Réponse aux propos de de Villepin et de Robien

Déclaration unitaire en réponse aux propos de de Villepin et de Robien

Paris, le 22 décembre 2005

Prenant prétexte de l’expression du malaise social qui s’est exprimé à travers la révolte des jeunes de certains quartiers ces dernières semaines, le gouvernement et sa majorité continuent de mettre en cause les services publics et les valeurs collectives de solidarité qui ont prévalu pour construire les équilibres républicains dans notre pays, notamment le service public et laïc d’éducation nationale.

Avec le projet de budget pour 2006, il porte un nouveau coup au tissu éducatif déjà mis à mal ces dernières années en poursuivant une politique désastreuse de suppression massive de postes et de crédits, mettant ainsi en cause sa capacité même de mener à bien certaines de ses missions. En application des lois Raffarin, Fillon et Borloo imposées malgré l’opposition de la très grande majorité des acteurs sociaux concernés, il met en oeuvre le transfert aux collectivités territoriales des personnels TOS dès le premier janvier pour les non titulaires.
Il renvoie sur les collectivités locales la prise en charge du traitement de l’échec scolaire. Il renforce ainsi les inégalités territoriales et prépare, à plus long terme, la privatisation des services concernés, première étape vers un éclatement du système éducatif national.

Par son projet de retour à l’apprentissage dès 14 ans comme mode de traitement de l’échec scolaire, ce gouvernement contribue à la dévalorisation de la voie professionnelle considérée comme voie d’échec. Il prend en outre une lourde responsabilité devant l’histoire en remettant en cause la nécessité de l’allongement de la scolarité obligatoire, de l’élévation des connaissances et des qualifications pour faire face aux défis culturels, économiques et sociaux du siècle.

Avec les propositions de Robien de mise en place de « réseaux réussite », le gouvernement veut franchir un pas supplémentaire vers une école du tri social en supprimant pour des milliers d’élèves des quartiers difficiles, de la maternelle au lycée, les aides – déjà notoirement insuffisantes – qui étaient apportées aux élèves au travers de la politique des ZEP.

Nous n’acceptons pas cette nouvelle étape dans la dégradation et la destruction des missions du service public d’éducation nationale, institution qui est au cœur du pacte républicain. Remplacer une
ambition collective par des mesures individuelles d’encouragement pour quelques uns ne peut que contribuer au renforcement des ségrégations scolaires, des injustices sociales, de l’exclusion, conduire à sacrifier les perspectives sociales et professionnelles de milliers de jeunes.

Nous n’acceptons pas la logique de culpabilisation des familles et des élèves en difficulté qui permet d’éviter le questionnement sur les causes profondes de l’échec scolaire et sur les transformations à mettre en oeuvre à tous les niveaux du système éducatif pour y faire face.

Cette politique autoritaire, démagogique et populiste est dangereuse pour le pays, elle ne peut conduire qu’à de nouvelles explosions sociales. A l’heure où les banlieues s’enflamment et où les jeunes des quartiers défavorisés désespèrent de trouver une place dans la société, nous affirmons qu’il est possible de mettre en oeuvre d’autres solutions, susceptibles de redonner espoir à la jeunesse, aux familles et au pays.

Nous affirmons qu’il est urgent de refonder un service public capable d’offrir des conditions de scolarisation améliorées pour tous dès la maternelle, tout au long de la scolarité obligatoire, et d’amener chaque jeune à un haut niveau de formation générale, professionnelle et citoyenne.

En faisant de mauvais procès, le gouvernement diffère les légitimes débats que devraient soulever la construction de l’école d’aujourd’hui. En restreignant toujours plus ses ressources, il obère toute faculté de relever durablement ces défis.

Pour l’immédiat nos organisations entendent contribuer à la résistance et la mise en échec des décisions gouvernementales, notamment au moment où se prendront dans les départements et les académies es décisions de carte scolaire pour les écoles, lycées et collèges afin de promouvoir le service public d’éducation en exigeant les moyens indispensables à son développement et son amélioration.

Elles décident de se revoir dans les prochaines semaines pour débattre de la construction d’une grande initiative unitaire nationale permettant d’ouvrir des perspectives de réelles transformations progressistes de l’école de la république.