Evaluations CP CE1 – courrier commun Alors que malgré les critiques, les évaluations continuent dans les classes, celles-ci posent toujours problème quant à leur pertinence, aux conditions de leur passation et au type de remédiations proposées. Neuf organisations syndicales et mouvements pédagogiques s’adressent à nouveau au ministre, à travers une lettre ouverte, pour l’interroger sur les finalités de ces évaluations standardisées et lui demander de prendre en compte l’expertise des enseignant-e-s. Au GFEN, « notre crainte est grande que ces évaluations servent de prétexte pour assigner à la maternelle une mission réduite à une préparation à l’école élémentaire au détriment de toutes les autres finalités, prenant ainsi le risque de créer de la difficulté scolaire notamment chez les élèves dont la culture familiale est éloignée de la culture scolaire. » le 17 janvier 2020 Lettre commune « Évaluations CP CE1 » A l’attention de M. Jean-Michel Blanquer, Ministre de l’Éducation nationale et de la jeunesse Monsieur le Ministre, Les évaluations standardisées imposées en CP-CE1 dépossèdent les enseignant-e-s de leur métier et génèrent du stress aussi bien pour les Professeur-e-s des Écoles, qui ne sont donc plus concepteurs ou conceptrices mais exécutant·e·s, que pour les enfants qui pour nombre d’entre eux et elles dès la rentrée scolaire sont placé·e·s en situation d’échec. De surcroît, les résultats sont analysés par des logiciels qui disent aux enseignant-e-s comment travailler avec leurs élèves, alors même que leur métier consiste à interpréter les productions de leurs élèves pour adapter leurs enseignements. A la suite, des pseudo-formations sont imposées non pas pour renforcer la professionnalité enseignante mais pour réduire la réflexion à l’examen des résultats de ces tests. Ces formations, au prétexte de répondre aux manquements de nos enseignements, s’emparent de tout l’espace de formation. Par ailleurs, nous constatons des pressions sur les collègues de la part de leur hiérarchie, pouvant aller parfois jusqu’à des menaces, relatives à la non-passation de la première phase des évaluations et la non remontée des résultats. De plus, le ministère a communiqué les résultats comme étant très satisfaisants. Or, à la lecture attentive des données de la DEPP, il en est tout autrement ! Si quelques résultats positifs sont notés ils se révèlent être de très faible ampleur au vu des moyens déployés. C’est l’ensemble de ce système d’évaluation et ses finalités que nous dénonçons. Système qui génère un pilotage par l’évaluation de l’enseignement et de l’enseignant-e engendrant ainsi une mise en concurrence des équipes et des écoles. Par conséquent, c’est un resserrement du métier d’enseignant-e qui s’opère dès la formation sur des savoirs étriqués et des pratiques standardisées. Le fait que l’immense majorité des enseignant.e.s ait fait passer les évaluations standardisées ne doit pas laisser entendre que ceux-ci et celles-ci les soutiennent ou les valident. Ce qui est dénoncé, c’est la négation de la professionnalité enseignante, c’est l’appauvrissement des contenus d’enseignement desservant particulièrement les enfants les plus éloignés de la culture scolaire, ce qui conduira inévitablement à une augmentation des inégalités scolaires. Nous vous demandons de bien vouloir nous recevoir afin que nous puissions échanger avec vous sur tous ces retours et nos inquiétudes. Télécharger la lettre 26 janvier 2020 Valérie Pinton