France Inter chez Radio-Cartable, la radio des enfants des écoles d’Ivry sur Seine (94) 22 mai 2015 Valérie Pinton France Inter chez Radio-Cartable la radio des enfants des écoles d’Ivry sur Seine (94) Jeudi 21 mai, l’émission Le Téléphone Sonne de France Inter a eu lieu en direct du studio de Radio-Cartable. Radio-Cartable est une radio scolaire animée et écoutée par un millier d’enfants des écoles d’Ivry-sur-Seine, tous les jeudis, en direct, de 14 h à 15 h sur 89.4 FM Les CM1 et CM2 de l’école élémentaire Maurice Thorez ont pris les commandes du Téléphone Sonne pour parler des espèces en danger. Pourquoi les animaux disparaissent-ils ? Lesquels sont menacés ? Comment les protéger ? Ecouter
Ces enfants de familles populaires qui « s’autorisent » à réussir 14 mai 2015 Jacqueline Bonnard Programme de réussite éducative – Ville de Lucé (28) Vendredi 10 avril 2015 – Centre Culturel E. Desouches Présentation Mis en place en 2008 à Lucé le PRE, volet « éducation » du Contrat de Ville, s’adresse annuellement à 140 enfants et adolescents, de la maternelle au collège. Chaque année une journée de formation sur un thème spécifique (inter culturalité, parentalité, métamorphose de la parenté, etc.) est proposée à tous les acteurs du PRE : régie de quartier, éducateur de la prévention et de l’Institut Médico-Éducatif, assistantes sociales et professionnel-les de la santé, personnels PMI, animateurs-trices du Point Info Familles, des Pupilles de l’Enseignement Public, des associations locales, personnels du conservatoire de musique et de la médiathèque, enseignants d’écoles maternelles et élémentaires, de collèges et de SEGPA, RASED, représentants d’institutions : Caisse d’Allocation Familiale, Direction Générale de l’Action sociale, Centre Ressources Informations, Relais Assistantes Maternelles, Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports… Pour cette année 2015 le Groupe Français d’Éducation Nouvelle d’Eure-et-Loir a été sollicité pour préparer et animer une journée intitulée « Ces enfants de familles populaires qui «s’autorisent» à réussir » le 10 avril 2015. Un objectif central : prendre appui sur la richesse de l’expérience professionnelle des différents acteurs pour qu’ils se connaissent mieux et se reconnaissent, conditions pour construire ensemble une dynamique éducative au service du développement des enfants et des jeunes. Mise en oeuvre Cette initiative de la coordinatrice du PRE de Lucé, Marie-Hélèna L. B., a réuni cette année 74 acteurs du PRE : personnels municipaux et régie de quartier, Centre social et assistante sociale, psychologues, infirmières, responsables CCAS, Structure Petite Enfance, CRIA 28, ADPEP, RAM, DDJS, CAF, éducateurs-trices du service de prévention spécialisée, animatrices d’associations, enseignants des collèges des Petits Sentiers et Edouard Herriot de Lucé, enseignants et formateurs du premier degré, militants du GFEN. Introduction Jacques Bernardin (GFEN 28) Le choix du thème Le titre de cette journée, tel que formulé, perturbe et donne à penser. En quoi est-il judicieux ? Les difficultés scolaires ne cessent de se creuser, révélées par les évaluations nationales comme internationales, et sont toujours corrélées à l’origine sociale des élèves. Cette réalité finit, qu’on le veuille ou non, par peser sur nos catégories de pensée, jusqu’à prendre valeur de prédiction : « Dis-moi où tu es né, je te prédirai ton avenir». Cette proposition de titre apparaît assez « insolente » à l’égard de ce « prêt-à-penser », interpelle la sociologie abrupte qui l’inspire. Le thème qui nous réunit aujourd’hui invite en effet à échapper aux visions mécanistes et simplistes qui peuvent (à notre insu) brider notre action, écorner nos aspirations, raboter l’horizon des possibilités… Autrement dit, cette rencontre a pour ambition de nous outiller, sur le plan des idées comme des pratiques, afin de lutter contre les visions fatalistes : – des familles, aux espoirs fréquemment contraints par l’expérience sociale incorporée (« faut pas rêver, c’est pas pour nous » entend-on souvent, formule témoignant d’une lucidité amenant à s’interdire de penser l’avenir de ses enfants au-delà de ce qui est la « loi commune ») ; – des élèves, qui partagent cette vision et s’interdisent d’y échapper et/ou qui, confrontés aux épreuves des apprentissages, finissent par renoncer, intériorisent le sentiment d’incapacité personnelle (« je suis nul ») ; auto alimentent leur disqualification scolaire (« je rejette ce qui me rejette ») ; ou limitent leurs aspirations (l’avenir pensé moins en termes d’accès à une profession que d’espoir d’un « boulot », d' »un bon métier dans les mains ») ; – des éducateurs (dans comme hors l’école) qui, confrontés à des histoires individuelles et familiales témoignant de la fréquence d’une reproduction des destinées, finissent par eux-mêmes l’intérioriser comme mécanique inéluctable, surplombant la scène éducative et surdéterminant la portée de leur action. Les uns et les autres, nous sommes concernés par le phénomène d‘ »intériorisation subjective de probabilités objectives », pour reprendre les termes du sociologue Pierre Bourdieu, qui amène chacun à perpétuer inconsciemment ce que sa conscience refuse. Comment y échapper ? D’abord, en prenant acte des limites attestées de la reproduction. Non, il n’y a pas d’effet systématique des conditions de vie sur le devenir humain. Bien des gens échappent à leur destin, faisant dérailler les logiques fatalistes. Encore faut-il examiner de plus près les éléments agissants, les contextes et facteurs contribuant à déjouer les prédictions, à élargir l’horizon, à stimuler la construction identitaire, à émanciper des déterminismes. C’est tout l’enjeu de cette journée, dont les modalités ont été élaborées avec les différents partenaires, avec cette proposition : – s’arrêter sur des histoires singulières, tenter d’identifier ce qui pourrait expliquer ces parcours atypiques ; – échanger nos expériences, nos points de vue, formaliser des points-clés ; – sans s’interdire de convoquer des travaux de recherche menés à ce propos. Parmi ceux-ci, en guise d’introduction de nos travaux, les recherches sur le rapport à l’école et au savoir, conduites de la maternelle au lycée depuis plus de 20 ans, s’attachant à comprendre les processus qui amènent à réussir ou à échouer à l’école. Le rapport au savoir Cette notion émerge dès les années 80 (1982 : Quelles pratiques pour une autre école ? GFEN (coll.), avec la contribution de Bernard Charlot : « Je serai ouvrier comme papa, alors à quoi ça me sert d’apprendre ? »). Les recherches se développent depuis les années 90 à l’université Paris 8 (1992 : École et savoir dans les banlieues et ailleurs, A. Colin). La problématique : étudier les angles morts de la sociologie critique des années 70-80, théories de la reproduction ou du handicap socioculturel qui sont insuffisantes pour rendre compte de la façon dont se fabriquent les destins scolaires au fil du quotidien scolaire, et notamment pour expliquer les cas atypiques d’élèves de milieux populaires qui réussissent à l’école (et parfois brillamment) et de ceux qui, à l’inverse, échouent bien qu’ayant apparemment tout – sur le plan de leur environnement social et culturel – pour réussir. Les recherches initiales se mènent sur des terrains socialement et scolairement contrastées, auprès de collégiens de Saint-Denis / La Courneuve (établissements en zone d’éducation prioritaire) d’une part, de Massy-Palaiseau (classes de germanistes) d’autre part. Elles s’attachent à identifier ce qui « fait la différence » en matière de scolarité : – le sens que les élèves donnent à leur présence à l’école et aux contenus enseignés ; – leurs postures et manières de faire face aux apprentissages. On va ainsi repérer, d’abord au niveau du collège, puis aux autres niveaux de la scolarité (maternelle, élémentaire, lycée.. et y compris supérieur) des invariants différenciateurs distinguant les élèves en réussite de ceux rencontrent des difficultés, invariants qui valent quelle que soit l’origine sociale. Pour accéder à l’univers mental des élèves confrontés aux exigences scolaires, pour « ouvrir la boîte noire » et saisir ce qui échappe à l’observation classique, deux questions s’avèrent déterminantes : – Pourquoi apprendre ? (Quelles sont leurs raisons d’investir la scolarité ?) – Comment faut-il faire ? (Quels moyens pensent-ils devoir mettre en place ?) Pour concrétiser le propos, nous prendrons appui sur les réponses d’élèves d’Eure-et-Loir, les uns d’une classe de CE2, les autres de classes de 5è, 4è et 3è d’un collège bien connu ( !). > Diaporama sur le sens que des élèves d’élémentaire et de collège donnent à leur scolarité, leur rapport au savoir et leur conception de l’apprentissage. Quels éléments différenciateurs entre les élèves qui investissent avec réussite leur scolarité et ceux qui « décrochent » petit à petit ? Bien d’autres éléments contribuent à la « bifurcation » des destinées. Par groupes, nous allons essayer d’en identifier les ressorts. Les animateurs sont chargés d’amorcer les échanges, en témoignant d’un ou deux cas, ouvrant ensuite à l’expérience de chacun des participants (qu’ils soient témoins ou acteurs de telles dynamiques singulières) : Des personnes qui échappent à leur destin, chacun en connaît ou en a connu. Comment expliquer ces réussites paradoxales ? Comptes-rendus des groupes I/ Groupe animé par François C. (Ex. Conseiller pédagogique de Circonscription, acteur historique du PRE de Lucé) lire II/ Groupe animé par Pascal B. (Principal de Collège – Lucé) lire III/ Groupe animé par Isabelle F. (Conseillère d’orientation Psychologue ? CIO de Chartres) lire IV/ Groupe animé par Ilham S. (Educatrice Prévention Spécialisée de l’ADSEA 28) lire V/ Groupe animé par Hamid A. (Educateur Prévention Spécialisée de l’ADSEA 28) lire Récapitulation synthétique Jacques BERNARDIN, GFEN 28 L’ensemble des rapports a convergé sur de nombreux points, récapitulés de façon synthétique ci-dessous, sans que cela épuise la richesse des exemples qui les ont inspirés et des développements auxquels ceux-ci ont donné lieu dans chacun des groupes. Parmi les éléments de contexte La mixité sociale et scolaire – sortir de son quartier – un changement de lieu, un nouvel espace (ex. scolarisation dans un autre établissement) Le travail avec les parents – sur le sens de l’école, des apprentissages (peut changer le regard porté sur l’école) – sur le type d’aide qu’il est possible d’apporter à l’enfant Les ruptures – de contexte (voir ci-dessus) – la réussite étonnante, réelle (qui redonne confiance en soi) L’appui d’un réseau éducatif – l’importance de croiser les regards des divers professionnels – la complémentarité des rôles des diverses institutions – travailler à la cohérence des messages Ce qui se joue dans la relation Le regard sur l’autre – installer la confiance réciproque – importance d’attentes positives (image de l’enfant et projections) : appui sur le positif ; éviter les étiquettes, la comparaison avec les aînés, le jugement de l’enfant, de sa famille. L’autorisation symbolique à réussir (triple autorisation Cf. Jean-Yves Rochex)) : – l’autorisation que la famille adresse à l’enfant d’investir l’école, d’y réussir ; – celle que l’enfant s’adresse à lui-même d’être différent de ses parents ; – celle qu’il adresse à ses parents d’être ce qu’ils sont, sans dévalorisation. (signalons la réussite atypique des filles, qui investissent l’école pour « s’en sortir », s’émanciper) Ce qui fait / va faire référence (expérience, événement, personne rencontrée) – la rencontre opportune (avec une personne, un enseignant qui marque) – l’identification à des adultes ou à des pairs (modèles de référence pour se construire) Des éléments favorables – l’exigence (qui incite à aller plus loin) – le cadre (sécurisant parce que structuré, donc structurant) – la sécurité affective.
Audition de Philippe Meirieu devant la commission d’enquête au Sénat 5 mai 2015 Jacqueline Bonnard COMMISSION D’ENQUÊTE DU SÉNAT SUR LE SERVICE PUBLIC DE L’ÉDUCATION, LES REPÈRES RÉPUBLICAINS ET LES DIFFICULTÉS DES ELEVES Jeudi 16 avril 2015 Présidence de Mme Françoise Laborde Audition de M. Philippe Meirieu Crise de l’école et schizophrénie éducative Votre commission d’enquête porte sur une question qui me préoccupe particulièrement. Je partage votre conviction que notre École ne va pas très bien ; il est même devenu banal de dire qu’elle est « en crise ». En effet, l’École ne parvient pas à combler les inégalités sociales, l’enquête PISA montre même qu’elle a plutôt tendance à les creuser. L’école est en crise aussi en ce qu’elle n’inspire plus confiance à l’ensemble des parents. Elle voit se déployer, à sa périphérie, une multitude de dispositifs, ce qui montre qu’elle ne parvient pas à s’imposer comme une institution de la République qui se suffirait à elle-même et parviendrait à remplir seule ses missions. J’ai récemment travaillé sur le processus d’externalisation de l’aide aux élèves, extrêmement important aujourd’hui, puisque deux collégiens sur trois, au sein de l’échantillon étudié, bénéficient d’au moins deux dispositifs externes de soutien (qu’ils soient gratuits ou payants, reposent sur l’initiative familiale ou scolaire, s’effectuent dans un cadre associatif ou commercial). L’École est en crise aussi – les enseignants le disent et j’en avais fait le titre d’un de mes ouvrages rappelé par Madame la Présidente tout à l’heure – parce qu’ « il faut refaire l’École pour pouvoir faire la classe ». Dans le passé, l’École était un cadre institutionnel stabilisé dans lequel on pouvait venir et faire classe sans avoir à reconstruire l’institution. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il faut aujourd’hui refaire l’École pour pouvoir faire la classe. Chaque fois qu’un enseignant arrive dans sa classe, les codes scolaires et les principes qui régissent l’École sont à réaffirmer et à reconstruire. En réalité, je crois que les enseignants vivent aujourd’hui dans la difficulté, voire dans la dépression. Ils ont le sentiment d’être davantage contrôlés que soutenus par leur hiérarchie. Et si, de toute évidence, il y a dans mes propos une part d’exagération, il n’en demeure pas moins que l’institution enseignante est remise en cause et qu’elle subit de plein fouet les conséquences de la désidéalisation du travail intellectuel et de la culture gratuite… lire le compte-rendu de l’audition
Savoir enseigner dans le secondaire, Vincent Carette et Bernard Rey 3 mai 2015 Jacqueline Bonnard Editions de boeck , 2010 Collection LE POINT SUR… Pédagogie 159 pages, prix 14 euros Dans une période où la refondation de l’école suscite de nombreux débats, où la réforme du collège visant à « faire réussir tous les élèves » ne rencontre pas le consensus souhaité, les enseignants du second degré peinent à définir les contours de leur mission. S’interroger sur la spécificité du métier d’enseignant du second degré est donc d’actualité. N’attendons pas de cet ouvrage « des recettes pour faire la classe », il s’agit davantage d’une réflexion sur le métier d’enseignant spécialiste d’une discipline scolaire et sur la nécessité de repenser la transmission de savoir comme un acte vivant où l’élève exerce sa pensée à partir de savoirs problématisés. Enseigner est un métier difficile qu’on ne peut exercer sans y avoir été formé. L’école a la mission de « transmettre des savoirs et des compétences, c’est-à-dire une culture et plus encore, de faire que cette culture soit émancipatrice et débouche sur la faculté de penser par soi-même ». Les auteurs posent d’emblée cette question : Comment faire pour que cette culture soit transmise à tous les élèves ? Comment réussir à ce que tous les élèves apprennent ? C’est tout l’enjeu de la formation initiale et continue des futurs enseignants. Pour l’enseignement secondaire, une formation approfondie sur les savoirs disciplinaires à aborder est sans conteste indispensable mais il faut également des stages en responsabilité, moments propices à tester une mise en pratique enseignante accompagnée d’une réflexion sur cette pratique pour développer un savoir d’expérience. Ce savoir va s’appuyer sur la didactique de la discipline mais également sur les apports de la recherche en psychologie, sociologie, histoire de l’enseignement… auxquels on ajoutera « les connaissances accumulées par les praticiens et qu’on appelle la pédagogie ». Pour Rey et Carette, la pédagogie n’est pas un « discours sur les pratiques » mais un véritable savoir qui permet au professionnel de catégoriser la réalité pour interpréter les situations. Ce savoir emprunte à différents champs conceptuels, ce qui nécessite d’articuler pratiques et apports de la recherche. Trois parties dans cet ouvrage 1 – La première partie fait un état de la recherche sur le processus d’apprentissage en milieu scolaire et les conditions qui lui sont favorables. Prenant le contre-pied d’une représentation commune de l’apprentissage par « remplissage » où il suffirait de déposer les connaissances dans l’esprit de l’élève, trois conceptions de l’apprentissage et les pratiques associés sont développées : le constructivisme, le « socio-constructivisme« , les apports du cognitivisme. Pour chacune d’entre elles, les sources théoriques, leurs déclinaisons dans différents champs disciplinaires, la posture de l’enseignant et le statut de l’erreur de l’élève. 2 – Le chapitre 2 revient sur « cette irrésistible ascension des compétences » (Romainville, 1996) dans de nombreux systèmes éducatifs. Dans un premier temps, on résume les principes de la pédagogie par objectifs qui a prévalu dans la conception des programmes scolaires du 20 ème siècle et visant le découpage de l’apprentissage en unités aussi petites que possible pour réduire le risque d’erreur des élèves. Progressivement la pédagogie par objectifs est remplacée par une approche par compétences, ce qui n’est pas sans poser un certain nombre de paradoxes. Issue de l’univers professionnel la notion de compétence peut-elle s’appliquer à l’espace scolaire ? Il y a un lien de parenté entre compétence et conception socio-constructiviste de l’apprentissage mais l’approche pédagogique se confond-elle avec des visées programmatiques des apprentissages et de leur évaluation ? Ce qui amène le débat sur la notion de compétence en milieu scolaire. Les auteurs y voient des intérêts pédagogiques et didactiques : – la proposition d’activités suffisamment globales pour qu’elles fassent sens ; – la compétence débouche sur la réalisation d’une tâche et appelle la mobilisation du sujet pour atteindre le but visé ; – elle redonne de la finalité et du sens au savoir construit ; – elle donne à l’apprentissage son statut de processus dans la transformation même du sujet qui apprend. Mais la notion de compétence fait l’objet de nombreuses critiques dans le milieu scolaire comme dans le milieu de l’entreprise. S’agit-il de développer le savoir agir ou le pouvoir d’agir ? Faut-il ériger la complexité inédite comme norme ? Peut-on évaluer une compétence et si oui, comment ? L’approche par compétences serait-elle élitiste ? Carette et Rey démontrent que ces critiques reposent sur des malentendus : L’approche par compétences n’est pas une pédagogie par compétences, il s’agit de remettre en avant des situations pédagogiques qui mobilisent les ressources cognitives des élèves. Loin d’être la norme, « la complexité inédite » est un niveau ultime de maîtrise qui nécessite en amont l’apprentissage de procédures ou compétences élémentaires qui permettent de procéder à une opération en réponse à un signal. Ces dernières peuvent être utilisées et travaillées lors de situations d’entraînement proposées par l’enseignant. Il est d’autre part important d’insister sur le fait qu’une tâche inédite et complexe ne l’est que par rapport à un individu. Il existe une confusion entre ce qui est attendu et les moyens à mettre en oeuvre. Il est attendu que les élèves soient amenés à utiliser correctement dans une situation inédite ce qu’ils ont appris, ce qui nécessite une transformation de la gestion de la classe. Quelles modalités inventer pour évaluer la mobilisation des acquis (transfert de connaissances) et l’impact réel des propositions pédagogiques sur cette mobilisation ? Un chantier ouvert pour le monde de la recherche en collaboration avec les enseignants de terrain. 3 – Le chapitre 3 est consacré aux savoirs et disciplines scolaires. Les auteurs dissocient la notion de connaissance de celle du savoir avant d’exposer la démarche scientifique du chercheur productrice de savoir qui n’a rien à voir avec la démarche d’investigation prônée par les programmes actuels des enseignements scientifiques. Car le chercheur ne part pas de faits pris au hasard, il les recueille en fonction de ce qu’il cherche dans le domaine d’études qui est le sien. Les hypothèses de travail sont émises en amont de la recherche et déterminent les dimensions des phénomènes à retenir et la méthodologie à suivre. Ce n’est pas parce que les élèves font des observations de faits, qu’ils utilisent ensuite une démarche scientifique même lorsqu’elle est balisée comme telle par l’enseignant. Si l’observation n’est pas génératrice d’un questionnement, d’un problème, l’élève aura des difficultés à isoler les aspects significatifs de la réalité à travailler. Cette construction des problèmes en amont d’une démarche scientifique est essentielle. Elle est guidée par deux principes : – Problématiser sa pensée, c’est-à-dire réinterroger ce que l’on croit de la réalité ce que Bachelard appelait une rupture épistémologique. – Problématiser la réalité, à savoir « ne pas se contenter de constater comment elle est, mais se demander pourquoi elle est ainsi.« Construire un problème, c’est articuler deux domaines : celui des faits (mais au départ, ils ne sont pas déterminés) et celui des modèles explicatifs. Un savoir vaut par sa capacité à rendre intelligible une réalité observable. Entrer dans l’aventure des savoirs ce n’est donc pas mémoriser une série de propositions tenues pour vraies mais s’inscrire dans une activité de construction de problèmes et acquérir les compétences suivantes : s’interroger sur la réalité, la conceptualiser, construire des problèmes propres à ces savoirs. La situation-problème peut apparaître comme la réplique scolaire de la problématisation du chercheur. Même si les contenus de savoir enseignés ne constituent qu’une partie de la science correspondante, même si certaines disciplines scolaires empruntent à plusieurs champs scientifiques ou à des pratiques sociales de référence, la construction des savoirs passe par la transposition didactique qui impose une forme propre au « savoir scolaire ». Contrairement au processus de production de savoir des chercheurs qui partent toujours de l’état de savoir qui préexiste (théories, concepts, méthodes, résultats), on a une reconstruction du savoir produit sous une forme textuelle accessible à des personnes novices en la matière. Le savoir est reconstitué de façon à s’appuyer sur rien de préalable ou seulement sur des éléments pouvant apparaître comme évidents. Les énoncés successifs sont présentés dans un ordre qui n’est pas forcément celui de la rationalité théorique. Le savoir enseigné est souvent dépersonnalisé, organisé selon un programme qui tient compte des logiques d’apprentissages et en fonction des unités temporelles propres à l’institution scolaire. Le « texte du savoir scolaire » se veut explicite avec un contenu suffisamment stable pour qu’on puisse l’ériger en norme afin de permettre l’évaluation des acquis. La forme textuelle du savoir scolaire, si elle est le seul contact que les élèves ont avec le savoir, met en difficulté ceux dont le rapport à la langue écrite est éloigné de celui qui prévaut à l’école. Entre l’usage courant du langage et l’usage textuel qui est fait dans les savoirs scolaires, les modalités d’attribution de sens, autrement dit les façons de comprendre sont entièrement différentes : référence à la réalité dans un cas, relation mutuelle entre énoncés dans l’autre. Une des préconisations est donc de faire vivre des situations ou des tâches par référence auxquelles les énoncés de savoir prendront sens. Il s’agit de mettre les élèves en situation de recherche afin que les énoncés du savoir s’articulent avec les observations ou actions qu’ils font. Dans cette situation « a-didactique », les élèves sont mis en capacité d’agir et exercer leur pensée pour faire émerger le savoir (la dévolution pour Brousseau), ce qui ne suffit pas à l’appropriation du savoir visé. Elle se construit par la rencontre de familles de situations de même type autour d’un même concept, lors d’une structuration collective. Le danger serait de penser qu’il suffit de mettre les élèves « en activité » pour qu’ils apprennent. En conclusion, si la mission de l’enseignant du secondaire est de transmettre un savoir disciplinaire dont il est spécialiste, il ne doit pas seulement penser ce savoir à transmettre mais surtout s’interroger sur l’écart entre ce savoir et l’organisation mentale des élèves : cohérence et logique de pensée, préconceptions. Plutôt que d’exposer les choses, il convient de faire faire un pas de côté pour changer de perspective (situation-problème par exemple) afin de créer une situation d’étonnement pour que le savoir se présente sous une forme problématique, c’est à dire comme la réponse à un problème qu’on s’est préalablement posé. Devenir enseignant d’une discipline, c’est s’arracher à ce sentiment d’évidence des formes d’organisation mentales et des types de questionnement qu’elle suppose pour recontextualiser et repersonnaliser les connaissances visées en problématisant la réalité. Jacqueline Bonnard
Colloque « L’anthropologie pour tous », 6 juin, Aubervilliers 1 mai 2015 Valérie Pinton Colloque organisé par les élèves du Lycée Le Corbusier d’Aubervilliers L’anthropologie pour tous La Commune-CDN d’Aubervilliers 2, rue Edouard-Poisson, 93300 Aubervilliers Le samedi 6 juin 2015, de 9h30 à 16h30, à La Commune-CDN d’Aubervilliers, l’équipe du théâtre et les élèves du lycée Le Corbusier d’Aubervilliers organisent un colloque, intitulé «L’anthropologie pour tous». Son but est de montrer que l’enseignement de l’anthropologie constitue une réponse plus constructive et plus sereine aux préoccupations actuelles que celles – que nous croyons réductrices -, de l’enseignement du fait religieux et des cours de morale laïque. Ce colloque est exceptionnel à bien des égards. D’abord parce qu’il est organisé par des élèves que la stigmatisation médiatique, politique et sociale a trop souvent tendance à caricaturer. Reçus au Conseil Economique, Social et Environnemental le 17 février dernier, ces élèves ont fait preuve d’une maturité et d’une intelligence unanimement saluées par tous ceux qui les ont auditionnés. Ils font aujourd’hui le pari politique d’une véritable autonomie intellectuelle, et l’équipe de La Commune ? CDN d’Aubervilliers, est fière de les accompagner. La jeunesse nous offre avec eux l’occasion de rappeler que la culture et le savoir sont des outils de compréhension mutuelle et de fraternité. Ensuite parce qu’il réunit des intellectuels et des savants de grande réputation et d’immense envergure. Françoise Héritier, Maurice Godelier, Joël Candau, Bernard Sergent, Bernard Lahire, Philippe Descola, Barbara Cassin, André Charrak, Stéphane François, Jean-Loïc Le Quellec et Christian Baudelot comptent parmi les meilleurs spécialistes français des sciences humaines. Ils s’associent tous à cette journée d’étude. Ils ont répondu à l’invitation de jeunes gens qui réclament que la question des identités, souvent mal posée et trop souvent déformée, soit éclairée par des intelligences tolérantes, sereines et fécondes. Il sera présenté et animé par les élèves du Projet Thélème du lycée Le Corbusier qui ont été auditionnés* par le Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) dans le cadre d’un avis sur « L’école de la réussite pour tous », avec le sociologue Christian Baudelot et l’équipe pédagogique qui les accompagne dans le projet. Ils interviendront en fin d’après-midi, pour illustrer la possibilité d’une anthropologie pour tous. Son public ne sera pas un public de spécialistes : la compagnie, variée, sera composée de jeunes, de leurs parents, d’habitants d’Aubervilliers, d’intellectuels qui soutiennent notre projet, et de tous ceux que l’appétit d’un savoir non intimidant conduira jusqu’à nous.Chaque peuple et chaque société a sa propre vision du monde. Ces conceptions sont extrêmement différentes et parfois contradictoires. Chacune prétend à l’universalité, aucune ne l’atteint réellement. Les propositions fleurissent actuellement pour refonder l’unité nationale par un enseignement renforcé des valeurs républicaines. Mais celui-ci ne saurait se passer d’une élucidation de leurs fondements philosophiques et historiques. Au lieu de s’installer dans le dogmatisme scientiste d’une raison occidentale certaine de ses représentations, de ses croyances et de ses valeurs, mieux vaudrait accepter la position ? seule intellectuellement conséquente ? d’un comparatisme informé. […] La rencontre entre ces maîtres et ces élèves mérite que ses spectateurs soient nombreux, et que son retentissement soit à la mesure de son importance. Pour aller plus loin Présentation et programme Entrée libre. Tél. : 01 48 33 16 16 Voir ici la page Facebook du colloque, avec des nouvelles de la dernière répétition ici. Et deux sites avec de nombreuses ressources : – Le site des élèves du Lycée Le Corbusier – Le site de Jean-Loic Le Quellec, anthropologue qui accompagne ce projet. On en parle… – Dans le prochain numéro de Dialogue n°157 « Apprendre, processus de socialisation », une entrevue avec Jean-Loic Le Quellec à propos du projet Thélème mené avec des élèves du Lycée Le Corbusier d’Aubervilliers qui a conduit à l’organisation de ce colloque. – Sur le site du journal La Terrasse – Sur le site Question de classe(s) – Sur le site de l’Humanité * Cette audition remarquable est visible ici (à partir de 37:00).
Stéphane Bonnéry (dir.), Supports pédagogiques et inégalités scolaires 15 avril 2015 Valérie Pinton La dispute, 2015 Nous vous invitons à lire la recension du livre « Supports pédagogiques et inégalité scolaires » de l’Ifé-CAS : Stephane Bonnery, Les supports pédagogiques et les inégalités scolaires, compte rendu de lecture Les exigences des supports pédagogiques (manuels, fiche d’activité…) ont-elles diminué ou augmenté ? Quels sont les liens entre l’évolution de ces supports et la hausse des inégalités à l’école? Plusieurs membres de l’équipe ESCOL viennent de publier un ouvrage sous la direction de Stéphane Bonnery : Les supports pédagogiques et les inégalités scolaires : études sociologiques (L’enjeu scolaire, La dispute, février 2015, 224 p., 16 euros). Les auteurs se demandent en quoi les supports pédagogiques, définis comme les différents instrument matériels pour apprendre (manuels, préparation de cours…), peuvent participer aux inégalités scolaires. Ils entendent dépasser l’approche strictement didactique de ces supports pédagogiques, et éviter deux écueils des discours sur les inégalités scolaires : nier le poids des inégalités sociales, ou en rester aux fatalités sous-entendues par le vieux terme de « handicap socioculturel ». Ils souhaitent regarder de près ce qui se passe réellement dans les classes et l’interaction entre les supports, les élèves, les enseignants et les parents. Stéphane Bonnery, en introduction, argue que les changements dans les supports pédagogiques contribuent à la hausse des inégalités scolaires, du fait de leur exigence d’un rapport à la culture écrite de haut niveau (la « littéracie »), qui renforce des logiques de raisonnement propres à des formes bien spécifiques de la culture écrite réflexive. En d’autres termes, les supports sont de plus en plus complexes et présupposent des compétences implicites de l’enfant qui ne sont pas ou peu enseignées. Lire la suite
Les religions à l’école : vieille question, nouveaux défis ? 31 mars 2015 Valérie Pinton Le dossier « Les religions à l’école » paru dans la revue Histoire, Monde et Cultures religieuses reflète la rigueur, l’intégrité et le pragmatisme du travail de Françoise Lantheaume, sociologue à l’université de Lyon 2 Lumière qui l’a dirigé. Sa lecture va permettre de prendre un peu de distance critique avec tout ce qu’on a entendu et vu dans l’actualitédes élections récentes. Le dossier intitulé « Les religions à l’école » est dirigé par Françoise Lantheaume, professeur des universités à Lyon 2 et directrice du laboratoire ECP, Education, Cultures, Politiques. Il est issu d’un colloque organisé par ce laboratoire et deux instituts de recherche sur les sciences des religions et la laïcité. Le dilemme de départ est le suivant : une entrée de plus en plus importante des religions dans l’espace public, en particulier à l’école et par ailleurs, des prises de position nombreuses sur la nécessité de limiter leur emprise qui menacerait cet espace public. Mais il y a peu de recherches empiriques sur le sujet des religions, des faits religieux, de la laïcité, C’est pourtant ce qui ferait avancer les débats, face à la prolifération des discours idéologiques, institutionnels, prescriptifs sur la question des religions à l’école, discours qui ignorent souvent l’histoire. Ce dossier participe donc d’une réflexion approfondie et pragmatique de la question de la construction de la laïcité à travers l’histoire de l’école. Sur quels fondements se baser dans le contexte actuel ? Quelles incidences sur l’enseignement et le quotidien de l’école, par exemple la restauration ? François Lantheaume s’interroge sur les tensions entre « pureté des principes » et « hybridation des pratiques ». Les enjeux du passé, l’esquisse d’une approche laïque du fait religieux, le modèle républicain français mis sous tension, l’enseignement des faits religieux, le danger des conceptions créationnistes et l’enseignement de l’évolution sont autant de points éclairés par les différents articles du dossier. Pour ne pas en rester à une question franco-française, des situations sont analysées au Québec et en Suisse. Des varia concernent les textes fondateurs de l’Ecole laïque. La lecture de ce dossier sera sans aucun doute utile pour éclairer efficacement l’actualité politique et pédagogique que nous vivons avec la mise en oeuvre des assises dans le cadre de la grande mobilisation de l’Ecole pour les valeurs de la République et pour garder une vision et pour garder une vision sereine de toutes ces questions difficiles. Isabelle Lardon Dossier n°32 de la revue Histoire, Monde et Cultures religieuses des éditions Karthala, Paris, 18€ Voir Le catalogue Karthala présente des ouvrages dans les domaines des sciences humaines, politiques et sociales mais aussi des ouvrages de littérature, des dictionnaires de langues et des collections thématiques (Médecines du monde, Questions d’enfances par exemple.)
« Une école de la réussite pour tous »: audition de Jean-Yves ROCHEX par le CESE 19 mars 2015 Valérie Pinton Audition de Jean-Yves ROCHEX « Une école de la réussite pour tous » par le CESE Audition de M. Jean-Yves ROCHEX, par la section de l’éducation, de la culture et de la communication du CESE (Conseil Economique Social et Environnemental) dans le cadre de la saisine : « Une école de la réussite pour tous ». Ecouter
Boîte a lire mars 2015 12 mars 2015 Valérie Pinton Livre À qui profite la formation continue des enseignants ? À qui profite la formation continue des enseignants ? La recherche et l’expérience des professionnels montrent un paradoxe : dans un monde qui change constamment, aucune formation initiale n’a le pouvoir de tout faire. Interroger, consolider et développer les pratiques pédagogiques en cours d’emploi peut, par contre, coûter peu et rapporter beaucoup. Malgré cela, la formation continue des enseignants semble rester le parent pauvre des politiques éducatives, voire des revendications des professionnels. Peut-être parce qu’elle se trouve au centre de conflits d’intérêts difficiles à résoudre. Ce livre de Olivier Maulini, Julie Desjardins, Richard Étienne, Pascal Guibert et Léopold Paquay propose pour la première fois un panorama des pratiques et des perspectives de formation continue des enseignants dans des pays francophones. À qui profite la formation continue des enseignants ? Olivier Maulini, Julie Desjardins, Richard Étienne, Pascal Guibert, Léopold Paquay, Editions De Boeck, 2015 Présentation du livre Revues, articles, dossiers Voie professionnelle Le Dossier de veille de l’IFÉ, n° 99 (février) interroge « Voie professionnelle, alternance, apprentissage : quelles articulations ? ». Un dossier de Rémi Thibert, Chargé d’études et de recherche à l’unité Veille et Analyses – IFÉ L’enseignement professionnel dans le secondaire reste mal considéré par les élèves comme par la société. Pourtant, depuis la réforme de 2009, les élèves sont de plus en plus nombreux à choisir l’orientation en lycée professionnel. L’image de ce dernier s’est largement modifiée ces dernières années, avec notamment le passage du baccalauréat professionnel de 4 à 3 ans. Cette « institution de tous les contrastes » oscille entre des objectifs qui peuvent paraître contradictoires : qualifier les élèves et leur faire acquérir des compétences professionnelles ; socialiser à des savoirs qui relèvent d’un « savoir-être » afin d’assurer l’acceptation de valeurs normatives. Lire Didactique professionnelle Savoirs, revue internationale de recherches en éducation et formation des adultes publie son 36ème numéro consacré aux « Usages de la didactique professionnelle en formation : principes et évolutions ». Cette note de synthèse se propose de faire le point sur les principes de cette approche de la formation professionnelle (et du développement des compétences) et ses évolutions récentes. Elle distinguera l’existence d’un premier type d’usage de la didactique professionnelle, qui consiste à utiliser l’analyse du travail pour construire la formation, et l’émergence récente d’un second type d’usage qui consiste à former par l’analyse du travail. Les limites en seront discutées. Présentation du n° Entrer dans l’écrit Le n° 219 de TRACeS de ChanGements tente de mettre en évidence le lien entre la méconnaissance des enjeux liés à l’entrée dans l’écrit et la production des inégalités scolaires. Il propose aussi des pratiques avec des apprenants de 5 à plus de 55 ans… Il ne s’agit pas, comme trop souvent, de finir par renoncer aux exigences liées à la maitrise de l’écrit, mais tout au contraire de prendre en compte les difficultés qui y sont liées afin de garantir à tous la possibilité de les surmonter. En plus du dossier, avec la démarche, vous pousserez la porte d’une classe maternelle pour découvrir ce qui s’y parle et comment. Présentation du n° Risques d’inégalités Sous la direction de Stéphane BONNÉRY, Jacques CRINON et Germain SIMONS la revue Spirale dans son n° 55 interroge « Supports et pratiques d’enseignement : quels risques d’inégalités ? ». Il prétend ouvrir, et non pas clore, le champ d’investigation sur les instruments pédagogiques et les risques d’inégalités qu’ils comportent. Dans ce numéro, la focale a été mise sur la conception de ces supports et sur l’usage qui en est fait par les enseignants. Ces deux axes nécessitent d’être approfondis, tout comme l’usage qui est fait de ces instruments par les élèves. En effet, l’analyse des modalités concrètes, prescrites et effectives, qui organisent les activités d’apprentissage semblent heuristiques pour relier les situations locales aux constats à l’échelle du système. Présentation du n° Sciences de l’éducation Le Hors Série Numéro 7 (Mars 2015) de Recherches en éducation « Diversité des recherches actuelles en sciences de l’éducation : contribution doctorale » est en ligne. Alors que se tiendra en novembre 2015 la troisième édition du Colloque doctoral international de l’éducation et de la formation, ce numéro hors série fait suite à l’édition 2013 qui a réuni 110 communicants de onze pays. Organisé par les doctorants du Centre de Recherche en Education de Nantes (CREN) en direction de l’ensemble des doctorants dont les travaux entrent en résonnance avec le thème du colloque, cet évènement souligne à chaque édition la richesse des recherches en la matière et montre, s’il en est besoin, la place qu’occupent aujourd’hui les doctorants au sein des sciences humaines et sociales. Il s’agit ici d’en rendre compte à travers une sélection d’articles extraits des ateliers thématiques. Lire Supports pédagogiques et inégalités scolaires A lire dans le Café Pédagogique une interview de Stéphane Bonnéry « Les supports pédagogiques creusent-ils les inégalités scolaires ? ». Avec l’affaiblissement du modèle traditionnel d’enseignement, les supports pédagogiques ont pris une importance croissante dans la classe. Hors de la classe, le développement de la littérature jeunesse et du parascolaire montre que les attentes des familles sont fortes. Comment avec la multiplication de ces supports peut-on voir les inégalités scolaires se creuser ? Comment en est-on arrivé au rejet de l’Ecole par certaines familles et à un sentiment d’injustice aussi généralisé ? Pour répondre à cette question, Stéphane Bonnéry et les chercheurs de l’équipe Escol ont analysé manuels scolaires, ouvrages de littérature jeunesse et supports d’éducation musicale sur un demi siècle. Pour eux, ils jouent un rôle dans la montée des inégalités. Mieux les utiliser devient nécessaire… Lire Stéphane Bonnéry (dir.), Supports pédagogiques et inégalité scolaires, La dispute, 2015 L’accompagnement ChanGements pour l’égalité propose deux nouvelles études sur le thème de l’accompagnement : – « L’accompagnement sous tous les angles », est un patchwork d’accompagnements à différents niveaux. Coordonnée par Sandrine GROSJEAN Lire – « L’accompagnement : une vue d’ensemble », tente d’en tirer les fils, pour dégager quelques balises et vigilances indispensables pour que l’accompagnement soit l’occasion d’émancipation. Coordonnée par Sandrine GROSJEAN et Élise UGEUX Lire De quelques modèles pathologiques du « vivre ensemble » ? Les réflexions livrées dans le cadre de cette 20ème note du CREN (Centre de Recherche en Éducation de Nantes) sont celle d’un essai de modélisation où le « vivre ensemble » est à la fois un sujet d’étude et un objet à promouvoir ; un essai s’émancipant de la prudence académique qui veut que l’on taise le point de vue normatif sur la thématique étudiée. Lire Des jeunes et des politiques publiques L’institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP) publie aux presses de Sciences Po’ « Expérimentations sociales : des jeunes et des politiques publiques », le 69e numéro de la revue Agora débats/jeunesses. Le dossier coordonné par Goucem Redjimi et Alain Vulbeau traite en effet de l’expérimentation sociale, entendue comme un processus qui concerne aussi bien les jeunes, à titre individuel et privé, que les institutions les prenant en charge. Le flux, plus ou moins continu, qui renouvelle le processus expérimental mené en France depuis plusieurs décennies, est présenté comme une innovation sociale, voire une « voie de changement ». Si les expérimentations émanent le plus souvent d’instances publiques (administrations, élus), elles sont également portées par des acteurs, associatifs, usagers, individuellement ou collectivement. Ce numéro d’Agora donne à lire des dynamiques sociales très contrastées à l’œuvre dans cesexpérimentations qui répondent toutes à un double défi : celui de régler de grands problèmes de société à une faible échelle et, bien souvent, avec peu de moyens. Présentation du n° Conférence de consensus sur le redoublement Les 27 et 28 janvier 2015 s’est tenue à Paris la conférence de consensus sur le redoublement organisée par le Cnesco et l’Ifé/ENS de Lyon. Les enregistrements des experts sont disponibles sur le site du Cnesco et la synthèse écrite des délibérations du jury piloté par André Tricot est téléchargeable. André Tricot dans les Cahiers pédagogiques affirme qu’il faut « Comprendre, prévenir et prendre en charge la difficulté dans la classe ». Lire Repenser l’acte d’enseigner Ce dossier du n° 245 de la revue Animation & Education (OCCE) invite les praticiens à repenser l’acte d’enseigner, remettre en question leur posture, interroger leurs pratiques pédagogiques… bref à rejeter la transmission verticale descendante des savoirs, le cours dialogué, magistral au profit de pédagogies actives où l’enfant est réellement acteur de ses apprentissages, porteur de projets, reconnu et respecté comme un citoyen à part entière : de l’exploitation en éducation des connaissances neuroscientifiques permettant d’appréhender comment le cerveau fonctionne – et donc comment mieux apprendre et enseigner- à la classe inversée, en passant par la pratique des méthodes naturelles, de démarches coopératives… Les possibilités, comme en témoigne ce dossier, ne manquent pas pour permettre à TOUS les enfants d’apprendre. Présentation du n° A l’école du théâtre La dernière livraison des Cahiers Pédagogiques (n° 519 février) interroge : qu’est-ce que les élèves apprennent avec le théâtre, de l’école à l’université, dans toutes les disciplines ? Sans se limiter au théâtre pour lui-même, ni aux liens étroits qu’il entretient avec la langue et la littérature, dans quel but et comment travailler avec le théâtre pour optimiser les apprentissages de tous les élèves ? Présentation du n° A voir La Magie du travail social… ou comment faire disparaître les pauvres (et les inégalités) ? Cette conférence gesticulée produite par L’orage et disponible en DVD raconte la quête du Graal d’un éducateur spécialisé qui s’échine à trouver le sens de son métier et à dévoiler les mécanismes obscurs de la prise en charge des indigents. Comment fait-il, pour tenir, seul au fond de son bureau à recevoir la misère du monde sans savoir quoi en faire ? Entre outillage critique, réflexion politique et « vignettes cliniques », voici l’itinéraire désordonné d’un travailleur social de passage, qui veut comprendre le truc, révéler les astuces d’un métier occulte. Que se cache derrière le travailleur social, ce « technicien de la relation », suspecté d’être un agent de la paix sociale, qui écoute la souffrance à défaut de pouvoir la résoudre ? Ne donne-t-on pas l’illusion de traiter la misère en privilégiant l’approche individuelle des situations de précarité au détriment d’une réponse sociale ambitieuse ? Loin d’une simple critique réductrice, c’est avant tout une démarche d’analyse et de déconstruction, un regard décalé sur le travail social, pour mieux envisager des solutions collectives. En savoir plus Evénements La liberté d’expression, ça s’apprend La Semaine de la presse et des médias dans l’École permet aux élèves depuis plus de vingt ans de mieux connaître l’univers des médias et de comprendre ses enjeux culturels et démocratiques. Les écoles, collèges et lycées inscrits participent du lundi 23 au samedi 28 mars 2015 à cette semaine organisée par le Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information (Clemi). « La liberté d’expression, ça s’apprend » sera le thème de la 26e édition. L’éducation des élèves aux médias et à l’information s’impose comme un enseignement au pluralisme, à la liberté d’opinion, à la liberté d’expression et au respect du débat démocratique dans une République laïque. C’est un enjeu de citoyenneté majeur pour apprendre le vivre ensemble. En savoir plus
Maîtrise de la langue 9 mars 2015 Valérie Pinton Littérature Salon du livre de Montreuil. Peut-on repenser le monde avec les enfants ? Sylvie MEYER-DREUX – 2013 « L’enfant lecteur » du livre et le modèle social implicite dans le livre de « l’enfant lecteur » et de l’activité cognitive de lecture, Stéphane BONNÉRY- 2010 Orthographe/grammaire Faire ou ne pas faire de dictées ? ou comment faire de la dictée un moment d’apprentissage ? Jean BERNARDIN – 2005 Enseigner l’orthographe et la grammaire , Michel DUCOM – 2004 Lecture Lire/écrire: difficultés et malentendus, Jacques BERNARDIN – 2010 La lecture mon quotidien, Anita AHUNON – 2006 Lecture : le discours de la méthode, Jacques BERNARDIN – 2005 Oser chercher à lire le monde, Henri BASSIS – 1992 PUBLICATIONS LIVRES : Comment lisent les enfants du chaperon rouge. Lire et écrire au CP, enjeux et pratiques. Dominique Piveteaud, L’Ecole, 2006 Lire et écrire, cycle 3, Martine Lacour et Fabienne Moscatelli, Bordas «Enseigner aujourd’hui», 2002 Ecrire en toutes disciplines, De l’apprentissage à la création, cycle 3, Yves Béal, Martine Lacour, Frédérique Maïaux, Bordas «Enseigner aujourd’hui», 2004 Comment les enfants entrent dans la culture écrite, Jacques Bernardin. Préf. De J.Y. Rochex, Retz, « Pédagogie », 1997 Les chemins des savoirs en maternelle, Michèle Libratti, Christine Passerieux, préf. E. Bautier, Chronique Sociale « L’essentiel », 2000 Agir ensemble à l’école. Aujourd’hui… la pédagogie du projet, Collectif GFEN, sous la direction de P. Wuchner, F. Payen, M. Huber, préf. De R. Gloton, Casterman » E3 « , 1982. « En quoi la lecture peut être à l’origine d’une transformation des pratiques scolaires ? » Comprendre l’enfant apprenti lecteur, Recherches actuelles en psychologie de l’écrit, collectif sous la dir. de Gérard Chauveau, Retz « Pédagogie », 2001 LIVRES EPUISES : Parler, écrire pour de « bon » à l’école, GFEN, collectif sous la responsabilité de Claire Ambite, Michel Cosem, Josette Jolibert et Hélène Mercusot, Casterman, collection E3, 1979 Le pouvoir de lire, GFEN, en collaboration sous la dir de Josette Jolibert et de Robert Gloton, Casterman, collection orientations E3, 1978, 3ème éd Pour une autre pédagogie de la lecture, GFEN, en collaboration sous la dir de Josette Jolibert et Hélène Romian, Casterman, collection orientations E3, 1977, 2ème éd ARTICLES PARUS DANS DIALOGUE : N° 14/15 – La Littérature enfantine « Littérature et pédagogie de la lecture » (Gloton R.) (numéro épuisé) N° 22 – Faire des lecteurs (numéro épuisé) N° 24/25 – Quels soutiens ? « Conférence sur la lecture à Melun » (Diatkine) (numéro épuisé) N° 49 – ZEP ou La fatalité en échec (numéro épuisé) – 10 ateliers de lecture (Papin Patrick & Albaret Fr) – Lire en Polonais, c’est pas chinois (Hénaux Bernard) N° 50 – Le Français ça s’prend (numéro épuisé) « A propos de la lecture (8 situations d’animation) » (Hénaux Bernard) N° 54 – Dessine-moi un mouton « La dialectique « Lire-écrire » en formation d’adultes » (Pierre Colin) N° 62 – Les paradoxes de la démarche « Tous lecteurs dès la maternelle (Une année de lecture et de création en grande section) » (Ghislaine Normandin) N° 67 – Libres,égaux, frères dans le savoir… quand on le construit – « A Noël, je saurai lire » (Christiane Rambaud) – « Si on serait citoyen… » dès la maternelle (Écrire pour lire dès 2 ans !) (Véronique Miossec et Sylvia Siarri) N° 68 – Lire, c’est inventer ! (Numéro épuisé) N° 72 – L’éducation nouvelle, une urgence de civilisation « Le braille : vers une compréhension de l’acte du lire / écrire » (Bénédicte Barbier) N° 75 – Formation, sortir du cadre « Lecture avec questions préalables ou problème sans question ? Quand les questions posent problème » (Lacour Martine) N° 77 – Apprendre est-ce une question de méthode ? « Apprendre à lire et à écrire : une question de méthode ? » (Pascale Prot-Billerey) N° 89 – Quoi de neuf du coté de l’écriture ? (1) De la lecture à l’écriture (Klaerr Michèle) N° 106 – L’école, ferment social « Lire pour être » (Anita Ahunon) N° 109 – Tous capables, quel travail ! « Entrer au CP : se construire un horizon d’attentes » (Dominique Piveteaud) N° 110 – Savoirs et créations « Petites aventures de la lecture en bibliothèque » (Marie-Catherine Ablain, Hélène Cohen-Solal) N° 114 – Spécial Pratiques « Quelques pratiques de lecture en petite section » (Isabelle Viot) N° 115/116 – La lecture dans tous les sens N° 118 – Apprendre ensemble, réussir ensemble « Démarrer par des détours une activité de lecture » (Pascale Billerey) REVUES : Bulletin GFEN Normandie-Centre – n° 13 « Outils en mathématiques, en lecture » Bulletin GFEN Normandie-Centre – n° 11 « L’acte de lire : lire en polonais » Bulletin GFEN Normandie-Centre – Spécial du sens à l’école Chapitre : Culture écrite et inégalités scolaires. Bernard Lahire – Rapport au savoir et à la scolarité : itinéraire singulier d’un chercheur. – Apprendre à lire et à écrire : passer du langage à la langue. – Quels usages sociaux de l’écrit ? – Enjeux politiques. Bulletin GFEN Normandie-Centre – Dans la famille, à l’école : éducation & autorité Lire, ça sert à grandir…(Christine Nicolas) – La pensée de l’enfant psychotique. – La finalité de la lecture. – L’acte de lire. – Mes aides à l’apprentissage : en fonction de la situation institutionnelle à propos des signifiants à propos du support d’apprentissage à propos de l’acte lexique. à propos de la finalité : le plaisir du livre.Bulletin GFEN Normandie-Centre – Spécial Lecture Bulletin GFEN Normandie-Centre – Spécial Ecriture Ecrire… pour apprendre à lire : la patiente et nécessaire construction du sens (Jean-Louis Chartrain) Bulletin GFEN Normandie-Centre – Lecture écriture pour tous Violence symbolique à l’école, des pratiques de réussite (CM-Collège) GFEN Normandie-Centre Pratiques. Entrer dans l’écrit – GFEN Franche-Comté Bourgogne Revue Orientations, N° Hors-série, Dossier lecture Copillage N° 4 – « La lecture : un pari » Cahiers de Poèmes N° 56 – Lire écrire créer (épuisé)
Vidéos de la 6ème journée d’étude sur l’enfance au quotidien du CERSE 5 mars 2015 Valérie Pinton 10 décembre 2014 Différences culturelles dans les relations éducatives : compréhension et acculturation organisé par le CERSE, laboratoire de sciences de l’éducation de l’Université de Caen Basse-Normandie et son équipe Enfances, Jeunesses et Cultures http://www.canal-u.tv/producteurs/centre_d_enseignement_multimedia_universitaire_c_e_m_u/cerse/differences_culturelles_dans_les_relations_educatives_comprehension_et_acculturation_dec_2014 Vous y trouverez : – l’introduction de Julie DELALANDE et Nathalie DUPONT (Université de Caen Basse-Normandie, CERSE, équipe EJC) Culture, altérité, relation sociale et parenté : des notions au service de questions professionnelles – la conférence d’Elodie RAZY (Université de Liège, Laboratoire d’Anthropologie Sociale et Culturelle, Belgique) Comment peut-on être persan ? Les mondes de la migration à travers le prisme de l’enfance – la conférence de Françoise LORCERIE (CNRS, Institut de Recherches et d’études sur le Monde Arabe et Musulman) Certains Caennais sont turcs. Migration, changement culturel et classements ethniques. Le cas particulier des enfants d’immigrés originaires de pays extra-européens – la conclusion de Laurence FILISETTI (Université de Caen Basse-Normandie, CERSE, équipe EJC) Voir aussi
Ecole maternelle… une école pensée pour la réussite de tous ? 25 février 2015 Jacqueline Bonnard La maternelle, une idée puissante en 2015… l’heure est-elle venue ? * Clin d’oeil à la citation envoyée pour les voeux 2014, l’heure est sans doute venue en 2015 d’affirmer la puissance des idées sur l’école maternelle. * Rien n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est venue. (Victor Hugo) Ce dossier propose un arrêt sur image en ce début d’année et se veut une ressource mise à votre disposition. *************** Les Rencontres 2015 organisées par le GFEN ont pris en compte l’apprentissage comme processus de socialisation. Le 31 janvier 2015, 130 participants se sont retrouvés à la Bourse du travail de Paris. Quel lieu plus approprié et symbolique que celui-ci pour parler du travail des enseignant(e)s en maternelle ! Depuis plusieurs années, ces rencontres ponctuent la réflexion du GFEN sur l’école maternelle et mettent en avant l’expertise du mouvement sur le sujet. Lire le compte-rendu de ces rencontres. En amont de ces rencontres, plusieurs manifestations qui ont eu lieu à Nevers en septembre, à Paris en octobre, à Besançon en janvier autour du livre dirigé par Christine Passerieux et de ses auteur(e)s. Ceux-ci (celles)-ci ont animé des conférences et des ateliers sur le thème « Construire le goût d’apprendre », en référence au titre de l’ouvrage. Le GFEN, depuis longtemps déjà, a investi l’espace de l’école maternelle. Pour mémoire, trois autres ouvrages sont parus : Les chemins de la maternelle en 2000 ; La maternelle, première école, premiers apprentissages en 2009 ; Pratiques de réussite pour que la maternelle fasse école en 2011. Trois numéros de la revue Dialogue ont été consacrés aux Actes des Rencontres : les numéros 154 en octobre 2014, 150 en octobre 2013 et 134 en 2009. Les Rencontres ont proposé en six ans d’innombrables ateliers-démarches de construction des savoirs dans toutes les disciplines et accueilli au fil du temps : Philippe Meirieu, Sylvie Cèbe, Elisabeth Bautier, Viviane Bouysse, Véronique Boiron, Stéphane Bonnéry, Patrick Joole, Marie-Thérèse Zerbato-Poudou, Christophe Joigneaux, André Ouzoulias, Gérard Vergnaud, Gaston Mialaret, Mireille Brigaudiot, Bruno Suchaut, Sylviane Giampino… L’actualité institutionnelle de l’école maternelle Elle se manifeste en de nombreux endroits institutionnels, syndicaux, associatifs… Pour ce qui est du ministère, il en a fait une priorité de la loi sur la refondation de l’école. Celle-ci « donne une nouvelle mission à l’école maternelle. Organisée sur un cycle unique, elle porte deux ambitions essentielles. D’une part, elle prépare progressivement les enfants aux apprentissages qui seront dispensés à l’école élémentaire, en respectant le rythme de chacun. D’autre part, elle participe, dès le plus jeune âge, à la réduction des inégalités, en particulier en matière de langage ». Le rapport 2011 de l’IGEN (Bouysse et Claus) mettait l’accent sur de nombreux points à améliorer, tant organisationnels avec les (inévitables) ateliers, que didactiques, avec le constat d’une faiblesse persistante de la pédagogie de l’oral. Le rapport de juin 2014 sur « La scolarité des moins de trois ans » pointait les efforts à poursuivre sur les effectifs et la qualité. Les projets de programmes ont été publiés en juillet et portés à la consultation des enseignants dès la rentrée de septembre 2014. Christine Passerieux a participé à ce travail au nom du GFEN. Le SNUipp en a fait une synthèse en 4 pages avec points à améliorer. Notons que le pôle « Apprendre ensemble pour vivre ensemble » en est un enjeu central. Depuis cette parution, les enseignants ont été réunis dans les écoles une demi-journée en octobre et le rapport de cette consultation, en ligne sur le site éduscol, propose la synthèse des retours des quelques 90 000 enseignants concernés. Le CSP a modifié le texte en fonction de ces retours avant qu’il soit approuvé par le Conseil Supérieur des Programmes le 22 janvier 2015. Du côté des associations, tout le monde s’y met ! Le SNUipp a organisé en novembre à Rennes un colloque « Une grande école pour les petits » avec Françoise Carraud, Mireille Brigaudiot et Olivier Burger. Le numéro de novembre-décembre des Cahiers pédagogiques s’intitule « Tout commence en maternelle ». Un riche sommaire qui fait de l’école maternelle une école spécifique, une école partagée pour une éducation partagée (on y remarque un article de Françoise Carraud « Ma collègue Atsem : vraiment ? ») et une partie apprentissages et pratiques (avec un article de Bernard Devanne « Pratiques culturelles, paroles culturelles ») font de ce numéro un complément à Dialogue. Il est illustré par Thierry Dedieu, auteur de littérature jeunesse, ce qui le rend attractif dès la couverture. L’AGEEM, à l’occasion du Salon du livre et de la presse jeunesse de Seine Saint Denis, a invité Véronique Boiron pour une conférence sur les lectures à la maison et à l’école pour clore sa quinzaine sur l’école maternelle. L’association « Du côté des enfants » a organisé à Cassis en juin dernier les désormais traditionnels « Entretiens de la petite enfance» qui ont été les 9èmes du nom, sous la houlette de Nicole Geneix, Anne-Marie Chartier et Laurence Chartier. Le film « Lundi, c’est violet » de Jean-Paul Julliand a été programmé en septembre dernier sur France 3 Rhône-Alpes. Depuis, il suit son chemin en DVD et en projections un peu partout en France. Alors que la scolarisation des moins de 3 ans redevient une priorité pour l’actuel gouvernement, il est important de montrer et de comprendre ce qui se joue pour ces tout-petits qui vont devenir élèves en quelques mois. Une année scolaire durant laquelle le documentariste est allé en « immersion » dans une classe de toute petite section d’école maternelle du quartier des Minguettes, à Vénissieux dans le Rhône. Sous l’oeil attentif de la caméra, on voit se dérouler les activités et les apprentissages, on comprend ce qui fait la spécificité de l’école par rapport à d’autres structures d’accueil du jeune enfant. On les voit « apprendre ensemble pour vivre ensemble » et gagner de la confiance en l’école ; confiance dont font preuve également les parents. Contacts pour acheter le DVD. Enfin, à noter un très bel article sur ce film dans le Café pédagogique du 10 décembre. Les recherches sont rares. C’est aussi l’avis du SNUipp qui a lancé un appel pour développer des recherches sur l’école maternelle signé de nombreuses personnalités du monde de l’éducation (dont Jacques Bernardin au nom du GFEN). Peu de chercheur(e)s se consacrent exclusivement à des travaux sur la maternelle mais les recherches sont intéressantes. Françoise Carraud(1) est l’une d’elles ; elle étudie la professionnalité enseignante, les gestes professionnels spécifiques des enseignant(e)s des écoles maternelles, le fonctionnement des binômes enseignants/ATSEM, « les savoirs inestimables » des situations du quotidien. C’est une personne précieuse par ses recherches qui s’intéressent aux « petites choses » de la vie d’une école qu’on n’apprend pas dans les centres de formation et qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Marie-Claude Javerzat (2) travaille en didactique, sur la dictée à l’adulte, le développement de la culture littéraire et l’utilisation de l’album de jeunesse notamment en classe de petite section (les travaux sur ce niveau d’enseignement sont suffisamment rares pour être signalés avec insistance). André Tricot (3) travaille entre autres sur les rapports enseignement-apprentissage et la façon dont un élève s’y prend pour entrer dans les apprentissages. Sur le site de l’ESEN, on trouve une conférence donnée aux IEN maternelle sur « les apprentissages incidents et formels », implicites et explicites, scolaires et non scolaires en maternelle. Les ressources sur la maternelle se développent dans les structures de formation ou de documentation. Le centre Alain Savary de l’Institut français de l’éducation (Ifé-ENS de Lyon), possède un site extraordinairement riche de ressources variées. Pour la maternelle, le document « Passe, passe, passerelle » relate le fonctionnement d’un dispositif pour les parents dans une école maternelle, où des mères de très jeunes enfants s’y retrouvent avec une animatrice une fois par semaine. On ne présente plus la plateforme Néopass@ction . Le thème n°4, coordonné par Roland Goigoux(4) , concerne les rituels et consignes en maternelle au moment des regroupements. Les vidéos de situations de référence, du vécu professionnel, des entretiens avec des enseignants débutants et chevronnés et les analyses des chercheurs seront bientôt disponibles sur le site. Une formation de formateurs sur la maternelle a lieu chaque année depuis plusieurs années. (les comptes rendus et conférences des années précédentes). En 2012, on note une intervention de Christine Passerieux « Des pratiques langagières familiales aux pratiques langagières scolaires ; lever les malentendus pour permettre à tous les enfants de devenir élèves ». Le CANOPE de Montpellier met en ligne sur son site des vidéos et des analyses du travail réalisées par le laboratoire LIRDEF et l’ESPÉ Languedoc-Roussillon, projet à l’origine duquel on trouve Dominique Bucheton(5) : c’est la banque de séquences didactiques (BSD) dont certaines concernent la maternelle. Isabelle Lardon (1) Maîtresse de conférences en sciences de l’éducation à l’ISPEF, université Lyon 2 Lumière, membre du laboratoire Education, cultures, politiques. (2) Laboratoire de Psychologie génétique et différentielle Université de Bordeaux 2 et formateur à l?ESPÉ de Périgueux. (3) Professeur des universités en psychologie cognitive et ergonomique à l’ESPÉ de Toulouse. (4) Professeur des universités en sciences de l?éducation à Clermont Ferrand, membre du laboratoire « Activité, connaissance, transmission, éducation ». (5) Professeure des universités, université de Montpellier 2, directrice du laboratoire de recherche LIRDEF. (source : film » Lundi, c’est violet « ) Documents ministériels Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions – Eduscol – 2015 Eduscol publie un document d’accompagnement des programmes de maternelle sur l’enseignement de l’oral : « Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions ». Il présente de façon rigoureuse des apports théoriques clairs et des situations d’apprentissage précises et devrait aider les collègues des écoles à s’y retrouver.Lire le rapport Le rapport 2011 de l’IGEN sur l’école maternelle (Viviane Bouysse et Philippe Claus), n°2011-108, octobre 2011 Ce rapport fait le constat d’une faiblesse de la pédagogie de l’oral et pointe les dysfonctionnements tant organisationnels que didactiques sur ce premier espace de scolarisation. Il constate que l’école maternelle ne profite pas à tous de la même façon et en particulier aux enfants des milieux populaires qui ne sont pas en connivence immédiate avec les valeurs culturelles et sociales intrinsèques de l’école. Lire le rapport Le rapport 2014 de l’IGEN sur la scolarité des enfants de moins de trois ans (Gilles Pétreault), n°2014-043, juin 2014 Si ce rapport constate un accroissement des effectifs du nombre d’enfants de deux à trois ans à l’école, il pointe une disparité dans la fréquentation sur la journée entière en fonction de l’investissement des collectivités locales sur les équipements très spécifiques à cet âge d’une part, de fonctionnement d’autre part. Il pointe la nécessité d’une réflexion pédagogique locale et concertée à ce sujet.Lire le rapport Les projets de programmes publiés en juillet 2014 et soumis à consultation en septembre de la même année. Le CSP a proposé un nouveau texte de programme le 22 janvier 2015 tenant compte des remarques et suggestions issues de la consultation. Texte qui a été voté par le Conseil Supérieur de l’Education du 5 février à une large majorité. lire le texte des programmes Du côté du GFEN Du projet de programme de l’école maternelle à sa version définitive, des choix problématiques pour construire l’égalité ? Intervention lors de la journée d’étude « Les nouveaux programmes de l’école maternelle. Quels enjeux à la lumière des recherches récentes sur la petite enfance? (ESPE de Créteil, 30 septembre 2015) Christine Passerieux et Gaël Pasquier ont participé à la rédaction du projet de nouveau programme pour l’école maternelle. Ils proposent ici une lecture de ce programme afin d’en dégager les infléchissements au regard des objectifs de réduction des inégalités fixés pour la « refondation de l’école ». lire Les rencontres nationales « Pour que la maternelle fasse école » 2015 : » apprendre, processus de socialisation « , lire le compte-rendu2014 : Colloque » Construire le goût d’apprendre à l’école maternelle « 2014 : » du faire au comprendre. L’activité, tremplin du développement « Des interventions – Construire le goût d’apprendre, il n’est jamais trop tard – Christine Passerieux à Besançon, janvier 2015 lire– Culture familiale/culture scolaire : rupture ou développement ? – Christine Passerieux, à Bordeaux, octobre 2012 lire– Les apprentissages en maternelle, les conditions pour qu’ils se réalisent et leur importance dans la suite du cursus – Christine Passerieux, le 12 décembre 2012 lire– Nos enfants ne nous font pas peur, mais le sort qu’on leur réserve nous inquiète. Spécificités et enjeux de l’Ecole Maternelle – Sylvie Chevillard – 2011 Des pratiques La revue Dialogue se fait l’écho de ces pratiques à l’école maternelle en proposant des articles décrivant et analysant les propositions des auteurs, adhérents du GFEN. Certains articles sont en ligne dans la rubrique « pratiques ». Des ouvrages Découvrir le monde des objets, former des chercheurs dès la maternelle Jacqueline Bonnard (2015) Le rapport de l’IGEN sur l’école maternelle (2011) relève que le domaine « découvrir le monde » est peu présent dans les activités proposées aux élèves. Cet ouvrage est une invitation à oser franchir le pas et entrer avec jubilation dans la découverte du monde des objets, marques de notre humanitude et révélateurs d’une aventure humaine qui ne cesse de se complexifier par la multitude des savoirs construits lors de leur conception. Construire le goût d’apprendre à l’école maternelle, Sous la direction de Christine Passerieux (2014), Le goût d’apprendre à l’école maternelle relève de la responsabilité… de l’école maternelle. C’est à elle de rendre intelligibles le monde et les objets du monde, de doter tous les enfants des outils intellectuels, requis par l’école, de les faire s’engager dans l’aventure de la connaissance pour développer leurs pouvoirs d’agir et de penser. C’est à une conception culturelle des apprentissages scolaires qu’invitent les auteurs de cet ouvrage en les inscrivant dans leur signification sociale. Pratiques de réussite pour que la maternelle fasse école, Sous la direction de Christine Passerieux (2011) Si l’école maternelle est si importante c’est qu’elle a une lourde mission : favoriser la rencontre avec d’autres cultures, engager dans un nouveau rapport au monde et permettre une scolarité réussie, pour tous.Force est de constater qu’elle ne réussit pas toujours à réduire les écarts et que nombre de jeunes élèves n’entrent pas dans les apprentissages scolaires. Pour autant il n’y a pas plus de fatalité à l’échec que d’enfants dans l’incapacité d’apprendre. Cet ouvrage en fait la démonstration en mettant en partage des pratiques éprouvées dans les classes, dans tous les champs où l’imaginaire et la pensée sont convoqués. La maternelle. Première école. Premiers apprentissages, sous la direction de Christine Passerieux (2009) Une réflexion sur l’importance de l’école maternelle, afin d’en montrer la pertinence dans le développement de l’enfant et d’en réaffirmer la nécessité dans le cursus scolaire. Il propose également des outils pour la classe.Il rend compte d’observations montrant les effets positifs de l’école maternelle dans la réussite scolaire, en particulier lors d’une scolarisation à deux ans. Il propose une réflexion sur ses missions spécifiques et les moyens, en particulier pédagogiques, dont elle doit se doter pour que le passage de l’enfant à l’élève ait lieu pour tous. réalisation : Isabelle Lardon, Jacqueline Bonnard
Un nouveau site à explorer : celui de Maria-Alice Médioni 24 février 2015 Jacqueline Bonnard à consulter sans modération…
Lettre ouverte des formateurs de l’ESPE de Nantes à Madame La Ministre de l’Education nationale 24 février 2015 Jacqueline Bonnard Lire le texte complet de la lettre
Lettre de l’AFEF à Madame la Ministre de l’Éducation Nationale 19 février 2015 Valérie Pinton Interpelée par l’accent mis sur la « maitrise du français » dans le discours du Président de la République du 21 janvier, puis dans les « Onze Mesures pour une grande mobilisation de l’école pour les valeurs de la République » publiées le 22 janvier, l’AFEF a écrit le lundi 26 janvier 2015 à Madame la Ministre de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Madame la Ministre de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Nous tous, enseignants, chercheurs, formateurs, membres de L’AFEF (Association Française des Enseignants de Français, de la maternelle à l’université), nous sentons particulièrement interpelés par les évènements dramatiques qui ont à nouveau endeuillé la société française et porté atteinte aux fondements même de notre République : liberté, égalité, fraternité. Madame la Ministre, dans votre discours du jeudi 22 janvier, où vous insistiez sur le rôle décisif que l’école doit mener dans ce combat contre la barbarie, une des « Onze mesures pour une grande mobilisation de l’École pour les valeurs de la République » que vous avez proposées nous concerne tout particulièrement : « Engager un chantier prioritaire pour la maitrise du français ». Nous ne pouvons qu’y souscrire, tant nous pensons qu’apprendre à parler, lire, écrire pour penser, apprendre, se construire et vivre ensemble, est la pierre angulaire de l’éducation et de l’instruction. C’est pour apporter notre contribution à ce chantier prioritaire que nous nous adressons à vous. Car, au-delà de l’émotion bien légitime, il s’agit avant tout de faire le bon diagnostic. Nous enseignons les œuvres de Voltaire, Diderot, Hugo, Zola, Camus…, et pourtant, Madame la Ministre, nous assistons, parfois impuissants, à la montée de fanatismes et intégrismes, politiques et religieux, dont nous devons affronter les discours délétères dans nos classes. Nous enseignons le français, comme langue première et seconde, et ne pouvons pas toujours empêcher nos élèves d’adhérer à ces discours pernicieux. Nous tentons de les déjouer par la rationalité, souvent au prix d’épuisantes luttes quotidiennes. Nous voulons bien, au même titre que tous les acteurs de la communauté éducative, nous sentir collectivement responsables de n’avoir pas assez écouté ni entendu les cris d’alarme des adolescents, relayés par des enquêtes ou des rapports insuffisamment pris en compte. Dans une société où les agents économiques dominants et les leurres de l’argent obstruent l’avenir professionnel des jeunes, avec une École championne des inégalités et d’une sélection scolaire dont sont toujours victimes les mêmes catégories sociales, on a trop vite oublié que le débat, le questionnement, le vivre ensemble et la compréhension du monde devraient être au cœur de toutes les disciplines, dont la discipline français. Mais, Madame la Ministre, pouvons-nous faire plus ? Dans les établissements, nous courons après le temps, un enseignant de français en collège a vu doubler le nombre d’élèves dont il a la charge en quarante ans ; nous sommes, par les programmes successifs, soumis à des injonctions contradictoires et des exigences démesurées et inadaptées ; notre discipline est traversée par des débats de société sur la lecture, l’orthographe, la grammaire, qui sous-tendent des réformes à répétition autant préjudiciables aux élèves qu’aux enseignants. Et progressivement, insidieusement, les moments d’expression par l’écriture, la lecture, le débat, et le travail en projet ont diminué dans les classes du primaire, du collège et du lycée. De fait, si ne pouvons faire plus, pourrions-nous faire mieux et autrement ? Les mesures que vous proposez, Madame la Ministre, aussi louables qu’engageantes par le dynamisme et la mobilisation sur la laïcité qu’elles veulent insuffler, ne sont pas nouvelles, et ne vont pas assez loin. Vous annoncez, par exemple, une évaluation diagnostique au début du CE2, mais les grandes évaluations nationales en fin ou en début de cycle n’ont jamais produit de grands effets si elles ne sont pas accompagnées de changements importants des pratiques et des contenus d’enseignement. Le nouvel enseignement moral et civique est ajouté sans indiquer s’il s’agira d’une discipline supplémentaire que l’emploi du temps des élèves aurait du mal à intégrer ou d’une compétence éducative partagée. L’éducation aux médias, que vous renforcez, figure déjà aux programmes depuis longtemps sans qu’on en ait réellement évalué les effets escomptés ; certes, nous vous savons gré de considérer que les usages du numérique, loin d’être une évidence, doivent être réfléchis de façon critique et travaillés pour en faire de véritables vecteurs d’apprentissages. Car si nous, enseignants de français, pouvons difficilement faire plus, Madame la Ministre, nous pourrions probablement faire « autrement », à condition d’être accompagnés et formés pour aider nos élèves à réussir. Les ressources existent pour refonder en profondeur un enseignement du français au service du développement personnel, social, professionnel et citoyen de chacun, elles existent dans la culture professionnelle, dans les revues d’associations militantes, dans les travaux de recherche de la communauté internationale de didactique du français, qui depuis plus de trente ans n’ont cessé d’interroger les pratiques enseignantes, de proposer de nouvelles stratégies d’apprentissage, d’accompagner les enseignants en recherche sans être véritablement entendus. C’est le sens des questionnements que nous nous permettons de vous adresser : – Peut-on réinterroger collectivement les diverses conférences de consensus et travaux de recherche organisés autour de l’enseignement de la lecture, de l’écriture, de l’enseignement en ZEP, au regard des programmes et instructions officiels qui les ont peu suivis, plus souvent à l’écoute des éléments les plus conservateurs de la société et de l’éducation ? – Comment la discipline français, dont la place centrale a déjà été affirmée dans le Socle commun, peut-elle être intégrée plus judicieusement dans les cursus en explicitant sa relation avec les autres disciplines ? La dénomination « maitrise du français » est trop restrictive si elle est comprise comme une fin en soi, sans la progressivité nécessaire et sans l’articuler à l’expression d’une pensée orale et écrite. La question des « langages fondamentaux » du nouveau projet de Socle commun, dans laquelle la discipline français tient une place centrale, nécessite une mise en perspective des apprentissages, modes de pensée et langages spécifiques à chaque discipline. Cette question des langages, au cœur des apprentissages des élèves allophones nouvellement arrivés que l’école a la mission d’inclure, interroge d’une manière plus large, pour un grand nombre d’élèves, les compétences langagières pour apprendre à l’école, et l’adhésion à la langue française et aux langues de France pour s’insérer dans la société. – Quel sens redonner aujourd’hui à la culture humaniste, qu’elle soit scientifique, linguistique, artistique ou littéraire ? Si de grands auteurs ont été régulièrement cités depuis quelques semaines pour répondre au désarroi face à la barbarie, l’éveil à la littérature, contemporaine, classique, francophone, internationale, demande de penser les finalités de son enseignement, et les postures de questionnement proposées aux élèves supposent aussi de faire évoluer les pratiques enseignantes. – Sur quelles recherches et formations spécifiques pouvons-nous nous appuyer pour mettre en place un enseignement explicite de la « compréhension de l’écrit » (Mesure 6) et les enjeux du numérique et de ses usages (Mesure 3) ? Comment pouvons-nous aider nos élèves pour assurer ces changements? – Comment faire évoluer les pratiques enseignantes par la formation ? Malgré les recommandations officielles, les élèves écrivent peu, lisent peu, parlent peu, ou trop peu, en classe ; ils n’ont guère l’occasion de prendre la parole, de débattre, d’échanger avec les autres élèves et leurs enseignants. Soutenir l’expression écrite des élèves, leur prise de parole argumentée, suppose, non seulement du temps, mais aussi des changements importants de postures et de gestes professionnels que la formation doit étayer. – Dans le cadre de la refondation de l’école, pouvons-nous repenser en profondeur la formation des enseignants actuellement aux prises avec des conflits d’intérêts et de pouvoir dévastateurs entre les universités, les disciplines, les rectorats, entre les enseignants du premier et du second degré? Ne devrait-on pas écouter les acteurs de la formation, affaiblis par près de cinq ans de combat pour qu’elle continue à exister, afin de poser les bases d’une formation exigeante répondant à la nécessité de maitriser des connaissances éprouvées et de faire évoluer les pratiques ? – Comme moteur de la transformation des pratiques, pourquoi ne pas reprendre l’idée de la recherche-action-formation, mise en place dans les pays européens qui ont su faire évoluer de manière efficiente leur système éducatif ? Mettant en synergie les pratiques de classe et les apports de la recherche, des enseignants du primaire ou du secondaire et des chercheurs, ces dispositifs, implantés au plus près des établissements et des problèmes à résoudre, permettraient aux enseignants d’interroger collectivement et de faire évoluer leurs pratiques d’enseignement. – À l’instar des supervisions des professionnels d’autres secteurs, ne devrions-nous pas disposer d’un système d’accompagnement professionnel pour la formation des enseignants au dialogue et à l’écoute, et ainsi mieux les préparer à répondre aux incertitudes, aux questionnements, voire aux agressions verbales des élèves ? Nous plaidons, Madame la Ministre, pour un enseignement humaniste, intégrateur des valeurs et enjeux éducatifs qui, plaçant le langage au centre, lui donne les moyens de fédérer un morcèlement redoutable pour des esprits fragiles. Il ne s’agit pas, nous le voyons bien, d’empiler de nouveaux dispositifs, de demander toujours plus, mais de faire autrement, et dans la durée. Nous appelons donc à une consultation large, longue, avec l’ensemble des acteurs du système éducatif, notamment leurs associations, sur les conditions et modalités de la mise en œuvre de cet enseignement humaniste. L’AFEF s’engage à contribuer à cette consultation pour que l’émoi national du 11 janvier ne retombe pas, mais au contraire se transforme en un élan ouvrant à des changements durables. Nous nous tenons à votre disposition pour un éventuel entretien, et vous prions de croire, Madame la Ministre, en l’expression de notre haute considération.
En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté, ATD Quart Monde 18 février 2015 Valérie Pinton En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté ATD Quart Monde Plus la crise économique se prolonge, plus elle est présentée comme le résultat d’une compétition où les plus forts s’en sortent grâce à leur mérite et les plus faibles plongent à cause de leurs défauts. Les pauvres se voient ainsi convoqués au tribunal de l’opinion publique : s’ils sont pauvres, ce serait « de leur faute ». « S’ils font des enfants c’est pour percevoir des aides. » « Ce sont des assistés qui creusent nos déficits. » « Ils s’en sortiraient s’ils savaient gérer leur budget. » Les étrangers sont particulièrement visés : « Alors que le chômage ne cesse d’augmenter, ils prennent les emplois des Français. » Après le succès de sa première parution diffusée à plus de 33 000 exemplaires, la nouvelle édition de ce livre écrit par ATD Quart Monde, entièrement mise à jour et augmentée, répond point par point à plus de 100 idées reçues sur la pauvreté. Enrichi par les apports de 44 partenaires, accessible à un grand public, cet ouvrage défait la chape de plomb du fatalisme. Il invite à briser les murs de l’apartheid social qui s’est instauré en France et à vivre une rencontre libératrice : sortir des préjugés où les uns sont bons et les autres mauvais, se connaître au lieu de s’ignorer pour inventer ensemble une société où la misère n’aura plus droit de cité. Sommaire Ed. Quart Monde/Ed. de l’Atelier, 2014 (Nouvelle éd. revue et augmentée), 224 p, 5 €
A écouter : « Education : Tout se joue-t-il avant 6 ans ? » Rue des écoles, France Culture 16 février 2015 Valérie Pinton émission de 59 min, du 4 février 2015, par Louise Touret Et si la maternelle était la plus importante des écoles ? Aujourd’hui la maternelle. Une école essentielle, école du lien, du vivre ensemble mais aussi des apprentissages, et c’est fondamental, mais que se joue-t-il vraiment avant 6 ans à l’école ? La maternelle a aussi été l’objet de vifs débats ces dernières années. Est-ce un lieu d’apprentissages qui se conçoivent d’abord en direction des niveaux suivants de la scolarité et s’évaluent ? Faut-il au contraire éviter cette « primarisation » et mettre en avant les spécificités de cette école ? Des oppositions très vives se sont construites autour de ces deux courants. Des oppositions qui empêchent peut-être aujourd’hui de s’interroger sur l’efficacité et les résultats de cette école et les bénéfices qu’en retirent les élèves de tous les milieux sociaux. Des questions qui se posent toujours alors que ses programmes viennent d’être repensés pour la rentrée 2015, ils sont débattus demain, jeudi 5 février, au conseil supérieur de l’éducation (CSE). Les 3 invités pour évoquer les spécificités de l’Ecole maternelle : – Marie-Thérèse Zerbato-Poudou, Maître de conférences à l’IUFM de Marseille et spécialiste des classes maternelles et auteur de nombreux ouvrages aux Editions Retz. Elle a enseigné pendant 27 ans dans différentes classes maternelles avant d’enseigner à l’Université / IUFM de Marseille. Son prochain livre paraîtra le 26 février 2015 aux Editions Retz « Construire le geste graphique en PS » . – Jean-Paul Julliand, Réalisateur du documentaire Lundi c’est violet !, sur la scolarisation des enfants de moins de 3 ans scolarisés dans les quartiers défavorisés de Vénissieux-Les Minguettes, dans la banlieue de Lyon. Ce documentaire devrait sortir en salles au cinéma en novembre 2015, mais il est disponible pour l’instant en DVD. (Pour le commander par mail : electronlibrecompagnie@orange.fr) – Bruno Suchaut, Chercheur, et Directeur de l’Unité de recherche pour le pilotage des systèmes pédagogiques dans le Canton de Vaud en Suisse (il est en duplex depuis Lausanne) – Il a enseigné auparavant à l’Université de Bourgogne et a dirigé l’IREDU de 2007 à 2011. (Ré)écouter l’émission sur le site de France culture (59min)
Le retour de la morale à l’école ? Citoyens dans le savoir ! 17 janvier 2015 Jacqueline Bonnard 2015 « La morale n’est pas un enseignement mais une réflexion permanente et contradictoire sur les problèmes réels que pose la vie, [il s’agit] moins d’instruction civique que de l’apprentissage vécu de la vie collective de la classe ». (Henri BASSIS). Deux textes sur le concept de citoyenneté dans la construction du savoir Devenir citoyens dans le savoir Odette BASSIS Présidente d’honneur du GFEN C’est dès l’arrivée officielle de l’école publique que furent liés aux apprentissages celui de l’« éducation morale et civique ». Accolement traversant des pratiques d’enseignement moulées sur l’autorité et le respect. Alors oui, citoyens dans le savoir, on le devient, en général, aussi sûrement que passivement, aussi objectivement qu’inconsciemment, dans tout acte d’apprentissage. Mais « citoyen passif », formé laborieusement — et il en faut du labeur et du temps — à devenir membre soumis, docile et appliqué d’une société où quelques-uns seulement pensent et décident pour tous les autres. Les choses sont pourtant clairement annoncées : dès qu’un savoir est l’objet d’un apprentissage reconnu comme tel, il devient DISCIPLINE au sens précis de dépendance à la fois par rapport à celui qui transmet (l’enseignant) que par rapport à l’enseignement transmis (la discipline). Double assujettissement. Derrière le contenu manifeste que désigne telle « discipline » de savoir, se love un autre savoir, un autre apprentissage qui en constitue le contenu latent : c’est celui de l’ORDRE ETABLI et de sa légitimation, profondément ancré au précédent et d’autant plus tenace qu’il se construit dans une pratique (celle de la transmission) qui en est le garant. C’est en ce sens qu’on peut dire — et ce n’est pas une boutade — que toute pratique de transmission est une démarche, c’est à dire suscite des processus d’auto-élaboration de comportements mentaux (des « habitus » dirait P. Bourdieu). Mais une démarche à rebours, puisqu’elle a un effet d’auto-aliénation et non pas d’émancipation. lire le texte Toujours dans le réactif Michel HUBER Décidément, le sens unique, exclusif : exposition de la théorie puis application dans une pratique a la peau dure. Cherchez le chaînon manquant. Ainsi, suite aux évènements de janvier, nos jeunes vont avoir droit à des cours de citoyenneté, de laïcité, d’esprit critique face aux médias…. Encore une fois, on scolarise (dans le mauvais sens du terme), on saucissonne des finalités qui doivent être au cœur même des pratiques pédagogiques, indépendamment du contenu disciplinaire. La forme est aussi un contenu écrivait Henri Bassis. C’est l’occasion de rappeler ici la conception du GFEN du « citoyen dans le savoir », et comment je la pratique, sans parler des perspectives d’une mise en œuvre méthodique de la pédagogie du projet/élèves. La citoyenneté à mon avis doit être non seulement l’objet mais aussi la modalité pédagogique. Ainsi seraient en interaction le fond et la forme pour une plus grande efficacité éducative. Au GFEN, nous avançons ce concept de la citoyenneté dans la construction du savoir. lire le texte
Un autre avenir est à construire ensemble 16 janvier 2015 Valérie Pinton Nous sommes convaincus que l’homme ne naît pas fanatique ni terroriste, il le devient. De même qu’il ne naît pas « démocrate » ni solidaire, il le devient. Pas de génération spontanée mais des processus, qui font de toute situation d’éducation et de formation autant de chemins de conditionnement, de mise en soumission aveugle ou bien d’émancipation. « Tous capables ! » affirmons-nous, pari audacieux sur les capacités de l’humain à s’émanciper de sa condition et des fatalités intériorisées. Loin de n’être que spéculation utopique, notre expérience plurielle en témoigne, notamment sur des terrains réputés difficiles : éducation prioritaire, classes spécialisées, dispositifs relais, quartiers… Le prix de l’échec scolaire, outre ses conséquences sur l’avenir professionnel, est élevé pour les individus comme pour la société : perte de l’estime de soi, sentiments d’incapacité personnelle et de disqualification symbolique qui amènent à l’inhibition, au renfermement, mais aussi au ressentiment et à la violence contre soi ou les autres. Faute de socialisation satisfaisante, l’individu – en mal d’appartenance, d’inscription dans un collectif solidaire lui faisant place – devient une proie facile pour toutes les manipulations et monstruosités. Nous venons hélas d’avoir une confirmation tragique de ce qui peut arriver quand des individus, accumulant les frustrations, n’ont pas suffisamment fait l’expérience du débat, de la confrontation d’idées, de l’épreuve de la raison, d’une réflexion certes exigeante mais finalement jubilatoire et intellectuellement émancipatrice : comprendre, c’est élargir sa maîtrise du réel et renforcer la confiance en ses propres capacités. Comprendre ensemble, c’est s’inscrire dans un collectif porteur de progrès, structurant et sécurisant. La société, par l’intermédiaire de son école, cherche à perpétuer le lien social auprès des jeunes générations, en transmettant les acquis du passé et en éduquant aux valeurs communes. Autrement dit, la scène scolaire est le terrain d’essai de la citoyenneté. Au-delà des discours, de quels principes relèvent les pratiques au quotidien des classes : appel au conformisme et à la soumission ou à la créativité et à la liberté de pensée ? Imposition dogmatique des règles et contenus ou incitation à la recherche et au débat ? Compétition ou coopération ? Sélection ou promotion collective ? C’est dire la responsabilité des éducateurs… Le Secrétariat Général Collectif du GFEN Ivry-sur-Seine, le 15 janvier 2015 A propos de la création du LIEN (Ligue Internationale de l’Education Nouvelle) au congrès de Calais, 1921 :« Ce Congrès était le résultat du mouvement pacifiste qui avait succédé à la première guerre mondiale. Il avait semblé alors que pour assurer au monde un avenir de paix, rien ne pouvait être plus efficace que de développer dans les jeunes générations le respect de la personne humaine par une éducation appropriée. Ainsi pourraient s’épanouir les sentiments de solidarité et de fraternité humaines qui sont aux antipodes de la guerre et de la violence » Henri Wallon, 1952 (Responsable au sein du Conseil National de la Résistance en 1944, Président du GFEN de 1946 à 1962) Télécharger
« Supports pédagogiques et inégalités scolaires », sous la dir. de Stéphane Bonnéry, La Dispute 16 janvier 2015 Valérie Pinton La Dispute « L’enjeu scolaire, 2015, 16 € Pourquoi et comment les inégalités scolaires s’accroissent-elles ? L’une des raisons, rarement prise n compte, tient à la complexité croissante de l’activité intellectuelle que les élèves sont tenus de réaliser. Les supports pédagogiques (manuels, fiches photocopiées, albums jeunesse, outils numériques sonores, livrets d’évaluation, notamment) traduisent et nourrissent cette très profonde évolution, comme le démontrent leur étude au cours du temps et celle de leurs usages actuels, en classe aussi bien qu’en famille.C’est à l’élucidation de cette réalité dans le quotidien des classes de maternelle, d’école élémentaire et du secondaire que s’attachent les contributions de chercheurs de l’équipe CIRCEFT-ESCOL : Elisabeth Bautier, Stéphane Bonnéry, Jacques Crinon, Florence Eloy, Christophe Joigneaux, Séverine Kapko, Patrick Rayou et Jean-Yves Rochex.Au total, ce livre montre que l’indispensable maintien des exigences d’apprentissage dans tous les établissements ne peut aller sans la mise en place de politiques de démocratisation scolaire ambitieuses, comportant la formation et l’aide aux enseignants, ainsi que la réflexion sur les supports pédagogiques. Lire la table des matières