La natation de demain, une pédagogie de l’action. Raymond CATTEAU

Un outil au service des formateurs et entraîneurs
 
Nouvelle édition, revue et augmentée, éditions ATLANTICA, 2015. 230 pages, 24,90 euros

Introduit  par trois préfaces émanant de cadres techniques de la natation française, l’ouvrage se veut au service des formateurs et entraîneurs. Mais chacun peut y trouver des ressources utiles pour peu qu’il s’intéresse à la natation bien sûr, mais également aux situations d’apprentissage à privilégier dés lors que le milieu dans lequel l’apprenant évolue  lui paraît suffisamment étrange, voire étranger. Car il ne faut pas s’y tromper, c’est avant tout  la pédagogie de l’action qui est privilégiée dans le propos de Raymond Catteau car « transmettre la compétence ou l’expertise par des discours, verbaux ou écrits, se révèle toujours inopérant ».

Pour apprendre à nager ou enseigner la natation, faites d’abord un peu de physique et de  mécanique pour appréhender les caractéristiques des milieux terrestre et aquatique afin de comprendre ce que l’être humain doit surmonter et modifier dans sa motricité pour passer de l’être terrien  « vivant sur un monde essentiellement hétérogène , peuplés d’êtres et d’objets » à un être  aquatique capable de se mouvoir dans un milieu homogène qui oblige à revoir la façon de se mouvoir, se propulser.
Apprendre à nager n’est pas chose facile lorsqu’inconsciemment, le néophyte tente d’adapter sa posture de terrien à ce nouveau milieu en maintenant les voies respiratoires et la tête hors de l’eau ce qui induit une verticalité du corps susceptible de gêner la nage. Certains diront que pour apprendre à nager, il suffit d’abord « d’apprendre les mouvements » comme l’ont fait les générations antérieures, au bord des bassins « où l’on a pied »… pour prendre confiance. Mais comme on n’apprend pas de mouvements pour apprendre à marcher, Raymond Catteau soutient que  les systèmes de mouvements se coordonnent à partir de situations à résoudre par l’action et l’expérience du sujet. C’est le mobile (apprendre à nager) qui pousse  l’individu à réunir les mouvements aux cours d’expériences répétées et analysées qui permet au nageur de se construire et passer progressivement d’une « organisation terrienne » à une « organisation aquatique ». Comme pour la marche, on note des structures de fonctionnement que l’apprenant doit successivement remettre en cause s’il veut progresser pour devenir un nageur performant.
Quatre parties dans cet ouvrage
 
La première est consacrée à la natation. Après avoir présenté un historique montrant que, dès l’Antiquité, la natation est présente dans les activités humaines, l’auteur pointe la progressive accession pour tous à la pratique de la natation. Il décrit ensuite les différents types de nage et cette faculté des bébés à explorer le milieu aquatique et s’y mouvoir sans appréhension.
La deuxième partie aborde la culture natatoire. Il s’agit là de la connaissance des nages (structure et fonctionnement) : nages alternées  (crawl et nage sur le dos) et nages simultanées (nage papillon et brasse). A chaque fois, on décrypte  la posture, les gestes du nageur avec photos et illustrations à l’appui.
La troisième partie  propose une mise oeuvre didactique « pour devenir nageur et toujours meilleur nageur ».  Cette mise en oeuvre se base sur la pédagogie de l’action et le processus de construction. Trois états pour le corps en milieu aquatique : le corps flottant, le corps projectile, le corps propulseur. Pour chaque état, on étudie successivement les aspects physique, physiologique, psychologique, pédagogique.
Dans la quatrième partie, la mise en oeuvre pédagogique s’appuie sur les six niveaux de l’action décrits en partie 1, en reprenant les trois thèmes précédents : corps flottant, corps projectile et corps propulseur. L’auteur propose une suite d’objectifs intermédiaires à atteindre et chacun d’eux à travers une succession de tâches.
Des annexes très fournies complètent cet ouvrage pour permettre au lecteur de connaître les références et options philosophiques de l’auteur dont  Henri Wallon, Robert Mérand, Jean-Pierre Astolfi, Gaston Bachelard, Aurélien Fabre.
Jacqueline BONNARD

Boîte à lire février 2016

Revues

Des pratiques… 

Education au développement durable, Engagement et responsabilité

« Chacun », de l’Éducation nationale aux collectivités locales sans oublier les associations, nous invite à mener des actions supposées vertueuses pour la planète. Ici, on éduque les élèves à l’environnement, au développement durable. Là, on sensibilise les enfants à une bonne gestion de l’eau ou des déchets. Ailleurs encore, on enseigne les dérèglements climatiques. Il se passe partout quelque chose !  Pour autant, cette multiplicité d’actions qui nous donne bonne conscience nous permet-elle de penser un mode de développement plus vivable ? Plus équitable ? Un mode de développement qui fasse sens ? Pour cela, ces actions doivent pouvoir s’inscrire dans le cadre de véritables parcours cohérents, structurés et porteurs de valeurs. En promouvant la mise en œuvre de projets éducatifs s’appuyant sur la pratique de la vie associative et coopérative, l’OCCE contribue activement à cette ambition. C’est ce que tente de démontrer ce dossier, du dernier Animation & Education (N° 250). Présentation du n°

 
 

EPS à l’école primaire

Le Hors-série n°14 (janvier) de Contrepied sort dans un contexte où le « socle commun » accorde enfin de l’importance à l’EPS mais où la création d’un cycle 3 – censé assurer la liaison école-collège- est accompagnée de programmes aux contenus culturellement pauvres. Il réaffirme l’importance de l’EPS dans le développement de l’enfant de 2 à 10 ans. Sans minimiser les problèmes, il donne à voir une EPS vivante, inventive, émancipatrice – au travers de comptes rendus de pratiques, de regards de professionnels ou chercheurs, de controverses – qui s’ancre dans la culture physique, sportive et artistique dès l’école maternelle. Présentation du n°

 
 

Pratiques d’égalité

Tel est le thème du 2ème numéro de la revue N’Autre école – Questions de classe(s). Une école émancipatrice est un lieu de vie dans lequel chaque enfant, par la pratique de l’observation, de l’analyse, de la raison tente autant que possible de se débarrasser de tous les déterminismes, sociaux, économiques, culturels, physiques, psychologiques. Les stages portés à la fois par des syndicats et des mouvements pédagogiques sur le thème des pédagogies alternatives et du syndicalisme d’émancipation qui se multiplient depuis quatre ans, inaugurent une démarche elle-même émancipatrice en ce qu’elle pratique un mode de vie solidaire et « connaissant » en opposition frontale à l’hégémonie culturelle dominante, hiérarchique et en cela liberticide. Le dossier de ce numéro prolonge le stage qui s’est tenu à Créteil fin mars 2015 autour de la question : « A l’école et dans la société, quelles classes ?» (co-organisé par le GFEN). L’objectif est de mettre en lumière, de partager, d’inventer, des pratiques pédagogiques porteuses d’égalité et de solidarité, pour combattre l’école de la reproduction sociale et s’affranchir des dominations. Présentation du n°

 
 

Les Cahiers de l’action. Jeunesses, pratiques et territoire

Quatre nouveaux numéros de cette collection de mutualisation et d’analyse de pratiques éditée par l’INJEP sont maintenant téléchargeables :
31- Agir pour les parents, agir pour les jeunes. L’expérience des Écoles des parents et des éducateurs, Bernard Bier, Cécile Ensellem,
32- Jeunes de quartiers populaires et politiques de jeunesse. L’expérience du Grand Ouest, Chafik Hbila, 2011
33- L’accompagnement des jeunes ayant moins d’opportunités. L’exemple du programme Envie d’agir, Brice Lesaunier, Laurence Gavarini (dir.), avec la collaboration de Caroline Le Roy
34- L’expérience du service civil volontaire à Unis-Cité : quels enseignements pour le service civique ? Valérie Becquet (dir.)

 
 

Des problématiques mises en travail…

Didactique en milieux populaires – Niveau 4

Le TRACeS de ChanGements n° 224 interroge : didactiques en milieux populaires ? La didactique, n’est ce donc pas général, transversal, cognitivo neuronal ? Que vient donc faire ici… le social ?
C’est que depuis des décennies et les ambitieuses massifications de l’école, il s’invite par la fenêtre, ce social, qui résiste à nos généreuses intentions, nos belles planifications, nos ambitieuses réformes. Cela grince, souvent, dans le microcosme des classes, et dans le macrocosme des statistiques. Jusqu’à il y a peu, tout le monde ou presque s’en souciait comme d’une guigne. Mais voilà qu’on s’est rendu compte que tout cela coûtait beaucoup de sous. Pédagogies populaires, actives, explicites, etc. : la guerre des mots est déclarée. Et derrière, qu’est-ce qui se joue ? Quelles questions pouvons-nous tirer, qui nous donneraient un peu de grain à moudre ? Résistances, sens, mots et places : la didactique, c’est décidément méchamment politique… Présentation du n°

 
 

Etudes de CGé

ChanGements pour l’Egalité publie deux nouvelles études accessibles sur leur site :

  • CGé s’en va t’en Pacte – 2015
    Changements et Inerties de l’institution scolaire – Comment contribuer à faire
    changer l’École de l’extérieur ? par GROSJEAN Sandrine, MAWET Fred
    Qu’est-ce qui fait que l’École fonctionne comme elle fonctionne, qu’elle (re) produit autant les inégalités et qu’est-ce qui pourrait infléchir significativement ce fonctionnement ? On voit bien à travers l’histoire récente combien le politique ne peut pas tout, combien il ne suffit pas de décréter ce changement pour le provoquer. Mais peut-on pour autant imaginer de changer l’enseignement en profondeur SANS changement politique ? Probablement non.

  • Des îles et des ailes – 2015
    Pratiques enseignantes pour plus d’égalité, par ROOSENS Benoît
    Aujourd’hui, l’égalité femmes/hommes apparaît à beaucoup comme un combat dépassé ou secondaire alors que, les déterminismes sociaux sont toujours à l’œuvre dans la société et que l’émancipation sociale ne va pas de soi.En enfilant ses « lunettes » de genre, ChanGements pour l’égalité (CGé) a voulu interroger le rôle émancipateur de l’École et examiner ce qu’elle ouvre comme horizon aux élèves – filles et garçons – pris en étau entre un discours égalitaire et une réalité qui ne l’est pas.

 
 

Neurosciences et pédagogie

Dans leur n° 527, les Cahiers Pédagogiques constatent que les neurosciences provoquent des polémiques. Pour certains, elles représentent une menace pour une vision humaniste de la pédagogie. Pour d’autres, elles produisent des résultats évaluables qui feraient office de preuves. Est-on condamné à cette logique binaire ? Présentation du n°

 
 

Apprentissages, cognition et émotion. De la théorie à la pratique

Nous savons maintenant que les processus cognitifs et les processus socio-émotionnels
interagissent très fortement au cours du développement psychologique de l’enfant. Ainsi, le n° 139 d’ANAE aborde en particulier le rôle des émotions et entrainements dans les apprentissages scolaires chez les enfants et les adolescents, les effets de certaines « méthodes pédagogiques » sur leur développement psychologique et enfin une réflexion sur la difficile articulation pour les enseignants entre les résultats des recherches en sciences cognitives, la pédagogie et la didactique. La question doit être abordée de façon interdisciplinaire (psychologie du développement cognitif et affectif, science de l’éducation et éducation spéciale, neurosciences cognitives et affectives, et didactique. Ces riches contributions théoriques, expérimentales et pratiques pourront éclairer les professionnels de l’éducation et des apprentissages scolaires (novices ou experts) désireux de confronter leur pratique aux résultats récents des recherches appliquées à l’éducation. Présentation du n°

 
 

Accompagnement, réciprocité et agir collectif

Si l’accompagnement s’est progressivement institutionnalisé, les textes sur la formation professionnelle et l’orientation des adultes préconisent une centration des dispositifs sur l’individu, sans toujours interroger la place et le rôle de l’agir collectif dans les processus d’évolution professionnelle et d’intégration sociale. Ce dossier d’Education Permanente (N°205) propose de repenser l’accompagnement dans ses dimensions de réciprocité et de coopération, à partir des contextes professionnels de la formation, de l’intervention sociale, de la santé et du soin. Il s’agit d’élargir la réflexion et de dépasser la seule relation interindividuelle : reconnaître les dimensions collectives des situations d’accompagnement, par les processus de co-implication dans les fonctions de conseil et de co-accompagnement entre pairs dans les situations de travail et/ou de formation. Présentation du n°

 
 

Dévolution, part du maître

La dévolution se fonde sur le désir — ce que Freinet nommait « l’élan vital » —, cette pulsion de questionner, de rechercher, de découvrir, de savoir, d’agir, de créer qui anime l’enfant. Et plus l’enfant s’implique et plus ce désir s’accroît ! C’est dans la construction du savoir à partir de l’apport de l’enfant (récits, textes, questionnements, recherches, objets, œuvres…) transformé ou non par la classe coopérative que résident les fondements de la dévolution, cette part du maître indispensable pour un autre rapport au savoir.
« Mettez vos actes de tous les jours en harmonie avec vos idées : apprenez à vos enfants dans votre famille, à vos élèves en classe, à se gouverner eux-mêmes, à prendre des responsabilités et à s’émanciper ; entraînez-les à s’exprimer totalement, à parler et à écrire, à critiquer et à voir juste ; donnez-leur la joie du travail désiré et voulu. » (Célestin Freinet) Ce dernier numéro du Nouvel Educateur (n° 226) rassemble des réflexions de praticiens et de nombreux témoignages qui mettent en œuvre d’autres pratiques pédagogiques. Présentation du n°

 
 

Des précurseurs…

John Dewey

Les 22èmes notes du CREN (Centre de Recherche en Éducation de Nantes) proposent une Lecture de John Dewey  (1859-1952), par Michel Fabre.
« John Dewey, après avoir été longtemps ignoré ou incompris, semble revenir en force dans le paysage philosophique contemporain. Mais pourquoi lire Dewey aujourd’hui ? À mon avis parce qu’il a bien compris, dès l’aube du XXe siècle, que nous entrions dans un monde problématique, structurellement en crise et qu’il nous a fourni un certain nombre d’outils pour nous y repérer » (Fabre, 2011). Lire

 
 

Michel Foucault : héritages et perspectives en éducation et formation

Si Michel Foucault n’a pas directement écrit sur l’éducation, certains de ses ouvrages ont profondément influencé et accompagné la réflexion, que ce soit Surveiller et punir (1975) ou Le courage de la vérité (2009), pour fournir aujourd’hui aux chercheurs de très puissants instruments critiques. Le dossier du Télémaque n°47 se propose de faire un bilan de ces différents héritages et de voir comment ils fécondent aujourd’hui les recherches en éducation, dans la compréhension de ce qui se joue dans les pratiques scolaires, les relations de pouvoir et les techniques de persuasion, la construction du sujet et la formation morale : est-il possible, à partir de Foucault, de penser une autre école ? Telle est aussi la question posée. Présentation du n°

 
 

50 ans de littérature pour la jeunesse : raconter hier pour préparer demain

Le 7ème numéro des Cahiers du CRILJ revient sur 50 ans de littérature jeunesse. « L’école des loisirs (1965), le magazine Pomme d’Api (1966) et la Joie par les livres (1963) sont nés dans un mouchoir de poche. Coïncidence, esprit du temps, évolution de la perception de l’enfance dans son contexte scolaire, ces trois entités se déploient en défendant une vision commune de l’enfance et de la littérature qui lui est adressée. » (Jacques Vidal-Naquet, Centre national de la littérature pour la jeunesse). Le CRILJ nait en 1965 et, cinquante ans  plus tard, l’événement méritait bien un colloque et, pour le prolonger, cet épais numéro des Cahiers. Présentation du n°

 
 

Livres

Ces enfants d’immigrés qui réussissent

Parcours, devenir socioprofessionnel et stratégies familiales.
Boussad Boucenna – Préface de Mohamed Madoui, professeur de sociologie au Cnam. L’Harmattan, Coll. Questions contemporaines, 24 euros, 236 p., février 2016

Cet ouvrage met en lumière le processus de réussite d’une partie de la jeunesse issue de l’immigration algérienne de la seconde génération en Ile-de-France. Riche en témoignages et en récits de vie, l’analyse sociologique de Boussad Boucena souligne l’hétérogénéité d’une jeunesse d’origine algérienne issue de quartiers sensibles. Elle permet de mieux comprendre les conditions socioéconomiques de ceux qui réussissent.
L’auteur prend à contrepied les études et nombreux débats médiatiques centrés sur l’échec, la délinquance, la pratique d’un islam radical ou le repli communautaire. Présentation du livre

 
 

Trop classe ! Enseigner dans le 9-3
Véronique Decker, Libertalia, N’Autre École n°6, 128 p.

De Zébulon à Zyed et Bouna, sans oublier Albertine et Mélisa, N’Gwouhouno ou Yvette… du syndicat à la pédagogie de la « gaufre », des Roms à la maman sur le toit, Véronique Decker, enseignante et directrice d’école Freinet à Bobigny (Seine-Saint-Denis), éclaire par petites touches le quotidien d’une école de « banlieue ».
Au fil de ses billets, il est question de pédagogie, de luttes syndicales, de travail en équipe, mais surtout des élèves, des familles, des petits riens, des grandes solidarités qui font de la pédagogie un sport de combat… social. Loin du déclinisme d’« intellectuels » pérorant sur l’école, des ségrégations institutionnelles ou du libéralisme et de sa fabrique de l’impuissance, c’est une autre école, en rires, en partages, en colères, en luttes qui se dessine, avec « des craies de toutes les couleurs, sur le tableau noir du malheur… »
De l’autre côté du périph. Trop classe ! Présentation du livre

 
 

A voir

Notre créativité oubliée

Ce documentaire de 65 mn  propose de stimuler et valoriser le pouvoir de notre créativité. Liant poésie, témoignages et performances ce film artistique pose un regard positif sur notre créativité et les fabuleuses possibilités de notre cerveau. Il met en lumière les freins qui l’ont bridé et les puissants atouts apportés par une sollicitation à tout âge de nos facultés créatives dans différents domaines.
Artistes, psychologues, éducateurs et amateurs témoigneront pour faire partager leurs convictions sur ce sujet au centre du mieux être individuel et collectif.
Avec notamment Albert Jacquard, Jacques Salomé et Catherine Vidal. Une vision constructive incitant à explorer notre créativité personnelle et évoquant l’importance de la mettre au cœur de l’épanouissement des enfants dans l’éducation d’aujourd’hui. Achat DVD et projections

 
 

Outil développé par l’AFL

Elsa : En 2015, l’AFL a produit la plateforme numérique Elsa  qui s’adresse à toute personne désireuse d’améliorer ses compétences en lecture : jeunes à partir de 9 ans, apprentis, étudiants, adultes en formation. Cette plateforme  http://www.elsa-afl.com/  est accessible de partout (tablette et/ou ordinateur de la maison, de l’école, du centre de vacances ou des grands-parents…). La version 1 de l’application est constituée de séries d’exercices d’entraînement à la lecture de multiples textes, à l’exploration des stratégies possibles de compréhension de l’écrit. Aujourd’hui, l’association veut intégrer d’autres séries d’entraînement qui portent sur l’amélioration de la perception des mots et ensembles de mots. Ce sera la version 2. C’est pourquoi, afin d’achever cette plateforme numérique, l’AFL a entrepris de lancer sur le site d’Ulule un financement participatif.
Le projet est en ligne, depuis lundi 8 février, pour une durée de 45 jours, à l’adresse suivante : http://fr.ulule.com/elsa-web/

 
 

Aux frontières de l’école, Institutions, acteurs et objets de Patrick Rayou

 

Patrick RAYOU (direction)

Presses Universitaires de Vincennes, 2015

L’ouvrage dirigé par Patrick Rayou, s’inscrit dans les travaux d’un réseau de chercheurs, (Reseida)1 qui s’attachent à analyser et comprendre comment se produisent les inégalités d’accès aux savoirs et à la réussite scolaire. Il engage à « se demander d’où on regarde les frontières de l’école » afin de « prendre en compte les processus qui les construisent plutôt que « de réfléchir uniquement en termes d’étrangeté d’un territoire par rapport à l’autre » (P. Rayou). Perspective intéressante pour sortir de la fatalité d’un échec socialement ségrégatif ou se satisfaire de dispositifs de remédiations et/ou de pacification qui n’interrogent pas la nature de ces frontières et ajoutent de la désespérance et un sentiment violent d’impuissance des acteurs de l’école, auxquels est imputée la responsabilité des échecs massifs dans les milieux populaires.
L’école est confrontée à deux écueils : présenter les savoirs de manière telle que les élèves les moins connivents se sentent exclus d’un univers qui leur demeure étranger et considèrent que les apprentissages scolaires ne les concernent pas ; ou pour répondre à une pression sociale et politique de plus en plus forte, faire autre chose que de l’école (on pense ici à toutes les éducations à), qui l’un et l’autre produisent les mêmes effets d’exclusion pour les élèves issus des milieux les plus précarisés. C’est entre ces deux pôles qui ne sont pas antinomiques qu’elle oscille lorsqu’elle rabat ses exigences au nom de l’adaptation aux élèves en difficulté, ou naturalise le passage de l’enfant à l’élève, sans mettre en partage les outils langagiers et cognitifs requis. Les chercheurs qui participent à cet ouvrage montrent que les élèves les plus éloignés des pratiques scolaires sont soumis à des exigences qu’ils ne peuvent connaître, voire reconnaître (dans la double acception du terme) : à l’école primaire lorsque l’école externalise la demande scolaire via les devoirs et participe ainsi à creuser les écarts ; au collège où les élèves doivent se débrouiller seuls pour décrypter les réquisits de l’institution ou s’enferment dans des relations d’interdépendance avec les enseignants.
L’étude des internats d’excellence, des micro-lycées ou du coaching alerte sur des dispositifs qui, s’ils ouvrent effectivement des portes à des élèves, leur permettent de renouer avec une scolarité réussie, ne résolvent pas la question de fond de l’accès de tous aux savoirs. La dernière partie s’attache à des objets qui circulent dans l’école et hors l’école (théâtre ; littérature, devoirs), provoquant des malentendus sur leur usage, leurs finalités, (relations travail/loisir ; fréquentation/ appropriation de textes ; conceptions du travail scolaire).
Alors que nombre de discours insistent sur la pluralité des espaces d’apprentissages dans la société contemporaine, cet ouvrage a le grand mérite de rappeler la fonction spécifique de l’école, sa place dans l’histoire individuelle et donc collective. Il alerte sur les dangers de brouillage de ses frontières qui participe à contourner la réalité sociale, l’évacuer ou l’essentialiser, assignant ainsi les élèves les moins connivents à leurs origines.

Les auteurs : Stéphane Bonnéry, Claire Lemêtre, Benjamin Moignard, Julien Netter, Anne-Claudine Olier, Myriam Ouafki, Pierre Périer, Filippo Pirone, Patrick Rayou, Françoise Robin, Stéphanie Rubi

Christine PASSERIEUX Note de lecture parue dans Carnets Rouges, décembre 2015

La Geste Formation, Christian ALIN

Gestes professionnels et Analyse des pratiques
 
Préface de Philippe Meirieu, l’Harmattan, 2010, 239 p., 22,80 €
Pour ne pas perdre ses lecteurs, l’auteur, dans une introduction originale, présente le fil conducteur de son travail spiralaire pour nous inviter à avancer avec lui vers plus de précisions, de justesse, de vérité. Pas de chapitres, mais six études, comme des incitations à chercher, à se questionner avec lui, à partir des éléments issus de son travail professionnel et scientifique. Ces études s’appuient sur l’EPS, mais leur problématique interroge les métiers d’enseignants et de formateurs.
Manipulant les genres littéraires avec bonheur : du récit de pratiques à l’analyse théorique voire schématique des gestes professionnels, en passant par des récits de vie et textes poétiques, il offre une vision passionnante des métiers de l’Education.
Les domaines de recherche en Sciences Humaines sur lesquels il s’appuie pour étayer son argumentation sont très variés et impressionnants : didactique et didactique professionnelle, sciences du langage, philosophie, psychanalyse, psychologie du développement, psychologie du travail, sociologie. La langue utilisée est alerte, tissant avec le lecteur, une complicité qui ne s’évanouit pas au fil des pages.
Ce livre n’est pas seulement une compilation d’expériences, même si ces études peuvent être lues de manière indépendante. Il consacre de longues pages à une identification (issue d’une analyse empirique, ergonomique, anthropologique, sémiotique) des principaux gestes et obstacles didactiques professionnels du métier d’enseignant et de formateur, décortiquant avec brio et  audace, l’ordinaire du métier dans ses multiples facettes.
Une « Geste Formation » employée par de nombreux chercheurs ( Bucheton & Dezutter, 2008), (Perrenoud & al, 2008 ;Alin, 2007, Jorro, 2002 ) est encore peu utilisée par les professionnels de l’Education ou lorsqu’elle l’est, reste floue, employée au milieu « d’ une architecture de gestes complexes » (Bucheton, 2005).
L’éclairage de Christian Alin sur ce concept de geste professionnel est édifiant : une approche étymologique (gestus avec le participe passé dérivé gerere signifiant  faire, se comporter) où ce mot exprime le mouvement et l’expression, le mouvement et la signification, assortie d’ une méthode analytique du langage où il se propose d’investiguer les usages du terme geste dans le langage quotidien pour le glisser dans le champ de l’analyse du travail  et en conclure  que cette expression de « gestes professionnels » n’est pas encore stabilisée.
Pour autant, s’appuyant en partie sur les travaux d’Yves Clot (2000) sur le genre et le style professionnel,  sur l’activité du sujet chez Léontiev (1978) il réussit à clarifier la nature langagière,  pragmatique, sémiologique des gestes professionnels des enseignants :« Si le geste professionnel s’exécute et se réalise en fonction du but opératoire, performatif qui lui est assigné, il est aussi sous l’impulsion des motifs et de la dynamique subjective du sujet qui le met en oeuvre, autrement dit ce que l’on nomme l’activité du sujet (Léontiev, 1978 ; Clot, 2000). Le geste professionnel est porteur de valeurs et des symboliques qui caractérisent et spécifient un métier et son histoire. Les gestes professionnels sont d’abord constitués d’actions, de gestes techniques, d’actes qui appartiennent au quotidien de l’exercice expert d’un métier. Mais ils appartiennent aussi, en tant que discours, à un référentiel issu de l’histoire, de l’ethnohistoire sémiotique d’un métier. »  (ibid p.54 )
Au-delà de douze gestes et obstacles professionnels bien identifiés et reliés entre eux sous forme de schémas très explicites, il inventorie quatre modalités d’agir : une marge d’autonomie (allant de la directivité au laisser faire), une marge d’autorisation (capacité à se donner une marge d’initiative personnelle), une marge de conflictualité (être dans une posture d’affrontement, d’inhibition ou de déni), une marge de tolérance (capacité à composer plus ou moins bien avec des conduites parfois déroutantes). C’est dans la dynamique de ces obstacles professionnels que va se construire l’identité professionnelle. Parmi de multiples exemples professionnels, il cite la prise en main de la classe par un enseignant débutant où ce qui se joue ne relève pas seulement de gestes techniques, spatiaux, mais aussi d’une symbolique du pouvoir et du contrôle.
Transmettre son expérience de formateur semble être le fil rouge de son engagement professionnel: il s’appuie sur quelques épisodes marquants de sa vie personnelle et de chercheur  et c’est pour mieux  faire comprendre qu’une analyse de pratiques ne peut se polariser sur l’action, l’expérience racontée, mais se doit aussi de mettre à jour l’architecture et l’esthétique de ces pratiques, avec leur fondation pratique d’une part et leur valeur, leur visée symbolique, éthique d’autre part. « La construction, c’est du bâti, l’architecture du symbolique. » (Le Corbusier)
Loin des débats récurrents entre la théorie et la pratique, il s’attache à une pensée dialectique, déployant une orientation théorique en analyse des pratiques comme activité de métacommunication et de métalangage : comment des actions et des sujets émergent conjointement à l’occasion d’une situation de travail et en quoi cela contribue à l’émergence d’une identité professionnelle ?
Cette manière d’appréhender la réalité et notamment son appétence pour prendre en compte  l’ethnohistoire d’un métier et l’histoire de vie d’un professionnel est sans doute en relation avec  son histoire personnelle, fruit d’un métissage culturel qui l’habite et l’enrichit.
Il revient à plusieurs reprises sur « la poétique de la relation » d’Edouard Glissand, sur la part du sujet et de sa subjectivité dans ses actes professionnels. Même s’il présente toute une série de dispositifs qui apporte de la technique d’analyse réflexive, il démontre que « la transmission d’une expérience reste toujours une question d’alchimie de la rencontre de soi et avec l’autre. » (Ibid p.131 )
Au fil des pages, on pénètre de plus en plus dans l’univers sémiologique du sujet en analyse de la pratique: une incitation à mieux caractériser la signification et le sens des gestes des praticiens novices ou experts, dans leur activité, leur contexte, leur culture et leur ethnohistoire. « Prêter du sens plutôt que donner du sens » : il ne s’agit pas de l’interprétation univoque d’un formateur si expert soit -il, mais d’une construction partagée entre tous les acteurs de l’analyse.
Examiner les actions sur un double registre : celui des éléments actions observables, racontables et commentables et celui des discours et des énonciations produites à propos de ces récits. Sémiologiquement et méthodologiquement, les actes s’identifient, les gestes s’écoutent, alors que le rapport Actes/ Gestes s’interprète et doit faire l’objet d’un processus d’attribution du sens. Et cette barre complexe qui sépare actes et gestes représente l’autonomie des faits et des dires, des actes professionnels, mais elle représente aussi la place de l’arbitraire et de l’inconscient dans leurs relations : ceci témoigne des tensions entre le sujet acteur-auteur et le sujet énonciateur, en analyse de pratiques. Cette reconnaissance de l’individu comme sujet signifiant possédant des résistances est souvent occultée et notamment sa faculté de négatricité ou « ce pouvoir de l’esprit de dire non., cette faculté que possède un sujet à déjouer les manipulations dont il se sent l’objet »( Ardoino, 1990, ibid p. 163).
C’est pourquoi loin d’une écoute objective qui se limiterait à une évaluation des référentiels de compétences, il s’agit de mettre en place « des dispositifs d’analyse des pratiques qui rendent possible la co-analyse de l’implication et des jeux, des je et des enjeux des acteurs. » (Ibid p167)
Dans cette quête du sens en analyse de la pratique, récit, écriture et écoute sont convoqués. Familiarisé aux problèmes de plurilinguisme aux Antilles,  il utilise l’analytique et l’herméneutique du langage comme une des clés de la formation à l’enseignement. Il présente de nombreux outils d’investigation dont on mesure les enjeux épistémologiques, éthiques et méthodologiques.
Cette traversée passionnante dans ce livre invite à transformer sa pratique professionnelle animé par cette  « curiosité »  telle que définie par Michel Foucault, cité par l’auteur, au début de ce livre : « la seule espèce de curiosité, en tout cas, qui vaille la peine d’être pratiquée avec un peu d’obstination: non pas celle qui cherche à s’assimiler ce qu’il convient de connaître , mais celle qui permet de se déprendre de soi-même. Que vaudrait l’acharnement du savoir s’il ne devait assurer que l’acquisition des connaissances, et non pas d’une certaine façon et autant que faire se peut, l’égarement de celui qui connaît? » (Ibid p.18)
L’ ouvrage se conclut par une remarquable étude intitulée « Langues & Cultures » où il fait une analyse fine des enjeux identitaires, de démocratie et d’émancipation concernant la formation des enseignants aux Antilles françaises. Il plaide pour une éducation au plurilinguisme, une identité constructiviste face aux risques d’une identité essentialiste et communautariste : « Quand autant d’enjeux identitaires sont en cause, comment former des esprits critiques susceptibles de regarder la réalité hétérogène de leur pays, susceptibles d’invention et de créativité? ».(Ibid p.217-218)
Son appel à une culture commune, fondée sur l’exercice du débat, de la « rhétorique » (ibid p. 215) ainsi que sa manière de concevoir l’hétérogénéité comme une richesse et non comme un obstacle, visent à articuler compétences sociales, civiques au coeur de la transmission des savoirs.
Christian Alin a ainsi réussi à communiquer l’histoire d’une geste formation,  métaphore évoquant les chansons de gestes issues des récits chevaleresques, se transmettant de génération en génération.
Pascale BILLEREY

Tous Capables ! Mais de quoi ? Carnets rouge n°5, la revue du réseau-école du PCF

 
Revue du réseau-école du PCF, 43 p., 5 euros
 
Carnets Rouges interroge le pari de l’humain et du tous capables face aux événements dramatiques de 2015. Ce pari du tous capables est une conception exigeante qui n’assigne pas de frontières à la construction du commun, élément essentiel au débat démocratique. Un commun à construire pour renouer avec l’action collective pour dépasser les peurs et les empêchements à concevoir autre chose que les injonctions à l’empathie et la compassion lorsque la situation nous sidère.
S’opposant à l’idéologie des dons dénoncée par Lucien Sève en 1964, le pari philosophique du « Tous capables » lancé par le GFEN est loin d’être une idée partagée par le corps enseignant et la société dans son ensemble. Ceux qui en sont porteurs rament souvent à contre-courant des discours dominants.
 
 
 
 
Pour Marine ROUSSILLON, le « Tous capables ! » est un projet communiste, car il ne s’agit pas d’être capable chacun pour soi et en solitaire, le « tous » pose le principe d’une réussite basée sur la force du collectif. Dépassant le champ de l’école, ce principe bat en brèche une idéologie qui valorise les différences individuelles pour mieux légitimer les inégalités sociales. Les progrès scientifiques montrent que chacun est capable d’évoluer pour peu qu’il rencontre des situations lui permettant d’interroger le monde et en transformer sa perception. Articulant projet éducatif et projet politique, l’auteur montre l’importance de l’école comme première expérience du collectif qui peut fonder chez l’individu la conscience de sa capacité à agir avec les autres ou ancrer durablement en lui un sentiment d’impuissance et de résignation.
 
 
Dans son article « Tous capables ! Du pari éthique à la loi d’orientation », Jacques BERNARDIN, président du GFEN, retrace l’itinéraire historique de la formule portée par le mouvement, du parti-pris éthico-politique jusqu’à l’inscription du principe dans la loi d’orientation de 2013. Un pari sur l’humain à contre-courant de l’opinion commune, contre la théorie du handicap socio-culturel qui s’inscrit dans le courant de sociologie critique des années 70 et pousse des pédagogues comme Robert GLOTON à expérimenter d’autres pratiques pédagogiques. S’appuyant sur les résultats de la recherche (génétique, neurosciences, psychologie sociale, sociologie),  ce parti-pris oblige à penser autrement les différences entre individus et s’interroger davantage sur la nature des difficultés des élèves pour y remédier plutôt que de s’enfermer dans des exigences scolaro-centrées qui renforce chez celui qui apprend un rapport au savoir limité à l’exécution de la tâche dont le sens même lui échappe.  « Il faut donc penser le ‘tous capables’ non pas comme une donnée de nature mais comme conquête, acte de rupture avec les fatalités intériorisées, avec l’auto limitation des possibles. »
 
 
Destins scolaires, science du cerveau et néolibéralisme. Lucien SEVE revient sur ce parcours du combattant  engagé dès 1964 lorsqu’il publie dans l’école et la Nation son étude : « les dons n’existent pas ». Progressivement, les apports de scientifiques comme ROSTAND, de sociologues comme BOURDIEU et PASSERON font bouger les lignes ainsi que l’engagement du GFEN s’appuyant sur de nouvelles pratiques pédagogiques. Lucien SEVE s’oppose à l’approche environnementale qui enferme  l’homme dans une conception naturaliste où l’inné prime sur les acquis. Le monde socioculturel humain est en effet bien plus qu’un environnement : c’est dans l’interaction avec d’autres humains et le dialogue qui s’établit que les capacités se développent. Les différents milieux sociaux rencontrés sont formateurs et influent sur le développement de l’individu. Penser que tout serait déterminé dès la naissance justifie l’individualisme méthodologique, clé de voute de l’idéologie néolibérale. Même si les idées ont évolué, rien n’est gagné d’avance : « Se battre dans le champ des idées est de capitale importance politique. »
 
 
Origines sociales et réussite scolaire : le déterminisme n’est pas une fatalité. Bertrand GEAY reprend une série de notions qui gravitent autour de la reproduction sociale par l’Ecole pour en nuancer l’appréciation : handicap socio-culturel, déterminisme sociologique, théories de la reproduction etc. Relevant les acquis des travaux de BERNSTEIN, BOURDIEU et PASSERON – la distribution des inégalités de réussite selon les catégories sociales, un système d’enseignement rendu autonome à l’égard des autres secteurs de la société par son organisation, les cultures scolaires et leur modes de transmission selon les segments du systèmes ? il montre cependant que l’invitation à inventer une « pédagogie rationnelle » figurant dans la conclusion des « héritiers » de BOURDIEU n’a pas servi de programme de travail principal à ses successeurs. L’opposition académique et sociale entre sociologie et sciences de l’éducation n’aurait pas favorisé cette articulation entre l’apport des analyses statistiques des inégalités et l’observation de l’effet des pratiques pédagogiques sur les inégalités. De même, comment concevoir une science de l’éducation qui occulterait le fait que la société est divisée en groupes sociaux aux intérêts  antagonistes et gommerait le contexte socio-historique dans laquelle elle s’inscrit ? « Les cultures scolaires et les façons dont elles sont transmises dans les différents segments du système d’enseignement, les rapports entre elles et les cultures et les modèles éducatifs qui caractérisent typiquement les différentes classes sociales, sont à placer au centre de l’analyse si l’on veut saisir les modalités concrètes par lesquelles l’enseignement dispensé contribue à accroître ou à réduire les inégalités sociales face à l’Ecole.»
 
 
Erwan LEHOUX montre comment le néolibéralisme récupère l’éducabilité et concurrence le tous capables sous de faux airs progressistes. Intégrant le concept d’éducabilité dans les discours sur les capacités cognitives des individus, les offreurs de soutien scolaire visent à favoriser une individualisation des parcours « au nom du respect des différences et de la personnalité de chacun », renvoyant l’individu à ses limites supposées tout en lui proposant un parcours soi-disant en cohérence avec le potentiel détecté. Dans une société en crise, éducabilité se rapproche donc d’employabilité puisqu’il s’agit de réussir de façon autonome à l’intérieur du marché scolaire afin de réaliser par la scolarité le potentiel qu’on a en soi. Lorsqu’il s’agit de réussir plus que de comprendre, l’objectif de l’école visant à donner à tous les élèves une culture commune devient secondaire. Aux enseignants de prendre le contre-pied de cette approche en s’appuyant sur le « Tous capables » qui privilégie un processus collectif d’apprentissage et la co-construction des savoirs grâce à la coopération.
 
 
Éduquer et instruire le « peuple enfant ». La révolution au péril de la raison. Par un retour sur la période historique de la Révolution Française de 1789, Jean-Luc CHAPPEY décrit la méfiance des élus de la république à l’égard des plus pauvres, des femmes et des enfants, des esclaves, quant à leurs capacités d’exercer  une citoyenneté : il conviendrait d’abord de les instruire. Entre 1789 et 1793  les députés des différentes assemblées vont travailler à réformer les institutions scolaires, visant à affranchir l’école de la « caste des savants ». Mais la reprise en main de l’espace pédagogique après la chute de Robespierre rétablit la distinction entre « le peuple enfant » et « les élites civilisatrices » : rétablissement du suffrage censitaire, la fin de l’obligation scolaire, l’existence des écoles libres tenues par les ecclésiastiques. Cette méfiance récurrente des élites à l’égard  des classes populaires se poursuit encore aujourd’hui par cette propension des dirigeants républicains, français et européens à toujours parler pour et au nom du peuple à défaut de réellement l’écouter.
 
 
Dans le monde de l’entreprise, Tous capables ? Donc dangereux… écrit Danièle LINHART. Confrontés à une organisation du travail qui leur est étrangère, que peuvent faire les travailleurs pour faire valoir les valeurs qui sont les leurs ? L’organisation taylorienne du travail a dépossédé les ouvriers de la maîtrise du travail tout en les rendant dépendant d’une décomposition de tâches prescriptives. Malgré cette prescription et cette conception dévalorisante de l’activité, les ouvriers ont développé des savoirs informels leur permettant d’échapper à cette planification abstraite du travail. D’autre part, la lutte collective leur permet de reconquérir un peu de pouvoir d’action.
Mais les mutations économiques actuelles qui généralisent le travail tertiaire remplaçant progressivement le travail industriel, produisent un nouveau modèle d’organisation du travail basé sur l’individualisation de la gestion des employés, ce qui ne signifie pas que le salarié ait davantage d’impact sur l’organisation du travail. La précarisation de l’emploi provoque une déstabilisation des salariés en permanence sur le fil du rasoir et dépossédés de leur expérience : une instabilité qui empêche le sentiment d’appartenance à l’entreprise qui les emploie tout en les plaçant en état de subordination à l’égard d’un employeur craignant de les découvrir compétents et tentés d’imposer d’autres valeurs professionnelles et d’autres critères d’efficacité que les siens.
 
 
Elisabeth BAUTIER constate depuis deux ans une volonté de réelle refondation de l’éducation prioritaire. Au-delà de la volonté affichée, pour des savoirs et des apprentissages pour tous, certaines conditions sont nécessaires : des conditions de formation des enseignants et des pratiques de classe différentes, sans doute aussi des conceptions de l’élève et des savoirs quelque peu différentes. Dans un premier temps, elles supposent que les enseignants sachent analyser les causes des difficultés des élèves et aient connaissance de l’impact des pratiques sociales dominantes sur l’acte pédagogique afin de travailler à ne pas exclure une partie de la population éloignée des codes de l’école. Suffit-il pour cela d’expliciter les consignes ou d’énoncer les objectifs? « Ce qu’il s’agit de mettre en oeuvre, c’est surtout de permettre aux élèves de s’approprier de nouvelles manières d’utiliser le langage et la langue, de se poser des questions, d’opérer ainsi des déplacements, les changements qui les émancipent parce qu’ils les conduisent à pouvoir apprendre et comprendre ». D’où l’importance d’une formation pensée en fonction de ces objectifs.
 
 
Jean Paul DELAHAYE affirme que pour faire cesser le tri social, une scolarité obligatoire doit être pensée pour tous les enfants. Il rappelle que dans notre pays où l’origine sociale pèse sur les destins scolaires, un enfant ou adolescent sur 10 vit dans une famille en situation de grande pauvreté (1,2 millions). Il devient alors absurde de parler de l’égalité des chances, c’est à l’égalité des droits qu’il faut travailler. Mais au-delà de la question sociale, c’est l’organisation même du système scolaire qu’il faut repenser. Quatre leviers sont à actionner : une concentration des efforts et des moyens en direction des élèves et des territoires les plus fragiles, une politique globale pour une école inclusive, une politique de gestion et de formation des ressources humaines pour réduire les inégalités, l’alliance éducative indispensable entre l’école, les parents d’élèves, les collectivités territoriales et les associations. « Nous ne pourrons indéfiniment prôner le vivre ensemble sur le mode incantatoire et dans le même temps abandonner sur le bord du chemin une partie des citoyens. »
 
 
Marc MOREIGNE et Emmanuelle SIMON proposent la formation d’un esprit critique vers une éducation artistique émancipatrice, « une vision qui allie prise de conscience de l’autre et du monde avec une élaboration de soi, mouvante en actes ». Entrer en contact avec une oeuvre engage l’individu dans un espace mental et physique autre, ce qui lui fait prendre conscience de sa place dans la collectivité et de la diversité du monde. Mais s’approprier une oeuvre n’a rien de naturel et se construit lors d’un parcours dont on ne connait pas forcément le tracé où l’aventure s’appuie sur « la recherche d’un espace commun de pensée, d’expérience et de partage de sens. »
 
 
Jacqueline BONNARD
 
 
 

Boîte à lire décembre 2015

Revues

Les parents et l’école

Trente ans de réflexion
 
La question des relations entre les parents d’élèves et l’école n’est pas nouvelle. Les Cahiers pédagogiques en parlent et y réfléchissent depuis plus de quarante ans. Ce nouveau hors-série numérique est constitué d’articles tirés de nos archives des trente dernières années, pour mettre en perspective enjeux et débats d’hier et d’aujourd’hui, pointer les problématiques qui perdurent mais aussi des pistes pour aller vers plus de dialogue et de coéducation. Présentation du n°

TRACeS de chanGements n°223

Dossier : « Le numérique, des clics et des claques »
Le numérique offre tant d’avantages aux uns et tant de bénéfices aux autres… Faut-il malgré tout résister et défendre des règles ? Soutenir un accompagnement pour armer les jeunes et les faire profiter des cadeaux sans payer la facture ? Combattre la fracture sociale qui ne s’exprime pas tant en termes d’accès à l’outil qu’en termes de compétences liées à son usage ?
Des questions parmi celles que pose ce numéro de TRACeS. Présentation du n°
 
 

Education et sociétés

Revue internationale de sociologie de l’éducation
N°35, novembre 2015
L’enseignement de l’économie : conflits, débats et controverses
Ce dossier interroge l’évolution des contenus destinés à l’enseignement de l’économie, scolaire et universitaire, selon l’approche fructueuse des conflits, débats et controverses qui l’ont accompagnée. Le point de vue choisi est à la fois historique et international. Sont privilégiés les pays où l’économie est le plus anciennement implantée dans l’enseignement. Les contributions offrent des analyses socio-historiques et des témoignages d’acteurs de ces débats. Elles montrent l’existence d’oppositions sur les finalités de cet enseignement à l’encontre d’une tendance, également présente, à en faire une formation pour des experts, conformément au modèle états-unien qui s’est installé notamment après guerre et diffusé ensuite. Présentation du n° 
 
 

Spirale 56 « Expérience esthétique et culture scolaire : quelles alliances possibles au service du développement global d’un enfant ? »

(octobre 2015)

L’éducation artistique est un domaine de recherche émergent et fait l’objet d’une politique volontariste conséquente, au niveau national et européen. L’art est perçu comme un puissant levier dans la construction de la personnalité, dans l’ouverture à l’imaginaire, dans la réconciliation avec le goût et le désir d’apprendre. Le plan Lang/Tasca, 2001 et le rapport Desplechin en 2013 montrent l’importance en France d’un accès de tous les jeunes à la culture et la mise en place d’un parcours artistique au sein de leur scolarité. Présentation du n°
 
 

Climat scolaire et bien-être à l’école

Revue Éducation et formations. n° 88-89, décembre 2015
Ce numéro spécial de la revue Éducation et formations s’intéresse au climat scolaire et au bien-être à l’école. Ces concepts y sont définis et discutés dans leurs multiples dimensions individuelles et collectives : goût pour l’école, satisfaction professionnelle, relations entre élèves, relations entre enseignants et élèves, rapport aux évaluations, sentiment de sécurité, etc. Ces dimensions sont confrontées aux caractéristiques des individus et des établissements. La construction et l’analyse des indicateurs de climat scolaire et de bien-être nécessitent des méthodes statistiques appropriées. Coordination éditoriale : Fabrice Murat et Caroline Simonis-Sueur  Présentation du n° 
 
 

Le Nouvel éducateur n°225

La pédagogie Freinet en milieu populaire.
Les représentations sur la pédagogie Freinet sont parfois étonnantes : elle serait pratiquée à la campagne dans les petites écoles des villages ou alors dans l’enseignement privé comme Montessori ou Steiner. Tous les établissements en milieu populaire ne sont pas en zone d?éducation prioritaire. La mixité y existe plus ou moins, mais elle est présente. Et dans tous, un élément commun : la diversité. Ce numéro rassemble des réflexions de praticiens et de nombreux témoignages d’éducateurs, d’enseignants, d’établissements scolaires ou autres espaces éducatifs qui mettent en oeuvre d’autres organisations et pratiques pédagogiques. Présentation du n°

 
 

Livres

Repenser l’échec et la réussite scolaire 

Vers une clinique des apprentissages, Jean-Sébastien Morvan
Editions ESF, collection Pédagogie

Tout le monde veut aujourd’hui « combattre l’échec scolaire », « aider les élèves à surmonter leurs difficultés d’apprentissage », « lutter contre toutes les formes d’exclusion ».  Mais beaucoup s’arrêtent à des analyses générales, psychologiques, sociologiques ou institutionnelles. Or, cela ne permet guère d’appréhender la réalité singulière de chaque sujet si l’on souhaite l’accompagner dans une démarche, toujours difficile, de réconciliation avec soi-même, avec les autres, avec la culture et avec le monde. Jean-Sébastien Morvan nous propose dans ce livre une pédagogie de la médiation qui permette aux enfants et adolescents en « rupture de connaissances », voire en « rupture d?identité », de se réintroduire progressivement, pas à pas, dans « le monde commun ».  (extrait de la préface de Ph Meirieu)  Présentation du livre

Faire école, un sport de combat 

 
 
Entre Terrain et Recherche, Jacques Cornet, éditions couleur livres
collection l’école au quotidienDans ce livre, une sélection de textes de Jacques Cornet qui ont été publiés dans TRACeS de ChanGements, la revue du mouvement sociopédagogique où il milite depuis une trentaine d’années pour une école plus digne. Des textes qui interrogent le système reproducteur d’inégalités, des textes qui analysent les enjeux de l’école comme institution, des textes qui questionnent la didactique des sciences humaines, des textes qui racontent des pratiques de pédagogie institutionnelle.  Présentation
 
 

Petites expériences insolites pour découvrir l’univers

30 expériences pour jeunes astronomes audacieux
30 expériences toutes simples qui illustrent les plus grandes découvertes de l’astronomie. Les principes scientifiques sont expliqués en langage clair et sont suivis d’une expérience à faire à la maison ou dans son jardin.
– Observez les phases de la Lune comme le faisaient  les premiers hommes préhistoriques!
– Concevez un système solaire miniature comme celui de Copernic!
– Fabriquez une mini-comète au modèle de celle observée pour la première fois par Halley!
Et bien d’autres expériences insolites! Les petits curieux peuvent désormais suivre les pas des plus brillants astronomes! Présentation du livre
 
 

Ressources numériques

Musée du quai Branly

Une e-mallette qui propose un ensemble de documents pour préparer un cours, alimenter un débat ou compléter le fond documentaire des élèves. Conçu comme un espace d’échange et de dialogue, chacun peut proposer des propositions pédagogiques qui s’intégreront dans ce patrimoine commun. en savoir plus

 
 

Du côté des syndicats

Fenêtres sur cours n°419 : un dossier consacré aux nouveaux programmes de l’école maternelle et leur mise en ?uvre après Le colloque national organisé le 24 novembre dernier par le SNUipp-FSU. À quelles conditions peuvent-ils constituer un nouvel élan pour le travail enseignant? Textes de plusieurs interventions, une enquête sur ce qu’en pensent les enseignants, des expériences menées dans les écoles. Présentation du n°

L’enseignant n°189 : Un dossier (in)égalités des chances s’appuyant sur un entretien avec Jean Paul Delahaye, auteur du rapport : « Grande pauvreté et réussite scolaire : le choix de la solidarité pour la réussite de tous »  Présentation du n°

 
 

Actes du stage fédéral « FéminismeS, antisexisme et questions de genre »  organisé par Sud Education – février 2015

Sommaire : Les féminismes aujourd’hui – Inégalités hétérosexistes au sein de l’Education Nationale – Réflexions et pratiques pédagogiques antisexistes. lire

Ecrire pour questionner le monde et exercer sa citoyenneté

Lettres ouvertes à tous les Terriens

Les enfants prennent la parole

illustrations Laurent Corvaisier, Rue du monde, 22 €

Des enfants et des jeunes du monde entier livrent leurs rêves, leurs colères et leurs interrogations sur l’avenir de la planète, humain et écologique. Chacun s’est saisi de thèmes aussi variés que l’égalité, l’amour, la mort ou l’argent pour questionner les Terriens et dessiner en creux le monde tel qu’ils le voudraient. Ils nous parlent d’eux, mais parlent dans le même temps de nous, humains des quatre coins de la planète. Avec des mots étonnamment justes, ils disent les sentiments universels, les aberrations, la bêtise humaine, les questions sans réponse, aussi…
Les images de Laurent Corvaisier et quelques photographies fortes donnent des ailes à leurs propos. Un livre qui bouscule et émeut, dans lequel enfants et ados se reconnaîtront inévitablement.

Ecrire pour questionner le monde et exercer sa
citoyenneté

Justine Donnard, professeur des écoles, adhérente du
GFEN, témoigne de ce projet collectif d’écriture qui a donné lieu à publication
dans cet ouvrage.

La classe des CM2A de l’école Paul Langevin à Ivry sur Seine a été sollicitée en septembre dernier par Alain Serres, directeur des éditions Rue du monde, pour contribuer à l’écriture du livre « lettres ouvertes à tous les Terriens ». La classe a eu trois semaines pour penser, écrire et réécrire des lettres ouvertes, accompagnée par les exigences de l’éditeur auquel nous adressions nos productions.

Au-delà de l’enjeu d’écriture, ce projet a favorisé la construction pour chacun d’une conscience citoyenne et sociale. C’est à partir des questionnements des enfants sur le monde qui les entoure, leurs préoccupations que s’est construit le projet collectif d’écriture. La tolérance, le racisme, la question des migrants, les difficultés de la vie, la santé, les droits des enfants ici et ailleurs ont alimenté recherches, débats et échanges.

Il a fallu :

– débattre de l’actualité vécue,
– distinguer l’intérêt personnel de l’intérêt collectif,
– s’entraider pour préciser sa pensée,
– écrire correctement ce qu’on veut dire,
– prendre en compte les retours de l’éditeur.

Ce projet de début d’année, a lancé la dynamique de classe : donner du sens aux apprentissages, questionner le monde, coopérer entre pairs…
Enfin, le choix des sujets proposés par les élèves nous a conduit à mieux comprendre les valeurs Républicaines, les enjeux de solidarité, d’égalité, de liberté, de laïcité.

Sur les13 lettres individuelles et collectives produites par les élèves et présentées à l’éditeur, 7 ont été
publiées dans ce livre. Il a fallu aussi se confronter à la réalité du monde de l’édition !

Diversité « École, territoires & partenariats » hors-série n°16, novembre 2015

Diversité, Canopé

« École, territoires & partenariats »

hors-série n° 16, novembre 2015
136 pages, 15,00 €

École, territoires et partenariats… Ce sont là les trois dimensions qui se jouent dans les actions éducatives portées dans les territoires, au sein et autour de l’école. Ce sont les articulations entre les différents acteurs – dont les parents –, avec les tensions sous-jacentes mais aussi les finalités communes poursuivies dans les partenariats qui les lient, qui permettent de coconstruire aujourd’hui un continuum éducatif.

Ce numéro de Diversité propose d’explorer ces trois aspects de l’action éducative en faveur de la réussite de tous les enfants.

Sommaire

Éditorial  / FLORENCE ROBINE

  • « Je m’adresse aux enfants, c’est-à-dire à des personnes en devenir, en construction » / ENTRETIEN AVEC CLAUDE PONTI
  • INTRODUCTION. La réussite éducative : quelle actualité ? / CLAUDE BISSON-VAIVRE
  • « Reconnaître la particularité ne signifie pas promouvoir le particularisme » / ENTRETIEN AVEC JEAN-FRANÇOIS CHANET

I. École

  • Pour une école bienveillante / MARC  BABLET
  • Bien veiller aux parents… / JACQUES BERNARDIN
  • Les conditions d’une école bienveillante. Interrogations sociologiques et pédagogiques / AZIZ JELLAB

II. Territoires

  • Territoires et espaces vécus : quelles rencontres ? / RÉMI ROUAULT
  • Du diagnostic à la prise en compte du territoire. La démarche d’« intelligence territoriale » / PIERRE CHAMPOLLION, MICHEL FLORO
  • Faire connaître les ressources du territoire… TÉMOIGNAGE / THIERRY MERCIER

III. Partenariats

  • Analyse de pratiques en équipe pluridisciplinaire. Un dispositif pour construire la rencontrer. TÉMOIGNAGE / CHRISTOPHE ROUSSEAU
  • Co-former les enseignants et les ATSEM en REP+ et ailleurs. TÉMOIGNAGE / BRUNO BÉNAZECH, ÉLISABETH BURGOD,MARIE-ÉLISABETH ROCHE, MARTINE VIGNAL

***

  • Le partenariat au sein des ZEP. Conflits et/ou collaboration ? / DOMINIQUE GLASMAN
  • Le temps des partenaires / GÉRARD CHAUVEAU, ÉLIANE ROGOVAS-CHAUVEAU

Actes du Colloque d’Aubervilliers « L’anthropologie pour tous »


Actes du Colloque d’Aubervilliers

L’anthropologie pour tous

du 6 juin 2015

Le samedi 6 juin 2015, de 9h30 à 16h30, à La Commune-CDN d’Aubervilliers, l’équipe du  théâtre  et  les  élèves  du  lycée  Le  Corbusier  d’Aubervilliers  organisaient  un  colloque,  intitulé «L’anthropologie   pour   tous».  Son   but   était   de  montrer  que   l’enseignement   de l’anthropologie  constitue  une  réponse  plus  constructive  et  plus  sereine  aux préoccupations actuelles que celles – que nous croyons réductrices -, de l’enseignement du fait religieux et des cours de morale laïque.
Les organisateurs nous autorisent à mettre en ligne les actes de ce colloque. lire

Boîte à lire octobre 2015

Revues, articles

Rituels à l’école 

Le hors série numéro 8 (septembre) de Recherches en éducation s’intitule « Pour un renouveau des usages et des définitions des rituels à l’école ». Sous
la coordination de Maryvonne MERRI et Marie-Paule VANNIER, ce numéro regroupe neuf articles produits par des chercheurs en sciences de l’éducation, en anthropologie et en psychologie, travaillant au Québec, au Royaume-Uni et en France. Il est motivé par la rareté
des publications francophones relatives aux rituels scolaires alors que leur dépérissement fait l’objet d’annonces répétées. Aussi, une partie des contributions du présent numéro s’attache à faire le point sur les fonctions des rituels en maternelle, tandis que d’autres analysent des pratiques rituelles dans d’autres institutions scolaires. Présentation du n°

 
 
 

Coopérer 2.0 : [R]évolution numérique et pédagogique

Alors que la société actuelle pousse à l’individualisme, le numéro 247-248 (juillet-octobre) d’Animation et Education interroge les technologies numériques :
conduisent-elles au collectif, au collaboratif… au coopératif ? Transposer à l’École et à la classe, c’est prendre la mesure de l’évolution pour ne pas dire la révolution que l’usage des outils numériques peut/doit (?) engendrer dans notre conception actuelle et à venir de l’École. En quoi une « nouvelle pédagogie » voit-elle le jour en intégrant l’impact que le numérique a sur le rapport au savoir des élèves et sur les modalités d’apprentissage, modifiant la posture des enseignants, projetant la classe hors les murs… ? Cette école à venir est-elle un leurre démocratique ou
pourrait-elle être plus inclusive et émancipatrice pour les élèves contribuant à l’émergence de la pensée ? Cela nous conduit-il à l’obligation de repenser l’éducation comme le dit Bernard Stiegler ? Autant de questions abordées dans ce dossier, reflet des réflexions, constats, analyses et pratiques d’Universitaires, de chercheurs, d’enseignants pour la plupart présents à l’Université d’été de l’OCCE de juillet 2015 à Chaumont en Champagne. Présentation du n°

 
 
 

De l’école au collège

Tel est le titre du n° 189 du Français Aujourd’hui, coordonné par Isabelle de Peretti et Lydie Laroque. «Ces analyses des pratiques effectives et ces propositions ne couvrent bien sûr pas l’ensemble des entrées de la discipline du français à cette charnière critique entre l’école et le collège : on ne saurait être exhaustif dans un unique numéro et on trouve ici
une légère prédominance du pôle littéraire. D’autres mises en regard de chantiers de praticiens et de travaux de chercheurs, d’autres mises en tension entre lecture/écriture/oral/langue, dans une variété de genres discursifs sont à examiner, à appeler ou rappeler, à analyser dans le détail de leurs mises en œuvre dans les classes. On en mesure l’urgence pour les élèves. C’est l’enjeu de ce numéro que d’ouvrir une nouvelle fois ce chantier, dans cette période de refonte des programmes et de mise en place — dans la douleur et à nouveau — d’une « formation commune » entre les enseignants des différents degrés dans les Écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ÉSPÉ).» Présentation du n°

 
 
 


Élève en maternelle

L’école maternelle revient sur le devant de la scène publique avec la question de l’obligation scolaire. Puisque tout le monde a l’air maintenant d’accord pour reconnaitre son importance, est-ce qu’il ne serait pas temps de traiter les vraies questions de l’école maternelle et de les traduire en actes ? Mais il ne suffit pas de la rendre obligatoire pour en faire une priorité… Alors en attendant que ça bouge là-haut, même si, en tant qu’enseignant, on est coincé dans un système qui est loin de nous faciliter les choses, le dernier Traces de ChanGements (n°222) interroge ce qui peut être fait maintenant dans les classes pour la réussite de tous, à la
lumière de pratiques qui font leur preuve et des études qui existent. Dans ce dossier de TRACeS, des articles centrés sur les pratiques en maternelle et le dernier épisode de la saga. Présentation du n°

 
 
 

Observer et orienter l’enfant

Pour sa deuxième parution de l’année la revue Les Sciences de l’éducation — Pour l’Ère nouvelle (le CERSE) confie la coordination du numéro à  Laurent Gutierrez pour « observer et orienter l’enfant ». Au sommaire :
– Une psychologie scientifique pour les instituteurs ? L’exemple des filiales Binet de Lyon et de l’Ain (1910-1928)
– Méritocratie et usages du redoublement dans les écoles primaires publiques de la Seine (Fin XIXe-début XXe siècle)
– L’orientation professionnelle et l’école dans l’entre-deux-guerres. Un exemple d’application de la psychologie
– Gilbert Robin (1893-1967) : un médecin pour enfants difficiles et éducateurs en détresse
– La dyslexie, une nouvelle catégorie pour l’enseignement spécialisé (1950-1970)
Présentation du n°

 
 
 

Tous compétents en français

Dans leur numéro de juin (n° 522) Les Cahiers Pédagogiques cherchent à comprendre comment les apprentissages de la lecture, de l’écriture, de l’oral s’actualisent-ils dans
nos classes et nos cours quand l’enseignement du français ne se fixe plus comme
finalité la sélection (reproduction) des « élites » mais la réussite de tous les élèves, y compris les plus éloignés de l’univers de l’école. Présentation du n°

 
 
 

Livres

Qu’as-tu appris à l’école ?

Nico Hirtt, Jean-Pierre Kerckhofs, Philippe Schmetz, « Qu’as-tu appris à l’école ? Essai sur les conditions éducatives d’une citoyenneté critique », éditions Aden, Bruxelles, 225 pages, 16 €.
Dans leur nouveau livre « Qu’as-tu appris à l’école ? », les auteurs, trois responsables de l’Aped (Appel pour une école démocratique), proposent une réflexion originale sur les objectifs de
l’enseignement. Tournant résolument le dos à la fausse modernité de ceux qui prétendent « adapter l’École à la société numérique », c’est-à-dire à l’économie « ubérisée », refusant également les discours larmoyants qui regrettent la « bonne vieille École de jadis », les auteurs développent une vision radicalement progressiste : quels savoirs, quels savoir-faire, quelles valeurs devons-nous transmettre ou construire, pour forger des citoyens capables de réfléchir le monde avec leur propre tête, capables de participer activement à sa transformation ? Pour les trois militants de l’Aped, l’École ne doit pas répondre aux besoins de la société ; elle doit au contraire permettre aux citoyens de construire une
société différente, qui réponde aux besoins de l’humanité. Au fil des chapitres, ils nous parlent des fonctions historiques de l’École capitaliste, de ses contradictions, de la primauté du savoir sur la compétence, de l’urgence d’une formation réellement polytechnique, de la réconciliation nécessaire entre théorie et pratique, des raisons qui leur font préférer LES didactiques constructivistes à LA pédagogie constructiviste, de l’intelligence qui n’est pas le QI et des conditions structurelles d’une « tout autre École ». Présentation du livre

 
 
 

La recherche en éducation

Pluralité et complexité, sous la direction de Louis Marmoz et Raoul Marmoz, collection AFIRSE, 254 p, 25 €
Cet ouvrage est exceptionnel. Il ose assumer tout à fait le caractère multiple de la recherche en éducation, en en montrant un grand nombre de facettes, mises en évidence grâce aux apports de plus de trente auteurs, chercheurs réputés, d’une douzaine de nationalités distinctes. Ce sont autant de regards sur les différents aspects de cette recherche, sur des questions ou des dimensions -des problèmes donc- précises. Présentation du livre

 
 
 

Histoire des PEP. Pupilles de l’école publique

Tome 2 – 1940-1974. A la croisée du plein air et de l’enfance inadaptée, Mathias GARDET, 400 pages, 62 €
Les années de la Libération et de la Reconstruction sont des moments d’effervescence pour le ministère de l’Éducation nationale. C’est aussi une période d’intense mobilisation des instituteurs qui, cherchent à se repositionner sur l’avant-scène politique et continuent à défendre leur rôle d’éducateur au sens large du terme, une fonction pivot qu’ils entendent articuler à partir de l’école, et au-delà. De par son expérience, le mouvement
des Pep se trouve au carrefour des nouvelles politiques Jeunesse, tant dans le domaine des loisirs que de la protection sociale, et devient un des piliers du second front laïque qui se constitue dans les années 1950. Plutôt que de renforcer les dispositifs de l’enseignement spécialisé existants, elle incite
ses Associations départementales à créer et à gérer directement des équipements qui se veulent complémentaires, mais dans des secteurs où l’empreinte et la culture scolaire sont quasi inexistantes. Présentation du livre

 
 
 

 

L’enfant, la littérature et la philosophie

Edwige Chirouter, L’Harmattan, coll. « Pédagogies : crises, mémoires et repères », 264 pages, 27 €.
Il n’y a pas d’âge pour se poser des questions philosophiques et, très tôt, face à
l’étonnement devant le monde, les enfants s’interrogent sur la vie, la mort et les relations humaines. L’enfant serait par excellence celui qui, selon l’expression de Gilles Deleuze, fait «l’idiot » et pose la question du pourquoi et de l’essence des phénomènes du monde en toute naïveté et intensité. La pratique de «la philosophie avec les enfants» se développe ainsi partout dans le monde depuis plus d’une trentaine d’années. Cette pratique répond aussi au besoin de démocratisation d’une discipline scolaire jugée trop souvent comme hermétique
et élitiste. Les programmes de littérature à l’école primaire en France insistent sur cette dimension des œuvres et incitent à des « débats réflexifs ». Littérature et philosophie pourraient retrouver leur alliance
originelle : les deux disciplines visant à donner sens et intelligibilité à notre existence. Cet ouvrage est aussi le récit d’une expérimentation sur trois années consécutives dans une école élémentaire. Présentation du livre

 
 
 

Lutte en maternelle

Jeu de lutte à l’école maternelle, avec Rikiki la fourmi, Équipe EPS des Bouches-du-Rhône, édition EP&S, Collection « Activité sportive et éducation », 96 p, 23 €
Jouer à lutter, c’est se construire en s’opposant aux autres, collectivement ou individuellement, c’est occuper des rôles précis (attaquant, défenseur, arbitre), c’est également oser entrer en contact corporel en respectant un certain nombre de règles. Dès
l’école maternelle, les jeux de lutte participent au développement global de l’enfant. Autour de trois enjeux d’apprentissage majeurs (conquête d’objet, conquête de territoire, imposition d’un état physique), des modules différenciés donneront la possibilité aux jeunes élèves tout à la fois
d’éprouver, d’apprendre et de comprendre. L’histoire de Rikiki la fourmi, qui défend vaillamment la fourmilière contre les agresseurs, contribuera à renforcer l’implication des enfants en leur permettant de s’identifier à des personnages fictifs et de remplir les rôles correspondants. Cet ouvrage à
destination des enseignants de maternelle a enfin pour vocation d’affiner le regard porté sur les élèves en activité, favorisant ainsi les apprentissages et les progrès réalisés au sein de la classe. Présentation du livre

 
 
 

L’activité collective

Coordonné par Olivier Vors, David Adé, Cyril Bossard, Jérôme Bourbousson, Simon Boyer, Marie Cécile Crance, Martin Lainé, Alain Mouchet, Géraldine Rix-Lièvre, Jacques Saury, Philippe Veyrunes, éditionsEP&S, 128 p, 15 €
Nombreuses sont les situations de la vie courante qui conduisent plusieurs individus à entrer en interaction. Peut-on pour autant qualifier ces situations d’activités collectives ? Après avoir défini les différents niveaux d’organisation de l’activité collective, et ses processus sous-jacents, cet ouvrage propose des illustrations dans les champs éducatif et sportif afin de saisir la signification profonde d’un phénomène qui ne cesse d’interroger. Présentation du livre

 
 
 

A voir

De la participation au croisement des savoirs. Faire grandir la démocratie

Connaître, comprendre et réfléchir avec les personnes en situation de pauvreté : de la participation au croisement des savoirs. ATD Quart Monde et la réalisatrice Delphine Duquesne poussent la porte d’une coformation, pour nous faire découvrir une autre façon de considérer ceux que l’on n’entend pas. Créer les conditions du dialogue, confronter les savoirs (universitaire, d’action, d’expérience de la pauvreté) pour mieux agir contre l’exclusion : c’est l’ambitieux pari de cette démarche du croisement des savoirs et des pratiques. Pendant plusieurs jours, personnes en situation de précarité, professionnels (des travailleurs sociaux, des juges, des enseignants, des médecins…) ou chercheurs vont mener un travail collaboratif qui, en confrontant les points de vue, va permettre de reconsidérer leurs connaissances et leurs pratiques. A travers un documentaire de 32 minutes, la caméra, qui suit ce temps de coformation, nous propulse dans la dynamique de travail qui se crée et démonte nos préjugés. Plusieurs entretiens apportent des clés de compréhension et expliquent l’intérêt de cette démarche, qui ouvre le chemin d’une démocratie réelle. Prix du DVD 8€ – éditions Quart Monde Commander 

 
 
 

Blog

Jean-Louis Sagot-Duvauroux, un des auteurs de « Pour en finir avec les dons, le mérite et le hasard » a créé un blog https://jlsagotduvauroux.wordpress.com/
Un espace d’échange à visiter selon son désir et son appétit !

 
 
 

Des voix rebelles. Récits populaire des États-Unis

D’après l’œuvre de Howard Zinn, éditions Agone et Les Mutins de Pangée, 128 p, 113min, 22 €
Ces voix rebelles d’ouvriers et de syndicalistes, d’esclaves et d’abolitionnistes, de déserteurs, de prisonniers, de féministes, « lanceurs d’alertes » et d’autres militants politiques sont à l’origine de ce livre-DVD. Il recueille pour l’essentiel des extraits des livres de Howard Zinn, mais aussi de longs extraits de textes de John Brown, Frederic Douglass, Emma Goldman, Paul Robeson, Fannie Lou Hammer, Gene Larocque, Mohammed Ali et Chelsea Manning. Il vient en complément du documentaire « Howard Zinn,une histoire populaire américaine » réalisé par Olivier Azam et Daniel Mermet, sorti au cinéma en avril. Howard Zinn a changé le regard que les Américains portent sur eux-mêmes et son travail fait désormais totalement partie de la culture populaire américaine. Dans ce documentaire-spectacle, c’est tous les grands acteurs américains qui prêtent leurs voix pour rendre hommage au travail de Howard Zinn et célébrer l’esprit de désobéissance. Nous avons ici la démonstration que l’histoire des luttes peut retrouver sa place au sein de la culture populaire, surgissant ainsi des marges dans lesquelles elle est parfois reléguée. Editions Agone  /  Les Mutins de Pangée

 
 
 

Evénements

Musées réservés aux visites scolaires

Le Louvre, le musée d’Orsay et le château de Versailles seront bientôt ouverts 7 jours sur 7, le 7e jour étant réservé aux visites scolaires.
« Dès cet automne, le jour qui était jusqu’à présent fermé au public, le lundi ou le mardi, deviendra le jour des scolaires pour offrir à la jeunesse de France toutes les conditions pour apprendre, s’émerveiller et s’émouvoir », a annoncé le président de la République. Une mesure, qui malheureusement ne concerne pas tous les musées nationaux.

 
 
 

Filles et garçons dans les albums dejeunesse

Le Centre de Recherche et d’Information sur la Littérature de Jeunesse (CRILJ/Loire) et le Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles de la Loire, organisent sous le haut patronage d’un représentant de l’État des Rencontres littéraires les 6 et 7 octobre, à Saint-Priest en Jarez (42) : « Que lisent filles et garçons dans les albums de jeunesse ? Egalité et différences dans les représentations. » La littérature de jeunesse véhicule des valeurs et des normes que l’enfant  intériorise et qui peuvent avoir un impact sur le comportement et la personnalité du jeune lecteur. A cet égard, parents et médiateurs du Livre doivent rester vigilants et critiques dans leur rôle d’éducateurs. Tous les albums ne se valent pas ; certains sont imprégnés de stéréotypes sexistes propagés grand renfort de marketing racoleur. Ces rencontres sont une invitation à accompagner judicieusement les enfants dans leur choix, une incitation au dialogue avec eux pour un décryptage critique de leurs lectures et des représentations qu’ils véhiculent. Sans nier les différences inhérentes aux filles et aux garçons, les livres qui leur sont proposés doivent participer à la construction de relations égalitaires entre filles et garçons, entre femmes et hommes. En savoir plus

 
 

DVD « De la participation au croisement des savoirs », ATD Quart-Monde


DVD d’ATD Quart-Monde

 « De la participation au croisement des savoirs.

Faire grandir la démocratie »

La participation des personnes pauvres, moteur de la
démocratie.

 

Connaître, comprendre et réfléchir avec les personnes en situation de pauvreté : de la participation au croisement des savoirs. ATD Quart Monde et la réalisatrice Delphine Duquesne poussent la
porte d’une coformation, pour nous faire découvrir une autre façon de considérer ceux que l’on n’entend pas.

ATD Quart Monde a été créé sur le postulat que les personnes les plus en difficulté (économique, sociale, culturelle) sont des partenaires à part entière du processus démocratique, qu’il faut prendre en compte leur réflexion concernant les grands enjeux de la société.

Créer les conditions du dialogue, confronter les savoirs (universitaire, d’action, d’expérience de la pauvreté) pour mieux agir contre l’exclusion : c’est l’ambitieux pari de cette démarche du croisement des savoirs et des pratiques. Pendant plusieurs jours, personnes en situation de précarité,
professionnels (des travailleurs sociaux, des juges, des enseignants, des médecins…) ou chercheurs vont mener un travail collaboratif qui, en confrontant les points de vue, va permettre de reconsidérer leurs connaissances et leurs pratiques.

A travers un documentaire de 32 minutes, la caméra, qui suit ce temps de coformation, nous propulse dans la dynamique de travail qui se crée et démonte nos préjugés.

Plusieurs entretiens apportent des clés de compréhension et expliquent l’intérêt de cette démarche, qui ouvre le chemin d’une démocratie réelle.

Prix public 8€ – éditions Quart Monde Sortie le 15 septembre

Le DVD inclut :

  • Le film (32 minutes) en HD Entretien avec une militante Quart Monde en situation de pauvreté.
  • Entretien avec une professionnelle de terrain, qui développe le « pouvoir d’agir » des habitants au centre socio-culturel des 3 cités à Poitiers.
  • Entretien avec une universitaire, qui travaille sur la politique de la ville et la démocratie participative.
  • Un livret « En savoir plus »

twitter.com/ATDQM

facebook.com/ATDQM

Boîte a lire juin 2015

Revues, articles

Mixités sociales à l’école

Le CNESCO propose une évaluation scientifique indépendante pour la réussite de tous les élèves sur ce thème, à travers :

  • un article « Constats sur la mixité sociale en France » par Nathalie Mons, sa présidente
  • deux rapports :
    Mixité sociale à l’école : rapport international
    Le Cnesco et le CSE du Québec se sont associés pour mener une enquête sur les politiques de mixité sociale à l’école dans certains pays de l’OCDE.
    Etat des lieux de la mixité sociale collège / lycée
    Le Cnesco propose un état des lieux inédit en France sur les mixités à l’école.
  • Une Conférence de comparaisons internationales :
    « Mixités sociale, scolaire et ethnoculturelle à l’école : quelles politiques pour la réussite de tous les élèves ? »
    Comment mesurer les ségrégations sociales à l’école ? Comment fabriquer des politiques publiques qui servent la mixité sociale ? Quels sont les effets de ces politiques sur les apprentissages des élèves, le climat scolaire et plus largement la cohésion scolaire et sociale ? #cci_mixités. Les 4 et 5 juin 2015 au lycée Jacques Decour (Paris 9ème) Voir ici 
 
 
 

Croiser des disciplines, partager des savoirs

Dans sa livraison du mois de mai (n° 521), les Cahiers Pédagogiques interrogent : les pratiques communes, croisées, mises en synergie et en résonance, aident-elles les élèves à entrer dans la complexité des savoirs scolaires et dans les différentes cultures à construire à l’école ? Ce dossier montre à travers différentes pratiques de dispositifs comment entrer dans l’interdisciplinarité sans sacrifier aucunement les disciplines. Présentation du n°

 
 
 

Quand ils refusent

Pour son numéro de juin (n° 223) Le Nouvel Éducateur propose un dossier sur le refus, avec en préambule cette citation de Célestin Freinet : « Lorsqu’ils nous résistent obstinément parce qu’ils croient avoir raison contre nos raisons et notre autorité ; lorsqu’ils défendent jusqu’à la colère et aux larmes, et sans respect, il est vrai, pour les formelles hiérarchies, ce qui est leur bien et leur liberté, nous baptisons leur courage outrecuidance et leurs revendications irrespectueuse inconvenance.

Peut-être bien que si vous les aidiez, vous, éducateurs, à affirmer leur personnalité comme vous voudriez leur enseigner l’orthographe et le calcul ; si vous les entrainiez à sauvegarder leur dignité avec la même science pédagogique que vous employez à les faire obéir ; si vous apportiez autant de soin à former l’homme qu’à dresser l’écolier, alors, nous aurions peut-être, demain, des générations qui sauraient se défendre contre les parleurs et les politiciens qui aujourd’hui nous mènent. » (Les dits de Mathieu, Delachaux et Niestlé,1967, p.164) Présentation du n°

 
 
 

Education artistique : Allumons les esprits !

« Allumons les esprits, c’est notre loi première » : est-ce le Poète ou l’Homme épris de l’idéal démocratique qui résonne en nos consciences en ce Printemps 2015 ? Dans le même temps où les Poètes nous appellent à l’éveil des consciences, ou à leur accélération, Najat Vallaud-Belkacem et Fleur Pellerin, Ministre de l’Education Nationale et Ministre de la Culture signent une feuille de route conjointe sur l’Education artistique et culturelle comme vecteur de transmission des valeurs de la République. L’art à l’école ne met-il pas au travail la peur de l’étrange et de l’étranger dans une relation distanciée, l’expérience esthétique ne transforme-t elle pas le regard sur le Monde et la façon de l’habiter avec nos frères en humanité ?
L’OCCE, par sa revue Animation & Education (n° 246, mai-juin), a convié des philosophes, artistes, pédagogues, universitaires, professionnels de la culture et de l’éducation à cette réflexion. Présentation du n°

 
 
 

Les concepts de la formation

« Du « concept », produit en recherche, à « l’outil » pour la compréhension des pratiques, de l’analyse du « sujet » praticien à celle de « l’objet » didactique, voila le type de circulation que l’ensemble des contributions réunies dans le n° 188 du Français Aujourd’hui aborde, constitutif du champ de la formation professionnelle des enseignants dans lequel formation didactique et recherche en didactique ne sont jamais très éloignées. » Présentation du n°.

Compréhension en lecture

Retrouvez les comptes-rendus de la journée d’étude de l’AFEF du 21 mars sur la compréhension en lecture. Lire la page des comptes-rendus.

 
 
 

 

Lire et s’affranchir

Tel est le thème du premier numéro de la revue Questions de classe(s) publié avec N’Autre école. Feuilleter et commander

 
 
 

 

Entrepreneurial

Dans ce dossier, TRACeS de ChanGements (n° 220) interroge les liens entre l’école et l’entreprise. Qu’est-ce que l’école a à y gagner dans ce rapprochement ou qu’a-t-elle à y perdre ? Histoire de ne pas nous laisser prendre à notre insu par des logiques entrepreneuriales tentaculaires, nous avons croisé les regards de praticiens, anthropologues, psychanalystes, sociologues et économistes… À côté du dossier, une analyse éclairante d’une criminologue sur la radicalisation des jeunes, une démarche en mathématiques et un épisode de la saga. Présentation du n°

 
 
 

 

L’émancipation au cœur de l’éducation

Carnets rouges, la revue du réseau école du PCF consacre sa dernière parution (n°3/ mai 2015) à l’émancipation. Mot valise autant que mot fantôme à la fois employé à tout va et, apparemment de manière contradictoire, très largement oublié de nombreuses déclarations sur l’éducation. Comment ne pas constater que loin d’être à l’émancipation individuelle et collective, l’heure est au fatalisme, aux renoncements « raisonnables », à une individualisation mortifère ou des replis  communautaristes qui tournent le dos à tout ce qui pourrait construire du commun ? Et cela sur fond de retour des déterminismes biologiques au nom de la science. L’émancipation  est  en  effet  porteuse  de  tous  les  dangers  pour  l’ordre établi. Et pourtant quelle est la mission de l’école, de la maternelle à l’université, si ce n’est d’engager tous les jeunes dans un processus jamais achevé, afin que cessent les assignations, qu’elles soient ethniques, sociales, genrées ou culturelles. C’est possible. L’émancipation ne s’accorde ni ne se décrète. C’est un combat, une conquête qui s’inscrit dans la conviction de la capacité de tous et de chacun à se transformer si les conditions en sont créées. Christine Passerieux (GFEN) signe l’article « À l’école maternelle : bienveillance pour les « faibles » ou conditions égalitaires de réussite ? ». Lire

 
 
 
 

Partager les responsabilités en éducation

Pour son premier numéro de l’année des Sciences de l’éducation — Pour l’Ère nouvelle traite du thème du partage des responsabilités en éducation. Au sommaire :

  • L’expérience éducative et la participation des acteurs — adultes, enfants et jeunes —
    dans le partage des responsabilités (Julie DELALANDE, Nathalie DUPONT et Laurence FILISETTI)
  • Formes et pratiques de conseils d’élèves : quelle(s) responsabilité(s) en jeu ? (Martine JANNER-RAIMONDI)
  • Un projet pédagogique différent pour une réelle réussite éducative ( Pierrick BERGERON)
  • Vécu scolaire et parcours d’anciens élèves de l’école nouvelle La Source : Une enquête réalisée par la méthode de l’histoire orale (Isabelle PAWLOTSKY)
  • L’enfant entre deux mondes : disqualification parentale et autonomisation scolaire (Pierre PÉRIER)
  • Face aux loisirs numériques des adolescents : l’école et la famille à l’épreuve (Anne BARRÈRE)

Présentation du n°

 
 
 


Idéologies et roman pour la jeunesse au XXIe siècle

Dans le domaine du livre de jeunesse, la conjonction entre idéologie, instruction publique et éducation s’inscrit au cœur des enjeux d’une littérature adressée et sous surveillance que l’auteur, l’éditeur, le médiateur ont toujours cherché à encadrer à des fins éducatives. C’est dans ce champ particulier que le 38ème numéro de Modernité se propose d’affronter la complexité d’une notion  » labile et fourbe « , d’après Bruno Blanckeman, pour en circonvenir les manifestations et les effets dans les entreprises romanesques de l’extrême contemporain. Les différents contributeurs sont conduits à se demander dans quelle mesure le roman contemporain pour la jeunesse met en œuvre une « poétique des valeurs » et s’il rend possible l’émergence de ces « fictions critiques » que Dominique Viart définit comme des textes où « le discours met en crise la pensée ». Les articles réunis ici interrogent dans les romans pour la jeunesse l’approche, souvent paradoxale, des grandes questions soulevées par les évolutions du monde contemporain. Au moment où l’actualité concernant l’école en France se cristallise à nouveau sur le sujet de l’enseignement de la morale, la réflexion s’attache notamment aux corpus romanesques prescrits par l’institution scolaire et à leur enseignement. Présentation du n°

 
 
 

Banlieue. Des quartiers et des jeunes

Sortis de terre à partir des années 50 pour loger les ouvriers et les classes moyennes d’une France en pleine industrialisation, les quartiers qu’on dit aujourd’hui prioritaires ont accueilli peu à peu les habitants venus d’ailleurs. Et quarante années de politique de la ville ne seront pas parvenues à en faire des quartiers comme les autres. Aujourd’hui, 5 millions d’habitants y vivent et concentrent toujours les difficultés sociales et économiques du pays. Plus pauvres, moins qualifiés, davantage touchés par le chômage, voire exclues de la sphère professionnelle pour les femmes, les jeunes réussissent moins à l’école, sont confrontés à de fortes discriminations à l’emploi mais aussi grandissent là, et ne sont pas tous délinquants. A travers ces quartiers, c’est toute la question de l’autre qui est interrogée. Le numéro 613 de L’école des parents propose de mieux comprendre et de s’interroger, sur les notes à l’école ou le marketing social, mais aussi de montrer qu’il existe toujours une place pour s’engager, créer, inventer. Présentation du n°

 
 
 

Livres

Henri Wallon réédité

Henri Wallon (1879-1962) qui fut président du GFEN, est le plus grand psychologue français et forme avec Sigmund Freud et Jean Piaget, le trio des psychologues les plus importants au sein de la culture européenne et mondiale. Cette nouvelle édition en 7 volumes comprend environ la moitié de son œuvre, ainsi que celle de son épouse et collaboratrice Germaine Wallon-Rousset (1893-1953).

  • Œuvres 1 : Délire de persécution, psychologie pathologique, principes de psychologue appliquée, les mécanismes de la mémoire — 1909, 1936, 1930, 1951
  • Les tomes 2, 3, 4, 5 et 6 publient 318 articles oubliés sur l’ensemble des champs de psychologie scientifiques.
    Œuvres 2 : 1903-1929
    Œuvres 3 : 1930-1937
    Œuvres 4 : 1938-1950
    Œuvres 5 : 1951-1956
    Œuvres 6 : 1957-1963

Edition réalisé par Emile Jalley et Philippe Wallon. L’Harmattan, avril 2015. Présentation du livre

 
 
 

Construire l’éducation populaire

Laurent Besse signe l’ouvrage Construire l’éducation populaire. Naissance d’une politique de jeunesse (1958-1970) dans le cadre du cinquantième anniversaire du FONJEP. Née dans les années soixante pour répondre aux besoins de la jeunesse issue du baby boom, la politique publique Jeunesse éducation populaire (JEP) se développe dans une collaboration conflictuelle entre pouvoirs publics et associations, sous la forme d’une cogestion qui se veut démocratique. C’est cette période structurante de l’histoire de l’éducation populaire que cet ouvrage propose d’explorer, entre 1958 et 1970. La documentation française, collection FONJEP, 2014. Prix : 13 euros. Présentation du livre

 
 
 

Detroit : pas d’accord pour crever. Une révolution urbaine

Dan Georgakas & Marvin Surkin, traduit de l’anglais par Laure Mistral

« Detroit, 1968. En dépit des belles intentions de la gauche libérale, les conditions de vie, de travail et d’éducation étaient si rudes pour les noirs que la Ligue des travailleurs noirs révolutionnaires trouva un public tout acquis. Celle qui s’était autoproclamée « l’arsenal de la démocratie » durant la Seconde Guerre mondiale était surnommée dans les journaux « Murder City, USA ». Créée par des ouvriers noirs de l’industrie automobile, elle a réuni dans la lutte noirs et blancs, ouvriers et intellectuels, hommes et femmes. Son ancrage à Detroit, incarnation par excellence de la faillite du capitalisme industriel et de l’abandon de toute une population par les élites politiques et économiques, en fait un exemple unique d’expérience de résistance syndicale, politique et culturelle. La Ligue est « l’expression la plus marquante de la pensée noire d’extrême gauche et de l’activisme des années 1960 ». Devenu un classique aux États-Unis, ce livre est le premier à paraître sur ce sujet en français. Dan Georgakas est écrivain, historien et militant, spécialiste de l’histoire orale et du mouvement ouvrier américains. Spécialiste des politiques urbaines, Marvin Surkin a fait partie de la Ligue des travailleurs noirs révolutionnaires.
Agone, 366 pages 24 €  Présentation du livre

 
 
 

Aux limites de l’humain

Sous la direction de Armand Touati

Les avancées scientifiques, la globalisation et l’envahissement de la « marchandisation » imposent une interrogation quant à la définition des processus d’humanisation. Les fondements d’un questionnement sur l’homme s’appuient sur un nouveau regard anthropologique prenant en compte les barbaries passées et actuelles. Préserver l’humain dans l’homme, ce défi incertain, c’est soutenir un « humanisme complexe » pour notre temps. L’Harmattan, coll. « Cultures en mouvement », 21 e, 192 p., avril 2015 Présentation du livre

 
 
 

Généticien, pourquoi pas ?

Michel Sicard

Quel biologiste sérieux pourrait de nos jours remettre en cause les acquis de la biologie moléculaire et de l’ADN ? Peut-on imaginer qu’il n’en fut pas toujours ainsi et qu’il a fallu à une poignée de chercheurs et d’universitaires livrer un combat pour réussir à imposer ces concepts, dans les années 1960-1970 ?
C’est le récit de cette lutte victorieuse que nous livre Michel Sicard qui a participé à cette extraordinaire aventure et a dirigé pendant plus de 30 ans l’enseignement et la recherche génétique à Toulouse. L’Harmattan, 16,5 €, 142 p., avril 2015. Présentation du livre 

 
 

La mixité sociale à l’école, de Choukri Ben Ayed

Tensions, enjeux, perspectives

 

Choukri BEN AYED

Armand Colin avril 2015, 224 p., 22,50 €

Choukri Ben Ayed poursuit son travail sur les inégalités et interroge une mixité sociale présente dans nombre de discours sur l’école tout en demeurant une catégorie floue.
Dans cet  ouvrage il analyse les différentes conceptions qui s’opposent, interroge les catégories convoquées (sociales, ethniques, culturelles, économiques…) et montre qu’elles impliquent des choix qui ont des incidences concrètes sur les parcours scolaires, en particulier des enfants des classes populaires : plus s’affirment des intentions en matière de mixité et plus se creusent les écarts ségrégatifs.

Le premier chapitre est un rappel historique, tout à fait nécessaire en cette période dite de refondation, des choix de l’école des choix de l’école de la république à sa création : une école inégalitaire, reposant sur des principes méritocratiques qui perdurent. Rappel historique, poursuivi dans deux chapitres consacrés aux politiques menées en terme de carte scolaire, avec en particulier un développement très explicite des conséquences de la politique menée par Sarkozy. Politique qui a conduit à l’accroissement des ségrégations scolaires et jusqu’à une remise en cause de la sectorisation, dont on mesure bien les effets : autonomie des établissements, concurrence entre eux, place du privé, recul d’une politique nationale qui renvoie les responsabilités aux administratifs locaux. Par ailleurs Choukri Ben Ayed montre comment la généralisation du système informatique Affelnet, qui permet pour les élèves et parents les plus avertis de faire leur marché dans la recherche de l’établissement le mieux côté dans la grille concurrentielle de l’offre, rajoutant de la ségrégation là où elle est de plus en plus criante.

Choukri Ben Ayed ne s’arrête pas à une analyse aussi fine soit-elle de l’état des lieux. Il apporte des outils conceptuels pour définir la notion de mixité sociale, des outils de mesure pour comprendre les écarts entre discours et réalité. Il fait également des propositions pour sortir d’une situation où se conjuguent hiérarchisation et méritocratie, alors que la mixité est particulièrement faible en France : redonner place à l’état tout en pensant les articulations entre national et local, limitation de la concurrence entre établissements, traitement de la question de l’école privée…

En fin d’ouvrage il développe l’action du Conseil général du Val de Marne qui a fait de l’éducation une priorité sur la base du « tous capables » inscrit dans le projet éducatif départemental.

Il n’y a donc pas de fatalité, y compris en matière de mixité sociale à l’école

Christine PASSERIEUX
31/05/2015

 

France Inter chez Radio-Cartable, la radio des enfants des écoles d’Ivry sur Seine (94)

France Inter chez Radio-Cartable

 la radio des enfants des écoles d’Ivry sur Seine (94)

Jeudi 21 mai, l’émission Le Téléphone Sonne de France Inter a eu lieu en direct du studio de Radio-Cartable. Radio-Cartable est une radio scolaire animée et écoutée par un millier d’enfants des écoles d’Ivry-sur-Seine, tous les jeudis, en direct, de 14 h à 15 h sur 89.4 FM

Les CM1 et CM2 de l’école élémentaire Maurice Thorez ont pris les commandes du Téléphone Sonne pour parler des espèces en danger.
Pourquoi les animaux disparaissent-ils ? Lesquels sont menacés ? Comment les protéger ?

Ecouter

Savoir enseigner dans le secondaire, Vincent Carette et Bernard Rey

Editions de boeck , 2010

 

Collection LE POINT SUR… Pédagogie

159 pages, prix 14 euros

 

Dans une période où la refondation de l’école suscite de nombreux débats, où la réforme du collège visant à « faire réussir tous les élèves » ne rencontre pas le consensus souhaité, les enseignants du second degré peinent à définir les contours de leur mission. S’interroger sur la spécificité du métier d’enseignant du second degré est donc d’actualité. N’attendons pas de cet ouvrage « des recettes pour faire la classe », il s’agit davantage d’une réflexion sur le métier d’enseignant spécialiste d’une discipline scolaire et sur la nécessité de repenser la transmission de savoir comme un acte vivant  où l’élève exerce sa pensée à partir de savoirs problématisés. 

Enseigner est un métier difficile qu’on ne peut exercer sans y avoir été formé. L’école a la mission de « transmettre des savoirs et des compétences, c’est-à-dire une culture et plus encore, de faire que cette culture soit émancipatrice et débouche sur la faculté de penser par soi-même ». Les auteurs posent d’emblée cette question : Comment faire pour que cette culture soit transmise à tous les élèves ? Comment réussir à ce que tous les élèves apprennent ? C’est tout l’enjeu de la formation initiale et continue des futurs enseignants.

Pour l’enseignement secondaire, une formation approfondie sur les savoirs disciplinaires à aborder est sans conteste indispensable mais il faut également des stages en responsabilité, moments propices à tester  une mise en pratique enseignante accompagnée d’une réflexion sur cette pratique pour développer un savoir d’expérience. Ce savoir va s’appuyer sur la didactique de la discipline mais également sur les apports de la recherche en psychologie, sociologie, histoire de l’enseignement… auxquels on ajoutera « les connaissances accumulées par les praticiens et qu’on appelle la pédagogie ». Pour Rey et Carette, la pédagogie n’est pas un « discours sur les pratiques » mais un véritable savoir qui permet au professionnel de catégoriser la réalité pour interpréter les situations. Ce savoir emprunte à différents champs conceptuels, ce qui nécessite d’articuler pratiques et apports de la recherche.

Trois parties dans cet ouvrage

1 – La première partie fait un état de la recherche sur le processus d’apprentissage en milieu scolaire et les conditions qui lui sont favorables. Prenant le contre-pied d’une représentation commune de l’apprentissage par « remplissage » où il suffirait de déposer les connaissances dans l’esprit de l’élève, trois conceptions de l’apprentissage et les pratiques associés sont développées : le constructivisme, le « socio-constructivisme« , les apports du cognitivisme. Pour chacune d’entre elles, les sources théoriques, leurs déclinaisons dans différents champs disciplinaires, la posture de l’enseignant et le statut de l’erreur de l’élève.

2 – Le chapitre 2 revient sur « cette irrésistible ascension des compétences » (Romainville, 1996) dans de nombreux systèmes éducatifs. Dans un premier temps, on résume les principes de la pédagogie par objectifs qui a prévalu dans la conception des programmes scolaires du 20 ème siècle et visant le découpage de l’apprentissage en unités aussi petites que possible pour réduire le risque d’erreur des élèves. Progressivement la pédagogie par objectifs est remplacée par une approche par compétences, ce qui n’est pas sans poser un certain nombre de paradoxes. Issue de l’univers professionnel la notion de compétence peut-elle s’appliquer à l’espace scolaire ?  Il y a un lien de parenté entre compétence et conception socio-constructiviste de l’apprentissage mais l’approche pédagogique se confond-elle avec des visées programmatiques des apprentissages et de leur évaluation ?

Ce qui amène le débat sur la notion de compétence en milieu scolaire. Les auteurs y voient des intérêts pédagogiques et didactiques :

– la proposition d’activités suffisamment globales pour qu’elles fassent sens ;

– la compétence débouche sur la réalisation d’une tâche et appelle la mobilisation du sujet pour atteindre le but visé ;

– elle redonne de la finalité et du sens au savoir construit ;

– elle donne à l’apprentissage son statut de processus dans la transformation même du sujet qui apprend.

Mais la notion de compétence fait l’objet de nombreuses critiques dans le milieu scolaire comme dans le milieu de l’entreprise. S’agit-il de développer le savoir agir ou le pouvoir d’agir ? Faut-il ériger la complexité inédite comme norme ? Peut-on évaluer une compétence et si oui, comment ? L’approche par compétences serait-elle élitiste ?

Carette et Rey démontrent que ces critiques reposent sur des malentendus :

L’approche par compétences n’est pas une pédagogie par compétences, il s’agit de remettre en avant des situations pédagogiques qui mobilisent les ressources cognitives des élèves. Loin d’être la norme, « la complexité inédite » est un niveau ultime de maîtrise qui nécessite en amont l’apprentissage de procédures ou compétences élémentaires qui permettent de procéder à une opération en réponse à un signal. Ces dernières peuvent être utilisées et travaillées lors de situations d’entraînement proposées par l’enseignant. Il est d’autre part important d’insister sur le fait qu’une tâche inédite et complexe ne l’est que par rapport à un individu.

Il existe une confusion entre ce qui est attendu et les moyens à mettre en oeuvre. Il est attendu que les élèves soient amenés à utiliser correctement dans une situation inédite ce qu’ils ont appris, ce qui nécessite une transformation de la gestion de la classe. Quelles modalités inventer pour évaluer la mobilisation des acquis (transfert de connaissances) et l’impact réel des propositions pédagogiques sur cette mobilisation ? Un chantier ouvert pour le monde de la recherche en collaboration avec les enseignants de terrain.

3 – Le chapitre 3 est consacré aux savoirs et disciplines scolaires. Les auteurs dissocient la notion de connaissance de celle du savoir avant d’exposer la démarche scientifique du chercheur productrice de savoir qui n’a rien à voir avec la démarche d’investigation prônée par les programmes actuels des enseignements scientifiques. Car le chercheur ne part pas de faits pris au hasard, il les recueille en fonction de ce qu’il cherche dans le domaine d’études qui est le sien. Les hypothèses de travail sont émises en amont de la recherche et déterminent les dimensions des phénomènes à retenir et la méthodologie à suivre. Ce n’est pas parce que les élèves font des observations de faits, qu’ils utilisent ensuite une démarche scientifique même lorsqu’elle est balisée comme telle par l’enseignant. Si l’observation n’est pas génératrice d’un questionnement, d’un problème, l’élève aura des difficultés à isoler les aspects significatifs de la réalité à travailler. Cette construction des problèmes en amont d’une démarche scientifique est essentielle. Elle est guidée par deux principes :

Problématiser sa pensée, c’est-à-dire réinterroger ce que l’on croit de la réalité ce que Bachelard appelait une rupture épistémologique.

Problématiser la réalité, à savoir « ne pas se contenter de constater comment elle est, mais se demander pourquoi elle est ainsi.« 

Construire un problème, c’est articuler deux domaines : celui des faits (mais au départ, ils ne sont pas déterminés) et celui des modèles explicatifs. Un savoir vaut par sa capacité à rendre intelligible une réalité observable. Entrer dans l’aventure des savoirs ce n’est donc pas mémoriser une série de propositions tenues pour vraies mais s’inscrire dans une activité de construction de problèmes et acquérir les compétences suivantes : s’interroger sur la réalité, la conceptualiser, construire des problèmes propres à ces savoirs. La situation-problème peut apparaître comme la réplique scolaire de la problématisation du chercheur.

Même si les contenus de savoir  enseignés ne constituent qu’une partie de la science correspondante, même si certaines disciplines scolaires empruntent à plusieurs champs scientifiques ou à des pratiques sociales de référence, la construction des savoirs passe par la transposition didactique qui impose une forme propre au « savoir scolaire ». Contrairement au processus de production de savoir des chercheurs qui partent toujours de l’état de savoir qui préexiste (théories, concepts, méthodes, résultats), on a une reconstruction du savoir produit sous une forme textuelle accessible à des personnes novices en la matière. Le savoir est reconstitué de façon à s’appuyer sur rien de préalable ou seulement sur des éléments pouvant apparaître comme évidents. Les énoncés successifs sont présentés dans un ordre qui n’est pas forcément celui de la rationalité théorique. Le savoir enseigné est souvent dépersonnalisé, organisé selon un programme qui tient compte des logiques d’apprentissages et en fonction des unités temporelles propres à l’institution scolaire. Le « texte du savoir scolaire » se veut explicite avec un contenu suffisamment stable pour qu’on puisse l’ériger en norme afin de permettre l’évaluation des acquis.

La forme textuelle du savoir scolaire, si elle est le seul contact que les élèves ont avec le savoir, met en difficulté ceux dont le rapport à la langue écrite est éloigné de celui qui prévaut à l’école. Entre l’usage courant du langage et l’usage textuel qui est fait dans les savoirs scolaires, les modalités d’attribution de sens, autrement dit les façons de comprendre sont entièrement différentes : référence à la réalité dans un cas, relation mutuelle entre énoncés dans l’autre. Une des préconisations est donc de faire vivre des situations ou des tâches par référence auxquelles les énoncés de savoir prendront sens. Il s’agit de mettre les élèves en situation de recherche afin que les énoncés du savoir s’articulent avec les observations ou actions qu’ils font. Dans cette situation « a-didactique », les élèves sont mis en capacité d’agir et exercer leur pensée pour faire émerger le savoir (la dévolution pour Brousseau), ce qui ne suffit pas à l’appropriation du savoir visé. Elle se construit par la rencontre de familles de situations de même type autour d’un même concept, lors d’une structuration collective. Le danger serait de penser qu’il suffit de mettre les élèves « en activité » pour qu’ils apprennent.

     En conclusion, si la mission de l’enseignant du secondaire est de transmettre un savoir disciplinaire dont il est spécialiste, il ne doit pas seulement penser ce savoir à transmettre mais surtout s’interroger sur l’écart entre ce savoir et l’organisation mentale des élèves : cohérence et logique de pensée, préconceptions. Plutôt que d’exposer les choses, il convient de faire faire un pas de côté pour changer de perspective (situation-problème par exemple) afin de créer une situation d’étonnement pour que le savoir se présente sous une forme problématique, c’est à dire comme la réponse à un problème qu’on s’est préalablement posé.

Devenir enseignant d’une discipline, c’est s’arracher à ce sentiment d’évidence des formes d’organisation mentales et des types de questionnement qu’elle suppose pour recontextualiser et repersonnaliser les connaissances visées en problématisant la réalité.

Jacqueline Bonnard

Colloque « L’anthropologie pour tous », 6 juin, Aubervilliers

Colloque organisé par les élèves du Lycée Le Corbusier d’Aubervilliers

L’anthropologie pour tous

La Commune-CDN d’Aubervilliers
2, rue Edouard-Poisson, 93300 Aubervilliers

Le samedi 6 juin 2015, de 9h30 à 16h30, à La Commune-CDN d’Aubervilliers, l’équipe du  théâtre  et  les  élèves  du  lycée  Le  Corbusier  d’Aubervilliers  organisent  un  colloque,  intitulé «L’anthropologie   pour   tous».  Son   but   est   de  montrer  que   l’enseignement   de l’anthropologie  constitue  une  réponse  plus  constructive  et  plus  sereine  aux préoccupations actuelles que celles – que nous croyons réductrices -, de l’enseignement du fait religieux et des cours de morale laïque.

Ce colloque est exceptionnel à bien des égards.

D’abord parce qu’il est organisé par des élèves que la stigmatisation médiatique, politique et sociale a trop souvent tendance à caricaturer. Reçus au Conseil Economique, Social et Environnemental le 17 février dernier, ces élèves ont fait preuve d’une maturité et d’une intelligence unanimement saluées par tous ceux qui les ont auditionnés. Ils font aujourd’hui le pari politique d’une véritable autonomie intellectuelle, et l’équipe de La Commune ? CDN d’Aubervilliers, est fière de les accompagner. La jeunesse nous offre avec eux l’occasion de rappeler que la culture et le savoir sont des outils de compréhension mutuelle et de fraternité.

Ensuite parce qu’il réunit des intellectuels et des savants de grande réputation et d’immense envergure. Françoise Héritier, Maurice Godelier, Joël Candau, Bernard Sergent, Bernard Lahire, Philippe Descola, Barbara Cassin, André Charrak, Stéphane François, Jean-Loïc Le Quellec et Christian Baudelot comptent parmi les meilleurs spécialistes français des sciences humaines. Ils s’associent tous à cette journée d’étude. Ils ont répondu à l’invitation de jeunes gens qui réclament que la question des identités, souvent mal posée et trop souvent déformée, soit éclairée par des intelligences tolérantes, sereines et fécondes.

Il  sera  présenté  et  animé  par  les  élèves  du  Projet  Thélème  du  lycée  Le  Corbusier qui ont été auditionnés* par le Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) dans le cadre d’un avis sur « L’école de la réussite pour tous », avec le sociologue Christian Baudelot et l’équipe pédagogique qui les accompagne dans le projet. Ils interviendront en fin d’après-midi, pour illustrer la possibilité d’une anthropologie pour tous. Son public ne sera pas un public de spécialistes : la compagnie, variée, sera composée de jeunes,  de  leurs  parents,  d’habitants  d’Aubervilliers,  d’intellectuels  qui  soutiennent  notre projet, et de tous ceux que l’appétit d’un savoir non intimidant conduira jusqu’à nous.Chaque  peuple  et  chaque  société  a  sa  propre  vision  du  monde.  Ces  conceptions  sont extrêmement différentes et parfois contradictoires. Chacune prétend à l’universalité, aucune ne  l’atteint  réellement.  Les  propositions  fleurissent  actuellement  pour  refonder  l’unité nationale  par  un  enseignement  renforcé  des  valeurs  républicaines.  Mais  celui-ci  ne  saurait se  passer  d’une  élucidation  de  leurs  fondements  philosophiques  et  historiques.  Au  lieu  de s’installer   dans   le   dogmatisme   scientiste   d’une   raison   occidentale   certaine   de   ses représentations,  de  ses  croyances  et  de  ses  valeurs,  mieux  vaudrait  accepter  la  position ?
seule intellectuellement conséquente ? d’un comparatisme informé. […]

La rencontre entre ces maîtres et ces élèves mérite que ses spectateurs soient nombreux, et que son retentissement soit à la mesure de son importance.


Pour aller plus loin

Présentation et programme
Entrée libre. Tél. : 01 48 33 16 16

Et deux sites avec de nombreuses ressources :
– Le site de Jean-Loic Le Quellec, anthropologue qui accompagne ce projet.
On en parle… 
– Dans le prochain numéro de Dialogue n°157 « Apprendre, processus de socialisation », une entrevue avec Jean-Loic Le Quellec à propos du projet Thélème mené avec des élèves du Lycée Le Corbusier d’Aubervilliers qui a conduit à l’organisation de ce colloque.

* Cette audition remarquable est visible ici (à partir de 37:00).

Stéphane Bonnéry (dir.), Supports pédagogiques et inégalités scolaires

La dispute, 2015

Nous vous invitons à lire la recension du livre « Supports pédagogiques et inégalité scolaires » de l’Ifé-CAS :


Stephane Bonnery, Les supports pédagogiques et les inégalités scolaires, compte rendu de lecture

Les exigences des supports pédagogiques (manuels, fiche d’activité…) ont-elles diminué ou augmenté ? Quels sont les liens entre l’évolution de ces supports et la hausse des inégalités à l’école?

Plusieurs membres de l’équipe ESCOL viennent de publier un ouvrage sous la direction de Stéphane Bonnery : Les supports pédagogiques et les inégalités scolaires : études sociologiques (L’enjeu scolaire, La dispute, février 2015, 224 p., 16 euros). Les auteurs se demandent en quoi les supports pédagogiques, définis comme les différents instrument matériels pour apprendre (manuels, préparation de cours…), peuvent participer aux inégalités scolaires. Ils entendent dépasser l’approche strictement didactique de ces supports pédagogiques, et éviter deux écueils des discours sur les inégalités scolaires : nier le poids des inégalités sociales, ou en rester aux fatalités sous-entendues par le vieux terme de « handicap socioculturel ». Ils souhaitent regarder de près ce qui se passe réellement dans les classes et l’interaction entre les supports, les élèves, les enseignants et les
parents.

Stéphane Bonnery, en introduction, argue que les changements dans les supports pédagogiques contribuent à la hausse des inégalités scolaires, du fait de leur exigence d’un rapport à la culture écrite de haut niveau (la « littéracie »), qui renforce des logiques de raisonnement propres à des formes bien spécifiques de la culture écrite réflexive. En d’autres termes, les supports sont de plus en plus complexes et présupposent des compétences implicites de l’enfant qui ne sont pas ou peu enseignées.

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Les religions à l’école : vieille question, nouveaux défis ?

Le dossier « Les religions à l’école » paru dans la revue Histoire, Monde et Cultures religieuses reflète la rigueur, l’intégrité et le pragmatisme du travail de Françoise Lantheaume, sociologue à l’université de Lyon 2 Lumière qui l’a dirigé. Sa lecture va  permettre de prendre un peu de distance critique avec tout ce qu’on a entendu et vu dans l’actualitédes élections récentes.

Le dossier intitulé « Les religions à l’école » est dirigé par Françoise Lantheaume, professeur des universités à Lyon 2 et directrice du laboratoire ECP, Education, Cultures, Politiques. Il est issu d’un colloque organisé par ce laboratoire et deux instituts de recherche sur les sciences des religions et la laïcité. Le dilemme de départ est le suivant : une entrée de plus en plus importante des religions dans l’espace public, en particulier à l’école et par ailleurs, des prises de position nombreuses sur la nécessité de limiter leur emprise qui menacerait cet espace public. Mais il y a peu de recherches empiriques sur le sujet des religions, des faits religieux, de la laïcité, C’est pourtant ce qui ferait avancer les débats, face à la prolifération des discours idéologiques, institutionnels, prescriptifs sur la question des religions à l’école, discours qui ignorent souvent l’histoire.

Ce dossier participe donc d’une réflexion approfondie et pragmatique de la question de la construction de la laïcité à travers l’histoire de l’école. Sur quels fondements se baser dans le contexte actuel ? Quelles incidences sur l’enseignement et le quotidien de l’école, par exemple la restauration ? François Lantheaume s’interroge sur les tensions entre « pureté des principes » et « hybridation des pratiques ». Les enjeux du passé, l’esquisse d’une approche laïque du fait religieux, le modèle républicain français mis sous tension, l’enseignement des faits religieux, le danger des conceptions créationnistes et l’enseignement de l’évolution sont autant de points éclairés par les différents articles du dossier. Pour ne pas en rester à une question franco-française, des situations sont analysées au Québec et en Suisse. Des varia concernent les textes fondateurs de l’Ecole laïque.

La lecture de ce dossier sera sans aucun doute utile pour éclairer efficacement l’actualité politique et pédagogique que nous vivons avec la mise en oeuvre des assises dans le cadre de la grande mobilisation de l’Ecole pour les valeurs de la République et pour garder une vision et pour garder une vision sereine de toutes ces questions difficiles.

Isabelle Lardon

Dossier n°32 de la revue Histoire, Monde et Cultures religieuses des éditions Karthala, Paris, 18€ Voir
Le catalogue Karthala présente des ouvrages dans les domaines des sciences humaines, politiques et sociales mais aussi des ouvrages de littérature, des dictionnaires de langues et des collections thématiques (Médecines du monde,  Questions d’enfances par exemple.)

Boîte a lire mars 2015

Livre

À qui profite la formation
continue des enseignants ?

À qui profite la formation continue des enseignants ? La recherche et l’expérience des professionnels montrent un paradoxe : dans un monde qui change constamment, aucune formation initiale n’a le pouvoir de tout faire. Interroger, consolider et développer les pratiques pédagogiques en cours d’emploi peut, par contre, coûter peu et rapporter beaucoup. Malgré cela, la
formation continue des enseignants semble rester le parent pauvre des politiques éducatives, voire des revendications des professionnels. Peut-être parce qu’elle  se trouve au centre de conflits d’intérêts difficiles à résoudre. Ce livre de Olivier Maulini, Julie Desjardins, Richard Étienne, Pascal Guibert et Léopold Paquay  propose pour la première fois un panorama des pratiques et des perspectives de formation continue des enseignants dans des pays francophones.

À qui profite la formation continue des enseignants ? Olivier Maulini, Julie Desjardins, Richard Étienne, Pascal Guibert, Léopold Paquay, Editions De Boeck, 2015 Présentation du livre

Revues, articles, dossiers

Voie professionnelle

Le Dossier de veille de l’IFÉ, n° 99 (février) interroge  « Voie professionnelle, alternance, apprentissage : quelles articulations ? ». Un dossier de Rémi Thibert,
Chargé d’études et de recherche à l’unité Veille et Analyses – IFÉ
L’enseignement professionnel dans le secondaire reste mal considéré par les élèves comme par la société. Pourtant, depuis la réforme de 2009, les élèves sont de plus en
plus nombreux à choisir l’orientation en lycée professionnel. L’image de ce dernier s’est largement modifiée ces dernières années, avec notamment le passage du baccalauréat professionnel de 4 à 3 ans. Cette « institution de tous les contrastes » oscille entre des objectifs qui peuvent paraître contradictoires : qualifier les élèves et leur faire acquérir des compétences
professionnelles ; socialiser à des savoirs qui relèvent d’un « savoir-être » afin d’assurer l’acceptation de valeurs normatives. Lire

Didactique professionnelle

Savoirs, revue internationale de recherches en éducation et formation des adultes publie son 36ème numéro consacré aux « Usages de la didactique professionnelle en formation : principes et évolutions ». Cette note de synthèse se propose de faire le point sur les principes de cette approche de la formation professionnelle (et du développement des
compétences) et ses évolutions récentes. Elle distinguera l’existence d’un premier type d’usage de la didactique professionnelle, qui consiste à utiliser l’analyse du travail pour construire la formation, et l’émergence récente d’un second type d’usage qui consiste à former par l’analyse du travail. Les limites en seront discutées. Présentation du n°

Entrer dans l’écrit

Le n° 219 de TRACeS de ChanGements tente de mettre en évidence le lien entre la méconnaissance des enjeux liés à l’entrée dans l’écrit et la production des inégalités scolaires. Il propose aussi des pratiques avec des apprenants de 5 à plus de 55 ans… Il ne
s’agit pas, comme trop souvent, de finir par renoncer aux exigences liées à la maitrise de l’écrit, mais tout au contraire de prendre en compte les difficultés qui y sont liées afin de garantir à tous la possibilité de les surmonter. En plus du dossier, avec la démarche, vous pousserez la porte d’une classe maternelle pour découvrir ce qui s’y parle et comment.  Présentation du n°

Risques d’inégalités

Sous la direction de Stéphane BONNÉRY, Jacques CRINON et Germain SIMONS la revue Spirale dans son n° 55 interroge « Supports et pratiques d’enseignement : quels risques d’inégalités ? ». Il prétend ouvrir, et non pas clore, le champ d’investigation sur les instruments pédagogiques et les risques d’inégalités qu’ils comportent. Dans ce numéro, la focale a été mise sur la conception de ces supports et sur l’usage qui en est fait par les enseignants. Ces deux axes nécessitent d’être approfondis, tout comme l’usage qui est fait de ces instruments par les élèves. En effet, l’analyse des modalités concrètes, prescrites et effectives, qui organisent les activités d’apprentissage semblent heuristiques pour relier les situations
locales aux constats à l’échelle du système. Présentation du n°

Sciences de l’éducation

Le Hors Série Numéro 7 (Mars 2015) de Recherches en éducation « Diversité des recherches actuelles en sciences de l’éducation : contribution doctorale » est en ligne. Alors que se tiendra en novembre 2015 la troisième édition du Colloque doctoral
international de l’éducation et de la formation, ce numéro hors série fait suite à l’édition 2013 qui a réuni 110 communicants de onze pays. Organisé par les doctorants du Centre de Recherche en Education de Nantes (CREN) en direction de l’ensemble des doctorants dont les travaux entrent en résonnance avec le thème du colloque, cet évènement souligne à chaque édition la richesse des recherches en la matière et montre, s’il en est besoin, la place qu’occupent aujourd’hui les doctorants au sein des sciences humaines et sociales. Il s’agit ici d’en rendre compte à travers une sélection d’articles
extraits des ateliers thématiques. Lire

Supports pédagogiques et inégalités scolaires

A lire dans le Café Pédagogique une interview de Stéphane Bonnéry
« Les supports pédagogiques creusent-ils les inégalités scolaires ? ». Avec l’affaiblissement du modèle traditionnel d’enseignement, les supports pédagogiques ont pris une importance croissante dans la classe. Hors de la classe, le développement de la littérature jeunesse et du parascolaire montre que les attentes des familles
sont fortes. Comment avec la multiplication de ces supports peut-on voir les
inégalités scolaires se creuser ? Comment en est-on arrivé au rejet de l’Ecole par certaines familles et à un sentiment d’injustice aussi généralisé ? Pour répondre à cette question, Stéphane Bonnéry et les chercheurs de l’équipe Escol ont analysé manuels scolaires, ouvrages de littérature jeunesse et supports d’éducation musicale sur un demi siècle. Pour eux, ils jouent un rôle dans la montée des inégalités. Mieux les utiliser devient nécessaire… Lire
Stéphane Bonnéry (dir.), Supports pédagogiques et inégalité scolaires, La dispute, 2015

L’accompagnement

ChanGements pour l’égalité propose deux nouvelles études sur le thème de
l’accompagnement : – « L’accompagnement sous tous les angles », est un
patchwork d’accompagnements à différents niveaux. Coordonnée par Sandrine
GROSJEAN Lire
–  « L’accompagnement : une vue d’ensemble », tente d’en tirer les fils, pour dégager quelques balises et vigilances indispensables pour que l’accompagnement soit l’occasion d’émancipation. Coordonnée par Sandrine GROSJEAN et Élise UGEUX Lire

De quelques modèles pathologiques du « vivre ensemble » ?

Les réflexions livrées dans le cadre de cette 20ème note du CREN (Centre de Recherche en Éducation de Nantes) sont celle d’un essai de modélisation où le « vivre ensemble » est à la fois un sujet d’étude et un objet à promouvoir ; un essai s’émancipant de la prudence académique qui veut que l’on taise le point de vue normatif sur la thématique étudiée. Lire

Des jeunes et des politiques publiques

L’institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP) publie aux presses de Sciences Po’
« Expérimentations sociales : des jeunes et des politiques publiques », le
69e numéro de la revue Agora débats/jeunesses. Le dossier coordonné par Goucem Redjimi et Alain Vulbeau traite en effet de l’expérimentation sociale, entendue comme un
processus qui concerne aussi bien les jeunes, à titre individuel et privé, que les institutions les prenant en charge. Le flux, plus ou moins continu, qui renouvelle le processus expérimental mené en France depuis plusieurs décennies, est présenté comme une innovation sociale, voire une « voie de changement ». Si les expérimentations émanent le plus souvent d’instances publiques
(administrations, élus), elles sont également portées par des acteurs, associatifs, usagers, individuellement ou collectivement. Ce numéro d’Agora donne à lire des dynamiques sociales très contrastées à l’œuvre dans cesexpérimentations qui répondent toutes à un double défi : celui de régler de grands problèmes de société à une faible échelle et, bien souvent, avec peu de moyens. Présentation du n°

Conférence de consensus sur le redoublement

Les 27 et 28 janvier 2015 s’est tenue à Paris la conférence de consensus sur le redoublement organisée
par le Cnesco et l’Ifé/ENS de Lyon. Les enregistrements des experts sont disponibles sur le site du Cnesco et la synthèse écrite des délibérations du jury piloté par André Tricot est téléchargeable.
André Tricot dans les Cahiers pédagogiques affirme qu’il faut « Comprendre, prévenir et prendre en charge la difficulté dans la classe ». Lire

Repenser l’acte d’enseigner

Ce dossier du n° 245 de la revue Animation & Education (OCCE) invite les praticiens à repenser l’acte d’enseigner, remettre en question leur posture, interroger leurs pratiques pédagogiques… bref à rejeter la transmission verticale descendante des savoirs, le cours dialogué, magistral au profit de pédagogies actives où l’enfant est réellement acteur de ses apprentissages, porteur de projets, reconnu et respecté comme un citoyen à part entière : de l’exploitation en éducation des connaissances neuroscientifiques permettant
d’appréhender comment le cerveau fonctionne – et donc comment mieux apprendre et enseigner- à la classe inversée, en passant par la pratique des méthodes naturelles, de démarches coopératives… Les possibilités, comme en témoigne ce dossier, ne manquent pas pour permettre à TOUS les enfants d’apprendre. Présentation du n°

A l’école du théâtre

La dernière livraison des Cahiers Pédagogiques (n° 519 février) interroge : qu’est-ce que les élèves apprennent avec le théâtre, de l’école à l’université, dans toutes les disciplines ? Sans se limiter au théâtre pour lui-même, ni aux liens étroits qu’il entretient avec la
langue et la littérature, dans quel but et comment travailler avec le théâtre pour optimiser les apprentissages de tous les élèves ? Présentation du n°

A voir

La Magie du travail social…
ou comment faire disparaître les pauvres (et les inégalités) ?

Cette conférence gesticulée produite par L’orage et disponible en DVD raconte la quête du Graal d’un éducateur spécialisé qui s’échine à trouver le sens de son métier et à dévoiler les mécanismes obscurs de la prise en charge des indigents. Comment fait-il, pour tenir, seul au fond de son bureau à recevoir la misère du monde sans savoir quoi en faire ?
Entre outillage critique, réflexion politique et « vignettes cliniques », voici l’itinéraire désordonné d’un travailleur social de passage, qui veut comprendre le truc, révéler les astuces d’un métier occulte. Que se cache derrière le travailleur social, ce « technicien de la relation », suspecté d’être un agent de la paix sociale, qui écoute la souffrance à défaut de pouvoir la résoudre ?
Ne donne-t-on pas l’illusion de traiter la misère en privilégiant l’approche individuelle des situations de précarité au détriment d’une réponse sociale ambitieuse ? Loin d’une simple critique  réductrice, c’est avant tout une démarche d’analyse et de déconstruction, un regard décalé sur le travail social, pour
mieux envisager des solutions collectives. En savoir plus

Evénements

La liberté d’expression, ça s’apprend

La Semaine de la presse et des médias dans l’École permet aux élèves depuis plus de vingt ans de mieux connaître l’univers des médias et de comprendre ses enjeux culturels et démocratiques. Les écoles, collèges et lycées inscrits participent du lundi 23 au samedi 28 mars 2015 à cette semaine organisée par le Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information (Clemi). « La liberté d’expression, ça s’apprend » sera le thème de la 26e édition.
L’éducation des élèves aux médias et à l’information s’impose comme un enseignement au pluralisme, à la liberté d’opinion, à la liberté d’expression et au respect du débat démocratique dans une République laïque. C’est un enjeu de citoyenneté majeur pour apprendre le vivre ensemble. En savoir plus