« Le récit du commun. L’histoire nationale racontée par les élèves » sous la dir. de F. Lantheaume et J. Létourneau 22 novembre 2016 Valérie Pinton Dans un article paru sur The conversation, Françoise Lantheaume nous présente son ouvrage Lire l’article Cet ouvrage collectif présente les résultats d’une enquête internationale menée auprès d’environ 7000 élèves âgés de 11 à 19 ans, à qui il a été demandé de raconter l’histoire nationale. Des élèves français, suisses, catalans, allemands ont répondu à un questionnaire et raconté librement « leur » histoire nationale. Contre les idées reçues d’un manque de connaissances historiques et de l’absence de tout récit commun, l’enquête dévoile des formes de narration, des organisateurs du récit et des contenus partagés, une véritable trame commune. L’analyse de ces formes et contenus précise leurs points forts, mais aussi les absences ou les spécificités nationales, et montre comment les savoirs scolaires coexistent avec d’autres sources de connaissances. Sont étudiées en particulier les places respectives et les fonctions du politique, de la religion, de la guerre, dans ces récits qui témoignent d’un imaginaire national. Un effet « territorial » est enfin mis en valeur, à la fois moins important que prévu en France et significatif à l’échelle des pays. Sensibles au contexte, ces récits sont la manifestation juvénile d’une conscience historique en formation, qui s’exprime selon des formes inédites. Françoise Lantheaume est professeur des universités en sciences de l’éducation à l’Université Lumière Lyon 2 et directrice du laboratoire Éducation, cultures, politiques. Elle étudie l’enseignement de questions scientifiquement et politiquement controversées (colonisation, religions) et le processus de traduction des réformes éducatives jusqu’à la classe. Jocelyn Létourneau est chercheur au CELAT et professeur d’histoire à l’Université Laval, à Québec. Membre de la Société royale du Canada, il a été boursier de l’Institute for Advanced Study (Princeton), boursier Fulbright à UC-Berkeley, boursier du Collegium de Lyon et chercheur invité à l’Institut d’éducation de University College London. Ses travaux portent sur la conscience historique des jeunes et sur les rapports entre histoire, mémoire et identité.
Lancement de l’Appel contre la marchandisation de l’éducation en France, 24 novembre 21 octobre 2016 Valérie Pinton Jeudi 24 Novembre 2016 Voir le site L’Appel contre la marchandisation de l’éducation a été signé par 291 organisations parmi lesquelles 36 françaises, dont le GFEN. Voir la carte des organisations signataires
L’autonomie obligatoire, Sociologie du gouvernement de soi à l’école, Héloïse Durler 21 octobre 2016 Valérie Pinton Héloïse DURLER Presses Universitaires de Rennes, collection Paideia, 2015 Nous publions ici une note parue dans Carnets Rouges n°6, mars 2016 Dans une première partie de l’ouvrage Héloïse Durler, à partir du constat que l’injonction à l’autonomie touche tous les milieux, explique comment ce sujet d’études s’est imposé à elle. Sur ses terrains d’observation elle constate en effet que l’autonomie est le maitre mot de l’univers scolaire, au nom duquel se fait l’évaluation des élèves, et qui parallèlement justifie les choix pédagogiques. Se dessine alors le profil de l’élève idéal, « celui qui comprend rapidement ce qui lui est demandé de faire, ou ce qui lui est expliqué ». Cet élève idéal, sur lequel s’appuie le système scolaire est celui qui détient en lui-même les ressources pour trouver les motivations qui vont lui permettre de s’engager dans les apprentissages, tout en se soumettant aux contraintes de la forme scolaire, dans une visée d’épanouissement personnel. L’individu, élève (ou travailleur) doit être l’entrepreneur de lui-même. Se trouve alors évacuée la question sociale alors que la question première à se poser est celle de la construction sociale de cette autonomie. Elle analyse à travers des références puisées chez plusieurs chercheurs du 20ème siècle les relations étroites entre changements sociétaux, conceptions politiques dominantes et conceptions pédagogiques. L’auteure s’intéresse aux dispositifs mis en place dans les classes, non appréhendés comme méthodes mais comme pratiques sociales, sous-tendues par « des principes pédagogiques, des conceptions de l’enfant, de l’apprentissage et du pouvoir » et qui « façonnent, orientent, valorisent et légitiment certains comportements ». L’engagement intellectuel des élèves est sollicité par l’école à travers des dispositifs de problématisation, de contrôle intellectuel et d’autocorrection. « La réflexivité apparaît donc comme un levier central de l’autonomie scolaire » dit l’auteure. Elle constate de manière récurrente dans les classes suisses observées que ces dispositifs « tournent à vide » en s’appuyant sur des ressources individuelles » inégalement réparties au regard de l’origine socioculturelle des élèves. La distance est donc grande entre l’élève idéal, qui peut répondre aux injonctions d’autonomie et l’élève réel qui reste en extériorité face aux réquisits scolaires. L’auteure observe que « les pratiques scolaires de l’autonomie (j’ajouterais telles qu’elles s’exercent très massivement) correspondent en réalité à une nouvelle modalité d’imposition de la contrainte scolaire et d’intériorisation des normes sociales dominantes ». Elle souligne en quoi ces prescriptions mettent également les enseignants en difficulté alors qu’ils doivent à la fois « veiller au respect des spécificités individuelles des élèves (leurs rythmes, leurs envies etc.) et leur donner la possibilité de découvrir les savoirs scolaires demanière ‘autonome’ ; d’autre part encadrer les pratiques cognitives et comportementales des élèves afin qu’ils se conforment aux attentes de l’institution scolaire en maîtrisant un ensemble de savoirs, de savoir-faire et savoir-être.» A la toute fin de l’ouvrage l’auteure, pose un certain nombre de questions, sans y répondre car là n’est pas l’objet de sa recherche, sur la nécessité de définir les ressources nécessaires à la construction de l’autonomie. En faisant un usage globalisant du terme de « pédagogies nouvelles », elle assimile idéologie et pratiques dominantes (y compris qualifiées d’innovantes) à une recherche pédagogique certes minoritaire mais bien réelle, qui travaille à apporter des réponses, loin de conceptions spontanéistes de l’apprentissage et naturalisantes du devenir élève. Cette réserve faite, le dévoilement des paradoxes de l’injonction à l’autonomie et leurs incidences négatives sur un engagement nécessaire des élèves dans leurs apprentissages, font de l’ouvrage un outil précieux de réflexion sur les modalités prescrites de transmission des savoirs. Christine PASSERIEUX
10èmes Rencontres internationales des ateliers d’écriture 18 octobre 2016 Jacqueline Bonnard Du 20 au 23 octobre 2016 à Echirolles (Isère – France) Lycée Marie Curie, 5 avenue du 8 mai 1945, 38130 Echirolles Création et champ social : « LES ATELIERS D’ECRITURE : QUELLES DYNAMIQUES DE TRANSFORMATION ? » Ces rencontres sont organisées par le GFEN, avec le soutien de la ville d’Echirolles et en partenariat avec de nombreuses association et collectifs. Elles visent à favoriser la rencontre des acteurs sur le plan national et international pour permettre dans l’échange et la confrontation d’expériences, de nommer, mettre en débat, élucider les enjeux des ateliers et des pratiques d’ateliers. Les Rencontres des Ateliers d’écriture, ce sont aussi les «Rencontres lycéennes avec l’écriture» le mardi 18 octobre 2016 de 9h à 17h au Lycée Marie Curie : ateliers d’écriture, rencontres, débats… avec écrivains, poètes, animateurs d’ateliers, bibliothécaires, médiateurs du livre, militants de l’écriture… Programme et inscription
Boîte à lire octobre 2016 18 octobre 2016 Valérie Pinton Livres Le sens du problème. Problématiser à l’école ? Michel Fabre, De Boeck, Coll. « Le point sur… Pédagogie », septembre 2016, 126 p. 14 €Qu’est-ce que problématiser ? Comment peut-on faire problématiser les élèves ? A quelles conditions peut-on engager une véritable démarche de problématisation avec les élèves, de l’école maternelle au lycée ? Si notre monde est devenu problématique, en perpétuel questionnement sur lui-même, il semble naturel de penser qu’un des enjeux de l’école est d’apprendre aux élèves à problématiser. Les textes officiels préconisent d’ailleurs de le faire et beaucoup d’enseignants s’y essaient. Mais force est de constater que les meilleures idées risquent de dénaturer devant les difficultés. Cet ouvrage fournit un certain nombre d’exemples de problématisation à l’école dans différentes disciplines ainsi que pour le traitement des questions socialement vives. Il fournit un certain nombre de repères, d’ordre épistémologique, pour la construction de situations de problématisation en classe. Présentation du livre Henri Piéron (1881-1964) Psychologie, orientation et éducation Sous la direction de Laurent Gutierrez, Jérôme Martin et Régis Ouvrier-Bonnaz,Octares éditions, Col. « Travail et activité humaine », 2016, 25€Henri Piéron, qui fut par deux fois président du GFEN (1931-1933 et 1937-1939) a incarné la psychologie scientifique aussi bien en France qu’à l’étranger pendant plus d’un demi-siècle (1912-1964). Aujourd’hui, force est de constater qu’il est tombé dans une semi-clandestinité. Les travaux relativement restreints qui lui sont consacrés suffisent à s’en convaincre. Dès lors, comment expliquer ce paradoxe%u202F? Cet ouvrage, en revenant sur le parcours de ce «leader incontesté de l’institutionnalisation de la psychologie en France%u202F», souhaite faire la lumière sur les différentes facettes de celui qui occupa la chaire de physiologie des sensations au Collège de France durant près de trente ans (1923-1951). Au-delà de cette assise institutionnelle, les études contenues dans cet ouvrage reviennent sur l’extraordinaire activité de ce scientifique de renommé internationale dont les idées firent école dans de nombreux pays. Il est également montré comment l’intervention de Henri Piéron fut décisive dans la création et le développement de l’orientation professionnelle. Son engagement au sein des associations militantes pour une réforme démocratique de l’enseignement à laquelle il croyait résolument est également abordé en vue de mieux cerner l’originalité et l’étendue de son œuvre. Présentation du livre Natation. 500 adaptations pour une inclusion réussie Éric Bernad, Xavier Chigot, Isabelle Collavet, Editions EPSColl. « Handicaps et activité physique », 104 p. 18 €L’acquisition du savoir-nager représente un enjeu vital pour tous les élèves. Il était donc indispensable de concevoir un enseignement tenant compte de leurs besoins éducatifs particuliers. Les 37 situations pédagogiques présentées dans cet ouvrage s’articulent autour de 6 thématiques couvrant les 3 premiers cycles de la scolarité%u2009: Tous à l’eau%u2009! – Nager et jouer – Vers le savoir-nager – Savoir nager – Sauvetage – Natation synchronisée. La démarche est fondée sur l’observation des nageurs dans une situation donnée, la formulation d’hypothèses sur les causes des difficultés rencontrées et des propositions d’adaptations pour répondre aux besoins identifiés. Ces propositions concrètes et opérationnelles s’adressent à tous les intervenants (professeurs des écoles, MNS, éducateurs sportifs…), notamment ceux qui accueillent un (ou plusieurs) jeune(s) en situation de handicap au sein d’un groupe de pratiquants dits valides. Présentation du livre Revues Les manuels dans la classe de français En 1999, A. Choppin soulignait le rôle important des manuels scolaires, qui ne sont pas de simples témoins de leur temps, mais qui peuvent être considérés comme des acteurs dans le monde éducatif. Le n° 194 du Français aujourd’hui propose une réflexion sur les différents rôles que peuvent jouer les manuels dans la conception, la présentation, l’organisation et même la configuration du français comme discipline scolaire. Dans ce dossier, les manuels sont considérés en tenant compte de la diversité des pays francophones, des différents niveaux scolaires et des différentes filières. Ils sont explorés comme des lieux où se découvre quelque chose de la discipline. Présentation du n° S’embarquer dans les apprentissages Dans sa dernière parution Les Cahiers Pédagogiques (n° 531, septembre) se demandent comment embarquer les élèves dans les apprentissages, pour qu’ils aient l’envie et le plaisir d’apprendre ? Comment développer leur implication et leur engagement dans leurs apprentissages ? Certains dispositifs pédagogiques favorisent-ils la motivation et la mobilisation des élèves ? Pour quelle efficacité et quelles exigences ? Présentation du n° Eduquer aux et par les médias et l’information Les études réalisées sur les terrains amènent à s’interroger sur l’écart entre la nécessité impérieuse d’une telle éducation et le manque de déploiement, à l’échelle nationale, de l’EMI malgré les dispositions du gouvernement. Force est de constater que les enseignants, dans leur grande majorité, se sentent insuffisamment concernés par l’EMI. L’objectif de ce dossier du dernier d’Animation & Education (n° 253-254) est donc triple : contribuer à alimenter la réflexion en mettant en exergue les enjeux citoyens et les pratiques innovantes de l’EMI au XXIème siècle. Rassurer les enseignants en démystifiant l’éducation aux médias et à l’information par la valorisation de projets pédagogiques simples mais riches qui montrent que la dichotomie entre une éducation par (média comme outil) et une éducation aux (médias comme objet) n’a pas lieu d’être. Enfin, informer sur les projets et outils coopératifs, les actions associatives, les aides et ressources possibles et les actions enseignants-médias. Présentation du n° Ce que le numérique peut en éducation Le numérique nous invite à revisiter nos idées, voire nos certitudes, sur la transmission des savoirs et des compétences dans l’école et, au-delà, sur notre rapport au(x) savoir(s), à soi, aux autres et au monde. Alors qu’il fait partie intégrante du continuum éducatif, permettant des liens nouveaux entre les différents temps des enfants, le numérique reste, à l’image de la société et de ses inégalités, marqué par des fractures relatives à ses différents usages et appropriations. Ce numéro de Diversité (n° 185, 3e trimestre 2016) questionne tout particulièrement ces enjeux : si les savoirs, dans leur diversité et profusion, sont ouverts et disponibles à tous, il s’agit de donner aux enfants et aux jeunes les repères leur permettant d’être agiles dans ce cadre nouveau d’apprentissage qu’est internet. Présentation du n° Le 9-3, un territoire de la nation Hérodote, revue de géographie et de géopolitique consacre sa dernière parution (n° 162, 3ème trimestre 2016) à la Seine Saint-Denis.Caractérisée par l’histoire de la banlieue rouge, des processus ségrégatifs sociaux et ethniques et une représentation d’espace marginalisé où s’accumulent des identités stigmatisées, la Seine-Saint-Denis est un territoire où les problèmes économiques et sociaux sont les plus graves : chômage, logement indigne, échec scolaire, délinquance. Mais le 9-3, c’est aussi avant tout une représentation géopolitique et il se pourrait qu’elle évolue rapidement car c’est un territoire en pleine mutation économique, sociale, politique et urbaine qu’accélèrera la métropole Grand Paris avec le réseau du Grand Paris express. Aussi le territoire du 9-3 concentre-t-il tous les défis et toutes les promesses de la France postcoloniale, c’est pourquoi il est sans doute le test décisif de notre capacité à faire nation. A ne pas manquer un article de Gatien Elie (GFEN) sur « L’école en Seine-Saint-Denis : une pauvre école pour des enfants de pauvres ? » disponible intégralement sut le site. Présentation du n° Tony Lainé Vers L’Education nouvelle dans sa livraison d’août (n° 563) revisite « l’actualité d’une influence majeure », celle de Tony Lainé. Psychiatre, psychanalyste, citoyen engagé mais aussi homme de télévision et poète de l’âme humaine ; ses livres et ses films ont dépassé largement les seuils des établissements spécialisés. Trop tôt disparu (1992), il nous a laissé une oeuvre écrite et filmée importante et aujourd’hui méconnue, qui près de vingt-cinq ans après porte encore toute sa pertinence. Tony Lainé a toujours pensé que la souffrance psychique, la folie interrogeait le rapport à la politique, autrement dit la place de chacun dans la société et la culture qui fait l’humanité :« J’ai toujours refusé de considérer la folie comme un monde à part, ce qui est la meilleure manière de n’en rien voir. Au contraire, j’ai délibérément choisi d’aider a priori ceux qui sont dits « fous » à recouvrer avec tous leurs droits, une place dans la communauté. C’est alors que s’est imposée à moi la conviction que la folie témoigne toujours d’un sens vivant et que la différence établie entre le statut social du fou et celui du « normal » est une imposture. » Extrait de l’introduction du livre Le petit Donneur d’offrandes, 1981. Présentation du n° Cinquantenaire… Freinet toujours debout ! Ce numéro exceptionnel du Nouvel Éducateur (n° 229) de 140 pages présente le mouvement Freinet, une actualité ancrée dans l’Éducation nouvelle qui en ce début du 21e siècle demeure une force vive de propositions pour l’École populaire, celle de tous les enfants : l’École de la République. Octobre 2016, c’est le cinquantenaire de la disparition de Freinet, mais c’est aussi 90 ans de pratiques, d’expérimentations et de recherches à l’école et hors de l’école, de la maternelle au lycée. Elles sont à retrouver dans les trois parties de ce numéro : La construction d’un mouvement pédagogique avec des articles d’historiens, de compagnons de Freinet et de militants ; l’actualité de la pédagogie Freinet, tout un avenir, avec des articles de praticiens, de militants, des secteurs et chantiers de l’ICEM ; ensemble pour l’Éducation, avec des paroles extérieures. Présentation du n° Autre @Zorrocliches.Un robot Twitter pour en finir avec les idées reçues sur la pauvreté À l’occasion de la journée mondiale du refus de la misère le 17 octobre, ATD Quart Monde lance un nouvel outil pour combattre en direct sur Twitter les idées reçues sur les pauvres. Ce «robot» Twitter complète le manuel «En finir avec les idées reçues sur les pauvres et la pauvreté» dont ATD Quart Monde publie cette année la 3ème édition. «Les pauvres ne paient pas d’impôts»; «S’ils sont à la rue, c’est qu’ils l’ont choisi». Les pauvres sont régulièrement traités «d’assistés» et, en période de campagne présidentielle, nous nous attendons malheureusement à ce que cette stigmatisation continue à polluer les débats. Afin de lutter contre ces idées reçues, @ZorroCliches répond en direct par de l’information factuelle. Le procédé est simple : il suffit d’écrire un tweet en citant @ZorroCliches.A chaque interpellation, le robot analyse les mots utilisés et les compare à une base de données recensant de nombreux synonymes correspondant aux idées reçues décortiquées par ATD Quart Monde. Quand deux mots clés correspondent à une idée reçue, le robot la cite, assortie de sa réponse (vrai, faux, pas si simple), avec un lien pour en savoir plus. Chacun est invité à retweeter les réponses obtenues pour que les discours stigmatisants pour les personnes pauvres disparaissent de la toile etd’ailleurs. Projets éducatifs territoriaux Un an après leur généralisation, l’INJEP consacre tout un dossier aux projets éducatifs territoriaux (PEDT) qui auront été, par leur ampleur, l’un des faits les plus marquants des réformes éducatives prises sous l’actuel quinquennat. Ceux-ci résultent en effet de la rencontre entre deux volontés : réformer l’école et les rythmes scolaires, organiser l’offre éducative au sein des territoires en réunissant tous ces acteurs dans une démarche de projet. L’occasion de faire le point sur les textes mais surtout de donner la parole aux acteurs de la décision publique qui jouent un rôle important dans leur mise en œuvre et leur évaluation. Enjeux, analyses et points de vue. L’éducation des filles et des garçons : paradoxes et inégalités L’IFÉ publie un nouveau dossier de veille, signé par Marie Gaussel (n° 112, octobre). Dans les systèmes éducatifs mixtes, les filles et garçons reçoivent un enseignement considéré comme identique, mais qu’en est-il réellement ? On s’aperçoit que, malgré une meilleure réussite des filles à l’école elles sont toujours sous-représentées dans les filières prestigieuses et porteuses d’emploi. Par la suite, les femmes rencontrent plus de difficultés dans leur trajectoire professionnelle. Pourquoi ces inégalités persistent-elle encore au sein d’une société qui clame pourtant son adhésion aux valeurs d’égalité entre les individus ? Comment favoriser une véritable éducation à l’égalité ? C’est à ces questions que s’attache à répondre notre dossier en s’intéressant aux mécanismes en jeu dans la construction des rôles sexués assignés aux filles et aux garçons pouvant mener à ces discriminations genrées. Nous abordons également la façon dont sont engendrés des traitements et représentations inégaux dans une École dont la vocation est d’assurer une mixité égalitaire et comment elle est impliquée dans la construction comme dans le renforcement des stéréotypes liés à la question de genre. Lire
Philippe Meirieu : » L’innovation pédagogique doit se faire au sein de l’école publique » paru dans AlterEcoplus 12 septembre 2016 Valérie Pinton Paru dans AlterEco, un entretien avec Philippe Meirieu : par Céline Mouzon, le 07/09/2016 Le discours sur une alternative scolaire hors de l’Education nationale se développe. Porté par différents courants, il pourrait ouvrir la voie à une balkanisation et une marchandisation de l’école. Or les innovations pédagogiques existent au sein de l’école publique. Il suffit de les promouvoir, explique Philippe Meirieu, spécialiste des sciences de l’éducation et de la pédagogie. L’école innove-t-elle aujourd’hui ? Parlons-nous-nous de l’innovation dans l’Education nationale ou bien de la myriade d’innovations qui se développent actuellement à sa marge ? Avec l’approche des élections présidentielles, se fait jour un débat important opposant, souvent de manière peu lisible par l’opinion publique, ceux qui affirment que l’innovation pédagogique doit se faire au sein de l’école publique et ceux qui pensent qu’elle est impossible dans le système actuel et ne peut se faire qu’en dehors du « carcan » de l’Education nationale. On trouve, parmi les tenants de cette dernière voie, aussi bien des personnalités de droite qui professent des méthodes très traditionnelles, fondées sur la répétition, la mémorisation et la discipline, avec un discours fort autour du « rétablissement de l’autorité », que des militants de certains courants de l’Education nouvelle, autour des pédagogies Montessori et Steiner par exemple, voire proches de la mouvance libertaire, qui ont, eux, pour ambition de « lutter contre tout formatage scolaire » et de développer la créativité des enfants que l’école traditionnelle serait incapable de prendre en compte. Se côtoient dans un même combat pour la « liberté scolaire » des libéraux élitistes, des « républicains » nostalgiques et des « alternatifs » marginaux Se côtoient ainsi dans un même combat pour la « liberté scolaire » des libéraux élitistes, des « républicains » nostalgiques et des « alternatifs » marginaux. Cette convergence entre une conception ultra-libérale et une vision autogestionnaire de l’éducation me paraît préoccupante. D’autant que ce mouvement se rapproche désormais des tenants de la déscolarisation, comme André Stern, qui, au nom d’une certaine conception de l’enfance, affirment que l’école « abîme » systématiquement les enfants et que seule « l’école à la maison », dans la nature, peut permettre un développement harmonieux. Lire la suite
Boîte à lire juin 2016 17 juin 2016 Valérie Pinton Revues Spécial Pacte Et vlan ! Un TRACeS (n°226) spécial sur le Pacte pour un Enseignement d’Excellence ! Où est donc passé le bon vieux TRACeS qui parlait de ce qui se passait dans les classes, qui ouvrait des perspectives pour agir et aidait à réfléchir sur les pratiques ? Y aurait-il eu unputsch éditorial, une dérive technocratique ?Rien de tout cela. Si on se permet de vous balancer toutes ces pages de politique de l’enseignement, c’est parce que tout ce qui s’y passe, là, risque bien de transformer ce qui se passe dans les classes, d’ouvrir des perspectives pour agir et d’aider à réfléchir sur les pratiques… Et parce que tout cela sefait au nom de la réduction des inégalités. Présentation du n° Pluri-inter-trans-disciplinarité, discours, enjeux et pratiques dans le champ social Ce numéro 148 de Forum (Champs social éditions) s’interroge sur la question du dépassement des clivages disciplinaires autour de trois domaines (plus ou moins reliés) : la recherche, l’action sociale et médico-sociale (pratiques professionnelles), la formation en travail social et intervention sociale: par-delà l’inflation des discours et la rhétorique de l’interdisciplinarité (pluri-inter-trans), qu’en est-il de ses enjeux et des pratiques ? Quelques réponses particulièrement stimulantes pour la poursuite de la réflexion qui peuvent même guider les acteurs aux prises avec la mise en œuvre du plan d’action gouvernemental en faveur du travail social et du développement social, adopté par le conseil des ministres du 21 octobre 2015. Ce plan invite notamment au développement de la coopération interprofessionnelle, à la reconnaissance de l’intervention sociale comme objet de recherche et à la participation active des personnes accompagnées dans les projets de développement social, de formation et de recherche. Présentation du n° L’analyse de l’activité et sa verbalisation Cette nouvelle livraison de Savoirs (n° 40) s’ouvre sur une note de synthèse qui entend rendre compte de l’activité humaine en situation, dans sa dimension formative. Il s’agit d’analyser des « approches qui s’intéressent à l’expérience subjective vécue en situation, c’est-à-dire à ce que les acteurs font et à la façon dont ils vivent ce qu’ils font ». Pour cela, trois approches sont mobilisées : la psychophénoménologie initiée par Pierre Vermersch, l’observatoire du cours d’action établi par Jacques Theureau et la clinique de l’activité impulsée par Yves Clot, dont il explore les implications théoriques et pratiques. Présentation du n° Les mineurs non accompagnés Tel est le thème du N° 130 de Vie Sociale et Traitements (Ceméa – Editions Erès). Ils arrivent en France directement par avion, ou par les chemins terribles de l’immigration clandestine. Ils sont envoyés par leurs parents à des parents improbables, ou à l’aveugle, pour être mieux en France qu’au pays, ou bien ils ont perdu leurs parents au pays ou en chemin. Certains ont vécu des horreurs : guerre civile, sauvagerie des passeurs, vécus mortels des passages. Certains arrivent en France objets de noeuds familiaux et culturels semblant incompréhensibles. Sont-ils mineurs ? Ils savent le dire, et nos tests radiologiques aux critères périmés prétendent le savoir. Sont-ils absolument isolés ? À en voir parfois certains sur Facebook et au téléphone, ceux-là ne le sont pas. D’autres le sont probablement. Il y a aussi les téléscopages de codes culturels, de langues… Pourront-ils rester en France à leur majorité ? Encore de la triche, légitime, sur les âges, sur les dates, sur les projets. Comment comprendre quelque chose à cette galaxie obscure ? Et que faire avec ces jeunes ? Présentation du n° Regard social sur l’autisme Entre 100.000 et 1 million de personnes seraient aujourd’hui autistes en France, soit 0,2 à 2 % de la population, selon la définition retenue. L’intégration de l’autisme dans le champ des maladies neuro-développementales et l’élargissement de ses critères diagnostiques ont banalisé le regard porté sur cette pathologie. Mais elle reste, sous ses formes les plus sévères, très difficile à vivre au quotidien, pour les familles comme pour les personnes autistes. Leur prise en charge est au cœur de violentes polémiques entre les partisans de l’éducatif, eux-mêmes divisés, et ceux du soin psychologique. De plus, malgré la loi sur l’inclusion scolaire, moins de 20% des enfants autistes fréquentent une école : un frein à leur intégration sociale. Malmenés, épuisés, souvent obligés de renoncer à leur travail, les parents se regroupent dans des associations parfois virulentes. Le n° 619 de L’école des parents dresse un état des lieux de l’autisme en France, sans parti pris, si ce n’est celui de mettre fin aux clivages, enfin. Présentation du n° Les Sciences de l’éducation – Pour l’Ère nouvelle Dans son premier numéro de l’année la revue du CERSE Sciences de l’éducation – Pour l’Ère nouvelle nous donne à lire des articles sur le rythmes scolaires des enfants : discussion autour des contraintes et opportunités économiques des familles ; les parcours de formation et la production identitaire : des animateurs socioculturels engagés en VAE ; La construction des collectifs dans l’apprentissage collaboratif à distance : l’affordance socioculturelle des objets numériques ; l’orientation scolaire et professionnelle des filles et des garçons au collège, évaluation d’un dispositif de sensibilisation aux métiers non-traditionnels. Présentation du n° [R]accrochage scolaire : que peut la pédagogie ? Les réflexions, témoignages, actions présentés dans ce nouveau dossier d’Animation & Education (n° 252) prouvent que de nombreux leviers d’action peuvent être activés pour prévenir les situations d’échec, de frustration, de démotivation, de dégoût d’apprendre. En effet, la question du décrochage scolaire est un défi posé à notre système éducatif, d’autant plus difficile à relever que les causes en sont multiples et qu’il n’existe pas de portrait-robot du décrocheur : aucune catégorie d’élève n’est épargnée même si les risques sont plus forts pour les plus fragiles culturellement, économiquement et socialement. Cette bataille doit être menée sur plusieurs fronts, à l’extérieur comme à l’intérieur du système, en cohérence avec plusieurs partenaires (élève, école, famille, associations, collectivités locales…), dès les premières années de la scolarité et tout au long du cursus scolaire de l’élève. L’enseignant -la pédagogie qu’il met en œuvre, la relation qu’il entretient avec les élèves, le regard qu’il porte sur eux, les espaces de parole qu’il aménage- exerce un rôle déterminant dans la persévérance scolaire des jeunes. Aider les acteurs de l’éducation à créer les conditions qui permettront aux élèves de se sentir bien à l’école, d’apprendre et de s’épanouir, telle est l’ambition que défend ce dossier ! Présentation du n° Former les futurs citoyens Mise en place du nouveau socle commun, de l’enseignement moral et civique : l’éducation à la citoyenneté, thème souvent abordé par les Cahiers pédagogiques, revient au cœur des préoccupations. Le n° 530 de la revue du CRAP interroge : de quelle éducation à la citoyenneté parle-t-on ? Comment ne plus la confondre avec une éducation au civisme et à la civilité ? Présentation du n° L’action éducative locale, un espace d’engagement citoyen Les Francas revendiquent depuis leur origine le fait que la condition enfantine et l’éducation sont l’affaire de tous, tant au plan local, national, européen qu’international. Comme le révèlent les citoyens qui dans ce n° 312 de Camaraderie témoignent de leur engagement dans l’action éducative locale, la préoccupation partagée de la réussite et de l’avenir des enfants est un formidable levier pour mettre en mouvement une société de manière positive.L’engagement citoyen, quels que soient sa forme, le terrain d’action et les partenaires impliqués dans le projet, contribue tous les jours à l’émergence de nouvelles réponses au regard de l’évolution des besoins éducatifs, sociaux et culturels des enfants et des adolescents. Au-delà de son utilité sociale, cet engagement permet aussi à l’individu qui s’engage de développer ses relations, d’apprendre, d’élargir son horizon, de s’ancrer sur un territoire et de prendre part avec d’autres à sa transformation, tout en renforçant le sens que l’on donne à sa vie au quotidien. Alors continuons d’agir pour qu’un plus grand nombre de citoyens se sente concerné par la condition enfantine et les questions d’éducation qui en découlent. Présentation du n° Les actes de lecture Au sommaire de la dernière parution des Actes de lecture (n° 134) : « Umberto Eco : nous étions ses lecteurs modèles », « Le français n’est pas une langue ! », « Anaïs Vaugelade une œuvre d’une classe folle », un dossier : « Pratiques de classe en recherche ». Présentation du n° Autre Raconte ta ville Réseau Canopé lance la 4e saison de son opération « Raconte ta ville » : cette initiative citoyenne et originale invite les classes des écoles, collèges et lycées à travailler en interdisciplinarité tout au long de l’année, pour « raconter » leur environnement proche sous la forme d’un webdocumentaire. Sur le thème de la ville durable, cette nouvelle édition se concentrera sur des problématiques urbaines et environnementales, et permettra aux enseignants de travailler sur des champs éducatifs tels que la maîtrise de la langue, la documentation, l’éducation aux médias, l’histoire des lieux, les arts visuels, etc. Les inscriptions sont ouvertes et les enseignants qui souhaitent participer sont invités à se rapprocher de leur Atelier Canopé avant le 27 juin 2016. Plus d’informations Une web-série qui parle des quartiers oubliés Le collectif Tribudom réalise depuis quatre ans un feuilleton participatif avec des habitants de quartiers dits « sensibles » du nord-est parisien et de la proche banlieue.L’idée : mettre en lumière des histoires singulières et créer des passerelles entre les populations pour favoriser la mixité sociale. Voir Vivre ensemble en République Le dispositif « Vivre ensemble en République », porté par le Préfet du Val-de-Marne et la Direction Départementale de la Cohésion Sociale, constitue une opportunité de se saisir collectivement de l’enjeu du vivre ensemble. Des représentants d’associations locales ont fait le choix de se regrouper pour apporter des pistes de réflexions et de réponses aux besoins ressentis, autour des questions liées à la laïcité, à la citoyenneté ainsi qu’à la lutte contre le racisme et les discriminations. Les actions d’éducation, de formation ou de prévention menées sur département sont nombreuses et riches de partenariats qui maillent et structurent le paysage éducatif. Dans une recherche de cohérence et de mobilisation de tous, le Projet éducatif territorial est venu faciliter le portage collectif d’ambitionséducatives par les acteurs locaux. Il est en effet essentiel de reconnaître la complémentarité de tous pour proposer des réponses réellement pertinentes et adaptées aux besoins du territoire. Voir le site Livre Sport et mondialisation Coordinateur : Delcourt Laurent, éditions Syllepses, Alternatives Sud, Mars 2016, 13 € Aux antipodes des valeurs de l’olympisme, le sport est devenu un grand marché et une industrie extrêmement lucrative à l’échelle de la planète: 3% du commerce mondial, 650milliards d’euros de chiffre d’affaire, 4 à 5% de croissance annuelle. Produit, reflet, voire accélérateur de la mondialisation, le sport-business lui imprime ses logiques marchandes, ses dynamiques clivantes et ses dérives mafieuses : financiarisation à outrance, privatisation et capitulation des pouvoirs publics, etc. Revers de a médaille ? Expulsions et destruction de quartiers défavorisés, reconfiguration des espaces urbains au profit du secteur privé, mise en place de «juridictions d’exception», délimitation de zones d’exclusion commerciale, explosion des dépenses publiques pour satisfaire les exigences des fédérations… La dernière coupe du monde au Brésil a montré de façon spectaculaire la violence extrême pour les habitants des quartiers populaires qu’entraîne l’organisation de tels événements. Une fois le rideau tombé, les pays hôtes doivent souvent déchanter.Çà et là, des mouvements sociaux s’organisent pour dénoncer les coûts sociaux et humains de ce détournement de l’esprit du sport et de ses supposées fonctions d’intégration, pour dénoncer l’instrumentalisation du sport par les classes dominantes des pays du Sud et leurs alliés. Présentation du livre
Communiqué de la FCPE « Violence à l’encontre de la jeunesse : la coupe est pleine » 9 juin 2016 Valérie Pinton Communiqué de la FCPE le 3 juin 2016 Violence à l’encontre de la jeunesse : la coupe est pleine La FCPE est indignée par le fait que les forces de police s’en prennent à des mineurs alors que ces derniers manifestaient de façon pacifique devant leur établissement scolaire, accompagnés de leurs parents. Parmi ces manifestants, 11 enfants ont été blessés et trois d’entre eux sont à l’hôpital Elle demande à ce que toute la lumière soit faite suites à ces débordements à Saint-Malo, tout comme durant les manifestations contre la loi travail. Elle rappelle que la France est signataire de la convention internationale des droits de l’enfant et agit pourtant en contradiction avec celle-ci. Sous-couvert d’un nécessaire maintien de l’ordre, la FCPE ne peut accepter que des enfants et adolescents deviennent les victimes alors qu’ils exercent leur droit d’expression et de manifestation. L’éducation ne se fait pas à coup de matraque ! Voir le communiqué sur le site de l’a FCPE
Communiqué de l’OZP « L’éducation prioritaire dans la réforme de la scolarité obligatoire : une étape délicate » 8 juin 2016 Valérie Pinton Paris, le 3 juin 2016 OUI, enfin, l’éducation prioritaire a une bonne chance de réussir. Sa refondation est bien engagée, après 30 ans où les périodes de silence institutionnel et même de recul ont succédé aux avancées et aux relances. La journée nationale de l’OZP le 28 mai l’a confirmé. Les efforts se concentrent sur 350 REP+, le cœur de l’éducation prioritaire, qui peuvent bénéficier d’un pilotage et d’un accompagnement institutionnel important sans que les 740 REP soient abandonnés. « L’entrée par la pédagogie », s’appuyant sur le référentiel d’éducation prioritaire, se manifeste dans le fonctionnement en réseau écoles-collèges et le développement des fonctions de formateurs à l’intérieur des réseaux : la formation peut répondre ainsi dans des délais opérationnels aux besoins exprimés collectivement par les acteurs de terrain et elle peut être articulée avec la mise en œuvre. Cette entrée se matérialise aussi et surtout dans l’affectation des moyens supplémentaires, permettant certes de limiter le nombre d’élèves par classe, mais donnant la priorité aux projets de réseau, au développement du travail collectif, aux moyens de formation et de concertation. Cette affectation est complétée par une modulation plus forte des moyens en fonction de la difficulté sociale. Bien sûr, on constate des différences importantes dans ces avancées, entre les réseaux et à l’intérieur des réseaux. Mais l’évolution du métier d’enseignant, le travail collectif, le développement des compétences d’ingénierie pédagogique, le rapprochement des cultures professionnelles du premier et du second degré sont parfois des réalités tangibles qui ouvrent la voie à une transformation du système. NON, les risques d’enlisement, ne sont pas écartés. L’éducation prioritaire, et l’entrée par la pédagogie, ne font pas partie de l’ADN de l’institution, de ses responsables administratifs ou politiques. L’OZP regrette : – Les défaillances du pilotage à tous niveaux – La dilution des fonctions de professeur référent (Cf- encadré ci-joint) – Que des personnes qui se sont engagées dans la refondation voient leurs fonctions « diluées » sans qu’aucun bilan n’ait été tiré. L’OZP demande que les avancées s’inscrivent dans la durée et que les défaillances soient corrigées. Pour cela, il faut à la fois : – Garantir à tous les niveaux la priorité effective aux réseaux et aux personnels de l’Education prioritaire – Améliorer très sensiblement le pilotage à tous les niveaux de l’institution – Faire du nouveau Cycle III (CM1, CM2, 6ème) un maillon fort des réseaux. -Prendre vraiment en compte la GRH des personnels engagés dans cette politique mieux reconnaître les acteurs exerçant sur les nouvelles professionnalités – Développer les ressources, les dispositifs de formation en lien avec les Espe et la Recherche publique. La refondation de l’Education prioritaire est bien engagée. Elle favorise l’émergence d’une culture professionnelle commune ; elle doit permettre, dans le cadre des réseaux, la construction de véritables collectifs professionnels de la scolarité obligatoire. Pour l’OZP, il est nécessaire d’engager dans les prochains mois un bilan d’étape collectif et public de la refondation de l’Education prioritaire. Voir le communiqué sur le site de l’OZP
Boîte à lire avril 2016 27 avril 2016 Valérie Pinton Revues Enseigner la grammaire : contenus linguistiques et enjeuxdidactiquesCe numéro du Français aujourd’hui (n° 192, mars 2016) – qui parait dans un contexte de remaniement des programmes scolaires (Nouveaux programmes pour les cycles 2 et 3 du primaire à la rentrée 2016) – s’inscrit dans un large ensemble de réflexions relatives à la difficulté d’enseigner la langue et spécialement, mais non exclusivement, « la » grammaire, grammaire qui, telle qu’elle est présentée, entre autres, dans les programmes scolaires actuels, et notamment dans ceux de français du collège (2008), est pour beaucoup d’enseignants le « point noir » de la profession, et cela, à tous les niveaux du cursus, du primaire à la préparation aux concours d’enseignement, sans oublier la formation des futurs enseignants. Ce numéro est donc à lire comme une forme de réponse à des demandes de collègues et au sentiment d’insécurité qu’ils éprouvent. Présentation du n° Jeux traditionnels, jeux paradoxaux L’intérêt présenté par l’apport éducatif original des jeux traditionnels a été à la source du choix du sujet de ce dossier du n° 561 de Vers l’éducation Nouvelle (janvier 2016). De nos jours, les enfants et les jeunes en général sont constamment sollicités par des activités et des sports qui valorisent l’exaltation de la performance individuelle et la recherche de la domination d’autrui. Face à cette idéologie de la compétition sélective, les jeux paradoxaux proposent des pratiques relationnelles plus souples qui favorisent une confrontation de l’entraide et du partage. Les auteurs des articles de ce dossier sont tous des acteurs de terrain qui montrent combien ces jeux inhabituels enthousiasment les enfants et créent de nouvelles façons de jouer ensemble. Il serait dommage que ces types de jeux ne se répandent pas davantage. Il s’agit donc aussi d’une invitation à un tel voyage. Présentation du n° Mettre en œuvre les EPI Dans leur numéro de mars, Les Cahiers Pédagogiques (n° 528) s’intéressent à la mise en œuvre des enseignements pratiques interdisciplinaires qui vont se mettre en place à la rentrée 2016. Dans certains collèges, on anticipe déjà. Dans d’autres, les pratiques interdisciplinaires existent depuis un certain temps. On ne part donc pas de rien et les EPI peuvent s’appuyer sur l’existant. Présentation du n° L’estime de soiLa revue EP&S (N° 369, janvier-février-mars 2016) interroge : qu’elles soient envisagées à des fins éducatives, relationnelles, de santé ou de performance, les APSA contribuent-elles, et à quelles conditions, à développer l’estime de soi ? Hier considérée comme un indicateur de santé mentale, l’estime de soi est aujourd’hui envisagée comme une composante déterminante des conditions d’apprentissage et de progrès, capable d’orienter et de dynamiser le comportement, en particulier en raison de ses effets motivationnels avérés. Ph. Sarrazin, D. Trouilloud, S. Redersdorff, L. Finez, A. Plaquet, N. Cartierre, P. Bourdier, F. Fourchard et A. Courtinat-Camps nous aident à comprendre les mécanismes régulant les perceptions de soi, les effets des comparaisons sociales et les stratégies développées tant à l’adolescence que chez les plus jeunes. Présentation du n° Éduquer contre le racisme et les discriminations Le dernier numéro de Non-violence Actualité (N° 345, mars-avril 2016) propose des outils pour « Éduquer contre le racisme et les discriminations ». L’échelle de l’histoire montre avec quelle fraîcheur les acquis de la lutte contre le racisme et les discriminations s’inscrivent dans les livres. Dans la patrie où « les hommes naissent libres et égaux en droits », il est à déplorer que ces droits s’appliquent encore dans un régime à deux vitesses et que persiste le « deux poids, deux mesures ». S’il n’y a pas de vaccin, puisqu’il ne s’agit pas d’une maladie, il existe, pour un moment encore, des espaces consacrés à des initiatives éducatives qui facilitent la déconstruction de la pensée raciste et discriminante à l’école ou ailleurs, dès le plus jeune âge et dès maintenant. L’objectif est d’armer et d’entraîner les citoyens à ce combat particulier. En effet, les armes remises s’appellent savoir, connaissance, capacité d’analyse et esprit critique ; l’entraînement consiste à se faire respecter et à respecter, à écouter et dialoguer, à serencontrer, à construire et créer ensemble cette société égalitaire « rêvée » par tant d’autres. Dernière précision (pour ne pas se tromper d’ennemi et ainsi éviter l’écueil de devenir ce que l’on rejette) : ce combat ne se mène non pas contre des personnes, qui réduites à leur comportement incarneraient le « mal ». Il se mène contre des pratiques et discours que nous pouvons faire ou tenir à notre insu. Présentation du n° Enseigner, c’est politique Le dernier Traces de Changements (n° 225, mars-avril 2016) l’affirme « Enseigner, c’est politique » et ajoute « dures luttes ». Par sa pratique de classe, par son positionnement dans l’institution, l’enseignant se positionne politiquement. Par les contenus qu’il aborde, par sa posture dans la classe, par les outils qu’il choisit, par la considération qu’il accorde (ou non) au groupe et aux individus qui lui sont confiés, l’enseignant crée (ou non) les conditions de l’émancipation sociale. Un dossier bien dodu pour ne pas être le dindon de la farce et des rubriques en prime : un impolitique, le retour d’un pigeon et l’épisode 1 de la nouvelle Saga « C’est pas des maths ça ». Présentation du n° L’école : républicaine ou démocratique ? Cette troisième livraison de la revue N’Autre école – Questions de classe(s) (mars 2016) pose la question : l’école, républicaine ou démocratique ? Alors que l’état d’urgence met à mal les libertés démocratiques, ce numéro trois arrive à point nommé. Après « Charlie », faut-il remettre l’école, les élèves, les personnels, au pas ? Que se cache-t-il derrière la nostalgie de l’école des « républicains » ? À travers son dossier et ses rubriques habituelles, il propose des analyses, des éclairages historiques, des décryptages des programmes (histoire, langue, éducation morale, etc.) mais surtout des exemples de pratiques professionnelles en France et à l’étranger. Il illustre la vigilance nécessaire pour que les pratiques démocratiques soient effectives et émancipatrices. Présentation du n° Mon prof, ce héros Tel est le thème du dossier du n° 1394 (9 mars) de Politis. Engagez-vous, qu’ils disaient… Manque de reconnaissance, de moyens, de formation, de travail en équipe, déclassement…Les profs accumulent des souffrances en sachant que, derrière les leurs, celles des élèves sont exponentielles. De là l’idée qu’ils sont un peu « au front ».En première ligne, en tout cas, de difficultés scolaires et d’inégalités sociales qu’ils tentent de déjouer, armés le plus souvent de bonne volonté et d’une bonne dose de système D. En Seine-Saint-Denis, a été lancé en 2013 un plan d’urgence pour combler les centaines de postes vacants. Depuis, sont donc catapultés dans des classes des contractuels non enseignants, recrutés via Pôle emploi, et qui n’ont parfois jamais travaillé avec des enfants. Si le ministère assure aujourd’hui que « le taux desélectivité de ce nouveau concours devrait à nouveau permettre d’assurer un recrutement de grande qualité », la situation de ce département reste emblématique d’un désarroi général. Et ce même si les perceptions semblent plus négatives en milieu urbain. Il y aurait près de 40 000 contractuels en France. Pour un million d’enseignants, dont une bonne part voudrait refonder le métier. Si ce n’est l’école tout entière. Présentation du n° Livres Ecole : La fracture sexuéeJean-Louis Auduc, Fabert, 110 p, 12 € En France, depuis plus de 25 ans, les filles réussissent mieux à l’école que les garçons et ce, à tous les niveaux, de la maternelle à l’Université. L’échec scolaire, les difficultés de lecture et d’écriture, les sorties sans qualification, sont, dans notre pays, massivement le fait de garçons ! Le refus, à l’inverse de ce qui se passe dans d’autres pays, de prendre en compte cette réalité, explique pour une bonne part l’incapacité des différentes politiques mises en œuvre, de faire reculer l’échec scolaire. Présentation du livre L’École des réac-publicainsLa pédagogie noire du FN et des néo-conservateurs, Grégory Chambat, Libertalia, N’Autre École n°7, 240 p, 10 €. L’École est le champ d’intervention privilégié d’une galaxie intellectuelle et médiatiquecaressant le rêve de rétablir un état scolaire — et social — ancien. Pour ces « réac-publicains » (Natacha Polony, Jean-Paul Brighelli, Alain Finkielkraut, Éric Zemmour…) évoquant inlassablement l’effondrement du niveau et la décadence de l’institution, le redressement de l’École préfigurerait la restauration de l’ordre et de la nation. Leurs incessantes et virulentes polémiques s’inscrivent dans une tradition méconnue, celle de l’intérêt jamais démenti de l’extrême droite pour l’éducation. Cet ouvrage relate l’histoire de cette « pédagogie noire » et décrypte ses déclinaisons contemporaines afin d’en révéler les enjeux sociaux et idéologiques. Entre les sirènes du « nostalgisme » réactionnaire et le renoncement à toute perspective de transformation, il s’agit de retrouver le chemin d’une pédagogie de l’émancipation. Présentation du livre Faire école : un sport de combatEntre Terrain et Recherche, par Jacques Cornet,Préface de Philippe Meirieu, Postface de Benoît Jadin, Cgé, 2015, 16 € Jacques Cornet a toujours pratiqué l’écriture professionnelle. Pour lui, un petit morceau de vie de la classe, un incident critique contient toute la complexité et la conflictualité du système scolaire et, plus largement, du monde. Dans ce livre, vous trouverez une sélection de ses textes qui ont été publiés dans TRACeS de ChanGements, la revue du mouvement sociopédagogique où il milite depuis une trentaine d’années pour une école plus digne. Des textes qui interrogent le système reproducteur d’inégalités, des textes qui analysent les enjeux de l’école comme institution, des textes qui questionnent la didactique des sciences humaines, des textes qui racontent les pratiques de pédagogie institutionnelle. Un style vif et sans langue de bois, une analyse sociologique qui n’est pas dupe des rapports de pouvoirs en jeu, des écrits engagés et qui poussent aux changements. Présentation du livre Les prolosLouis Oury, Agone, « Mémoires sociales » avril 2016, 248 p,19 € Les Prolos est un témoignage d’apprentissage comme il en existe des romans. On y suit un très jeune apprenti, issu du monde agricole des régions rurales de la Loire, pour qui le passage par la condition ouvrière est une étape dans un parcours de promotion sociale. C’est à Saint-Nazaire, dans les chantiers navals, que le chaudronnier se rapproche d’une classe ouvrière nullement enchantée, dans une progression dramatique qui culmine avec la grande grève de 1955. Le monde des Prolos, immédiatement postérieur à la reconstruction, est celui de la guerre froide, d’écarts et d’affrontements sociaux qu’on peine aujourd’hui à se représenter. C’est un monde presque entièrement disparu, qui a inspiré à Louis Oury un des classiques majeurs du témoignage ouvrier. Né en 1933, Louis Oury est un des écrivains prolétariens de langue française majeurs de ces quarante dernières années. Après avoir été ouvrier puis ingénieur, il est devenu historien et romancier. Les Prolos (1973, réédité ici pour la cinquième fois) est son premier ouvrage. Présentation du livre L’accueil des mineurs en difficultéAndrea Bobbio, Teresa Grange, Gianni Nuti, Jean-Pierre Pourtois, EME éditions, « Ouvertures pédagogiques », 2016, 152 p, 20,9 € Qu’est-ce que l’accueil dans la relation éducative? Quelles sont les priorités de l’accueil quand il s’agit d’enfants et d’adolescents en situation de vulnérabilité, de souffrance, de détresse psychosociale? Comment sauvegarder le principe d’éducabilité face aux sollicitations dominantes de protection et d’assistance? Cet ouvrage propose un regard pédagogique sur l’accueil; il porte sur la relation complexe entre les fondements d’une éducation émancipatoire et les contextes de prise en charge et d’accompagnement des mineurs en difficulté. Présentation du livre
La natation de demain, une pédagogie de l’action. Raymond CATTEAU 17 avril 2016 Jacqueline Bonnard Un outil au service des formateurs et entraîneurs Nouvelle édition, revue et augmentée, éditions ATLANTICA, 2015. 230 pages, 24,90 euros Introduit par trois préfaces émanant de cadres techniques de la natation française, l’ouvrage se veut au service des formateurs et entraîneurs. Mais chacun peut y trouver des ressources utiles pour peu qu’il s’intéresse à la natation bien sûr, mais également aux situations d’apprentissage à privilégier dés lors que le milieu dans lequel l’apprenant évolue lui paraît suffisamment étrange, voire étranger. Car il ne faut pas s’y tromper, c’est avant tout la pédagogie de l’action qui est privilégiée dans le propos de Raymond Catteau car « transmettre la compétence ou l’expertise par des discours, verbaux ou écrits, se révèle toujours inopérant ». Pour apprendre à nager ou enseigner la natation, faites d’abord un peu de physique et de mécanique pour appréhender les caractéristiques des milieux terrestre et aquatique afin de comprendre ce que l’être humain doit surmonter et modifier dans sa motricité pour passer de l’être terrien « vivant sur un monde essentiellement hétérogène , peuplés d’êtres et d’objets » à un être aquatique capable de se mouvoir dans un milieu homogène qui oblige à revoir la façon de se mouvoir, se propulser. Apprendre à nager n’est pas chose facile lorsqu’inconsciemment, le néophyte tente d’adapter sa posture de terrien à ce nouveau milieu en maintenant les voies respiratoires et la tête hors de l’eau ce qui induit une verticalité du corps susceptible de gêner la nage. Certains diront que pour apprendre à nager, il suffit d’abord « d’apprendre les mouvements » comme l’ont fait les générations antérieures, au bord des bassins « où l’on a pied »… pour prendre confiance. Mais comme on n’apprend pas de mouvements pour apprendre à marcher, Raymond Catteau soutient que les systèmes de mouvements se coordonnent à partir de situations à résoudre par l’action et l’expérience du sujet. C’est le mobile (apprendre à nager) qui pousse l’individu à réunir les mouvements aux cours d’expériences répétées et analysées qui permet au nageur de se construire et passer progressivement d’une « organisation terrienne » à une « organisation aquatique ». Comme pour la marche, on note des structures de fonctionnement que l’apprenant doit successivement remettre en cause s’il veut progresser pour devenir un nageur performant. Quatre parties dans cet ouvrage La première est consacrée à la natation. Après avoir présenté un historique montrant que, dès l’Antiquité, la natation est présente dans les activités humaines, l’auteur pointe la progressive accession pour tous à la pratique de la natation. Il décrit ensuite les différents types de nage et cette faculté des bébés à explorer le milieu aquatique et s’y mouvoir sans appréhension. La deuxième partie aborde la culture natatoire. Il s’agit là de la connaissance des nages (structure et fonctionnement) : nages alternées (crawl et nage sur le dos) et nages simultanées (nage papillon et brasse). A chaque fois, on décrypte la posture, les gestes du nageur avec photos et illustrations à l’appui. La troisième partie propose une mise oeuvre didactique « pour devenir nageur et toujours meilleur nageur ». Cette mise en oeuvre se base sur la pédagogie de l’action et le processus de construction. Trois états pour le corps en milieu aquatique : le corps flottant, le corps projectile, le corps propulseur. Pour chaque état, on étudie successivement les aspects physique, physiologique, psychologique, pédagogique. Dans la quatrième partie, la mise en oeuvre pédagogique s’appuie sur les six niveaux de l’action décrits en partie 1, en reprenant les trois thèmes précédents : corps flottant, corps projectile et corps propulseur. L’auteur propose une suite d’objectifs intermédiaires à atteindre et chacun d’eux à travers une succession de tâches. Des annexes très fournies complètent cet ouvrage pour permettre au lecteur de connaître les références et options philosophiques de l’auteur dont Henri Wallon, Robert Mérand, Jean-Pierre Astolfi, Gaston Bachelard, Aurélien Fabre. Jacqueline BONNARD
Bernard REY : pas de compétences sans savoir et inversement 13 avril 2016 Jacqueline Bonnard « Enseigner aujourd’hui à l’aune des compétences » Conférence du 16/03/2016, école Saint Exupéry, Tours Invité par le GFEN37, Bernard REY* a tenté d’éclaircir la notion de compétence et les effets d’une approche par compétences dans la sphère scolaire. Sans esquiver le débat autour de la question : « entre savoirs et compétence faut-il choisir ? « , il pointe la spécificité des tâches proposées en milieu scolaire et des réponses souhaitées qui déroute plus d »un élève et en particulier ceux qui sont éloignés des attendus de l »école. Plan de l’intervention Notion de compétence et son incidence sur les apprentissages. – Généralités – Le problème didactique et pédagogique que pose l’acquisition de compétences – Comment peut-on amener les élèves à acquérir des compétences ? 1 – Introduction La notion de compétence en éducation a surgi en Belgique à la fin des années 90 mais déjà en juin 1989 la loi Jospin introduit un référentiel des compétences pour les cycles de l’école maternelle et primaire. La notion réapparait en 2006 avec le premier socle commun (une nouvelle version est prévue pour la rentrée 2016). Dans l’univers scolaire, on peut faire l’hypothèse que dans beaucoup de pays, on se préoccupe du lien entre ce qu’on apprend à l’école et l’usage qu’on en fait dans la vie. En 2000 au Québec, face à un décrochage scolaire massif, on tente une approche par compétences. On peut cependant se poser le problème du risque de l’abandon de l’accès aux savoirs. Faut-il choisir entre compétences et savoirs ? Ils ne sauraient s’exclure : il n’y a pas de construction de compétence sans savoirs associés. 2 – Généralités Définition de la compétence Compétence : possibilité qu’a un individu, dans un domaine donné, d’accomplir des tâches dans ce domaine. Etre compétent c’est quand, pour aborder une tâche nouvelle, l’apprenant s’appuie sur des ressources qu’il a déjà apprises. C’est la nécessité de mobiliser à bon escient des connaissances et des procédures. Une procédure : c’est un acte qui peut s’automatiser en s’entraînant : technique opératoire ; construire une phrase interrogative en anglais. savoirs/connaissances savoir-faire/capacité savoir-être/attitude Pour être compétent dans un domaine il faut dans ce domaine des connaissances et des savoir-faire (procédures). Dans une tâche nouvelle, il faut savoir mobiliser ses connaissances et savoir-faire. C’est « un nouveau nom » sur un problème classique de l’école : le transfert des acquisitions. La notion de compétence pointe l’attention sur ce problème pédagogique : réinvestir les acquis dans une tâche complexe. Tâche complexe : tâche qui implique la maîtrise de plusieurs connaissances et procédures pour la réaliser. Ce n’est pas forcément une tâche compliquée (ex : la production d’écrit) Il y a des actions qui sont des compétences en début d’apprentissage (lire un mot au CP : reconnaissance des lettres, combinatoire) puis au fil de l’apprentissage de la lecture, lire un mot devient une procédure. L’enseignement ne consiste pas seulement à acquérir des connaissances et des procédures : on renoncerait alors à donner aux élèves une autonomie de pensée. Dans l’enseignement il se produit une discrimination entre ceux qui réussissent ou pas à utiliser les connaissances et procédures connues pour accéder à une nouvelle tâche. Les enjeux pour les apprentissages 3 – Le problème didactique et pédagogique que pose l’acquisition de compétences Comment amener les élèves à mobiliser à bon escient leurs connaissances et les procédures acquises? Le problème est de faire accéder à une certaine autonomie intellectuelle (en opposition avec le dressage). C’est un acte décisif qui dépend de la manière dont les élèves interprètent ce qui leur est demandé. Dans les années 90, beaucoup de psychologues ont travaillé sur la notion du transfert. Le concept de schèmes emprunté à Piaget a aussi été exploré. Sur la même période, le concept de familles de tâches semblait très prometteur (‘Émile reviens vite, ils sont devenus fous’, Meirieu et Develay). Mais cela est incomplet. Pour que l’élève, devant un problème (math, histoire), soit capable d’aller chercher les bonnes procédures et connaissances pour le résoudre, il faut qu’il sélectionne les informations pertinentes : les bons éléments, ceux qu’on doit retenir et ceux qui sont anecdotiques et qu’il faut négliger. Ce choix, même dans une tâche élémentaire, peut provoquer des erreurs. D’où l’intérêt des chercheurs pour les moments où les élèves choisissent les données non pertinentes. De mauvaises interprétations à des problèmes posés L’individu, bien qu’il ait les connaissances et les compétences nécessaires, ne réussit pas toujours à résoudre, réaliser la tâche prescrite. Exemple 1. On demande aux élèves d’écrire un texte argumentatif sur la nécessité de ne pas gaspiller l’eau. L’un d’eux raconte qu’il s’est fâché avec son cousin qui prenait des douches trop longues. Ce faisant, il produit un texte narratif : il n’a pas considéré comme important, dans la consigne, le mot « argumentatif ». Exemple 2. Problème en classe de CE2 : « Fabien veut acheter un jeu à 12euros, il a 5 euros, combien doit-il demander à ses parents ? ». Un enfant répond « 12 » parce qu’il préfère garder son argent et demander tout à ses parents. Deux exemples de décalage du à une mauvaise interprétation du problème posé Il y a des réponses scolairement attendues Est-ce qu’il ne faudrait pas être plus explicite sur ce qui est scolairement attendu ? Il y a un implicite des tâches scolaires qui n’est pas lisible, pour tous les élèves. « L’école évalue les élèves sur des compétences qu?elle ne travaille pas. » (Bourdieu). Mais quelles sont les spécificités de la demande scolaire ? Difficile à cerner car les enseignants, inspecteurs, chercheurs sont habitués à cette interprétation qui paraît aller de soi quand pour certains élèves le problème de mathématiques est un problème relationnel car ramené à une situation familiale. 4. Comment peut-on amener les élèves à acquérir des compétences ? Caractéristiques de la forme scolaire et malentendus Trois caractéristiques : On attend que l’élève interprète la tâche ou l’action au moyen d’une grille de lecture se référant à un savoir, des connaissances, des compétences scolaires mais pas à ses émotions, au relationnel, à ses expériences personnelles, ses préférences personnelles. – Cette tâche relève de quelle discipline ? – Qu’est-ce qu’on attend de moi dans ce que l’on m’a enseigné ? On attend que l’élève pense la situation dans sa globalité, sans chercher à accrocher une procédure isolée à un mot de l’énoncé. On doit penser à l’aide des savoirs scolaires qui permettent de traiter la situation au lieu de sauter sur des données pour répondre coute que coute quelque chose, mais sans rapport avec ce qui est demandé : l’attendu scolaire est mal interprété. Le plus souvent il s’agit d’un profil d?élève obéissant, docile, qui ne pense pas par lui-même. Au moindre indice, même s’il n’est pas très sûr, il va montrer que ça, il le sait. Ces deux premiers points se rattachent aux difficultés pointées par le groupe ESCOL : certains élèves ne voient que le sens premier de la tâche (imbrication), pas le sens second celui des savoirs (secondarisation). Par exemple, faire tracer des cercles pour constater que tous les points sont à équidistance du centre signifie pour certains : savoir tracer des cercles sans « riper ». Il s’agit d’un défaut de « subjectivation » ; pour apprendre, il faut s’engager soi-même car venir dans la classe et s’asseoir ne suffit pas. Ces deux caractéristiques sont à mettre en rapprochement à ce défaut de subjectivation. La textualité des savoirs scolaires Les élèves n’expliquent pas comment ils ont trouvé car ils considèrent que : – c’est évident, – le prof le sait déjà. C’est bizarre de redire au professeur comment on a fait alors que c’est lui qui nous l’a appris. L’école attend qu’on ne s’appuie pas sur la connivence avec le destinataire ; elle demande des textes « universellement valables ». Cette universalité des écrits attendus est incompréhensible pour beaucoup d’élèves. Dans notre quotidien, nos messages se réfèrent aux gens avec qui nous les partageons, auxquels on ne réexplique pas tout puisqu’on sait qu’ils le savent déjà. C’est une spécificité du message scolaire. 5 – Dans l’échange qui a suivi les questions ont porté sur : Quand donner des tâches nouvelles et complexes ? Que doit-on expliciter ? Et les compétences transversales ? Informations et savoirs ? et Evaluer des compétences ? à partir des notes de Ginette Bien-Delajoux, Dominique Seghetchian, Jacqueline Bonnard *Bernard REY est professeur à l’Université Libre de Bruxelles. Il est l’auteur notamment des ouvrages : – Savoir enseigner dans le secondaire, éd.De Boeck 2010 – La notion de compétence en éducation et formation, Enjeux et problèmes, éd. de Boeck 2014
Lire & Ecrire au CP 11 avril 2016 Valérie Pinton Le projet Lire & Écrire au CP a été réalisé, avec le soutien de la DGESCO, entre septembre 2013 et juin 2015 auprès d’une vaste cohorte d’élèves de cours préparatoire suivis au cours élémentaire première année.Les chercheurs réunis à l’initiative de Roland Goigoux par l’Institut français de l’Éducation (IFÉ) avaient pour ambition d’identifier les caractéristiques des pratiques efficaces d’enseignement de la lecture et de l’écriture, en particulier pour les élèves socialement les moins favorisés, ceux dont les premiers apprentissages sont le plus dépendants de l’intervention pédagogique. Une journée de restitution des premiers résultats a eu lieu à l’Ifé en septembre dernier. Des vidéos ont été publiées à l’issue de cette journée, permettant d’entendre les contributions des chercheurs. C’est le rapport complet qui vient de paraitre : une mine de 444 pages de résultats et d’analyses, le début d’un long travail de recherches qui va durer plusieurs années, vu la richesse des matériaux accumulés. Il s’agira ensuite pour les formateurs de s’en emparer et de faire en sorte que ces données les plus actuelles de la recherche puissent diffuser en formation et infuser les pratiques d’enseignement. A lire absolument, pas d’une seule traite… mais en fonction des centres d’intérêt de chacun. Lire le rapport
Enseigner plus explicitement 6 mars 2016 Jacqueline Bonnard Un dossier du centre Alain Savary Ce dossier a été nourri par la formation nationale de formateurs REP organisée par la DGESCO à Poitiers et Lyon. Très complet, il commence par présenter ce que les textes officiels prescrivent, que ce soit dans le référentiel de l’éducation prioritaire ou dans les nouveaux programmes. Puis il évoque l’utilisation du vocable « pédagogie explicite » par plusieurs courants de recherche dont les cadres théoriques diffèrent, ce qui peut provoquer malentendus et controverses autour de ce que l’explicitation peut être dans le cadre d’une situation d’apprentissage en classe. Mais pour comprendre la complexité de ce terme, il faut interroger la spécificité des savoirs scolaires organisés en disciplines ayant chacune ses spécificités que ce soit au niveau des notions abordées, des méthodes utilisées et d’une certaine posture pour entrer en relation avec « les objets du monde». L’explicitation serait « une tentative perpétuelle de l’enseignant avec ses élèves pour les accompagner à lire des situations avec des notions théoriques et à construire avec eux des notions théoriques à partir des situations. » « L’explicitation » contribuerait à réduire les inégalités scolaires. Mais comment, pourquoi, quand expliciter ? Reprenant la typologie utilisée dans l’enquête sur les pratiques d’apprentissage du lire-écrire au CP pilotée par l’IFé et le laboratoire ACTé, le dossier pointe deux grandes catégories d’explicitation réalisées par l’enseignant : – explicitation du pourquoi : explicitation des finalités de la tâche (apprentissages visés, par exemple) – explicitation du comment : explicitation des procédures, stratégies ou connaissances à mobiliser pour traiter la tâche. Ce qui ne règle pas les difficultés que l’enseignant rencontre en classe lorsqu’il souhaite le faire. Le processus se joue à plusieurs niveaux : l’enseignant peut expliciter aux élèves, l’élève peut s’expliciter à lui-même et expliquer à l’enseignant, les élèves peuvent s’expliciter entre eux. S’appuyant sur des vidéos de chercheurs ou pédagogues, le dossier montre qu’enseigner plus explicitement ne signifie pas expliquer (au GFEN, nous disons qu’expliquer empêche de comprendre), passer par le dire ou le discours. Il s’agit d’un processus plus complexe qui se joue à plusieurs niveaux, s’appuyant sur le langage mais dans l’objectif que chaque élève devienne progressivement capable de décoder et catégoriser des situations, résoudre les problèmes posés et organiser en discipline les savoirs abordés. Dossier téléchargeable gratuitement sur le site du centre Alain Savary. Jacqueline BONNARD
Boîte à lire février 2016 24 février 2016 Valérie Pinton Revues Des pratiques… Education au développement durable, Engagement et responsabilité« Chacun », de l’Éducation nationale aux collectivités locales sans oublier les associations, nous invite à mener des actions supposées vertueuses pour la planète. Ici, on éduque les élèves à l’environnement, au développement durable. Là, on sensibilise les enfants à une bonne gestion de l’eau ou des déchets. Ailleurs encore, on enseigne les dérèglements climatiques. Il se passe partout quelque chose ! Pour autant, cette multiplicité d’actions qui nous donne bonne conscience nous permet-elle de penser un mode de développement plus vivable ? Plus équitable ? Un mode de développement qui fasse sens ? Pour cela, ces actions doivent pouvoir s’inscrire dans le cadre de véritables parcours cohérents, structurés et porteurs de valeurs. En promouvant la mise en œuvre de projets éducatifs s’appuyant sur la pratique de la vie associative et coopérative, l’OCCE contribue activement à cette ambition. C’est ce que tente de démontrer ce dossier, du dernier Animation & Education (N° 250). Présentation du n° EPS à l’école primaire Le Hors-série n°14 (janvier) de Contrepied sort dans un contexte où le « socle commun » accorde enfin de l’importance à l’EPS mais où la création d’un cycle 3 – censé assurer la liaison école-collège- est accompagnée de programmes aux contenus culturellement pauvres. Il réaffirme l’importance de l’EPS dans le développement de l’enfant de 2 à 10 ans. Sans minimiser les problèmes, il donne à voir une EPS vivante, inventive, émancipatrice – au travers de comptes rendus de pratiques, de regards de professionnels ou chercheurs, de controverses – qui s’ancre dans la culture physique, sportive et artistique dès l’école maternelle. Présentation du n° Pratiques d’égalité Tel est le thème du 2ème numéro de la revue N’Autre école – Questions de classe(s). Une école émancipatrice est un lieu de vie dans lequel chaque enfant, par la pratique de l’observation, de l’analyse, de la raison tente autant que possible de se débarrasser de tous les déterminismes, sociaux, économiques, culturels, physiques, psychologiques. Les stages portés à la fois par des syndicats et des mouvements pédagogiques sur le thème des pédagogies alternatives et du syndicalisme d’émancipation qui se multiplient depuis quatre ans, inaugurent une démarche elle-même émancipatrice en ce qu’elle pratique un mode de vie solidaire et « connaissant » en opposition frontale à l’hégémonie culturelle dominante, hiérarchique et en cela liberticide. Le dossier de ce numéro prolonge le stage qui s’est tenu à Créteil fin mars 2015 autour de la question : « A l’école et dans la société, quelles classes ?» (co-organisé par le GFEN). L’objectif est de mettre en lumière, de partager, d’inventer, des pratiques pédagogiques porteuses d’égalité et de solidarité, pour combattre l’école de la reproduction sociale et s’affranchir des dominations. Présentation du n° Les Cahiers de l’action. Jeunesses, pratiques et territoire Quatre nouveaux numéros de cette collection de mutualisation et d’analyse de pratiques éditée par l’INJEP sont maintenant téléchargeables :31- Agir pour les parents, agir pour les jeunes. L’expérience des Écoles des parents et des éducateurs, Bernard Bier, Cécile Ensellem,32- Jeunes de quartiers populaires et politiques de jeunesse. L’expérience du Grand Ouest, Chafik Hbila, 201133- L’accompagnement des jeunes ayant moins d’opportunités. L’exemple du programme Envie d’agir, Brice Lesaunier, Laurence Gavarini (dir.), avec la collaboration de Caroline Le Roy34- L’expérience du service civil volontaire à Unis-Cité : quels enseignements pour le service civique ? Valérie Becquet (dir.) Des problématiques mises en travail… Didactique en milieux populaires – Niveau 4 Le TRACeS de ChanGements n° 224 interroge : didactiques en milieux populaires ? La didactique, n’est ce donc pas général, transversal, cognitivo neuronal ? Que vient donc faire ici… le social ?C’est que depuis des décennies et les ambitieuses massifications de l’école, il s’invite par la fenêtre, ce social, qui résiste à nos généreuses intentions, nos belles planifications, nos ambitieuses réformes. Cela grince, souvent, dans le microcosme des classes, et dans le macrocosme des statistiques. Jusqu’à il y a peu, tout le monde ou presque s’en souciait comme d’une guigne. Mais voilà qu’on s’est rendu compte que tout cela coûtait beaucoup de sous. Pédagogies populaires, actives, explicites, etc. : la guerre des mots est déclarée. Et derrière, qu’est-ce qui se joue ? Quelles questions pouvons-nous tirer, qui nous donneraient un peu de grain à moudre ? Résistances, sens, mots et places : la didactique, c’est décidément méchamment politique… Présentation du n° Etudes de CGéChanGements pour l’Egalité publie deux nouvelles études accessibles sur leur site : CGé s’en va t’en Pacte – 2015Changements et Inerties de l’institution scolaire – Comment contribuer à fairechanger l’École de l’extérieur ? par GROSJEAN Sandrine, MAWET FredQu’est-ce qui fait que l’École fonctionne comme elle fonctionne, qu’elle (re) produit autant les inégalités et qu’est-ce qui pourrait infléchir significativement ce fonctionnement ? On voit bien à travers l’histoire récente combien le politique ne peut pas tout, combien il ne suffit pas de décréter ce changement pour le provoquer. Mais peut-on pour autant imaginer de changer l’enseignement en profondeur SANS changement politique ? Probablement non. Des îles et des ailes – 2015Pratiques enseignantes pour plus d’égalité, par ROOSENS BenoîtAujourd’hui, l’égalité femmes/hommes apparaît à beaucoup comme un combat dépassé ou secondaire alors que, les déterminismes sociaux sont toujours à l’œuvre dans la société et que l’émancipation sociale ne va pas de soi.En enfilant ses « lunettes » de genre, ChanGements pour l’égalité (CGé) a voulu interroger le rôle émancipateur de l’École et examiner ce qu’elle ouvre comme horizon aux élèves – filles et garçons – pris en étau entre un discours égalitaire et une réalité qui ne l’est pas. Neurosciences et pédagogie Dans leur n° 527, les Cahiers Pédagogiques constatent que les neurosciences provoquent des polémiques. Pour certains, elles représentent une menace pour une vision humaniste de la pédagogie. Pour d’autres, elles produisent des résultats évaluables qui feraient office de preuves. Est-on condamné à cette logique binaire ? Présentation du n° Apprentissages, cognition et émotion. De la théorie à la pratique Nous savons maintenant que les processus cognitifs et les processus socio-émotionnelsinteragissent très fortement au cours du développement psychologique de l’enfant. Ainsi, le n° 139 d’ANAE aborde en particulier le rôle des émotions et entrainements dans les apprentissages scolaires chez les enfants et les adolescents, les effets de certaines « méthodes pédagogiques » sur leur développement psychologique et enfin une réflexion sur la difficile articulation pour les enseignants entre les résultats des recherches en sciences cognitives, la pédagogie et la didactique. La question doit être abordée de façon interdisciplinaire (psychologie du développement cognitif et affectif, science de l’éducation et éducation spéciale, neurosciences cognitives et affectives, et didactique. Ces riches contributions théoriques, expérimentales et pratiques pourront éclairer les professionnels de l’éducation et des apprentissages scolaires (novices ou experts) désireux de confronter leur pratique aux résultats récents des recherches appliquées à l’éducation. Présentation du n° Accompagnement, réciprocité et agir collectif Si l’accompagnement s’est progressivement institutionnalisé, les textes sur la formation professionnelle et l’orientation des adultes préconisent une centration des dispositifs sur l’individu, sans toujours interroger la place et le rôle de l’agir collectif dans les processus d’évolution professionnelle et d’intégration sociale. Ce dossier d’Education Permanente (N°205) propose de repenser l’accompagnement dans ses dimensions de réciprocité et de coopération, à partir des contextes professionnels de la formation, de l’intervention sociale, de la santé et du soin. Il s’agit d’élargir la réflexion et de dépasser la seule relation interindividuelle : reconnaître les dimensions collectives des situations d’accompagnement, par les processus de co-implication dans les fonctions de conseil et de co-accompagnement entre pairs dans les situations de travail et/ou de formation. Présentation du n° Dévolution, part du maître La dévolution se fonde sur le désir — ce que Freinet nommait « l’élan vital » —, cette pulsion de questionner, de rechercher, de découvrir, de savoir, d’agir, de créer qui anime l’enfant. Et plus l’enfant s’implique et plus ce désir s’accroît ! C’est dans la construction du savoir à partir de l’apport de l’enfant (récits, textes, questionnements, recherches, objets, œuvres…) transformé ou non par la classe coopérative que résident les fondements de la dévolution, cette part du maître indispensable pour un autre rapport au savoir.« Mettez vos actes de tous les jours en harmonie avec vos idées : apprenez à vos enfants dans votre famille, à vos élèves en classe, à se gouverner eux-mêmes, à prendre des responsabilités et à s’émanciper ; entraînez-les à s’exprimer totalement, à parler et à écrire, à critiquer et à voir juste ; donnez-leur la joie du travail désiré et voulu. » (Célestin Freinet) Ce dernier numéro du Nouvel Educateur (n° 226) rassemble des réflexions de praticiens et de nombreux témoignages qui mettent en œuvre d’autres pratiques pédagogiques. Présentation du n° Des précurseurs… John Dewey Les 22èmes notes du CREN (Centre de Recherche en Éducation de Nantes) proposent une Lecture de John Dewey (1859-1952), par Michel Fabre.« John Dewey, après avoir été longtemps ignoré ou incompris, semble revenir en force dans le paysage philosophique contemporain. Mais pourquoi lire Dewey aujourd’hui ? À mon avis parce qu’il a bien compris, dès l’aube du XXe siècle, que nous entrions dans un monde problématique, structurellement en crise et qu’il nous a fourni un certain nombre d’outils pour nous y repérer » (Fabre, 2011). Lire Michel Foucault : héritages et perspectives en éducation et formation Si Michel Foucault n’a pas directement écrit sur l’éducation, certains de ses ouvrages ont profondément influencé et accompagné la réflexion, que ce soit Surveiller et punir (1975) ou Le courage de la vérité (2009), pour fournir aujourd’hui aux chercheurs de très puissants instruments critiques. Le dossier du Télémaque n°47 se propose de faire un bilan de ces différents héritages et de voir comment ils fécondent aujourd’hui les recherches en éducation, dans la compréhension de ce qui se joue dans les pratiques scolaires, les relations de pouvoir et les techniques de persuasion, la construction du sujet et la formation morale : est-il possible, à partir de Foucault, de penser une autre école ? Telle est aussi la question posée. Présentation du n° 50 ans de littérature pour la jeunesse : raconter hier pour préparer demain Le 7ème numéro des Cahiers du CRILJ revient sur 50 ans de littérature jeunesse. « L’école des loisirs (1965), le magazine Pomme d’Api (1966) et la Joie par les livres (1963) sont nés dans un mouchoir de poche. Coïncidence, esprit du temps, évolution de la perception de l’enfance dans son contexte scolaire, ces trois entités se déploient en défendant une vision commune de l’enfance et de la littérature qui lui est adressée. » (Jacques Vidal-Naquet, Centre national de la littérature pour la jeunesse). Le CRILJ nait en 1965 et, cinquante ans plus tard, l’événement méritait bien un colloque et, pour le prolonger, cet épais numéro des Cahiers. Présentation du n° Livres Ces enfants d’immigrés qui réussissentParcours, devenir socioprofessionnel et stratégies familiales.Boussad Boucenna – Préface de Mohamed Madoui, professeur de sociologie au Cnam. L’Harmattan, Coll. Questions contemporaines, 24 euros, 236 p., février 2016Cet ouvrage met en lumière le processus de réussite d’une partie de la jeunesse issue de l’immigration algérienne de la seconde génération en Ile-de-France. Riche en témoignages et en récits de vie, l’analyse sociologique de Boussad Boucena souligne l’hétérogénéité d’une jeunesse d’origine algérienne issue de quartiers sensibles. Elle permet de mieux comprendre les conditions socioéconomiques de ceux qui réussissent.L’auteur prend à contrepied les études et nombreux débats médiatiques centrés sur l’échec, la délinquance, la pratique d’un islam radical ou le repli communautaire. Présentation du livre Trop classe ! Enseigner dans le 9-3Véronique Decker, Libertalia, N’Autre École n°6, 128 p.De Zébulon à Zyed et Bouna, sans oublier Albertine et Mélisa, N’Gwouhouno ou Yvette… du syndicat à la pédagogie de la « gaufre », des Roms à la maman sur le toit, Véronique Decker, enseignante et directrice d’école Freinet à Bobigny (Seine-Saint-Denis), éclaire par petites touches le quotidien d’une école de « banlieue ».Au fil de ses billets, il est question de pédagogie, de luttes syndicales, de travail en équipe, mais surtout des élèves, des familles, des petits riens, des grandes solidarités qui font de la pédagogie un sport de combat… social. Loin du déclinisme d’« intellectuels » pérorant sur l’école, des ségrégations institutionnelles ou du libéralisme et de sa fabrique de l’impuissance, c’est une autre école, en rires, en partages, en colères, en luttes qui se dessine, avec « des craies de toutes les couleurs, sur le tableau noir du malheur… »De l’autre côté du périph. Trop classe ! Présentation du livre A voir Notre créativité oubliée Ce documentaire de 65 mn propose de stimuler et valoriser le pouvoir de notre créativité. Liant poésie, témoignages et performances ce film artistique pose un regard positif sur notre créativité et les fabuleuses possibilités de notre cerveau. Il met en lumière les freins qui l’ont bridé et les puissants atouts apportés par une sollicitation à tout âge de nos facultés créatives dans différents domaines.Artistes, psychologues, éducateurs et amateurs témoigneront pour faire partager leurs convictions sur ce sujet au centre du mieux être individuel et collectif.Avec notamment Albert Jacquard, Jacques Salomé et Catherine Vidal. Une vision constructive incitant à explorer notre créativité personnelle et évoquant l’importance de la mettre au cœur de l’épanouissement des enfants dans l’éducation d’aujourd’hui. Achat DVD et projections Outil développé par l’AFL Elsa : En 2015, l’AFL a produit la plateforme numérique Elsa qui s’adresse à toute personne désireuse d’améliorer ses compétences en lecture : jeunes à partir de 9 ans, apprentis, étudiants, adultes en formation. Cette plateforme http://www.elsa-afl.com/ est accessible de partout (tablette et/ou ordinateur de la maison, de l’école, du centre de vacances ou des grands-parents…). La version 1 de l’application est constituée de séries d’exercices d’entraînement à la lecture de multiples textes, à l’exploration des stratégies possibles de compréhension de l’écrit. Aujourd’hui, l’association veut intégrer d’autres séries d’entraînement qui portent sur l’amélioration de la perception des mots et ensembles de mots. Ce sera la version 2. C’est pourquoi, afin d’achever cette plateforme numérique, l’AFL a entrepris de lancer sur le site d’Ulule un financement participatif.Le projet est en ligne, depuis lundi 8 février, pour une durée de 45 jours, à l’adresse suivante : http://fr.ulule.com/elsa-web/
La scolarité au coeur de l’étude Elfe 11 février 2016 Valérie Pinton COMMUNIQUÉ DE PRESSE Le 8 février 2016 Près d’une école sur quatre concernée par cette recherche inédite sur les apprentissages des enfants en maternelle ! Au printemps 2016, une nouvelle phase de l’étude Elfe (Etude Longitudinale Française depuis l’Enfance) se déroulera en école maternelle, associant les enseignants de moyenne section. Son objectif : recueillir des informations sur les premiers apprentissages des enfants âgés de 5 ans environ. La façon dont l’enfant entre dans les différents domaines d’apprentissage proposés par l’école maternelle pourra ainsi être analysée en prenant en compte les conditions de vie et les structures familiales, la santé et le développement de l’enfant. Ce volet « École » de l’étude Elfe fait appel à la participation des enseignants à travers la réalisation d’exercices ludiques dans les domaines de la lecture et des nombres, élaborés par les chercheurs. La place de l’enquête École dans le suivi des enfants Elfe Elfe est la première étude française consacrée au suivi des enfants de la naissance à l’âge adulte, qui aborde les multiples aspects de leur développement et de leur socialisation sous l’angle des sciences sociales, de la santé et de l’environnement. Lors de son lancement à l’échelle nationale en 2011, plus de 18 000 enfants ont été inclus dans la cohorte. L’étude Elfe représente une source de données novatrice pour analyser à grande échelle les relations, au fil des âges, entre biographie des parents, vie de famille, caractéristiques socioéconomiques, modes de garde et développement des compétences cognitives et sociales des enfants. L’essentiel du recueil de données s’effectue à partir d’enquêtes régulièrement réalisées auprès des parents. Les enfants ont aussi été directement sollicités à l’âge de 3 ans et demi à l’occasion d’une visite à domicile en réalisant un dessin ainsi que différents jeux visuels et d’association d’images. En poursuivant le suivi des enfants autour de 5 ans, l’intérêt de l’enquête École sera de proposer une approche globale et multifactorielle du monde de la petite enfance et de celui de l’école maternelle. Pour Bertrand Geay, directeur adjoint de l’étude Elfe, « cette enquête est un événement scientifique, offrant un éclairage tout à fait nouveau sur les apprentissages de l’enfant, intéressant aussi bien pour les familles que pour les enseignants. L’entrée à l’école est une étape fondamentale dans la vie de l’enfant, qui va influencer la manière dont il va grandir dans les années qui viennent. » Lire la suite du communiqué (pdf)
Aux frontières de l’école, Institutions, acteurs et objets de Patrick Rayou 4 février 2016 Valérie Pinton Patrick RAYOU (direction) Presses Universitaires de Vincennes, 2015 L’ouvrage dirigé par Patrick Rayou, s’inscrit dans les travaux d’un réseau de chercheurs, (Reseida)1 qui s’attachent à analyser et comprendre comment se produisent les inégalités d’accès aux savoirs et à la réussite scolaire. Il engage à « se demander d’où on regarde les frontières de l’école » afin de « prendre en compte les processus qui les construisent plutôt que « de réfléchir uniquement en termes d’étrangeté d’un territoire par rapport à l’autre » (P. Rayou). Perspective intéressante pour sortir de la fatalité d’un échec socialement ségrégatif ou se satisfaire de dispositifs de remédiations et/ou de pacification qui n’interrogent pas la nature de ces frontières et ajoutent de la désespérance et un sentiment violent d’impuissance des acteurs de l’école, auxquels est imputée la responsabilité des échecs massifs dans les milieux populaires. L’école est confrontée à deux écueils : présenter les savoirs de manière telle que les élèves les moins connivents se sentent exclus d’un univers qui leur demeure étranger et considèrent que les apprentissages scolaires ne les concernent pas ; ou pour répondre à une pression sociale et politique de plus en plus forte, faire autre chose que de l’école (on pense ici à toutes les éducations à), qui l’un et l’autre produisent les mêmes effets d’exclusion pour les élèves issus des milieux les plus précarisés. C’est entre ces deux pôles qui ne sont pas antinomiques qu’elle oscille lorsqu’elle rabat ses exigences au nom de l’adaptation aux élèves en difficulté, ou naturalise le passage de l’enfant à l’élève, sans mettre en partage les outils langagiers et cognitifs requis. Les chercheurs qui participent à cet ouvrage montrent que les élèves les plus éloignés des pratiques scolaires sont soumis à des exigences qu’ils ne peuvent connaître, voire reconnaître (dans la double acception du terme) : à l’école primaire lorsque l’école externalise la demande scolaire via les devoirs et participe ainsi à creuser les écarts ; au collège où les élèves doivent se débrouiller seuls pour décrypter les réquisits de l’institution ou s’enferment dans des relations d’interdépendance avec les enseignants. L’étude des internats d’excellence, des micro-lycées ou du coaching alerte sur des dispositifs qui, s’ils ouvrent effectivement des portes à des élèves, leur permettent de renouer avec une scolarité réussie, ne résolvent pas la question de fond de l’accès de tous aux savoirs. La dernière partie s’attache à des objets qui circulent dans l’école et hors l’école (théâtre ; littérature, devoirs), provoquant des malentendus sur leur usage, leurs finalités, (relations travail/loisir ; fréquentation/ appropriation de textes ; conceptions du travail scolaire). Alors que nombre de discours insistent sur la pluralité des espaces d’apprentissages dans la société contemporaine, cet ouvrage a le grand mérite de rappeler la fonction spécifique de l’école, sa place dans l’histoire individuelle et donc collective. Il alerte sur les dangers de brouillage de ses frontières qui participe à contourner la réalité sociale, l’évacuer ou l’essentialiser, assignant ainsi les élèves les moins connivents à leurs origines. Les auteurs : Stéphane Bonnéry, Claire Lemêtre, Benjamin Moignard, Julien Netter, Anne-Claudine Olier, Myriam Ouafki, Pierre Périer, Filippo Pirone, Patrick Rayou, Françoise Robin, Stéphanie Rubi Christine PASSERIEUX Note de lecture parue dans Carnets Rouges, décembre 2015
La question de l’action éducative à l’échelle d’un quartier 19 janvier 2016 Valérie Pinton GFEN Île de France : Valérie SULTAN, Jeanne DION Le « Groupe Réseau Éducatif » du quartier du Bois l’Abbé à Champigny dans le Val de Marne impulse depuis un an et demi une dynamique de réflexion entre différents partenaires :éducation nationale, conseil départemental, municipalité, et des associations de quartier ? « Les Femmes relais », « Unies pour Tous » -qui ensemble se regroupent à la « Maison pour Tous » du quartier.Tout au long de l’année, des rendez-vous sont proposés pour réfléchir et tenter d’apporter des solutions aux problèmes éducatifs rencontrés dans et hors l’école. Le mercredi 9 décembre 2015, le quatrième de ces rendez-vous a réuni 170 personnes dont 125 enseignants des premier et second degrés de la 18e circonscription de Champigny, en REP+ et 45 acteurs territoriaux et associatifs. Ce large public a assisté avec une attention soutenue à une conférence de Serge Boimare, psychopédagogue, qui sur la base de ses travaux et de son expérience, propose de mettre en oeuvre une démarche de « médiation culturelle » propre à surmonter les situations de blocage qui empêchent de nombreux élèves d’entrer avec force dans les apprentissages et sont une cause majeure du décrochage scolaire. Madame Sache, Inspectrice de l’Éducation Nationale de la 18e circonscription, a introduit l’après-midi en soulignant l’intérêt porté à la question des élèves en difficulté et en remerciant les personnels de l’éducation nationale, les partenaires acteurs de l’éducation, le GFEN et Serge Boimare. La conférence de Serge Boimare a suscité ensuite des échanges particulièrement riches permettant d’avancer sur de nombreuses problématiques de fond : comment passer de la théorie à la pratique dans les classes ? Quels rapports l’institution entretient-elle (ou pas) avec la réflexion pédagogique et didactique ? Jeanne Dion, membre du GFEN, est intervenue pour décrire dans le détail une pratique pédagogique intitulée »le texte recréé », ce qui a permis de rendre « vivante » et »visible » une activité concrète de classe, tout en démontrant l’efficience de la recherche en didactique pour ouvrir des horizons prometteurs au sein de notre système éducatif, en opposition aux sempiternels discours de déploration, qui paralysent toute réflexion. Le débat s’est poursuivi avec une intervention sur la question de la sélection à l’école. La conférence de Serge Boimare a permis de démontrer qu’il était possible de dépasser cette question en développant des pratiques de nature à faire réussir l’ensemble des élèves. Les échanges ont également donné lieu à des témoignages particulièrement éclairants, émanant à la fois d’anciens élèves décrocheurs, mais également de parents et d’acteurs sociaux qui ont pu faire partager leur expérience. Une intervenante a insisté sur l’importance de « l’intergénérationnel » permettant aux acteurs éducatifs de tous âges de construire collectivement leurs savoirs, leur expérience et leurs pratiques. La question de l’interculturel et de l’anthropologie des cultures a également traversé de nombreuses interventions :plusieurs intervenant-e-s ont considéré que cette problématique majeure ne faisait pas suffisamment l’objet d’une réflexion de fond et gagnerait à être davantage prise en compte dans la formation. D’autres échanges ont eu lieu autour de la question de la »gestion de classe » et de « l’autorité », deux questions particulièrement lancinantes, auxquelles les travaux de Serge Boimare et du GFEN ont permis d’apporter des réponses en dépassant les idées reçues et les lieux communs. La posture de l’enseignant, son statut vis-à-vis de la classe,son rôle dans la relation pédagogique ont également été abordés, de même que la dialectique incontournable entre individu et collectif dans la construction des apprentissages. L’intervention de Serge Boimare a permis de faire émerger des discussions très constructives, qui ne demandent qu’à être approfondies. Elle a surtout permis, au-delà des idées reçues et des poncifs qui paralysent si souvent la réflexion, de travailler à rendre visible ce qui se passe à l’école, avec tous ceux qui, dans un quartier, participent à l’action éducative, en proposant de dépasser les difficultés en étant créatifs. Lire l’intervention de Serge Boimare : « N’ayons plus peur des « mauvais élèves », c’est sur eux que repose le secret pour améliorer l’école ! »
La Geste Formation, Christian ALIN 3 janvier 2016 Jacqueline Bonnard Gestes professionnels et Analyse des pratiques Préface de Philippe Meirieu, l’Harmattan, 2010, 239 p., 22,80 € Pour ne pas perdre ses lecteurs, l’auteur, dans une introduction originale, présente le fil conducteur de son travail spiralaire pour nous inviter à avancer avec lui vers plus de précisions, de justesse, de vérité. Pas de chapitres, mais six études, comme des incitations à chercher, à se questionner avec lui, à partir des éléments issus de son travail professionnel et scientifique. Ces études s’appuient sur l’EPS, mais leur problématique interroge les métiers d’enseignants et de formateurs. Manipulant les genres littéraires avec bonheur : du récit de pratiques à l’analyse théorique voire schématique des gestes professionnels, en passant par des récits de vie et textes poétiques, il offre une vision passionnante des métiers de l’Education. Les domaines de recherche en Sciences Humaines sur lesquels il s’appuie pour étayer son argumentation sont très variés et impressionnants : didactique et didactique professionnelle, sciences du langage, philosophie, psychanalyse, psychologie du développement, psychologie du travail, sociologie. La langue utilisée est alerte, tissant avec le lecteur, une complicité qui ne s’évanouit pas au fil des pages. Ce livre n’est pas seulement une compilation d’expériences, même si ces études peuvent être lues de manière indépendante. Il consacre de longues pages à une identification (issue d’une analyse empirique, ergonomique, anthropologique, sémiotique) des principaux gestes et obstacles didactiques professionnels du métier d’enseignant et de formateur, décortiquant avec brio et audace, l’ordinaire du métier dans ses multiples facettes. Une « Geste Formation » employée par de nombreux chercheurs ( Bucheton & Dezutter, 2008), (Perrenoud & al, 2008 ;Alin, 2007, Jorro, 2002 ) est encore peu utilisée par les professionnels de l’Education ou lorsqu’elle l’est, reste floue, employée au milieu « d’ une architecture de gestes complexes » (Bucheton, 2005). L’éclairage de Christian Alin sur ce concept de geste professionnel est édifiant : une approche étymologique (gestus avec le participe passé dérivé gerere signifiant faire, se comporter) où ce mot exprime le mouvement et l’expression, le mouvement et la signification, assortie d’ une méthode analytique du langage où il se propose d’investiguer les usages du terme geste dans le langage quotidien pour le glisser dans le champ de l’analyse du travail et en conclure que cette expression de « gestes professionnels » n’est pas encore stabilisée. Pour autant, s’appuyant en partie sur les travaux d’Yves Clot (2000) sur le genre et le style professionnel, sur l’activité du sujet chez Léontiev (1978) il réussit à clarifier la nature langagière, pragmatique, sémiologique des gestes professionnels des enseignants :« Si le geste professionnel s’exécute et se réalise en fonction du but opératoire, performatif qui lui est assigné, il est aussi sous l’impulsion des motifs et de la dynamique subjective du sujet qui le met en oeuvre, autrement dit ce que l’on nomme l’activité du sujet (Léontiev, 1978 ; Clot, 2000). Le geste professionnel est porteur de valeurs et des symboliques qui caractérisent et spécifient un métier et son histoire. Les gestes professionnels sont d’abord constitués d’actions, de gestes techniques, d’actes qui appartiennent au quotidien de l’exercice expert d’un métier. Mais ils appartiennent aussi, en tant que discours, à un référentiel issu de l’histoire, de l’ethnohistoire sémiotique d’un métier. » (ibid p.54 ) Au-delà de douze gestes et obstacles professionnels bien identifiés et reliés entre eux sous forme de schémas très explicites, il inventorie quatre modalités d’agir : une marge d’autonomie (allant de la directivité au laisser faire), une marge d’autorisation (capacité à se donner une marge d’initiative personnelle), une marge de conflictualité (être dans une posture d’affrontement, d’inhibition ou de déni), une marge de tolérance (capacité à composer plus ou moins bien avec des conduites parfois déroutantes). C’est dans la dynamique de ces obstacles professionnels que va se construire l’identité professionnelle. Parmi de multiples exemples professionnels, il cite la prise en main de la classe par un enseignant débutant où ce qui se joue ne relève pas seulement de gestes techniques, spatiaux, mais aussi d’une symbolique du pouvoir et du contrôle. Transmettre son expérience de formateur semble être le fil rouge de son engagement professionnel: il s’appuie sur quelques épisodes marquants de sa vie personnelle et de chercheur et c’est pour mieux faire comprendre qu’une analyse de pratiques ne peut se polariser sur l’action, l’expérience racontée, mais se doit aussi de mettre à jour l’architecture et l’esthétique de ces pratiques, avec leur fondation pratique d’une part et leur valeur, leur visée symbolique, éthique d’autre part. « La construction, c’est du bâti, l’architecture du symbolique. » (Le Corbusier) Loin des débats récurrents entre la théorie et la pratique, il s’attache à une pensée dialectique, déployant une orientation théorique en analyse des pratiques comme activité de métacommunication et de métalangage : comment des actions et des sujets émergent conjointement à l’occasion d’une situation de travail et en quoi cela contribue à l’émergence d’une identité professionnelle ? Cette manière d’appréhender la réalité et notamment son appétence pour prendre en compte l’ethnohistoire d’un métier et l’histoire de vie d’un professionnel est sans doute en relation avec son histoire personnelle, fruit d’un métissage culturel qui l’habite et l’enrichit. Il revient à plusieurs reprises sur « la poétique de la relation » d’Edouard Glissand, sur la part du sujet et de sa subjectivité dans ses actes professionnels. Même s’il présente toute une série de dispositifs qui apporte de la technique d’analyse réflexive, il démontre que « la transmission d’une expérience reste toujours une question d’alchimie de la rencontre de soi et avec l’autre. » (Ibid p.131 ) Au fil des pages, on pénètre de plus en plus dans l’univers sémiologique du sujet en analyse de la pratique: une incitation à mieux caractériser la signification et le sens des gestes des praticiens novices ou experts, dans leur activité, leur contexte, leur culture et leur ethnohistoire. « Prêter du sens plutôt que donner du sens » : il ne s’agit pas de l’interprétation univoque d’un formateur si expert soit -il, mais d’une construction partagée entre tous les acteurs de l’analyse. Examiner les actions sur un double registre : celui des éléments actions observables, racontables et commentables et celui des discours et des énonciations produites à propos de ces récits. Sémiologiquement et méthodologiquement, les actes s’identifient, les gestes s’écoutent, alors que le rapport Actes/ Gestes s’interprète et doit faire l’objet d’un processus d’attribution du sens. Et cette barre complexe qui sépare actes et gestes représente l’autonomie des faits et des dires, des actes professionnels, mais elle représente aussi la place de l’arbitraire et de l’inconscient dans leurs relations : ceci témoigne des tensions entre le sujet acteur-auteur et le sujet énonciateur, en analyse de pratiques. Cette reconnaissance de l’individu comme sujet signifiant possédant des résistances est souvent occultée et notamment sa faculté de négatricité ou « ce pouvoir de l’esprit de dire non., cette faculté que possède un sujet à déjouer les manipulations dont il se sent l’objet »( Ardoino, 1990, ibid p. 163). C’est pourquoi loin d’une écoute objective qui se limiterait à une évaluation des référentiels de compétences, il s’agit de mettre en place « des dispositifs d’analyse des pratiques qui rendent possible la co-analyse de l’implication et des jeux, des je et des enjeux des acteurs. » (Ibid p167) Dans cette quête du sens en analyse de la pratique, récit, écriture et écoute sont convoqués. Familiarisé aux problèmes de plurilinguisme aux Antilles, il utilise l’analytique et l’herméneutique du langage comme une des clés de la formation à l’enseignement. Il présente de nombreux outils d’investigation dont on mesure les enjeux épistémologiques, éthiques et méthodologiques. Cette traversée passionnante dans ce livre invite à transformer sa pratique professionnelle animé par cette « curiosité » telle que définie par Michel Foucault, cité par l’auteur, au début de ce livre : « la seule espèce de curiosité, en tout cas, qui vaille la peine d’être pratiquée avec un peu d’obstination: non pas celle qui cherche à s’assimiler ce qu’il convient de connaître , mais celle qui permet de se déprendre de soi-même. Que vaudrait l’acharnement du savoir s’il ne devait assurer que l’acquisition des connaissances, et non pas d’une certaine façon et autant que faire se peut, l’égarement de celui qui connaît? » (Ibid p.18) L’ ouvrage se conclut par une remarquable étude intitulée « Langues & Cultures » où il fait une analyse fine des enjeux identitaires, de démocratie et d’émancipation concernant la formation des enseignants aux Antilles françaises. Il plaide pour une éducation au plurilinguisme, une identité constructiviste face aux risques d’une identité essentialiste et communautariste : « Quand autant d’enjeux identitaires sont en cause, comment former des esprits critiques susceptibles de regarder la réalité hétérogène de leur pays, susceptibles d’invention et de créativité? ».(Ibid p.217-218) Son appel à une culture commune, fondée sur l’exercice du débat, de la « rhétorique » (ibid p. 215) ainsi que sa manière de concevoir l’hétérogénéité comme une richesse et non comme un obstacle, visent à articuler compétences sociales, civiques au coeur de la transmission des savoirs. Christian Alin a ainsi réussi à communiquer l’histoire d’une geste formation, métaphore évoquant les chansons de gestes issues des récits chevaleresques, se transmettant de génération en génération. Pascale BILLEREY
Tous Capables ! Mais de quoi ? Carnets rouge n°5, la revue du réseau-école du PCF 3 janvier 2016 Jacqueline Bonnard Revue du réseau-école du PCF, 43 p., 5 euros Carnets Rouges interroge le pari de l’humain et du tous capables face aux événements dramatiques de 2015. Ce pari du tous capables est une conception exigeante qui n’assigne pas de frontières à la construction du commun, élément essentiel au débat démocratique. Un commun à construire pour renouer avec l’action collective pour dépasser les peurs et les empêchements à concevoir autre chose que les injonctions à l’empathie et la compassion lorsque la situation nous sidère. S’opposant à l’idéologie des dons dénoncée par Lucien Sève en 1964, le pari philosophique du « Tous capables » lancé par le GFEN est loin d’être une idée partagée par le corps enseignant et la société dans son ensemble. Ceux qui en sont porteurs rament souvent à contre-courant des discours dominants. Pour Marine ROUSSILLON, le « Tous capables ! » est un projet communiste, car il ne s’agit pas d’être capable chacun pour soi et en solitaire, le « tous » pose le principe d’une réussite basée sur la force du collectif. Dépassant le champ de l’école, ce principe bat en brèche une idéologie qui valorise les différences individuelles pour mieux légitimer les inégalités sociales. Les progrès scientifiques montrent que chacun est capable d’évoluer pour peu qu’il rencontre des situations lui permettant d’interroger le monde et en transformer sa perception. Articulant projet éducatif et projet politique, l’auteur montre l’importance de l’école comme première expérience du collectif qui peut fonder chez l’individu la conscience de sa capacité à agir avec les autres ou ancrer durablement en lui un sentiment d’impuissance et de résignation. Dans son article « Tous capables ! Du pari éthique à la loi d’orientation », Jacques BERNARDIN, président du GFEN, retrace l’itinéraire historique de la formule portée par le mouvement, du parti-pris éthico-politique jusqu’à l’inscription du principe dans la loi d’orientation de 2013. Un pari sur l’humain à contre-courant de l’opinion commune, contre la théorie du handicap socio-culturel qui s’inscrit dans le courant de sociologie critique des années 70 et pousse des pédagogues comme Robert GLOTON à expérimenter d’autres pratiques pédagogiques. S’appuyant sur les résultats de la recherche (génétique, neurosciences, psychologie sociale, sociologie), ce parti-pris oblige à penser autrement les différences entre individus et s’interroger davantage sur la nature des difficultés des élèves pour y remédier plutôt que de s’enfermer dans des exigences scolaro-centrées qui renforce chez celui qui apprend un rapport au savoir limité à l’exécution de la tâche dont le sens même lui échappe. « Il faut donc penser le ‘tous capables’ non pas comme une donnée de nature mais comme conquête, acte de rupture avec les fatalités intériorisées, avec l’auto limitation des possibles. » Destins scolaires, science du cerveau et néolibéralisme. Lucien SEVE revient sur ce parcours du combattant engagé dès 1964 lorsqu’il publie dans l’école et la Nation son étude : « les dons n’existent pas ». Progressivement, les apports de scientifiques comme ROSTAND, de sociologues comme BOURDIEU et PASSERON font bouger les lignes ainsi que l’engagement du GFEN s’appuyant sur de nouvelles pratiques pédagogiques. Lucien SEVE s’oppose à l’approche environnementale qui enferme l’homme dans une conception naturaliste où l’inné prime sur les acquis. Le monde socioculturel humain est en effet bien plus qu’un environnement : c’est dans l’interaction avec d’autres humains et le dialogue qui s’établit que les capacités se développent. Les différents milieux sociaux rencontrés sont formateurs et influent sur le développement de l’individu. Penser que tout serait déterminé dès la naissance justifie l’individualisme méthodologique, clé de voute de l’idéologie néolibérale. Même si les idées ont évolué, rien n’est gagné d’avance : « Se battre dans le champ des idées est de capitale importance politique. » Origines sociales et réussite scolaire : le déterminisme n’est pas une fatalité. Bertrand GEAY reprend une série de notions qui gravitent autour de la reproduction sociale par l’Ecole pour en nuancer l’appréciation : handicap socio-culturel, déterminisme sociologique, théories de la reproduction etc. Relevant les acquis des travaux de BERNSTEIN, BOURDIEU et PASSERON – la distribution des inégalités de réussite selon les catégories sociales, un système d’enseignement rendu autonome à l’égard des autres secteurs de la société par son organisation, les cultures scolaires et leur modes de transmission selon les segments du systèmes ? il montre cependant que l’invitation à inventer une « pédagogie rationnelle » figurant dans la conclusion des « héritiers » de BOURDIEU n’a pas servi de programme de travail principal à ses successeurs. L’opposition académique et sociale entre sociologie et sciences de l’éducation n’aurait pas favorisé cette articulation entre l’apport des analyses statistiques des inégalités et l’observation de l’effet des pratiques pédagogiques sur les inégalités. De même, comment concevoir une science de l’éducation qui occulterait le fait que la société est divisée en groupes sociaux aux intérêts antagonistes et gommerait le contexte socio-historique dans laquelle elle s’inscrit ? « Les cultures scolaires et les façons dont elles sont transmises dans les différents segments du système d’enseignement, les rapports entre elles et les cultures et les modèles éducatifs qui caractérisent typiquement les différentes classes sociales, sont à placer au centre de l’analyse si l’on veut saisir les modalités concrètes par lesquelles l’enseignement dispensé contribue à accroître ou à réduire les inégalités sociales face à l’Ecole.» Erwan LEHOUX montre comment le néolibéralisme récupère l’éducabilité et concurrence le tous capables sous de faux airs progressistes. Intégrant le concept d’éducabilité dans les discours sur les capacités cognitives des individus, les offreurs de soutien scolaire visent à favoriser une individualisation des parcours « au nom du respect des différences et de la personnalité de chacun », renvoyant l’individu à ses limites supposées tout en lui proposant un parcours soi-disant en cohérence avec le potentiel détecté. Dans une société en crise, éducabilité se rapproche donc d’employabilité puisqu’il s’agit de réussir de façon autonome à l’intérieur du marché scolaire afin de réaliser par la scolarité le potentiel qu’on a en soi. Lorsqu’il s’agit de réussir plus que de comprendre, l’objectif de l’école visant à donner à tous les élèves une culture commune devient secondaire. Aux enseignants de prendre le contre-pied de cette approche en s’appuyant sur le « Tous capables » qui privilégie un processus collectif d’apprentissage et la co-construction des savoirs grâce à la coopération. Éduquer et instruire le « peuple enfant ». La révolution au péril de la raison. Par un retour sur la période historique de la Révolution Française de 1789, Jean-Luc CHAPPEY décrit la méfiance des élus de la république à l’égard des plus pauvres, des femmes et des enfants, des esclaves, quant à leurs capacités d’exercer une citoyenneté : il conviendrait d’abord de les instruire. Entre 1789 et 1793 les députés des différentes assemblées vont travailler à réformer les institutions scolaires, visant à affranchir l’école de la « caste des savants ». Mais la reprise en main de l’espace pédagogique après la chute de Robespierre rétablit la distinction entre « le peuple enfant » et « les élites civilisatrices » : rétablissement du suffrage censitaire, la fin de l’obligation scolaire, l’existence des écoles libres tenues par les ecclésiastiques. Cette méfiance récurrente des élites à l’égard des classes populaires se poursuit encore aujourd’hui par cette propension des dirigeants républicains, français et européens à toujours parler pour et au nom du peuple à défaut de réellement l’écouter. Dans le monde de l’entreprise, Tous capables ? Donc dangereux… écrit Danièle LINHART. Confrontés à une organisation du travail qui leur est étrangère, que peuvent faire les travailleurs pour faire valoir les valeurs qui sont les leurs ? L’organisation taylorienne du travail a dépossédé les ouvriers de la maîtrise du travail tout en les rendant dépendant d’une décomposition de tâches prescriptives. Malgré cette prescription et cette conception dévalorisante de l’activité, les ouvriers ont développé des savoirs informels leur permettant d’échapper à cette planification abstraite du travail. D’autre part, la lutte collective leur permet de reconquérir un peu de pouvoir d’action. Mais les mutations économiques actuelles qui généralisent le travail tertiaire remplaçant progressivement le travail industriel, produisent un nouveau modèle d’organisation du travail basé sur l’individualisation de la gestion des employés, ce qui ne signifie pas que le salarié ait davantage d’impact sur l’organisation du travail. La précarisation de l’emploi provoque une déstabilisation des salariés en permanence sur le fil du rasoir et dépossédés de leur expérience : une instabilité qui empêche le sentiment d’appartenance à l’entreprise qui les emploie tout en les plaçant en état de subordination à l’égard d’un employeur craignant de les découvrir compétents et tentés d’imposer d’autres valeurs professionnelles et d’autres critères d’efficacité que les siens. Elisabeth BAUTIER constate depuis deux ans une volonté de réelle refondation de l’éducation prioritaire. Au-delà de la volonté affichée, pour des savoirs et des apprentissages pour tous, certaines conditions sont nécessaires : des conditions de formation des enseignants et des pratiques de classe différentes, sans doute aussi des conceptions de l’élève et des savoirs quelque peu différentes. Dans un premier temps, elles supposent que les enseignants sachent analyser les causes des difficultés des élèves et aient connaissance de l’impact des pratiques sociales dominantes sur l’acte pédagogique afin de travailler à ne pas exclure une partie de la population éloignée des codes de l’école. Suffit-il pour cela d’expliciter les consignes ou d’énoncer les objectifs? « Ce qu’il s’agit de mettre en oeuvre, c’est surtout de permettre aux élèves de s’approprier de nouvelles manières d’utiliser le langage et la langue, de se poser des questions, d’opérer ainsi des déplacements, les changements qui les émancipent parce qu’ils les conduisent à pouvoir apprendre et comprendre ». D’où l’importance d’une formation pensée en fonction de ces objectifs. Jean Paul DELAHAYE affirme que pour faire cesser le tri social, une scolarité obligatoire doit être pensée pour tous les enfants. Il rappelle que dans notre pays où l’origine sociale pèse sur les destins scolaires, un enfant ou adolescent sur 10 vit dans une famille en situation de grande pauvreté (1,2 millions). Il devient alors absurde de parler de l’égalité des chances, c’est à l’égalité des droits qu’il faut travailler. Mais au-delà de la question sociale, c’est l’organisation même du système scolaire qu’il faut repenser. Quatre leviers sont à actionner : une concentration des efforts et des moyens en direction des élèves et des territoires les plus fragiles, une politique globale pour une école inclusive, une politique de gestion et de formation des ressources humaines pour réduire les inégalités, l’alliance éducative indispensable entre l’école, les parents d’élèves, les collectivités territoriales et les associations. « Nous ne pourrons indéfiniment prôner le vivre ensemble sur le mode incantatoire et dans le même temps abandonner sur le bord du chemin une partie des citoyens. » Marc MOREIGNE et Emmanuelle SIMON proposent la formation d’un esprit critique vers une éducation artistique émancipatrice, « une vision qui allie prise de conscience de l’autre et du monde avec une élaboration de soi, mouvante en actes ». Entrer en contact avec une oeuvre engage l’individu dans un espace mental et physique autre, ce qui lui fait prendre conscience de sa place dans la collectivité et de la diversité du monde. Mais s’approprier une oeuvre n’a rien de naturel et se construit lors d’un parcours dont on ne connait pas forcément le tracé où l’aventure s’appuie sur « la recherche d’un espace commun de pensée, d’expérience et de partage de sens. » Jacqueline BONNARD