Origines et jalons historiques Issu de la Ligue Internationale de l’Education nouvelle, le G.F.E.N. a été créé en 1922 à l’initiative de savants et d’éducateurs qui, au sortir de la première guerre mondiale, ont ressenti l’urgence de lutter contre l’acceptation fataliste par les hommes, de la guerre comme solution. L’un de ses principes fondateurs était : « L’éducation nouvelle prépare, chez l’enfant non seulement le futur citoyen capable de remplir ses devoirs envers ses proches et l’humanité dans son ensemble, mais aussi l’être humain conscient de sa dignité d’homme ». De nombreux éducateurs, au sein du G.F.E.N., ont nourri leur recherche de la pensée de précurseurs universels tels que Rousseau, Pestalozzi, Jacotot, Montessori, Decroly, Makarenko, Korczak, Bakulé, Freinet, Piaget, Freire. Paul Fauconnet, Paul Langevin, Henri Piéron, Henri Wallon, Paul Faucher, Gaston Mialaret, Robert Gloton, Henri Bassis, qui ont été présidents ou vice-présidents du GFEN, ont également contribué à forger l’identité actuelle de ce Mouvement de Recherche et de Formation en Education. C’est dans la recherche obstinée de cohérence entre valeurs, comportements et pratiques, que le G.F.E.N. n’a cessé d’œuvrer, sur les champs de l’enfance, de l’école, de la formation, comme dans tous les lieux où se construisent des savoirs, pour créer les conditions concrètes de la réussite de tous. Un terrain de référence comme le « Groupe Expérimental du XXeme arrondissement de Paris » (de 1962 à 1971 dans les écoles des rues Vitruve, Le Vau et Bretonneau) a permis de creuser une brèche dans l’acceptation fataliste de l’échec scolaire ségrégatif et des » handicaps socioculturels « . Et c’est en Afrique, au Tchad, de 1971 à 1975, dans une vaste entreprise de formation-transformation (pour laquelle une évaluation à long terme, en 1996, a contribué à montrer les fruits), que Odette et Henri Bassis ont développé des pratiques nouvelles auprès des enfants, et une transformation des pratiques de formation des enseignants, apportant une rupture décisive dans la transmission des savoirs : non plus recevoir docilement, mais mettre en œuvre son intelligence et ses potentialités d’imagination créatrice pour « construire » son savoir, en faire un levier de transformation dans son rapport à soi, aux autres et au monde.C’est la notion de « démarche d’auto-socio-construction du savoir » qui n’a cessé de s’enrichir, de s’affiner, apportant ainsi une réponse pratique positive à l’échec scolaire et à l’idéologie des dons. Depuis, le G.F.E.N. développe des stratégies et des pratiques de formation d’adultes tout en continuant à démultiplier des expériences de terrain dans l’Institution (Education Nationale, Education surveillée, Culture, Agriculture,…) où il conduit des stages et Universités d’Eté. Une large ouverture est en même temps réalisée sur les secteurs éducatifs hors l’école : parents, travailleurs sociaux, stages d’insertion ou réinsertion, M.J.C., syndicats, associations… tous les lieux où sont mis en œuvre de nombreuses démarches de tous niveaux et de toutes disciplines, dont de nombreux ateliers d’écriture dans lesquels la langue écrite est vécue comme forme spécifique de la pensée. A l’étranger, les stages et problématiques du G.F.E.N. rencontrent un écho important, aboutissant à des Universités d’Eté Internationales et à des projets qui, pour certains, s’institutionnalisent : ainsi en Russie six ans d’échanges débouchant sur un Projet Européen Tacis (sur : » le développement de la démocratie dans les pratiques d’apprentissages « ) et sur la création de Groupes d’éducation nouvelle (Belgique, Suisse, Italie, Russie…) Le GFEN aujourd’hui Face aux nécessités actuelles d’agir contre toutes les exclusions et l’esprit de fatalité, le G.F.E.N. cherche à mettre en partage, sur tous les champs aujourd’hui ouverts à la formation, les pratiques et stratégies qu’il a construites et mises à l’épreuve sur de multiples terrains, en particulier les plus « difficiles » : stages du P.A.F. (sur l’aide, savoirs et citoyenneté), R.E.P., insertion sociale et professionnelle (16-18, R.M.I.,…), animateurs de quartiers, accompagnement scolaire, bibliothèques, travailleurs sociaux, etc. Actuellement, il s’implique résolument dans des actions de formation qui débordent du seul champ de l’école, les problématiques travaillées tant sur le terrain de l’échec scolaire que celui des échanges avec l’étranger, s’inscrivent dans la recherche de solutions nouvelles où chacun, se construisant comme personne solidaire puisse, dans une approche multiculturelle, devenir acteur de transformations possibles. Les situations et les conditions nécessaires pour que les contenus de savoir et de formation ne soient plus simplement transmis comme produits finis – pseudo-évidences qu’il faut accepter – mais construits par le sujet lui-même, prennent corps dans la notion et la pratique de » démarche d’auto-socio construction » : c’est dans un processus intégrant raison et imaginaire et s’inscrivant dans l’espace plus large du » projet » que chacun est amené à chercher, se questionner, élaborer, créer, structurer, en confrontation avec les autres, mettant en acte toutes les potentialités cognitives et créatrices dont il est authentiquement porteur, devenant ainsi, se transformant lui-même, auteur de sa propre formation.Pour compléter voir le site « Le temps des instituteurs » 21 janvier 2023 Valérie Pinton