Petite Rencontre Maternelle « L’évaluation des élèves au service des apprentissages » 27 janvier 2024

Petite Rencontre Maternelle « spécial évaluation »

Depuis quinze ans, le GFEN Maternelle organise le dernier week-end de janvier des Rencontres nationales « Pour que la maternelle fasse école » sur des questions de métier et d’intermétier. Cette année, un groupe de travail s’est mis en place et réuni plusieurs fois à distance pour entamer une réflexion sur l’évaluation à l’école maternelle, dans le but d’organiser des rencontres nationales sur ce sujet en 2025.

Cependant, il y aura une Petite Rencontre, samedi 27 janvier à Ivry sur Seine afin d’approfondir la question de l’évaluation au service des apprentissages, en particulier à l’école maternelle.

Qu’est-ce qu’évaluer ? Qu’est-ce qu’on évalue ? Comment ? A quel moment ? Dans quel but ? Avec quels outils et quels dispositifs ? Comment communiquer avec les familles sur l’évaluation des élèves ? Quelles sont les difficultés rencontrées ?…

Nous vivons une époque où toute activité humaine est susceptible d’être évaluée et à fortiori à l’école. Son système est censé amener une classe d’âge à un niveau de culture défini dans le cadre de la « loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République » de 2013 et des programmes pour l’école maternelle qui en ont découlé en 2015. Toute évaluation revêt deux fonctions complémentaires mais différentes : une fonction pédagogique qui consiste à se rendre compte de l’effet d’une action d’une part, une fonction sociale qui consiste à rendre compte des résultats d’une action aux prescripteurs institutionnels d’autre part. Notre intention est de nous focaliser sur la fonction pédagogique de l’évaluation – celle qui permet de favoriser la réussite dans les apprentissages – et les modalités pertinentes à construire.

Le GFEN Maternelle vous invite à participer à cette petite rencontre pour partager votre expérience à ce sujet : tout document ou pratique de classe sont les bienvenus. Il sera fait un point d’étape des travaux réalisés à ce jour et des perspectives envisagées.

Télécharger l’invitation

 

Merci de régler les frais de participation si vous n’êtes pas adhérent.e :

 

Compte-rendu des 14èmes Rencontres Maternelle

Après trois années où il fut difficile d’organiser toute manifestation, le secteur Maternelle du GFEN a renoué avec les Rencontres « Pour que la maternelle fasse école », le 28 janvier à la Bourse du Travail, à Paris. Placées sous la thématique « Apprendre à se poser des questions, se poser des questions pour apprendre », elles furent introduites par Isabelle Lardon qui rappela le contexte difficile auquel la profession est confrontée : perte de sens à enseigner, plan maternelle qui affiche un recentrage sur «les fondamentaux » accentuant une primarisation de cette école sensée pourtant « engager l’enfant à avoir confiance dans son pouvoir d’agir et de penser ». Pour reprendre pouvoir sur le métier, la réflexion dans le cadre de collectifs de travail devient nécessaire : c’est l’objectif du GFEN dans les différentes actions proposées et ces rencontres sont moins là pour donner des réponses que pour se poser collectivement des questions.

 
 
Dans sa conférence d’ouverture, Olivier MAULINI (Université de Genève, laboratoire LIFE) interroge le statut du questionnement dans la formation. « Si à l’école comme ailleurs, apprendre c’est passer de ce qu’on ignore à ce qu’on sait… ce passage est risqué ». Et dans ce cadre qui pose des questions ? Le plus souvent les enseignants, ce qui fait dire que « l’école est le seul endroit où ceux qui questionnent connaissent les réponses … paradoxe détourné mais qui a ses fonctions». Dans le cours dialogué, il permettrait de structurer les expériences tout en introduisant un peu d’interactivité. Mais cette profusion de questions/réponses favorise-t-elle l’entrée de tous les élèves dans les apprentissages ? Les choses ne sont pas si simples : humiliation en cas d’erreurs, rythme inadapté, soumission aux choix de l’enseignant qui s’adressent plus volontiers à ceux qui savent déjà alors qu’il faudrait permettre aux plus lents d’exercer leurs capacités. Si «Expliquer empêche de comprendre quand cela dispense de chercher» (Henri Bassis), suffit-il de poser des questions aux élèves pour qu’ils s’en posent. Pourquoi ne pas inverser le schéma du cours dialogué et faire en sorte que ce soit l’école qui réponde aux questions que les élèves se posent ? C’est en leur donnant le pouvoir de se questionner qu’ils entreront dans un processus d’apprentissage plus pertinent basé sur l’ensemble  questionnement/compréhension émancipation. C’est le pari militant du GFEN.
 
 

Six ateliers pour explorer la problématique de ces rencontres

 
 

Passer du monde réel à l’univers mathématique
Sophie REBOUL s’appuie sur une proposition d’Odette BASSIS dans son ouvrage « Concepts-clés et situations-problèmes en mathématiques, tomes 1 et 2, Hachette éducation » et présente une situation pédagogique permettant aux jeunes élèves de passer de la matérialisation réelle d’un problème à une représentation abstraite gérée mentalement.

Le problème posé à des élèves de grande section est le suivant : « Maman va au marché, elle achète 3 oranges et 2 bananes. Combien de fruits a-t-elle achetés ? » Dans un premier temps le texte est lu sans la question, puis théâtralisé par tous les élèves avant d’être reformulé. Puis les enfants sont invités à dessiner la situation, dessin que chacun décrira devant la classe. Pour les faire entrer dans l’univers mathématiques, l’enseignante leur demande de proposer ce qu’on peut chercher à partir de la situation proposée, question à laquelle les élèves répondront par un premier dessin. L’étape suivante consiste à refaire ce dessin sur ardoise successivement mais en diminuant le temps de réalisation à l’aide d’un sablier (les élèves vont vers la schématisation).  On note que tous les éléments superflus disparaissent lorsque le mot « rapidement » apparaît dans la consigne. Cette démarche, répétée à chaque période, aide les élèves à retenir les données essentielles d’une situation permettant la résolution d’un problème.

 
 
 

Commencer à écrire tout seul
L’objectif de l’atelier animé par Viviane GHESQUIERE et Corinne OJALVO est de donner à voir en quoi un travail régulier sur la langue écrite permet aux élèves de s’approprier le principe alphabétique et favorise la relation lire/écrire. Cette pratique fréquente, explicite, guidée par l’enseignante a pour but de réduire les écarts, de lutter contre les déterminismes sociaux. En demandant aux participants d’écrire des mots entendus en néerlandais ou de reconnaitre des comptines écrites en alphabet grec, elles dégagent avec ceux-ci les procédures utilisées et les problèmes rencontrés puis elles leur proposent  d’encoder une phrase composée de différents mots tirés des comptines en grec. Ces situations d’apprendre à écrire à partir d’un texte de référence sont puisées dans les travaux d’André OUZOULIAS sur l’écriture générative. Toutes les phases de travail alternent des temps de mémorisation, puis de planification collective pour que chaque élève puisse ensuite écrire de façon autonome, dans son cahier d’écriture, en utilisant les outils mis à disposition dans la classe. L’enseignante accompagne les enfants éloignés de l’écrit, régule pour les plus rapides mais elle garde la même ambition pour toutes et tous.

 
 
 

Manipuler, se questionner, catégoriser

Explorer le monde s’appuie sur la manipulation d’objets, reflets d’une culture matérielle. Jacqueline BONNARD propose de passer par le geste pour apprendre à se poser des questions et transformer l’objet familier en objet d’étude. Très jeunes, les enfants exercent leurs gestes sur des objets mécaniques simples, parmi eux les objets à manivelle. La première partie de l’atelier vise à identifier les gestes d’usage et les verbes d’action associés, les principes techniques ou concepts scientifiques liés à la manivelle, le tout présenté sur une affiche. Cette phase préparatoire permet au professionnel, dans le cadre d’un travail d’équipe, d’identifier les savoirs à explorer avec les élèves et guider leur recherche pour passer du geste au concept. Dans un deuxième temps, il est présenté l’activité proposée aux élèves de moyenne et grande section : manipulation et tri d’objets à manivelle, identification de l’élément commun, représentation graphique puis symbolique de la manivelle sans oublier le vocabulaire associé qui prend place dans une représentation cohérente du monde en interaction entre fonction d’usage et conception.

 
 
 

S’appuyer sur la notion de quantité pour construire le nombre
Comment, aborder la résolution de problèmes dans le domaine des mathématiques et inciter les élèves à se questionner ? Laure COINDEAU nous emmène en petite section pour aborder la notion de quantité sans passer par la comptine numérique. Comment faire construire une collection équipotente à une collection de référence ?
Par essais et erreurs les enfants s’approprient le problème posé, intègrent le vocabulaire spécifique et ajustent les gestes utiles pour résoudre le problème.
En stimulant le questionnement, l’enseignante pose les prémices d’une interaction entre élèves à un âge où le collectif peine à s’installer. Le suivi des cheminements individuels montre comment se construit la notion de quantité au travers de stratégies qui relèvent autant de l’imitation que de la prise de risque dans un cadre sécurisé sous le regard bienveillant de l’enseignante.

 
 
 

Lire un album « sans question »
Comment, à partir de la lecture d’un album de littérature jeunesse, mettre des élèves de grande section en questionnement et faire de cette situation un outil d’enseignement de la compréhension d’un texte littéraire ? Dans une démarche inspirée du « problème sans question » proposée par Odette BASSIS, Damien SAGE propose de se mettre en travail à partir de l’album de Claude PONTI : « Pétronille et ses 120 petits ».
Dans un premier temps, il lit l’album tout en montrant les illustrations, enfaisant des pauses. Lors de ces pauses, les participants sont invités à faire des remarques et/ou poser des questions. Ces questions sont notées sur des affiches. A la fin de la lecture de l’album, on repère les questions auxquelles on peut répondre en repérant les sources d’information : texte ou image, inférences, interprétations. Avec des élèves, cette phase permet à chacun de s’exprimer dans le cadre d’une confrontation des points de vue. La richesse illustrative de certains albums permet de répondre aux trois types d’interrogation. Une autre façon d’aborder les albums jeunesse en maternelle.

 
 
 

Se questionner pour participer à des débats philosophiques
Comment s’appuyer sur les questionnements des enfants pour les inciter à confronter leur pensée et leur sensibilité et développer leur capacité à réfléchir sur le monde qui les entoure ? Laetitia BISSON utilise pour cela différentes démarches : photo langage, philo-musique, discussion à visée démocratique et philosophique. C’est ce qu’elle propose de faire vivre et analyser aux participants de l’atelier dans un premier temps avant d’explorer les possibilités de transposition en grande section de maternelle.

 
 
 

Jacques BERNARDIN (Président du GFEN) introduit la conférence de clôture en interrogeant : « Faut-il poser des questions pour qu’ils s’en
posent ?
» et souhaitant caractériser ce que serait une école qui amène à s’interroger par rapport à une école qui interroge. Il pose le constat de ce qui se passe la plupart du temps dans les classes : des élèves invités à répondre à des questions souvent fermées permettant à l’enseignant de maintenir l’attention, contrôler la compréhension, évaluer les connaissances plus qu’à les travailler. Contraints par un cadre institutionnel prônant un pilotage par l’aval, les enseignants ont tendance à se conformer aux cadres pédagogiques imposés au détriment d’une créativité permettant d’être concepteur de sa pratique. Une école qui amène à s’interroger, agit sur plusieurs leviers : ouverture sur l’extérieur, sortie et enquêtes, situations exploratoires, apprentissage du débat contradictoire entre pairs, formalisation concertée d’une technique. C’est à ces conditions que se développe la pensée dans une visée émancipatrice. C’est une école qui amène les enseignants à se poser des questions sur le métier dans le cadre de collectifs de travail : enquêtes auprès des élèves, vidéos, entretiens croisés… Le vécu de démarches ou d’ateliers (comme le pratique le GFEN) permet au professionnel de s’immerger dans le vécu sensible de l’élève et de se décentrer pour comprendre ce qui fait rupture. Il est temps « pour les enseignants de reprendre la main sur le métier, se former à la liberté de pensée pour y former les élèves dans une dynamique émancipatrice commune ».

A l’interrogation initiale, on préfèrera : « Suffit-il de poser des questions pour qu’ils s’en posent ? »  qui permet d’interroger la nature des questions et la pertinence à ouvrir à un questionnement propice au développement intellectuel.

Ces Rencontres se sont terminées par un appel collectif (syndicats et mouvements pédagogiques) à poursuivre l’action « pour que la Maternelle fasse école ».

Jacqueline BONNARD

Photos, Isabelle LARDON

 
 
Lire aussi :
  • Interview d’Isabelle LARDON dans le café pédagogique, lire
  • Le compte-rendu de l’UNSA, lire
  • Une prise de position de Christine Passerieux, lire
  • « L’école maternelle que nous voulons », tribune collective publiée dans Le Monde le 9 janvier 2023 lire

14èmes Rencontres « Pour que la maternelle fasse école » 28 janvier 2023, à Paris

Apprendre à se poser des questions,
se questionner pour apprendre ?
La mission principale de l’école maternelle, définie dans le programme de 2015 consolidé en 2021, est « d’engager l’enfant à avoir confiance dans son propre pouvoir d’agir et de penser, dans sa capacité à apprendre et réussir sa scolarité et au-delà ». Depuis la rentrée 2020, des guides pour enseigner à l’école maternelle visent à installer « de bonnes pratiques » qui peuvent rapidement conduire à une dérive techniciste et un pilotage par l’aval préparant les évaluations de CP. Dans cette configuration, on fait de l’élève un répétiteur et de l’enseignant un exécutant. « Expliquer empêche de comprendre quand cela dispense de chercher » (Henri Bassis, ancien président du GFEN). Mais peut-on chercher sans se questionner ? En effet « sans questions, il n’y a pas de réponses » (Britt Mari-Barth).

Y a t’il des postures à installer très tôt à l’école maternelle ? En quoi permettent-elles de former des esprits curieux ? Pourquoi sont-elles importantes pour les futurs apprentissages, quels que soient les domaines abordés ? Comment rendre insolite le quotidien pour faire émerger les questionnements des jeunes enfants ?

Si apprendre, c’est se questionner, il nous semble que la même visée est nécessaire pour enseigner et pour former. L’enseignant peut-il produire de l’interrogation chez les élèves sans s’interroger sur sa propre façon de faire ? Le formateur peut-il partir des préoccupations des enseignants sans se préoccuper d’accepter des points de vue différents et de faire bouger les conceptions ?

Au cours de ces rencontres, Olivier Maulini, enseignant chercheur à l’université de Genève aborde l’angle pédagogique du questionnement et Jacques Bernardin, président du GFEN, pose un regard plus politique sur l’école maternelle. Une série d’ateliers animés par des militants donne à voir des pratiques dans différents domaines et niveaux de l’école.

Les rencontres sont moins là pour donner des réponses que pour se poser collectivement des questions.

Programme

8h30 l  Accueil – Inscription

9h00 l  CONFERENCE INTRODUCTIVE

(Se) questionner pour (se) former, ou la sécurisation du passage risqué

À l’école comme ailleurs, apprendre, c’est passer de ce qu’on ignore à ce qu’on sait. Et ce passage est risqué. Entre l’état d’assurance qui précède à celui qui suit l’apprentissage s’ouvre une zone instable de découvertes mais aussi de dangers. Conscience d’une faille, vide à combler,enquête à mener, hypothèses à confronter : une question fait irruption,elle est ? comme on dit ? posée. Certaines pédagogies se méfient de cette béance, d’autres préfèrent la cultiver. Que savons-nous de son existence ordinaire, dans les pratiques telles qu’elles sont et cherchent ou non à évoluer ? La recherche n’a de loin pas toutes les réponses, mais nous aiderait-elle à professionnellement nous questionner ?

Olivier Maulini, Université de Genève – Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation – Laboratoire Innovation Formation Education (LIFE)

10h00 l  ATELIERS 1 à 3

1 l Passer du monde réel à l’univers mathématique
La résolution de problèmes exige de passer d’une matérialisation réelle à une représentation abstraite gérée mentalement. Comment favoriser ce passage qui n’a rien d’aisé ? Comment adapter en grande section une démarche d’Odette Bassis* pour appréhender ce qui se joue là ?
Sophie Reboul, GFEN 25

* Dans Concepts-clés et situations-problèmes en mathématiques, tomes 1 et 2, Hachette éducation
2 l Commencer à écrire tout seul
C’est ce que disent les programmes de 2015. Mais comment amener de jeunes élèves à produire des textes et à gérer toutes les opérations mentales de l’écriture ? Comment entrer dans la complexité de ces activités, avec quelles aides et quels outils ?
Viviane Ghesquière & Corinne Ojalvo, GFEN Maternelle
3 l Manipuler, se questionner, catégoriser
Explorer le monde s’appuie sur la manipulation d’objets, reflets d’une culture matérielle. Comment passer de la simple perception à la posture de chercheur ? Comment transformer ce qui va de soi en objet d’étude ? Comment par quelques tours de manivelle, passer du geste au concept ?
Jacqueline Bonnard, GFEN 37

12h00 l  Déjeuner (restaurants dans le quartier)
Espace librairie

14h00 ATELIERS 4 à 6

4 l S’appuyer sur la notion de quantité pour construire le nombre
Comment, dès la petite section de maternelle, aborder la résolution de problèmes dans le domaine des mathématiques et inciter les élèves à
se questionner ? Quels dispositifs mettre en place ? Quels indicateurs observer pour savoir si les élèves sont en train d’apprendre, de penser ?
Laure Coindeau, GFEN Maternelle
 
5 l Lire un album « sans question »
Comment, à partir de la lecture d’un album de littérature jeunesse, mettre des élèves de grande section en questionnement et faire de cette situation un outil d’enseignement de la compréhension d’un texte littéraire ? C’est une démarche inspirée du « problème sans question ».
Damien Sage, GFEN Paris

6 l Se questionner pour participer à des débats philosophiques
Comment s’appuyer sur les questionnements des enfants pour les inciter à confronter leur pensée et leur sensibilité et développer leur capacité à réfléchir sur le monde qui les entoure ? Photo langage, philo-musique, discussion à visée démocratique et philosophique sont les démarches proposées, à vivre et à analyser.
Laetitia Bisson, GFEN 72

*Reprise de deux ateliers présentés en distanciel lors des petites rencontres de novembre 2021 et janvier 2022

16h00 CONFERENCE DE CLÔTURE

Quand l’Ecole maternelle pose question…

Si nous sommes évidemment « pour que la maternelle fasse école », il nous faut clarifier ce qu’on entend par là, tant l’époque est propice au travestissement des propos : vider leur potentialité critique afin d’en retourner la subversion est devenu courant.

« Faire école », serait-ce inféoder l’Ecole Maternelle aux attendus étroitement instrumentaux de l’élémentaire ? La plier à une forme scolaire aveugle aux besoins des jeunes élèves et indifférente à leur diversité ? Ou plutôt amener les élèves à questionner le monde, les évidences, leurs opinions premières ?…
Conformer les esprits ou éveiller les consciences : un choix d’orientation.

Jacques Bernardin, président du GFEN

17h00 l  Fin des travaux

Inscription et participation aux frais

Participation aux frais d’organisation : 30 €

Adhérent.e.s au GFEN, étudiant.e.s, sans emploi : 20 €

Ces rencontres sont ouvertes à toutes et tous, enseignants, parents, éducateurs, formateurs, ATSEM, AESH, animateurs, professionnels de la petite enfance, élus et responsables des collectivités locales, cadres des institutions, militants associatifs…
En partenariat avec :

 

Petite rencontre « Pour que la maternelle fasse école » 2 avril 2022

Petite rencontre de printemps

Attention :

Le nombre d’inscrits à la petite rencontre en présentiel du 2 avril ne permet pas que l’atelier de l’après-midi se déroule selon le dispositif prévu par l’animateur.

En conséquence, nous sommes contraintes d’annuler la journée (atelier et réunion du matin).

Nous vous proposons une réunion ouverte à toutes et tous, à distance, le mardi 24 mai de 18h à 20h pour réfléchir à une reprise des Rencontres nationales « Pour que la maternelle fasse école » en janvier 2023.

Il s’agira de poursuivre le travail engagé cette année sur le thème « Apprendre à se poser des questions, se questionner pour apprendre ».

Vous pourrez vous inscrire à partir du mois d’avril pour recevoir le lien de connexion.

Nous comptons sur vous.

A bientôt.
Le secteur Maternelle
Le 22.03.2022


 

La journée se déroulera en deux temps :
  • Le matin : une réunion en mode hybride, à la fois en présence à Ivry sur Seine et à distance avec un lien Zoom
  • L’après-midi : un atelier « L’album sans question » en présentiel uniquement.

Réunion du secteur Maternelle (en présence ou à distance) le samedi 2 avril 2022 de 10h à 12h30
Salle Quincey à Ivry sur Seine, 42 bis rue Saint-Just ou à distance en visio conférence
A distance : un lien Zoom vous sera adressé après votre inscription.

Objets de travail collectif de la réunion :

  • Échanger sur les projets du secteur en 2022-2023
  • Partager des pratiques
  • Réfléchir à la conception et l’animation de rencontres
  • Élargir le groupe d’organisation

Pause méridienne

12h30 – 13h30 : Déjeuner en commun à Ivry

* Chacun.e apporte un repas tiré du sac ou, mieux, des produits de sa région à partager.

Atelier Littérature-jeunesse (en présence uniquement) le samedi 2 avril 2022 de 13h30 à 16h
Salle Quincey à Ivry sur Seine

Descriptif de l’atelier :

Atelier autour de la littérature-jeunesse en moyenne et grande sections animé en présence par Damien Sage, GFEN Paris.

« L’album sans question »   

Que se passe-t-il si on ne pose pas de questions lors d’une lecture d’album en moyenne et grande sections d’école maternelle?

Les pratiques habituelles des enseignants, observées dans les classes, sont de poser des questions aux élèves sur ce qu’ils ont compris de l’histoire entendue. La démarche proposée permet de faire un pas de côté et de réfléchir au questionnement nécessaire à la compréhension des textes.

Modalités pratiques

  • Inscription
    Quelle qu’en soit votre modalité de participation, il est nécessaire de vous inscrire.
  • Lieu
    Salle Quincey, 42 bis rue Saint-Just, 94 Ivry-sur-Seine (voir plan)
    Métro 7, Mairie d’Ivry ou RER C, Gare d’Ivry

Horaires

  • De 10h à 16h30 en présence à Ivry
  • De 10h à 12h30 à distance sur Zoom

Contact

  • Téléphone Isabelle Lardon 06 09 91 10 16, si besoin

Participation aux frais

Gratuit mais une participation est laissée à votre libre choix.

Pour soutenir le GFEN, je participe aux frais de la « Petite rencontre Maternelle – Littérature-jeunesse » du 2 avril 2022
Je verse : 5 € / 10 € / Autre

**Urgence soutien 

Pour continuer à faire vivre le mouvement, symboliser votre adhésion à ses valeurs, renouveler votre engagement, la cotisation à notre association est primordiale. Depuis deux ans,  le Ministère rabote 40 % des subventions,mettant en péril la pérennité du GFEN. Nous faisons appel à à votre soutien, vital pour notre devenir(Pour rappel, adhésions et dons sont déductibles pour 66 % des impôts).

Adhérez ici

13èmes Rencontres maternelle, et après ?

Les rencontres, et après ?

Les rencontres 2021 ont eu lieu à distance avec un dispositif plus réduit que dans le programme initialement annoncé. Elles ont concerné 150 personnes inscrites, enseignants, formateurs, étudiants et présenté  deux conférences et quatre ateliers. Nous mettons en ligne les vidéos des deux conférences, à la demande de participant·e·s qui souhaitent s’y référer et de personnes n’ayant pu participer aux rencontres.

Celle de Jacques Bernardin est centrée sur le rapport au langage des jeunes enfants à l’école et celle de Frédéric Saujat sur le rapport au métier des enseignants.

Conjointement, nous présenterons des comptes rendus des ateliers, qui ont été refondus par
leurs animateurs et animatrices pour les adapter à un format à distance et faciliter tout de même les interactions dans le groupe. Ces textes en décriront succinctement les contenus, en attendant l’écriture plus longue et complexe des pratiques analysées.

En effet, nous travaillons activement à l’édition d’une brochure dans laquelle vous retrouverez, en complément des vidéos : les textes des chercheurs conférenciers et le séquençage de leurs interventions (outil utilisable en formation par exemple), les pratiques de classe ou de formation développées dans les ateliers et d’autres contributions encore sur la problématique du langage en maternelle, entre savoir et pouvoir, autour des pratiques langagières scolaires.

Alors, dans un premier temps, nous vous souhaitons une bonne écoute !

Conférences

Rapport au langage : évolution ou révolution ?

Avec la scolarisation, le langage des jeunes enfants est en constante évolution. Si pour certains élèves, les pratiques scolaires sont vécues en continuité de l’expérience familiale, pour les moins habiles, elles
supposent et visent à provoquer une révolution du rapport au langage.  Sur quels plans ? Quelles situations et sollicitations sont de nature à faciliter ce retournement ?

Jacques Bernardin, président du GFEN

Reprendre la main sur le métier et retrouver du pouvoir d’agir : oui, mais comment ?

Prendre appui sur l’analyse de l’activité, comprendre le travail « ordinaire », avoir un souci d’efficacité et de santé au travail, faire des compromis pour tenir ensemble ces deux dimensions, étudier les
tensions entre ce qu’il y a à faire, ce qui est fait, ce que l’on voudrait faire, ce que l’on n’arrive pas à faire, donner du sens au métier et du pouvoir d’agir aux professionnels… autant de problématiques à déplier.

Frédéric Saujat, professeur, Aix-Marseille université

Ateliers (comptes rendus à venir)

1/ Penser/parler pour apprendre en éducation physique

Donner du sens aux apprentissages en EPS, permettre le progrès de tous et toutes, mettre en jeu la pratique réflexive des élèves, en référence à la pratique sociale.
Pascale Boyer, GFEN & Claire Pontais, Centre EPS & Société

2/ Lire, c’est comprendre

Organiser des médiations aux objets culturels pour développer des postures singulières et collectives de questionnement dès le plus jeune âge.
Dominique Piveteaud, GFEN 28 & Pascale Billerey, GFEN 25

3/ Culture matérielle : transformer le rapport au langage

Installer une posture de chercheur chez les jeunes enfants en articulant représentations graphiques et échanges entre pairs, mettre en partage un patrimoine culturel commun.
Jacqueline Bonnard, GFEN 37 & Damien Sage, GFEN 75

4/ Commencer à écrire tout seul

Outiller et accompagner les jeunes élèves à produire des textes et à gérer toutes les opérations mentales de l’écriture pour entrer dans la complexité de ces activités.
Viviane Ghesquière & Corinne Ojalvo, GFEN Maternelle

Comment il est possible de faire entrer dans l’écrit des élèves qui ne savent pas encore lire ou
comment cela peut justement les y préparer…

A partir d’une mise en situation d’écrire un mot ou une phrase dans une langue étrangère, les
participant·e·s  constatent qu’ils et elles ont fait des analogies avec des sons connus grâce à un bagage d’outils de références. Mais les élèves ? Pour les aider à entrer dans la complexité de l’écrit, c’est la méthode générative d’OUZOULIAS (apprendre à écrire à partir d’un texte de référence, une comptine mémorisée) que nous avons développée.

A partir d’extraits vidéos de classe, nous avons analysé ensemble le travail de production d’une phrase générative avec une alternance de phases d’écriture et de planification collective et individuelle. La maitresse écrit, les élèves repèrent les mots, les épellent. Chaque enfant dit à l’oral la phrase qu’il va écrire et commence à la dessiner. Il la segmente en mots, écrit en majuscules d’imprimerie. Les élèves écrivent la phrase dans leur cahier puis la tapent sur ordinateur. Enfin, ils vont lire leurs productions à d’autres.

Les principes pédagogiques de cette démarche (explicitation des tâches, guidage de l’adulte et interactions entre pairs, activités structurées et régulières, attention aux plus fragiles, etc.) permettent d’enrôler tous les élèves, éviter la surcharge cognitive, construire peu à peu l’auto-régulation.
Cet outillage et cet accompagnement sont bien en phase avec les valeurs portées par le GFEN.

Lire aussi le reportage du Café Pédagogique

13èmes Rencontres maternelle du GFEN : 30 janvier 2021 à distance

 
Les incertitudes liées à la  situation sanitaire et ses conséquences sur l’organisation d’un évènement tel que les rencontres « Pour que la maternelle fasse école » nous conduisent à une alternative à distance. Nous avons conscience que ce format ne peut en aucun cas se substituer à la véritable rencontre durant laquelle la confrontation de points de vue se construit au cours d’une communication où s’entremêlent le geste et la parole,la spontanéité des échanges, le croisement des regards… Mais dans une période où l’isolement forcé se double de l’empêchement de penser collectivement le métier, il nous semble important de maintenir l’évènement pour faire lien,garder le contact.

« Tous capables !  » disons-nous… Malgré nos réticences, appuyons-nous sur ces moyens techniques qui nous permettent la mise en réseau et la poursuite d’une réflexion sur les gestes du métier à l’école maternelle.

Le format proposé pour ces rencontres est allégé puisque réduit à une demi-journée (voir le programme ci-dessous) et nécessite de la part des concepteurs d’atelier(tous bénévoles) de revoir leurs objectifs, les contenus, la forme des échanges: un gros travail de préparation en amont. D’autre part, la diminution drastique de la subvention du MEN accordée cette année nous fragilise financièrement. C’est pourquoi, nous vous proposons une participation aux frais: adhérents : 5€ – non-adhérents : 10€ – plus si vous souhaitez apporter votre soutien au GFEN.

Explorer et développer le pouvoir du langage dès l’école maternelle

À distance

Samedi 30 janvier 2021 – de 9h15 à 12h45

Les 13èmes rencontres Maternelle du GFEN arrivent quelques mois après une reprise inédite à la rentrée de septembre, faisant suite à ce temps suspendu de la pandémie qui a remis en question la place et la fonction de l’école et des enseignants. Des familles ont pratiqué un préceptorat averti et outillé, d’autres se sont arrimées tant bien que mal à des propositions d’activités à distance, prenant davantage conscience de l’importance de l’institution scolaire et du fait qu’enseigner est un véritable métier, qui ne peut s’improviser. Dans ce contexte où les inégalités socio-scolaires se sont amplifiées, il nous a paru impérieux à la fois de se ressaisir d’un métier qui ne peut s’enfermer dans des prescriptions technicistes et de se recentrer sur des questions vives autour de la lecture et de l’écriture.

A l’occasion de ces rencontres, nous vous proposons une réflexion et des pratiques sur cet enseignement complexe et ambitieux. Parler, lire, écrire, comprendre, raconter, produire de l’écrit à l’école maternelle sont des activités exigeantes pour les enfants qui apprennent à nommer les objets du monde puis à les réfléchir, dans un échange tissant des relations aux autres et contribuant à l’édification de soi.

  • Comment construire une confiance dans le groupe-classe pour créer le besoin d’apprendre ?
  • Comment faire avec les jeunes enfants pour qu’ils« s’élèvent » et réussissent ?
  • Comment mettre en partage le patrimoine culturel commun ?
  • Comment créer une dynamique dans l’apprentissage de la langue écrite, solliciter et accompagner les questionnements sur les codes de l’écrit ?
  • Comment l’école peut-elle concrètement transformer le rapport au langage et à la langue ?
  • Comment enseigner la compréhension ?
  • Comment changer les « mobiles d’agir » des enseignants ?
  • Comment penser le métier comme une construction collective où être concepteur de son activité professionnelle donne sens au métier ?

Les 13èmes rencontres permettront de mutualiser des pratiques, confronter des points de vue, se nourrir de travaux de recherche pour faire des ponts entre les choses et recréer des liens entre les gens, tout simplement.

Programme des rencontres à distance

9h15- Ouverture

9h30 – CONFERENCE INTRODUCTIVE

Rapport au langage : évolution ou révolution ?

Avec la scolarisation, le langage des jeunes enfants est en constante évolution. Si pour certains élèves, les pratiques scolaires sont vécues en continuité de l’expérience familiale, pour les moins habiles, elles supposent et visent à provoquer une révolution du rapport au langage.  Sur quels plans ? Quelles situations et sollicitations sont de nature à faciliter ce retournement ?

Jacques Bernardin, président du GFEN

10h15 – ATELIERS

1/ Penser/parler pour apprendre en éducation physique

Avant, je faisais des ateliers, maintenant je fais de la « gymnastique ». Donner du sens aux apprentissages en EPS, permettre le progrès de tous et toutes, mettre en jeu la pratique réflexive des élèves… sont les objectifs d’un module de gymnastique en référence à la pratique sociale.

Pascale Boyer, GFEN & Claire Pontais, Centre EPS & Société

2/ Lire, c’est comprendre

Pourquoi et par quels moyens inscrire les jeunes élèves dans une dynamique de questionnement du monde ? Quelles modalités de médiation aux objets culturels pour développer des postures singulières et collectives de questionnement dès le plus jeune âge ? Comment inscrire la réponse dans une nécessité de savoir au-delà de ce qui est visible ?

Dominique Piveteaud, GFEN 28 &Pascale Billerey, GFEN 25

3/ Culture matérielle : transformer le rapport au langage

Par l’observation d’objets « inconnus », installer une posture de chercheur chez les jeunes enfants en articulant représentations graphiques et échanges entre pairs. Par l’appropriation d’un vocabulaire adapté, il s’agit de mettre en partage un patrimoine culturel commun.

Jacqueline Bonnard, GFEN 37

4/ Commencer à écrire tout seul

C’est ce que nous disent les programmes de 2015. Mais comment amener de jeunes élèves à produire des textes et à gérer toutes les opérations mentales de l’écriture ? Comment entrer dans la complexité de ces activités, avec quelles aides et quels outils ?

Viviane Ghesquière & Corinne Ojalvo, GFEN Maternelle

11h45 – CONFERENCE

Enseigner, un métier empêché ?

Prendre appui sur l’analyse de l’activité, comprendre le travail« ordinaire », avoir un souci d’efficacité et de santé au travail,faire des compromis pour tenir ensemble ces deux dimensions, étudier les tensions entre ce qu’il y a à faire, ce qui est fait, ce que l’on voudrait faire, ce que l’on n’arrive pas à faire, donner du sens au métier et du pouvoir d’agir aux professionnels… autant de problématiques à déplier.

Frédéric Saujat,enseignant-chercheur, Aix-Marseille université

12h30 – Clôture

12h45 – Fin des travaux

Ces rencontres sont ouvertes à toutes et tous :

enseignants, parents, éducateurs, formateurs, ATSEM, AESH, animateurs, professionnels de la petite enfance, élus et responsables des collectivités locales, cadres des institutions, militants associatifs…

Inscriptions
Participation aux frais : adhérents : 5 € – non-adhérents : 10 € – plus si vous souhaitez apporter votre soutien au GFEN.
Le lien pour accéder à Zoom vous sera communiqué après votre inscription.
Avec le soutien de :
Lire l’interview de Jacques Bernardin dans le Café pédagogique (13 janvier 2021)

Diaporama des 12èmes Rencontres Maternelle

Paris, 25 janvier 2020

Travailler ensemble pour travailler mieux à faire réussir tous les enfants – Interroger la coopération entre adultes à l’école maternelle sont les problématiques qui ont été déclinées. Cette journée a réuni 150 participant.es à la bourse du travail.

Patrick Picard nous avait montré la voie au Forum de l’école maternelle de novembre 2018 pour sortir de « l’inter-incompréhension » et pointer les difficultés de « l’intermétier ».

  • A quelles conditions cette coopération peut-elle se penser dans une écoute mutuelle et le respect des prérogatives de chacun ?
  • Comment prendre conscience des dilemmes des métiers et les dépasser ?
  • Comment ajuster ses gestes professionnels à ceux de l’autre, dans des espaces partagés ?
  • Comment parvenir à mettre en place des collectifs qui s’emparent de ces questions ?

Les conférences de Serge Thomazet et Marc Bablet ont explicité les conditions pour prendre soin de la dimension collective du travail.

Les ateliers ont permis de réfléchir à : travailler ensemble entre enseignants pour favoriser les apprentissages ; entre enseignants et ATSEM pour une continuité éducative ; entre enseignants et AESH pour aider et accompagner les élèves handicapés ; entre enseignants et éducateurs de jeunes enfants
pour construire des passerelles entre les espaces ; travailler avec les familles pour créer des relations constructives…

Le diaporama ci-dessous passe en revue les différents temps de ces rencontres.

Photos Isabelle Lardon

Télécharger le diaporama de  la conférence d’ouverture

Télécharger les actes des rencontres

12e rencontres « Pour que la maternelle fasse école » – 25 janvier 2020, Paris

Information LIEU :

Rendez-vous à partir de 8h30 à l’annexe Varlin. L’accueil et les conférences auront lieu à l’annexe Varlin de la Bourse du travail, 29 boulevard du Temple, 75011 Paris. Les ateliers se dérouleront eux, au
3 rue du Château d’eau. Voir le plan

Les conférences

Les conférences proposeront de sortir de « l’inter-incompréhension » (Patrick Picard), de pointer les difficultés de « l’intermétier » et faire en sorte de construire « l’école de tous ». Ces deux notions entreront en résonance dans les propos de Serge Thomazet en introduction et Marc Bablet en clôture.

Le premier présentera les conditions dans lesquelles l’intermétier peut se mettre en place et les dilemmes que cela demande de dépasser. Le second tentera de montrer, à travers les différents temps de la journée, comment la complémentarité des métiers peut être bénéfique aux apprentissages des enfants les plus éloignés de l’école.

Nous vous présentons ci-dessous :

Les ateliers

Les ateliers déclineront les dilemmes des métiers et les questionnements du travail collectif et de la coopération. Les thématiques sont les suivantes : travailler ensemble

1. entre enseignants pour favoriser les apprentissages

2. entre enseignants et ATSEM pour une continuité éducative

3. entre enseignants et AESH pour aider et accompagner les élèves handicapés

4. avec les familles pour créer des relations constructives

5. entre enseignants et éducateurs de jeunes enfants pour construire des passerelles entre les espaces

Travailler ensemble pour faire réussir tous les enfants

En 2018, nous avons questionné le « métier » ; en 2020, nous allons interroger  « l’intermétier »,  la coopération entre adultes à l’école maternelle. Si la dimension collective du travail et l’organisation de
collectifs de travail deviennent de véritables projets partagés, alors elles constituent une réelle opportunité d’efficacité collective au bénéfice des enfants, surtout ceux des milieux populaires. C’est l’engagement du GFEN depuis de longues années de démocratiser l’accès au savoir.

Travailler ensemble pour travailler mieux, et ainsi reprendre du pouvoir sur nos métiers et relever le défi de faire réussir tous les enfants.

Vous trouverez ci-après :

  • Les intentions qui nous ont animés à travers le texte argumentaire
  • L’ergonomie de la journée dans le dépliant-programme
  • Le descriptif des différents temps et la présentation des différents intervenants (à venir)

Nous avons construit cette journée avec de nombreux partenaires :

La participation aux frais d’organisation de la journée se monte à 30 € – 20 € pour les adhérents GFEN – Gratuit : étudiant-e-s d’INSPE (sur justificatif)

Pour adhérer

Retour sur la journée d’études « Les moins de trois ans » GFEN Maternelle / ANDEV

Journée d’études « Les moins de trois ans* »

Ivry sur Seine – samedi 15 juin 2019

*ci-après MTA

Des échanges denses et respectueux ont eu lieu entre les participant-e-s de la journée : enseignante de TPS (Toute petite section), psychomotricienne, psychologue, chargée de mission Protection de l’enfance, responsables de LAEP (Lieux d’accueil Enfants Parents), d’EAJE (Etablissement d’accueil du jeune enfant), d’un service des écoles, directeur de l’éducation, formatrices d’enseignants.

Dans un premier temps, chacun-e-a présenté son métier, son « territoire », ses actions de coopération, un tour de table qui a permis de mieux se connaitre et d’entrer dans toutes les expériences riches et variées.

A partir d’un film d’entretiens de binômes enseignante/EJE (Educatrice de jeunes enfants) proposé par Laurent Dauty (ANDEV), le groupe a pu définir les préoccupations professionnelles et en dégager des invariants : importance des regards bienveillants et croisés des professionnels (observations partagées), importance d’un cadre « contenant », confiance dans les ressources internes des enfants, posture éducative de cheminement avec eux.

Isabelle Lardon (GFEN) a de son côté proposé un diaporama, support à la discussion, sur l’actualité de l’école maternelle et l’examen des programmes de 2015. Ce qui a été l’occasion de rappeler l’ambition pour la maternelle dans un contexte de mobilisations unitaires contre un projet de loi pour l’école de la confiance, inapte à réduire les inégalités scolaires : des finalités éducatives qui embrassent toutes les dimensions du développement des jeunes élèves, le refus d’une simple subordination à l’élémentaire entretenue par l’exploitation des évaluations nationales CP, le développement des continuités et des collaborations inter-métiers dans le respect des prérogatives de chacun, entre autres.

Les prolongements de cette journée sont clairs : créer une liste de diffusion– recenser et valoriser toutes les actions passerelles petite enfance/école (fiches d’expériences) – mutualiser les outils et ressources – se revoir pour continuer le travail…

Le reportage de la journée GFEN/ANDEV paru dans TOUTEDUC le 21.06. lire

Journée d’études « Les moins de trois ans » GFEN Maternelle / ANDEV

Journée d’études « Les moins de trois ans (ci-après MTA) »

Quelles passerelles entre accueil et scolarisation ? Quelles collaborations intermétier ?

Ivry sur Seine – samedi 15 juin 2019

 

 
Objectifs
Rassembler des professionnel·le·s de la petite enfance et de l’école maternelle pour échanger sur les expériences réciproques -réfléchir ensemble la scolarisation des moins de 3 ans-mobiliser sur le sujet pour faire avancer l’atelier qui sera proposé aux rencontres de janvier 2020.
Argumentaire
On sait avec Vigotski depuis longtemps que l’apprentissage précède le développement. Comment donc faire apprendre et se développer les très jeunes enfants dans une école maternelle à la fois respectueuse des étapes de leur développement et qui crée les conditions pour apprendre ?Il s’agit de prendre en compte les besoins du jeune enfant (affectifs, physiologiques, moteurs…), de s’adapter à son  rythme  lié  à  la  maturation  physique  et  cognitive  tout  en  lui  proposant  des  situations  dans  sa  « zone  de proche  développement »  pour  le  stimuler,  le  tirer  vers  le  haut,  l’élever,  dans  un  climat  de  confiance  dans lequel il osera prendre le risque d’explorer et de questionner le monde, de devenir élève.

Cette première scolarisation est intéressante dès lors qu’elle se déroule dans des conditions adaptées : créer des dispositifs dédiés, faire l’objet d’un projet, aménager espaces et temps, accueillir les familles, travailler en intermétier. On doit la rendre efficace pour favoriser la réussite de tous, notamment des enfants dont les familles sont les plus éloignées de la culture scolaire.

Déroulé de la journée
De 10h à 10h 30 – Accueil, café – Présentation du GFEN, de l’ANDEV

– De 10h30 à 11h – Point sur les actualités de l’école maternelle
– De 11h à 12h – L’accueil et la scolarisation des MTA : diversité des dispositifs
Echanges d’expériences – Principes organisateurs

– De 12h à 13h – Respecter les besoins du jeune enfant mais aussi créer le besoin d’apprendre
Besoins physiologiques, psychologiques, moteurs…
Quels apprentissages ? Devenir élève : s’élever, grandir, s’émanciper
Quelle place faire aux parents ?
13h – 14h – Déjeuner en commun*

–  De 14h à 15h – Besoins, dispositifs (suite)
–  De 15h à 16h30 – Quelles collaborations entre les différents métiers : éducatrices de jeunes enfants, enseignantes, ATSEM, responsables institutionnels ? A quelles conditions ces collaborations peuvent-elles se mettre en place pour mieux travailler ?
–  De 16h30 à 17h – Quelles perspectives en vue des rencontres 2020 ?

17h – Fin des travaux
Modalités pratiques
Inscription

Imprimer et retourner le bulletin d’inscription ou bien le remplir et le renvoyer par mail.
Participation aux frais
10 € – 5 € pour les adhérents du GFEN
Envoyer chèque à l’ordre du GFEN Maternelle et bulletin d’inscription à :
Isabelle Lardon – 13, faubourg de la Baratte – 58000 NEVERS – isabelle.lardon@gmail.com
Attestation de formation

La journée pourra donner lieu à une attestation de formation par le GFEN, à demander sur place.

Horaires

De 10h à 17h – possibilité d’arriver un peu plus tard et de repartir un peu plus tôt en fonction des horaires de train des participant·e·s
Téléphone Isabelle Lardon 06 09 91 10 16, si besoin

Pause méridienne

*Chacun.e apporte un repas tiré du sac ou, mieux, des produits de sa région à partager.

Lieu

Siège national : Groupe Français d’Education Nouvelle
14 avenue Spinoza 94200 Ivry Sur Seine (Métro 7, Mairie d’Ivry ou RER C, Gare d’Ivry )

01 46 72 53 17 – gfen@gfen.asso.fr

Panorama du forum « L’Ecole maternelle par celles et ceux qui la font vivre »

 

Paris, bourse du travail – samedi 17 novembre 2018

La séance d’ouverture

 
Julie Meunier et Isabelle Lardon ont accueilli les 200 participant-e-s au nom du collectif de mouvements pédagogiques, syndicats, associations organisateur de l’évènement. Les personnels, les parents et les associations qui constituent la communauté éducative ont été les grands absents des assises ministérielles qui se sont tenues il y a quelques mois et se sont mobilisés pour construire ensemble ce Forum pour donner la parole aux actrices et acteurs de terrain.
 

Les inquiétudes et les questionnements sont grands par rapport aux nombreuses annonces du ministre concernant l’école maternelle, les programmes, les métiers.

  • Qu’est-ce qu’on enseigne, qu’est-ce qu’on apprend à l’école maternelle ?
  • Quels savoirs ? Quels apprentissages ? Comment on s’y prend pour les articuler ?
  • Quels savoirs professionnels sont en jeu ? A quelles conditions les différents métiers peuvent-ils coopérer ?
  • Comment réduire les inégalités qui sont prégnantes dès l’entrée à l’école maternelle ?

Tous ces enjeux font discussion dans la société et le Forum les a interrogés. Le grand collectif de travail constitué ce jour-là est sorti enrichi des travaux de la journée, c’est ce qui ressort des premiers retours des personnes qui s’y trouvaient.

La conférence introductive

Christine Passerieux, formatrice, membre du GFEN, qui a participé au groupe de travail sur les programmes de l’école maternelle, a décliné les points qui font débat, qui restent à discuter, y compris entre tous les mouvements d’éducation et syndicats, et a proposé des pistes pour continuer de défendre et transformer l’école maternelle.

Elle s’est ensuite prêté au redoutable jeu animé de main de maitre par Patrick Picard de répondre aux questions des participant-e-s qui grâce à un formulaire en ligne pouvaient l’interroger en direct sur différents sujets qui faisaient consensus ou dissensus ou à approfondir.

Ateliers du matin

Les organisateurs ont tenu à mettre en avant les programmes de 2015 qui décrivent les cinq grands domaines ainsi que les modalités d’apprentissage à travers des ateliers qui ont mobilisé les savoirs et organisé les apprentissages.
 
Atelier 1 – Le langage dans toutes ses dimensions
 
Il revient aux enseignants, tâche redoutable, de permettre à de tout jeunes élèves de comprendre l’école et ses spécificités langagières, le monde, les livres et autrui, mais aussi de les initier aux langages de l’écrit et des différentes disciplines. Ils ont depuis longtemps élaboré de multiples stratégies concrètes dont l’atelier a rendu compte, hors de toute idée de catalogue de prescriptions.
 
Maryse Rebière, enseignante-chercheure en sciences du langage et de l’éducation/AFEF
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Atelier 2 – L’activité physique
A quelles conditions les expériences motrices vécues par l’enfant dans le cadre de l’école peuvent-elles lui permettre d’apprendre et de comprendre ? Comment envisager les caractéristiques des situations proposées pour qu’elles permettent aux enfants d’apprendre l’école ? Qu’est-ce qui définit une situation scolaire dans le domaine « Agir, s’exprimer, comprendre à travers l’activité physique », au-delà des comportements moteurs visés ?
 
Patrick Lamouroux, formateur EPS
 
 
Atelier 3 – Les activités artistiques

Au cours de cet atelier, le groupe a pris appui sur des œuvres pour s’interroger sur
l’expérience sensible (couleur, formes, matières), l’imagination et la créativité. Quel est leur rôle dans le développement du jeune enfant et, à plus long terme, dans la construction du sujet ? Il a réfléchi aux situations proposées en maternelle pour construire ces apprentissages
artistiques et transdisciplinaires.

Maëliss Rousseau, professeure des écoles/CRAP-Cahiers pédagogiques

 
Atelier 4 – Des outils pour structurer sa pensée

En utilisant comme support une vidéo d’un atelier de mathématique en PS/MS
sur le concept d’énumération, une analyse collective des difficultés d’enseignement et de la nature des difficultés d’apprentissage s’est mise en place. Les échanges sur les « savoirs à enseigner » et les « savoirs pour enseigner » ont conduit le groupe à envisager des conditions nécessaires pour engager et maintenir les élèves, à la fois dans la tâche (le faire), mais aussi dans l’activité cognitive et langagière nécessaire aux apprentissages (le comprendre).

Sylvie Martin-Dametto, chargée d’études Mathématiques en éducation prioritaire/Centre Alain Savary-Ifé

Atelier 5 – Explorer le monde
Un domaine qui questionne quant à la mise en œuvre d’activités qui aillent au-delà du « faire » et
installent chez le jeune élève une posture de chercheur. Comment rendre étranger l’objet familier pour qu’il devienne objet de savoirs ? Quelle articulation avec les autres domaines ? Quelles situations proposer pour aider à la compréhension du monde ?
Jacqueline Bonnard, formatrice sciences et technologie/GFEN
 
 
 
 

Les ateliers transversaux de l’après-midi

Les travaux ont repris à 14h précises pour se décliner en cinq nouveaux ateliers animés chacun par une des organisations.
 
Atelier 6 – Comment installer des relations constructives entre l’école et toutes les familles ?
Par quels moyens rencontrer les parents ? Comment  les accueillir tous dans leur diversité ? Quelle place donner à leur expertise ? Quelle symétrie établir dans les échanges ? Comment expliciter les enjeux des apprentissages et de la socialisation ? Qu’est-ce que la co-éducation ? Comment partager un projet pour l’enfant ?…
Quelles formations des enseignants ? Des parents ?
 
 
 
 
 
Atelier 7 – A quelles conditions la collaboration peut-elle se construire entre enseignant et ATSEM ?
Quels champs de compétences spécifiques, complémentaires, partagés entre les deux métiers ? Comment coopérer, sur quels temps, avec quels outils ? Comment ajuster ses gestes quand on est deux dans la classe ? Qu’est-ce qui change dans le nouveau décret sur le statut des ATSEM ?…
Quelles formations conjointes ?
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Atelier 8 – Quelles complémentarités d’apprentissages dans et hors l’école ?
 
Un même lieu, l’école, mais deux espaces et temps d’éducation : avec l’enseignant ou l’animateur… Comment les deux métiers peuvent apprendre à se connaitre et à travailler ensemble ? Quelle place pour les savoirs formels et informels ? Quels champs pédagogique et éducatif en commun et spécifiques à chacun ?
Quelle formation au partenariat ?
 
 
 
 
 
 
Atelier 9 – La scolarisation des moins de trois ans… et si on la pensait ensemble ?
A quelles conditions la scolarisation des moins de 3 ans est-elle souhaitable et peut-elle avoir lieu ? Quelles spécificités de l’accueil dans les structures de la petite enfance et de la scolarisation à
l’école maternelle ? Quelles passerelles construire ? Comment à la fois prendre en compte les besoins du jeune enfant et développer chez lui le besoin d’apprendre ?…
Quelles formations spécifiques ?
 
 
 
 
 
 
Atelier 10 – Accueillir tous les élèves, quels appuis, quelles ressources ?
 
Repérer, éclairer,  aider, accompagner, soutenir… quel rôle pour le partenaire de proximité qu’est le RASED ? Et pour les autres partenaires ? Comment peuvent-ils faire ressource pour les enfants, les parents, les enseignants ? Quels métiers, quelles instances, quelles médiations ? Comment travailler ensemble ?
Quelle formation pour les enseignants généralistes ?
 
 
 
 
 

Table ronde

La table ronde a réuni trois personnalités très présentes dans le champ de la formation, de la formation de formateurs, en éducation prioritaire mais pas seulement. Trois personnes qui partagent un certain nombre de valeurs défendues par le GFEN et les autres organisateurs de ce forum mais qui utilisent des cadres théoriques différents pour appuyer leur réflexion, qui portent trois exigences qui se croisent dans l’unique but de faire réussir les élèves et les professionnels. Trois individus qui se connaissent bien et sont capables de s’interpeler mutuellement et de discuter le point de vue de l’autre. Nous les avons prévenus qu’il ne s’agissait pas de montrer une discussion lisse où tout le monde est d’accord. Patrick Picard disait dans le dernier n° de Fenêtres sur cours, la revue du SNUipp : « Pour s’attaquer à ce qui est difficile à faire, il faut croiser les expériences et points de vue de tous les acteurs. C’est exigeant pour chacun, parfois contradictoire, mais c’est le propre du travail. Sans ces «controverses», on reste dans l’injonction ou la résistance passive, et chacun garde pour soi ses problèmes… ».
Il s’est agi de mettre en débat avec ces trois spécialistes de domaines différents, des réflexions qui ont jalonné la journée, sur les enjeux de l’école maternelle et la réduction des inégalités.

 
 
 
 
 

La clôture

La journée se termine sur une adresse au ministre qui sera rédigée, affinée et envoyée en décembre. Gageons que les organisations sauront prolonger ce forum un peu partout dans les territoires, dans des collectifs de travail pour penser le métier, les métiers. Car les métiers ont besoin d’être forts en ce moment…

 

 
Isabelle LARDON

11èmes rencontres « Pour que la maternelle fasse école » – 26 janvier 2019, Paris

Les Rencontres sont reportées. Les incertitudes de la situation sociale que nous traversons, le contexte général de morosité qui nous touche sont sans doute les principales raisons qui ont fait frein aux inscriptions à nos rencontres et de ce fait rendent difficile leur tenue le samedi 26 janvier au coeur de Paris. C’est pourquoi nous avons décidé de surseoir à ce programme et de le reporter dans quelques mois. Nous en sommes navrés et espérons que ce report ne causera pas trop de désagréments à la fois aux personnes qui s’y sont inscrites et aux intervenants qui se sont mobilisés pour l’animation de cette journée. Nous les remercions toutes et tous de nous soutenir et de nous garder leur confiance.

Ces 11èmes rencontres ont été conçues dans la continuité de celles de 2018 et gardent donc la même entrée : le métier. En cette période où chaque « métier » dans l’institution scolaire – de l’élève à l’enseignant, du formateur au pilote – est malmené par les orientations ministérielles, rapporté à des tâches de répétition simplistes, d’exécution de « bonnes pratiques » ou de protocoles rigides, de contrôle et d’évaluations tous azimuts, le GFEN affirme que les professionnels sont capables de concevoir, mettre en ?uvre, transmettre, créer… Parce que le monde est complexe et qu’il ne sert à rien de stigmatiser les travailleurs, « soigner le travail », comme le dit Yves Clot, et le penser collectivement sont une urgente nécessité.

Ces 11èmes rencontres posent néanmoins une problématique nouvelle. Comment accompagner les jeunes élèves sans se poser la question de la coopération entre adultes à l’école ? Travailler avec les ATSEM, les AESH, les professionnel·le·s de la petite enfance, collaborer entre enseignants et avec les parents, cela ne va pas de soi. On ne peut y parvenir que s’il y a des collectifs qui s’emparent de la question, des espaces pour en discuter, des dispositifs pour « travailler avec », qui vont permettre de s’attaquer aux dilemmes de métier, de penser les collaborations inter-métiers et, au final, de développer du pouvoir d’agir.

Ces 11èmes rencontres vont donc aborder toutes ces questions, en alliance avec de nombreux partenaires, enseignant.e.s-chercheur.e.s, militant.e.s d’associations, technicien.ne.s des villes… Serge Thomazet introduira la journée par un questionnement sur les dilemmes de métier que ces partenariats entraînent. Le GFEN Maternelle la clôturera sur les perspectives pour garder le cap malgré tout.

 

Ces rencontres nationales sont ouvertes à tous, enseignants, parents, éducateurs, formateurs, ATSEM, AVS, AESH, animateurs, professionnels de la petite enfance, élus des collectivités locales, militants associatifs…

P R O G R A M M E

8h30 l Accueil – Inscription

9h l O U V E R T U R E
      Jacques Bernardin, président du GFEN

9h15-10h15 l C O N F E R E N C E
Enseigner, travailler ensemble : les dilemmes de métier
                     Serge Thomazet, université Clermont-Auvergne

10h30-12h l A T E L I E R S

12h-14h l Pause déjeuner – Librairie (nombreux restaurants dans le quartier)

14h-16h l A T E L I E R S

16h15-16h45 l C L Ô T U R E
Actualités et perspectives
                        GFEN Maternelle

A T E L I E R S  D U  M A T I N

1A l    Questions vives
Travailler ensemble entre enseignants
Marie Toullec-Théry, université Nantes

2A l    Pratiques
La coopération entre enseignants et ATSEM
          Muriel Guérin, GFEN

3A l   Pratiques
L’accompagnement des élèves handicapés
        Nathalie Hayi, FNAREN

4A l   Questions vives
Travailler ensemble : écoles et familles
         Marianne Woolven, ENS Lyon

5A l   Questions vives
Travailler ensemble : enseignants et professionnels de la petite enfance
         Marie-Claire Chavaroche-Laurent, Pôle Jeunes enfants CEMEA

 

A T E L I E R S   D E   L ‘ A P R E S – M I D I :

1B l    Pratiques
Les collectifs de travail enseignant
          Corinne Ojalvo, GFEN

2B l    Questions vives
Travailler ensemble : enseignants et ATSEM
    Elisabeth Roche, Mission Maternelle, Rectorat Clermont-Ferrand

3B l    Questions vives
Travailler ensemble : enseignants et AVS
Grégoire Cochetel, ESPE Clermont- Auvergne

4B l    Pratiques
La co-éducation entre parents et enseignants
  Jacqueline Bonnard, GFEN

5B l    Pratiques
La scolarisation des moins de 3 ans
Isabelle Arthaud, GFEN

Cette année, les ateliers ont été préparés en complémentarité. Les participant-e-s pourront en choisir deux sur le même thème décliné matin et après-midi ou deux sur des thèmes différents.

Participation aux frais d’organisation : 30 €
20 € : adhérent-e-s au GFEN, étudiant-e-s, chômeurs
Gratuit : étudiant-e-s d’ESPE (sur justificatif)

L’Ecole maternelle par celles et ceux qui la font vivre – FORUM – Paris, 17 novembre

Les personnels, les parents et les associations qui constituent la communauté éducative ont été les grands absents des assises ministérielles qui se sont tenues il y a quelques mois. En effet, celles-ci n’étaient pas tournées vers les finalités de l’école maternelle, n’ont pas montré les démarches éducatives, pédagogiques, didactiques, éthiques qui y sont mises en oeuvre. Elles n’ont pas non plus abordé les conditions nécessaires pour que les enfants puissent entrer dans les savoirs et les apprentissages.
Parce que l’école est un sujet éminemment politique, qui doit prendre en compte les approches plurielles et être mis en débat dans la société, parce que l’école maternelle est une école à part entière, école première où l’on apprend et où l’on vit ensemble, des organisations syndicales, des mouvements pédagogiques, des associations qui s’engagent sur le terrain, soucieux et capables de penser collectivement, ont construit ensemble ce Forum de l’Ecole Maternelle pour donner la parole à celles et ceux qui la font vivre.
Ce sera l’occasion de prendre en compte la richesse et la complexité venant des cultures des différents métiers, des savoirs sur l’enfant et l’élève, de la coopération avec les parents, des recherches en sciences de l’éducation et dans de nombreux autres domaines de la psychologie, la sociologie, l’analyse du travail, etc… Le forum de l’Ecole Maternelle donnera l’opportunité de croiser les regards et d’échanger les points de vue dans des conférences,ateliers, tables rondes, témoignages, échanges, pratiques…

Programme :

  • Christine Passerieux fera la conférence introductive : « enseigner et apprendre à l’école maternelle : quels enjeux ? ».
  • Maryse Rebière, Patrick Lamouroux, Maëliss Rousseau, Sylvie Martin-Dametto et Jacqueline Bonnard déclineront les savoirs et les modalités des cinq domaines d’apprentissages des programmes sous forme d’ateliers en groupes.
  • Cinq autres ateliers questionneront les partenariats pour traiter des problématiques de la co-éducation, la collaboration entre acteurs, les apprentissages dans et hors l’école, la scolarisation des moins de 3 ans, l’accueil de tous les élèves.
  • La table ronde « Comment réduire les inégalités » clôturera la journée. Christelle Camsuza, Jacques Bernardin et Patrick Picard y participeront en proposant des outillages en pédagogie, sociologie, didactique professionnelle,entre autres…

Le forum s’adresse à toutes les personnes intéressées par l’école maternelle, enseignants, ATSEM, animateurs, chercheurs, formateurs, membres d’associations, parents, professionnels de services d’éducation de collectivités territoriales, élus…

Participation : 15 €
Contacts : Isabelle Lardon 06 09 91 10 16 -Julie Meunier 06 83 26 74 75

(Re)lire le Communiqué de presse « Ecole maternelle : Les Assises ministérielles sont passés à côté des enjeux »

Dixième anniversaire des Rencontres Maternelle : 250 personnes y ont participé !

Les rencontres Maternelle ont réuni ce samedi 27 janvier 2018, à la bourse du travail de Paris 250 personnes, le record absolu de
participation depuis 10 ans. Certain.e.s sont des fidèles parmi les fidèles, venu.e.s chaque année ; d’autres régulièrement mais pas tous les ans. On s’y retrouve entre copines ou entre collègues, enseignant.e.s d’écoles maternelles, formateurs ou formatrices (nombreuses), étudiant.e.s de l’université Paris 8 et des ESPE, arrivant de Savoie, de Nantes, Avignon, Montreuil ou Bordeaux, de Bruxelles ou de Genève pour prendre « une sorte de bouffée d’oxygène » comme Christelle nous l’a écrit. Les Rencontres sont cette occasion unique dans le paysage annuel de s’enrichir mutuellement et penser collectivement le métier.

 
 

Le contexte actuel est inquiétant concernant les intentions du ministre pour l’Ecole maternelle. Il est bon de ne pas se sentir seul.e. Les Rencontres l’ont permis, en organisant  les regards croisés des sciences de l’éducation, de la sociologie, de la didactique, de la pédagogie en favorisant les échanges sur des questions vives et en faisant vivre des pratiques dans des ateliers de démarches et témoignages.

 
 
 
 

Merci aux intervenant.e.s, enseignant-chercheur.e.s, militant.e.s qui ont animé les ateliers. Merci à l’équipe d’organisation, merci aux participant.e.s, sans qui ces rencontres ne seraient pas ce qu’elles sont, un espace de reconnaissance du travail et de formation efficace, dans un endroit symbolique. Certain.e.s ont même eu du mal à le quitter samedi soir après la clôture.

 
 

10èmes rencontres « Pour que la maternelle fasse école » – 27 janvier 2018, Paris

Si on affirme avec le GFEN que tous les élèves sont capables d’apprendre, à condition qu’on ait des pratiques ambitieuses, alors l’école maternelle est bien ce lieu unique, au coeur du processus de démocratisation et d’accessibilité des savoirs. Les activités d’apprentissage se mènent avec des enseignant.e.s qui guident, verbalisent, accompagnent, enseignent connaissances et procédures, pour « donner de l’école à ceux qui en ont le plus besoin ».

Si on veut défendre l’école, il faut la transformer, disions-nous en 2008. En 2018, continuons de dire que toutes les pratiques ne se valent pas pour faire apprendre les élèves et que l’école ne se transformera que si on transforme les pratiques professionnelles.

Les Rencontres vont éclairer cette réflexion en mettant la focale sur les problèmes de métier. Enseigner à l’école maternelle actuellement, c’est se poser un certain nombre de questionnements, être en tension entre des dilemmes professionnels. Comment mener des apprentissages culturellement exigeants, proposer des situations pertinentes pour que les élèves apprennent à penser et construisent leur citoyenneté ?

Les Rencontres Maternelle ont dix ans cette année. Nous ne fêtons pas le passé mais l’avenir en invitant des jeunes chercheur.e.s et des plus chevronné.e.s à mettre en travail des questions vives. Nous focalisons les ateliers sur les postures enseignantes envers les élèves et les parents. Françoise Carraud et Christine Passerieux mobiliseront respectivement les cadres théoriques et politiques de nos réflexions. Que ces rencontres 2018 soient l’occasion une fois de plus d’affirmer les valeurs d’émancipation collective et de développement personnel que porte le GFEN.

Ces rencontres nationales sont
ouvertes à tous, enseignants,
parents, éducateurs, formateurs,
élus des collectivités locales,
militants associatifs…

9h l O U V E R T U R E
Jacques Bernardin
, président du GFEN

9h15-10h15 l C O N F É R E N C E
Le métier d’enseigner aujourd’hui en maternelle
Françoise Carraud

10h30-12h l A T E L I E R S : Questions vives traversant enseignement, formation, recherche

1 l Comprendre les difficultés des élèves pour réduire les inégalités
scolaires : qu’en est-il d’une formation en sociologie des
apprentissages ?
Elisabeth Bautier/Claire Benveniste

2 l Apprendre à comprendre et à raconter pour favoriser le développement du langage oral et écrit.
Sylvie Cèbe/Isabelle Roux-Baron

3 l L’énumération : un savoir venu des mathématiques qui bouscule les disciplines scolaires.
Claire Margolinas/Olivier Rivière

4 l L’école face à la diversité des familles : éclairages sociologiques.
Pierre Périer/Chloé Riban

5 l Apprentissages collectifs et individuels… quelles pratiques des enseignant.e.s ?
Catherine Ledrapier/Damien Sage

12h00-14h l Pause déjeuner – Librairie
(nombreux restaurants dans le quartier)

14h-16h l A T E L I E R S : Démarches et témoignages autour de questions de métier

6 l Entre rite et routine… les rituels.
GFEN Maternelle

7 l Pourquoi perdre son temps à raconter des histoires ?
Association Livre passerelle GFEN 37

8 l Quel rôle des attentes dans la construction de l’estime de soi ?
GFEN 28

9
l Des situations d’apprentissage parfois contreproductives…
GFEN Maternelle

10 l Rencontrer les parents : des pratiques visant un échange constructif.
GFEN Maternelle

16h15-16h45 l C L O T U R E
Quels enjeux ? Quelles perspectives ?
Christine Passerieux

Présentation des conférences, des ateliers et des intervenants (pdf)

 

Reportage des 9e Rencontres Maternelle, 2017

« Pour que la maternelle fasse école »

 Bourse du travail, Paris – 28 janvier 2017

Les rencontres « Apprendre à comprendre le monde : le pari de la complexité dès l’école maternelle » ont eu lieu le 28 janvier dans ce magnifique lieu dédié au travail et aux travailleurs qu’est la bourse du travail à Paris. Revenons sur l’événement qui a rassemblé 180 personnes venues de tous horizons (enseignants, formateurs, étudiants) et de partout (Ile de France surtout, vu la proximité géographique mais aussi des Hauts de France, d’Auvergne Rhône-Alpes ou de la région Centre-Val de Loire)

 Reportage de la journée

Sous le regard impressionnant des relieurs, ébénistes, orfèvres et autres artisans au-dessus de nos têtes et sous la figure tutélaire de Jean Jaurès, Véronique Boiron axe ses propos sur les rapports entre parler et penser, activité collective à l’école maternelle. Le langage est le moyen pour l?’nseignant d’accéder à la « boite noire de l’enfant » et pour l »enfant de ressentir « ça pense en moi » avant qu »il puisse faire « je pense ». Le rôle de l’enseignant est primordial, il va verbaliser, formaliser, expliciter, reformuler pour mettre des mots sur le « faire » et donner du sens à l »école et aux apprentissages. C »est une construction lente, délicate et fondamentale et on est bien loin des doxa spontanéistes.

Il y a eu ensuite les espaces appelés « questions vives », non tranchées, qui traversent les réflexions des équipes d’écoles maternelles. Les intervenantes ont présenté un état des lieux de la question qui servira de base pour alimenter les discussions et les réflexions dans les groupes.

Evaluer pour fixer ou pour avancer ?

L’évaluation, constituante de l’acte d’enseigner et de l’acte d’apprendre, à quoi sert-elle ? qui sert-elle ? Evelyne Collin, IEN Maternelle, a beaucoup travaillé la question, dans son département du val d’Oise, et dans le groupe qui a produit  des documents d’accompagnement des programmes. Elle donne le prescrit et propose des pistes pour instrumenter l’observation des élèves, activité qui va permettre de les évaluer en dehors de moments institués, de « donner une valeur » à leur travail, aux procédures et aux résultats de ce travail. Elle pose aussi aux participantes quelque peu déstabilisées LA double question : « l’école enseigne-t-elle bien tout ce qu’elle doit enseigner » et « l’école n’évalue-t-elle que ce qu’elle a enseigné » ? La discussion peut s’engager.

L’enseignement de l’oral, oui, mais comment faire ?

Avec les plus jeunes élèves en particulier, Maryse Rebière a travaillé avec des collègues de petite section ; elle est enseignante chercheure, membre de l’AFEF, l’association française des enseignants de français, partenaire de la journée. C’est à ce titre qu’elle est intervenue. Pourquoi est-ce si difficile ? L’oral est un objet aux contours flous, il n’existe pas UN oral mais DES oraux, pour communiquer, pour évoquer ce qui n’est pas là, pour entrer dans l’écrit des albums. Le langage de l’école n’est pas celui de la maison. M. Rebière présente des activités qui permettent de passer de l’un à l’autre avec toujours, la médiation de l’enseignant : préciser le langage des activités familiales quotidiennes, apprendre le langage des activités scolaires, en petit groupe, en grand groupe, pour passer de l’accompagnement de l’action à sa représentation.

L’imagination, ça s’apprend ?

Dans le développement de l’enfant, apprentissage et imagination sont-ils compatibles ? Anne Clerc-Georgy, enseignante chercheure, spécialiste des apprentissages fondamentaux à Lausanne, montre que les trois concepts sont imbriqués, complémentaires et qu’il ne sert à rien de les opposer. Dans une perspective vygotskienne, apprendre c’est d’abord s’approprier des « outils de pensée » construits par les hommes au cours de leur histoire pour répondre à des problèmes rencontrés et devenir capable de faire usage avec l’enseignant et les autres d’abord et progressivement seul de ces savoirs « culturels ». Apprendre c’est aussi imaginer, se représenter ce qu’on ne connait pas (en histoire ou en géographie par exemple) et imaginer, c’est se nourrir des apprentissages.

Quels temps pour apprendre ?

Viviane Bouysse, Inspectrice générale de l’Éducation nationale dont tout le monde connait l’engagement sans faille pour l’école maternelle au sein de l’institution et partout où on l’invite pour la défendre et la transformer. Pour elle, il faut des temps longs pour tout : satisfaire les besoins physiques et affectifs, changer de statut, d’enfant à celui d’élève qui agit, pense et réfléchit, passer « de moi à nous », apprendre à différer ses envies et entrer dans la logique et le temps du groupe. Il faut aussi tenir compte des différentes composantes du temps, pas seulement la durée mais aussi son lien aux espaces (indissociables), aux rythmes, temps forts/temps faibles, répétition, à la dynamique des processus, de la notion de parcours, etc. Elle termine par une très belle citation de Saint-Exupéry : « C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. »

 

Quelles idéologies derrière les « innovations » en vogue qui menacent l’école maternelle dans ses missions ?

Christine Passerieux, formatrice d’enseignants, membre du GFEN, a écrit à ce sujet deux articles, dans la revue Dialogue et dans Carnets rouges, dont elle est la rédactrice en chef. Elle met en lumière les idées véhiculées par certains  » innovateurs » et largement relayées par les médias qui consistent à dénigrer les enseignants et ringardiser le service public d’éducation et l’école maternelle en particulier. En mettant en avant l’individu, les « lois naturelles », le « bien-être », ces idéologies  attaquent l’école maternelle dans ses missions mêmes : construire le besoin d’apprendre (au sens de Léontiev), construire du « commun », démocratiser les savoirs.

Les ateliers de l’après-midi sont conçus autour de situations d’apprentissage co-construites par un formateur d’adultes et un enseignant de l’école maternelle pour balayer les différents domaines du programme.

Dans la petite salle de grève, Jacqueline Bonnard et Damien Sage proposent d’observer et manipuler des objets et « parler » le monde. S’interroger sur des objets inconnus, c’est entrer dans une histoire, celle des hommes qui nous ont précédés et ont imaginé des solutions techniques en réponse aux problèmes rencontrés. En fonction des contextes et des périodes socio-historiques, ces réponses sont différentes et constituent un patrimoine culturel commun auquel chacun doit avoir accès. Et l’on découvre que l’adulte en questionnement renoue avec la posture du jeune enfant face à la complexité du monde. L’articulation entre le geste et la mobilisation du langage est un gage de compréhension de cet univers. En suivant la démarche des élèves de Damien Sage dans leur exploration d’objets inconnus, on comprend l’importance des échanges où les points de vue se confrontent permettant l’acquisition d’un vocabulaire adapté.

La salle Ambroise Croizat résonne encore des essais proposés par Sophie Reboul et Nicolas Charrière pour comprendre la complexité du monde sonore. Il ne suffit pas de produire des sons, il faut en comprendre la portée par un travail à la fois sur la physique des sons, leur dimension musicale, les pratiques langagières et culturelles associées. L’atelier prend appui sur un travail de classe conséquent sur ce domaine afin de produire un spectacle sonore : des essais pour produire des sons aux effets sonores escomptés en fonction des matériaux et objets utilisés jusqu’à leur combinaison pour obtenir une harmonie. En faisant résonner toutes sortes d’objets et d’instruments, les participants ont pu vivre les étapes par lesquelles les élèves sont passés pour construire leur projet.

Apprendre à catégoriser est incontournable pour appréhender la complexité du réel

et cela dans tous les domaines. Catherine Ledrapier et Khoulfia Léonard s’appuient sur la question du classement des animaux, la définition des concepts scientifiques et de leurs attributs pour faire comprendre le lent cheminement qui mène à la classification des espèces. Il s’agit d’analyser ces processus d’abstraction (la catégorisation et sa représentation) qui se doivent d’être travaillés dès l’école maternelle comme outil fondamental pour apprendre. Des vidéos d’activités réelles d’une classe de grande section de classe portant sur la matière, ses propriétés et ses états ont illustré le propos.

Prenant le contrepied de quelques idées reçues, Pascale Boyer affirme qu’il convient de mobiliser le langage pour réussir des activités physiques. « Faire des exploits avec un ballon », le faire rouler, rebondir, le lancer haut, etc. les élèves agissent d’abord, les adultes aussi qui s’y essaient pour éprouver ce que réussir peut vouloir dire dans ce domaine.  Lors  des  retours  réflexifs,  ils apprennent  à  verbaliser  et  formaliser  leurs  actions motrices pour mieux les réussir. Le processus qui va de l’acte au développement de la pensée est décrypté et analysé à partir d’enregistrement d’échanges entre élèves durant lesquels on entend leurs réflexions et leur vocabulaire s’affiner au fil des séances.

Faut-il d’abord avoir les mots pour comprendre la trame d’un texte ou s’appuyer sur le contexte pour comprendre un texte et s’approprier le sens des mots ? Caroline Pecqueur et Claire Benveniste proposent de  recréer un texte et entrer dans la compréhension du sens (démarche phare du GFEN). Mettant les participants à l’épreuve selon le principe d’homologie, le défi porte sur le texte du poète palestinien Mahmoud Darwich : « Il y a une noce à deux maisons de la nôtre, ne fermez pas les portes. ».  Il s’agit de travailler conjointement le fond et la forme du texte. Les désaccords amènent à fouiller et à préciser les choix et leur pertinence. On fait ici le pari que des élèves, même jeunes, peuvent réussir à recréer une poésie ou une comptine ; une recréation qui se fera collectivement, à l’oral, par dictée à l’adulte.

L’intervention de clôture a été faite par Anne Clerc-Georgy, qui a joué le rôle de grand témoin, tissant des liens entre la conférence introductive qui posait le principe « d’être en langage », construire un rapport au monde, à soi et aux autres et les ateliers qui développaient  des activités pour apprendre à parler et penser ensemble.
Comprendre qu’il n’y a pas d’apprentissage sans imagination et pas d’imagination sans apprentissage ; avoir conscience que l’enseignement de l’oral est essentiel pour que l’enfant devienne familier des pratiques langagières scolaires ; interroger les façons d’évaluer les élèves pour que l’exercice soit positif ; prendre en compte les temps nécessaires pour construire le besoin d’apprendre ; connaitre les « nouvelles idéologies »pour mieux les interroger ;  autant de questions vives, de recherches ou de métier posées aujourd’hui et qui  ont pu trouver quelques éléments de réponses.
Les différents ateliers de l’après-midi ont fait manipuler des objets du quotidien, des matériaux sonores, des ballons, des mots mais tous ont montré le rôle du langage pour comprendre la complexité du monde à travers les langages technique, artistique, scientifique, corporel et  littéraire qu’ils convoquaient.
La librairie du GFEN, l’exposition des livres de Rue du monde et la présence des éditions Chronique sociale montrent toute l’importance accordée aux écrits pour prolonger la journée et aller plus loin.
L’évènement hivernal constitue un temps fort de réflexions et d’échanges mais les activités continuent toute l’année. Le groupe Maternelle  se réunit régulièrement et constitue un collectif de travail qui réfléchit et échange. Une lettre d’informations est réalisée tous les mois.
L’équipe adresse un grand merci à toutes les intervenantes, animatrices et participantes avant d’annoncer quelques rendez-vous avec :
– un reportage sur ces rencontres sur le site,
– un projet éditorial (parution 2017)
– les Rencontres de Saint Denis le 25 mars 2017.
Isabelle Lardon et Jacqueline Bonnard

9èmes Rencontres « Pour que la maternelle fasse école », 28 janvier 2017

accéder au reportage des rencontres

Apprendre à comprendre le monde :

le pari de la complexité dès l’école maternelle

Samedi 28 janvier 2017
Bourse du travail, Paris 10è

Le monde est complexe, questionner les objets du monde est complexe. Le rapport à soi, aux autres, aux savoirs l’est tout autant. A l’école maternelle, faut-il protéger les jeunes enfants de la complexité de  la  vie,  aller  du  simple  au  complexe  …  ou  bien  les  faire  se  confronter  très  tôt  au  réel  et  leur apprendre à comprendre le monde dans lequel ils vivent ?

Au fil des années, le GFEN a égrené ses Rencontres nationales de l’école maternelle, en s’intéressant aux  rapports  qu’entretiennent  les  notions  de  besoin  (Leontiev),  apprentissage,  développement (Vygotski),  socialisation,  culture.  En  2017,  plus  d’un  an  après  la  mise  en  place  des  nouveaux programmes,  attentifs  aux  différents  aspects  de  la  langue,  le  GFEN  propose  de  réfléchir  à  l’entrée dans le langage oral et écrit dans tous les domaines. Celui-ci est un véritable instrument (Rabardel & Pastré)  au  service  de  la  construction  de  la  pensée,  de  la  catégorisation,  de  la  mise  en  ordre indispensable à l’école pour entrer dans les savoirs et la culture commune (Bernardin).

Sachant  que  les  pratiques  langagières  et  les  compétences  lexicales  sont  des  bons  indicateurs de l’apprentissage  futur  de  la lecture et  de  l’écriture,  il  parait  essentiel  dans  ces  rencontres  d’aider  les enseignants  à  aider  les  élèves  à  parler,  penser,  abstraire,  comprendre…  Il  s’agit  également  de prendre  en  compte  les  données  les  plus  actuelles  des  recherches    pour  qu’elles  viennent  irriguer notre propre pensée, telles que l’étude « Lire et écrire au CP » coordonnée par Goigoux (1) .

Peut-on  proposer  aux  élèves  des  savoirs  exigeants,  des  supports  résistants,  dans  des  dispositifs collectifs et interactifs ? Comment avoir de l’ambition pour eux et créer des situations authentiques pour  apprendre  et  comprendre ?  Quelle  posture  pour  l’enseignant  : verbaliser ce  qu’ils  ne  sont  pas encore  capables  de  décrire  ou  de  commenter,  expliciter  les  séances,  pratiquer  une  évaluation positive qui tient compte des progrès de l’enfant ? Quelle place pour l’apprentissage du vocabulaire et  l’acculturation,  surtout  pour  les  enfants  les  plus  éloignés  de  la  culture  scolaire ?  A  quelles conditions ne laisser aucun enfant au bord de la route, seul face à la complexité du monde ?

Nous  souhaitons  que  ces  rencontres  contribuent  à  développer  « des  outils  pour  la  pensée »  qui soient   « des   instruments   techniques   et   sémiotiques de   développement »   pour   tou.te.s   les participant.e.s (Rochex (2)).

1- L’appui sur la recherche « Lire & écrire au CP », 2015 permet d’inscrire les apprentissages de l’école maternelle dans un continuum. http://ife.ens-lyon.fr/ife/recherche/lire-ecrire
2-
Jean-Yves Rochex. L’œuvre de Vygotski : fondements pour une psychologie historico-culturelle. Note de synthèse dans la Revue française de pédagogie n°120, 1997.

***

Conférence introductive

Véronique Boiron, enseignante-chercheure, université de Bordeaux, Lab-E3D

« Apprendre à parler-penser ensemble à l’école maternelle :
exemples d’objets de pensée complexes en littérature de jeunesse »

Après avoir présenté le cadre théorique des rapports entre langage et pensée (Vygotski, 1936, 1985), Véronique Boiron illustrera ces propos par des exemples pris dans la littérature de jeunesse à tous les niveaux des classes maternelles, petite, moyenne et grande sections. L’objectif est de tenter de mieux comprendre comment ces tout jeunes apprentis lecteurs apprennent à comprendre des récits de fiction via, notamment, l’élaboration conjointe de significations, de questionnements, de commentaires, d’hypothèses, de reformulations. Ce faisant, c’est le rôle du langage oral dans l’apprentissage de la compréhension qui sera souligné.

Réflexions et échanges autour de questions vives qui traversent l’école maternelle aujourd’hui

1. Evaluer pour fixer ou pour avancer ?
L’école maternelle, sous la pression conjointe  de l’institution, des parents et des enseignants eux-mêmes, a progressivement mis en place des modalités d’évaluation des acquis des élèves et de restitution à leur famille qui a eu pour effet de figer les parcours d’apprentissage, de désigner les meilleurs et les plus fragiles et ce, comme si elle n’avait plus les moyens d’un accompagnement patient et déterminé de chacun d’entre eux vers une réussite atteignable.
Aujourd’hui, le nouveau programme de l’école maternelle ouvre la voie à de nouvelles modalités
d’accompagnement et d’évaluation des parcours, fondée sur une observation instrumentée des élèves à partir de démarches ajustées et de modalités d’apprentissages mieux adaptées aux élèves et à leurs
besoins.
Evelyne Collin-Rovelas, inspectrice de l’éducation nationale, chargée de mission Ecole maternelle

2. L’enseignement de l’oral… oui, mais comment faire ?
Les enseignants se trouvent souvent démunis face à des enfants qui doivent construire leur position d’élèves, tant sur le plan du comportement que du langage. L’observation des classes met en évidence, outre un glissement vers l’écrit, l’instabilité des pratiques d’enseignement du langage : quel est l’objet de cet enseignement, que doit on enseigner, l’oral s’enseigne-t-il et comment ? Face à ce que Dominique Bucheton appelle « le multi-agenda » de l’enseignant, comment isoler des temps consacrés essentiellement à cet apprentissage et quelles situations proposer aux élèves, particulièrement aux plus jeunes? L’analyse de transcriptions de quelques « moments » extraits de pratiques d’enseignement en Petite Section, nous permet d’interroger des stratégies enseignantes performantes et les réponses des élèves qui s’essaient à mettre en œuvre des usages langagiers nouveaux pour eux.
Maryse Rebière, enseignante chercheure retraitée, université de Bordeaux, Lab-E3D, membre de l’AFEF

3. L’imagination, ça s’apprend ? 
Le modèle constructiviste en vigueur s’est souvent traduit dans les premiers degrés de la scolarité par le modèle de la pédagogie de la découverte, doxa qui laisse à l’enfant la responsabilité de ses
apprentissages (Caffieaux, 2011) et postule que ce dernier doit découvrir ou inventer les savoirs (Crinon & al., 2008). Dans la perspective développée à partir des travaux de Vygotski, l’imagination est une fonction psychique appelée à se développer notamment par le biais de l’appropriation d’outils médiateurs, c’est-à-dire l’apprentissage de l’usage des savoirs proposés à l’école. En même temps, cette fonction psychique est au cœur des processus d’apprentissage, elle est nécessaire en algèbre comme en production écrite, en sciences comme en arts, dans tout ce qui requiert une reconstruction créative de la réalité (Clerc-Georgy, 2016).
Anne Clerc-Georgy, Professeure HEP du canton de Vaud, Suisse

4. Quels temps pour apprendre ? 
« Le temps est une catégorie de la pensée très abstraite, très complexe. Quand on l’analyse en composantes, on trouve des voies opérationnelles pour faire le lien entre temps et apprentissages. Ceux-ci s’organisent dans le temps long d’un parcours scolaire et le temps court de la journée scolaire ; l’ordre renvoie aux programmations et progressions qui ont besoin d’une certaine quantité de temps pour s’installer « durablement » ; au-delà des phases de découverte et de structuration, il faut des entraînements, des transferts, des révisions. Ils s’enchaînent avec des moments forts et des moments moins exigeants, des moments longs et des moments courts ; une journée est d’autant mieux vécue
qu’elle est bien « rythmée ». Les élèves ont besoin de récurrences (l’ordinaire) mais les faits rares qui réenchantent le quotidien sont aussi bienvenus (l’occasionnel). » extrait de Fenêtres sur cours SNUipp
Viviane Bouysse, inspectrice générale de l’Education nationale

5. Quelles idéologies derrière les «innovations « en vogue qui menacent l’école maternelle dans ses missions ?
Alors qu’est affirmée la nécessité d’apprendre l’école pour apprendre à l’école afin de réduire les écarts entre enfants au regard de leur origine socioculturelle,
Alors que la mission assignée à l’école maternelle est de familiariser les enfants avec la spécificité des
apprentissages pour qu’ils construisent une posture d’élève,
Alors que les programmes précisent que les activités cognitives de haut niveau sont fondamentales pour donner aux enfants l’envie d’apprendre et les rendre autonomes intellectuellement,
Alors que le rôle du groupe est souligné, qui rend possibles les cheminements individuels…

des scientifiques, des pédiatres, des think tanks, des médias, des associations se relaient pour promouvoir une autre conception de l’école maternelle et annoncer la bonne nouvelle : la solution est enfin trouvée pour faire réussir les enfants ! Derrière les dispositifs proposés, les expériences relatées, la science convoquée, quelles sont les conceptions du développement de l’enfant, de l’apprentissage de l’élève, du rôle de l’enseignant, des savoirs et de la culture, de la fonction de l’école ?
Christine Passerieux, formatrice d’enseignants, GFEN Paris

Pour aller plus loin, voir la présentation des intervenantes et de leurs travaux.

Ateliers de démarches et témoignages en maternelle autour de situations d’apprentissage

6.  Observer, manipuler des objets pour explorer et « parler » le monde
Les  objets  témoignent  d’une  culture  (conception  et usages).  Par  une  approche  anthropologique d’objets « inconnus », la situation à vivre vise l’analyse de l’articulation entre le geste et la mobilisation d’un langage adapté à l’exploration de cet univers complexe.
Jacqueline Bonnard, GFEN 37 & Damien Sage, GFEN 75

7.  Comprendre la complexité du monde sonore
La  représentation  de  textes  pour  produire  un  spectacle  sonore a  fait  l’objet  d’un  projet  de  classe conséquent,  alliant  un  travail  à  la  fois  sur  la  physique  des  sons,  leur  dimension  musicale,  des pratiques langagières et culturelles. Sophie Reboul, GFEN 25

8.  Catégoriser pour appréhender la complexité du réel 
La  catégorisation  –  et  sa  représentation  –  sont  des  processus  d’abstraction  qui  se  doivent  d’être travaillés dès l’école maternelle comme outil fondamental pour se saisir de la complexité du réel. La catégorisation en classe a porté sur la matière, ses propriétés, ses états. Catherine Ledrapier & Khoulfia Leonard, GFEN 25

9.  Mobiliser le langage pour réussir des activités physiques 

« Faire des exploits avec un ballon », le faire rouler, rebondir, le lancer haut, etc… les élèves agissent d’abord.  Puis,  lors  des  retours  réflexifs,  ils  apprennent  à  verbaliser  et  formaliser  leurs  actions motrices pour mieux les réussir. Le processus « faire, dire, penser » sera analysé dans l’atelier.
Pascale Boyer, GFEN 75

10.  Recréer un texte et entrer dans la compréhension du sens

Faisons le pari que des élèves, même jeunes, peuvent réussir à recréer une poésie ou une comptine, à  l’oral  et  en  collectif.  C’est  le  sens  des  mots  qui  fait  le  lien  et  permet  de  comprendre  la  trame  du texte et non la mémoire d’un mot à mot.  Caroline Pecqueur, GFEN 75

Pour aller plus loin, voir la présentation des groupes qui animent les ateliers

Intervention de clôture Le grand témoin

Anne Clerc-Georgy s’attachera à tisser des liens entre les différents temps de la journée et à ouvrir des perspectives sur la focale « Apprendre et réussir pour comprendre ».
Nos partenaires

Retour sur les 8e Rencontres Maternelle -Apprendre à l’école maternelle : un besoin à construire

 Bourse du travail, Paris – 30 janvier 2016

La bourse du travail de Paris a accueilli samedi 150 personnes intéressées par la question du développement de l’enfant, entre besoin et apprentissage et du rôle central que l’école maternelle peut jouer dans ce cheminement. Comment faire apprendre et se développer tous les jeunes enfants dans une école maternelle à la fois respectueuse des étapes de leur développement et soucieuse de créer les meilleures conditions pour apprendre ?
Le secteur Maternelle qui a conçu et coordonné ces rencontres 2016 n’a pas sacrifié à leurs objectifs primitifs : donner à réfléchir, échanger sur l’école maternelle, donner à voir des pratiques qui « fonctionnent ». La visée principale de ces rencontres est toujours de croiser les regards de chercheurs, de formateurs et de praticiens et d’outiller les enseignants pour les aider à faire réussir tous les élèves.
Nouvelle formule cette année ! L’architecture de la journée a changé. 
Une seule conférence introductive et plus longue, des questions vives, non tranchées, qui traversent l’école maternelle actuellement et qui font débat, des ateliers classiques GFEN avec des situations d’apprentissage à vivre et à transférer professionnellement.
 


Claire Benveniste ouvre la journée par des renseignements pratiques et Jacques Bernardin introduit la journée en aidant les participant.e.s à se repérer dans les nouveaux programmes. Il note comme points de rupture le cycle unique, le principe fondamental du « tous capables » d’apprendre et de progresser, la reconnaissance de la diversité des élèves, l’explicitation des situations et leur enjeu, la promotion de la coopération, une pédagogie variée. En exergue de la journée, les deux citations du jour :
Tant qu’il n’a pas été satisfait pour la première fois, le besoin ne connaît pas son objet, il lui faut encore le découvrir (Leontiev)
L’apprentissage n’est valable que s’il devance le développement (Vygotski)

 Conférence

Elisabeth Mourot, de l’équipe CIRCEFT-ESCOL, a fait état de pratiques qui, à l’insu des enseignants, entretenaient des malentendus à l’école maternelle : les affichages en classe et comme exemple pour illustrer son propos, le trop fameux « petit train des jours » qu’on retrouve dans de nombreuses classes. Elle a mené une recherche dans des écoles de milieux différents, en éducation prioritaire ou en centre-ville à Paris, où elle a interrogé des élèves de grande section sur ce qu’ils pensaient de ces affiches : que croyaient-ils qu’elles voulaient dire ? A quoi servaient-elles ?
Elle a catégorisé les réponses en trois parties :
  • Les élèves qui nomment ce qu’ils voient et sont dans une approche réaliste du langage-communication
  • Les élèves qui rattachent ces affiches à du vécu, des expériences et qui ont un rapport pragmatique au langage
  • Et le troisième groupe qui sait que le wagon violet par exemple symbolise le lundi et qui est capable de l’expliquer avec un langage élaboré. Celui-là est dans les attendus de l’école.
Il faut donc le savoir quand on enseigne et tenir compte du fait que plus on met d’affichage, en croyant que mettre le savoir « à disposition » permet à tous les élèves de s’en saisir, moins les élèves éloignés de la culture scolaire s’y retrouvent.
Le savoir est « à prendre » et l’enseignant doit « montrer ce qui est remarquable », définition étymologique d’enseigner.
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Pendant toute la journée, la librairie est restée ouverte et a connu un taux de fréquentation important.

Les quatre ateliers du matin

Les quatre ateliers du matin ont permis d’aiguiser réflexions et échanges sur quatre questionnements importants à l’école maternelle :
  • La bienveillance à l’égard des élèves pourrait faire consensus… mais elle peut dériver vers la compassion et le renoncement : l’école maternelle s’adresse-t-elle à l’enfant générique, socialement aseptisé ou a-t-elle pour mission d’enrayer la reproduction des inégalités ?

Christine Passerieux rappelle que ce concept de « bienveillance » est utilisé de façon massive dans les institutions, dans les formations, dans la presse, comme une valeur incontournable. Il semble faire consensus mais sur quels critères on le définit ? Les participants de l’atelier sont amenés à y réfléchir et l’animatrice classe les mots et expressions selon qu’ils renvoient à de l’affectif, de l’empathie ou bien à des gestes professionnels. Paul Devin, inspecteur et syndicaliste parle d’un concept « mou » qui laisse donc la porte ouverte à des malentendus ou des pensées carrément contradictoires. Remontent à cette occasion des doctrines plus ou moins bien interprétées autour des intelligences multiples de Gardner, de la pensée de Montessori et son approche spontanéiste de l’entrée de l’enfant dans les apprentissages… Christine Passerieux préfère que l’école maternelle s’interroge sur ses priorités. Individualisation, différenciation ?  Ne pas contraindre, attendre qu’ils soient prêts ? Ou bien mettre en place un cadre sécurisant, renvoyer aux élèves un regard positif, créer les conditions d’une égalité d’accès au savoir, permettre l’activité intellectuelle grâce à l’action et au langage…

  • Est-ce qu’on fait des mathématiques à l’école maternelle, ou  des « pré-mathématiques » ? S’agit-il de manipuler uniquement ? Quelle approche privilégier avec de jeunes enfants, quelles conquêtes viser ?

 

Joël Briand répond oui à la première question et examine l’enseignement du dénombrement dans les nouveaux programmes qui mettent en avant des résultats de recherches vieux de trente ans et qui ont eu beaucoup de mal à s’imposer. C’est en 1984 que le dénombrement a été défini par les didacticiens des mathématiques comme « la capacité à produire une collection b équivalente à une collection a, sans voir cette collection a au moment où l’on produit la collection b ». Briand propose une continuité dans les apprentissages en maternelle en passant des pratiques familiales à des pratiques sociales, avec des jeux de plateaux, petits chevaux, jeu de l’oie. Ensuite, on se dirige vers des pratiques ordinales, puis cardinales, avec des jeux de listes pour contrôler des collections ou des positions. On trouve ici des situations d’apprentissage par adaptation avec les fameuses « voitures dans les garages », différentes des situations de familiarisation. Enfin, des signes d’écrits aident à la mémorisation et amènent à l’étape finale qui est l’accès au calcul et c’est seulement à ce stade que l’élève acquiert le concept de nombre. Vergnaud écrit : « La reconnaissance de la propriété d’addition est une condition nécessaire à la conceptualisation du nombre ».

  • En EPS, on bouge, on expérimente… mais est-ce qu’on apprend ? est-ce qu’on pense ?
L’EPS en maternelle fait vivre aux élèves des expériences significatives des activités physiques humaines qui font partie du patrimoine de la culture physique, sportive et artistique. Elle aide l’élève à transformer sa motricité quotidienne en une motricité porteuse de pouvoirs d’agir nouveaux. « L’école est le lieu où les objets (y compris son propre corps) n’existent pas pour ce qu’on peut en faire dans l’activité quotidienne non scolaire, mais en eux-mêmes comme objet d’apprentissage » (Elisabeth Bautier). A l’école, l’élève passe d’un projet de jeu à un projet d’apprentissage. L’EPS dote les élèves de pouvoirs de penser leur activité et de pouvoirs d’apprendre ensemble. Patrick Lamouroux a illustré son propos d’exemples concrets pris dans les classes et la vidéo, encore une fois, a permis de ramener du réel dans l’atelier.
  • Dessiner, oui… mais le dessin d’observation est-il possible… et souhaitable à l’école maternelle ? Comment s’y prendre lorsqu’on explore le monde des objets ?
 
Jacqueline Bonnard rappelle les objectifs de l’école maternelle qui visent à ce que chaque enfant acquiert une posture d’élève et lui donne envie d’aller à l’école pour apprendre. Pour explorer le monde, le plus important est d’apprendre à observer, repérer les détails qui caractérisent l’objet, par ce pas de côté qui transforme l’objet familier en objet d’étude. Il s’agit d’apprendre à mettre en relation des événements et des cadres d’analyse pour donner un sens à ce qu’on observe, ce qui nécessite les opérations mentales suivantes : reconnaître par comparaison, inférer, déduire, interpréter. Dans ce processus volontaire d’une sélection d’informations durant lequel l’observateur met en relation son corpus de connaissances avec ce qu’il observe, le dessin joue le rôle d’objet médiateur lors des confrontations de points de vue entre élèves. C’est également une trace d’activité qui alimente la mémoire collective qui se construit. Damien Sage présente des activités réalisées en classe sur le domaine « explorer le monde » en moyenne section. Si l’évolution psychomotrice de l’enfant entrave sa volonté d’une représentation réaliste de l’objet, l’échange régulier entre pairs pour rapprocher le dessin de ce qui est observé montre l’affirmation de compétences graphiques au fur et à mesure des dessins. De même, on repère l’outillage progressif du regard sur le monde.
Dessiner ce qu’on observe ? Oui mais rappelons que dans ce cadre, le dessin n’est pas une finalité : c’est tout à la fois une mise à distance de l’observable, l’exercice de compétences graphiques et le support qui permet les échanges sur les savoirs abordés.

Les ateliers de l’après-midi

Les ateliers de l’après-midi sont plus classiques pour les habitués des rencontres, ils présentent des situations d’apprentissage à l’école maternelle sous forme de démarches éprouvées du GFEN assorties de témoignages en classe.
Quatre démarches ont été vécues, dans différents domaines.
  • Approche et enjeux du plurilinguisme… Pour quoi faire ? Quelle plus-value apporte-t-il ?
 
Agnès Mignot, du secteur Langues du GFEN, a fait écouter et catégoriser des extraits musicaux pour dégager avec les participantes le concept de « berceuse » dans différentes langues, en se référant aux « exemples oui » et « exemples non » de l’apprentissage de l’abstraction de Britt-Mari Barth. Elle a illustré ces propos en montrant des vidéos de classe en petite section où les élèves apprennent à écouter des berceuses et à reconnaitre un mot dans une comptine chinoise, le mot « Mama ». C’est à ce moment-là qu’on passe du multiculturel au multilinguisme, quand on s’intéresse à la langue de l’autre. La séance se termine par une mise en situation avec les noms des jours de la semaine écrits en japonais et en chinois pour retrouver des ressemblances et au final, avec une aide de type « dictionnaire », la liste des mots dans les deux langues ! Des textes d’auteurs ou des prescriptions officielles sont donnés à lire pour approfondir le sujet.
  • Construction d’un outil mathématique ou comment structurer sa pensée en construisant le tableau à double entrée ?
En faisant passer les participants par différentes phases de travail individuel et appuyé sur les mises en commun en grand groupe, faire pour soi, confronter, on arrive à élaborer le tableau à double entrée, que tous les élèves connaissent, utilisent, souvent sans comprendre comment il est construit. C’est le défi d’une « vraie » démarche d’auto-socio-construction du savoir, réalisable  en maternelle qu’Odette Bassis et Khoulfia Léonard ont relevé.
  • Activité  plastique, citron rouge… Couleurs et matières !
 

Sylviane Maillet a fait revêtir aux participantes de belles blouses de plastique noir pour les mettre tout de suite en condition ! C’est avec beaucoup d’enthousiasme que les participants à cet atelier ont pu à
travers différentes recherches mettre en relief la matière comme élément incontournable dans la peinture moderne. Ils ont travaillé à partir du citron, sujet souvent repris dans les Natures Mortes,
mais en  ne mettant l’accent que sur sa composition matérielle. Puis dans une seconde étape sur d’autres fruits et légumes dans le même état d’esprit. Beaucoup de questions ont pu être soulevées. Parmi celles-ci : l’esthétisme, les prolongements à cette démarche, la sensibilisation par les élèves à la Nature Morte dans l’art.

  • Apprentissage par le jeu

Michel Baraer, Françoise Toanen et ses élèves de en vidéo, sont allés voir de près, dans leur atelier, comment on peut apprendre en jouant, comme le recommandent les  nouveaux programmes. A partir de deux jeux, les tours du fichier « Vers les maths » et un jeu coopératif, les animateurs de l’atelier proposent de réfléchir à l’activité mentale des enfants et précisent que le jeu est détourné sciemment. Les participants vont construire des tours avec des cubes de trois couleurs, avec la consigne de réfléchir aux opérations mentales nécessaires pour réaliser la tâche. La discussion va bon train, on se demande comment maintenir l’enrôlement dans la tâche, avec les multiples allers et retours entre activité individuelle et réflexion collective, s’il faut introduire une consigne intermédiaire, si on a bien résolu le problème… L’enseignante reste au centre du dispositif et permet à chacun de de comparer, raisonner…

  • L’atelier 9 est intitulé « Les rencontres, et après ?… Comment passer d’un évènement à une mise en chantier de pratiques ». C’est un atelier « extra-ordinaire » qui a eu pour objet de mettre en contact des personnes intéressées par l’idée de transposer en classe les démarches vécues au GFEN. Deux équipes ont présenté leurs travaux.
 
Les univers sonores à Besançon. L’objectif est de travailler sur le son avec les élèves afin de présenter un spectacle accompagné par des musiciens. Les enseignants concernés exercent sur les trois niveaux de l’école maternelle. Dans un premier temps, il s’agit de « produire un son » en utilisant des objets et des matériaux différents. Mais qu’est-ce qu’un son par rapport à un bruit ? On essaie, on écoute, on tente de reconnaître puis on verbalise l’action. Trois verbes reviennent : secouer, gratter, taper.  Et si on dessinait le son ? Entreprise difficile : il faut coder, marquer le rythme et la durée. L’étape ultérieure sera de reproduire un son.
 
Ces objets qui transforment la matière à Paris. Objets familiers, les ustensiles de cuisine ont permis d’explorer deux procédés de fabrication culinaire : écraser, râper. Après observation et manipulation des objets en situation réelle, les élèves ont travaillé sur le geste, chaque groupe devant guider l’enseignant pour une utilisation correcte. L’écoute des échanges enregistrés lors de cette phase a permis de suivre l’élaboration d’un vocabulaire adapté et cette faculté chez l’enfant à réutiliser rapidement ce qu’il a appris.
Même si les domaines explorés sont différents, on repère des similitudes dans ces deux chantiers: la nécessité de rencontres préparatoires pour explorer les concepts abordés et être au clair là-dessus, l’installation d’un temps suffisant de manipulation avant toute séance nécessitant une observation attentive des phénomènes, la pratique récurrente de phases d’échanges et de structuration, l’importance des traces d’activité (dessins, photos, enregistrements…) On est impatient de connaître la suite et chacune des équipes ne demande qu’à s’étoffer

Clôture

En clôture, Christine Passerieux est revenue sur les objectifs de ces rencontres. « Il s’agissait aujourd’hui de mettre la focale sur cette idée qui semble relever du bon sens, et qui est pourtant loin d’être partagée : l’apprentissage à l’école n’est ni spontané, ni naturel, il relève d’une construction sociale, culturelle que l’école doit prendre en charge pour les enfants les moins en connivence avec ses pratiques. L’envie d’apprendre à l’école s’apprend et pour la moitié des élèves… à l’école ».
 
Jean-Jacques Vidal veut inscrire cette journée dans la continuité et lance un appel aux personnes intéressées pour mutualiser des connaissances, essayer des situations dans leur classe, agir, penser et formaliser ensemble dans un réseau « Maternelle ».
 
Rendez-vous aux Rencontres sur l’accompagnement à Saint Denis le 2 avril 2016 !
Isabelle LARDON 


Lire aussi :

– celui de l’atelier de Christine Passerieux sur la bienveillance (Café Pédagogique), 

– celui de deux ateliers (« le dessin permet-il de mieux comprendre le monde ? », et « Je joue donc je pense », toujours sur le Café Pédagogique).