Recherches en éducation n° 30 « Recherches en éducation et formation : contributions des doctorants et jeunes chercheurs »

sous la coordination de Sylvaine BESNIER, Sophie JOFFREDO LE BRUN, Virginie MESSINA, Chloé RIBAN, Marine ROCHE

Recherches en éducation est une revue généraliste en Sciences de l’éducation, ouverte à toutes les disciplines qui contribuent aux sciences de l’éducation. L’objectif est de contribuer à l’avancement et au partage des connaissances en matière d’éducation et de formation. Elle est portée à l’origine par le CREN, centre de recherche en éducation de Nantes et elle publie 4 à 5 numéros par an, en ligne, gratuitement. Une attention particulière est réservée aux jeunes chercheurs dans le but de les intégrer dans les réseaux de recherche et de publication. Ainsi dans chaque numéro, un ou deux articles de jeunes chercheurs sont présentés.

Cette fois, c’est un numéro entier qui leur est consacré, coordonné par d’autres jeunes chercheurs, accompagnés par des enseignants-chercheurs chevronnés. Chloé Riban, une des coordonnatrices de ce numéro, fait partie des jeunes chercheurs invités à présenter leurs travaux aux prochaines Rencontres nationales sur l’école maternelle du GFEN, le 27 janvier 2018.

Sa propre thèse porte sur « le principe de co-éducation entre les parents et l’école, des meilleures intentions aux effets de discrimination ». L’approche tout à fait originale de son travail est une approche genrée. « La confrontation des modèles éducatifs sera appréhendée, au prisme notamment de la question ethnoculturelle et du genre. Le postulat de départ de ce travail repose sur l’idée que le regard de l’école, supposément neutre et indifférent au genre, à l’origine sociale et ethnique des enfants et des parents, ne l’est pas dans la réalité des pratiques, incarnées par les équipes éducatives. Comment ce regard est-il construit ? Comment influe-t-il sur les relations avec les parents ? Comment les parents, notamment les mères, se sentent-ils perçus par l’institution scolaire ? ». Chloé Riban sera accompagnée par son directeur de thèse : Pierre Périer, sociologue à Rennes 2.

Dans ce numéro, 12 contributions ont été sélectionnées parmi 95 proposées, soumises au processus de lecture anonyme par un comité scientifique, comme pour les « grands ».

Le numéro s’articule autour de 3 parties :

La formation et le développement professionnel des enseignants dans des contextes variés : un dispositif de coenseignement entre un professeur novice et un formateur universitaire en EPS ; un dispositif d’ingénierie collaborative de travail au sein d’un LéA (lieux d’éducation associés) ; une approche d’enseignement de l’EPS en maternelle à partir de la problématisation de situations ; un questionnement sur les liens entre éducation, éthique et autorité, l’altruisme comme condition de développement de cette autorité émancipatrice.

La division du travail et la transmission des savoirs : une approche qui met en relation conditions de travail et savoirs enseignés en sciences au lycée ; la division du travail entre enseignants et ATSEM à l’école maternelle ; des pratiques d’enseignement du FLE en Corée entre enseignants français et coréens ; l’identité professionnelle d’enseignants de collèges confrontés à la scolarisation d’élèves présentant une déficience cognitive ;  les aides apportées par les professeurs aux élèves d’ULIS-collège intégrés dans leurs classes ordinaires.

L’évolution du système éducatif : les effets plutôt négatifs des dispositifs d’accompagnement scolaire sur le développement de compétences sociales chez les élèves et sur leurs résultats scolaires ; l’interrogation de l’influence des MOOCs sur la démocratisation des savoirs dans l’enseignement supérieur ; l’influence de la reprise d’études supérieures et de l’obtention d’un diplôme sur la situation professionnelle des personnes concernées.

J’ai particulièrement retenu deux de ces contributions car elles répondent aux  préoccupations du groupe de travail collectif du GFEN sur la maternelle, qui s’interroge, entre autres, sur les questions de collaboration enseignants-ATSEM et de mise en œuvre efficaces de situations d’apprentissage.

MARINE VÉJUX-GRILLOT — La problématisation : une entrée pour examiner et repenser l’apprentissage des élèves en éducation physique et sportive à l’école maternelle — pages 63 à 77
L’auteur analyse l’alternance de phases de mise en activité des élèves en EPS à travers des situations-problèmes et de phases de débats dans des situations d’enseignement-apprentissage en EPS. « L’étude montre qu’engager les élèves dans une situation récurrente en les confrontant à un problème résistant, leur permet de construire une performance problématisée. »

FABIENNE MONTMASSON-MICHEL — Les ATSEM, les activités manuelles et la raison graphique — pages 125 à 137
L’auteure s’interroge sur la contribution de ces professionnelles au côté des enseignants aux apprentissages langagiers des élèves en petite, moyenne et grande sections. Avec des entretiens et des observations, elle montre « de quelle façon, à travers la mise en ordre continuelle des corps et des objets dans l’espace et le temps scolaire, par la gestion des activités manuelles, ces personnels contribuent à la fabrication des habitus littératiés des jeunes enfants et participent, ce faisant, à la socialisation graphique et langagière des jeunes enfants ».

Isabelle Lardon
16 novembre 2017