Regards croisés sur les pratiques en pédagogies actives, 21-23 mars 7 mars 2018 Valérie Pinton Colloque international organisé par la Cocof (Commission communautaire française) du 21 au 23 mars 2018 à Bruxelles Comment les pédagogies d’hier peuvent-elles nous éclairer sur l’école d’aujourd’hui ? Comment l’école d’aujourd’hui peut-elle préparer les citoyens de demain ? Avec l’intervention de Jacques Bernardin et Jacqueline Bonnard. Le site du colloque
Dixième anniversaire des Rencontres Maternelle : 250 personnes y ont participé ! 28 janvier 2018 Jacqueline Bonnard Les rencontres Maternelle ont réuni ce samedi 27 janvier 2018, à la bourse du travail de Paris 250 personnes, le record absolu de participation depuis 10 ans. Certain.e.s sont des fidèles parmi les fidèles, venu.e.s chaque année ; d’autres régulièrement mais pas tous les ans. On s’y retrouve entre copines ou entre collègues, enseignant.e.s d’écoles maternelles, formateurs ou formatrices (nombreuses), étudiant.e.s de l’université Paris 8 et des ESPE, arrivant de Savoie, de Nantes, Avignon, Montreuil ou Bordeaux, de Bruxelles ou de Genève pour prendre « une sorte de bouffée d’oxygène » comme Christelle nous l’a écrit. Les Rencontres sont cette occasion unique dans le paysage annuel de s’enrichir mutuellement et penser collectivement le métier. Le contexte actuel est inquiétant concernant les intentions du ministre pour l’Ecole maternelle. Il est bon de ne pas se sentir seul.e. Les Rencontres l’ont permis, en organisant les regards croisés des sciences de l’éducation, de la sociologie, de la didactique, de la pédagogie en favorisant les échanges sur des questions vives et en faisant vivre des pratiques dans des ateliers de démarches et témoignages. Merci aux intervenant.e.s, enseignant-chercheur.e.s, militant.e.s qui ont animé les ateliers. Merci à l’équipe d’organisation, merci aux participant.e.s, sans qui ces rencontres ne seraient pas ce qu’elles sont, un espace de reconnaissance du travail et de formation efficace, dans un endroit symbolique. Certain.e.s ont même eu du mal à le quitter samedi soir après la clôture.
10èmes rencontres « Pour que la maternelle fasse école » – 27 janvier 2018, Paris 12 décembre 2017 Valérie Pinton Reportage des rencontres Programme, inscription (pdf) Note d’intention des rencontres (pdf) Présentation des conférences, des ateliers et des intervenants (pdf) L’affiche (pdf) Si on affirme avec le GFEN que tous les élèves sont capables d’apprendre, à condition qu’on ait des pratiques ambitieuses, alors l’école maternelle est bien ce lieu unique, au coeur du processus de démocratisation et d’accessibilité des savoirs. Les activités d’apprentissage se mènent avec des enseignant.e.s qui guident, verbalisent, accompagnent, enseignent connaissances et procédures, pour « donner de l’école à ceux qui en ont le plus besoin ». Si on veut défendre l’école, il faut la transformer, disions-nous en 2008. En 2018, continuons de dire que toutes les pratiques ne se valent pas pour faire apprendre les élèves et que l’école ne se transformera que si on transforme les pratiques professionnelles. Les Rencontres vont éclairer cette réflexion en mettant la focale sur les problèmes de métier. Enseigner à l’école maternelle actuellement, c’est se poser un certain nombre de questionnements, être en tension entre des dilemmes professionnels. Comment mener des apprentissages culturellement exigeants, proposer des situations pertinentes pour que les élèves apprennent à penser et construisent leur citoyenneté ? Les Rencontres Maternelle ont dix ans cette année. Nous ne fêtons pas le passé mais l’avenir en invitant des jeunes chercheur.e.s et des plus chevronné.e.s à mettre en travail des questions vives. Nous focalisons les ateliers sur les postures enseignantes envers les élèves et les parents. Françoise Carraud et Christine Passerieux mobiliseront respectivement les cadres théoriques et politiques de nos réflexions. Que ces rencontres 2018 soient l’occasion une fois de plus d’affirmer les valeurs d’émancipation collective et de développement personnel que porte le GFEN. Ces rencontres nationales sont ouvertes à tous, enseignants, parents, éducateurs, formateurs, élus des collectivités locales, militants associatifs… 9h l O U V E R T U R E Jacques Bernardin, président du GFEN 9h15-10h15 l C O N F É R E N C E Le métier d’enseigner aujourd’hui en maternelle Françoise Carraud 10h30-12h l A T E L I E R S : Questions vives traversant enseignement, formation, recherche 1 l Comprendre les difficultés des élèves pour réduire les inégalités scolaires : qu’en est-il d’une formation en sociologie des apprentissages ? Elisabeth Bautier/Claire Benveniste 2 l Apprendre à comprendre et à raconter pour favoriser le développement du langage oral et écrit. Sylvie Cèbe/Isabelle Roux-Baron 3 l L’énumération : un savoir venu des mathématiques qui bouscule les disciplines scolaires. Claire Margolinas/Olivier Rivière 4 l L’école face à la diversité des familles : éclairages sociologiques. Pierre Périer/Chloé Riban 5 l Apprentissages collectifs et individuels… quelles pratiques des enseignant.e.s ? Catherine Ledrapier/Damien Sage 12h00-14h l Pause déjeuner – Librairie (nombreux restaurants dans le quartier) 14h-16h l A T E L I E R S : Démarches et témoignages autour de questions de métier 6 l Entre rite et routine… les rituels. GFEN Maternelle 7 l Pourquoi perdre son temps à raconter des histoires ? Association Livre passerelle GFEN 37 8 l Quel rôle des attentes dans la construction de l’estime de soi ? GFEN 28 9 l Des situations d’apprentissage parfois contreproductives… GFEN Maternelle 10 l Rencontrer les parents : des pratiques visant un échange constructif. GFEN Maternelle 16h15-16h45 l C L O T U R E Quels enjeux ? Quelles perspectives ? Christine Passerieux Présentation des conférences, des ateliers et des intervenants (pdf)
Biennale de l’Education Nouvelle… Nous l’avons fait ! (1ère biennale-2017) 8 novembre 2017 Jacqueline Bonnard Près de 300 militants des six mouvements organisateurs* ont répondu présents à cette première biennale internationale de l’éducation nouvelle pour mieux se connaître, échanger, présenter expériences et pratiques : un programme riche et varié à retrouver sur le site de la biennale. Qui aurait parié sur cette réussite, il y a environ deux ans, lorsqu’à l’invitation des CEMEA, le comité de pilotage de cet évènement s’est réuni pour en définir l’organisation ? Le lieu, les contenus, les intervenants et surtout la faisabilité financière, autant d’interrogations nous avaient alors assaillis sur notre capacité à gérer tous les paramètres d’une telle entreprise. Le lieu : l’ESENESR Certains pourraient penser quil y a quelques contradictions à faire résonner les idées de l’éducation nouvelle dans ce lieu de formation des cadres de l’Education nationale. Ce serait oublier que cette maison financée par nos impôts fait partie du patrimoine commun. C’est un geste politique de l’investir en la meublant de slogans et pensées d’éducation nouvelle, comme un pied de nez à quelques bonnes vieilles recettes sur le retour contre lesquelles nous nous insurgeons en posant les enjeux de notre action : accès pour tous à une éducation émancipatrice porteuse d’un haut niveau d’exigence. En ouvrant cette biennale, Jean-Luc Cazaillon (directeur général des CEMEA) a posé les visées de cette manifestation : « Face à la montée d’idéologies de l’exclusion et de fermeture aux autres, face aux dangers de marchandisation de l’éducation, luttant pour promouvoir la culture et l’éducation pour tous, les valeurs de laïcité, de démocratie et pour la défense des droits humains, nos mouvements ont un message fort à affirmer, mais aussi des débats à impulser alors même que se développent des discours pauvres et démagogiques sur ces sujets. » (discours d’ouverture) Les contenus : conférences, tables rondes, débats, forum des pratiques ont alimenté ces quatre jours de rencontre alternant les formats pour un échange constructif sur les convergences de points de vue mais également les différences d’approches traversant les mouvements. Plus de 50 propositions d’ateliers de pratiques dont 9 du GFEN, 15 débats, 4 tables rondes où nous étions représentés à chaque fois, de quoi permettre à chacun de se « faire son parcours ». (re)voir le programme Les conférences portées par Edwy Plenel, Claude Lelièvre, Marjorie Vidal ont rappelé ce dont les mouvements d’Education nouvelle sont porteurs : un idéal politique d’émancipation, un mouvement permanent qui se renouvelle grâce à une autodaxie constante. Dans une ambiance aussi studieuse que fraternelle, le programme a été ponctué de rendez-vous culturels et de détente organisés par des militants locaux : à l’espace Mendès France (centre de culture scientifique, technique et industrielle) avec une intervention de Philippe Meirieu, la projection du film « une journée dans la classe de Sophie » à Canopé, une pièce de théâtre à la Quintaine, salle de spectacle de Chasseneuil du Poitou : « Gisèle. Le combat c’est vivre » suivie d’un repas convivial, sans oublier le marché des producteurs pour découvrir les spécialités locales ou encore ces espaces de détente où chacun pouvait à loisir prendre un verre, s’essayer au jeu ou feuilleter un livre. Un grand merci aux organisateurs et animateurs qui ont su allier réflexion et convivialité. Le dimanche matin, les initiateurs de la Biennale ont reçu le prix de l’association des amis de Jean Zay. Ce prix récompense une personne ou une organisation qui par son activité professionnelle et pratique et par la nouveauté de ses idées en matière de pédagogie rend des services signalés à l’Éducation, à la culture et à ce qu’il est convenu d’appeler l’Éducation populaire. Philippe Meirieu, grand témoin de ces quatre jours tonifiants, a proposé dans sa conférence de clôture douze chantiers pour l’éducation nouvelle en reprenant quelques thématiques rencontrées à l’occasion de cette biennale : coopération, réflexivité, clarté de la formulation… pour « chercher, résister, combattre ». lire le diaporama de l’intervention. Il souligne que « Les tenants de l’éducation nouvelle, née dans les années vingt aux lendemains de la Grande Guerre, s’interrogeaient sur l’avenir de la société et des enfants. C’est encore le cas aujourd’hui. ». Il ajoute : « J’ai trouvé ici de l’exigence, des gens attentifs à la rigueur des apprentissages, loin du prêt-à-porter pédagogique. Il n’y a pas de recettes, pas de dogmes, on a parlé travail ». Dans le discours de clôture, les organisateurs dressant un premier bilan de « cette aventure coopérative arrivée à bon port » soulignent que si des points sont à améliorer, d’ores et déjà un patrimoine commun est assuré permettant d’envisager un prolongement à cet évènement. Une édition 2019 et certainement une autre en 2021, pour le centenaire de la création de la ligue Internationale de l’Education nouvelle ! Formidable ovation de tout le public au final pour remercier les équipes d’accueil, de transport, d’hébergement, de restauration, de communication, de régie, de librairie et table de lecture, de convivialité, des espaces et environnements suscitants, de secrétariat, de sécurité, d’orientation, de propositions locales, de remplacement sans lesquelles le succès de cette biennale n’aurait pas été possible. *Ceméa, les CRAP/Cahiers pédagogiques, la FESPI, l’ICEM, la FICEMEA et le GFEN ************************************************ Des liens pour compléterLe site de la biennaleSur le site de Philippe Meirieu : Le diaporama de son inervention : « Que peut la pédagogie face aux défis d’aujourd’hui ? » lire Sur le site des cahiers pédagogiques – Un projet pour la société lire – L’éducation nouvelle promeut le débat pédagogique inventif lire Sur le site de Médiapart L’éducation Nouvelle : chercher, résister, combattre lire Sur le site de l’AFEF lire Mais également Sur le blog de Jean-Michel Zakhartchouk Biennale de l’éducation nouvelle, le plein d’énergie. lire Jacqueline BONNARD
Biennale de l’Education Nouvelle 23 octobre 2017 Jacqueline Bonnard Du 2 au 5 novembre se déroulera la première Biennale Internationale de l’Education Nouvelle à l’ESEN-ESR, sur la technopole du Futuroscope à l’initiative de six mouvements pédagogiques. 250 participants dont une trentaine d’internationaux sont attendus. Près de cent ans après la création de la Ligue Internationale de l’Education Nouvelle, les Ceméa, le Crap-Cahiers pédagogiques, la Fespi, l’Icem, la Fi-Ceméa et le GFEN s’associent afin de mettre l’éducation active, la pédagogie, la formation, la recherche au coeur d’un espace collectif de réflexion, de partage d’expériences et d’échanges. Des débats, tables rondes, conférences rythmeront cet évènement. La conférence d’ouverture sera faite par Edwy Plenel, Claude Lelièvre viendra apporter un regard historique sur l’Education nouvelle, Marjorie Vidal se tournera vers l’avenir. Philippe Meirieu sera présent du début à la fin de la manifestation, comme « grand témoin ». Il tentera de tirer les fils entre les différentes activités, de synthétiser les apports de l’Education nouvelle aujourd’hui et de proposer des perspectives. Savoir et émancipation, formation, innovation, création et/ou culture, laïcité, parole des jeunes, neurosciences, marchandisation de l’éducation, voici quelques thématiques qui irrigueront les échanges et les travaux des militants pendant ces quatre jours. La totalité des propositions sont consultables sur le programme. Présentation et programme de la biennale
9ème UE du secteur Langues. Changer ses pratiques 11 septembre 2017 Jacqueline Bonnard Changer ses pratiques Entre remaniements, déplacements, renversements et coups de balais ********************* 22-25 août, Vénissieux 70 enseignants se sont retrouvés à la 9ème université d’été du secteur Langues du GFEN, durant quatre jours dans l’École du centre de Vénissieux pour réfléchir et travailler collectivement à ce que signifie et suppose changer ses pratiques. Pari audacieux en cette période de « marche arrière, toute ». Jour 1 : « Le savoir comme énigme « Dans le discours d’ouverture, Maria-Alice Médioni dresse l’état des lieux de cette rentrée scolaire qui voit s’installer au ministère l’ancien directeur général de l’enseignement scolaire de Luc Chatel. Elle pointe la volonté de « détricotage » de ce qui a pu être fait antérieurement « en surfant sur le mécontentement » des élus locaux sur la mise en place des rythmes scolaires ou des enseignants sur la réforme du collège. On voit poindre un retour aux « bonnes vieilles recettes » comme le recours au redoublement, le retour aux fondamentaux : « Lire, écrire, compter » alors que, selon Eurostat, qui vient de publier son rapport annuel sur les temps d’instruction en Europe, l’école française est déjà celle qui y accorde le plus de temps. N’oublions pas la réduction des effectifs à 12 élèves par classe en CP et CE1 en zone d’éducation prioritaire au détriment du dispositif « plus de maîtres que de classe » dont l’évaluation est en cours. Pourtant nombre de recherches montrent qu’il n’y a pas de corrélation entre la baisse des effectifs et la réussite des élèves si elle n’est pas accompagnée de changement de pratiques. Le changement des pratiques, c’est le sujet de cette université qui propose d’y réfléchir dans le concret d’une pratique enseignante exigeante qui nécessite des remaniements, des déplacements lorsqu’on considère les problèmes autrement, voire des renversements en retournant la situation totalement sans oublier les coups de balai pour un nettoyage en profondeur de ce qui semblait aller de soi. C’est un véritable défi que d’oser rompre avec les habitudes non pour changer l’habillage sous couvert d’innovation (artéfacts numériques par exemple) mais pour porter le regard sur les gestes professionnels, la posture des apprenants et celle de l’enseignant. Chacun est donc invité à revisiter avec audace ces questions au cours des ateliers, démarches, mises en situation qui posent des problèmes et proposent une élaboration collective des réponses. Lire le texte d’ouverture Une même démarche à vivre pour tous : Comment se construisent les savoirs ? Trois ateliers en parallèle animés par Nathalie Fareneau, Valérie Franc, Maria-Alice Médioni, Valérie Péan, Eddy Sebahi. A partir de problèmes d’ordre épistémologique (histoire des sciences et des techniques, de sociologie, d’ethnologie, de psychologie cognitive, d’ergonomie, de linguistique), il s’agit de résoudre des énigmes qui ont été celles de l’humanité. Après un échauffement « trouver trois synonymes de savoir comme une aventure humaine« , les échanges portent sur les différentes conceptions du savoir ou de la connaissance, de la part de l’individuel et/ou du collectif. Puis des énigmes issues de différents champs disciplinaires sont réparties dans les groupes. Chaque groupe en reçoit une qu’il doit tenter de résoudre. Pas évident de se replacer dans une époque historique pour contextualiser la demande : « Comment faisaient les bûcherons de l’Ancien Régime pour évaluer le cubage d’un arbre ? » ou « Comment faisaient les arpenteurs du pharaon quand les crues du Nil avaient tout effacé ? ». Quelques savoirs scolaires remontent à la surface : on sent bien qu’il y aurait bien du Thalès ou du Pythagore là-dessous mais ces bucherons et ces arpenteurs connaissaient-ils ces théorèmes ? Quelle place d’un théorème dans la construction d’un savoir d’expérience ? Lors de la restitution, chacun affute ses arguments et l’on s’aperçoit qu’il n’est pas simple de faire le pas de côté nécessaire pour imaginer une solution cohérente. Les documents-ressources apportant la réponse aux énigmes permettent de mesurer l’écart entre nos représentations initiales et les savoirs mis en oeuvre par les agents historiques. Chaque groupe élabore ensuite un schéma permettant d’identifier les différents types de savoirs repérés, leurs relations et les conditions de leur production. Les affiches sont présentées et commentées. Dans l’analyse qui a suivi, il apparaît que tout savoir se construit en réponse à une question ou un problème qui se pose à un groupe social : c’est un processus qui s’inscrit dans le temps et nécessite la confrontation de points de vue, des ruptures, des inter-relations multiples entre les individus d’une même société mais également entre différentes sociétés. Dans la démarche proposée, il a été mis en évidence l’importance d’une réflexion individuelle avant la phase de travail en groupe, l’apport de chacun à la construction collective et l’accompagnement bienveillant des animateurs de l’atelier. Jour 2 : « Transformer le rapport au savoir » Le matin. : quatre ateliers en parallèle Roger Fusté Suñé nous fait pénétrer dans l’oeuvre d’un des artistes catalans les plus importants du XXème siècle, Joan Miró. Miró, ou comment « devenir chaque jour plus maladroit ». Chacun y est entré par le processus de la création conçue, contrairement à l’image souvent véhiculée, non comme un acte magique, mais comme un travail observable, permettant à la fois de mieux le comprendre et de le rendre plus proche, plus « étincelant », selon le mot de l’artiste. Maria Alice Médioni propose de revisiter le verbe GUSTAR ou aimer à toutes les personnes. Que de débats à propos d’un verbe si ordinaire dans la langue espagnole ! Que de confusions entretenues par les explications simplistes fournies aux élèves pour aider ! C’est vrai que GUSTAR oblige l’apprenant francophone à se décentrer par rapport à ses conceptions. Une démarche pour permettre la prise de conscience jubilatoire de tout le parti qu?on peut tirer de ce verbe. Valérie Franc invite à la compréhension de quelques codes du Flamenco, une rythmique, une letra. Un genre difficile du fait de sa complexité technique et de sa codification extrême, mais aussi, pour un public adolescent, de l’éloignement culturel, du rapport au corps et à l’altérité qu’il propose. Un atelier où le corps et l’intelligence sont constamment sollicités, interagissent et qui a animé différents espaces de cette cour d’école. Agnès Mignot travaille la localisation en allemand pour des enfants de l’école primaire en prenant appui sur le conte des frères Grimm « Le loup et les 7 chevreaux ». Grâce aux nombreuses péripéties qu’il offre, ce conte permet l’articulation entre localisation et compréhension de l?intrigue. A l’aide de cartes imagées, il s’agit de suivre la « dictée dessinée » en reclassant les éléments du décor énoncés. Progressivement mots et chiffres sont mémorisés. Puis arrivent les personnages principaux du conte, le chevreau et les emplacements possibles pour les cachettes. Lorsqu’il s’agit d’utiliser ces cachettes utiles lors de l’arrivée du loup, le brouillon d’oral permet de s’entrainer à utiliser les prépositions. La présence de 3 genres en allemand est matérialisée par 3 colonnes. En effet les mots sont ordonnés selon ce critère et l’organisation du tableau de correspondance constitue une aide à la production orale entre localisation/préposition/article. Progressivement, l’histoire est reconstituée grâce à une banque d’images. L’analyse qui a suivi a porté sur le rôle de l’activité, la posture du prof, le rôle de l’écoute. L’activité à la fois physique et intellectuelle (agencer et ordonner) vise l’appropriation d’une langue par prise d’indices ou moyens mnémotechniques et grâce aux inférences avec une autre langue. L’élève essaie de donner du sens (chronologie, orientation spatiale) tout en mémorisant les mots. L’activité en petits groupes permet de travailler la place de l’erreur par la confrontation de points de vue, s’organiser dans une construction collective. La validation des exercices est faite par les élèves. L’écoute favorise des entrées successives dans la compréhension facilitées par les paroles en allemand et les mimes de l’animateur. en savoir plus L’après-midi : quatre ateliers en parallèle Jessika Picarle dans Le geste et le trait nous fait découvrir ce qui se cache derrière l’écriture chinoise. Dessin de la réalité ? Dessin d’une idée ? Et derrière le rempart de ces traits sur lesquels il ne nous semble pas y avoir de prise ? Un atelier, comme une clé pour entrer pour entrer dans ce système d’écriture si lointain, où le geste fait sens. Florence Bourgade aborde l’éclipse. Et si la culture, les connaissances, les savoirs étaient nécessaires mais pas suffisants pour transformer le monde et le rendre plus tolérant et fraternel ? Comment transformer le rapport au savoir pour en faire une ressource de transformation du monde ? Et si on s’émancipait des frontières spatio-temporelles ? C’est le défi lancé par Eddy Sebahi en réunissant le temps d’un colloque « virtuel », des artistes qui ne se sont sans doute jamais rencontrés ? Andy Warhol, Agatha Christie, W.H. Auden et Benjamin Britten ont accepté l’invitation. A chacun d’apporter sa pierre à cette initiative. Mais pour cela, pour pouvoir prendre la parole en leurs noms respectifs, il a fallu s’outiller, et comprendre le regard que porte chacun de ces artistes sur l’art, sur la création, sur le monde. Qu’est-ce qu’on attend pour oser ? Quand les impasses deviennent des tremplins. Aude Limet propose aux participants un outil permettant d’explorer le paysage intérieur dont nous sommes porteurs. Derrière les mots mettons-nous les mêmes images ? Sans jugement de valeur, essayons de comprendre les différentes réalités d’une même situation selon les points de vue des différents acteurs. Avec l’aide du groupe et en utilisant le langage épuré, il s’agit de revisiter certains évènements qui ont fait rupture et d’en comprendre le sens. ******************* Après une pause restauration : conférence gesticulée par Vicky Juanis et Fabien Masson Fabien et Vicky Tous analphabètes ! Vicky et Fabien sont travailleurs en alphabétisation en Belgique et membres de l’association Lire et Ecrire, pris entre le marteau des politiques d’intégration, d’activation, des subsides et l’enclume des méthodologies, des pédagogies et de leurs propres modèles d’apprentissage. Ils nous invitent à entrer dans leur univers peuplé d’hommes et de femmes que la vie n’a pas épargnés mais qui, malgré tout, veulent apprendre à parler et lire dans la langue du pays d’accueil, et vite ! Lire au quotidien, c’est quoi ? Le matin, je regarde l’heure sur mon réveil. Je regarde si j’ai reçu des messages sur mon téléphone, j’en écris un ou deux en réponse, puis je vais lire les nouvelles du jour sur internet. Je vais sur un site de météo, un petit tour sur des blogs que je suis. Puis je réponds à deux-trois mails, note de nouveaux rendez-vous dans mon agenda. Je consulte l’heure du bus et m’en vais (en courant) l’attraper. Je lis un livre en attendant mon arrêt. Quoi de plus banal comme début de journée ! Sauf que depuis des décennies, pour une personne sur dix c’est totalement impossible : elles ne savent ni lire ni écrire ; exclues de ce monde de l’écrit. Chacun a son histoire, son itinéraire : dans beaucoup de pays le droit à l’école dépend des conditions économiques des familles qui sont contraintes de choisir celui qui pourra y aller. Au gré des migrations, certains arrivent dans nos pays mais le rêve se brise sur une réalité qu’ils essaient coûte que coûte d’apprivoiser en entrant dans les dispositifs qu’on leur propose dans l’espoir de garder la tête hors de l’eau. Devant Vicky, on voit défiler un monde haut en couleur aux langues et accents divers, avec des préconceptions qui percutent les meilleures intentions de l’animateur en alphabétisation. Avec humour, Fabien décrypte ses impasses et ses réussites tout en ayant conscience que les décideurs dont il dépend se soucient fort peu de la formation de ces travailleurs en alphabétisation. Un moment très fort de partage, exempt de misérabilisme, où la question du changement des pratiques s’impose aux professionnels pour mettre en cohérence gestes professionnels et valeurs humanistes. Situation qui interroge directement l’école et sa mission lorsque les analyses montrent qu’aujourd’hui, en France, 7% des adultes ayant été scolarisés sont en situation d’illettrisme. Jour 3 : » Aventure individuelle dans une dynamique collective » Intervention d’Olivier Maulini, professeur associé à l’Université de Genève et Laboratoire de recherche Innovation-Formation-Éducation (LIFE) Dans un premier temps, Olivier Maulini s’arrête sur le projet de l’UE. Donner un coup de balai sur les pratiques, est-ce une rhétorique propre au GFEN ? Dans les universités, on est sensé faire cela, mais quelle réalité ? Faut-il cela dans les pratiques ordinaires ou l’ordinaire des pratiques ? Ce dialogue entre les marges et la page porté par le GFEN interpelle l’institution : les militants sont-ils trop exigeants lorsqu’ils réclament un échange entre recherche militante et recherche universitaire? Changer les pratiques est une question éminemment politique. On peut distinguer trois niveaux : un niveau tautologique « bouger pour changer » en espérant que cela apporte quelque chose ; un deuxième niveau « bouger pour mieux faire » dans une logique de perfectibilité ; un troisième niveau « bouger pour transformer la société ». Les situations en France et en Suisse sont différentes. Ce qui compte en France, c’est la puissance du verbe lorsqu’en Suisse on recherche la concordance qui consiste à accepter de se serrer la main et rester ensemble en trouvant des modes d’accommodements pour conserver les différentes conceptions. Mais force est de constater qu’actuellement le savoir émancipateur devient de moins en moins répandu. Les enseignants ordinaires changent leurs pratiques souvent pour se faire plaisir, ils acceptent d’aborder cela sur le mode du dialogue. Il y a un contrat dans la manière d’interagir pour éviter la confrontation. Prenant l’exemple du débat sur l’autorité, Maulini démontre que le conflit cognitif est un conflit de normes : instaurer les règles en positif ou négatif, ce n’est pas la même chose. Mais sur le terrain, « chacun fait comme il veut », il faut que « ça nous corresponde ». Les jeunes enseignants ont un corpus idéologique très fort le corpus convivialiste (individualisme, authenticité, épanouissement, différenciation). On est loin du savoir émancipateur qui fait comprendre le monde et donne envie d’aller vers de nouveaux savoirs (insubordination cognitive). Dans l’articulation théorie/pratique, deux courants s’affrontent : les pragmatistes qui misent sur l’espoir plutôt que le savoir ; les rationalistes qui disent que la vérité est le résultat des discussions. Il faut faire l’effort de se donner un monde commun, installer un arbitrage par l’expérience, l’enquête, l’argumentation. L’enseignant doit être le garant pour éviter la rupture du contrat pédagogique. Quelle évolution des pratiques (sur deux millénaires) ? Dans l’histoire de la pédagogie, il y a la rhétorique pédagogique et la pratique, la rhétorique du renversement et le déroulement du changement. C’est une valse à trois temps : l’ère du compagnonnage, l’ère du quadrillage, double contrainte et différenciation. Le compagnonnage se caractérise par la transmission du savoir avant l’invention de l’école et ce, dès le paléolithique : les jeunes générations apprennent par imitation et imprégnation. La théorisation est subsidiaire : on ne pose pas de question pendant le travail mais après si nécessaire. L’ère du quadrillage (Foucault) consiste à rationaliser les rapports sociaux pour un meilleur rendement. Dans ce cadre l’exposition théorique domine et les pratiques sont auxiliaires. On voit apparaître les disciplines et le quadrillage du savoir qui rationalise l’accès du savoir avec le poids de la religion. Chacun peut l’utiliser dans l’objectif qu’il souhaite. L’exposé par l’enseignant prédomine, les jésuites instaurent les notes de 1 à 6 pour éliminer la fin de la cohorte. Double contrainte et différenciation : on cherche un équilibre entre savoir et pratique. Le projet de l’Éducation nouvelle est de proposer des situations avant d’exposer. D’autres assument cette contrainte en instaurant la différenciation. Les indicateurs d’équilibrésitation de cette période se caractérisent par : une forme scolaire problématisée (variété, variations, négociations) ; le triomphe du discours dialogué (entre contrôle et participation), le maître se calant sur l’élève « moyen fort » ; l’empilement des dispositifs institués (recours à l’élève qui ne suit pas), réponses symboliques au tri social. Dans ce cadre, le mouvement de fond se définit par la sécularisation des rapports sociaux entre socialisation et subjectivation, une double extension du moi entre revendication et discussion des droits, une légitimation instrumentale ou symbolique ou composite ou stratégique. Quelles options pour demain ? Elles peuvent être politiques : libéralisation ou bureaucratisation ou professionnalisation. Elles peuvent être éthiques : conviction, responsabilité, monde partagé. Elles peuvent être pédagogiques : double conceptualisation de la pratique et de la théorie via des unités significatives de signification car le concept est un outil d’émancipation, approche qui est caractéristique du GFEN. A l’instant « t », comment les pratiques pédagogiques changent-elles, et pour quel profit exactement ? Elles peuvent changer pour au moins deux raisons : d’abord parce que nous le voulons, ensuite parce que nous changeons aussi à notre corps défendant, voire inconsciemment. Une part d’idéalisme est ainsi nécessaire pour imaginer d’autres manières de faire ; et une dose de réalisme pour éviter de s’aveugler, de se tromper de cible ou de méthode, bref, de confondre nos désirs avec la réalité. des auditeurs attentifs Après-midi : quatre ateliers en parallèle C’est bien connu pour mémoriser, il faut répéter et répéter sans cesse : enfin c’est ce qu’on dit ! Dans son atelier, La tête et les jambes. Et le reste, Eddy Sebahi pose le paradoxe de la répétition au service des apprentissages : on répète rehearsing, mais on ne répète pas repeating! Un atelier en anglais pour penser des stratégies de mémorisation avec de jeunes apprenants à partir d’un incontournable des écoles primaires ! L’idée étant de cesser d’apprendre par le conditionnement du « mime collectif », qui ne permet, par l’imitation, que de réussir la tâche sans jamais comprendre. Dans cet atelier, on est mis en situation de pouvoir mobiliser les ressources au-delà de la simple exécution d’un chant amusant. Dans une salle voisine, Valérie Soubre propose une démarche d’écriture/réécriture à partir d’un album de littérature jeunesse, Frédéric de Léo Lionni, transposable en toutes langues. Des provisions pour l’hiver : entrer dans la pratique de l’écrit, en donnant du sens à la réécriture et montrer que l’écriture commence avant la mise en page sur un pari : tous capables ! Dans l’atelier Le Réceptionniste, Valérie Péan propose une réflexion sur la compréhension, l’acquisition du vocabulaire et la remobilisation des acquis dans des tâches de résolution de problèmes. Cet atelier met en avant une modalité de travail qui permet d’utiliser le collectif et l’hétérogénéité du groupe comme un levier, comme une ressource pour porter plus loin le travail d’acquisition de la langue. Non loin de là, voyageons en terre inconnue et pourtant si proche géographiquement : le pays gaumais. Christine Corbi nous propose un parcours intérieur à la découverte d’une culture, d’une langue. Reporter en terre gaumaise, nous plantons le décor : paysage vallonné, villages et rivières, bois et senteurs mais aussi les forges et fonderies des siècles passés. En France ? En Belgique ? Au Luxembourg ? Parfois les frontières semblent artificielles. Par le biais d’une fable « les deux chiens », on s’essaie à la langue gaumaise pensant y reconnaître quelques mots mais attention au contresens ! Progressivement en associant mots et tournures de phrases aux jeux d’images, on reconstruit collectivement le sens de l’histoire jusqu’à en comprendre la morale. Jour 4: « L’avenir en projets » Pour cette dernière matinée, les trois ateliers proposés explorent des pistes pour « faire autrement ». Michèle Prandi nous propose Une baignade à Asnières : de la National Gallery à la classe. Dans une période où les finalités des voyages scolaires échappent parfois aux acteurs, elle aborde quelques pistes pour saisir les opportunités d’un tel projet en s’appuyant sur la pluridisciplinarité. Approche mathématique, approche artistique, approche des mots, approche d’un moment de l’histoire : un essai pour changer le regard et faire parler le tableau pour le découvrir. Autre grand classique de l’activité scolaire et ce, quelle que soit la discipline : l’exposé que Maria Alice Médioni invite à revisiter. Cette activité séduisante à première vue pour rompre avec le cours magistral est souvent frustrante car l’exercice est plus difficile qu’on ne croit et la prestation parfois inintéressante pour tout un chacun. Comment faire pour rendre tous les apprenants acteurs et sujet de la tâche ? L’atelier vise à créer une situation de construction collective, où chacun peut s’emparer de la recherche produite par d’autres. Embarquons-nous, Agnès Mignot interroge l’idée selon laquelle les élèves apprennent mieux « lorsque c’est ludique ». Elle nous organise donc une recherche au trésor pédagogique ! Epreuves à la recherche du son, du sens, des jeux grâce à un fonds de ressources impressionnant : bibliothèque de livres jeunesse, comptines et jeux divers, banque sonore et visuelle pour s’initier aux virelangues. Chaque groupe explorant une piste permet à tous de découvrir lors de la restitution collective différentes facettes de ce qui peut apparaître ludique dans l’activité. Dans l’analyse qui a suivi, ce qui a semblé le plus intéressant dans cette proposition, c’est l’approche kinesthésique associée à la nécessaire coopération entre les participants pour faire progresser l’ensemble du groupe La pratique du jeu en pédagogie ne se suffit pas en elle-même, elle doit s’accompagner d’une réflexion sur ce qui s’apprend en s’appuyant sur la force du collectif. ************************** La synthèse de clôture de Marie Alice Médioni s’articule autour de trois questions : Pourquoi changer ses pratiques ? Pourquoi faire ? Quelles urgences ? Le changement peut être suggéré ou imposé de l’extérieur et caractérisé par une technique, une méthode ou une procédure. Plusieurs caractéristiques du changement : l’éphémère, l’alternance, l’inertie. Mais ce qui est nouveau, l’est par rapport à quoi ? Le changement s’enracine dans des amonts qu’ils soient déclarés, occultés ou ignorés. Il présuppose que l’intention est de mieux faire mais cela peut survenir par une demande pressante, des incitations. Elle rappelle la citation de Jean Houssaye (2014) : « [ ] si les choses ne bougent pas, ou pas vraiment, c’est bien parce que, majoritairement les enseignants font tout, ou presque, pour cela. [ ], l’isolement et l’individualisme forment une combinaison favorable au conservatisme pédagogique. Les enseignants privilégient les formes d’enseignement « ayant fait leurs preuves », ils limitent les risques. » C’est que cette aventure implique une prise de risque et l’abandon des routines familières ; le changement est facteur de créativité mais aussi d’incertitude, de désordre et de conflit. Mais ne pas changer ne comporte-t-il pas des risques ? Souvent le changement se heurte à des résistances et chacun se questionne sur les finalités du changement. S’il y a nouveauté, la rupture est-elle suffisamment subversive pour transformer véritablement les pratiques ? L’institution ? « Certaines pratiques aux habits de modernité peuvent s’avérer discriminantes, leurrer les élèves sur ce qui importe, les aveugler sur l’essentiel faute de clarté. Pour le GFEN, l’innovation est moins dans l’habillage des situations que dans une refonte de leur conception et de leur conduite pour créer les conditions d’une réussite partagée, au sein d’un collectif classe solidaire. » (GFEN 2013) Quelles urgences aujourd’hui ? Une mise en oeuvre effective et de l’émancipation, une autre conception de la formation. Cela nécessite une autre pédagogie basée sur le pari de l’éducabilité, l’accent doit être mis sur la réussite et la compréhension des enjeux de l’apprentissage. Rien ne se fera sans une élévation du niveau de conscience politique des enjeux d’appropriation de ces savoirs et des logiques sociales qui participent à la disqualification scolaire. Pour cette mise en place, plutôt que des exécutants dociles, les enseignants doivent être des expérimentateurs hardis ! Lire la synthèse de clôture Les participants sont cordialement invités à participer aux prochaines activités ou manifestations prévues pour la prochaine année scolaire. Mais ce compte-rendu serait incomplet sans les remerciements à David Rouveure et son équipe pour l’organisation sans faille de l’accueil et de la restauration : convivialité qui installe ce cadre sécurisant propice à toute réussite ! Jacqueline Bonnard photos : Jacqueline Bonnard et Eddy Sebahi Lire les documents de l’UE et le calendrier de l’année sur le site du secteur Langues
Stage de rentrée à Chartres 7 septembre 2017 Jacqueline Bonnard Réussite de tous : des intentions aux actes Stage de préparation de rentrée Chartres, 28 et 29 août 2017 Dans un contexte d’incertitudes sur les intentions du ministère de l’éducation nationale en ce qui concerne les principes et objectifs de la politique de la Refondation, 49 enseignant.e.s issu.e.s de maternelle, élémentaire, collège, formateurs.trices venant d’Eure-et-Loir mais également d’autres régions se sont retrouvés les 28 et 29 août 2017 dans les locaux de l’ESPÉ de Chartres pour participer au stage de préparation de la rentrée « Réussite de tous : des intentions aux actes » Lors de ce stage, chacun a choisi de participer à 3 ateliers parmi les 8 proposés : « Le théâtre au service des apprentissages », « Construire appétence et compétence à écrire », « Construire un projet de lecteur en maternelle », « Activités en lecture pour aider à la compréhension d’un texte ? », « Ecrire dans toutes les disciplines pour apprendre et penser », « Faire place aux activités de création : les enjeux dans les apprentissages coopératifs », « Ils manquent de vocabulaire ! », « Résolution de problèmes en mathématiques de la maternelle au collège ». Le dernier après-midi a été consacré à la préparation de la rentrée : tenir sa classe ou la constituer ? Chacun puis par petits groupes était invité à explorer la consigne suivante : « A partir de votre expérience professionnelle et de ce que vous avez vécu lors du stage, qu’est-ce qui vous semble de nature à mobiliser-remobiliser les élèves sur les apprentissages, à construire une posture d’apprenant dès le premier jour de la rentrée. Quelles caractéristiques des situations d’apprentissage ? Quelles formes de travail ?Quelle conduite de classe et posture de l’enseignant.e ? » *********************************** Ce qui suit rend compte des travaux des groupes Quelles caractéristiques des situations d’apprentissage ? – Apprendre à connaître dès le début d’année, par des questionnaires , le sens qu’ils donnent à leur présence à l’école et à la scolarité, leur rapport au savoir et à apprendre. Quelles sont leurs représentations et les moyens qu’ils pensent devoir mettre en œuvre pour apprendre ? – Mettre en place des défis collectifs : projets, challenges, démarches de construction de savoirs et de création qui constituent la classe comme collectif d’apprenants solitaires et sont de nature à restaurer une image positive de soi et ses capacités, notamment chez les élèves les plus fragiles. – Des situations ambitieuses, pour être à la hauteur de leurs attentes, où les élèves sont chercheurs, se questionnent, osent prendre la parole pour expliciter ce qu’ils ont fait et comment, débattre, justifier, argumenter, qui « autorisent » le brouillonnage de la pensée et les erreurs, facteurs inhérents à tout apprentissage qui est, historiquement, un processus fait d’erreurs successivement rectifiées. « [ ] Les fonctions essentielles de l’intelligence consistent à comprendre et inventer, autrement dit à construire des structures en structurant le réel. Il apparaît, en effet, de plus en plus que ces deux fonctions sont indissociables puisque, pour comprendre un phénomène ou un évènement, il faut reconstituer les transformations dont ils sont la résultante et que, pour les reconstituer, il faut avoir élaboré une structure de transformations, ce qui suppose une part d’invention ou de réinvention. Or, si les théories anciennes de l’intelligence (empirisme associationniste, etc.) mettent tout l’accent sur la compréhension (en l’assimilant même à une réduction du complexe au simple, sur un modèle atomistique où la sensation, l’image et l’association jouaient les rôles essentiels) et considéraient l’invention comme la simple découverte de réalités déjà existantes, les théories plus récentes et de plus en plus contrôlées par les faits subordonnent la compréhension à l’invention en considérant celle-ci comme l’expression d’une construction continuelle de structures d’ensemble. » (Piaget) – Lever les malentendus sur ce qui est attendu : les exercices ne sont qu’un prétexte à faire leçon. D’où l’importance des moments de retours réflexifs qui incitent les élèves à « tirer leçon » du faire pour construire les notions travaillées et expliciter les stratégies intellectuelles mises en œuvre. – Commencer à construire des référentiels communs : outils de référence (Cf. affichages) et procédures utilisées. Quelles formes de travail ? – Créer un cadre structuré – structurant par une organisation spatio-temporelle et une ritualisation de certaines activités, notamment en tout début d’année. – Prendre en compte le temps des élèves : faire alterner les activités qui demandent une grande concentration et d’autres qui sont moins exigeantes. – Systématiser le débat de preuve : c’est moins la justesse de la réponse qui est attendue que la capacité à justifier de la pertinence des éléments de preuve qui amènent à la proposition d’une réponse. – Construire une cohésion du groupe classe par des défis, des jeux, des projets… – Articuler des temps de travail individuel — travail par petits groupes ou en équipes — travail collectif, adaptés aux objectifs d’enseignement (en savoir plus sur le travail de groupe) Conduite de classe – posture de l’enseignant – Créer un cadre sécurisé / sécurisant : prise en compte de la parole des élèves, encouragements à oser, acceptation de la non-maîtrise, valorisation des progrès, recherche des « champs de réussite » des uns et des autres. – Pour un enseignement explicité (pour en savoir plus) : la pensée part de l’action pour retourner à l’action * Penser avant d’agir : éclaircir les enjeux, le but de l’activité et les moyens à mettre en œuvre pour la réaliser. Repousser le moment du « faire ». * Agir et penser : les pauses de régulation pour réorienter le travail, faire des relances… *Agir pour penser : structurer les apprentissages en prenant du recul par rapport à la tâche effectuée, notamment lors de séances de découverte d’une nouvelle notion. – Retour réflexif à l’issue de l’activité et/ou en fin de journée : Identifier l’objet central de l’activité : « Qu’ai-je appris ? » – Expliciter les dynamiques intellectuelles : « Qu’est-ce qui m’a aidé ? Gêné ? A quoi vais-je devoir faire attention lors de la prochaine séance ? » – Relier à ce qui a été fait antérieurement pour dévoiler la progressivité des apprentissages – Explorer des suites possibles. – Éviter autant que possible les relations duelles avec l’élève qui a des difficultés et vient demander une aide, espérant parfois que l’enseignant résolve à sa place le problème posé ! Relancer la question au petit groupe et/ou au groupe classe. – Etre fiable : dire ce qu’on fait et surtout faire ce qu’on dit. – Une bienveillance qui ne soit ni complaisante ni condescendante : le respect se marque par l’exigence accordée moins aux comportements qu’à la qualité du travail intellectuel demandé. – Savoir se taire pour « autoriser » les élèves à oser parler ! Être celui/celle qui renvoie en miroir les propositions des élèves pour les obliger à expliciter, justifier, argumenter. – Rapports école/milieu environnent : construire une clôture symbolique qui ne soit pas clôture sociale. Pour conclure : face aux critiques adressées par certains à la pédagogie et aux pédagogues, face à un avenir incertain il est urgent de construire des collectifs professionnels solidaires qui se réapproprient le travail enseignant pour construire l’émancipation intellectuelle des élèves et participer à la réalisation d’une École véritablement démocratique.
Conférence sur Henri Wallon, par Jean-Yves ROCHEX (vidéo) 14 juin 2017 Valérie Pinton Dans le cadre des ateliers de la Praxis des éditions Delga, en partenariat avec l’Institut Henri Wallon du GFEN, le Centre Suzanne Masson et l’UCP 5 Conférence « Henri Wallon. Actes, pensée »par Jean-Yves ROCHEX Samedi 18 mars 2017, 14h Centre Suzanne Masson41 av. du docteur Arnold Netter, 75012 Paris Présentation Présentation de l’apport de Jean-Yves Rochex sur Henri Wallon par Joseph Casado (Institut Henri Wallon) HENRI WALLON :Professeur au collège de France, directeur du laboratoire de psychobiologie de l’enfant, il est à l’origine d’un courant psychologique fécond dont il puise les outils dans la pensée marxiste alors récente. Il fait du champ social, le moteur du développement de la personnalité. S’il s’illustre indépendamment de Vygotsky dans des recherches convergentes, il avance comme lui une conception du développement différente de celle de Jean Piaget, les uns et les autres réfutant les courants béhavioriste et fixiste, les psychologisations abstraites. Ses recherches sont débattues par ses contradicteurs, et Jean Piaget qui rend un hommage posthume à Vygotski en 1985, aura salué Henri Wallon en 1961, en affirmant la complémentarité de leurs ?uvres. Wallon et Vygotski médiatisent tout deux le développement dans l’activité et l’état des relations sociales, au contraire des théoriciens d’autres courants de pensée. La conception du développement et de la culture d’Henri Wallon l’ont conduit à un engagement social, particulièrement dans le domaine de l’école, dont la culture lui paraît devoir être refondée et intégrer les « humanités techniques » au même titre que les sciences les humanités classiques. Avec P. Langevin, il propose en 1947 un projet de réforme pour l’école. Il milite à la promotion de l’éducation populaire (CEMEA) et de l’éducation Nouvelle (GFEN) dont il est le président jusqu’en 1962.
Université d’été du GFEN, Bédarieux, (9)-10-11-12 juillet 2017 5 juin 2017 Valérie Pinton UNIVERSITÉ D’ÉTÉ DU GFEN Les 10-11-12 juillet 2017 (pré-stage le 9) Bédarieux (Hérault) Contre toute fatalité : l’Éducation Nouvelle Programme / inscription (pdf) Les ateliers Plus que jamais nous avons besoin d’Éducation Nouvelle. L’avenir de la liberté n’est pas le libéralisme, l’émancipation ne se dissout pas dans la qualification, l’égalité des chances n’est pas l’égalité… Contre ces orientations discriminatoires et le monde violent qu’elles promettent, chacun connaît des pratiques solidaires qu’il éprouve quotidiennement sur son terrain. C’est dans ce réel débordant de possibles que nous trouvons les forces pour aller de l’avant. Que faire ? Ou plutôt : Faire que… L’Éducation Nouvelle est déjà à l’œuvre… Lorsque vous cherchez des pratiques qui réalisent pour de bon vos valeurs, lorsque vous transformez votre école ou votre quartier en une aventure collective à travers le savoir et la création, lorsque vous gommez les murs et laissez converger les différences. Cette université d’été sera l’occasion d’échanger sur ces pratiques, pour augmenter collectivement notre pouvoir d’action sur le monde ! « Faites en vos égaux, afin qu’ils le deviennent. » (Rousseau) Oui, les mots de l’Éducation Nouvelle voyagent, sont repris dans d’autres contextes, nous échappent. L’Éducation Nouvelle a forgé des outils de transformation qui méritent un plus ample partage et dans le contexte actuel, il est urgent de les questionner. Qu’est-ce, pour nous, qu’une situation-problème ? Qu’entendons-nous par ateliers de création, démarches de construction de savoirs, projets ? Quelles portes ouvrent nos démarches ? Qu’en faisons-nous ? Plus largement, comment l’expérience de vie des citoyens que nous sommes nourrit-elle les transformations que nous mettons en œuvre ? Contre la violence, le conflit socio-cognitif. Une université d’été pour se rencontrer. Un lieu pour interroger les liens entre ateliers, démarches, stages, vie sociale et vie professionnelle. Une université d’été pour échanger et interroger des outils et des dynamiques de transformation, de l’école au quartier. Un lieu où les questions débordent de leur cadre habituel pour interroger nos envies d’engagement, quel que soit le terrain, et chercher un chemin de cohérence entre nos utopies et nos actions. Contre tout fatalisme, des transformations à porter demain. Thématiques des journées 9 juillet : Pré-stage ouvert à tous. Le pré-stage est une journée de travail ouverte à tous. Début à 14h. 10 juillet : Transformer le rapport au savoir et à la culture : tous capables 11 juillet : Aventure individuelle, dynamique collective : émancipation solidaire 12 juillet : L’avenir en projet pour une transformation sociale Modalités de travail 9h-12h30 : Démarches. 14h-17h : Ateliers brefs, « mille questions »… chantiers d’analyse et d’écriture de théorisation. 18h-19h : Plénières comme des dispositifs de réflexion et d’élaboration politique et théorique. 20h30 : Soirée débat / soirée culturelle / soirée artistique. Voir les ateliers et les soirées, en savoir plus sur les thématiques Informations pratiques Frais pédagogiques : selon votre revenu mensuel (les tarifs peuvent être réévalués selon les situations personnelles). Tarifs préférentiels pour les adhérents du GFEN. voir les tarifs Lieu de travail et prise des repas midi et soir : 5 € / repas Cité scolaire Ferdinand Fabre (collège et lycée) – 2 avenue Jean Moulin – Bédarieux Hébergement : Chambres de 3 lits : 12 € / nuit, petit-déjeuner compris chambres individuelles : 32 € / nuit, petit-déjeuner compris il est possible de dormir dès le samedi 8 : 10 €, petit-déjeuner non servi le dimanche Internat du Lycée Fernand Léger – 63 route de Clermont – Bédarieux Draps et oreillers ne sont pas fournis (prévoir un sac de couchage si vous être frileux) Autres hébergements voir : www.bedarieux.fr/tourisme Crèche et centre aéré : Maison de L’Enfance : 04 67 23 31 90, sur attestation de travail ou de stage du GFEN. Renseignements pratiques sur Bédarieux : contacter gfenbedarieux@orange.fr
Animation du texte recréé en direct à la radio : à réécouter en podcast 31 mai 2017 Valérie Pinton Sur Radio Libertaire, dans l’émission « Jus d’RL » 89.4 FM Nous avons fait le pari, en apparence impossible pour chacun et chacune, de réussir collectivement à recréer un texte après seulement deux lectures. Cette démarche du GFEN, vécue partout où l’éducation pour tous est un enjeu, vise clairement l’émancipation individuelle, intellectuelle et sociale. Mercredi 31 mai 2017, animé par Pascal Diard : Ecouter la 1ère partie Ecouter la 2ème partie
Intervention de Sylvie Chevillard « Osez tâtonner, se tromper, expérimenter à l’école maternelle : Pourquoi ? Comment ? » 31 mai 2017 Valérie Pinton Lundi 29 mai 2017, à Nevers dans le cadre de l’ Université de printemps du SNuipp 58, 29 et 30 mai 2017 Invitée par le SNUipp de la Nièvre, Sylvie Chevillard (GFEN) a déroulé une démarche d’apprentissage permettant de passer du registre sensoriel au registre langagier avec une trentaine d’enseignant.e.s du 1er degré travaillant en maternelle mais aussi au cycle 3, en SEGPA ou en ULIS, débutant.e.s et chevronné.e.s ou étudiantes de master 2. Les collègues ont vécu personnellement une démarche d’apprentissage qu’ils/elles pourront ré-investir professionnellement. C’est sur ce principe d’homologie que les participant.e.s ont pu toucher, manipuler, puis parler, catégoriser, penser et enfin créer et échanger. La démarche est décrite dans un article de la revue Dialogue n° 150. En voici des extraits. La démarche Etape 1/ Mise en situation À partir de la manipulation provoquant des sensations, des images, des émotions… il s’agit, individuellement, de rechercher des objets choisis en opposition, par paires contraires, qu’il faudra évoquer par des mots ou expressions. Sont cachés sous une nappe toutes sortes de laines, tissus, papiers et objets du quotidien comme grilles, hachoirs, boites, couverts, jouets de formes, volumes et surfaces divers… Une mise en commun des mots est faite dans chaque groupe, ce qui permet un premier échange, argumentation, catégorisation des contraires par le langage qui structure la pensée. Etape 2/ Récolte de mots, d’expressions, issus de sensations, d’émotions, d’images rencontrées La liste de couples de mots ou d’expressions exprimant ces oppositions, ces contraires, est recueillie collectivement. Nommer individuellement et collectivement selon des vécus singuliers permet de confronter des manières de dire en lien avec les pratiques langagières déjà là, différentes selon le milieu d’origine et de construire du référent commun à partir d’une situation vécue par chacun et par tous dans ce milieu qu’est la classe. Etape 3/ Production d’une structure La construction d’une structure par le groupe, en ayant préalablement réfléchi à propos des objets rapportés par chaque membre, pour choisir un « titre » à l’oeuvre commune, va être réalisée dans des échanges sur le but, les techniques, les ajouts, les suppressions… autant de problèmes à résoudre collectivement. Etape 4/ Présentation des productions La socialisation des oeuvres est un moment important car elle permet de prendre du recul sur les productions de groupe, de mettre en relation les vécus des uns et des autres et de renforcer le pari du « tous capables » par l’exposition des groupes. L’analyse Cette dernière phase est très importante car elle permet de faire collectivement l’analyse de l’atelier. Sylvie Chevillard a développé la réflexion sur le développement du langage et le passage des pratiques langagières familiales (pour communiquer) aux pratiques langagières scolaires (pour comprendre le monde, soi et les autres). « L’exigence de mise en mots permet le travail sur le langage s’appuyant sur les divers modes de pensée. La systématisation de cette pratique permet aux enfants les plus éloignés des manières de dire de l’école de construire des pratiques langagières scolaires ». Pour approfondir des pistes pour la classe, on peut se reporter à ces deux références : Sylvie Chevillard, « Des manipulations sensori-motrices aux activités de langage et de création », Dialogue n° 150 Pour que la maternelle fasse école, octobre 2013. Sylvie Chevillard, « Du sensoriel au langagier », dans GFEN, Pratiques de réussite pour que la maternelle fasse école, Chronique Sociale, 2011. L’université de printemps du SNUipp58 s’est prolongée ensuite avec les interventions de spécialistes de l’EPS, des mathématiques et de la grammaire. Reportage Isabelle Lardon
« L’école et les élèves des milieux populaires. Réduire les inégalités vers la réussite de tous ! » 23 mai 2017 Valérie Pinton 1ère Université d’Automne du SNUipp de Haute-Garonne ESPÉ de Toulouse 28 avril 2017 Interventions du GFEN A Toulouse le SNUipp a fait intervenir le GFEN dans un stage de formation syndicale le Vendredi 28 avril 2017 sur le thème : « L’École et les élèves des milieux populaires. Réduire les inégalités vers la réussite de tous ! » 115 professionnels de l’école primaire (tous niveaux) ont participé le matin à une conférence de Jacques Bernardin avec échanges, et l’après-midi vécu et analysé un atelier d’éducation nouvelle (cf. ci-dessous). Une occasion donc de faire le point de la recherche sur le rapports au savoir des élèves milieux populaires et de définir des axes de travail pédagogiques, puis d’explorer, de s’approprier des outils du GFEN dans différents domaines, de réfléchir aux possibles réinvestissements et ainsi dégager des pistes pour la transformation de l’école. Un moment intense et riche de rencontre, de formation, de questionnement, de mobilisation individuelle et collective pour une autre école nécessaire et possible. Cette journée élaborée coopérativement entre militants syndicaux et pédagogiques a été plébiscitée par tous (organisateurs et participants) et tout le monde s’est donné rendez-vous l’an prochain, peut-être même sur deux jours. Notre intervention GFEN s’est focalisée sur les orientations suivantes : lutter contre les inégalités (scolaires…) c’est rompre avec les fatalités du monde. Tous capables…de le devenir, à quelles conditions ? Quels sont les principes, les pratiques qui permettent de faire réussir en compréhension, re-mobiliser tous les élèves ? Comment réhabiliter l’estime de soi ? Comment faire avec les différences sans générer des inégalités ? Comment faire vivre le savoir comme aventure humaine ? Les 6 ateliers proposés : – Atelier d’arts plastiques réalisable à tout âge : à partir de photocopies de divers matériaux, produire des « tablotins ». – Atelier d’écriture pour découvrir les processus de création. Écrire seul avec l’aide des autres. – UNE CLASSE DIFFICILE : comment s’en sortir ? A partir d’une situation vécue dans une classe, inventer et construire des possibles. – Technologie : de l’objet au principe incorporé. Une occasion de travailler sur tout ce qui peut faire sens pour les élèves. – L’accord des participes passés, quelle histoire ! ? Ou comment engager les élèves à la conquête de leurs savoirs en orthographe. – Maths-sciences : du familier à des situations qui interrogent pour comprendre. A la recherche du temps perdu et de ses savoirs. Alain MIOSSEC La conférence de Jacques BERNARDIN L’école face aux inégalités Jacques BERNARDIN (GFEN) Ce que vivent certains parents… La pauvreté en France… 14,1 % de la population (3,6 M de mal logés) Une pauvreté qui progresse 14,2 % en 2014 (remontée après baisse en 2012-2013) Montée de la précarité recul des CDI // Hausse des CDD – Intérim Plus de familles monoparentales 12,4 % en 1990 – 16,9 %en 1999 > 20,9 % en 2009 La pauvreté selon le type de ménage en 2012… 20 % des familles monoparentales Un psychologue qui exerce depuis 27 ans à la PMI de la cité Franc-Moisin de Saint-Denis constate : « Les familles sont différentes, elles sont désormais souvent monoparentales, les pères sont parfois absents et les mères, de plus en plus isolées. Les cellules familiales, la société de base dans les quartiers, la cohésion sociale au sens populaire du mot, tout cela se fissure, se désarticule. Les gens se retrouvent face à eux-mêmes et, pour trouver de l’aide, ils n’ont plus que les institutions publiques comme les nôtres. » (21 fév. 2017) Quelles incidences éducatives ? Essayons d’explorer les conséquences de ces conditions de vie sur la façon dont les enfants sont initiés à la réalité. Cela pourrait expliquer certains comportements… La construction d’un rapport au monde… Sorties limitées, crainte de l’inconnu. Le manque de ressources, l’isolement, la perception dévalorisée de son statut conduisent à préférer les lieux et les relations de proximité à ce qui est — ou apparaît — lointain et inconnu. On note ainsi, dans les quartiers populaires, une tendance à l’enfermement dans le familier et l’entre soi par crainte de ne pas « se sentir à sa place » : beaucoup d’enfants/élèves n’ont pas « passé le périph’ »… Si on y ajoute les préférences en matière de loisirs, on pourrait parler d’une relative clôture culturelle. Or, la curiosité est un moteur central des apprentissages. Surinvestissement affectif. Dans un monde rude, l’affection des enfants est un rempart à la détresse et à l’effondrement. Cela pourrait expliquer le comportement de surprotection à la maison et parfois à l’égard de ce qui se passe au-dehors : certains parents ont tendance à « couvrir » l’enfant pour le protéger, se protégeant ainsi de ce qui est perçu comme agression. Ce surinvestissement affectif peut maintenir l’enfant dans l’immaturité, la toute-puissance infantile. Chacun a constaté la quête affective de certains élèves à notre égard, alors que le rapport pédagogique exige plus de distance pour que la réflexion ne soit pas excessivement parasitée par les affects. Ou parfois, la difficulté de certains à gérer leur frustration devant ce qui résiste, à se confronter à des normes (de conduite ou d’orthographe). Repères instables. La montée en puissance du travail précaire, l’imprévisibilité du lendemain installe dans l’urgence du présent, contribuent à faire primer la réalité palpable de l’ici et maintenant sur l’anticipation d’un avenir trop incertain, voire impensable. Ce qui compte d’abord, c’est le quotidien, l’ici et maintenant tangible, dans une gestion à court terme. Or, les apprentissages intellectuels ne se maîtrisent jamais du jour au lendemain : ils nécessitent anticipation, persévérance sur une certaine durée. Insécurité psychique. L’incertitude des horaires de travail, de la présence des adultes voire de leur comportement, perturbé par les conditions de vie, le cadre flou sont des facteurs d’inquiétude, de tension, d’insécurité psychique : l’agitation pourrait n’être que le symptôme de l’angoisse que génère le sentiment de n’être sûr de rien, l’inhibition étant une autre façon de se protéger vis-à-vis de l’inconnu. Expérience du monde réduite ; manque de confiance en soi ; passivité ou agitation ; sentiment d’indignité voire honte : voilà comment certains enfants nous arrivent, pas toujours constitués en élèves. … et d’un rapport à l’école […] Lire la suite de la conférence
Les valeurs à l’épreuve des pratiques : valeurs à l’école, valeurs de l’école 31 mars 2017 Jacqueline Bonnard Les 10èmes Rencontres Nationales de Saint Denis se sont déroulées le 25 mars, à l’IUT de la Halle Montjoie. Au-delà des discours sur le « vivre ensemble », c’est au coeur même des pratiques que les valeurs prennent sens, celles qui prônent « l’apprendre ensemble » et visent la réussite de tous. Tâche difficile lorsqu’il s’agit de faire partager les valeurs de la République pour Jean Paul Delahaye ou enseigner le monde social pour Jérôme Deauviau. Dans son introduction, Jacques Bernardin rappelle que dans cette période de rendez-vous politiques décisifs, il est important d’interroger ce qui est au fondement du lien social : les valeurs qui lesquelles un groupe social s’appuie pour faire corps. Pour ne prendre que celles qui s’affichent au fronton des écoles « liberté, égalité, fraternité », quelle(s) réalité(s) recouvrent-elles lorsque l’école a tant de mal à enrayer les inégalités sociales et que l’individualisme s’installe battant en brèche les principes de coopération ou de solidarité. Lire le texte d’ouverture Jean-Paul Delahaye, IGEN honoraire, ancien directeur de l’enseignement scolaire et auteur du rapport « Grande pauvreté et réussite scolaire » (2015) ouvre ces rencontres sur la difficile mission de l’école lorsqu’il s’agit de faire partager les valeurs de la République. Reprenant les textes fondateurs, il rappelle que depuis sa création, l’école de la République a toujours eu mission de faire partager aux élèves ces valeurs. Il affirme que « la République ne pourrait exister si l’école ne formait pas ou ne formait plus de républicains. Cette mission n’est donc pas optionnelle, elle est obligatoire, [ ] et que l’on est Français parce qu’on adhère à ces valeurs dont on connaît l’histoire et les combats ». Principe repris par les deux dernières lois de refondation. Mais pour rendre possible le partage des valeurs de la République, il faut que l’école et la société agissent de concert. Comment transmettre les valeurs de respect des règles et des institutions, de l’effort ou de la solidarité quand la société prône l’argent vite gagné, le culte de l’individualisme ou la défense des intérêts particuliers ? Si la mission de l’école est difficile, c’est parce que l’ensemble de la société est en mal d’intégration. Prenant l’exemple de la charte de la laïcité, il s’insurge contre une tendance à croire que seules les populations défavorisées ou d’origine immigrée auraient besoin de recevoir un brevet de laïcité. Le problème aujourd’hui est que certains conçoivent le « vivre ensemble » comme un « vivre entre soi, sans contact avec les autres ». Il donne en exemple le refus des habitants du XVIème arr. de Paris d’un lieu d’accueil pour personnes en difficulté, les qualifiant même de « nuisances ». Lorsque la mixité sociale est considérée comme un drame épouvantable par certains, les valeurs de la République ne sont-elles pas en danger ? Et la question des valeurs n’est-elle pas en lien avec la justice socio-économique au sein de la société ? Dans les territoires en grande détresse sociale, les habitants les perçoivent davantage comme des incantations que des réalités vécues. De façon générale, « les zones d’exclusion et les ghettos ne sont pas compatibles avec l’idéal républicain ». Proclamer le « vivre ensemble » tout en refusant le « scolariser ensemble », c’est dénoncer de les inégalités de façon théorique sans rien faire pour les combattre. C’est l’institution scolaire elle-même qui doit donnerl’exemple de pratiques conformes aux valeurs qu’elle doit faire partager auxélèves. Ce faisant, Jean Paul Delahaye poursuit par un propos optimiste car il existe des établissements ayant des pratiques en cohérence avec les valeurs affichées : promotion d’une éthique éducative basé sur le principe d’éducabilité, affirmation que la promotion de tous ne nuit à personne et que l’hétérogénéité est un tremplin. Ces établissements sont accueillants. Ils sont justes (note comprise, orientation consentie), non laxistes, respectueux et ambitieux pour tous les élèves. Car en fait, on sait ce qu’il faut pour réussir (toutes les pratiques ne se valent pas) et on a dépassé certaines contradictions. Il faut savoir réunir et animer les réseaux en s’appuyant sur le principe de coéducation et permettre une diversification des parcours scolaires. Il existe des marges de manoeuvre inexploitées et au-delà du choix pédagogique il faut s’interroger : quel type de citoyen veut-on former ? lire le texte intégral L’après-midi, les participants se répartissent dans différents ateliers Atelier Citadelle. Créée par Colette Charlet et reprise par le groupe odébi, cette démarche propose d’interroger le processus de création dans la rencontre entre écriture et arts plastiques à partir du mot citadelle. Dans un premier temps, on pose les mots qui viennent sur une fresque pour en faire ensuite une lecture effervescente où chacun imprime sa vision du monde. Il n’y a pas de citadelle interdite… alors construisons ensemble ! A partir d’une banque de photos de « citadelles », on repère puis extrait les éléments supposés caractéristiques d’une citadelle. Et les murs sortent de terre à partir des matériaux mis à disposition, oeuvres collectives de qu’il conviendra de visiter. Dans la phase d’analyse, les processus de construction se mettent à jour dans leur complexité. Dans une autre salle, le propos porte sur l’exercice de la démocratie par la pratique du débat (colloque et controverse). La démarche s’appuie sur un travail mené en classe avec des élèves de 5ème. Comment les négatifs sont-ils devenus nombres ? Quels obstacles rencontrés ? En petits groupes, les participants sont confrontés à des travaux d’élèves dont les résultats s’affichent sur les murs. Dans un premier temps, les élèves ont donné leurs représentations sur les nombres négatifs qui s’appuient sur une approche matérielle des nombres et posent la problématique de l’addition, de la soustraction et du « zéro ». Les blocages des élèves sont les mêmes que ceux rencontrés par les hommes lors de la construction des règles de calcul. Où l’on découvre que les règles se construisent par tâtonnements et sont l’objet de débats. Par la mise en place d’un jeu de rôle (Vous êtes banquiers. A la fin de chaque mois, vous faites le bilan des comptes en banque de vos clients), on passe d’une écriture symbolique des calculs à l’élaboration de règles de calcul qui amènent à comparer des nombres relatifs puis à rompre avec la représentation majoritaire : « soustraire, c’est diminuer ». Le colloque permet d’inscrire les élèves dans une histoire de savoirs mathématiques qui se sont construits par tâtonnements. La verbalisation permet d’éclaircir les notions. Sur l‘Île des religions, on planche sur une situation où les 500 derniers survivants de l’humanité se retrouvent sur un même territoire et tentent de cohabiter dans le respect des différentes religions. Il s’agit d’imaginer deux ou trois scénarii pour envisager un cadre commun : jours travaillés, fêtes religieuses, échanges, partage des lieux de vie, éducation des enfants. La décision de « cadre commun » est due à la nécessité de la survie suite aux évènements tragiques récents. Deux scénarii possibles : consensus ou guerre civile où les plus nombreux prendraient le pouvoir (alliance forcée). Un autre scénario serait de se séparer géographiquement selon la culture d’origine (risque de conflit et de guerre). A moins qu’on ne soit sur une ritualisation de l’ancien ou une technocratie en raison des urgences vitales qui nécessite une coopération. Chaque groupe essaie ensuite de catégoriser les scénarii proposés en s’appuyant sur six types d’organisations politico-religieuses. La réflexion est approfondie grâce à des textes théoriques sur la laïcité. Quant à démontrer que la Terre tourne autour du soleil (mais dans quel sens ?) et pourquoi on ne voit pas la même chose dans le ciel selon les moments de l’année (mais comment le prouver ?), c’est l’objet de l’atelier » Esprit critique contre dogmatisme : en sciences, croire ou savoir, on peut choisir ! » Les participants sont répartis en trois groupes. Chaque groupe a une facette du phénomène et va représenter corporellement leur interprétation du problème. Dans quel sens la terre tourne-t-elle et à quelle vitesse ? La rotondité de la terre, quelle preuve d’après le texte d’Aristote (comment à l’instant « t » on ne voit pas la même chose en face selon le lieu d’observation sauf pour ce qui est au-dessus?). Pourquoi la terre tourne autour du soleil (le déplacement de la terre permet d’expliquer les différentes constellations vues au fur et à mesure de l’année) ? Pas facile d’être le soleil ou une planète lorsqu’on est soi-même partie prenante du phénomène étudié. Mais le fait d’essayer d’interpréter les observations (corporellement, verbalement ou en dessinant) permet de structurer sa pensée. Après l’intervention de Jérôme Deauviau portant sur « Enseigner le monde social : enjeux et pratiques », Jacques Bernardin a invité à participer aux différentes initiatives prochaines : Université d’été de Bédarieux, (9) 10, 11, 12 juillet 2017 Biennale de l’éducation nouvelle A lire sur le Café Pédagogique, dans l’Expresso du 27 mars : Rencontres GFEN : Comment mettre les valeurs républicaines en pratique à l’Ecole ? lire Jacques Bernardin (GFEN) : Maintenir vivant l’objectif de démocratisation de l’Ecole lire Jacqueline Bonnard
« Les valeurs à l’épreuve des pratiques » : 10èmes rencontres du GFEN à Saint-Denis, le 25 mars 16 mars 2017 Valérie Pinton égalité – esprit critique – coopération LES VALEURS A L’EPREUVE DES PRATIQUES Valeurs à l’école – Valeur de l’école Samedi 25 mars 2017 IUT de la Halle Montjoie, 7 rue de la Croix Faron, Saint-Denis (93) Dépliant (programme, inscription) Présentation des ateliers A lire sur le Café Pédagogique, dans l’Expresso du 27 mars : Rencontres GFEN : Comment mettre les valeurs républicaines en pratique à l’Ecole ? lire Jacques Bernardin (GFEN) : Maintenir vivant l’objectif de démocratisation de l’Ecole lire Que vaut l’école quand elle ne tient pas ses promesses ? Dès lors que la réussite de tous est à l’ordre du jour, les difficultés cumulées amènent à la désillusion et au ressentiment. L’échec scolaire signe la disqualification symbolique, prépare à la relégation sociale et à une citoyenneté de deuxième zone. Comment se reconnaitre dans ce qui ne nous reconnait pas ? Cette désaffiliation scolaire rend ses orphelins rétifs aux valeurs bafouées et sensibles aux sirènes de toutes les démagogies idéologiques, au risque de fracasser le lien social. Faire accéder tous les élèves à une maîtrise opératoire des savoirs et à une citoyenneté outillée reste l’horizon prescrit. Y parvenir exige de rompre avec les solutions supplétives, de peu d’effet, et de s’attaquer au c?ur du quotidien éducatif : les contenus enseignés et les processus d’apprentissage qui en instruisent l’accès. Si les savoirs ont un sens, la façon de les transmettre leur donne valeur. En quoi les contenus parlent-ils à tous ? En tant qu’ils aident à comprendre le monde dans lequel on vit, à s’y situer et à pouvoir y agir, en tant qu’ils contribuent à éclairer le présent et à maîtriser son passé. On peut toujours se penser gaulois, mais gare alors au retour du refoulé ! Quelle place est faite à l’histoire de la colonisation ? Quelle approche de la laïcité ? Quelle place ont les débats qui agitent le monde d’aujourd’hui dans l’espace scolaire ?… Le mode d’approche de ces contenus n’est pas anodin. Catéchisé, le savoir est ravalé au rang de dogme. Or à l’école, il s’agit moins de croire que d’exercer la rationalité critique, de raviver l’imaginaire et l’esprit critique qui en ont fondé l’essence : comprendre est à ce prix. Pour cela, conjuguer les singularités des élèves dans une coopération des intelligences qui serve simultanément le développement personnel et l’émancipation collective : tel est le défi. Outre les ateliers de pratiques, plusieurs apports nous permettront de creuser ces questions. Sont ainsi invités à intervenir : Jean-Paul DELAHAYE, Inspecteur général de l’éducation nationale honoraire, ancien directeur général de l’Enseignement scolaire (DGESCO), auteur du rapport : Grande pauvreté et réussite scolaire, le choix de la solidarité pour la réussite de tous (IGEN, mai 2015). Jérôme DEAUVIAU, Professeur de sociologie à l’Ecole normale supérieure, auteur de Enseigner dans le secondaire: les nouveaux professeurs face aux difficultés du métier (La Dispute, 2009) ; co-auteur de : Les sociologues, l’école et la transmission des savoirs (La Dispute, 2007), L’école commune. Propositions pour une refondation du système éducatif (La Dispute, 2012), Enseigner efficacement la lecture. Une enquête et ses implications (Odile Jacob, 2015). Ces Rencontres, soutenues par le Conseil départemental de Seine-Saint-Denis et la Ville de Saint-Denis, sont organisées en partenariat avec l’Observatoire des Zones Prioritaires et le Café Pédagogique. PROGRAMME 9h – OUVERTURE :Mairie deSaint-Denis / Conseil départemental de Seine-Saint-Denis / GFEN 9h15 – Jean-Paul DELAHAYE : Fairepartager les valeurs de la République, une mission prioritaire mais difficile àl’école aujourd’hui 10h30 ATELIERS 1 1. « HistoireSd’immigrationS et pratiques de langues vivantes : quelles richesses ! » A partir du film « Trajectoires » : une rencontreentre retraités ayant vécu l’immigration et les élèves de collèges d’éducation prioritaire…et la dynamique créée par la reconnaissance de pratiques de langues vivantes. 2. « L’île des religions » Penser la laïcité comme un problème, oucomment transmettre les valeurs de la République en les interrogeant. 3. Démarche Darwin : interroger le rapport entre sciencesdu vivant et anthropologie Entre enjeux scientifiques contemporains et ruptureépistémologique opérée par Darwin au XIXème siècle… 4. Comment tucauses ? Faire le pari de la sociolinguistique au collège, c’est restituer àla réflexion sur la langue toute sa dimension sociale, politique, historique,lever des blocages et redonner sens aux apprentissages ! 5. Le théâtre del’opprimé Une initiation au théâtre d’Augusto Boal, outil d’émancipation.Enjeux et usages avec des adolescents… 14h30 ATELIERS 2 6. Citadelle A travers le processus de création plastique, nous tenterons denous positionner, à la recherche de ce qui peut s’inventer, faire ?uvre, seco-construire du côté d’un culturel à partager… 7. Pacification de Madagascar :quand un texte de 1898 interroge les rapports sociaux actuels Etudier l’histoire de la colonisation. Comment conjuguer travail d’histoire, »devoir de mémoire »et agir citoyen ? 8. S’exercerà la démocratie par la pratique du débat (colloque, controverse…) Commentles négatifs sont-devenus des nombres ? Quels obstacles rencontrés ?Histoire d’une conquête humaine revécue en classe… 9. Esprit critique contre dogmatisme : ensciences, croire ou savoir, on peut choisir ! Comment faire »apprendre » l’esprit critique ? L’élaboration collective desavoirs scientifiques habituellement donnés en classe comme des faits permettrad’analyser la construction conjointe des savoirs et des outils de la penséecritique. 17h30 – Jérôme DEAUVIAU : Enseignerle monde social: enjeux et pratiques 18h30 – CLÔTUREetPERSPECTIVES Pistes de travail, prochainsrendez-vous… (Re)lire le reportage des rencontres 2016
Suite au Colloque « Quelles utopies pour aujourd’hui ? », écriture d’un Manifeste 15 mars 2017 Valérie Pinton Suite au Colloque « Quelles utopies pour aujourd’hui ? » organisé par le groupe Lyonnais et le secteur Langues du GFEN avec le Groupe Romand d’éducation Nouvelle (GREN) qui s’est tenu à Villeurbanne les 16-17 et 18 septembre 2016, un petit groupe a poursuivi les travaux par l’écriture d’un Manifeste « Quelles utopies pour aujourd’hui ? Éducation-Égalité-Émancipation » que nous publions ici. Manifeste issu du Colloque d’Education Nouvelle Education-Egalité-Emancipation Nos utopies pour aujourd’hui Nous sommes à l’heure du choix Nous, acteurs sociaux, éducateurs, créateurs, voulons-nous perpétuer un système scolaire si souvent destructeur des intelligences autant que des personnes, adultes comme enfants ? Voulons-nous maintenir en l’état des pratiques pédagogiques inchangées, des contenus d’enseignements immuables, une évaluation-sélection héritée d’un autre temps ? Non. La dimension d’utopie est la pierre angulaire des propositions pour l’École et la formation que nous faisons en 2017. Le pédagogue est condamné à l’utopie Porter l’espérance, croire en l’avenir n’est pas affaire de vertu, mais d’intelligence sociale et de courage. Nous décentrer, surseoir à la violence, cultiver l’empathie, construire des espaces pour penser et agir ensemble, être vigilants face aux mots et à leurs usages, construire de l’individuel au sein des collectifs, débattre, sont les ferments de notre engagement. Sans une École qui autorise et permet à tous les enfants et adultes de nos pays de construire un avenir commun et digne – sans une école qui cherche vraiment à se transformer – aucune issue durable n’est politiquement, ni humainement possible. La partie n’est pas facile, mais elle est déjà largement engagée. De multiples pratiques en attestent en France et dans le monde. L’humanité est UNE. Sa diversité est sa richesse. Le Tous capables doit guider notre action éducatrice et citoyenne. Télécharger le Manifeste Dès maintenant, ce Manifeste est proposé à la signature. Il sera adressé à la presse pour une récolte ouverte de signatures. Il circulera ensuite par la presse, par mail ou en allant consulter les sites suivants : – Pour le GFEN : Groupe lyonnais et Secteur Langues – Pour le GREN (Groupe Romand d’Éducation Nouvelle) – Pour le LIEN (Lien International de l’Education Nouvelle) D’ores et déjà les auteurs de ce Manifeste vous remercient de la diffusion que vous pourrez faire de l’appel à le signer, par mail, réseaux sociaux, sites.
10èmes Rencontres nationales de Saint-Denis « Les valeurs à l’épreuve des pratiques » 6 février 2017 Valérie Pinton égalité – esprit critique – coopération LES VALEURS A L’EPREUVE DES PRATIQUES Valeurs à l’école – Valeur de l’école Samedi 25 mars 2017 IUT de la Halle Montjoie, 7 rue de la Croix Faron, Saint-Denis (93) Les inscriptions en ligne sont closes, mais vous pouvez vous inscrire sur place le jour-même. Dépliant (programme, inscription) Présentation des ateliers Que vaut l’école quand elle ne tient pas ses promesses ? Dès lors que la réussite de tous est à l’ordre du jour, les difficultés cumulées amènent à la désillusion et au ressentiment. L’échec scolaire signe la disqualification symbolique, prépare à la relégation sociale et à une citoyenneté de deuxième zone. Comment se reconnaitre dans ce qui ne nous reconnait pas ? Cette désaffiliation scolaire rend ses orphelins rétifs aux valeurs bafouées et sensibles aux sirènes de toutes les démagogies idéologiques, au risque de fracasser le lien social. Faire accéder tous les élèves à une maîtrise opératoire des savoirs et à une citoyenneté outillée reste l’horizon prescrit. Y parvenir exige de rompre avec les solutions supplétives, de peu d’effet, et de s’attaquer au cœur du quotidien éducatif : les contenus enseignés et les processus d’apprentissage qui en instruisent l’accès. Si les savoirs ont un sens, la façon de les transmettre leur donne valeur. En quoi les contenus parlent-ils à tous ? En tant qu’ils aident à comprendre le monde dans lequel on vit, à s’y situer et à pouvoir y agir, en tant qu’ils contribuent à éclairer le présent et à maîtriser son passé. On peut toujours se penser gaulois, mais gare alors au retour du refoulé ! Quelle place est faite à l’histoire de la colonisation ? Quelle approche de la laïcité ? Quelle place ont les débats qui agitent le monde d’aujourd’hui dans l’espace scolaire ?… Le mode d’approche de ces contenus n’est pas anodin. Catéchisé, le savoir est ravalé au rang de dogme. Or à l’école, il s’agit moins de croire que d’exercer la rationalité critique, de raviver l’imaginaire et l’esprit critique qui en ont fondé l’essence : comprendre est à ce prix. Pour cela, conjuguer les singularités des élèves dans une coopération des intelligences qui serve simultanément le développement personnel et l’émancipation collective : tel est le défi. Outre les ateliers de pratiques, plusieurs apports nous permettront de creuser ces questions. Sont ainsi invités à intervenir : Jean-Paul DELAHAYE, Inspecteur général de l’éducation nationale honoraire, ancien directeur général de l’Enseignement scolaire (DGESCO), auteur du rapport : Grande pauvreté et réussite scolaire, le choix de la solidarité pour la réussite de tous (IGEN, mai 2015). Jérôme DEAUVIAU, Professeur de sociologie à l’Ecole normale supérieure, auteur de Enseigner dans le secondaire: les nouveaux professeurs face aux difficultés du métier (La Dispute, 2009) ; co-auteur de : Les sociologues, l’école et la transmission des savoirs (La Dispute, 2007), L’école commune. Propositions pour une refondation du système éducatif (La Dispute, 2012), Enseigner efficacement la lecture. Une enquête et ses implications (Odile Jacob, 2015). Ces Rencontres, soutenues par le Conseil départemental de Seine-Saint-Denis et la Ville de Saint-Denis, sont organisées en partenariat avec l’Observatoire des Zones Prioritaires et le Café Pédagogique. PROGRAMME 9h – OUVERTURE : Mairie de Saint-Denis / Conseil départemental de Seine-Saint-Denis / GFEN 9h15 – Jean-Paul DELAHAYE : Faire partager les valeurs de la République, une mission prioritaire mais difficile à l’école aujourd’hui 10h30 ATELIERS 1. « HistoireS d’immigrationS et pratiques de langues vivantes : quelles richesses ! » A partir du film « Trajectoires » : une rencontre entre retraités ayant vécu l’immigration et les élèves de collèges d’éducation prioritaire… et la dynamique créée par la reconnaissance de pratiques de langues vivantes. 2. « L’île des religions » Penser la laïcité comme un problème, ou comment transmettre les valeurs de la République en les interrogeant. 3. Démarche Darwin : interroger le rapport entre sciences du vivant et anthropologie Entre enjeux scientifiques contemporains et rupture épistémologique opérée par Darwin au XIXème siècle… 4. Comment tu causes ? Faire le pari de la sociolinguistique au collège, c’est restituer à la réflexion sur la langue toute sa dimension sociale, politique, historique, lever des blocages et redonner sens aux apprentissages ! 5. Le théâtre de l’opprimé Une initiation au théâtre d’Augusto Boal, outil d’émancipation. Enjeux et usages avec des adolescents… 14h30 ATELIERS 2 6. Citadelle A travers le processus de création plastique, nous tenterons de nous positionner, à la recherche de ce qui peut s’inventer, faire œuvre, se co-construire du côté d’un culturel à partager… 7. Pacification de Madagascar : quand un texte de 1898 interroge les rapports sociaux actuels Etudier l’histoire de la colonisation. Comment conjuguer travail d’histoire, « devoir de mémoire » et agir citoyen ? 8. S’exercer à la démocratie par la pratique du débat (colloque, controverse…) Comment les négatifs sont-devenus des nombres ? Quels obstacles rencontrés ? Histoire d’une conquête humaine revécue en classe… 9. Esprit critique contre dogmatisme : en sciences, croire ou savoir, on peut choisir ! Comment faire « apprendre » l’esprit critique ? L’élaboration collective de savoirs scientifiques habituellement donnés en classe comme des faits permettra d’analyser la construction conjointe des savoirs et des outils de la pensée critique. 17h30 – Jérôme DEAUVIAU : Enseigner le monde social: enjeux et pratiques 18h30 – CLÔTURE et PERSPECT IVES Pistes de travail, prochains rendez-vous…
Reportage des 9e Rencontres Maternelle, 2017 5 février 2017 Jacqueline Bonnard « Pour que la maternelle fasse école » Bourse du travail, Paris – 28 janvier 2017 Les rencontres « Apprendre à comprendre le monde : le pari de la complexité dès l’école maternelle » ont eu lieu le 28 janvier dans ce magnifique lieu dédié au travail et aux travailleurs qu’est la bourse du travail à Paris. Revenons sur l’événement qui a rassemblé 180 personnes venues de tous horizons (enseignants, formateurs, étudiants) et de partout (Ile de France surtout, vu la proximité géographique mais aussi des Hauts de France, d’Auvergne Rhône-Alpes ou de la région Centre-Val de Loire) Reportage de la journée Sous le regard impressionnant des relieurs, ébénistes, orfèvres et autres artisans au-dessus de nos têtes et sous la figure tutélaire de Jean Jaurès, Véronique Boiron axe ses propos sur les rapports entre parler et penser, activité collective à l’école maternelle. Le langage est le moyen pour l?’nseignant d’accéder à la « boite noire de l’enfant » et pour l »enfant de ressentir « ça pense en moi » avant qu »il puisse faire « je pense ». Le rôle de l’enseignant est primordial, il va verbaliser, formaliser, expliciter, reformuler pour mettre des mots sur le « faire » et donner du sens à l »école et aux apprentissages. C »est une construction lente, délicate et fondamentale et on est bien loin des doxa spontanéistes. Il y a eu ensuite les espaces appelés « questions vives », non tranchées, qui traversent les réflexions des équipes d’écoles maternelles. Les intervenantes ont présenté un état des lieux de la question qui servira de base pour alimenter les discussions et les réflexions dans les groupes. Evaluer pour fixer ou pour avancer ? L’évaluation, constituante de l’acte d’enseigner et de l’acte d’apprendre, à quoi sert-elle ? qui sert-elle ? Evelyne Collin, IEN Maternelle, a beaucoup travaillé la question, dans son département du val d’Oise, et dans le groupe qui a produit des documents d’accompagnement des programmes. Elle donne le prescrit et propose des pistes pour instrumenter l’observation des élèves, activité qui va permettre de les évaluer en dehors de moments institués, de « donner une valeur » à leur travail, aux procédures et aux résultats de ce travail. Elle pose aussi aux participantes quelque peu déstabilisées LA double question : « l’école enseigne-t-elle bien tout ce qu’elle doit enseigner » et « l’école n’évalue-t-elle que ce qu’elle a enseigné » ? La discussion peut s’engager. L’enseignement de l’oral, oui, mais comment faire ? Avec les plus jeunes élèves en particulier, Maryse Rebière a travaillé avec des collègues de petite section ; elle est enseignante chercheure, membre de l’AFEF, l’association française des enseignants de français, partenaire de la journée. C’est à ce titre qu’elle est intervenue. Pourquoi est-ce si difficile ? L’oral est un objet aux contours flous, il n’existe pas UN oral mais DES oraux, pour communiquer, pour évoquer ce qui n’est pas là, pour entrer dans l’écrit des albums. Le langage de l’école n’est pas celui de la maison. M. Rebière présente des activités qui permettent de passer de l’un à l’autre avec toujours, la médiation de l’enseignant : préciser le langage des activités familiales quotidiennes, apprendre le langage des activités scolaires, en petit groupe, en grand groupe, pour passer de l’accompagnement de l’action à sa représentation. L’imagination, ça s’apprend ? Dans le développement de l’enfant, apprentissage et imagination sont-ils compatibles ? Anne Clerc-Georgy, enseignante chercheure, spécialiste des apprentissages fondamentaux à Lausanne, montre que les trois concepts sont imbriqués, complémentaires et qu’il ne sert à rien de les opposer. Dans une perspective vygotskienne, apprendre c’est d’abord s’approprier des « outils de pensée » construits par les hommes au cours de leur histoire pour répondre à des problèmes rencontrés et devenir capable de faire usage avec l’enseignant et les autres d’abord et progressivement seul de ces savoirs « culturels ». Apprendre c’est aussi imaginer, se représenter ce qu’on ne connait pas (en histoire ou en géographie par exemple) et imaginer, c’est se nourrir des apprentissages. Quels temps pour apprendre ? Viviane Bouysse, Inspectrice générale de l’Éducation nationale dont tout le monde connait l’engagement sans faille pour l’école maternelle au sein de l’institution et partout où on l’invite pour la défendre et la transformer. Pour elle, il faut des temps longs pour tout : satisfaire les besoins physiques et affectifs, changer de statut, d’enfant à celui d’élève qui agit, pense et réfléchit, passer « de moi à nous », apprendre à différer ses envies et entrer dans la logique et le temps du groupe. Il faut aussi tenir compte des différentes composantes du temps, pas seulement la durée mais aussi son lien aux espaces (indissociables), aux rythmes, temps forts/temps faibles, répétition, à la dynamique des processus, de la notion de parcours, etc. Elle termine par une très belle citation de Saint-Exupéry : « C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. » Quelles idéologies derrière les « innovations » en vogue qui menacent l’école maternelle dans ses missions ? Christine Passerieux, formatrice d’enseignants, membre du GFEN, a écrit à ce sujet deux articles, dans la revue Dialogue et dans Carnets rouges, dont elle est la rédactrice en chef. Elle met en lumière les idées véhiculées par certains » innovateurs » et largement relayées par les médias qui consistent à dénigrer les enseignants et ringardiser le service public d’éducation et l’école maternelle en particulier. En mettant en avant l’individu, les « lois naturelles », le « bien-être », ces idéologies attaquent l’école maternelle dans ses missions mêmes : construire le besoin d’apprendre (au sens de Léontiev), construire du « commun », démocratiser les savoirs. Les ateliers de l’après-midi sont conçus autour de situations d’apprentissage co-construites par un formateur d’adultes et un enseignant de l’école maternelle pour balayer les différents domaines du programme. Dans la petite salle de grève, Jacqueline Bonnard et Damien Sage proposent d’observer et manipuler des objets et « parler » le monde. S’interroger sur des objets inconnus, c’est entrer dans une histoire, celle des hommes qui nous ont précédés et ont imaginé des solutions techniques en réponse aux problèmes rencontrés. En fonction des contextes et des périodes socio-historiques, ces réponses sont différentes et constituent un patrimoine culturel commun auquel chacun doit avoir accès. Et l’on découvre que l’adulte en questionnement renoue avec la posture du jeune enfant face à la complexité du monde. L’articulation entre le geste et la mobilisation du langage est un gage de compréhension de cet univers. En suivant la démarche des élèves de Damien Sage dans leur exploration d’objets inconnus, on comprend l’importance des échanges où les points de vue se confrontent permettant l’acquisition d’un vocabulaire adapté. La salle Ambroise Croizat résonne encore des essais proposés par Sophie Reboul et Nicolas Charrière pour comprendre la complexité du monde sonore. Il ne suffit pas de produire des sons, il faut en comprendre la portée par un travail à la fois sur la physique des sons, leur dimension musicale, les pratiques langagières et culturelles associées. L’atelier prend appui sur un travail de classe conséquent sur ce domaine afin de produire un spectacle sonore : des essais pour produire des sons aux effets sonores escomptés en fonction des matériaux et objets utilisés jusqu’à leur combinaison pour obtenir une harmonie. En faisant résonner toutes sortes d’objets et d’instruments, les participants ont pu vivre les étapes par lesquelles les élèves sont passés pour construire leur projet. Apprendre à catégoriser est incontournable pour appréhender la complexité du réel et cela dans tous les domaines. Catherine Ledrapier et Khoulfia Léonard s’appuient sur la question du classement des animaux, la définition des concepts scientifiques et de leurs attributs pour faire comprendre le lent cheminement qui mène à la classification des espèces. Il s’agit d’analyser ces processus d’abstraction (la catégorisation et sa représentation) qui se doivent d’être travaillés dès l’école maternelle comme outil fondamental pour apprendre. Des vidéos d’activités réelles d’une classe de grande section de classe portant sur la matière, ses propriétés et ses états ont illustré le propos. Prenant le contrepied de quelques idées reçues, Pascale Boyer affirme qu’il convient de mobiliser le langage pour réussir des activités physiques. « Faire des exploits avec un ballon », le faire rouler, rebondir, le lancer haut, etc. les élèves agissent d’abord, les adultes aussi qui s’y essaient pour éprouver ce que réussir peut vouloir dire dans ce domaine. Lors des retours réflexifs, ils apprennent à verbaliser et formaliser leurs actions motrices pour mieux les réussir. Le processus qui va de l’acte au développement de la pensée est décrypté et analysé à partir d’enregistrement d’échanges entre élèves durant lesquels on entend leurs réflexions et leur vocabulaire s’affiner au fil des séances. Faut-il d’abord avoir les mots pour comprendre la trame d’un texte ou s’appuyer sur le contexte pour comprendre un texte et s’approprier le sens des mots ? Caroline Pecqueur et Claire Benveniste proposent de recréer un texte et entrer dans la compréhension du sens (démarche phare du GFEN). Mettant les participants à l’épreuve selon le principe d’homologie, le défi porte sur le texte du poète palestinien Mahmoud Darwich : « Il y a une noce à deux maisons de la nôtre, ne fermez pas les portes. ». Il s’agit de travailler conjointement le fond et la forme du texte. Les désaccords amènent à fouiller et à préciser les choix et leur pertinence. On fait ici le pari que des élèves, même jeunes, peuvent réussir à recréer une poésie ou une comptine ; une recréation qui se fera collectivement, à l’oral, par dictée à l’adulte. L’intervention de clôture a été faite par Anne Clerc-Georgy, qui a joué le rôle de grand témoin, tissant des liens entre la conférence introductive qui posait le principe « d’être en langage », construire un rapport au monde, à soi et aux autres et les ateliers qui développaient des activités pour apprendre à parler et penser ensemble. Comprendre qu’il n’y a pas d’apprentissage sans imagination et pas d’imagination sans apprentissage ; avoir conscience que l’enseignement de l’oral est essentiel pour que l’enfant devienne familier des pratiques langagières scolaires ; interroger les façons d’évaluer les élèves pour que l’exercice soit positif ; prendre en compte les temps nécessaires pour construire le besoin d’apprendre ; connaitre les « nouvelles idéologies »pour mieux les interroger ; autant de questions vives, de recherches ou de métier posées aujourd’hui et qui ont pu trouver quelques éléments de réponses. Les différents ateliers de l’après-midi ont fait manipuler des objets du quotidien, des matériaux sonores, des ballons, des mots mais tous ont montré le rôle du langage pour comprendre la complexité du monde à travers les langages technique, artistique, scientifique, corporel et littéraire qu’ils convoquaient. La librairie du GFEN, l’exposition des livres de Rue du monde et la présence des éditions Chronique sociale montrent toute l’importance accordée aux écrits pour prolonger la journée et aller plus loin. L’évènement hivernal constitue un temps fort de réflexions et d’échanges mais les activités continuent toute l’année. Le groupe Maternelle se réunit régulièrement et constitue un collectif de travail qui réfléchit et échange. Une lettre d’informations est réalisée tous les mois. L’équipe adresse un grand merci à toutes les intervenantes, animatrices et participantes avant d’annoncer quelques rendez-vous avec : – un reportage sur ces rencontres sur le site, – un projet éditorial (parution 2017) – les Rencontres de Saint Denis le 25 mars 2017. Voir aussi : l’article du Café pédagogique le storify des Rencontres, par Nathalie Bachelier le compte-rendu de l’AFEF la description de l’atelier « Reconstitution de texte » de L’Ecole de demain, le blog Education du SE-Unsa Isabelle Lardon et Jacqueline Bonnard
Chantiers de sciences… un site à découvrir et exploiter 22 janvier 2017 Jacqueline Bonnard Emilie du Chatelet, vous connaissez ? C’est en partant de la controverse sur la question des « forces vives » entre les propositions d’Emilie du Chatelet et celles de Dorius de Mairan que Jean Claude Marot propose aux élèves de travailler les concepts de quantité de mouvement et d’énergie cinétique. En replaçant cette controverse dans son contexte historique, l’objectif est, comme pour tous les dispositifs pédagogiques proposés sur ce site, d’entrer dans une démarche de construction de savoirs en Sciences Physiques et Chimiques. « Ces dispositifs ont été élaborés et expérimentés pour et avec des élèves des enseignements secondaires. Selon les contenus abordés, ces outils peuvent être utilisés dans le cadre des cours de physique-chimie, pour les enseignements d’exploration en Seconde ou encore pour l’accompagnement personnalisé. Ils sont également exploitables pour la formation d’adultes dans le cadre de stages ou de dispositifs d’éducation populaire. » à découvrir absolument.
Est-ce qu’on perd son temps à raconter des histoires ? 24 novembre 2016 Jacqueline Bonnard Conférence-débat Yvanne Chenouf à Tours, le 16 novembre Auditorium de la bibliothèque Centrale en partenariat avec Livre Passerelle et la Bibliothèque de Tours Est-ce qu’on perd son temps à raconter des histoires ? Manifestement non pour les 90 personnes présentes à cette conférence-débat qu’Yvanne CHENOUF (AFL ) a mené en alternant l’exploration de livres de littérature jeunesse, lecture à haute voix de textes par des volontaires, anectodes pour rappeler la puissance du contexte pour s’approprier le sens d’un poème. Yvanne Chenouf se présente comme une des initiatrices du rapprochement des bibliothèques de quartier et les bibliothèques scolaires. Son propos s’est construit à partir des observations de l’atelier qui a précédé, réunissant bibliothécaires, lecteurs volontaires, éducateurs spécialisés, enseignants afin d’échanger sur leurs pratiques de la lecture dans des lieux différents. Les histoires : une longue histoire ! On se raconte des histoires depuis le début de l’humanité pour conjurer les peurs et expliquer des phénomènes incompréhensibles mais aussi à se souvenir des belles choses ou se projeter dans l’avenir. Plutôt que de dire qu’elles se propagent de bouche à oreille, il serait plus judicieux de dire de « bouche à bouche » car je la raconte à il qui la raconte à elles, ce qui permet de « faire communauté ». Certes, on ne raconte plus d’histoires autour du feu (la télévision a remplacé ces moments partagés) pour autant lire des histoires se borne-t-il à une leçon de lecture en classe ? Yvanne Chenouf rappelle à ce sujet la grande inégalité des enfants arrivant à l’école : certains arrivent avec plus de mille heures d’histoires racontées à la maison quand d’autres n’ont pas ces bases-là. Toute histoire a une vie, elle se transforme et fait partie de notre patrimoine culturel : on peut la commencer où on veut, la détourner, en faire une autre histoire. Prenons l’histoire de Boucle d’or qui prend les traits d’une jolie fillette : elle a commencé par être une vieille renarde qui rencontra trois ours adultes dans une grotte, leur fit un peu de ménage mais les ingrats la mangèrent. Puis aux cours des histoires, elle est devenue une vieille femme aux cheveux d’argent, puis une mère avec son enfant, puis boucle d’or et les trois ours. Sauf que chez les parents ours, ils se disputent un peu : serait-ce pour cela que chacun dispose de son lit ? Serait-ce pour cela qu’aujourd’hui le canapé remplace le troisième lit ? Chaque histoire, dans son voyage évolue et peut prendre des sens multiples et infinis. Mais qu’en disent les sociologues ? Au départ, lorsque l’enfant ne sait pas lire, l »adulte raconte l’histoire, c’est la fusion. Et autour du livre, il se passe plein de choses (théâtralisation, identification, comparaison avec les héros de l’histoire), on se découvre et on devient. Il y a toujours un livre qui parle de ce qu’on fait en famille et au départ nous disent les sociologues, on s’imprègne de ces histoires : c’est le moment de la filiation. Au début, nous dit Barthes, avec la lecture c’est le coup de foudre. Mais il va falloir écrire lettre à lettre et on souffre. Cependant, si on installe par exemple le rituel de sortie de classe sur la lecture d’une histoire, on se quitte sur du symbolique et chaque matin on se retrouve sur du symbolique. Arrive le moment où l’enfant sachant lire (entre sept et dix ans) rebute à s’y mettre devant l’ampleur de la tâche : l’accès aux contenus est difficile pour beaucoup. Il existe pourtant aujourd’hui de plus en plus de transmetteurs potentiels : l’enfant peut côtoyer plusieurs générations avec des comportements différents, d’autres entrées dans les histoires (cf : Bernard Friot et sa fabrique à histoires ). Pour s’en approprier le contenu, il faut habiter l’histoire : l’histoire doit parler de nous, c’est l’identification. Quand arrive la préadolescence, l’enfant part vers d’autres jeux et découvertes en s’appuyant sur le groupe d’appartenance (qu’il a choisi) : l’affiliation. Il se crée alors une coupure dont les éditeurs vont jouer : livres pour les filles ou les garçons, selon les centres d’intérêt. Pour contourner l’obstacle, Yves Citton propose non plus de demander à la suite d’une lecture le contenu retenu mais de dire de quoi le texte ne parle pas afin de susciter l’intérêt et la curiosité. Que peut faire l’école ? Certains enfants sont éloignés des codes de l’école et des valeurs qu’elle porte. Il faut progressivement les en rapprocher en leur faisant découvrir cet univers culturel, en les emmenant dans les musées, les expositions, les spectacles et les enquêtes montrent que de nombreux enseignants proposent ces sorties à leurs élèves. C’est à plusieurs qu’on apprend à lire tout seul C’est en écoutant et en racontant des histoires qu’on met sa propre histoire en ordre. Une histoire c’est une évocation plus ou moins fidèle d’une réalité, un discours car le narrateur raconte quelque chose au lecteur d’une façon particulière (si on ne met pas la forme, ce n’est pas une histoire). C’est un monde représenté car l’écriture reflète une réalité en créant un espace de réflexion et d’imagination, des encastrements d’une même réalité. Prenons un récit : un premier lecteur lit le texte, le second le lit à l’inverse, le troisième reprend le texte du point de vue « alors », deux autres le revisitent sous la forme d’un interrogatoire. Une même histoire peut être racontée de façon très différente, selon le point de vue adopté. Une histoire a besoin d’une distribution de personnages qui donnent l’impression de vivre avec un esprit et des attentes propres qui peuvent se moquer des conventions sociales. Ces personnages peuvent être attachants, si attachants que même lorsqu’ils passent dans une autre histoire, on les reconnait immanquablement et ils deviennent des personnages référents : une fillette au manteau rouge? C’est forcément le Chaperon rouge et même s’il s’agit d’un garçon se promenant dans la forêt portant un panier, c’est encore le Chaperon rouge. Les enfants doivent comprendre que les personnages peuvent passer d’une histoire à l’autre. Mais l’auteur peut prendre le contre-pied de l’image habituelle. Le chaperon rouge de Philippe Corentin devient « Mademoiselle sauve qui peut », rousse espiègle qui tire le nez du loup puis le chasse à coups de fourche. Renversant les codes du conte de Perrault, il montre que lire des histoires émancipe car, franchement croire qu’on peut confondre sa grand-mère avec un loup relève de la bêtise ! Encore faut-il que l’enfant écoutant l’histoire soit capable d’anticiper sur les suites possibles d’un évènement, d’imaginer à partir des informations retenues. Scénariser une histoire est un art : on peut présenter les personnages et leur environnement pour se représenter le contexte, mais certains auteurs jouent avec le lecteur en juxtaposant les personnages sans proposer de scénario, laissant ainsi libre court à l’imaginaire. Entrer dans une histoire c’est entrer dans un filet culturel, on a tous des représentations d’un ogre, d’un loup ou du petit poucet. Pour attirer le lecteur, l’auteur va devoir faire preuve d’originalité : il faut que l’histoire apporte quelque chose de plus. Le narrateur doit jouer avec nous et se jouer de nos attentes. Yvanne Chenouf le démontre en s’appuyant sur plusieurs livres apportés par le libraire. Les textes ne disent pas tout, ils laissent la place à l’interprétation. Prenons l’exemple de Yakouba (Thierry Dedieu ) qui lors de son initiation doit choisir entre tuer un vieux lion (donc sans gloire) ou le laisser en vie au risque d’être banni par la communauté. Quel intérêt de suivre le second choix ? Si le texte ne dit pas ce que Yakouba choisit, on le voit reprendre sa lance, retourner vers le village où il est accueilli par un grand silence quand les autres sont acclamés. Il n’est donc pas devenu guerrier mais berger, un peu l’écart des autres même si l’auteur souligne que c’est à partir de cette époque que le bétail ne fut plus attaqué par les lions. Si nous applaudissons le courage de l’enfant noir, il n’empêche qu’il a enfreint la loi et que notre interprétation est empreinte de notre culture et de notre position sociale. Il y a à inventer d’autres cultures avec les enfants et nous sommes les maillons entre ces mondes qui se rencontrent. Encore une histoire ? Quand « une fourmi de 18 mètres avec un chapeau sur la tête » nous renvoie à l’histoire de ces convois vers les camps d’extermination nazis. Relisons ce poème de Robert Desnos que de nombreux écoliers ont appris et illustré dans leur cahier de poésie en pensant à la période où il a été écrit (1943). Cette Chantefable fut écrite pour résister et affirmer l’existence de ces convois de déportés. Sachant que certaines locomotives avec leur tender intégré mesurent approximativement 18 m, que ce long voyage concernait des déportés de toutes nationalités, relisons le texte et écoutons le bruit du roulement sur les rails, en écho au petit train dans la campagne des Rita Mitsouko. Le texte ne le dit pas, mais derrière ces « poésies pour enfants sages », c’est l’esprit de la Résistance qui murmure encore à nos oreilles. Jacqueline BONNARD
Les parents ont besoin d’être reconnus comme éducateurs de leurs propres enfants 23 novembre 2016 Jacqueline Bonnard « Si nous voulons que les parents reprennent confiance en eux dans un premier temps, c’est pour qu’ils portent un nouveau regard sur leurs enfants, un regard positif et confiant dans leurs capacités! » Pour Jeanne Dion, membre du GFEN, il s’agit de l’essentiel dans la relation éducative Parents/Enfants. La construction de relations de confiance entre les parents et les enseignants est aujourd’hui une question centrale pour tous les enfants en premier lieu, tous les établissements scolaires, pour donner plus de sens à l’école et ainsi favoriser la réussite de tous. Mais comment valoriser, au seuil et dans l’école, le rôle d’éducateur des parents ? Et comment faire prendre conscience aux enseignants de la richesse de cette coéducation ? La vidéo ci-dessous propose le déroulé d’un atelier qui permet de faire prendre conscience aux parents de leur rôle d’éducateur auprès de leurs enfants et ce, depuis leur plus jeune âge. Cette vidéo s’inscrit dans le cadre du réseau éducatif à l’échelle d’un quartier « Le bois Labbé à Champigny Chennevières (94) », quartier REP+ doté de deux centres sociaux très fréquentés. On y compte 10 000 logements, 6 écoles et 2 collèges. Voir d’autres vidéos filmées dans ce cadre : – Atelier « la démarche des allumettes« – La démarche d’autosocioconstruction Intégration : Jacqueline Bonnard