous ne sommes pas dupes et savons que tout ceci est extrêmement fragile, car nous faisons indubitablement face aux inégalités sociales.
  • Le « Réseau des apprenants » Un questionnement au coeur d’une aventure humaine
    Cécile BUELENS (Lire et écrire)  et Pascale LASSABLIÈRE (GBEN)
    De mai 2010 à juin 2012, avec des apprenants en alphabétisation de l’asbl Lire et Écrire de Wallonie et de Bruxelles, nous avons construit un projet participatif de formation. En racontant ici cette expérience, parfois accompagnée d’un vif sentiment de solitude, nous aimerions la partager et en tirer des leçons.
    Ces leçons sont de plusieurs ordres : comment « gérer » des décalages à plusieurs niveaux / Comment travailler avec des institutions lourdes / Comment faire de l’échec un ferment pour le changement.
Porter l’Éducation Nouvelle aujourd’hui
  • Oser la parole, l’écoute. L’Éducation Nouvelle est-elle nouvelle en Tunisie ?
    Mounira KHOUADJA (Initiative Tunisienne pour l’Éducation Nouvelle)
    Les années qui ont suivi la Deuxième Guerre mondiale ont été riches d’expériences où l’élève des écoles tunisiennes que je connaissais, malgré toutes les insuffisances, se plaisait à l’école, terrain d’expérimentation d’approches actives leur permettant, ainsi qu’à l’enseignant, d’en faire un espace de recherche, de collaboration, de coopération, de construction de savoir et surtout de bonheur ! Je pense à l’École primaire de Metline située dans la région de Bizerte, aux écoles primaires de Hiboun et de Réjiche dans la région de Mahdia et bien d’autres ici et là que je ne saurais citer par manque d’archives précises.
    Des réseaux francophones de l’Éducation Nouvelle ont semé à tout vent des graines fécondes permettant aux valeurs et aux principes d’être diffusés et réappropriés pour être mis en pratique à travers des transferts pédagogiques singuliers malgré les conjonctures sociales et politiques complexes : pauvreté, haine du colon, déni de l’école… Expérimentations pédagogiques menées par Marie-Anne Carroi, figure oubliée mais fondamentale des réseaux francophones de l’éducation pendant l’entre-deux-guerres.

  • Les nouveaux militants et l’histoire du GFEN. Interview croisée de 3 « jeunes » militants du groupe Paris
    par Damien SAGE (GFEN 75)
    Cet article présente une interview croisée de Camille, Maxime et Sarah, tous les trois engagés dans l’animation du GFEN-75 depuis 2 ans. Cette interview prend place dans le cadre du centenaire de l’Éducation Nouvelle. J’ai voulu voir si l’histoire du GFEN était connue par les nouveaux militants, comment la rencontre avec cette histoire s’était faite et si celle-ci jouait sur leur engagement.
    Ce projet me permettait de me décentrer de mon propre vécu sur cette question et d’explorer si l’histoire du mouvement pouvait être un élément d’accroche pertinent pour de nouveaux militants. En ce qui me concerne, j’ai découvert le GFEN rapidement quand je suis entré dans le métier grâce à la rencontre avec une conseillère pédagogique, militante du GFEN, avec qui les échanges étaient constructifs par rapport aux difficultés que je rencontrais. Ce n’est qu’au fil du temps que j’ai pris connaissance de l’histoire et de l’historicité du GFEN.

  • Le village, les enfants, l’atelier. Autour d’un atelier «canoë» en Roumanie
    Diana DRAGHICI (Groupe roumain d’Éducation Nouvelle et LIEN)
    Tout ceci est né à Eselnita, dans ce village sur le bord du Danube où vivent 4 ethnies (roumains, roms, serbes et tchèques). Un superbe village dans le défilé du Danube, rempli de riches touristes l’été et où presque chaque famille a un membre qui doit travailler à l’étranger pour entretenir la famille.
    Ce que nous avons cherché à mettre en place, c’est une pédagogie émancipatrice appuyée sur l’apprentissage en solidarité et pour une société solidaire, l’auto-socio-construction de savoirs, la mise en recherche permanente, l’autonomie de l’enfant, le travail en équipe pour tous réussir et comprendre, la mise en lumière du rapport entre liberté de mouvement physique et liberté
    intellectuelle, l’importance de la confiance en soi et dans les autres, la créativité, l’esprit critique,
    l’esprit citoyen et écologiste. Est-ce cela l’Éducation Nouvelle ?
  • Penser, vivre l’Éducation Nouvelle. Un patchwork de solitude ?
    Claire DESCLOUX (GREN, Suisse & ProPhilo)
    L’enseignement m’apparaît comme très mystérieux…
    Chaque pan de ma vie peut se révéler lumineux ou truffé de zones d’ombre : pourtant, parfois le monde de l’enseignement m’apparaît comme très très mystérieux. Face aux élèves, j’ai vraiment désiré lier « nos solitudes d’enfants et d’adultes », peut-être même tenté de les superposer. Était-ce faire preuve d’ignorance, ou d’une once d’utopie ? Pourtant il me semble parfois y être parvenue. Par ailleurs, le joug de l’institution entravée par des directives et des obligations de conformité, le minimalisme et aussi l’indifférence de certains enseignants face aux difficultés des apprenants ont suscité en moi d’immenses colères, mal réprimées parfois et m’ont plongée dans une vraie solitude faite de tristesse et d’incompréhension.