Réunions de travail du secteur Langues 2025-2026

Les réunions s’adressent :

– à tous ceux que la question de l’enseignement des langues intéresse, enseignants ou pas, linguistes ou pas ;
– à tous ceux qui souhaitent vivre et analyser une pratique pour la réinvestir dans leur classe ;
– à tous ceux qui souhaitent réfléchir à des pratiques éducatives pour lutter contre l’échec et l’exclusion, créer des situations d’apprentissage émancipatrices et porteuses de changement social.

N’hésitez pas à vous joindre à nous, même si vous prenez le train en marche, même pour un moment seulement. Que vous veniez pour la première fois ou occasionnellement, vous êtes évidemment les bienvenus pour travailler et échanger avec nous.

Lors de ses réunions, le Secteur Langues travaille à :
– l’invention de pratiques pour la classe et la formation
– la mise en oeuvre de projets (stages, séminaires, publications dans des revues ou d’ouvrages en librairie, etc.)

Lieu

Maison des Associations – 13A avenue Marcel Paul – 69200 Vénissieux
(Bus 36, 12 Express, arrêt Bruand /Bus 12, arrêt Marcel Paul)

Horaires

de 9h à 17h, les samedis :

Samedi 20 septembre 2025

  • Tour de table « spécial rentrée » : Qu’est-ce que chacun.e a proposé pour la première heure de cours ? Comment ça s’est passé ? Quelles conclusions en tirer ? Et les jours suivants, comment a-t-on continué ?
  • Eva Rosset nous fera découvrir un dispositif qu’elle a développé pour aborder le futur avec les élèves qui débutent en italien. Le dispositif est également à destination de A2/B1, qui, pour leur part, l’ont déjà abordé, mais ont besoin d’en stabiliser la construction.
  • La vie du Secteur Langues : Différentes informations à partager, retour sur l’Université d’Été et remue-méninges pour la prochaine (2026), mais également  pour les odj de nos prochaines réunions.

Samedi 11 octobre 2025

Samedi 15 novembre 2025

Samedi 13 décembre 2025

Samedi 17 janvier 2026

Samedi 28 février 2026

Samedi 14 mars 2026

Samedi 25 avril 2026

Samedi 30 mai 2026

juin 2026 (date à préciser)

contact@gfen-langues.fr

17ème Université d’Eté du Secteur Langues

En classe de langues, (se) jouer des contraintes, bousculer les modèles

22 au 25 août 2025 à Vénissieux

avec la participation de Eveline Charmeux et Gilles Herreros

Programme & modalités pratiques
Formulaire d’inscription

Présentation

Une institution est une forme sociale établie que l’on peut définir par son caractère contraignant et dont le rôle est d’organiser la vie en société. L’École est une institution et en cela, elle est constituée d’un « ensemble de normes qui régissent l’organisation des rapports sociaux entre les individus » (Hesse, 1978). D’autre part, une institution est par essence conservatrice et ne peut se maintenir que par les conflits qui la traversent et qui assurent sa dynamique. C’est ainsi que Lourau distingue l’institué et l’instituant. L’institué, c’est « l’ordre établi, les valeurs, modes de représentation et d’organisation considérés comme normaux, mais aussi les procédures habituelles de prévision (économique, sociale, politique) ». L’instituant, c’est « la contestation, la capacité d’innovation » (Lourau, 1969). Ce sont des instances complémentaires : « Un pouvoir institué qui ne se nourrit pas d’opposition est voué à se scléroser et à disparaître » (Muyshondt, 2016).
L’École, comme institution, est un lieu de transmission : il s’agit de transmettre, de façon programmée et obligatoire, aux générations qui viennent, les savoirs que la société juge nécessaires pour la formation du citoyen. Ce qui suppose des normes et des contraintes qui garantissent cet objectif mais qui, faute de débat, a tôt fait de se scléroser. Par ailleurs, ce souci de transmission est censé s’accomplir dans un espace public et démocratique qui accueille tous les enfants et les adolescents, réunis autour d’objets culturels communs. Mais malheureusement, ces principes sont loin d’être mis en oeuvre dans l’institution aujourd’hui : développement des filières et des options favorisant le communautarisme entre « initiés », établissements fortement différenciés avec une progression du privé financé en grande partie par les deniers publics1, inflation d’évaluations-contrôles conduisant au décrochage, orientation socialement différenciée, etc. Avec pour conséquence le fait que : « le changement dans le système scolaire ne se fait pas. L’innovation pédagogique, à l’échelle de l’institution, est un échec ; elle ne produit pas d’effets positifs pour une raison majeure : elle n’est pas mise en oeuvre et l’immobilisme des acteurs est patent » (Houssaye, 2014). Ces propos datent de 2014 mais on peut les reprendre aujourd’hui, sans rien en modifier.
Dans le domaine des langues étrangères, malgré les discours sur le plurilinguisme, l’impératif de communication ou les compétences à acquérir (entre autres…), on doit se rendre à l’évidence : point de plurilinguisme (sauf dans le cas des élèves primo-arrivants, par la force des choses) mais une offre linguistique de plus en plus restreinte ; une communication réduite le plus souvent au cours dialogué où les interactions consistent majoritairement à répondre aux questions magistrales, orales ou écrites ; une focalisation sur la performance, pour répondre aux évaluations-contrôles, au détriment de la construction et du développement de la compétence langagière.

L’école est en pleine crise de légitimité et les enseignants, soumis à une avalanche de réformes, de contraintes infantilisantes et d’injonctions paradoxales, sombrent dans le désenchantement, la démobilisation, voire le renoncement total… Sauf quand ils choisissent de refuser cette maltraitance et de reprendre la main sur le travail (Garcia, 2024) et décident de (se) jouer des contraintes et de bousculer les modèles !

Comment cela ?

  • par une connaissance de l’institution, des textes et des recommandations pour en connaître véritablement la complexité et les contradictions et tirer parti des failles et des interstices à investir
  • par un solide bagage didactique, pédagogique et politique (enjeux et finalités de l’éducation)
  • par des convictions et des valeurs à faire vivre, en actes
  • par le travail avec d’autres, un groupe de référence où l’on puisse trouver à la fois appui et controverse

C’est à cette co-formation que la 17ème Université d’Eté du Secteur Langues nous invite toutes et tous. Les journées de travail (du 22 au 25 août) seront articulées autour de :
Les obstacles
Quelle différence entre obstacles et difficultés ?
Où sont les obstacles à l’apprentissage d’une langue étrangère, à la construction d’une véritable compétence langagière ?
Comment construire des situations d’apprentissage pour surmonter les obstacles inhérents à l’objet d’apprentissage ?

Les contraintes
Qu’est-ce qui est vraie contrainte, légitime pour l’apprentissage d’une langue étrangère ? Comment peut-on (se) jouer des contraintes, utiliser les possibilités offertes par les textes, dépasser les fausses contraintes qui font du métier d’enseignant.e une « activité empêchée » (Clot, 2012) Qu’est-ce qu’une « contrainte libératoire » et comment s’en servir ?

Les modèles
Quels sont les modèles, références dans l’enseignement d’une langue étrangère ? Comment bousculer les modèles enfermants, paralysants, démobilisants, excluants… ? Avons-nous besoin de modèles ? quels sont les modèles qui permettent d’évoluer, de grandir ?

Des questions et des réflexions pour élargir le champ des possibles, libérer notre créativité, laisser place à l’imaginaire, l’humour, la fantaisie, l’émotion, pour oser, inventer, et (re)trouver ainsi du sens à notre métier, déjouer les pièges de la désespérance programmée, renouer avec notre passion première et le plaisir qu’on s’était promis.

Maria-Alice Médioni, le 21/1/25

1 « L’enseignement privé sous contrat est financé pour 73% par des fonds publics » https://cafepedagogique.net/2023/06/02/enseignement-prive-8-milliards-de-fonds-publics-et-pas-de-controles/

Clot Yves, « Entretien avec Yves Clot », in Clot Y. / Dejours C., « Plaisir et souffrance au travail, deux regards. Propos recueillis par Xavier de la Vega », Sciences Humaines, n° 242 – Nov. 2012.
Garcia Sandrine (2023) Enseignants, de la vocation au désenchantement. Paris : La Dispute.
Garcia Sandrine (2024) « L’institution est devenue maltraitante ». Le Café pédagogique, 4/4/2024. https://cafepedagogique.net/2024/04/04/sandrine-garcia-linstitution-est-devenue-maltraitante/
Hess Rémi. (1978). Centre et périphérie. Toulouse : Privat.
Houssaye Jean (2014). La Pédagogie traditionnelle. Une histoire de la pédagogie. Paris : Fabert
Lourau René (1969) L’instituant contre l’institué. Paris : Editions Anthropos
Muyshondt Marie-Anne (2016) https://www.academia.edu/95794127/Analyse_institutionnelle

Les réunions du secteur Langues 2024-2025

Les réunions s’adressent :

– à tous ceux que la question de l’enseignement des langues intéresse, enseignants ou pas, linguistes ou pas ;
– à tous ceux qui souhaitent vivre et analyser une pratique pour la réinvestir dans leur classe ;
– à tous ceux qui souhaitent réfléchir à des pratiques éducatives pour lutter contre l’échec et l’exclusion, créer des situations d’apprentissage émancipatrices et porteuses de changement social.

N’hésitez pas à vous joindre à nous, même si vous prenez le train en marche, même pour un moment seulement. Que vous veniez pour la première fois ou occasionnellement, vous êtes évidemment les bienvenus pour travailler et échanger avec nous.

Lors de ses réunions, le Secteur Langues travaille à :
– l’invention de pratiques pour la classe et la formation
– la mise en oeuvre de projets (stages, séminaires, publications dans des revues ou d’ouvrages en librairie, etc.)

Lieu

Maison des Associations – 13A avenue Marcel Paul – 69200 Vénissieux
(Bus 36, 12 Express, arrêt Bruand /Bus 12, arrêt Marcel Paul)

Horaires

de 9h à 17h, les samedis :

Samedi 14 septembre 2023

  • Eva Rosset nous présentera un atelier sur le film “Il reste encore demain”, qui a eu un immense succès en Italie et un accueil contrasté en France. Il se veut féministe et engagé sur le thème des violences conjugales. Nous verrons quelles activités proposer pour éveiller la curiosité des élèves avant son visionnement au cinéma tout en s’assurant qu’ils se sentent en sécurité sur un tel thème. 
  • Maria-Alice Médioni nous propose une situation, « Langue et genre », qui, à travers des mises en situation comparatives en Français et en Espagnol, propose de mettre le pari de l’émancipation à l’épreuve des langues, de questionner les impensés qu’elles transmettent ainsi que leurs capacités créatives. De quels ressorts disposons-nous pour développer une éducation à l’égalité pour toutes et tous ?
  • La vie du Secteur Langues : Bilan de l’Université d’été 2024. Différentes informations à partager (Rendez-vous pour cette année, biennale, etc.).

Samedi 12 octobre 2024

  • En classe d’italien, comment préparer les élèves de lycée à aller voir un spectacle de musique sicilienne ? Il s’agit de chants traditionnels qui ont parcouru le monde au fil des vagues d’émigration et que le cinéma a su reprendre. Eva Rosset nous propose ainsi d’aborder plusieurs activités à faire en amont afin de les mettre en appétit, tout en sachant qu’ils seront sûrement surpris voire déroutés.
  • L’arbre généreux de Shel Silverstein, c’est un album de jeunesse qui raconte une histoire universelle : par amour pour le petit garçon, l’arbre lui donne, au fil des années, ses fruits, ses feuilles, ses branches… et jusqu’à son tronc! Nathalie Fareneau nous permettra de découvrir cet album de jeunesse et de construire une démarche ensemble pour l’exploiter dans plusieurs langues dans un niveau A2/B1…
  • La vie du Secteur Langues : Différentes informations à partager (Rendez-vous pour cette année, biennale, prochaine Université d’Été ,etc.).

Samedi 16 novembre 2024
Exceptionnellement : Salle Paul Langevin (juste à côté du CABV, à l’autre bout du parking)

  • Maria-Alice Médioni nous présentera son atelier sur Une « comédie dopée à la bienveillance (…) très réussie »,une « histoire d’humour tendre », un « film drôle et lumineux [qui] fait parfois monter les larmes aux yeux », « Voilà un film qui fait du bien », un film « touchant et drôle »…  Il s’agit d’un film français consensuel, agréable et… lisse. Mais peut-il être tout de même l’occasion d’apprentissages sur les plans culturel, linguistique et cinématographique ? Et comment ?
  • Qu’est-ce qu’un « cours réussi » ? « raté » ? Quel(s) regard(s) les différents acteurs de la classe portent sur ce temps passé à travailler ensemble ? Et la classe de langue échappe-t-elle à ces regards divergents ? Eddy Sebahi nous proposera de nous interroger sur les différents points de vue qui s’opposent parfois.
  • La vie du Secteur Langues : Différentes informations à partager (Rendez-vous d’avril 2025, retour sur la biennale, notre prochaine Université d’Été, etc.).

Samedi 14 décembre 2024

  • Les poèmes exploités en classe sont souvent des classiques, dont on peut trouver de nombreuses explications et interprétations. Dès lors, comment faire quand on souhaite aborder un poème d’un auteur contemporain, Franco Arminio, pour lequel on ne trouve pas de commentaires et dont certains passages nous résistent ? Peut-être faudra-t-il se raccrocher à l’élan que tente d’insuffler le poème. C’est ce qu’Eva Rosset nous fera découvrir en nous mettant collectivement au travail afin de voir quoi faire de cette “Lettera ai ribelli che verranno” en classe de langue.
  • Plage de réflexion autour du texte de présentation de l’UE. Chacun.e apporte des textes (en 2 ou 3 exemplaires idéalement) en relation avec l’intitulé provisoire de notre prochaine université d’été (On n’en peut plus ! Qu’est-ce que je change à ma pratique ?) en prenant bien en compte la double dimension des conditions de travail ET de la pratique…
  • La vie du Secteur Langues : Différentes informations à partager, notamment un retour sur les formations assurées en Belgique, poursuite du travail sur notre prochaine Université d’Été.

Samedi 11 janvier 2025

  • David Rouveure nous propose de travailler sur l’exposition Zurbaran, à Lyon à partir de diverses ressources.
  • Saloua Kaabeche nous lancera un chantier sur « la question » des gitans et des stéréotypes associés, en explorant toutes sortes de ressources, aussi variées que « la gitanilla » (de Miguel de Cervantes), les peintures de José Jiménez Aranda ou de Joaquín Sorolla y Bastida, mais également les Gypsy Kings…L’idée étant de se questionner sur la place et l’image des gitans dans nos sociétés et nos imaginaires. Auront-ils un jour pleinement la possibilité d’exister en dehors des représentations que l’on a d’eux depuis toujours…? De quelle manière ont-ils aujourd’hui choisi de défendre leur identité? 
  • La vie du Secteur Langues : Différentes informations à partager, notamment un retour sur les formations assurées en Belgique, les retombées de la 4ème biennale d’éducation nouvelle, la poursuite du travail sur notre prochaine Université d’Été.

Samedi 15 février 2025

  • Matin : Emilie Mestre nous propose de travailler sur la « cancel culture » aux Etats-Unis. Faire réfléchir les élèves aux différentes significations des lieux de mémoire aux Etats-Unis, pays anciennement esclavagiste. Comment les discussions sur les lieux commémoratifs controversés peuvent à la fois diviser et rassembler les citoyens ?
  • Après-midi : La vie du Secteur Langues : Différentes informations à partager, poursuite du travail sur notre prochaine Université d’Été, préparation de notre « Rendez-vous » du 12 avril dédié à la poésie.

15 mars 2025

  • Matin : Eva Rosset se propose de travailler avec des élèves italianistes de niveau B1/B2 sur La ligne de couleur (de Igiaba Sceigo). Il s’agit d’un roman foisonnant, très long mais riche et extrêmement fort dans ce qu’il raconte et dans les luttes qu’il invite à mener. Partant des États-Unis pour arriver ensuite en Angleterre et en Italie, à cheval entre deux époques, il parle de voyages qui restaurent et de voyages qui tuent. Une de ses forces réside dans la partie finale de “making of” par laquelle l’autrice explique son cheminement et rend hommage aux femmes artistes noires qui l’ont inspirée tout en réclamant plus d’actions et d’indignations pour ceux et celles pour qui le voyage est encore impossible.
  • Après-midi : La vie du Secteur Langues : Différentes informations à partager, poursuite du travail sur notre prochaine Université d’Été (du 22 au 25 août 2025), préparation de notre « Rendez-vous » du 12 avril, dédié à la poésie. Travail sur la plaquette d’annonce du RDV.

12 avril 2025
« Dans le cadre des Rendez-vous du Secteur Langues » : la poésie en classe de langue

17 mai 2025

  •  Matin : Sylvie Lange nous propose un atelier d’écriture « Religion et identités ». « Tout le monde se souvient du mot fameux d’André Malraux : “Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas !» A voir ce qui se passe aujourd’hui dans le monde, on peut penser que cette prophétie est en train de se réaliser, et sous la pire des formes : celle du fanatisme et de la violence. Comment en est-on arrivé là ? Quelle est la nature de ce phénomène ? Que faire, enfin, face à ce qui apparaît comme une régression historique inacceptable ? » (Notes de lecture : George Corm, La question religieuse au XXIème siècle, Cairn 2021).
    La question de la religion vient percuter aujourd’hui celle de la laïcité à la française, dans nos classes aussi bien que dans nos rues et nos esprits.
    Le temps d’un atelier d’écriture, prenons un peu de hauteur pour aborder ensemble ce sujet et tenter la distance nécessaire à la pensée critique. 
  • Après-midi : La vie du Secteur Langues : Différentes informations à partager, poursuite du travail sur notre prochaine Université d’Été.

14 juin 2025

  • Matin : Eddy Sebahi nous propose de s’interroger sur les accents comme “geste culturel”.
    Lorsque l’on parle une langue étrangère, nos accents révèlent beaucoup de choses sur nous, sur nos origines. Observer des accents est très révélateur et formateur. Nous tenterons de nous familiariser avec certains de ces marqueurs pour affiner notre capacité à écouter et à nous exprimer dans un anglais qui est propre à chacun.e de nous.  
  • Après-midi : La vie du Secteur Langues : Différentes informations à partager, poursuite du travail sur notre prochaine Université d’Été.

contact@gfen-langues.fr

21ème Rendez-vous du Secteur Langues

La poésie en classe de langues

Samedi 12 avril 2025, de 9h à 17h, au CABV de Vénissieux (69)

Nous vous proposons une journée de travail/réflexion sur le thème La poésie en classe de langues.
La poésie est un genre littéraire complexe, voire hermétique pour beaucoup, considéré comme trop difficile ou inaccessible pour les apprenants.
En classe, dans leurs propositions de travail, les enseignant.es sont souvent tiraillé.es entre le prétexte au travail scolaire et le « monument » qu’on n’ose pas aborder. Ce genre littéraire est d’ailleurs peu nommé
dans le CECRL.
Et pourtant, la poésie a une dimension libératrice, elle ouvre une porte à l’imaginaire, à la créativité qui rassemble, éblouit ou interpelle, mais ne laisse jamais indifférent.
Dès lors, comment aborder la poésie en classe de langue sans la saborder ? Quel dispositif mettre en place ? Quelles propositions de travail ? Quels supports utiliser, autres que le texte lui même, pour
rendre la poésie plus accessible et compréhensible ? Comment entrer dans le processus de création (celui de l’artiste mais aussi celui des apprenant.es) sans préalable d’inspiration ou de maitrise des codes ?
Comment écrire, lire et dire le monde ? Comment dépasser le simple commentaire littéraire d’un poème pour en faire un objet de création et donc d’apprentissage ?

Programme/ Inscription

Stage SNES-FSU : LVE « Enjeux de l’enseignement de la grammaire et du vocabulaire » 6 mars

A la demande du SNES-FSU d’Orléans-Tours, Maria-Alice Médioni (enseignante-chercheuse, formatrice et responsable du secteur langues du GFEN) a animé cette journée de stage le 6 mars 2025, à Orléans, devant 65 personnes.

Quand certaines consignes institutionnelles préconisent un enseignement de la grammaire en contexte et en langue cible pour améliorer la communication, d’autres périodes prônaient d’apporter ces connaissances théoriques de manière déconnectée. Dans ce contexte mouvant, comment concilier les attentes ministérielles avec nos pratiques ? Le faut-il ? Le travail sur la grammaire et le vocabulaire peut-il conduire à l’autonomie langagière ? Faut-il en faire dans l’enseignement secondaire ? Si oui, comment ? Si dans le supérieur, le bagage théorique est souvent conséquent, comment utiliser l’espace temporel du collège/lycée pour faire le lien avec ce qui a été vu en primaire ? A quel niveau de spécialisation s’arrêter, quand il faut aussi faire du culturel et travailler toutes les activités langagières à part égale, avec si peu d’heures de cours et des élèves à profil varié ? Quid de la didactique et de la pédagogie ?

En savoir plus

Interventions du GFEN Langues

En Belgique, interventions à la demande de :

  • Lire et Ecrire Communautaire : Conférence le 19 novembre 2024 : Transmettre, former, transformer. Quels indispensables ?, dans le cadre du Séminaire : « Comment apprend-on sa “pratique de formateur.trice” alpha ? En pratiquant !… oui mais pas seulement » (MA Médioni)
    Voir le diaporama de l’intervention (site de Maria-Alice Médioni)
    Ecouter l’enregistrement audio de l’intervention, le texte et le diaporama (site de Lire et Ecrire)
  • Lire et écrire Bruxelles : 2 formations
    • Quand travailler avec un groupe hétérogène devient une véritable opportunité, 20, 21, 22 novembre 2024 (MA Médioni)
    • Comment travailler le cinéma en alphabétisation, 25, 26, 27 novembre 2024 (MA Médioni et N. Fareneau).

  • Lire et écrire Bruxelles : 1 formation : Construction de démarches d’auto-socio-construction en grammaire, 24, 25, 26 février 2025 (MA Médioni)

Les réunions du secteur Langues

Les réunions s’adressent :

– à tous ceux que la question de l’enseignement des langues intéresse, enseignants ou pas, linguistes ou pas ;
– à tous ceux qui souhaitent vivre et analyser une pratique pour la réinvestir dans leur classe ;
– à tous ceux qui souhaitent réfléchir à des pratiques éducatives pour lutter contre l’échec et l’exclusion, créer des situations d’apprentissage émancipatrices et porteuses de changement social.

N’hésitez pas à vous joindre à nous, même si vous prenez le train en marche, même pour un moment seulement. Que vous veniez pour la première fois ou occasionnellement, vous êtes évidemment les bienvenus pour travailler et échanger avec nous.

Lors de ses réunions, le Secteur Langues travaille à :
– l’invention de pratiques pour la classe et la formation
– la mise en oeuvre de projets (stages, séminaires, publications dans des revues ou d’ouvrages en librairie, etc.)

Lieu

Maison des Associations – 13A avenue Marcel Paul – 69200 Vénissieux
(Bus 36, 12 Express, arrêt Bruand /Bus 12, arrêt Marcel Paul)

Horaires

de 9h à 17h, les samedis :

Samedi 16 septembre 2023

  • Le premier jour de rentrée : Comment avez-vous accueilli les élèves ? Quel(s) moyens, dispositif(s),démarche(s) avez-vous utilisé ? Une mise en partage des bonnes idées… et
    même de celles dont on est moins satisfait.e.s…
  • Eva Rosset  nous fera découvrir son atelier sur Le Caravage. Moins connu et abordé en classe que des artistes comme Leonardo Da Vinci ou Botticelli, le Caravage est un artiste
    controversé, célèbre aujourd’hui pour ses frasques et ses provocations dans sa vie personnelle et dans ses œuvres (plusieurs films et BD sont sortis récemment). Nous verrons comment aborder son œuvre avec les élèves afin de les initier aux bouleversements qu’il a
    introduits dans la peinture de son époque.
  • La vie du Secteur Langues : bilan de l’Université d’été 2023 et premières réflexion sur la prochaine.

Samedi 14 octobre 2023

  • Quand les élèves arrivent avec une envie ou une demande, on a à cœur d’y répondre. Quand ils nous proposent de travailler sur Dalida, dans quelle direction partir et comment maintenir le lien avec l’italien ? Eva Rosset nous proposera une piste possible avec des élèves de Terminale pour que les engagements de l’enseignant, vis-à-vis de ses élèves, ne soient pas que paroles, paroles.
  •  Eddy Sebahi présentera une lecture possible de la relation éducative, des interactions, du rapport au savoir, en classe. Un dispositif qui se réfère au « triangle pédagogique » de J. Houssaye.
  • La vie du Secteur Langues : suite dubilan de l’Université d’été 2023 et poursuite de la réflexion sur la prochaine UE.

Samedi 18 novembre 2023

  • Agnès Mignot et Eddy Sebahi nous proposent de nous mettre au travail sur des questions que tout professeur de langue se pose, à un moment ou un autre :  comment une langue s’enseigne-t-elle ? Quelles stratégies et quels outils privilégier pour favoriser une production orale (évitant le calque du français) ? Quelles démarches mettre en œuvre pour « travailler la prononciation » ? Le tout en devant se satisfaire d’un temps limité d’exposition à la L2 !
  • Réflexion sur comment aborder la grammaire de corpus. L’entrée par l’observation de corpus, la réflexion sur ceux-ci. (NB : Merci à chacun.e d’apporter de la matière, corpus constitués ou en cours de constitution, voire issus de manuels, ou simplement des pistes ou une envie de s’y frotter..)
  • La vie du Secteur Langues : poursuite de la réflexion sur l’Université d’été 2024.

Samedi 16 décembre 2023

  • Rosalia : David Rouveure nous proposera une démarche concernant le deuxième album de la chanteuse espagnole Rosalia, qui mélange flamenco, trap, électro et RnB. Il s’agit de faire comprendre pourquoi cet album a eu autant de succès critique à sa sortie.
  • Reprise de la réflexion sur comment aborder la grammaire de corpus. L’entrée par l’observation de corpus, la réflexion sur ceux-ci. (NB : À cet effet, nous renouvelons notre demande, à chacun.e, d’apporter de la matière, corpus constitués ou en cours de constitution, voire issus de manuels, ou simplement des pistes ou une envie de s’y frotter..)
  • La vie du Secteur Langues : poursuite de la réflexion sur l’Université d’été 2024. Nous avançons…

Samedi 20 janvier 2024

  • Nous nous mettrons au travail à partir des quatre axes définis pour la prochaine UE (« Ils ne prennent pas la parole » ; « Ils ne peuvent pas se concentrer » ; « Ils ne peuvent pas travailler en groupe » ; « Les élèves en difficulté freinent « les bons élèves » »). Serait-il possible que chacun.e d’entre nous apporte un atelier inédit, plus ou moins abouti, correspondant à l’un de ces quatre axes ?
  • Maria-Alice Médioni nous fera vivre un atelier sur la construction de la phrase (?), qu’elle a conçu pour une formation à « Lire et écrire » (Belgique), association qui travaille sur l’alphabétisation.
  • La vie du Secteur Langues : poursuite de la réflexion sur l’Université d’été 2024.

Samedi 10 février 2024

  • Maria-Alice Médioni nous fera vivre un atelier sur la construction de la phrase (?), qu’elle a conçu pour une formation à « Lire et écrire » (Belgique), association qui travaille sur l’alphabétisation. [La dernière fois, nous n’avions pas eu le temps de l’animer, c’est pourquoi nous la reproposons cette fois].
  • Jeanny Prat nous présentera un travail sur le thème de la nourriture. Partir de visuels pour élaborer la bande-son d’un album dont ces vignettes-images seraient les illustrations…
  • La vie du Secteur Langues : poursuite de la réflexion sur l’Université d’été 2024. Il nous faudra prendre des décisions, trancher sur les différents ateliers à animer.

Samedi 16 mars 2024

  • Eddy Sebahi nous présentera un atelier intitulé « The right picture ». Comment détourner une situation scolaire de compréhension de l’oral, pour réinvestir celle-ci dans l’invention collective d’une histoire originale.
  • « Les devoirs de Paul, ou le prix des mots ». Eddy Sebahi nous propose de suivre Paul dans ses dilemmes. Il aime flâner. Il aime jouer au foot. Il a une imagination débordante. Mais la réalité finit toujours par s’imposer : il croule sous les devoirs. Il donnerait tout pour qu’on le débarrasse de cette corvée… et il donnera effectivement tout.
  • La vie du Secteur Langues : poursuite de la réflexion sur l’Université d’été 2024. Finalisation du programme de la journée du 6 avril.

Samedi 4 mai 2024

  • Retour sur Guerrero, ce personnage insolite de l’histoire de la Conquête du Mexique que Nathalie Fareneau nous avait présenté il y a déjà quelque temps.
  • Eva Rossetnous propose un travail sur Edith Piaf. Quand on interroge quelques élèves d’une classe de FLE, on constate que tous ont dans l’oreille au moins une des chansons d’Edith Piaf. Avec cet atelier, nous allons chercher à en apprendre plus sur elle et sur ses textes. A la clef, peut-être une réponse à cette question: qu’est-ce qui fait le succès d’une chanson ?
  • La vie du Secteur Langues : Finalisation de l’organisation de l’Université d’été 2024. Les différentes informations à partager.

Samedi 8 juin 2024 

  • Valérie Soubre nous présentera son travail intitulé « Boîtes à proverbes ». Nous avons tous en tête quelques proverbes, mais que peut-on en faire dans une classe de français langue étrangère ? Avec cet atelier, nous allons chercher à en apprendre plus sur le genre du proverbe en français et comment il peut également donner lieu à un travail sur la langue. À partir du niveau A2 B1.
  • La vie du Secteur Langues : Finalisation de l’organisation de l’Université d’été 2024. Les différentes informations à partager.

Le site du secteur :

https://www.gfen-langues.fr/

20ème Rendez-vous du Secteur Langues

« Motivation ? Mobilisation ? Engagement ? »

Samedi 6 avril 2024, de 9h à 17h, au CABV de Vénissieux (69)

Nous aborderons, à travers la démarche que Maria-Alice Médioni animera, la façon dont on peut comprendre un tableau en classe de langues à travers deux exemples (Velázquez et Goya), pas forcément « motivants » pour des apprenants… Comment nous “parlent” aujourd’hui de telles oeuvres ? Quelles sont les réactions que des jeunes ou des moins jeunes peuvent éprouver face à ce type de tableau : admiration, fascination, indifférence ? Comment les dépasser ou en comprendre les raisons ? Comment en “percer le mystère”, non pas pour avoir la “réponse”, mais pour comprendre comment fonctionne ce qu’on a reconnu comme un chef-d’oeuvre, et au-delà, apprendre à regarder autrement ? Et quelles situations peut-on créer pour motiver, mobiliser, engager dans l’aventure intellectuelle et sensible ? Se construire donc des outils pour lire une oeuvre dans sa complexité, s’aiguiser le regard et transformer par conséquent le rapport qu’on peut avoir à l’art, mais aussi pour s’engager dans l’apprendre… transposables dans toute autre langue.
En effet, la préoccupation essentielle des enseignants demeure, d’après les conversations dans les salles des professeurs et les enquêtes officielles, l’absence de motivation des élèves. Cette motivation, dont on ne parle que parce qu’elle est absente, relèverait de facteurs divers (la société, la famille — les gênes ? —) et fort peu de la situation de classe. Ce discours révèle une croyance, largement partagée, selon laquelle il faudrait que les élèves nous arrivent motivés pour que nous puissions travailler.
Motiver — mobiliser — c’est mettre en mouvement, permettre aux élèves de s’engager dans une activité qui n’avait pas de sens auparavant pour eux, dans le sens de laquelle ils ne pouvaient pas entrer. C’est dire que cette motivation – implication, engagement, mobilisation – résulte de l’activité, à la fois comme dispositif créé par l’enseignant et comme actions accomplies par l’apprenant.
Ce rendez-vous du Secteur Langues du GFEN se propose ainsi de travailler sur : comment s’opère ou non la mobilisation de l’apprenant ? Qu’est-ce qui permet ou pas un déplacement dans sa posture d’apprenant ? Quelles sont les situations propices à son engagement dans l’activité et dans l’apprentissage ?

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15ème Université du Secteur Langues, « Les « fondamentaux » dans l’apprentissage des langues étrangères »

du 22 au 25 août 2023

à l’Ecole Jean Moulin, 10 Av. Vladimir Komarov, Vénissieux (69)

Le discours et l’accent mis, ces dernières années, sur les « fondamentaux », définis comme le « lire écrire-compter-respecter autrui », et dont la maîtrise est devenue la priorité à l’école, ont concentré l’attention et l’énergie au détriment d’une véritable réflexion de fond sur ce qui est important d’apprendre à l’école. Ils ont révélé non seulement leur ambition particulièrement restreinte par rapport à celles de l’école il y a 130 ans – au point qu’elles ont pu être taxées d’anté-républicaines (Lelièvre, 2019) –, mais aussi leur égarement, au vu des effets produits : « La promotion des apprentissages fondamentaux a servi une politique de restauration conservatrice contribuant à édifier une pauvre école pour les enfants de pauvres » (Bernardin, 2022). La focalisation sur ces « fondamentaux », de « bon sens », a pourtant créé un allant de soi – parce que le «simple» ça rassure – qui mérite d’être interrogé.

Il existe, en effet, un malentendu sur la notion de « fondamentaux » qui dérive du latin fundamentum, désignant la « base » et renvoyant ainsi à la fois aux « fondations » et aux « fondements ». Comme en architecture, les « fondations », c’est ce qui stabilise, et les « fondements » désignent plutôt les caractéristiques du projet qui préside à la construction et définit son usage. S’il est nécessaire de commencer par les « fondations », celles-ci doivent être conditionnées par les « fondements » qui leur donnent sens (Meirieu, 2021).

Prioriser ainsi les « fondations » sans réflexion sur les finalités des apprentissages revient à promouvoir une « pédagogie du préalable » conduisant à l’inflation d’instruments de mesure faciles et visant davantage l’entrée sur le marché du travail et la montée des attitudes consuméristes des familles et des élèves eux-mêmes, plutôt que l’ouverture de questionnements.

Qu’en est-il dans le domaine des langues ? S’il n’existe pas de discours institutionnel sur les « fondamentaux », force est de constater que les dernières instructions, « Enseignement de l’anglais et des langues vivantes étrangères tout au long de la scolarité obligatoire. Mesures pour améliorer les apprentissages des élèves » s’en rapprochent nettement. La promotion spécifique de l’anglais, la préconisation de « séquences brèves autour de savoirs ou savoir-faire à enseigner successivement et à évaluer dans la foulée, sans vision de progression à long terme » (APLV, 2022), « l’idée – la croyance – que la transparence de l’évaluation en langues est à la fois possible et nécessaire, et qu’elle peut être atteinte et assurée par la mise en oeuvre de procédures relevant des statistiques expérimentales » (Huver, 2014) dessinent le même horizon utilitariste et nuisible : « l’abrégé » (les rudiments) au détriment de « l’élémentaire » (les fondements) (Astolfi, 2008).
La 15ème Université d’Été du Secteur langues du GFEN se propose d’engager une réflexion sur un certain nombre de « fondements » qui donneraient sens à l’apprentissage et à l’enseignement des langues aujourd’hui.

Apprendre les langues pour apprendre à penser
Le Référentiel des compétences professionnelles des métiers du professorat et de l’éducation, entre autres préconisations, incite les enseignants à « Aider les élèves à développer leur esprit critique, à distinguer les savoirs des opinions ou des croyances, à savoir argumenter et à respecter la pensée des autres ».
Comment recentrer le travail sur les contenus, concepts-clés et objectifs obstacles, les savoirs nouveaux censés produire « un retournement de la pensée » (Astolfi, 2008), qui ont trop tendance à disparaître au bénéfice des savoir-faire, pour autant incontournables ?
Comment « dégager les noyaux conceptuels et problématiques centrales des contenus prescrits » (Bassis, 1981).
Comment articuler la construction des outils et du sens ? Construire des savoirs et des compétences comme moyens de compréhension et d’action pour se transformer et transformer sa relation aux autres et au monde.
Comment lier la pratique langagière et la conceptualisation ? l’acquisition des connaissances et la posture réflexive ?
Comment faire accéder à une aventure intellectuelle où les questionnements ouverts sont plus importants que les réponses fermées et qui permette de se confronter à la complexité et à l’incertitude ?

Communiquer c’est toujours résoudre un problème
Communiquer ne se réduit pas à l’échange d’information. À travers les problèmes auxquels il.elle se confronte inévitablement, l’apprenant.e se construit des repères nouveaux, différents de ceux que la situation de classe ordinaire peut lui offrir. Il s’agit d’agir avec les autres pour résoudre un problème, une difficulté grâce à l’enquête (Dewey, 1938), un obstacle par l’invention de nouveaux chemins.
Comment redonner à l’objectif de communication sa dimension de résolution de problèmes, sans laquelle il ne peut y avoir de construction de savoir ?
Comment définir, sélectionner le problème en langues étrangères ? Quelles sont les tâches, les ressources et les modalités de travail qui peuvent contribuer à sa résolution ?
Comment constituer le problème en défi suffisamment stimulant et, à la fois, à la portée des apprenants ?

Ce qui unit et libère
Ce qui unit, c’est ce qui vaut la peine d’être enseigné parce que c’est ce qui intègre chaque individu, de façon durable, à une communauté aussi large que possible. Ce qui libère, c’est ce qui délivre des préjugés, fait agir, permet de s’exprimer et de penser par soi-même (Reboul, 1989).
Comment (re)créer de la cohérence entre les finalités et les pratiques : autonomie vs dépendance, coopération vs compétition, pensée critique vs adhésion sans réflexion, plaisir d’apprendre vs ennui et souffrance ? Faire du groupe d’apprenants un collectif d’apprentissages solidaires.
Quels outils et quelles pratiques pour repenser les éléments différenciateurs, les modalités d’action usuelles qui génèrent et perpétuent les inégalités ?
Comment traiter les questions culturelles en termes de relations et de complémentarités ?
Comment construire une conception de l’altérité non pas comme prise en compte des différences et par le biais de comparaisons, mais plutôt comme attention au commun, à ce qui fait lien et unit : « imaginer et (…) réinventer une didactique de la diversité et de l’hétérogénéité, du mouvant et du composite, du paradoxe et de la différence » (Castellotti et Moore, 2008) ?
Comment penser la question des langues à l’aune des enjeux sociaux et politiques présents et à venir, dans une perspective plurilingue et pluriculturelle ? Quelles pratiques pour construire un autre rapport à l’autre et une conception du monde plus émancipatrice ?

Au programme :

  • Conférence de Véronique Castellotti (Université de Tours) :  » Fondamentaux ou fondamental en DDL ? Pour une didactique du sens et de la relation. »
  • 12 ateliers proposés

Compte-rendu de la 14ème Université d’Eté du Secteur Langues

14ème Université d’Eté du Secteur Langues du GFEN
« Etonner et s’étonner. Mettre l’intelligence en mouvement »

22-25 août 2022 à Vénissieux

Une université… à bas bruit

Geneviève GUILPAIN

L’expression énigmatique de Meirieu (1) me trotte dans la tête tandis qu’en cette fin août je médite sur la façon dont s’est déroulée cette université d’été. Oui voici une caractérisation qui lui va comme un gant ; aucune révélation tapageuse, aucune découverte extraordinaire ; le rideau ne s’est pas levé sur « le grand étonnement ». Point de démarches étourdissantes, qui vous laissent coi et pantois, tout juste capable de proférer les mots de la surprise, de l’ébahissement, de la stupéfaction. Non, plutôt de tranquilles démarches, revisitées au filtre de notre thématique, mais sans avoir l’air d’y toucher. Des démarches dont on peut se dire en s’y glissant aisément, « ah oui, cela me dit quelque chose, je vois l’objectif visé, le chemin qu’on va prendre. Intéressant, efficace mais pas très étonnant !» Et pourtant dans cette familiarité rassurante, à chaque fois, je me suis sentie progressivement déplacée, menée là où je ne pensais pas m’acheminer et, à leur terme, opérait « la magie géfeniste » ; je reconnaissais que mes attentes avaient été déjouées, et je m’étonnais de me retrouver ailleurs qu’à l’endroit où je croyais me rendre.

Or n’est-ce pas cela au fond cet étonnement pratiqué au GFEN ?
Certes il nous arrive de surfer sur la vague de la sidération, de l’extraordinaire et quand il nous faut séduire des novices nous nous surprenons à leur promettre monts et merveilles : « tu verras, la démarche des allumettes, renversante ! Et celle des attentes…Tu n’en reviendras pas ». Mais nous savons bien que nous ne sommes pas des illusionnistes, des pédagogues contorsionnistes aux faciles effets de manche. Ce n’est pas le coup de dé final qui nous intéresse. Ce qui nous accroche et questionne, c’est la démarche elle-même, que patiemment et pas à pas, nous construisons et déconstruisons au cours de l’analyse réflexive afin de mieux comprendre comment elle nous conduit progressivement à cet étonnement profond, à ce « Bon sang, mais c’est bien sûr », à cette reconnaissance d’un éclat de vérité ; « Ah mais je n’y avais jamais pensé comme cela ». Et alors, ce que nous avons vécu et pensé avec les autres peut prendre place en nous et nous habiter durablement.
Sans ce travail précis de discernement a posteriori du fin maillage dont est fabriquée toute démarche, sans cet examen des moments qui provoquent la faille, qui font rupture, qui forcent à penser, qui suscitent la curiosité, sortent de l’engourdissement provoqué par nos manières coutumières d’apprendre, nous manquerions l’étonnement. Il retomberait comme un soufflet. Longtemps après que nous les ayons vécues, des démarches continuent à insuffler en nous leur pouvoir de questionnement, parce ce que nous n’avons pas fini de nous interroger sur des petits riens qui nous ont perturbés, oh des trois fois riens, une question en contrepoint, une citation soudain mise en exergue, une image revisitée, une date qui vient brouiller une chronologie et nous voilà déplacés, agacés, intranquilles et nous nous étonnons d’avoir l’esprit à ce point occupé d’un détail anodin. […] Lire la suite du CR

Etonnons-nous !

Lila ECHARD

Acceptons de nous étonner du fait que nous puissions nous retrouver à une université d’été à Vénissieux. Pourquoi ? Parce que nous aurons appris que l’étonnement est une réaction spontanée de l’esprit tout en en étant une démarche volontaire. Voilà ce dont nous pouvons faire l’expérience quand nous nous retrouvons ! Nous aurions pu être déçus que nous ne soyons pas aussi nombreux que nous le souhaitions, mais nous ne le devons pas. Nous pouvons alors, encore, nous étonner de notre capacité à nous retrouver, à nous mettre au travail tout en étant là volontairement, quel qu’en soit le nombre. […] Lire la suite du CR (en page 2)

14ème Université du Secteur Langues, 22 au 25 août « Etonner et s’étonner. Mettre l’intelligence en mouvement »

14ème Université du Secteur Langues

Etonner et s’étonner. Mettre l’intelligence en mouvement

du 22 au25 août 2022

à l’Ecole Jean Moulin, 10 Av. Vladimir Komarov, Vénissieux (69)


L’étonnement, cette « pulsation essentielle de la vie mentale » (Dewey), déjà convoqué dans l’antiquité mais longtemps ignoré en pédagogie, revient en force dans les dispositifs de formation, notamment à travers le journal d’étonnement, mais aussi dans le domaine du management par le biais de l’entretien ou du rapport d’étonnement, voire de l’injonction. Un effet de mode, probablement, mais n’est-ce pas aussi la reconnaissance d’une capacité qui, même si elle court le risque d’être instrumentalisée à des fins mercantiles, semble retenir à présent l’attention dans le champ éducatif.

L’étonnement est, en effet, le point de départ de toute démarche de connaissance, un « ouvreur de pensée » (Thievenaz). C’est parce que l’on s’étonne de ce qui paraît évident que la quête du savoir peut commencer. C’est la démarche du philosophe, du scientifique mais aussi de l’enfant qui questionne l’évidence du monde quand d’autres n’y voient que clarté (logique, routine) et banalité : « Si la question appelle la connaissance, c’est l’étonnement qui appelle la question » (Thievenaz).
On s’étonne, on est confronté à de l’inattendu, à de l’énigme qui oblige à regarder ce qu’on ne regardait pas, à (se) questionner, à sortir de ses habitudes, à mener l’enquête…
L’étonnement constitue une interpellation, un dérangement, une perturbation qui peuvent désarçonner, voire frapper de stupeur, comme nous l’indique l’étymologie : étonner vient en effet du latin extonare, frapper de la foudre. Il y a presque (et parfois) de la violence dans l’étonnement qui vient ébranler nos certitudes, nos assises, nos convictions, mais aussi de la nécessité qui réveille et remet en mouvement l’intelligence, remet en route l’activité intellectuelle.
C’est l’étonnement de « l’homme éveillé [qui] connaît une activité de renouveau, de recommencement » (Bachelard).
L’étonnement présente deux facettes : l’une passive quand on est étonné, l’autre active, quand on s’étonne. La première semble davantage prégnante quand, dans une société où on est revenu de tout, on réclame sans cesse du nouveau, de l’exceptionnel, du scandale. La seconde est moins fréquente parce que certainement moins convoquée, moins entraînée, moins admise. Car l’étonnement révèle dans ce cas, une sensibilité, un désir que, contrairement à l’enfant, l’adulte a souvent perdus ou qu’il ne s’autorise pas : « Où il y a étonnement, il y a désir d’expérience. Seule cette forme de curiosité garantit avec certitude l’acquisition des premiers faits sur lesquels pourra se baser le raisonnement » (Dewey). Il faut sans doute accepter l’ignorance à laquelle on est confronté, que l’on dévoile et qui peut être interprétée comme un manque, voire de la faiblesse. Il faut de l’humilité sans doute pour s’étonner !La 14ème Université du Secteur Langues du GFEN se propose donc d’explorer cette notion, à travers un certain nombre de questions :

  • En quoi l’étonnement est-il pertinent dans l’apprentissage de la langue étrangère ?
  • Comment repérer l’étonnement qui « vient toujours à bas bruit » (Meirieu), comment l’autoriser ?
  • Comment et pourquoi créer des situations susceptibles de générer de l’étonnement, à propos des objets d’apprentissage mais aussi à propos de soi-même et des autres ?
  • Comment faire pour que l’on puisse s’étonner « en toute sécurité », pour que la perturbation provoquée par l’étonnement puisse déboucher sur une réorganisation, un nouveau sens à
    construire ?
  • Comment passer de « être étonné » à « s’étonner », autrement dit s’étonner s’apprend-il (ou se réapprend-il) et comment ?
  • Comment l’enseignant peut-il réveiller cette compétence pour lui-même et s’en servir dans sa pratique, en faire « un principe organisateur de situations didactiques » (Thievenaz) ?
  • Comment cette capacité, cette posture qui consiste à prendre du recul, à regarder autrement le
    monde, peut-elle contribuer à la construction de la réflexivité de l’apprenant comme de l’enseignant ?

Université du Secteur Langues 2021

La place du linguistique dans le développement de l’autonomie langagière

20-23 août 2021
Saloua KAABECHE

Du 20 au 23 août, c’est à l’école du Centre à Vénissieux que se sont retrouvés avec plaisir une soixantaine de participants à l’occasion de l’Université d’été du Secteur Langues, devenue un rendez-vous incontournable et toujours attendu avec impatience1.

Autour de « l’arbre à palabres » au centre de la cour, nous avons eu la joie cette année encore de nous réunir et de découvrir de nouveaux visages. Les participants venus de la région et d’ailleurs, y compris de l’étranger  Belgique, Espagne et Suisse), font résonner leurs accents et le plaisir de se revoir après ces mois particuliers dont Maria-Alice Médioni souligne, lors de son ouverture, la difficulté au niveau des mises en oeuvre pédagogiques et des constructions de situations d’apprentissage. L’incertitude, si elle est incontournable et même nécessaire comme aiguillon pour l’action, est devenue, du fait de la valse des informations et des décisions contradictoires et arbitraires,  source d’insécurité pour tous.
Le programme est alléchant et ambitieux : réfléchir à la place du linguistique dans le développement de l’autonomie langagière.
 

Vendredi 20 août
Atelier commun : Appréhender les catégories grammaticales par l’invention de langues — Malo Morvan

Lors de cette après-midi, les participants ont dû relever un défi de taille : par petits groupes, il s’agissait d’inventer une langue avec pour tout apport un imagier et un corpus de phrases à rédiger… sans oublier les indispensables consignes qui libèrent en donnant le cadre au travail. Après la phase de surprise et de contentement liée au fait que chaque groupe se réjouissait à l’idée d’inventer un système qui nous est d’habitude imposé, c’est de façon assez studieuse que les participants ont entamé une réflexion profonde sur le système linguistique de leur langue inventée. Certains ont débuté en cherchant de l’esthétique (musicalité, sonorités de cette nouvelle langue…) et d’autres se sont immédiatement lancés dans la création d’une structure linguistique en tenant compte de la consigne. Des échanges riches autour de l’identité de cette […]
1 Ce compte-rendu rend bien évidement compte de mon parcours personnel à travers les multiples propositions de l’Université d’Eté.
 
Accéder aux document de l’UE (ouverture / clôture / diaporamas / enregistrements audio)
 
Lire l’article du Café Pédagogique « Maria-Alice Médioni : Retour sur l’Université d’été Langues du GFEN »
 
 
 
 

Université d’été du secteur Langues du GFEN 2018

L’université d’été du secteur Langues du GFEN qui s’est déroulée fin août 2018 à Vénissieux s’est interrogée sur « Langues et citoyenneté ». « L’apprentissage de la citoyenneté à l’école : une utopie ? Comment les langues peuvent-elles s’inscrire dans ce projet et développer une citoyenneté qui ne peut exister, comme toutes les valeurs, que dans les pratiques qui l’incarnent ? L’enjeu n’est plus seulement de devenir citoyen DEVANT le savoir, ni PAR le savoir, mais de devenir citoyen DANS le savoir », nous précise l’équipe d’organisation.

Jacques Bernardin, président du GFEN, a fait une intervention dense et riche intitulée « Savoir et citoyenneté ».

Pour en savoir plus, voir le compte rendu de l’université d’été et les différentes interventions sur le site du GFEN secteur Langues : http://gfen.langues.free.fr/activites/activites.html

9ème UE du secteur Langues. Changer ses pratiques

Changer ses pratiques

Entre remaniements, déplacements,
renversements et coups de balais
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22-25 août, Vénissieux
70 enseignants se sont retrouvés à la 9ème université d’été du secteur Langues du GFEN, durant quatre jours dans l’École du centre de Vénissieux pour réfléchir et travailler collectivement à ce que signifie et suppose changer ses pratiques. Pari audacieux en cette période de « marche arrière, toute ».

Jour 1 : « Le savoir comme énigme « 

Dans le discours d’ouverture, Maria-Alice Médioni dresse l’état des lieux de cette rentrée scolaire qui voit s’installer au ministère l’ancien directeur général de l’enseignement scolaire de Luc Chatel. Elle pointe la volonté de « détricotage » de ce qui a pu être fait antérieurement « en surfant sur le mécontentement » des élus locaux sur la mise en place des rythmes scolaires ou des enseignants sur la réforme du collège. On voit poindre un retour aux « bonnes vieilles recettes » comme le recours au redoublement, le retour aux fondamentaux : « Lire, écrire, compter » alors que, selon Eurostat, qui vient de publier son rapport annuel sur les temps d’instruction en Europe, l’école française est déjà celle qui y accorde le plus de temps.
N’oublions pas la réduction des effectifs à 12 élèves par classe en CP et CE1 en zone d’éducation prioritaire au détriment du dispositif  « plus de maîtres que de classe » dont l’évaluation est en cours. Pourtant nombre de recherches montrent qu’il n’y a pas de corrélation entre la baisse des effectifs et la réussite des élèves si elle n’est pas accompagnée de changement de pratiques.
Le changement des pratiques, c’est le sujet de cette université qui propose d’y réfléchir dans le concret d’une pratique enseignante exigeante qui nécessite des remaniements, des déplacements lorsqu’on considère les problèmes autrement, voire des renversements en retournant la situation totalement sans oublier les coups de balai pour un nettoyage en profondeur de ce qui semblait aller de soi. C’est un véritable défi que d’oser rompre avec les habitudes non pour changer l’habillage sous couvert d’innovation (artéfacts numériques par exemple) mais pour porter le regard sur les gestes professionnels, la posture des apprenants et celle de l’enseignant. Chacun est donc invité à revisiter avec audace ces questions au cours des ateliers, démarches, mises en situation qui posent des problèmes et proposent une élaboration collective des réponses. Lire le texte d’ouverture

Une même démarche à vivre pour tous : Comment se construisent les savoirs ?

Trois ateliers en parallèle animés par Nathalie Fareneau, Valérie Franc, Maria-Alice Médioni, Valérie Péan, Eddy Sebahi.

 
A partir de problèmes d’ordre épistémologique (histoire des sciences et des techniques, de sociologie, d’ethnologie, de psychologie cognitive, d’ergonomie, de linguistique), il s’agit de résoudre des énigmes qui ont été celles de l’humanité. Après un échauffement « trouver trois synonymes de savoir comme une aventure humaine« , les échanges portent sur les différentes conceptions du savoir ou de la connaissance, de la part de l’individuel et/ou du collectif.
Puis des énigmes issues de différents champs disciplinaires sont réparties dans les groupes. Chaque groupe en reçoit une qu’il doit tenter de résoudre. Pas évident de se replacer dans une époque historique pour contextualiser la demande : « Comment faisaient les bûcherons de l’Ancien Régime pour évaluer le cubage d’un arbre ? » ou « Comment faisaient les arpenteurs du pharaon quand les crues du Nil avaient tout effacé ? ». Quelques savoirs scolaires remontent à la surface : on sent bien qu’il y aurait bien du Thalès ou du Pythagore là-dessous mais ces bucherons et ces arpenteurs connaissaient-ils ces théorèmes ? Quelle place d’un théorème dans la construction d’un savoir d’expérience ? Lors de la restitution, chacun affute ses arguments et l’on s’aperçoit qu’il n’est pas simple de faire le pas de côté nécessaire pour imaginer une solution cohérente. Les documents-ressources apportant la réponse aux énigmes permettent de mesurer l’écart entre nos représentations initiales et les savoirs mis en oeuvre par les agents historiques.
Chaque groupe élabore ensuite un schéma permettant d’identifier  les différents types de savoirs repérés, leurs relations et les conditions de leur production. Les affiches sont présentées et commentées.
Dans l’analyse qui a suivi, il apparaît que tout savoir se construit en réponse à une question ou un problème qui se pose à un groupe social : c’est un processus qui s’inscrit dans le temps et nécessite la confrontation de points de vue, des ruptures, des inter-relations multiples entre les individus d’une même société mais également entre différentes sociétés. Dans la démarche proposée, il a été mis en évidence l’importance d’une réflexion individuelle avant la phase de travail en groupe, l’apport de chacun à la construction collective et l’accompagnement bienveillant des animateurs de l’atelier.

Jour 2 : « Transformer le rapport au savoir »

Le matin. : quatre ateliers en parallèle
 
Roger Fusté Suñé  nous fait  pénétrer dans l’oeuvre d’un des artistes catalans les plus importants du XXème siècle, Joan Miró. Miró, ou comment « devenir chaque jour plus maladroit ». Chacun y est entré par le processus de la création conçue, contrairement à l’image souvent véhiculée, non comme un acte magique, mais comme un travail observable, permettant à la fois de mieux le comprendre et de le rendre plus proche, plus « étincelant », selon le mot de l’artiste.
Maria Alice Médioni propose de revisiter le verbe GUSTAR ou aimer à toutes les personnes. Que de débats à propos d’un verbe si ordinaire dans la langue espagnole ! Que de confusions entretenues par les explications simplistes fournies aux élèves pour aider ! C’est vrai que GUSTAR oblige l’apprenant francophone à se décentrer par rapport à ses conceptions. Une démarche pour permettre la prise de conscience jubilatoire de tout le parti qu?on peut tirer de ce verbe.
Valérie Franc invite à la compréhension de quelques codes du Flamenco, une rythmique, une letra. Un genre difficile du fait de sa complexité technique et de sa codification extrême, mais aussi, pour un public adolescent, de l’éloignement culturel, du rapport au corps et à l’altérité qu’il propose. Un atelier où le corps et l’intelligence sont constamment sollicités, interagissent et qui a animé différents espaces de cette cour d’école.
Agnès Mignot travaille la localisation en allemand pour des enfants de l’école primaire en prenant appui sur le conte des frères Grimm « Le loup et les 7 chevreaux ». Grâce aux nombreuses péripéties qu’il offre, ce conte permet l’articulation entre localisation et compréhension de l?intrigue. A l’aide de cartes imagées, il s’agit de suivre la « dictée dessinée » en reclassant les éléments du décor énoncés. Progressivement mots et chiffres sont mémorisés. Puis arrivent les personnages principaux du conte, le chevreau et les emplacements possibles pour les cachettes. Lorsqu’il s’agit d’utiliser ces cachettes utiles lors de l’arrivée du loup, le brouillon d’oral permet de s’entrainer à utiliser les prépositions. La présence de 3 genres en allemand est matérialisée par 3 colonnes. En effet les mots sont ordonnés selon ce critère et l’organisation du tableau de correspondance constitue une aide à la production orale entre localisation/préposition/article. Progressivement, l’histoire est reconstituée grâce à une banque d’images.
L’analyse qui a suivi a porté sur le rôle de l’activité, la posture du prof, le rôle de l’écoute. L’activité à la fois physique et intellectuelle (agencer et ordonner) vise l’appropriation d’une langue par prise d’indices ou moyens mnémotechniques et grâce aux inférences avec une autre langue. L’élève essaie de donner du sens (chronologie, orientation spatiale) tout en mémorisant les mots. L’activité en petits groupes permet de travailler la place de l’erreur par la confrontation de points de vue, s’organiser dans une construction collective. La validation des exercices est faite par les élèves. L’écoute favorise des entrées successives dans la compréhension facilitées par les paroles en allemand et les mimes de l’animateur. en savoir plus
L’après-midi : quatre ateliers en parallèle
Jessika Picarle dans Le geste et le trait nous fait découvrir ce qui se cache derrière l’écriture chinoise. Dessin de la réalité ? Dessin d’une idée ? Et derrière le rempart de ces traits sur lesquels il ne nous semble pas y avoir de prise ?  Un atelier, comme une clé pour entrer pour entrer dans ce système d’écriture si lointain, où le geste fait sens. Florence Bourgade aborde l’éclipse. Et si la culture, les connaissances, les savoirs étaient nécessaires mais pas suffisants pour transformer le monde et le rendre plus tolérant et fraternel ? Comment transformer le rapport au savoir pour en faire une ressource de transformation du monde ?
Et si on s’émancipait des frontières spatio-temporelles ? C’est le défi lancé par Eddy Sebahi en réunissant le temps d’un colloque « virtuel », des artistes qui ne se sont sans doute jamais rencontrés ? Andy Warhol, Agatha Christie, W.H. Auden et Benjamin Britten ont accepté l’invitation. A chacun d’apporter sa pierre à cette initiative. Mais pour cela, pour pouvoir prendre la parole en leurs noms respectifs, il a fallu s’outiller, et comprendre le regard que porte chacun de ces artistes sur l’art, sur la création, sur le monde.
Qu’est-ce qu’on attend pour oser ? Quand les impasses deviennent des tremplins. Aude Limet propose aux participants un outil permettant d’explorer le paysage intérieur dont nous sommes porteurs. Derrière les mots mettons-nous les mêmes images ? Sans jugement de valeur, essayons de comprendre les différentes réalités d’une même situation selon les points de vue des différents acteurs. Avec l’aide du groupe et en utilisant le langage épuré, il s’agit de revisiter certains évènements qui ont fait rupture et d’en comprendre le sens.
 
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Après une pause restauration : conférence gesticulée par Vicky Juanis et Fabien Masson
Fabien et Vicky
Tous analphabètes !
Vicky et Fabien sont travailleurs en alphabétisation en Belgique et membres de l’association Lire et Ecrire, pris entre le marteau des politiques d’intégration, d’activation, des subsides et l’enclume des méthodologies, des pédagogies et de leurs propres modèles d’apprentissage. Ils nous invitent à entrer dans leur univers peuplé d’hommes et de femmes que la vie n’a pas épargnés mais qui, malgré tout, veulent apprendre à parler et lire dans la langue du pays d’accueil, et vite !
Lire au quotidien, c’est quoi ? Le matin, je regarde l’heure sur mon réveil. Je regarde si j’ai reçu des messages sur mon téléphone, j’en écris un ou deux en réponse, puis je vais lire les nouvelles du jour sur internet. Je vais sur un site de météo, un petit tour sur des blogs que je suis. Puis je réponds à deux-trois mails, note de nouveaux rendez-vous dans mon agenda. Je consulte l’heure du bus et m’en vais (en courant) l’attraper. Je lis un livre en attendant mon arrêt. Quoi de plus banal comme début de journée !
Sauf que depuis des décennies, pour une personne sur dix c’est totalement impossible : elles ne savent ni lire ni écrire ; exclues de ce monde de l’écrit. Chacun a son histoire, son itinéraire : dans beaucoup de pays le droit à l’école dépend des conditions économiques des familles qui sont contraintes de choisir celui qui pourra y aller. Au gré des migrations, certains arrivent dans nos pays mais le rêve se brise sur une réalité qu’ils essaient coûte que coûte d’apprivoiser en entrant dans les dispositifs qu’on leur propose dans l’espoir de garder la tête hors de l’eau. Devant Vicky, on voit défiler un monde haut en couleur aux langues et accents divers, avec des préconceptions qui percutent les meilleures intentions de l’animateur en alphabétisation. Avec humour, Fabien décrypte ses impasses et ses réussites tout en ayant conscience que les décideurs dont il dépend se soucient fort peu de la formation de ces travailleurs en alphabétisation. Un moment très fort de partage, exempt de misérabilisme, où la question du changement des pratiques s’impose aux professionnels pour mettre en cohérence gestes professionnels et valeurs humanistes. Situation qui interroge directement l’école et sa mission lorsque les analyses montrent qu’aujourd’hui, en France, 7% des adultes ayant été scolarisés sont en situation d’illettrisme.

Jour 3 :  » Aventure individuelle dans une dynamique collective » 

Intervention d’Olivier Maulini, professeur associé à l’Université de Genève et Laboratoire de recherche Innovation-Formation-Éducation (LIFE)
 
Dans un premier temps, Olivier Maulini s’arrête sur le projet de l’UE. Donner un coup de balai sur les pratiques, est-ce une rhétorique propre au GFEN ? Dans les universités, on est sensé faire cela, mais quelle réalité ? Faut-il cela dans les pratiques ordinaires ou l’ordinaire des pratiques ? Ce dialogue entre les marges et la page porté par le GFEN interpelle l’institution : les militants sont-ils trop exigeants lorsqu’ils réclament un échange entre recherche militante et recherche universitaire?
Changer les pratiques est une question éminemment politique. On peut distinguer trois niveaux : un niveau tautologique « bouger pour changer » en espérant que cela apporte quelque chose ; un deuxième niveau « bouger pour mieux faire » dans une logique de perfectibilité ; un troisième niveau « bouger pour transformer la société ». Les situations en France et en Suisse sont différentes. Ce qui compte en France, c’est la puissance du verbe lorsqu’en Suisse on recherche la concordance qui consiste à accepter de se serrer la main et rester ensemble en trouvant des modes d’accommodements pour conserver les différentes conceptions. Mais force est de constater qu’actuellement le savoir émancipateur devient de moins en moins répandu.
Les enseignants ordinaires changent leurs pratiques souvent pour se faire plaisir, ils acceptent d’aborder cela sur le mode du dialogue. Il y a un contrat dans la manière d’interagir pour éviter la confrontation. Prenant l’exemple du débat sur l’autorité, Maulini démontre que le conflit cognitif est un conflit de normes : instaurer les règles en positif ou négatif, ce n’est pas la même chose. Mais sur le terrain, « chacun fait comme il veut », il faut que « ça nous corresponde ». Les jeunes enseignants ont un corpus idéologique très fort le corpus convivialiste (individualisme, authenticité, épanouissement, différenciation). On est loin du savoir émancipateur qui fait comprendre le monde et donne envie d’aller vers de nouveaux savoirs (insubordination cognitive). Dans l’articulation théorie/pratique, deux courants s’affrontent : les pragmatistes qui misent sur l’espoir plutôt que le savoir ; les rationalistes qui disent que la vérité est le résultat des discussions. Il faut faire l’effort de se donner un monde commun, installer un arbitrage par l’expérience, l’enquête, l’argumentation. L’enseignant doit être le garant pour éviter la rupture du contrat pédagogique.

Quelle évolution des pratiques (sur deux millénaires) ?
Dans l’histoire de la pédagogie, il y a la rhétorique pédagogique et la pratique, la rhétorique du renversement et le déroulement du changement. C’est une valse à trois temps : l’ère du compagnonnage, l’ère du quadrillage, double contrainte et différenciation.
Le compagnonnage se caractérise par la transmission du savoir avant l’invention de l’école et ce, dès le paléolithique : les jeunes générations apprennent par imitation et imprégnation. La théorisation est subsidiaire : on ne pose pas de question pendant le travail mais après si nécessaire. L’ère du quadrillage (Foucault) consiste à rationaliser les rapports sociaux pour un meilleur rendement. Dans ce cadre l’exposition théorique domine et les pratiques sont auxiliaires. On voit apparaître les disciplines et le quadrillage du savoir qui rationalise l’accès du savoir avec le poids de la religion. Chacun peut l’utiliser dans l’objectif qu’il souhaite. L’exposé par l’enseignant prédomine, les jésuites instaurent les notes de 1 à 6 pour éliminer la fin de la cohorte. Double contrainte et différenciation : on cherche un équilibre entre savoir et pratique. Le projet de l’Éducation nouvelle est de proposer des situations avant d’exposer. D’autres assument cette contrainte en instaurant la différenciation. Les indicateurs d’équilibrésitation de cette période se caractérisent par : une forme scolaire problématisée (variété, variations, négociations) ; le triomphe du discours dialogué (entre contrôle et participation), le maître se calant sur l’élève « moyen fort » ; l’empilement des dispositifs institués (recours à l’élève qui ne suit pas), réponses symboliques au tri social. Dans ce cadre, le mouvement de fond se définit par la sécularisation des rapports sociaux entre socialisation et subjectivation, une double extension du moi entre revendication et discussion des droits, une légitimation instrumentale ou symbolique ou composite ou stratégique.
Quelles options pour demain ? 
Elles peuvent être politiques : libéralisation ou bureaucratisation ou professionnalisation. Elles peuvent être éthiques : conviction, responsabilité, monde partagé. Elles peuvent être pédagogiques : double conceptualisation de la pratique et de la théorie via des unités significatives de signification car le concept est un outil d’émancipation, approche qui est caractéristique du GFEN.
A l’instant « t », comment les pratiques pédagogiques changent-elles, et pour quel profit exactement ? Elles peuvent changer pour au moins deux raisons : d’abord parce que nous le voulons, ensuite parce que nous changeons aussi à notre corps défendant, voire inconsciemment. Une part d’idéalisme est ainsi nécessaire pour imaginer d’autres manières de faire ; et une dose de réalisme pour éviter de s’aveugler, de se tromper de cible ou de méthode, bref, de confondre nos désirs avec la réalité. 

des auditeurs attentifs
 
Après-midi : quatre ateliers en parallèle
C’est bien connu pour mémoriser, il faut répéter et répéter sans cesse : enfin c’est ce qu’on dit ! Dans son atelier, La tête et les jambes. Et le reste, Eddy Sebahi pose le paradoxe de la répétition au service des apprentissages : on répète rehearsing, mais on ne répète pas repeating! Un atelier en anglais pour penser des stratégies de mémorisation avec de jeunes apprenants à partir d’un incontournable des écoles primaires ! L’idée étant de cesser d’apprendre par le conditionnement du « mime collectif », qui ne permet, par l’imitation, que de réussir la tâche sans jamais comprendre. Dans cet atelier, on est mis en situation de pouvoir mobiliser les ressources au-delà de la simple exécution d’un chant amusant. Dans une salle voisine, Valérie Soubre propose une démarche d’écriture/réécriture à partir d’un album de littérature jeunesse, Frédéric de Léo Lionni, transposable en toutes langues. Des provisions pour l’hiver : entrer dans la pratique de l’écrit, en donnant du sens à la réécriture et montrer que l’écriture commence avant la mise en page sur un pari : tous capables ! Dans l’atelier Le Réceptionniste, Valérie Péan propose une réflexion sur la compréhension, l’acquisition du vocabulaire et la remobilisation des acquis dans des tâches de résolution de problèmes. Cet atelier met en avant une modalité de travail qui permet d’utiliser le collectif et l’hétérogénéité du groupe comme un levier, comme une ressource pour porter plus loin le travail d’acquisition de la langue. Non loin de là, voyageons en terre inconnue et pourtant si proche géographiquement : le pays gaumais. Christine Corbi nous propose un parcours intérieur à la découverte d’une culture, d’une langue. Reporter en terre gaumaise, nous plantons le décor : paysage vallonné, villages et rivières, bois et senteurs mais aussi les forges et fonderies des siècles passés. En France ? En Belgique ? Au Luxembourg ? Parfois les frontières semblent artificielles. Par le biais d’une fable « les deux chiens », on s’essaie à la langue gaumaise pensant y reconnaître quelques mots mais attention au contresens ! Progressivement en associant mots et tournures de phrases aux jeux d’images, on reconstruit collectivement le sens de l’histoire jusqu’à en comprendre la morale.

Jour 4: « L’avenir en projets »

Pour cette dernière matinée, les trois ateliers proposés explorent des pistes pour « faire autrement ». Michèle Prandi nous propose Une baignade à Asnières : de la National Gallery à la classe. Dans une période où les finalités des voyages scolaires échappent parfois aux acteurs, elle aborde quelques pistes pour saisir les opportunités d’un tel projet en s’appuyant sur la pluridisciplinarité. Approche mathématique, approche artistique, approche des mots, approche d’un moment de l’histoire : un essai pour changer le regard et faire parler le tableau pour le découvrir. Autre grand classique de l’activité scolaire et ce, quelle que soit la discipline : l’exposé que Maria Alice Médioni invite à revisiter. Cette activité séduisante à première vue pour rompre avec le cours magistral est souvent frustrante car l’exercice est plus difficile qu’on ne croit et la prestation parfois inintéressante pour tout un chacun. Comment faire pour rendre tous les apprenants acteurs et sujet de la tâche ? L’atelier vise à créer une situation de construction collective, où chacun peut s’emparer de la recherche produite par d’autres.
Embarquons-nous,  Agnès Mignot interroge l’idée selon laquelle les élèves apprennent mieux « lorsque c’est ludique ». Elle nous organise donc une recherche au trésor pédagogique ! Epreuves à la recherche du son, du sens, des jeux grâce à un fonds de ressources impressionnant : bibliothèque de livres jeunesse, comptines et jeux divers, banque sonore et visuelle pour s’initier aux virelangues. Chaque groupe explorant une piste permet à tous de découvrir lors de la restitution collective différentes facettes de ce qui peut apparaître ludique dans l’activité. Dans l’analyse qui a suivi, ce qui a semblé le plus intéressant dans cette proposition, c’est l’approche kinesthésique associée à la nécessaire coopération entre les participants pour faire progresser l’ensemble du groupe La pratique du jeu en pédagogie ne se suffit pas en elle-même, elle doit s’accompagner d’une réflexion sur ce qui s’apprend en s’appuyant sur la force du collectif.
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La synthèse de clôture de Marie Alice Médioni s’articule autour de trois questions : Pourquoi changer ses pratiques ? Pourquoi faire ? Quelles urgences ?
Le changement peut être suggéré ou imposé de l’extérieur et caractérisé par une technique, une méthode ou une procédure. Plusieurs caractéristiques du changement : l’éphémère, l’alternance, l’inertie. Mais ce qui est nouveau, l’est par rapport à quoi ? Le changement s’enracine dans des amonts qu’ils soient déclarés, occultés ou ignorés. Il présuppose que l’intention est de mieux faire mais cela peut survenir par une demande pressante, des incitations. Elle rappelle la citation de Jean Houssaye (2014) : « [ ] si les choses ne bougent pas, ou pas vraiment, c’est bien parce que, majoritairement les enseignants font tout, ou presque, pour cela. [ ], l’isolement et l’individualisme forment une combinaison favorable au conservatisme pédagogique. Les enseignants privilégient les formes d’enseignement « ayant fait leurs preuves », ils limitent les risques. » C’est que cette aventure implique une prise de risque et l’abandon des routines familières ; le changement est facteur de créativité mais aussi d’incertitude, de désordre et de conflit. Mais ne pas changer ne comporte-t-il pas des risques ?
Souvent le changement se heurte à des résistances et chacun se questionne sur les finalités du changement. S’il y a nouveauté, la rupture est-elle suffisamment subversive pour transformer véritablement les pratiques ? L’institution ?
« Certaines pratiques aux habits de modernité peuvent s’avérer discriminantes, leurrer les élèves sur ce qui importe, les aveugler sur l’essentiel faute de clarté. Pour le GFEN, l’innovation est moins dans l’habillage des situations que dans une refonte de leur conception et de leur conduite pour créer les conditions d’une réussite partagée, au sein d’un collectif classe solidaire. » (GFEN 2013)
Quelles urgences aujourd’hui ? Une mise en oeuvre effective et de l’émancipation, une autre conception de la formation. Cela nécessite une autre pédagogie basée sur le pari de l’éducabilité, l’accent doit être mis sur la réussite et la compréhension des enjeux de l’apprentissage.   Rien ne se fera sans une élévation du niveau de conscience politique des enjeux d’appropriation de ces savoirs et des logiques sociales qui participent à la disqualification scolaire. Pour cette mise en place, plutôt que des exécutants dociles, les enseignants doivent être des expérimentateurs hardis ! Lire la synthèse de clôture
Les participants sont cordialement invités à participer aux prochaines activités ou manifestations prévues pour la prochaine année scolaire.
Mais ce compte-rendu serait incomplet  sans les remerciements à David Rouveure et son équipe pour l’organisation sans faille de l’accueil et de la restauration : convivialité qui installe ce cadre sécurisant propice à toute réussite !
Jacqueline Bonnard
photos : Jacqueline Bonnard et Eddy Sebahi

Lire les documents de l’UE et le calendrier de l’année sur le site du secteur Langues

8ème UE du secteur Langues. Réussir en langues…Savoirs, gestes et situations à construire

Réussir en langues… Savoirs, gestes et situations à construire, telle était la thématique de cette université qui s’est déroulée comme à l’habitude dans l?école Jean Moulin de Vénissieux, en présence 80 participants sous une chaleur estivale. 


L’introduction de Maria-Alice Médioni pose les objectifs de ces journées : travailler à ce que réussir veut dire aussi bien pour l’apprenant que pour l’enseignant et le formateur. « Le plaisir du déplacement associé à la réussite ». Elle remercie les intervenants : Jean-Paul et Marie-Françoise Narcy-Combes, didacticiens des Langues qui souhaitent participer à l’intégralité de cette Université d’été.

Journée 1 : Le défi, la prise de risques
Pour débuter une même démarche à vivre pour tous, en quatre langues différentes : Atelier chansons.

Les participants se répartissent en fonction de leur langue de prédilection. A partir d’une situation insolite, il s’agit de mettre l’imaginaire en jeu pour aboutir à l’écriture d’une chanson présentée lors du concert. Encore faut-il s’entendre sur ce qui caractérise une chanson : texte court, des rimes, des couplets, mémorisable, du rythme, de la musique, un refrain, création et poésie, pas forcément chanté.

Individuellement, chacun choisit dans une banque de slogans publicitaires des fragments de phrases qui plaisent ou qu’on a envie de garder : première écriture de ce qui deviendra peut-être un succès! Affichage, collecte de trouvailles, textes retravaillés. Alternant phases individuelle et collective, chaque groupe produit un texte à chanter et scénariser : défi relevé lors du concert annoncé ! Mais sont-ce des chansons ? Un retour sur la première affiche permet de s’en assurer. 
Si l’on se projette en classe, comment lever les malentendus autour de cette situation d’apprentissage auprès des élèves, des parents ? Le jeu de rôle qui suit permet de réunir les points de vue des différents acteurs : élèves de la classe, parents, enseignant. Des pistes sont listées : rappeler les objets d’apprentissage, revenir sur les différentes étapes du processus de création, installer un retour réflexif à l’issue de la démarche pour lister ce qu’on a appris, socialiser les textes produits (recueil ou exposition).
L’analyse de ce premier atelier a permis d’en fixer les étapes, la posture de l’enseignant en fonction des attendus, les apprentissages visés, l’intérêt de mettre en place une situation qui installe un collectif d’apprenants. 

Jour 2 : Réussir et comprendre : action, conceptualisation et vice et versa

Quatre ateliers en parallèle, le matin. Connaissez-vous Ramon Llull ? propose de faire découvrir une des « figures-phare » de la culture catalane, entre mythification et oubli. « Double indemnity » [Assurance sur la mort] s?appuie sur les films noirs d’avant-guerre pour ouvrir la curiosité à ce genre de film policier, contrepoint au cinéma étasunien d’aujourd’hui où action se conjugue avec violence. Un troisième atelier interroge la liberté d’expression en classe de langue : apprendre à argumenter et prendre de la distance sur un sujet complexe.

Arrêtons-nous sur l’atelier plurilinguisme en maternelle. Réussir et comprendre pour le groupe, c’est quoi ? Si réussir semble faire consensus (atteindre un objectif fixé), comprendre revêt différentes réalités : donner un sens à une situation, s’approprier les notions associées à la situation par exemple. Mais chacun admet que la compréhension ne suffit pas toujours pour réussir. 

Dans toutes les cultures, l’endormissement du tout petit s’accompagne  d’une berceuse. Qu’est-ce qu’une berceuse ? Laissons-nous aller à voyager dans l’espace et le temps. 7 extraits musicaux chantés, parlés, rythmés, balancés où l’on découvre que berceuses et comptines se jouent de notre compréhension et nous obligent à en reconstruire le concept (pas si simple). C’est pourtant une approche intéressante pour une situation multilingue à l’école maternelle dans le cadre de l’éveil à la diversité linguistique préconisé dès la moyenne section par le programme d’enseignement de l’école maternelle. Cette activité permet à l’enfant de prendre conscience que la communication peut passer par d’autres langues que le français. Deux activités filmées en classe montrent que de jeunes enfants sont capables de percevoir des similitudes entre des extraits chantés dans différentes langues. 
Quatre ateliers en parallèle l’après-midi. Ce qui caractérise les universités du secteur langue est cette invitation au voyage, à la découverte d’univers faits de sons et de rythmes à la fois étrange(r)s mais en même temps si proches lorsqu’on accepte de s’ouvrir à l?autre. « Rapa Nui, un camino de gigantes » [un chemin de géants] nous propose un voyage vers l’île la plus isolée du monde. Un autre atelier propose de comprendre le fonctionnement du chinois en enclenchant un processus créatif et poétique autour d’une comptine Lundi, mardi. 

Et que dire de l’univers de Pina Bausch, la grande chorégraphe allemande : « Dansez, dansez, sinon nous sommes perdus ». Danse théâtralisée ou théâtre dansé ? Sur les images affichées, le tanztheater se joue des registres et des codes et semble s’appuyer sur les pulsions du corps humain : une occasion pour renouer avec un vocabulaire autour des émotions et des sentiments qui s’affiche progressivement sur les panneaux d’affichage. Qui a vu l?introduction du film d’Almodovar « Parle avec elle » comprend l’importance du mouvement dans le concept de « danse-théâtre » selon Pina Bausch. Chaque groupe tire au sort un sentiment puis s’essaie à un mouvement collectif en six temps pour l’exprimer : prise de risque pour le néophyte mais jubilation à la découverte par les autres groupes du sentiment exprimé. 

Dans une autre salle, on planche sur questions et questionnements. Suffit-il de poser des questions pour (se) questionner ? En langue étrangère comme ailleurs, s’interroger sur cette pratique en classe oblige à en cerner la pertinence et les conditions à mettre en place pour qu’il y ait une réelle construction de savoir. 

Jour 3 : Pédagogie explicite ou appropriation de connaissances ?

Le matin. Intervention de Jean-Paul Narcy-Combes : Réussir, Vous avez dit réussir ? Réflexions sur ce construit en didactique des langues.

Réussir est un construit social qui reste très ambigu en psychologie. S’appuyant sur les représentations des participants (réponses à un questionnaire remis en jour1), Jean-Paul Narcy-Combes relève une certaine homogénéité : la réussite renvoie à l’accomplissement de la personne qui réalise une tâche. Il ne suffit pas d’atteindre l’objectif visé, il faut oser interroger le monde et transformer tout problème en réussite, dépasser les obstacles et aller au-delà de ses capacités. C’est un certain regard sur la vie loin d’être majoritaire dans notre société : les présents à l’UE ne sont pas là par hasard !

Mais réussir en langues ? Majoritairement les réponses montrent qu’on a beaucoup de mal à se projeter autrement qu’enseignant : arriver à communiquer de manière autonome, c’est à la fois compliqué et contradictoire. Au mot autonome, les anglo-saxons préfèrent celui de responsable. J-P Narcy-Combes  propose de laisser tomber le terme de locuteur natif : la communication s’appuie sur un jeu de projection extraordinaire, elle suppose un bagage linguistique à retravailler ou remplacer. 
On n’accède à la pensée que grâce au langage. Tout dans notre corps se passe par liens neurophysiologiques mais il y a rupture entre notre corps et ce qu’est la pensée. Contrairement à l’ordinateur l’humain est à la fois le hard et le soft : apprendre se construit en faisant et on ne peut pas dissocier la langue du contenu. D’où l’importance de la psychologie lorsqu’on aborde la communication car comprendre celui qui réagit prévient les situations violentes : l’intensité d’une réaction n’est justifiée que par ce que nous sommes et ce en quoi nous croyons. Quels fondements théoriques ? Les travaux scientifiques montrent que ce sont nos émotions qui déclenchent la cognition et génèrent nos comportements. La neurophysiologie est universelle mais psychologiquement, il n’y a pas deux individus identiques. Si nous fonctionnons par analogie, la pensée humaine est avant tout métaphorique et la métaphore est ennemie de la science. 
On produit une langue lorsqu’on codifie ; la norme permet l’écrit, ce qui n’est jamais neutre et nécessite de s’interroger sur l’intentionnalité et la façon dont la connaissance est distribuée. Quelle place de l’enseignant de langues ? C’est un métier de passeur de culture.

L’après-midi. Quatre ateliers en parallèle Au GFEN, on dit qu’expliquer empêche de comprendre. Mais quelles situations mettre en place pour que l’apprenant s’approprie les savoirs visés tout en développant sa capacité à se penser apprenant ?

L’atelier Faites vos jeux ! La consigne : donne, passe et gagne !  s’attaque aux gestes professionnels pour construire et transmettre des consignes de façon pertinente à travers des dispositifs de communication variés. Dans une salle voisine, on s’interroge sur l’auto-socio-construction dans tous ses états et comment la penser au quotidien dans la classe et dans la formation, dans une perspective de mise en activité intellectuelle du sujet en interaction avec les objets de savoirs et ses pairs. Apprendre est une invitation au festival des erreurs : l’erreur ennemie ou alliée ? Impasse ou tremplin ? Humaine seulement ? 
S’agit-il de mettre en place une pédagogie explicite ou de rendre explicite les apprentissages vécus ? L’atelier Les journaux de bord et portfolios propose une réflexion sur la mise en place d’outils dont les noms nous sont familiers mais dont les usages sont assez peu répandus dans les classes. Dans un premier temps, à partir d’un Q-sort s’appuyant sur dix propositions, chaque groupe élabore une définition de « journal de bord » et « portfolio ». Après confrontation de points de vue, des affiches sont élaborées mettant en avant les éléments importants retenus. Pour le journal de bord : ce que j’ai appris et comment ? outil personnel de suivi, mes réussites et les obstacles rencontrés, base d’un dialogue élève/professeur. Pour le portfolio : ce dont je suis capable, recueil de productions ou réalisations, outil personnel d’autoévaluation en termes de savoirs et savoir-faire. 
La limite est parfois ténue entre journal de bord et portfolio comme en témoigne l’étude d’outils élaborés et mis en ?uvre par des collègues. L’important semble moins d’établir une grille d’items à cocher au fur et à mesure des activités que d’installer une attitude réflexive chez l’apprenant pour rendre explicite ce qui est en travail en termes de savoirs et de processus d’appropriation des connaissances. Ce sont deux outils qui, utilisés avec souplesse, permettent de sortir du contrôle externe des acquis par l’expert pour installer une évaluation formative par une interaction entre l’enseignant, l’élève et ses pairs, gage d’une régulation des apprentissages par l’apprenant lui-même. L’échange qui a suivi a ouvert quelques pistes de mise en ?uvre dans différents degrés d’enseignement ainsi que la nécessité d’une analyse collective et régulière de ces pratiques.

Jour 4 : Le travail personnel : développement de l’apprenant et accompagnement par l’enseigant, le formateur.

On parle beaucoup du travail personnel de l’élève mais pour autant tout le monde y met-il le même signifiant ? Quand et comment accompagner l’élève dans le travail requis dans et hors la classe ?

Quatre ateliers.  Deux ateliers sur le travail personnel dont un animé par Marie-Françoise Narcy-Combes où il s’est agi de définir sa place dans le développement personnel des élèves. L’accent a été mis sur la complexité des apprentissages : exposition aux différents types de discours, nécessité d’interactions et actions, entraînement, métaréflexions. Tout apprentissage permet un développement cognitif et langagier qui s’opère dans un environnement socio-culturel. L’usage des TIC peut-il favoriser le travail personnel de l’élève ? L’apport des outils connectés instaure une nouvelle posture tant du côté  du formateur que de l’apprenant : l’accessibilité à l’information est exponentielle. Pour autant l’acquisition de savoir ne s’en trouve pas toujours facilité et c’est en classe qu’il s’agit de structurer ce qui est en travail. L’exercice de l’esprit critique et la mise à distance d’une information si rapidement offerte sont nécessaires à une conception cohérente du monde. 

Le deuxième atelier portait sur les gestes de l’étude à construire : quels attendus des différents acteurs concernés ? qu’est-ce qui permet ou pas la construction des gestes de l’étude ? Après avoir répertorié les différents lieux et types d’activités associés aux gestes de l’étude, les participants ont été amenés à lister ce qui peut faire empêchement à la construction des gestes de l’étude ou au contraire donner du sens aux devoirs. Quelques exemples pour installer ces gestes : point-méthode en classe (temps de réflexion personnelle puis échanges sur les stratégies de mémorisation), travail en projet, cahier d’exercisation (travail individuel à la maison avec corrigé pour vérifier un point de grammaire ou de conjugaison). Des pistes à creuser pour accompagner et faire en sorte que tous s’approprient ces gestes : casser le mythe de l’enseignant tout-puissant, permettre le choix des travaux à réaliser, susciter des temps d’entre-aide entre élèves, créer le besoin chez l’élève pour qu’il se questionne.
Un troisième atelier proposait de découvrir différentes approches, stratégies et outils à l’école primaire pour apprendre à mémoriser efficacement en classe de langues à partir de cinq activités langagières du CERCRL à un niveau A1.
Dans une période où la formation à distance devient prégnante, une réflexion sur les dispositifs hybrides se devait d’être là. A partir d’un dispositif mis en place à l’université Lyon2, l’articulation entre présentiel et non-présentiel a été abordé de même que l’accompagnement du travail personnel de l’apprenant dans ce type de formation. 

En clôture de cette université, Maria-Alice Médioni pose à nouveau la question de la réussite au regard des travaux de ces quatre jours. « Il n’y a que dans le dictionnaire que réussite vient avant travail » écrit le journaliste Pierre Fornerod. L’intention ne suffit pas pour apprendre, ni pour réussir. Il faut également du travail personnel et collectif de type intellectuel, des modalités de travail, un travail réflexif et de compréhension, de la régularité et de la constance. Oui, apprendre demande un effort intellectuel intense mais tous les efforts ne paient pas et il y a nécessité d’un accompagnement, de régulation. Pour accepter de changer, il faut y trouver un bénéfice et apprendre de ses erreurs suppose qu’on soit entraîné à le faire : le moteur de la réussite, c’est tout de même la réussite !        

Mais il y a des formes de réussites qui sont des renoncements, voire des reniements, pour se plier à un système. Pour nous, la réussite ne consiste pas à se conformer mais à se former au travail intellectuel. 
Faut-il la considérer comme l’atteinte d’un objectif fixé ou comme recherche du dépassement ? Est-elle légitime quand elle consiste à écraser l’autre ? Il est primordial de se poser la question des valeurs à travers la réussite à l’école. Au mot réussite il faut associer le mot courage : courage du commencement, courage de se tromper, courage de faire et de refaire, courage de la prise de risques ; ce qui nécessite l’installation d’un cadre sécurisant. 
Si réussir, c’est résoudre des problèmes difficiles, c’est surtout ouvrir des possibles. Si l’ambition est « l’épopée de soi » (Vincent Cespedes), avoir de l’ambition pour tous est une exigence de justice sociale.

Mais ce reportage serait incomplet sans l’annonce de la sortie du dernier ouvrage collectif du secteur Langues : Débuter en Langues  chez Chronique Sociale. en savoir plus 
Il le serait également  sans les remerciements à David et son équipe pour l’organisation sans faille de l’accueil et de la restauration : convivialité qui installe ce cadre sécurisant propice à toute réussite !

Jacqueline Bonnard
photos : Jacqueline Bonnard et Eddy Sebahi

Lire les documents de l’UE sur le site du secteur Langues

13ème Rendez-vous du Secteur Langues : Présentiel et distanciel

Les 12 et 13 MARS 2016 à Vénissieux

Pour son 13ème « Rendez-vous », le Secteur Langues du GFEN s’est proposé de travailler sur l’articulation entre présentiel et distanciel.
Partant du constat que les dispositifs alternant le présentiel et le distanciel se multiplient ces dernières années, du fait du développement des outils technologiques qui le rendent possible, et d’une demande institutionnelle et sociale d’enseignement et d’apprentissage à distance, les différentes propositions du week-end avaient comme objectif d’explorer différentes modalités de travail, leur fonction, la plus-value qu’elles apportent ou pas, etc.
Au Secteur Langues du GFEN, la préoccupation centrale est avant tout pédagogique, dans une perspective de lutte contre les inégalités. Les supports et les outils ne sont considérés que comme des moyens susceptibles de faciliter la mise en œuvre de situations d’apprentissage au service de l’apprentissage des langues et de la construction de la citoyenneté. Nous n’avons donc pas développé, comme d’autres groupes, une focalisation sur le numérique qui oblige à s’interroger sur les places respectives, dans notre agir professionnel, du processus d’apprentissage et de l’utilisation des machines. D’autant que la pression institutionnelle est constante et fait oublier d’autres technologies promues en leur temps et abandonnées depuis longtemps (tableau de feutre, diapositives, labo de langues, etc.) ou en voie d’abandon (TBI ou tablettes ). Nous avons donc privilégié des expériences menées par certains d’entre nous, particulièrement dans le but de les interroger et pour explorer plus particulièrement l’articulation entre le présentiel et le distanciel dans ce qu’elle a d’incontournable aujourd’hui. 
Les deux ateliers du matin ont concerné le travail mené avec des partenaires hors de la classe. Comment mener une enquête et en partager les conclusions quand on est apprenant d’anglais en France, en Espagne et au Danemark ? Que faire ensemble quand on se retrouve entre correspondants français et allemands ? Quelle plus-value peut apporter un dispositif comme eTwining dans le premier projet ? Quelles situations en présentiel peuvent enclencher, dynamiser et garantir le travail en non-présentiel quand les correspondants se retrouvent pour mener un projet ensemble ? Force est de constater que dans les deux cas, la pédagogie du projet est au centre des dispositifs mis en œuvre, comme modalité la plus cohérente dans la question des relations entre ce qu’on fait en classe et hors de la classe. 
L’après-midi était consacrée à l’intervention de Bruno Devauchelle, Chargé de mission TICE, Professeur associé à l’Université de Poitiers). Auteur notamment d’un ouvrage, Multimédiatiser l’école ? (Hachette Education, 1999, 176 pages), d’un site  et d’un blog.
Maria-Alice MEDIONI

7ème UE du secteur Langues. Débuter: premiers pas, premiers actes, premiers essais…

Du 24 au 26 août 2015, à l’école Jean Moulin de Vénissieux, cette 7ème Université d’été du Secteur Langues du GFEN proposait de travailler ce que débuter veut dire aussi bien pour l’élève, l’étudiant, l’adulte en formation… pour tout apprenant en somme. Une centaine de personnes a répondu présent pour explorer cette problématique. C’est le travail d’équipe d’une vingtaine de personnes se réunissant une fois par mois à Vénissieux et s’appuyant  sur les deux antennes locales du secteur à Paris-Île de France-Nord et à Toulouse qui permet d’asseoir cette action dans le paysage de la pré-rentrée. On note la présence d’une majorité de professeurs de Langues (mais pas seulement) et de participants venus de pays différents.

En ouvrant l’université, Maria-Alice Médioni souligne l’aspect à la fois exaltant et angoissant de tout début. Elle note le travail effectué dans le secteur pour produire les 17 ateliers (presque tous nouveaux) et le fait que pour certains animateurs se sera également un début dans l’animation. Elle dénonce la situation faite aux professeurs débutants qui doivent faire leurs premières armes dans des classes difficiles et les préoccupations qui sont les leurs lorsque la formation ne permet pas de mettre en travail les questions qui se posent. Cette Université d’été est une invitation à tordre le cou au fatalisme ambiant pour devenir chercheur de son propre enseignement. lire le texte d’ouverture

Journée 1 : Débuter dans une langue nouvelle

Tout commence par une même démarche : lire en Polonais déclinée sur quatre ateliers.

Cette démarche-phare du GFEN a été conçue par des militants Rouennais qui souhaitaient comprendre comment s’y prennent les enfants non-lecteurs à la découverte d’un texte. Situation de lecture donc, à la recherche du sens du texte proposé, une lettre en polonais. Avec le défi suivant : à l’issue de l’atelier tout le monde aura lu le texte… Le texte distribué, le moins que l’on puisse dire, c’est que tous n’en sont pas persuadés. Dans un premier temps, chacun est invité à retrouver les mots qu’il croit (re)connaître avant de mettre en commun dans chaque groupe ce qui a été trouvé. L’animateur invite à se mettre d’accord sur une interprétation commune tout en indiquant qu’une aide sera possible. Un dictionnaire ? Oui, mais quand ? Certains l’acceptent, d’autres non, persuadés qu’ils réussiront sans aide !
Lorsqu’il s’agit de restituer, l’animateur note toutes les propositions et progressivement le texte s’ajuste au gré des arguments. La jubilation est à son comble lorsque la version finale se trouve être la traduction en français de la lettre.
Dans l’analyse qui a suivi, chacun reprend les différentes phases de la démarche, les consignes données et le rôle de l’animateur. On repère les éléments facilitateurs de la tâche : la force du collectif, l’hétérogénéité, l’alternance travail individuel/travail collectif, l’accueil bienveillant de l’animateur garant du cadre.  Débuter l’année par cette démarche crée une cohésion de groupe ou de classe, la confrontation et l’échange permettant d’aller plus loin. De plus, se rendre compte du fonctionnement d’une langue permet le transfert sur d’autres langues.
Après un repas pris en commun, un détour du côté de ces étranges langues étrangères : si loin si proches de nous… qu’il s’agisse du vietnamien La langue au chat avec Eddy Sebahi, du basque Euskara da ! avec Fabrice Corrons, « C’est du chinois ! » avec Jessica Picarle , du néerlandais Eerste stappen in het nederlands avec Christian Pirlet. Autant d’ateliers qui mettent en double position : apprenant et formateur.

Pourquoi s’intéresser au néerlandais, cette langue fort peu connue et parlée sur un si petit territoire?

Débuter en néerlandais, c’est entrer dans d’autres sonorités à la fois familières et étranges, s’essayer à répéter quelques formules de politesse puis entrer dans cette comptine où s’affrontent un pingouin et  un perroquet. On écoute le dialogue et on essaie d’en comprendre un maximum de choses. Qui sera pingouin ? Qui sera perroquet ? Mais se pose la question du sens et la logique qui permet de retrouver la structure du poème. Et des célébrités qui parlent néerlandais, on en connait?  Eddy Merckx, Axelle Red, Matthias Schoenaerts… si proches.
Un retour réflexif sur l’atelier a permis d’aborder les stratégies d’apprentissage face à la nouveauté, les blocages liés à ce qu’on croit savoir, le choix des ressources utilisées.  Dans les premiers apprentissages, le repérage des pronoms, de « qui parle à qui », des répétitions permettent d’identifier la situation de communication. Dans cette situation particulière où l’enseignant  renoue avec le statut de débutant, il est amené à comprendre ce qui se passe pour un élève face à une langue étrangère : le manque de repères, la difficulté à oraliser ou répéter un mot, une phrase.

Jour 2 : Débuter dans un nouveau métier

Quatre entrées complémentaires pour explorer cette problématique : La première heure de classe avec Valérie Péan et Eddy Sebahi qui explorent des pistes sur les choix à opérer en ce moment particulier qui conditionne souvent l’atmosphère de la classe. Autorité, charisme, rayonnement ? avec Gaëlle Penverne et Bettina Balestier pour analyser l’imaginaire associé à l’autorité de l’enseignant et travailler la complexité de la question de l’autorité en s’appuyant sur les apports théoriques afin de proposer des pistes optimistes. Le culturel avec Florence Mazet et Céline Auguet, vise à explorer l’articulation du linguistique et du culturel tout en interrogeant les représentations sur le culturel, en analysant des situations de classe à la lumière de textes théoriques.

Arrêtons-nous sur tout ce qui se passe à notre insu dans l’exercice du métier avec Christine Corbi et Agnès Mignot. Cet atelier prend appui sur un travail de thèse s’appuyant sur l’analyse ergonomique de l’activité des professeurs des écoles lorsqu’ils enseignent les langues vivantes étrangères (LVE). Bienvenue dans une classe de CP-CE1 pour une initiation à l’anglais car aujourd’hui on enseigne une langue vivante étrangère à l’école primaire. Il s’agit de se familiariser avec les sonorités, jouer avec les mots, repérer les invariants et comparer avec la langue maternelle. A l’aide de vidéos, on observe une enseignante débutante répondre à cette commande institutionnelle : entre ce qui est prévu et ce qui est réalisé, quel écart ?

Pour chaque extrait, et à partir de ce que chacun a prévu d’observer (l’activité de l’enseignant ou celle des élèves), on note cet écart. Après un échange collectif sur ces observations, Christine Corbi présente l’étude qui a été menée dont le cadre théorique et méthodologique relève de l’analyse du travail.  Le réalisé est ce qu’on a vu (cf Yves Clot), le prescrit relève du programme. Pour pouvoir mesurer cet écart, on utilise un regard tiers : par l’observation de son action via la vidéo et l’auto-confrontation simple (avec le chercheur qui s’assure de la bonne compréhension de la situation), le professionnel est à même de rechercher les points critiques de son action. L’échange est enregistré et retransmis. Puis on procède à une auto-confrontation croisée qui fait intervenir le regard d’un autre collègue sur la situation pour inviter à la controverse professionnelle, gage d’une réflexion sur l’acte posé.
En s’appuyant sur les extraits des pages de verbatim des entretiens, les propos de l’enseignant débutant  font naître un questionnement : quelles compétences linguistiques pour l’enseignant ? Quelle formation des enseignants sur la langue à enseigner ? Le jeu suffit-il pour que l’élève apprenne ? Est-on toujours au clair sur ce qu’on enseigne ?…
Christine Corbi l’affirme : le sentiment d’auto-efficacité s’appuie sur un équilibre  entre la démarche didactique et pédagogique, la conduite de classe, la maîtrise disciplinaire. Elle varie en fonction de l’intensité de ces registres.

L’après-midi, intervention de Philippe Meirieu : Peut-on apprendre à commencer ?

On n’apprend jamais à commencer et tout commencement suppose une prise de risque. Si l’on veut éviter la reproduction de gestes professionnels qui n’ont pas démontré leur efficacité, quelle posture adopter ?  Il en est de l’enseignement comme d’autres champs qui interviennent sur l’humain : on se trouve dans une inconnue permanente et le résultat de l’activité est incertain, ce qui est déstabilisant. Pour sortir de l’isolement, le jeune enseignant peut certes s’appuyer sur le compagnonnage et s’essayer au métier en expérimentant des pratiques observées et analysées. Mais quel sens du métier  s’il ne s’ancre pas dans un projet fort qui s’appuie sur des valeurs d’émancipation ?

Philippe Meirieu propose comme modèle d’avenir l’enseignant militant-chercheur, qui s’appuie sur une approche réflexive et collective du métier.
La journée se termine par un travail en petits groupes pour croiser les regards sur ces deux premiers jours : dégager les points forts et les interrogations.  On relève l’intérêt des différentes étapes individuel/groupe/grand groupe. On souligne que chacun peut apporter sa pierre à l’édifice, oser faire des hypothèses même lorsqu’on n’est pas sûr de soi. Avec les ressources des uns, des autres, on devient capable de construire des énoncés même dans une langue qu’on ne connait pas au départ. Mais certains aimeraient des temps de pause, ces moments « où on ne fait rien » pour des échanges informels… et souffler un peu !
Ce fut le cas lors du repas du soir, moment convivial, dans un restaurant lyonnais.

Jour 3 : Des déplacements nécessaires

 
Entrer dans l’apprentissage d’une langue étrangère, ce n’est pas seulement acquérir un vocabulaire, apprendre sa grammaire, passer de longues heures à déchiffrer un texte, c’est d’abord entrer dans la culture dont elle s’est nourrie. Le matin, faisons le pari du culturel...
Lisa Boinon et Valérie Péan proposent un voyage dans la vie de Frida Kahlo : une vie dans un autoportrait et posent la question de l’étayage et des ressources à utiliser… pour ceux qui débutent en langue espagnole. Jessica Picarle nous plonge dans le système d’écriture chinois, de l’épée au pinceau : système d’écriture unique où l’esthétisme se mêle à la rigueur, où la notation du monde devient philosophie. A la rencontre de l’autre, à la rencontre de soi… Partons à la découverte d’auteurs catalans contemporains avec Roger Fusté Suné en partant de leurs portraits.

Beaucoup plus classique, l’atelier proposé par Erwan Raulet : Il était une fois l’Amérique… Rien à voir cependant avec une histoire populaire américaine d’Howard Zinn. Approche classique en apparence car il s’agit en réalité de détourner la page illustrée d’un livre scolaire pour en faire une démarche d’appropriation des grandes périodes de l’histoire des Etats-Unis.

Dans un premier temps, proposer ce qu’il paraît important de « faire apprendre » aux élèves à ce sujet : Pourquoi le nom Etats-Unis ? – Histoire et découverte, conquête ? Localisation et impact de l’immensité sur la manière de vivre ? Esclavage/ségrégation/droits civiques ? BD ? Drapeau…
Mais quels obstacles peut-on envisager ? Des stéréotypes véhiculés par les médias – L’idéologie politique du professeur – La confusion avec le Royaume Uni  et l’Irlande – Le manque de vocabulaire ? Le rapport langue/culture…
L’atelier proposé est destiné à des élèves de quatrième (niveau A1-A2)… on devrait donc s’en sortir!
Nous disposons d’une série d’images relatant des événements historiques facilement reconnaissables qu’il s’agit de réorganiser dans l’ordre chronologique. Après écoute d’un enregistrement en anglais qui récapitule la chronologie, on rectifie. Puis on refait une écoute pour une vérification et des réajustements nécessaires, en collectif. Arrivent les légendes associées qu’il faut replacer sous les vignettes. Dans l’échange collectif qui suit, on liste les difficultés rencontrées : les prises d’indices parfois difficiles en raison des représentations antérieures ou des lacunes historiques ; les stratégies sont différentes soit par élimination ou par déduction ou encore par association de noms repérés dans les légendes avec des indices sur les images.
Vient la deuxième partie de la tâche présentée sous la forme d’un jeu qui consiste à poser des questions sur les événements. Chaque groupe est marqué d’une couleur, chacun a un numéro. Mais  au fait, comment formule-t-on une question en anglais ? Un échange s’installe pour clarifier les formules grammaticales. Individuellement chacun prépare  trois questions en lien avec le contexte et qui seront validées par son groupe. En utilisant les codes couleur mis en place, l’animateur choisit une question auquel un numéro pris au hasard répond.
Dans l’analyse qui a suivi, deux questions sont posées : En quoi cette démarche permet-elle de faire construire des savoirs ? En quoi cela a-t-il permis de lever les obstacles ? Malgré des remarques sur le caractère aseptisé des illustrations masquant la violence des rapports sociaux qui ont marqué l’histoire de ce pays, l’ensemble des participants  s’accorde à dire que c’est une première approche historique du pays dans sa chronologie. D’autre part, un travail sur la forme interrogative à partir des productions individuelles a permis de rassurer les non linguistes. Cette entrée en matière peut s’ouvrir sur d’autres prolongements en fonction des questions que chacun se pose : exposé sur une thématique, recherche documentaire sur un événement, comparaison entre les modes de vie différents selon les pays… afin de complexifier ces images.  Il est ici démontré qu’on peut, à partir d’un document sans saveur construire une séquence qui mobilise les élèves et leur donne envie d’en savoir plus.
L’après-midi, les quatre ateliers posent le pari de la complexité pour renverser l’adage selon lequel pour apprendre il faut aller du simple au complexe. Une fête pour débuter dans l’apprentissage de l’espagnol avec La gitana de Juén avec David Rouveure, des situations plus ou moins ludiques pour s’approprier les mots de la langue et travailler les notions de simple et complexe dans What can we do ? avec Eddy Sebahi, l’entrée par la musicalité de la langue allemande pour voyage dans l’allemand sans peine avec Agnès Mignot car chacun sait que Deutch ist super ! 
Une façon très agréable de terminer cette université d’été clôturée par Maria-Alice Médioni tout en se donnant rendez-vous  pour les prochaines actions du secteur. Lire le texte de clôture
Jacqueline Bonnard
photos : Jacqueline Bonnard et Eddy Sebahi