Boîte à lire avril 2020

Livres

Education ou barbarie. Pour une anthropo-pédagogie contemporaine
Bernard Charlot, Economica, Anthropos, février 2020, 336 p.
Il n’y a pas de pédagogie « contemporaine », anthropologiquement fondée, qui
serait l’équivalent de ce que furent les pédagogies « traditionnelles » ou « nouvelles ». Celles-ci proposaient un type d’homme à éduquer. Aujourd’hui, l’objectif est : un bon métier plus tard, une meilleure position dans les classifications internationales.
Cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de nouveaux discours. Mais les recherches scientifiques sérieuses servent d’alibi à un neurocharlatanisme envahissant, la cyberculture promet l’intelligence collective et nous livre fakenews et cyberbullying et le transhumanisme annonce, avec une jubilation suicidaire, la fin proche de Sapiens. Pendant ce temps, chacun survit comme il peut avec ses enfants ou ses élèves et les logiques de performance et de concurrence dévorent notre monde. Ce livre est porté par l’idée qu’il faut réintroduire la question de l’homme dans le débat sur l’éducation. Mais comment penser l’homme ? Bernard Charlot pose la question à des auteurs modernes et contemporains, en particulier Gehlen, Heidegger, Arendt, Patocka, Sloterdijk, Descola, Schaeffer, et il interroge la paléoanthropologie, qui
étudie scientifiquement comment sont advenues ces diverses espèces humaines dont nous, Sapiens, sommes l’ultime forme. Cet appel à une anthropo-pédagogie contemporaine est une contribution importante au débat sur l’avenir de notre monde, de notre espèce, de notre planète. Éducation ou barbarie… Présentation du livre

 
 

Les gestes professionnels dans la classe

Éthique et pratiques pour les temps qui viennent, Dominique Bucheton, ESF-Sciences humaines, janvier 2020, 216 p.
Dans cet ouvrage, Dominique Bucheton démontre que transmettre les « savoirs fondamentaux » n’est possible qu’en éveillant la liberté de penser, en suscitant le goût d’apprendre ensemble et la volonté de prendre soin du monde. Pour elle, tout enseignant, à travers ses postures et
dans le moindre de ses gestes, exprime un ensemble de préoccupations et de valeurs qui confèrent à son enseignement tout à la fois son crédit, son sens et sa portée. C’est pourquoi les gestes professionnels sont porteurs, simultanément, de technique et d’éthique. Présentation du livre

 
 

L’origine sociale des élèves
Sous la direction de Patrick Rayou, Retz, Collection Mythes et réalités, 2019
Méritocratique pour les uns, inégalitaire pour les autres. Les débats oscillent entre ces deux visions de l’école. Entre ceux qui pensent que l’école peut tout et ceux qui considèrent qu’elle est bien trop démunie face à l’origine sociale des élèves. Cet ouvrage décortique les mythes et les réalités qui entourent la question de l’origine sociale des élèves. Dans la première partie, « L’école peut tout », les auteurs abordent les mythes du type : « L’école inclusive abolit les clivages sociaux », « Les parents collaborent, les enfants réussissent », « Exposer aux mêmes savoirs garantit l’égalité ». La seconde partie, « L’école n’y est pour rien », apporte des éclairages sur des mythes comme « L’école fréquentée fait toute la différence », « Les élèves de milieu populaire sont insensibles à la culture légitime », « Les héritages décident de tout ». Un ouvrage qui donne des clés pour comprendre les études scientifiques
récentes et pour se former un avis éclairé. Présentation du livre

 
 

Un instit ne devrait pas avoir à dire ça !
Sylvain Grandserre, ESF-Sciences humaines/ La Classe éd., mars 2020, 160 p.
Face aux injonctions ministérielles, à la dérive paperassière et aux dirigisme bureaucratique, beaucoup d’enseignants se sont tus, dépossédés de leur métier, infantilisés comme jamais, culpabilisés par l’infaisabilité de ce qui leur est demandé… À
l’heure où quelques professeurs osent encore témoigner sous couvert d’anonymat, il fallait une voix forte pour dire le mal qui est fait à l’École. Il fallait aussi l’expérience professionnelle et militante solide d’un enseignant pour qui le pire serait de ne rien dire. Sylvain Grandserre livre ainsi ses réflexions et témoigne de son quotidien et de celui de ces collègues. Entre analyses percutantes et anecdotes croustillantes, il révèle les absurdités et les aberrations du système, « non pas pour dire du mal de l’École mais pour vous parler du mal qui est fait à l’École. Et, du coup, du mal que fait l’École quand elle fait mal son travail. » Plus qu’un coup de gueule, c’est le cri
du cœur d’un enseignant qui aime son travail et milite pour reprendre les commandes de sa classe et du système pour des élèves plus épanouis. Présentation du livre

 
 
 

Revues

Le numérique va-t-il révolutionner l’éducation ?
Les Cahiers de recherche du Girsef, n°120 mars 2020 par Benoît Galand
Quelle place donner au numérique et à l’informatique en éducation ? Le débat est vif entre ceux qui affirment qu’il s’agit d’une priorité incontournable pour répondre aux défis éducatifs d’aujourd’hui et aux besoins de notre économie, et ceux qui pensent qu’il
s’agit d’une menace pour le développement intellectuel et la santé de nos enfants. L’objectif de ce texte est de faire une synthèse des études concernant les effets du numérique sur les élèves. Plus précisément, sept idées courantes autour du numérique en éducation sont discutées. Les résultats indiquent qu’elles sont largement erronées. Au regard des apprentissages, le numérique n’apparaît ni meilleur ni pire qu’un autre outil ou support, mais présente des coûts cachés souvent peu évoqués. Présentation du n°

 
 
 

Les Sciences de l’éducation en France : positionnement, tensions, avancées
Les Sciences de l’éducation – pour l’ère nouvelle, tome 2, n° 2.2019
Marguerite Altet et Jean-François Marcel qui coordonnent ce numéro, signent une
introduction sur « la vitalité d’une quinquagénaire : évolutions et perspectives des recherches en sciences de l’éducation ». Au sommaire de ce 2ème tome : « pédagogie et sciences de l’éducation : pas facile ! » par Jean Houssaye ; « conjuguer des recherches
sur les pratiques enseignantes et sur la formation des enseignants : une double
fonction scientifique et sociale des sciences de l’éducation » Marguerite Altet ; « être sociologue de l’éducation et militant pour une pédagogie nouvelle et populaire : une impossibilité théorique pour la sociologie française de l’éducation dominante dans les années 1980 et 1990 ? » Henri Peyronie ; « la formation continue des adultes en France : des repères » Michel Sonntag ; « d’aujourd’hui à demain : une discipline sous l’égide de Janus » Jean-François Marcel ; « quelques remarques de conclusion » Alain Vergnioux. Présentation du n°

 
 
 

Emancipation et formation
Savoirs n° 51 (février 2020)
Ce nouveau numéro de Savoirs s’ouvre sur la note de synthèse de Dominique Broussal
qui a le mérite et le grand intérêt de relever le défi de proposer un aperçu de la façon dont la recherche aborde l’étude des relations entre émancipation et formation. L’enjeu consiste à retracer les « pérégrinations d’une notionséculaire » selon la belle formule de l’auteur, mais aussi d’ancrer cette question au regard des évolutions récentes que connaît le champ de la formation des adultes. Présentation du n°

 
 
 

Critiques, les pédagogies ?
N’autre école, n° 14 (hiver 2019-2020)
Porter la voix de la critique paraît toujours aussi essentiel. Une critique de l’actualité des réformes, certes, mais également une critique du fonctionnement même de l’École, des classes, des programmes et de la société qui s’y reflète, en particulier dans ses pratiques
inégalitaires et discriminatoires. Mais est-il possible d’allier critique sociale et pratiques pédagogiques ? De quelles manières s’y prennent les pédagogues qui réfléchissent aussi bien aux apprentissages des élèves qu’à la société dans laquelle tous et toutes évoluent ? Selon quelles visées, quelles postures, et quelle éthique ? Quelle place, éga­lement, pour les
questionnements et l’émancipation des jeunes ? On cherchera donc à comprendre comment la pédagogie peut servir la critique sociale, ou tout au moins interroger la société et les rapports sociaux, et comment, à l’inverse, la critique sociale bouscule aussi la pédagogie, la remet en question dans les
savoirs qu’elle aborde, les programmes qu’elle met en œuvre, les démarches, les pratiques, les relations interpersonnelles… Présentation du n°

 
 
 

Urgence écologique : un défi pour l’école
Cahiers Pédagogiques n° 560 (mars-avril 2020)
Ce dossier nous invite à aller plus loin que l’éducation à l’environnement ou au développement durable. Comment permettre à nos élèves de prendre conscience des enjeux de cette indispensable transition écologique : apport de connaissances,
actions locales, formation à l’éco-citoyenneté… Présentation du n°

 
 
 

Enjeux de l’école inclusive
Carnets Rouges (PCF réseau école) n° 18, janvier 2020
Le ministère a annoncé pour la rentrée 2019 « une école pleinement inclusive » dont il s’est sans attendre déclaré très satisfait. Pourtant, le triomphalisme ministériel se heurte une fois de plus à la réalité des faits. Il est plus qu’indispensable de prendre en compte la réalité des situations ordinaires de classe, sachant qu’elles ont des conséquences sur la santé physique, mentale et psychique des élèves comme des personnels ; et de s’interroger sur la désinstitutionalisation en cours, qui a pour effet premier de dissocier le
droit à l’éducation du droit aux soins. Tout comme il est indispensable de s’affranchir des logiques comptables et technocratiques au nom desquelles est mise en place une politique scolaire de tri des élèves, qu’ils soient « à besoins particuliers » ou non. Des réponses existent pour prendre en compte
cette réalité complexe, qui passent par la mise en commun des expériences professionnelles et des travaux de recherche et s’appuient sur la conviction, sans surestimer ni sous-estimer les différences, que tous les élèves sont capables de réussir c’est-à-dire de s’émanciper. Peut-il y avoir un autre
projet pour une école vraiment démocratique ? Présentation du n°

 
 
 

Rôle des interactions langagières dans l’élaboration du travail individuel et
collectif : le cas de l’enseignement-apprentissage du système linguistique français
Recherches en éducation, n°40 (mars 2020)
Ce numéro a pour objectif de réunir un ensemble de contributions autour de la question du rôle des interactions langagières dans ses visées d’élaboration dans le travail
individuel et collaboratif, et plus particulièrement concernant l’enseignement
et l’apprentissage de connaissances et de compétences du fonctionnement de la langue et du langage. Les différents articles, au-delà de leurs spécificités, montrent que les échanges produits entre élèves, entre élèves et enseignants au cours d’interactions langagières (tant orales qu’écrites) ne sont pas toujours gage d’apprentissages et d’appropriations des savoirs par les élèves. Le niveau de la classe des élèves, leurs performances, les discours et les mises en œuvre des enseignants en aval et au cours de l’activité semblent participer de différences dans l’acquisition des connaissances et compétences linguistiques et langagières des élèves. Ces articles mettent en évidence qu’il s’agit moins des effets de divers dispositifs que d’un certain nombre d’éléments récurrents mis au jour par les auteurs dans les pratiques de classe. Ces différents éléments ont en commun de solliciter en effet une activité cognitive
linguistique, textuelle et langagière des élèves, et donc de favoriser une meilleure appropriation du fonctionnement de la langue et du langage. Présentation du n°

 
 
 

Enseigner l’oral qui structure la pensée
Animation & Education (OCCE) n°274 (janvier-février 2020)
Comment enseigner l’oral pour permettre à l’enfant, dès le plus jeune âge, de construire sa
pensée ? Quelles situations favorisent l’apprentissage du langage oral ? Quels gestes professionnels l’enseignant doit-il mettre en œuvre pour laisser aux enfants le temps d’enrichir leur parole ? Comment rendre cet apprentissage suffisamment explicite pour que les élèves puissent prendre conscience des modes d’élaboration du langage oral et des formes linguistiques adéquates à l’expression de la pensée ? Les auteurs et autrices de ce dossier répondent à ces interrogations et abordent également la problématique des inégalités.
Car, en France, peut-être plus qu’ailleurs, l’oral est un marqueur social source de discrimination et d’exclusion. Présentation du n°

 
 
 

Quelle place pour la culture des élèves en classe de français ?
Le Français Aujourd’hui n° 207 (AFEF), décembre 2019
« La lecture et l’étude des œuvres classiques ou patrimoniales sont aux fondements de la
discipline français dans l’enseignement primaire ou secondaire, général ou professionnel. Il peut donc sembler difficile d’accorder une place, même minime, aux œuvres qui ne font pas partie de ce vaste corpus, fonds commun de la culture scolaire française. Mais de quelles œuvres parle-t-on alors ? Une étiquette générique, comme celle de paralittérature, n’est pas la meilleure pour regrouper ces œuvres qui peuvent ne pas ressortir à la fiction
écrite. En effet, tout comme les romans de genre, les films, les séries, les BD, les mangas, les fanfictions, les blogs, les chansons, voire les jeux vidéos, peuvent en effet avoir pour point commun d’être étudiés en classe tout en étant à la marge du corpus littéraire classique ou patrimonial. C’est donc
plutôt l’étiquette plus large de culture juvénile qui nous semble mieux convenir. » Présentation du n°

 
 
 

Une littérature de jeunesse européenne au XXIe siècle ?
Cahiers Robinson (Centre Robinson, laboratoire « Textes & Cultures », université d’Artois) n° 46, 2ème semestre 2019
L’enjeu de ce numéro est de réfléchir à la manière dont les ouvrages pour la jeunesse participent ou non à la construction d’une entité culturelle associée ou à certaines de ses représentations. Il n’y a sans doute pas une littérature réellement européenne, mais plutôt des littératures nationales qui échangent et communiquent de manières diverses. Quelques exemples de ces échanges sont ici analysés, ainsi que la manière dont certaines fictions décrivent les rencontres entre jeunes Européens, à la fois semblables et étrangers. La littérature de jeunesse met en scène intentionnellement ou non les sociétés européennes et leurs cultures. Cette Europe hypothétique est elle-même confrontée à un plus vaste espace mondialisé, dominé par la langue anglaise et par des productions de l’industrie de « l’entertainment », du divertissement. Il s’agit donc de s’interroger sur les passerelles qui permettent la circulation des formes littéraires et des genres et leur reconfiguration continuelle et différenciée au sein d’un espace multiculturel comme l’Europe. Présentation du n°

 
 
 

Conseil en PITRACeS n°244 (février 2020)
Des Conseils fleurissent un peu partout. Dans les nouvelles écoles, dans les écoles
difficiles. Il y a aussi des Conseils pour parler de ses sentiments. Des Conseils de toutes sortes. Ce TRACeS de ChanGements vous propose un dossier sur les Conseils en Pédagogie institutionnelle (PI).  Entre la méthode clé sur porte  qui assure une gestion du groupe et aplanit tous les conflits qui se trament dans les relations, et les expériences de Conseils en PI qui s’égrènent au fil de ces pages, il y a peut-être un gouffre. Une grande part au doute, au questionnement. La conviction qu’il faut organiser le collectif, être conscient du pouvoir présent dans les groupes et souvent concentré dans les mains du maitre et des adultes de l’école. Faire Conseil, pour du vrai, avec ce qui se passe dans la classe, pas pour répondre à des directives, ni pour avoir une
activité citoyenne dans la grille horaire. Faire Conseil pour mieux coopérer et apprendre ensemble.  Nous ne sommes pas des centaines en Belgique à faire des Conseils PI, mais ce sont ceux-là que
nous défendons. En maternelle, en primaire, en secondaire, dans le supérieur. Avec des enfants, avec des adultes. À l’école et aussi en dehors. Nous avions envie de partager… Présentation du n°

 
 
 

Faire vivre les droits de l’enfant
Le Nouvel éducateur n° 246 (ICEM-pédagogie Freinet) février 2019
On évoque souvent des régions du monde où les droits de l’humain comme ceux des
enfants sont bafoués. Mais en France, trente ans après l’adoption de la Convention internationale des droits de l’enfant, ces derniers ne sont toujours pas respectés. Trop d’enfants en situation de précarité n’ont pas accès à l’éducation : pas de domicile donc pas d’inscription à l’école. Et dans nos classes ? La pédagogie Freinet et les droits de l’enfant sont intimement liés. C’est ce que veut montrer le dossier de ce numéro : comment l’organisation coopérative favorise l’exercice de droits fondamentaux, comment le droit à la parole, à la culture et la connaissance, à la créativité vivent par l’écoute, l’entraide et la critique coopérative. Ces pratiques éducatives favorisent l’émergence de questionnements, de créations et de recherches personnelles ou collectives… Présentation du n°

 
 
 

A voir

11ème journée sur l’enfance au quotidien
Le 14 décembre2019, le laboratoire de sciences de l’éducation de Normandie (CIRNEF)  organisait à la MRSH de l’Université de Caen Normandie, la 11ème journée sur l’enfance au quotidien. Le film des tables rondes, ainsi que la conférence de Claire Cossée peuvent être visionnées.

– Table ronde 1 « Quel accueil et quelle intégration pour les enfants et les jeunes migrants ? » (108 min)
– Table ronde 2 « Enfants et jeunes migrants dans les établissements scolaires et les lieux de formation » (63 min)
– Conférence de Claire Cossée, maîtresse de conférences en sociologie – Université UPEC, LIRTES, « La parole des enfants migrants allophones vis-à-vis des institutions socio-éducatives » (43 min)
Voir

 
 

« Éducation ou barbarie » de Bernard Charlot

Pour une anthropo-pédagogie contemporaine

 Bernard Charlot

édité par Economica, Anthropos,  février 2020, 336p. 29 €

Il n’y a pas de pédagogie « contemporaine », anthropologiquement fondée, qui serait l’équivalent
de ce que furent les pédagogies « traditionnelles » ou « nouvelles ». Celles-ci proposaient un type
d’homme à éduquer. Aujourd’hui, l’objectif est : un bon métier plus tard, une meilleure position dans
les classifications internationales.
Cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de nouveaux discours. Mais les recherches scientifiques sérieuses
servent d’alibi à un neurocharlatanisme envahissant, la cyberculture promet l’intelligence collective
et nous livre fakenews et cyberbullying et le transhumanisme annonce, avec une jubilation suicidaire,
la fin proche de Sapiens. Pendant ce temps, chacun survit comme il peut avec ses enfants ou ses
élèves et les logiques de performance et de concurrence dévorent notre monde.

Ce livre est porté par l’idée qu’il faut réintroduire la question de l’homme dans le débat sur l’éducation. Mais comment penser l’homme ?
Bernard Charlot pose la question à des auteurs modernes et contemporains, en particulier Gehlen, Heidegger, Arendt, Patocka, Sloterdijk, Descola, Schaeffer, et il interroge la paléoanthropologie,
qui étudie scientifiquement comment sont advenues ces diverses espèces humaines dont nous, Sapiens, sommes l’ultime forme.

Cet appel à une anthropo-pédagogie contemporaine est une contribution importante au débat sur l’avenir de notre monde, de notre espèce, de notre planète. Éducation ou barbarie…

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Bernard CHARLOT, Professeur émérite de sciences de l’éducation de l’Université Paris 8, est actuellement Professeur invité à l’Université Fédérale de Sergipe, au Brésil. Il est internationalement
reconnu pour ses recherches et publications sur le rapport des jeunes à l’école et au savoir.

 

Les langues-cultures moteurs de démocratie et de développement

Martine Boudet (coordination)

 Le Croquant, juin 2019, 278 pages, papier : 20 €, électronique : 16 €

Ce livre cherche à penser les langues et les cultures dans un monde traversé par la mondialisation néo-libérale, et en même temps par des aspirations enracinées dans le local. Dans une perspective qui se veut optimiste malgré les obstacles, cet ouvrage interroge le rapport entre les identités culturelles et linguistiques, et un système démocratique où chaque peuple et chacun devrait voir sa place reconnue.

Lire la recension de Jean-Louis Cordonnier sur le site Questions de Classe(s)

Gaston Bachelard, l’inattendu – Les chemins d’une volonté, Jean-Michel Wavelet

 
Paris, L’Harmattan, 2019

Présentation par l’auteur

L’itinéraire du penseur est en effet une véritable énigme. Son parcours est aussi sinueux que romanesque. Gaston Bachelard est né de milieu modeste. Fils d’un cordonnier de Bar-sur-Aube, il a quitté l’école après l’obtention du baccalauréat pour travailler 60 heures par semaine comme surnuméraire des postes à Remiremont. En dépit de conditions de vie éprouvantes, il se forme par lui-même et obtient une licence de mathématiques et de physique. La veille de la guerre 14, il échoue de peu au concours d’ingénieur des télégraphes et des téléphones. 39 mois de tranchée le détournent de cette voie de bâtisseur pour le conduire à débuter à trente-cinq ans une carrière d’enseignant. Il devint professeur auxiliaire au collège de Bar-sur-Aube, tout en élevant seul sa fille après le décès de sa jeune femme et de ses parents. C’est à 38 ans qu’àla tête d’une famille monoparentale, il commence une carrière de penseur hors-norme, bouleversant aussi bien la pédagogie, l’art, la poésie que l’histoire des sciences et l’épistémologie.

 

Ce qui étonnant c’est qu’un parcours aussi complexe qu’original, aussi riche que tardif, a pu conférer à sa pensée une dimension si singulière.

Trois éléments ont guidé mes choix et fondent une nouvelle lecture de sa vie et de son œuvre :

 

1. L’oeuvre produite s’inscrit dans un parcours de vie accidenté qui contribue en retour à son originalité. Le parcours de Bachelard est hors-norme, sa pensée est inclassable. Il comporte de multiples obstacles et détours qui l’incitent à forger la notion de formation tout au long de la vie, Bachelard fut aussi l’un
des premiers à incarner l’idéal républicain. Né deux après les lois Ferry, fils de petit cordonnier et natif de Bar-sur-Aube, il dut travailler à la poste de Remiremont pour étudier, inversant par la force d’une volonté aiguisée à l’école, les déterminismes sociaux.

De nombreux biographes, coutumier des lignes droites et des privilèges sociaux, n’insistent guère sur ce passage obligé qu’ils jugent accidentel. Et pourtant c’est l’expérience première de Remiremont qui a conduit Bachelard à forger sa pensée. C’est celle-ci qui l’a amené jusqu’en Sorbonne. Il n’a cessé la pratique télégraphique qu’au bout de seize années, à l’âge de trente-cinq ans et y a consacré toute sa jeunesse. Quelque chose de fort s’est joué dans ce monde alors prestigieux et aux contraintes techniques exigeantes. Avant le désir de philosophie, il y eut la
tentation technologique en vertu de laquelle on ne s’instruit que de ce que l’on construit. Loin d’être accidentelle, cette expérience s’inscrit dans la continuité d’une histoire et se révèle déterminante dans la construction d’une pensée aussi originale que dynamique.

 

2. Bachelard qui a débuté sa carrière d’enseignant à 35 ans dans le petit collège de Bar-sur-Aube, en qualité de contractuel en physique et chimie, à l’issue de trente-neuf mois de tranchée et d’un parcours
héroïque de cavalier télégraphiste, est l’un des rares penseurs à avoir élevé seul sa fille, tout en enseignant. Ses ouvrages comportent de nombreuses et fines observations de la petite enfance et des processus d’apprentissage des adolescents confrontées aux écrits d’Henri Wallon, de Maria Montessori et de Françoise Dolto. Fait exceptionnel et inaperçu des biographes usuels, il a construit sa carrière en fonction de ses priorités parentales et non de son ambition personnelle. Dans les années 20 et 30, il a voulu faire de sa fille une savante mettant en question par la pratique les stéréotypes de genre. Suzanne Bachelard est devenue mathématicienne et philosophe, ainsi que la première femme à devenir directrice de l’Institut d’histoire des sciences et des techniques à Paris. Il lira Simone de Beauvoir et s’interrogera sur la prééminence grammaticale du masculin sur le féminin qu’il jugera bien avant l’heure inacceptable.

 

3. Penseur tardif et riches d’expériences de vie, il a produit une œuvre aussi décapante que singulière, bouleversant les frontières entre les disciplines, revisitant aussi bien la pédagogie, l’art, la poésie que l’histoire des sciences et l’épistémologie. Mais il y a plus. Bachelard a construit une éthique qui le conduit à s’interroger sur l’usage des connaissances (en particulier de la physique nucléaire), à dénoncer la pollution industrielle, à mettre en question une hiérarchie entre celui qui sait et celui qui fait, à promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes et à se scandaliser de la fabrique de la misère. Au moment où l’Abbé Pierre fonde son mouvement en faveur des sans-abris, Bachelard fait du rêve d’habiter une maison, un besoin universel.

 

Lire aussi le recension de Claude Lelièvre sur le site de Philippe Meirieu

 
 

Boîte à lire décembre 2019

Livres

Enseignement et apprentissage dans le secondaire
Un état des connaissances et des problèmes, Bernard Rey, Vincent Carette, « Les Sciences de l’éducation aujourd’hui », L’Harmattan, 2019, 192 pages
Qu’est-ce qu’un savoir ? Comment conduire tous les élèves à comprendre et à utiliser les savoirs scolaires ? Comment interpréter les erreurs des élèves ? Que faut-il faire pour que les élèves apprennent ? Faut-il mettre les élèves en activité dans la classe ? Pour que l’enseignant du secondaire sache répondre efficacement aux difficultés de certains élèves, il doit envisager les différentes dimensions de son métier avec des catégories plus affinées que celles qu’offre la pensée courante. Présentation du livre

 
 

Une histoire populaire de la France
De la guerre de Cent Ans à nos jours, Gérard Noiriel, Agone, 2019 (2e édition), 832 pages
« L’ambition ultime de cette Histoire populaire de la France est d’aider les lecteurs non seulement à penser par eux-mêmes, mais à se rendre étrangers à eux-mêmes, car c’est le meilleur moyen de ne pas se laisser enfermer dans les logiques identitaires. La démarche historique permet de retracer la genèse des grands problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui. C’est la raison pour laquelle, j’ai privilégié les questions qui sont au centre de notre actualité, comme les transformations du travail, les migrations, la protection sociale, la crise des partis politiques, le déclin du mouvement ouvrier, la montée des revendications identitaires. Le but étant de mettre cette vaste réflexion à la disposition du plus large public, j’ai adopté la forme du récit en m’efforçant de présenter sous une forme simple des questions parfois très compliquées. » Cette deuxième édition comporte une nouvelle postface de l’auteur « Un an après : les gilets jaunes, le retour de la question sociale et l’avenir de la planète ». Cette nouvelle postface est également disponible en libre accès sur le site des éditions Agone. Présentation du livre

 
 

Passions du concept
Épistémologie, théologie et politique, Écrits II, Étienne Balibar,

« L’Horizon des possibles », La Découverte, 2020
L’enjeu de cet ouvrage est d’articuler les questions du savoir scientifique, de la vérité et de la « prise de parti » politique et de son incidence sur la connaissance, tout en pensant le statut spécifique de la théorie, entre spéculation théologique et interprétation de l’actualité. Étienne Balibar est passé d’une épistémologie historique et critique, dont la question centrale était celle de l’articulation entre l’idéologie et la science, à une phénoménologie des énonciations de la vérité, dont le caractère intrinsèquement conflictuel implique des interférences constantes entre la recherche de l’intelligibilité, le moment inéluctable de la décision et la répétition des grandes traditions mystiques.
Ces deux types de recherches, apparemment incompatibles, ont pourtant en commun la passion du concept, qui désigne à la fois une exigence intellectuelle, un attachement inconditionnel au savoir et une remise en question radicale de toute idée de « science normale ». Présentation du livre

 
 

Enfances de classe, De l’inégalité parmi les enfants
Collectif, sous la direction de Bernard Lahire, Seuil, 2019, 1232 pages
Naissons-nous égaux ? Des plus matérielles aux plus culturelles, les inégalités sociales sont régulièrement mesurées et commentées, parfois dénoncées. Mais les discours, qu’ils soient savants ou politiques, restent souvent trop abstraits. Ce livre relève le défi de regarder à hauteur d’enfants les distances sociales afin de rendre visibles les contrastes saisissants dans leurs conditions concrètes d’existence. Menée par un collectif de 17 chercheurs, entre 2014 et 2018, dans différentes villes de France, auprès de 35 enfants âgés de 5 à 6 ans issus des différentes fractions des classes populaires, moyennes et supérieures, l’enquête à l’origine de cet ouvrage est inédite, tant dans son dispositif méthodologique que dans ses modalités d’écriture, qui articulent portraits sociologiques et analyses théoriques. Son ambition est de faire sentir, en même temps que de faire comprendre, cette réalité incontournable : les enfants vivent au même moment dans la même société, mais pas dans le même monde.

 
 
 

Claude Lévi-Strauss, l’homme, l’œuvre, son héritage
sous la direction de Nicolas Journet et Jasmina Sopova, aux éditions Sciences Humaines, en partenariat avec l’UNESCO, 2019, 160 pages

Il y a dix ans, Claude Lévi-Strauss, centenaire, nous quittait. Au cours de ce siècle il a accompli ce que peu de scientifiques réalisent : une carrière d’ethnologue des Amériques, une renommée d’écrivain et un rôle de déclencheur d’une révolution intellectuelle nommée « structuralisme ». Cet ouvrage ouvre quelques portes dans l’œuvre du scientifique, du philosophe, du mémorialiste. Au présent, avec les exposés des meilleurs connaisseurs de son œuvre ou de ceux qui eux-mêmes l’ont eu pour maître et guide dans leurs études.
Au passé : avec des textes de Claude Lévi-Strauss, dont certains rarement vus. « Ce que nous allons chercher à des milliers de kilomètres ou tout près, ce sont des moyens supplémentaires de comprendre comment fonctionne l’esprit humain », déclarait-il en 1988. C’est à cette conviction d’anthropologue, pour lequel le proche se dissimule dans le lointain, que se mesure la portée de son œuvre. Par son approche de la nature et des dangers que fait peser sur elle la modernité, elle prend toute son ampleur aujourd’hui. Présentation du livre

 
 

Revues

L’éducation nouvelle
Cahiers Pédagogiques
(CRAP) Hors-série numérique n° 52 – octobre 2019, uniquement au format numérique
Une mise en perspective historique pour saisir les évolutions et la permanence des principes et revendications issues de ce mouvement, ainsi que l’émergence de débats et de controverses, notamment sur le sens à donner aux actions pédagogiques, entre des conceptions individuelles et d’autres plus collectives. Présentation du n°

 
 
 
 

Langues modernes
TRACeS de Changements (CGé) n°243, décembre 2019
Les problèmes et les polémiques, on connait : les jeunes francophones qui ne sont pas bilingues, la pénurie des profs, pourquoi le néerlandais plutôt que l’anglais, en immersion ou en submersible, dans l’enseignement néerlandophone ou dans les cours particuliers… Traces a donc tenté de voir à quelle sauce se mitonnent les cours de langues dans les écoles. Quelques récits de pratique, des repères théoriques et le constat amer du rôle des langues modernes dans la reproduction des inégalités… A noter un article de Maria-Alice Médioni (GFEN secteur Langues) « Vingt ans après », disponible dans sa version exhaustive en ligne. Présentation du n°

 
 
 

Ces profs qui changent le monde
Le Courrier de l’UNESCO, octobre-décembre 2019
Un «métier impossible».

Pour Sigmund Freud, éduquer relèverait, au même titre que gouverner ou analyser, d’une mission dont « on peut d’emblée être sûr d’un succès insuffisant ». Difficile en effet de parvenir tout à la fois à transmettre des connaissances, maîtriser sa classe, éveiller la curiosité, apprendre les règles du vivre ensemble et former de futurs citoyens. Le défi apparaît d’autant plus compliqué à relever que le contexte est trop souvent marqué par un manque de moyens et des classes pléthoriques. Cependant, tout le monde reconnaît le rôle clé que jouent les enseignants. C’est pourquoi le dernier numéro du Courrier fait le portrait de quelques-uns d’entre eux. Présentation du n°

 
 
 

Politique néolibérale et rhétorique de la réforme
Carnets Rouges (PCF réseau école) n° 17, octobre 2019
Le très médiatisé ministre de l’éducation est un spécialiste du prétendu ni droite ni gauche, ce qui peut rendre difficile le décryptage de ses discours, parés d’un vernis progressiste, car c’est au nom de la lutte contre l’échec scolaire des enfants des classes populaires que sont organisés, dès les premières années de scolarité, tri et sélection. Le matraquage communicationnel sans précédent qui accompagne la salve des réformes initiées a bien pour fonction de duper ce qu’il est convenu d’appeler l’opinion publique et de masquer les enjeux de la politique ministérielle. Il demeure impératif de déconstruire ce discours, d’analyser les graves enjeux sociaux de cette politique de casse de l’école publique, de décrypter les stratégies, de démontrer la cohérence derrière la multiplication de dispositifs. Comme il est impératif de bâtir des alternatives. Présentation du n°

 
 
 

Riposter, s’échapper, construire des espaces de liberté

La Mauvaise Herbe (CNT-FTE), n°6, automne 2019

La dernière parution de la revue pédagogique et syndicale propose un dossier consacré aux attaques contre la liberté pédagogique et les conditions de travail des personnels comme des élèves. On y parle entre autres de l’institut Montaigne, des réformes des lycées professionnels et du bac, d’expériences coopératives dans les bahuts et d’initiatives pour riposter, s’échapper, construire des espaces de liberté… Vous y trouverez aussi les rubriques habituelles :
international, musique, cinéma, lecture… Présentation du n°

 
 
 

Apprendre, solidaire, aux côtés des élèves migrants
Par Jean-Pierre Fournier, N’Autre école (Questions de classe(s)) n° 13/ Hors-série,
automne 2019
Hier les parents d’enfants scolarisés, aujourd’hui les jeunes isolés. Les premiers risquaient l’expulsion, les seconds ne sont pas toujours admis à l’école. Dans les deux cas l’école est au centre, comme premier ancrage, comme espoir, comme terrain d’appui aussi. Ce sont ces aspects, où fraternité et apprentissages se mêlent, qui sont évoqués ici, car si on sait l’importance de la migration et son caractère difficile voire dramatique, on connaît moins les coulisses de la solidarité ; et la défense collective, comme l’accompagnement, avec toutes les questions qui vont avec, méritent d’être connus, pour comprendre et agir plus efficacement. L’auteur en témoigne par son parcours : enseignant en collège, il a découvert qu’on pouvait agir en faveur des élèves étrangers. Aujourd’hui comme hier, avec ceux qui défendent les droits humains dans la modestie du quotidien, il accompagne, enseigne – et apprend. N’Autre école, qui ne sépare pas réflexion et compte rendu de pratiques, publie ce document affirmant que l’égalité ne connaît pas de frontières. Présentation du n°

 
 
 

La parole de l’enfant
Du côté de l’ECSI (Ritimo) n° 28, octobre 2019
Le 23 juillet 2019, Greta Thunberg est invitée à exprimer devant l’assemblée nationale française son inquiétude sur l’inaction politique face aux dérèglements climatiques. Cette prise de parole est accueillie par la classe politique, adulte, avec beaucoup de férocité. Certain-es député-es allant jusqu’à boycotter son allocution, l’accusant d’être manipulée (par des adultes), d’autres refusant d’écouter « une prophétesse en culottes courtes », « sans légitimité démocratique ». Si le discours d’une enfant, dont l’action a inspiré des milliers d’autres adolescent-es, n’est pas légitime, à quel moment la parole de celles et ceux qui ne sont pas encore adultes peut-elle être entendue ? La parole des enfants doit-elle être « exceptionnelle » pour être entendue ? Dans ce qu’elle défend ? Dans son éloquence ? Alors que le monde a fêté les 30 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), où en est le droit à l’expression des plus jeunes ? Qu’ont-ils elles à nous dire ? Comment se manifeste, s’exprime cette parole des enfants ? Comment l’écoutons-nous, la prenons-nous en compte ? Présentation du n°

 
 
 
 

Le conseil de coop au cœur de l’apprentissage citoyen
Animation & Education (OCCE) n°273, novembre-décembre 2019

La Convention Internationale des Droits de l’Enfant reconnaît les enfants comme des citoyens pouvant donner leur avis et participer aux décisions qui les concernent. Comment favoriser, encourager, l’engagement, la participation active et réelle des élèves ? Les articles de ce dossier ouvrent des pistes de réflexions sur les enjeux, les objectifs et les impacts de cette instance à visée démocratique. Les témoignages de formateurs, de chercheurs et de praticiens du premier, du second degré ou de l’enseignement supérieur viennent enrichir et concrétiser ces pistes. Ils traitent sans tabou ni forfanterie des
difficultés rencontrées, des tâtonnements, des remises en question et des régulations opérées et mettent en lumière des certitudes communes. Comment passer d’un conseil-espace de médiation des conflits à un conseil-espace de cogestion des projets et de la vie de la classe ? Comment faire du conseil de coop le lieu par excellence de la démocratie participative ? Des réponses concrètes dans ce dossier ! Présentation du n°
 
 
 

Les chemins de l’autonomie
Le Nouvel éducateur n° 244 (ICEM-pédagogie Freinet), octobre 2019

Au début d’une année scolaire, un des premiers objectifs que les pédagogues Freinet se
fixent est l’autonomie de leurs élèves. Mais quelle autonomie ? Ce n’est certainement pas la « responsabilisation », voulue par la société libérale où il faut être compétitif pour survivre : « Tu es responsable de ton travail, de tes erreurs, de ton incurie… » C’est la
responsabilité que l’on prend, en toute conscience, à l’oeuvre commune, parce que la tâche que l’on accepte d’assumer participe au bon déroulement de la classe. C’est l’élaboration collective de règles que le groupe réinterroge tout au long de l’année. C’est le choix d’un travail à sa mesure, intéressant justement parce qu’il est choisi. C’est aussi l’émergence d’une pensée personnelle qui peut exister, donc s’opposer aux autres en toute sécurité, et se construire par tâtonnement, avec l’aide des autres. Tout cela contribue à former un futur citoyen soucieux du collectif dans une société plus solidaire. Les articles du dossier tentent de faire un point sur cette notion et d’en proposer différentes illustrations. Une réflexion bien nécessaire, dans un contexte politique difficile, où les mesures prônées par le ministère de l’Éducation vont à l’encontre des valeurs que nous défendons… Présentation du n°
 
 
 

Enseigner l’autonomie en EPS

Dossier EP&S n° 88
Pour envisager les multiples facettes d’un sujet complexe, les auteurs ont
mené des études permettant l’émergence de problématiques professionnelles et
proposé différentes pistes d’intervention permettent notamment d’envisager
l’autonomie au regard de l’évaluation sommative, des contrats d’apprentissage, des formes de travail coopératives et des projets interdisciplinaires. S’intéressant également aux questions de l’entrée dans le métier et de l’enseignement en classe « difficile », les études présentées soulignent l’importance du sens donné aux apprentissages, ainsi que la place fondamentale des règles que l’élève doit s’approprier pour devenir pleinement autonome. Sans omettre d’établir un parallèle entre l’autonomie de l’élève et celle de l’enseignant, qui ne manquera pas de questionner leurs formations respectives. Présentation du n°

 
 
 

Éducation et formation : contribution des chercheurs émergents
Recherche en éducation, N° 38, novembre 2019

Pour faire suite à la quatrième édition du Colloque doctoral international de l’éducation et de la formation (CIDEF 2018), ce numéro de la revue rassemble dix articles issus des communications présentées à Rennes les 23 et 24 octobre 2018. Ces articles scientifiques illustrent la diversité des recherches menées dans le champ de l’éducation et de la formation et donnent ainsi la mesure d’une discipline structurellement plurielle. Ils sont répartis selon quatre thématiques qui distinguent les principaux acteurs de la recherche en éducation et formation : les chercheurs, les professionnels de l’enseignement et de
la formation, les institutions et les apprenants. La première partie concerne la construction et l’expérimentation de méthodologies de recherche, la deuxième aborde l’étude du développement des professionnels de l’enseignement et de la formation. La troisième questionne le rapport à l’institution et ses représentations, et enfin la quatrième se penche sur l’expérience des sujets apprenants. Présentation du n°
 
 

La différenciation sociale des enfants. Enquêter « sur » et « dans » les familles. Séverine Depoilly et Séverine Kakpo (dir.)

Presses Universitaires de Vincennes, Université Paris 8
Saint-Denis, 2019

Comment se construisent les dispositions sociales des enfants lors de la prime socialisation, au sein de la famille ? Quels éléments concrets, tangibles pourraient expliquer les trajectoires singulières et les mécanismes de production des inégalités scolaires et sociales ? Issu de journées d’études qui se sont tenues en mars 2015 sur ce thème[1], l’ouvrage rend compte des problématiques et méthodes propres à servir une « sociologie génétique »  (Bourdieu) remontant le fil de la socialisation, à identifier les « processus par lesquels l’enfant intériorise, synthétise les différentes influences auxquelles il se trouve exposé » (Bernstein).

La première partie (« Débats ») s’attache à croiser les approches théoriques de la transmission du capital culturel, de la formation de l’habitus. Si celui-ci est le  « produit d’un apprentissage précoce, régulier et sur le long terme, au principe de l’acquisition de schèmes d’action et de pensée durables et transférables, qui prennent valeur d’automatismes », cela ne suffit pas à saisir la complexité des mécanismes qui y concourent et à penser l’activité propre de l’enfant.

En effet, la transmission n’est ni mécanique ni automatique. Dans un même milieu, l’héritage peut être «raté » ou « réussi », en fonction du cadre et des modalités des relations sociales (Lahire, 1995)[2].
Il faut donc prendre en compte la pluralité des influences socialisatrices, au sein de la famille (les parents peuvent avoir des points de vue différents, les frères et sœurs également) mais aussi en dehors de la famille (groupe de pairs, médias, école, autres institutions). Dans ce jeu d’influences multiples – qui peuvent se combiner, se juxtaposer ou se contredire – l’enfant partenaire agit et réagit, il sollicite, emprunte ou rejette, donne sens aux situations et est amené à faire des choix, il est donc à considérer comme acteur du processus de socialisation.

La seconde partie (« méthodes ») s’attache aux moyens d’investigation de ces recherches « sur » et «dans » les familles. C’est un défi méthodologique à plusieurs titres. En effet, l’objet lui-même – le processus de construction de dispositions – ne se donne pas directement à saisir. Le terrain est celui de l’intime : il appelle donc à beaucoup de précautions, d’une part pour y avoir accès, d’autre part pour parer aux réponses convenues et pouvoir accéder au cœur des choses, ce qui exige une certaine temporalité propre à la mise en confiance réciproque et à la possibilité d’identifier des récurrences significatives dans les situations, les propos et les conduites. Quels outils sont pertinents pour saisir dans un relatif court terme ce qui opère sur le long terme ? Enquêtes, immersion in situ, entretiens auprès des parents et/ou auprès des enfants, observations expérimentales : tout dépend de l’objet étudié. Ensuite, reste entière la question du traitement des données. Ces investigations peuvent être croisées avec des enquêtes statistiques. Cette partie, où sont moins exposés les résultats que la « cuisine » de la recherche, dévoile les coulisses du raisonnement méthodologique. Rendu visible, il peut ainsi être soumis à l’interrogation critique.

La troisième partie (« Enquêtes ») prolonge et alimente les débats théoriques et méthodologiques précédents en les illustrant par des éléments significatifs de résultats de recherches récentes ayant exploré la socialisation familiale en lien avec d’autres sphères de socialisation (l’école, le centre de loisirs) : comment se construisent les dispositions à exploiter précocement les « pouvoirs de l’écrit » ? Comment l’école prend-elle en compte les pratiques d’alphabétisation précoce réalisées par les parents ? Quelle place est faite au rôle de « passeurs culturels » que jouent – sans toujours en avoir conscience – les aînés ? Les pratiques ludiques enfantines, qui s’avèrent socialement différenciées, sont-elles également reconnues et valorisées par les personnels éducatifs des centres de loisirs ?

Repenser la genèse de l’habitus

Mettant en dialogue différentes approches pour mieux en discuter les apports et les limites, les contributeurs aident à repositionner leur champ propre. Ainsi, Régine Sirota revient sur l’émergence, dans les années 90, de la sociologie de l’enfance, qui s’affirme contre l’idée d’une sociologie déterminante et déterministe, en considérant l’enfant comme acteur du processus de socialisation. Et ce, d’autant plus dans le monde contemporain où la transmission intergénérationnelle est brouillée par la profusion des médias et des influences, avec un rôle accru du groupe de pairs, et parfois même un renversement d’expertise eu égard aux nouvelles technologies. On parle désormais d’« éducation buissonnière », qui se caractérise par l’éclectisme et la privatisation des pratiques, dont une large part est désormais possible en restant dans sa chambre, face aux écrans.

Bertrand Geay revient quant à lui sur le partage de territoires qui s’est opéré historiquement, depuis Durkheim, entre sociologie et psychologie. La sociologie a eu besoin de cerner son territoire, en appréhendant la socialisation « à partir de la structure sociale, de ses propriétés historiques et des conditions dans lesquelles la société organise la transmission de la culture aux nouvelles générations », laissant à la psychologie « l’étude des mécanismes proprement biologiques ou psychiques qui concourent à produire des êtres socialisés ». Différences épistémologique légitimes, mais qui sont interrogées dès lors que l’on se pose la question d’explorer la genèse des dispositions. La sociologie classique met en avant le poids de la structure sociale et son empreinte, négligeant le rôle actif – précoce et durable – de l’enfant dans le processus de socialisation, rôle exploré par la sociologie de l’enfance. La psychologie cognitive, dominante, peine quant à elle à rendre compte de la variabilité sociale du développement. Or, les recherches récentes en épigénétique ou en neurosciences insistent sur le poids des interactions sociales précoces, aux modalités variables selon les univers culturels. C’est pourquoi un dialogue privilégié avec la psychologie culturelle s’impose, rompant avec une conception asociale et a-historique du développement.

Jean-Yves Rochex reprend la balle au bond. Se démarquant autant d’une conception « verticaliste » de la socialisation (comme simple empreinte du milieu) que d’une conception « horizontaliste » (n’insistant que sur l’agency, la capacité d’agir de l’enfant), il invite la psychologie et la sociologie à sortir de leurs rapports d’exclusion réciproque, plaidant la fécondité de la « psychologie culturelle » (ou historique) développée notamment par Vygotski, Wallon et Bruner. Ceux-ci insistent sur la genèse sociale du psychisme, s’opérant par la « double médiation des objets et des traits de la culture propres à une formation et/ou à un groupe social(e) donné(e), et des personnes qui composent ce groupe et des rapports sociaux dans lesquels elles s’inscrivent ». Ainsi, les acquisitions et dispositions prennent «forme et contenu à partir de l’action de ce milieu, toujours historiquement et socialement situé ». Le psychisme est donc inséparable « des contextes matériels, sémiotiques, langagiers et pratiques dans lesquels il se réalise (au sens fort du terme) ».

Ce psychisme ne serait-il pour autant qu’un « pli du social », une forme incorporée des actions, interactions et influences du/des milieu(x) à son égard ?[3] Bernard Lahire soutient l’idée d’une hétérogénéité constitutive du sujet, d’un « homme pluriel »[4] constitué au gré des interactions au sein de divers milieux et activant, selon les contextes et les situations, les dispositions ad hoc jusqu’à souhaiter un cloisonnement, une ignorance mutuelle, un « dédoublement pacifique » entre école et famille à même de faciliter la réussite scolaire en milieux populaires, dans une sorte de « schizophrénie heureuse »[5]. Sur la base de ses travaux, Jean-Yves Rochex engage une controverse sur ce point[6], insistant sur les discordances et les épreuves auxquelles l’individu doit cependant faire face, imposant « un travail sur soi » et des dépassements. Il défend ainsi l’idée – au-delà de l’accord sur la pluralité des modes de détermination – d’ « unité intégrative » du psychisme : « unité hétérogène donc, constituée de composantes internes et de traits différenciés mais interdépendants, dont les rapports et contradictions sont sources de développement  du sujet ».

Eclairer l’action…

Au total, cet ouvrage à l’argumentation exigeante et très étayée théoriquement constitue une belle contribution à la connaissance de ce qui s’opère usuellement dans la clandestinité socio-familiale. Si l’ouvrage parle à un public averti, les acteurs de l’école peuvent trouver dans la connaissance de ces travaux de quoi échapper à des conceptions déterministes, qu’elles soient nativistes ou sociologistes,  mais aussi de quoi repenser et dynamiser leur action.

Certes, les conditions de vie, dégradées pour nombre de familles, pèsent sur la façon dont les enfants sont initiés à la réalité. Toutefois à même milieu les pratiques sont diverses, les acteurs multiples et bien d’autres instances participent aujourd’hui à leur socialisation. Si cette pluralité des milieux et des acteurs qui y interagissent est avérée, on pourrait craindre les effets induits par leurs différences. Il est stimulant de penser que celles-ci voire les contradictions dont elles sont porteuses, loin d’être un obstacle, peuvent être au contraire facteur de développement.

Les recherches exposées dans la dernière partie de l’ouvrage constituent des ressources pour les professionnels de l’école, permettant de comprendre la raison des attitudes et manières de faire des élèves en classe (invalidant la naturalisation des différences), éclairant sur la diversité des façons qu’ont les parents d’initier les enfants à l’écrit ou bien encore sur la part que prennent les aînés dans l’initiation à la scolarité. Elles invitent l’école à reconnaître et à prendre en compte ce déjà-là opératoire, ce qui contribuerait au sentiment de continuité et de rebond d’une expérience et d’un milieu à l’autre (y compris en assumant les ruptures de points de vue), au bénéfice de la dynamique développementale.

 Jacques BERNARDIN

[1]
« La construction des dispositions sociales durant l’enfance. Enquêter dans et sur les familles ». Journées d’études organisées par l’équipe CIRCEFT-ESCOL, avec le soutien du Réseau thématique « Éducation et formation » de l’Association française de sociologie.

[2] Bernard Lahire, Tableaux de familles. Heurs et malheurs scolaires en milieux populaires. Hautes études Gallimard, / Le Seuil, 1995

[3] Bernard Lahire, Dans les plis singuliers du social. Individus, institutions, socialisations, La Découverte, 2013.

[4] Bernard Lahire, L’Homme pluriel. Les ressorts de l’action, Paris, Nathan, 1998.

[5] Bernard Lahire, « La réussite scolaire en milieux populaires ou les conditions sociales d’une schizophrénie heureuse », Ville-École-Intégration, n° 114, 1998.

[6] Jean-Yves Rochex, Le Sens de l’expérience scolaire. Entre activité et subjectivité, PUF, 1997.

Boîte à lire juin 2019

 Livres

Retrouver l’envie d’apprendre
Comment en arriver à une école de la réussite pour tous ? Serge Boimare, Dunod, 2019,
papier 18,50 €, électronique 12,99 €

Comment obtenir la participation active de tous les élèves dans une classe hétérogène ?
Comment aider ceux qui ont encore besoin de progresser dans la maîtrise des savoirs de quand il faut « faire…le programme » ? Comment soutenir les meilleurs et les mener à l’excellence, sans marginaliser ceux qui semblent refuser l’effort intellectuel ? Pour répondre à ce défi, Serge Boimare présente dans ce livre l’essence de son savoir pédagogique, fruit d’expérimentations réussies et d’observations, référence pour toute la communauté éducative depuis la parution de l’Enfant et la peur d’apprendre. Tout repose sur un principe simple : consacrer une heure journalière au
nourrissage culturel et à l’entraînement à s’exprimer en partant des récits fondateurs de notre culture : moyen simple, efficace, recommandé par tous les programmes, pour mobiliser tous les élèves, quel que soit leur niveau – et première étape pour espérer la réussite de tous. Présentation du livre
 
 

Les langues-cultures moteurs de démocratie et de développement
Martine Boudet (coord.), éditions du Croquant, juin 2019, 278 pages, papier :
20 €, électronique : 16 €

L’actualité le montre : les recompositions géopolitiques à la faveur de la
mondialisation et de la médiatisation des échanges, mais aussi de la crise du
système néolibéral, suscitent un regain des aspirations identitaires. Si, en
négatif, celles-ci se traduisent par des nationalismes xénophobes voire
guerriers, les formes démocratiques et progressistes, notamment sur le terrain régional, sont, elles aussi, bien réelles. Le panorama est ainsi éclairé par des fulgurances, marquées par une logique d’ensemble, à en juger par l’actualité écossaise, catalane, corse, camerounaise anglophone, néo-calédonienne, kurde… Des aspirations linguistico-culturelles et territoriales, enfouies jusqu’ici sous la gestion d’appareils d’État et de marchés, renaissent au grand jour. Les citoyen.ne.s sont incité.e.s à se réenraciner dans une culture plus profonde, dont les fondamentaux sont d’ordre anthropologique. Leurs « armes cordiales » sont les sciences humaines et sociales, la littérature et les arts, l’éducation scolaire et populaire, les médias, le tourisme… L’objectif est une démocratisation culturelle et un développement durable, cosmopolite certes, mais aussi auto-centré dans le cas des cultures dominées. L’avenir dira qui, des forces de régression nationalistes et xénophobes ou des forces de paix et d’inclusion, l’emportera.
Dans ce livre, les auteur.e.s font le pari d’une évolution plus harmonieuse et apportent leur expertise et leurs expériences à cet égard. En cette année déclarée « année des langues autochtones  » par l’Unesco, voilà un enjeu altermondialiste majeur. Présentation du livre
 
 
 

Ecrits sur l’éducation
Bertrand Russel, Anthologie préparée et présentée par Normand Baillargeon, Chantal
Santerre Ecosociété, 2019
18 textes qui présentent les principaux aspects de la vision de l’éducation développée par Russell et son rôle central pour toute société démocratique. Pour Russell, nous devrions éduquer les enfants afin de leur donner le savoir et les habitudes d’esprit nécessaires à la formation d’une opinion indépendante. Favoriser l’esprit de liberté, en respectant la personnalité de l’enfant et en stimulant « l’amour de la pensée aventureuse ». Qu’il soit question des finalités de l’éducation, du curriculum, de rôle de l’université ou encore des liens de l’éducation avec le politique ou la pensée critique, les écrits rassemblés dans ce recueil reflètent la grande cohérence des idées défendues par le célèbre mathématicien et philosophe anglais. Des décennies plus tard, il est frappant de découvrir la grande pertinence et l’actualité de ses réflexions, que ce soit concernant les pratiques éducatives, la formation de la personnalité des jeunes enfants, l’éducation intellectuelle, la délicate question de la discipline et de l’autorité, la compétition, l’éducation à la sexualité ou encore les rapports entre éducation et économie. Présentation du livre

 
 

Le Cid en 4eB
Scénario et dessin : Véropée, couleurs : Philippe Marlu,
La Boîte à bulle, mai 2019, 96 pages, papier : 14€ Numérique : 5,99 €
De nos jours, pas évident de lire Le Cid, quand on a treize ans ! Et pourtant, malgré les 382 ans qui les séparent, Chimène, Rodrigue et Don Diègue ne sont pas si éloignés de Naomy, Sarah-Lou, Brandon, Amine et de leurs acolytes ! Cette BN nous plonge dans le huis-clos de la salle de classe de 4e B. Entre frictions, moments de grâce, inepties et traits d’esprit, les élèves vont peu à peu apprivoiser la pièce et son langage suranné, à l’image de Lou qui s’exclame désormais « M’dame, quel outrage infâme, on m’a pris mon quatre couleurs ! » L’auteure, enseignante de Français au collège, livre ici le récit d’un apprentissage ardu mais non sans piquant, où les plus classiques ne sont pas forcément ceux que l’on croit ! Une bande dessinée tout public, plein d’humour et d’enseignements ! Présentation du livre

 
 

Revues

Maths citoyennes
TRACeS de ChanGements n°241, CGé, juin 2019
Pour se doter de moyens d’analyse critique des médias et des faits de société, il faut savoir lire des graphiques et en déjouer les pièges… Toutes les matières mathématiques, que ce soit la géométrie, l’étude des nombres, l’algèbre, l’analyse, le traitement numérique de données offrent des occasions de débats scientifiques. Les cours de mathématiques offrent des opportunités récurrentes, et à tous les âges, de débattre et d’argumenter, de mener des recherches collectives et finalement, pour chacun, de développer une pensée autonome. De l’école maternelle à la fin du secondaire, les cours de mathématiques peuvent et doivent contribuer à développer des compétences citoyennes pour chacun et à assoir un bagage commun pour tous. Un numéro riche en démarches qui donnent du sens aux mathématiques. Présentation du n°

 
 

Demandez le programme ?
N’Autre école n°12, Q2C, printemps/été 2019
La conception des programmes scolaires en dit beaucoup sur notre société, sur ses représentations, ses promotions ou ses conservatismes. Elaborer un programme scolaire consiste à opérer des choix qui ne sont jamais idéologiquement neutres. C’est vrai en particulier d’une discipline comme l’histoire géographie que d’aucuns voudraient transformer en roman national. Récit qu’il faudrait inculquer aux apprenant.es au mépris des débats savants et du jugement critique. Mais enseigner l’histoire sans révéler ce que les différents récits cachent ou révèlent d’une société donnée, est-ce construire un savoir ?
Des pédagogues, au nom de la liberté d’enseigner, du tâtonnement expérimental ou de la non hiérarchisation des savoirs, ont fait une critique radicale des programmes et des manuels scolaires. Mais peut-on vraiment s’en passer et pour quoi faire à la place ? Au-delà de celle des contenus, se pose la question d’un savoir qui s’élabore et se développe de façon transdisciplinaire et pour lequel aucun programme n’a prévu d’espace défini. Et si le programme c’était une éducation intégrale où les jeunes font l’expérience, au travers de l’élaboration de savoirs, de la responsabilité individuelle et collective, de
l’autonomie et de la démocratie dans ce qu’elle a de plus vivant ? Présentation du n°

 
 

Vers l’égalité
Revue EP&S n°384, Avril-mai 2019
Si l’activité physique est bonne pour la santé, si le sport a des vertus pour l’inclusion sociale, l’éducation, l’accès aux responsabilités, l’exercice de la citoyenneté… ils ne peuvent rester l’apanage de quelques-uns ! A l’image du football féminin, avec l’organisation du mondial en France, qui va bénéficier d’une visibilité jamais atteinte, nul ne peut nier le chemin parcouru dans la transformation des pratiques et des organisations, dans les discours et les représentations. Toutefois, le parcours vers un égal accès de tous et toutes à l’activité physique sportive, à des pratiques sociales, scolaires, éducatives, compétitives, conciliantes et tolérantes sera encore long. Dépassant le seul prisme du football, ce dossier est l’occasion de questionner quelques problématiques qui pourraient faire que le sport ne soit pas seulement à l’image de la société mais qu’il en soit également le moyen de sa transformation. Présentation du n°

 
 

Territoire et ECSI, quelles relations ?
Du côté de l’ECSI n°27, Ritimo, juin 2019
Ce dossier propose de réfléchir au rôle que peut jouer le territoire dans les pratiques de l’ECSI (éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale).
La dernière décennie a vu apparaître des mobilisations qui intégraient dans leurs modes d’action un rapport particulier à l’espace. Si les lieux de mobilisation deviennent également l’espace des possibles, comment l’ECSI, dont l’objectif est la transformation sociale, peut-elle aborder la question des territoires? Peut-elle aller, dans sa pratique, au-delà de l’animation des territoires ? Comment peut-elle se saisir des enjeux de réappropriation des lieux de vie ? Quels méthodes et outils pour faire émerger les représentations et usages du territoire ? Pour accompagner quelles transformations ? Présentation du n°

 
 

L’étudiant sur les sentiers de l’enseignement supérieur
Vers une modélisation du processus de transition académique – Cahier de Recherche du Girsef n°116, par Mikaël De Clercq
Basé sur le manque de compréhension fine du processus de transition académique, cet article propose une modélisation théorique de ce phénomène. Ancrée dans la littérature scientifique sur l’ajustement de l’étudiant en première année de l’enseignement supérieur et sur la base du modèle des cycles de transition de Nicholson, une modélisation dynamique en quatre temps est proposée. Ce modèle apporte une compréhension descriptive et dynamique du processus d’ajustement de l’étudiant qui permet d’identifier les principaux défis liés à cette transition et les leviers d’actions pouvant être activés pour accompagner l’étudiant. Cet article permet également au lecteur d’obtenir une vision synthétique de la problématique de la transition académique. Présentation du n°

 
 

Les compétences transversales : un référent pertinent pour la formation ?
Recherches en éducation n°37, CREN Université de Nantes, juin 2019
Au regard des attentes et des transformations qui affectent aujourd’hui les champs de l’éducation (affaiblissement de la logique disciplinaire), de la formation (passage d’une logique de formation complète et méthodique à des parcours de formation plus individualisés) et du travail (évolution des métiers et des formes d’emploi, essor d’une logique de l’employabilité), les compétences transversales sont présentées comme des points d’appui permettant aux différents acteurs d’y faire face. Or, la mobilisation des compétences dites transversales dans ces différents champs contraste avec la difficulté à les concevoir scientifiquement. En quoi une compétence toujours liée à un contexte, une situation ou une classe de situation peut-elle être transversale à ces derniers ? Que signifie la diversité des formulations disponibles pour tenter de les définir ? Comment des compétences peuvent-elles être considérées dans le même temps comme générales et transférables et liées à des caractéristiques individuelles ? Présentation du n°

 
 

L’économie à l’école
Cahiers Pédagogiques n°554, CRAP, juin 2019
L’économie, c’est à la fois un enseignement et un environnement. Comment les faire découvrir aux élèves ?
Par quels moyens déconstruire leurs représentations du monde économique et leur faire prendre conscience de leur rôle d’acteurs économiques, de lecteurs critiques de l’information économique et donc de citoyens ? Présentation du n°

 
 

Circulation des savoirs entre recherche et formation
Le Français Aujourd’hui n°204, AFEF, mars 2019
Formation initiale et continue des enseignants, de ses modes et lieux de prise en charge, de son organisation, de la place du concours pour les futurs professeurs des écoles, des volumes horaires des maquettes des masters MEEF1. La réflexion à l’œuvre sur l’ensemble de ces questions ne peut laisser de côté celles, fondamentales, de la construction et de la circulation des savoirs entre recherche et formation dans le cadre de la formation initiale et continue des enseignants, que la mastérisation de la formation des enseignants du premier et du second degrés installée à la rentrée universitaire 2010-2011 a contribué à rendre centrales. Présentation du n°

 
 

La pédagogie Freinet. Une réalité internationale
Le Nouvel Éducateur n°243, ICEM-pédagogie Freinet, juin 2019

Le dossier de ce numéro a pour ambition d’être un apport pour mieux appréhender, d’un point de vue international, l’histoire du mouvement Freinet, son actualité, ses rencontres, mais aussi ses questionnements en cours. Présentation du n°
 
 

Voie de relégation ou seconde chance ?
Les notes du Conseil scientifique de la FCPE n°14, avril 2019
Voie de relégation ou seconde chance ? Les lycées professionnels sur le fil du rasoir
Contrairement à une opinion répandue, la voie professionnelle ne peut être réduite à une voie de relégation. Elle peut même être une véritable voie de réussite, et être le résultat d’un choix d’orientation réfléchi. Cependant, faute d’aller assez loin, la réforme initiée actuellement par Jean-Michel Blanquer a peu de chance de sortir l’enseignement professionnel de la voie mineure qu’il occupe. Présentation du n°

 
 

Le numérique à l’école
Fenêtres sur cours n°458, SNUipp, juin 2019
Le dossier du dernier Fenêtres sur cours se consacre au numérique à l’école :
inégalités d’équipement et impacts sur la pédagogie. Une double page revient sur la loi et la méthode Blanquer, loin de « la confiance ». Le grand angle enquête sur un territoire rural dans la Somme face au départ de services publics. Décryptage sur les évaluations standardisées. Reportage métier sur la prolifération du plastique. Interviews de Pascale Garnier sur la maternelle, de Roland Goigoux sur les évaluations, d’une équipe danoise sur le co-enseignement, de Béatrice Mabillon-Bonfils sur les sciences de l’éducation… Présentation du n°

 
 

Etudes

Lecroisement des savoirs : rêves ou réalités ?
Étude CGé, coordonnée par Sandrine Grosjean
Depuis des années, CGé et ATD Quart Monde se croisent au hasard des rencontres autour de l’école et des questions de pauvreté. En 2014, ces deux associations décident de collaborer pour produire un document qui réponde à la question « Quelles sont nos ambitions pour l’école ? » Ce devait être le résultat du croisement entre les expériences de vie des personnes vivant des situations de grande pauvreté et les expériences de terrain des professionnels de l’école et autour de l’école. Il devait dire quels étaient les changements nécessaires à leurs yeux pour que l’école puisse réellement faire réussir tous les enfants. L’étude « Croisement des savoirs : rêves ou réalités », raconte le processus mis en place, puis analyse, à partir du point de vue de CGé, comment ils sont arrivés à ce résultat. Elle se veut être un éclairage pour tous ceux qui désirent construire un processus participatif avec des personnes ayant des expériences de vie très éloignées les unes des autres. Elle ne prend tout son sens qu’à la lumière du produit fini. Document et étude téléchargeables gratuitement sur le site internet de CGé

 
 

Rapports au savoir, sens de l’activité et malentendus sociocognitifs – La chasse
est ouverte !

Étude CGé, coordonnée par Benoit Roosens, 2018
Concernant les difficultés d’apprentissage, faut-il se résigner ou, bien au contraire, s’interroger pourquoi l’école et ce qui se vit dans les classes restent peu compréhensibles aux élèves de milieux populaires ? Derrière ce que l’on nomme trop régulièrement un problème d’incompréhension ou de manque de travail de l’élève, ne se cache-t-il pas plutôt des ambiguïtés ou des ruptures de sens liées à l’activité d’apprentissage qui, entre l’implicite et l’explicite de l’école, créent des malentendus sociocognitifs ? Au cœur de notre démarche, quel éclairage peuvent nous apporter les Rapports au savoir sur les stratégies d’apprentissages mises en place par l’élève pour apprendre ? Lire

 
 

A écouter et regarder

La brigade d’intervention philosophique
Rendre la philosophie plus populaire, c’est la pratiquer avec tous et à tout âge, et c’est aussi la diffuser partout ! S’appuyant sur le pari de l’asbl PhiloCité – à savoir qu’on peut commencer à philosopher sans nécessairement avoir une longue barbe blanche et un diplôme de philo dans sa toge –, la Brigade d’Intervention Philosophique (BIPh) propose depuis fin 2015 une émission mensuelle de discussions philo pour tout public. Les enjeux philo de la discussion sont de creuser une question, d’être plus conscient des liens entre les avis différents, plutôt que de les superposer les uns aux autres, de valoriser le conflit des idées parce qu’il conduit à penser dans la complexité plutôt qu’à simplifier. Ecouter

 
 

Sélection du festival international du film d’éducation
DVD, Ceméa, 2019
Le Ceméa édite une sélection de deux films ayant reçus la Mention spéciale du Jury
Jeunes et étudiants de la 14e édition du Festival international du film d’éducation 2018.
« Le cri est toujours le début d’un chant », documentaire de Clémence Ancelin qui a reçu la mention spéciale du Grand Jury donne la parole à de jeunes mineurs délinquants placés dans un Centre Éducatif Fermé. Ils y racontent leur passé et espèrent un avenir meilleur, leurs identités protégées par des masques fabriqués de leurs mains au cours de séances d’atelier de création artistique.Le deuxième est un film d’animation « The Stained Club » de Simon Boucly, Marie Ciesielski, Alice Jaunet, Mélanie Lopez, Chan Stéphie Peang, Béatrice. Finn a des tâches sur son corps. Un jour, il rencontre un groupe d’enfants avec des tâches différentes. Un jour, il comprend que ces taches ne sont pas justes jolies. Présentation du DVD

 
 

Neuropédagogie, Le cerveau au centre de l’école. Michel Blay et Christian Laval

Michel Blay et Christian Laval  

Tschan & Cie 201910 euros

 

Un livre de 77 pages à mettre entre toutes les mains des professionnels de l’éducation qui s’interrogent sur le bien-fondé du recours systématique aux neurosciences pour expliquer les difficultés d’apprentissages des élèves et justifier le recours aux bonnes méthodes ( exemple, le livret : Pour enseigner la lecture et l’écriture au CP) qui seraient fondées sur l’état de la recherche. Loin de s’arrêter aux portes de l’école, il semble que ce soit la société toute entière qui s’est emparée d’un nouveau paradigme où le « cerveau » et son potentiel computationnel devient central. Le registre neuronal envahit tous les secteurs d’activité : neuroéconomie, neuromanagement, neurodroit, neuroculture, neuropédagogie. On enjoint à tout un chacun d’apprendre « à bien se servir de son cerveau pour mieux réussir à l’école, pour mieux travailler en entreprise, pour mieux décider en matière d’économie financière et choisir en politique », une sorte de neuropolitique généralisée. Cette conception de l’homme que réfutent les auteurs s’appuie sur les interprétations d’une imagerie cérébrale qui, certes, donne de précieux renseignements sur la façon dont fonctionne le cerveau lors de tâches plus ou moins complexes. Il est à noter que ces images corroborent ce que beaucoup de pédagogues pressentaient : la grande plasticité neuronale qui accompagne et que favorise le développement de la pensée au cours des apprentissages. Le Tous Capables ! du GFEN y trouve bien un argument au postulat d’éducabilité mais il conviendrait qu’on ne se limite pas à renvoyer chacun à son cerveau et ses règles « naturelles » de fonctionnement au détriment des apports de l’environnement et des autres.

 
 

Deux parties pour cet ouvrage

 
La première partie présente le contexte historique et intellectuel dans lequel ce mouvement  s’est opéré et qui a conduit à l’avènement de la neuropédagogie, volet éducatif de la neuropolitique.
Christian Laval (professeur de sociologie à l’université Paris Ouest Nanterre La défense) montre que l’entrée de la neuropédagogie en France (2017) n’est qu’un « effort de rattrapage » par rapport à une situation mondiale  débutant à la fin des années 80 dans un mouvement général qu’on retrouve dans tous les domaines : politique, économique, juridique et où l’on entend définir les modes de gouvernance des individus à partir de la connaissance du cerveau humain. La neuropédagogie deviendrait la science unique de l’éducation gommant les déterminations sociales et culturelles des parcours scolaires et détiendrait « la clé de l’efficacité universelle en matière éducative ».
 
Christian Laval rappelle que la neuropédagogie est née aux Etats Unis  dans un contexte historique et économique particulier marqué  par la compétition entre économies et entre systèmes éducatifs à l’échelle mondiale.  Dans les années 1990, le développement de l’imagerie cérébrale d’une part, la mise en accusation des méthodes pédagogiques d’autre part  (alors qu’il n’y a aucun lien apparent) permettent  une inflexion dans la réforme néolibérale de l’école visant « l’excellence » plutôt que « l’équité ». Parallèlement l’enseignant deviendrait « un ingénieur éducatif », « traducteur entre recherche et pratique ». Les chercheurs de l’OCDE ont  joué un rôle de catalyseur  dans la dissémination de ces conceptions au niveau européen (2007), avec une accélération remarquable en France. Derrière les conceptions neuropédagogiques, l’auteur  montre que la visée réelle concerne la définition d l’homme lui-même. Peut-on définir biologiquement « les outils intellectuels », les concepts, les pensées ?
 
La seconde partie soumet à la critique historique et épistémologique les fondements de la conception actuelle du cerveau (cerveau computationnel)  sur lesquels s’appuie la neuropédagogie.
 
Michel Blay (sociologue et historien des sciences, directeur de recherche au CNSR) montre que les chercheurs actuels associent le plus souvent le fonctionnement du cerveau à celui d’un ordinateur (computer) : il serait algorithmisé. De ce fait, les neuroscientifiques minimisent  le rôle de l’environnement historique, culturel et social ; seules comptent les observations faites à partir de l’imagerie cérébrale et des zones du cerveau repérées au cours des activités. Mais comment  de cette simple observation en déduire la présence de processus de types algorithmiques qui se programment et déprogramment ? Sauf si on part de ce postulat, auquel cas on voit ce qu’on attend y trouver. Ce qui renvoie à une certaine conception de la nature et du monde qui nous entoure.
 
Michel Blay replace cette conception dans une perspective historique en déclinant les différentes représentations de la nature et du monde en fonction des époques,  l’évolution   des techniques et des transformations sociales qu’elles produisent.
« Depuis deux siècles environ les choses comme les êtres ne sont plus ce qu’ils sont, mais déjà mécanisés, transformés en réserve d’énergie et nombrés, ils sont déjà un peu désincarnés, dépourvus de leur existence réelle ». Pour lui, le monde computationnel s’impose en lieu et place de choix politiques et de modes d’existence nouveaux. Il s’interroge sur le « ni droite, ni gauche »  affiché par certains scientifiques  alors que leurs travaux influent sur le mode de vie d’hommes et de femmes sans que ces derniers aient donné leur avis..Cette vision computationnelle renvoie à « l’homme ordinateur » au cerveau normé et éduqué. Est ce souhaitable ? Est ce ce que nous souhaitons ?
« Il serait temps de se rappeler qu’un homme vivant, vous et nous, n’est jamais réductible à un nombre, à une fiche, à un code ou à un algorithme quelle que soit la plasticité de son cerveau ! »
 
Ouvrage rapide à lire, clair et éclairant sur un processus qui vise à changer en profondeur l’acte d’enseigner et met à mal nos valeurs.
 
Jacqueline BONNARD
 

Quelques notes mitigées sur « Enseigner en petite section » de Marie Goëtz-Georges, Retz

éditions Retz dans la collection Pédagogie pratique – avec un CD-Rom

 

Juste quelques mots pour dire que ce livre est une réédition de « Débuter en
petite section » paru en 2009, sans mention « édition revue et augmentée ».
Evidemment en pédagogie, tout ne se réinvente pas chaque année mais dans la période 2009-2019, beaucoup de choses se sont passées à l’école ! Loi sur la refondation de l’Ecole de la république, 2013 — nouveaux programmes de maternelle, 2015. Il n’y a pas d’accroche aux nouvelles prescriptions, sauf une note de bas de page (page 71) et exactement 10 lignes page 157. Quant aux références bibliographiques, elles datent toutes des années 1999-2000-2002. Dans la recherche aussi, il s’est passé des choses depuis 20 ans !

L’ouvrage comprend deux grandes parties : la première aborde l’aménagement et la gestion de la classe, la deuxième propose des activités. En dehors de cet ancrage hors du travail prescrit actuellement, il me semble que l’ouvrage présente d’autres défauts dans le travail réel : apprentissages
spécifiques en petite section – connaissance des potentialités d’un enfant de3 ans — travail en collaboration avec l’ATSEM. Quant aux activités proposées, elles manquent d’originalité et de références théoriques et didactiques. (Les extraits de l’ouvrage sont en italiques.)

1/ L’ouvrage offre des généralités qui ne s’adressent pas spécifiquement à l’enseignement dans une
petite section. Les conseils sur la gestion de la classe paraissent éloignés de ce qu’on peut demander aux élèves dans les regroupements, les ateliers par exemple.

–         Les exemples de documents utilisés en classe sont écrits en cursive. Pour les ateliers (page 42) un tableau nous en montre l’organisation et les prénoms des enfants sont écrits en cursive avec la
majuscule en cursive ; inaccessible en petite section. Autre exemple : une fiche d’auto-évaluation,
que l’on peut placer au-dessus de chaque porte-manteau — je sais enfiler mon manteau
— avec majuscules et lettres cursives. Ceci ne relève que la forme mais que penser de l’auto-évaluation en petite section. Rien n’en est dit.

–         Avec le rituel de la mascotte, un rituel de la phrase écrite (ce que la tortue rapporte comme objet rapporté de la maison par les enfants à tour de rôle. Et voilà la phrase (toujours écrite avec majuscules
et lettres cursives) : C’est Anaïs qui apporte une étoile de mer dans la carapace de la tortue. On peut
s’interroger sur la syntaxe (c’est… qui) et du  Puis : On amènera les élèves à noter la présence du point et de la grande lettre que l’on appelle majuscule. La mascotte est un outil intéressant pour faire des liens école/familles, pour organiser des enseignements de l’oral mais en petite section mais ce n’est pas explicité. Est-ce utile de passer à l’écrit ? A la place, on aurait pu imaginer des jeux de kim, de
questions-réponses, avec des réponses uniquement par oui ou par non, …

–         L’emploi du temps de la première journée de classe est présenté avec la consigne suivante (page 20) : ne pas exiger que tous les élèves viennent se regrouper, il faudra plus de temps à certains pour s’intégrer au groupe et aux activités. Le jour de la rentrée effectivement, certains élèves ne
seront pas prêts ! Les enseignants, même débutants, peuvent le penser eux-mêmes.

2/ La collaboration avec l’ATSEM est traitée en 4 pages. Comment ce volume insignifiant sur le travail intermétier peut aider pour les jeunes collègues  qui arrivent en maternelle et doivent partager cet espace-temps avec un·e autre professionnel·le ? On y lit (pages 63 et 64) :

Bien souvent les communes établissent une charte définissant les tâches qui peuvent être demandées à l’ATSEM, selon son bon vouloir, sur le temps scolaire. En présence de l’enseignant, seul celui-ci peut juger bon de réprimander un enfant. L’ATSEM peut cependant faire part à l’enseignant des actes de l’élève. (extrait d’une « charte de l’ATSEM et de l’enseignant » dont on ne connait pas la sources

Les ATSEM sont présentés tour à tour comme tout-puissants et infantilisés… Il aurait été intéressant de dire que leur rôle éducatif est cadré dans des textes.

3/ Les ateliers sont présentés comme des routines qu’on n’interroge pas et leurs contenus peuvent
être sujet à caution. Un exemple (page 36) – Groupe 1 — 10 élèves

Réaliser un cadeau pour la fête des parents : un cadre en pois chiches avec la photo de ses parents dedans. Le lundi, on les trie. Le mardi, on les peint. Atelier autonome. Le jeudi, on les colle. Le vendredi, on découpe la photo et on vernit le tout. Atelier dirigé.

Ils vont être contents les parents ! On a fustigé les colliers de nouilles mais là, ça vaut son pesant de… pois chiches.

4/ L’enseignement de la compréhension de textes narratifs n’est pas travaillé.

Dans les années 1980, quand les BCD ont été créées dans les écoles et que la littérature de jeunesse a été tintroduite dans les écoles, on recommandait de faire deviner aux élèves les contenus des albums en leur faisant observer l’image de couverture. La maitresse lisait et on infirmait ou confirmait les hypothèses émises. Avec les apports nombreux faits depuis 20 ans par les recherches, on sait que cette activité est contreproductive pour comprendre le texte lu par l’adulte et s’en faire une représentation mentale.

« Si on veut apprendre aux élèves à s’intéresser à l’écrit et à faire un usage analogue des mots et des images, il faut dans un premier temps les empêcher d’utiliser le moyen de représentation le plus à leur
portée c’est-à-dire l’image. Faute d’être clair sur cette question, on croit mettre les élèves au travail sur l’écrit alors que l’image le rend inutile. » Brigaudiot, 2000

« C’est par les mots que se construit le sens. Il faut donc commencer par dire et redire pour
que les images se façonnent et prennent corps mentalement. » Gioux, 2004

Ne pas voir les illustrations oblige les élèves à traiter l’écrit, les mots, les phrases, le texte ; à fabriquer un film (dynamique) dans leur tête, qui intègre les représentations des différents personnages (en puisant dans leurs connaissances), des lieux, des déplacements, des actions…

C’est possible dès la petite section. Voir la collection Narramus (Apprendre à comprendre et à raconter) de Sylvie Cèbe et les albums « Le machin » et « Un peu perdu ». https://www.editions-retz.com/pedagogie/francais/narramus-le-machin-album-et-cd-rom-9782725636269.html

Selon l’auteure, il faut « exploiter » l’album, faire à partir de lui tout un tas d’autres choses que d’entrer dans la littérature, des activités dans tous les domaines, mathématiques, sciences, arts plastiques, comme on exploite un filon dans une mine.

Les projets suivent des thèmes (1 par période) qui ne présentent pas vraiment d’originalité dans les propositions.

En conclusion, cet ouvrage est une somme de pratiques d’une personne, qui a été enseignante en
école maternelle et est devenue inspectrice de l’éducation nationale. (Le projet de circonscription est accessible sur internet)

Il y a un adossement théorique qui date et peu de références didactiques — l’école maternelle en a besoin, c’est une école où on enseigne et où on apprend. Il n’y a pas non plus de réflexion explicitée au lecteur du « pourquoi je fais ça comme ça ». On est dans le « faire », comme souvent on met les élèves en situation en maternelle, mais on n’est pas dans le « penser ». Il n’y pas de questionnements sur les rituels, les ateliers, les projets thématiques. A quelles conditions favorisent-ils les apprentissages ?
Quels apprentissages ? Comment réduire les inégalités socio-scolaires présentes dès l’entrée à l’école maternelle ? C’est dommage… car il n’y a pas tant que ça dans la production éditoriale d’ouvrages sur la section des petits en maternelle.

Isabelle Lardon

16.03.2019

La riposte : pour en finir avec les miroirs aux alouettes – Philippe Meirieu

Editions Autrement,
2018, 17 €

 

« La riposte » aux attaques dont est victime l’Ecole publique et la pédagogie

Pour qui connait les travaux de Philippe Meirieu, ce dernier livre n’apporte rien de nouveau par rapport à ce qu’il dit depuis de nombreuses années mais il a l’immense mérite de faire le tour de toutes les questions de pédagogie exacerbées dans la période actuelle. « La riposte » arrive à point nommée contre toutes les invectives, annonces, injonctions ministérielles. Philippe Meirieu reprend point par point les « sujets qui fâchent », les questions vives, non tranchées, qui n’appellent pas de « bonnes réponses » ou des protocoles simplistes ; non, plutôt des questionnements qui font débat dans le milieu professionnel, qui doivent faire débat de société. L’Ecole est un sujet éminemment politique, au sens étymologique du terme, c’est-à-dire relevant de la cité et des citoyens. Et c’est bien l’objectif de Philippe Meirieu de donner à penser l’école, apporter sa contribution, riche de son expérience de professeur qui a toujours gardé des élèves malgré ses responsabilités et travaux de chercheur – c’est suffisamment rare pour être signalé – riche aussi de sa culture historique et de ses engagements dans l’éducation nouvelle et l’éducation populaire. On peut regretter au GFEN qu’il ne fasse pas suffisamment à notre goût référence à notre mouvement – le GFEN est cité une fois dans l’ouvrage mais c’est ainsi, Philippe Meirieu est un éclectique de génie, un formidable tribun et un fidèle à ses choix éducatifs et politiques sur l’école. Depuis 50 ans, il est au cœur du système, et il y a encore toute sa place, regard de grand témoin tellement aiguisé ! Son
écriture est simple, ordonnée, documentée et l’ouvrage peut être mis dans toutes les mains de celles et de ceux qui les trempent dans le carburateur (*ref. Matthew Crawford), qui « mouillent la chemise » au quotidien pour faire fonctionner l’Ecole malgré tout. De nombreux sujets sont abordés, comme il est annoncé sur la page de couverture : les pédagogies alternatives, les neuro-sciences, … mais pas que… la lecture, leprojet, le développement, l’attention, l’évaluation, le goût d’apprendre…

Plutôt que de passer en revue tous les contenus du livre, j’ai envie d’en faire ressortir des petits extraits, des phrases choc, qui ont fait résonance en moi, piochés au fil de l’avancée de l’ouvrage, de la façon la plus subjective qui soit. Comme une anthologie personnelle des plus belles pensées ou des plus efficaces « remèdes à ma mélancolie* » pédagogique (*ref. une émission de France-inter), non
pas comme des vérités assénées mais plutôt comme des pistes pour prolonger le débat.



En exergue, une citation très belle de Pessoa

De ma vie, trois impressions demeurent aujourd’hui : la certitude d’être toujours au commencement, la certitude qu’il me faut absolument poursuivre et la certitude que je serai interrompu avant d’avoir
terminé.

Sur l’Ecole et la pédagogie… La sérénité n’est pas à l’ordre du jour (page 9).

Imputer aujourd’hui les difficultés  de l’Ecole aux « gourous des sciences de l’éducation » est une imposture (page 11).

L’entreprise pédagogique… J’aurais voulu  pouvoir rappeler simplement  « deux ou trois choses que je sais d’elle » (ref Godard). Que nous devons faire le pari que tout être est éducable et qu’il peut
apprendre et grandir
(page 13).

Et l’on passe à côté de la véritable pédagogie, celle qui forme la liberté tout en assumant des
contraintes fécondes, qui transmet la culture dans ce qu’elle a de plus exigeant sans supposer qu’un discours magistral bien construit abolit magiquement toute résistance, qui s’efforce, au quotidien, de conjuguer le plaisir et l’effort dans les apprentissages (page 34).

Se demander quelle « Ecole fondamentale » nous voulons, quelle Ecole nous devons construire, pour quelle société et pour quel monde (page 35).

Respecter l’élève, ce n’est pas l’abandonner à lui-même mais le nourrir pour qu’il puisse se dépasser ; que l’engagement dans un apprentissage suppose de partir de l’enfant tel qu’il est, mais impose de le faire accéder à des territoires nouveaux ; que « mettre l’élève en activité », ce n(est pas le laisser construire ses savoirs tout seul, mais, bien au contraire, préparer précisément chaque étape de leur appropriation ; que la véritable coopération doit être préparée individuellement en amont et organisée afin d’éviter la division du travail en fonction des compétences préexistantes, etc (page 46).

La motivation ne précède jamais « l’entrée en matière », car on ne peut être motivé pour ce que l’on ignore ; la motivation, en revanche, nait dans « l’entrevoir », quand le maitre, sans déflorer le contenu du savoir, sait créer l’énigme et susciter le désir de s’engager dans l’apprentissage… Les objectifs de l’Ecole comme « institution » – ce qui fait tenir debout – doivent donc être toujours présents, ici et maintenant. Les transformer en préalables, c’est habiller notre renoncement des oripeaux d’une rationalité technocratique. C’est, tout simplement, renoncer à démocratiser l’accès aux
connaissances nécessaires à l’exercice de la citoyenneté aujourd’hui. C’est creuser les inégalités (page 52).

Desserrer les mâchoires enter la pulsion et l’acte, faire de la place à la pensée et la nourrir par la culture. Tel est le rôle du pédagogue. C’est pourquoi il recherche et propose inlassablement les contraintes fécondes, celles qui, loin de brimer la liberté, permettent au sujet de la construire (page 89).

Le chapitre 7 « quelles connaissances mobiliser pour atteindre nos finalités » est à mes yeux essentiel, faisant la part belle aux théories de Vigotski , Wallon et Bruner.

Ils insistent tous les trois sur l’importance des interactions entre un sujet et son environnement

C’est pourquoi éduquer nécessite une institution, au sens étymologique du terme : ce qui fait tenir debout… Ce qui permet d’entrer en relation avec les autres sans s’assujettir à eux ni chercher à les
soumettre.

Une institution ne peut être réduite à son règlement… Une institution est d’abord un projet collectif… Il faut que l’Ecole tout entière, en tant qu’institution de la Nation, soit « instituante » et exprime… les valeurs qu’elle incarne (page 196).

Le projet d’une école inclusive devrait engager, du primaire à l’université, un mouvement délibéré
de mixité sociale et générationnelle, d’intégration d’enfants, d’adolescents et d’adultes ayant des parcours de vie, des richesses et des difficultés différentes, de rencontre entre des personnes qui, malgré leur hétérogénéité, doivent apprendre à se respecter,  à travailler ensemble, à s’entraider réciproquement et à « faire société » (page 255).

Je crois que les véritables « fondamentaux » qui doivent structurer la transmission scolaire et présider à l’élaboration et à la mise en œuvre des programmes  sont la capacité de pensée, l’accès aux chefs d’œuvre – ceux que l’on étudie et ceux que l’on fait – et l’apprentissage de la coopération (page 269).

Le débat démocratique sur l’éducation et l’Ecole est en déshérence… L’Ecole, une institution qui n’est pas seulement destinée à « apprendre » mais aussi à « apprendre ensemble »… Le bien commun… chacun et chacun doit y voir le moyen de gagner en humanité future… (page 273).

On en parle ici :

Café pédagogique

Le monde

Le Nouvel Obs

Le blog de Claude Lelièvre

Questions de classe

AFEF

Isabelle Lardon

Territoires vivants de la République. Ce que peut l’école : réussir au-delà des préjugés – coord. B. Falaize

Echos de lecture à propos du livre 

La Découverte, 2018 – Version papier : 18 € – numérique : 12,99 €

Présentation de l’éditeur

Depuis une quinzaine d’années, un discours décliniste sur l’école ne cesse d’occuper la scène publique et médiatique, insistant sur la grande difficulté, voire l’incapacité des enseignants à exercer leur métier dans les quartiers déshérités face à de jeunes élèves essentialisés (communautaristes, antisémites, sexistes, anti-France…).
Pourtant, dans ces territoires que l’on ne sait désigner que par leurs difficultés, leurs handicaps ou leurs dangers, l’école fait son travail, quotidiennement et avec acharnement, de manière presque invisible. C’est ce que souhaite montrer ce livre, en offrant un autre regard sur les réseaux d’éducation prioritaire et, plus largement, sur les enfants de milieux populaires et le travail des enseignants. Ces derniers livrent ici des témoignages précieux pour partager leurs expériences et retranscrire la parole de leurs élèves. Pour montrer que les écoles républicaines peuvent et savent être des lieux d’accueil et de mise en partage de ce qui est commun comme de ce qui divise.
Sans tronquer la réalité ni minimiser les problèmes, ce livre restitue les conditions possibles et réussies de l’enseignement en France aujourd’hui. Il défend ainsi une vision politique de l’école, d’intégration, d’affranchissement et de construction civique. Lire

Café pédagogique – Article paru dans l’expresso du 24 août 2018

L’école en banlieue : « Territoires vivants de la république »  

« Le titre n’a pas été choisi au hasard. Mais, bien qu’il fasse référence au livre « les territoires perdus de la république », le but de cet ouvrage n’est pas de se positionner contre », nous explique Amaury Pierre, l’un des nombreux auteurs des « Territoires vivants de la République » (La Découverte), enseignant en collège à Stains (93). Fabien Pontagnier, auteur lui aussi et professeur dans le même collège, ajoute : « Notre but n’est pas de nous positionner contre un livre mais plutôt contre un système de pensée, un discours, qui veut que l’enseignement dans certaines banlieues dites difficiles soit réduit à du sensationnel. On oublie d’en décrire le quotidien de notre métier d’enseignant qui n’est pas, non plus, un acte de foi, un engagement messianique, tel qu’il peut, a contrario, aussi être présenté. Nous avons souhaité, simplement, raconter nos expériences, multiples de par nos parcours divers, faites de réussite mais aussi d’échecs ». Coordonné par Benoit Falaize, l’ouvrage montre, sans faire l’impasse sur les difficultés, le travail obstiné de l’Ecole pour la réussite de ces jeunes malgré les préjugés. Lire

Le Monde Idées
– Propos recueillis par Luc Cédelle le 3 septembre 2018

Laïcité à l’école : « territoires perdus » et « territoires vivants » de la République

Iannis Roder, professeur d’histoire-géographie, et Benoît Falaize, chercheur correspondant au centre d’histoire de Sciences-Po, publient deux livres offrant des visions divergentes de la laïcité en milieu scolaire. Ils confrontent leurs points de vue dans un entretien croisé au « Monde ».

France culture émission Etre et savoir de Louise Tourret du 30 septembre 2018
Avec une des auteures du livre Ecouter

France culture, émission Matières à penser par Patrick Boucheron du 26 septembre 2018
Notre besoin d’histoire (3/5) L’école, la nation et la joie d’enseigner

On lit dans Les territoires vivants de la République des témoignages sur la joie d’enseigner. « Et pourquoi ne pas le dire ? Faudrait-il le cacher ? Qu’avons-nous à perdre à dire aussi ce qui fonctionne ? »

France inter – L’édito politique de Thomas Legrand du mercredi 4 septembre 2018 Ecouter

France inter – émission Une journée particulière de Zoé Varier du 13 janvier 2019
Avec Elsa Bouteville. Ecouter

Mediapart par Faïza Zerouala le 10 septembre 2018

Les «Territoires vivants de la République» font le récit de l’école des déshérités.

Dans cet ouvrage collectif au titre éloquent, l’historien Benoît Falaize et la trentaine d’enseignants et
personnels éducatifs de tous degrés qui l’épaulent racontent leur école. La plupart exercent en éducation prioritaire et tous s’insurgent contre l’idée selon laquelle il y aurait des zones de non-droit éducatives. Lire

Blog Mediapart de Charles Conte, chargé de mission à la Ligue de l’enseignement – 28.09.2018

A propos des Territoires vivants de la République.  L’ouvrage propose un panorama lucide et volontariste. Lire

Arrêt sur images – 21 septembre 2018

Territoires vivantsde la République : « On n’a pas de lunettes roses ! »

A force que la formule soit répétée, ressassée, déclinée, elle avait fini par prendre la force d’une évidence. Il y aurait dans la République des territoires perdus, les banlieues pauvres. Il a fallu attendre 16 ans pour que la riposte arrive sous la forme d’un recueil de témoignages d’enseignants.

Pour Daniel Schneidermann, « il s’agit d’un des livres politiques les plus importants parus ces derniers années, un livre à lire absolument. » Lire

Vousnousils, l’e-mag de l’éducation – 14 novembre 2018

Territoires vivants de la République : « Il y a tellement d’enseignants engagés, qui exercent avec dévouement pour leurs élèves ».

Qui est Benoit Falaize ?

Agrégé et docteur en histoire, Benoit Falaize a été formateur pendant plus de 15 ans à l’IUFM de Versailles puis à l’ESPÉ de l’Université de Cergy-Pontoise. Professeur d’histoire-géographie, il a d’abord été chargé de mission sur l’Illettrisme au Groupe permanent de lutte contre l’Illettrisme, puis chercheur
à l’Institut national de recherche pédagogique (INRP), chargé des questions sensibles de l’enseignement de l’histoire.
Auteur d’une thèse sur l’histoire de l’enseignement de l’Histoire à l’école élémentaire, de la Libération à nos jours.

Chercheur spécialiste de l’histoire de l’école, des questions d’éducation à la citoyenneté et de l’enseignement de l’histoire.

Inspecteur général de l’éducation nationale – chercheur correspondant au Centre d’histoire de Sciences Po.

Boîte à lire janvier 2019

Livres

La pauvreté dans la littérature pour la jeunesse Fictions et réalités, CRILJ, Illustrations de Gilles Rapaport, 2018, 68 p.
A partir d’un corpus d’ouvrages pour la jeunesse traitant du thème de la pauvreté, le CRILJ propose avec cette brochure un support d’action et de réflexion pouvant être engagée auprès d’enfants et de jeunes dans des lieux et des contextes diversifiés. On lira, on écrira, on échangera. On accueillera, dans sa classe ou à la bibliothèque, un auteur ou un illustrateur. On répondra, avec tout le sérieux qui convient, au questionnaire proposé. Présentation du livre

 
 

La joie d’apprendre
Elisée Reclus et Pierre Kropotkine, édition Héros-Limites, coll. Feuilles d’herbe, 2018
où l’on découvre les pratiques pédagogiques que les géographes libertaires de la fin du XIXe siècle proposaient aux enfants pour découvrir le monde qui les entoure : l’observation directe de la nature avant la découverte des cartes, la création de clubs ludiques réalisant des inventaires méthodiques de la faune et de la flore environnant l’école, ou encore la fabrication de globes terrestres sur lesquels les enfant tracent toutes les connaissances qu’ils construisent peu à peu. Présentation du livre

 
 

Les pédagogies critiques
Sous la direction de Laurence De Cock & Irène Pereira, Agone, Fondation Copernic, 2019, 144 p.
En France, les pédagogies critiques sont rendues invisibles, abusivement englobées dans les pédagogies « nouvelles » ou « alternatives » à la mode dans les écoles de riches. Alors que partout ailleurs dans le monde les pédagogies critiques sont clairement distinguées des méthodes libérales, qui réduisent l’éducation à un parcours de performance personnelle, la France se singularise par un débat réduit à l’opposition simpliste entre « tradition » et « modernité ». Le propos de cet ouvrage collectif est donc de remettre à la première place l’essentiel : les pédagogies critiques participent d’un projet politique de remise en cause de l’ordre néolibéral et des dominations de toutes sortes. C’était la démarche des grands fondateurs Célestin Freinet et Paulo Freire ; c’est aussi celle que perpétuent et renouvellent beaucoup de pédagogues d’aujourd’hui. Présentation du livre

 
 

Coopération, éducation, formation
La pédagogie Freinet face aux défis du XXIe siècle, Année de la recherche en sciences de l’éducation 2018, Association Francophone Internationale de Recherche Scientifique en Éducation n° 2018. Sous la direction de Pierre-Johan Laffitte, AFIRSE – Association Francophone Internationale de Recherche Scientifique en Éducation-
Du 10 au 12 juillet 2017, l’AFIRSE-sf et l’ICEM ont organisé un colloque autour de la pédagogie Freinet et des champs où cette dernière est engagée et convoquée sous différentes formes. Le présent numéro de la revue rend compte de ces trois jours où fut échangée une diversité d’expériences et de réflexions autour des pédagogies coopératives et des méthodes d’apprentissage afférentes. Présentation du livre

 
 

Happycratie
Comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies
. Edgar Cabanas & Eva Illouz, Premier Parallèle, 2018, 260 p.
Le bonheur se construirait, s’enseignerait et s’apprendrait : telle est l’idée à laquelle la psychologie positive prétend conférer une légitimité scientifique. Il suffirait d’écouter les experts et d’appliquer leurs techniques pour devenir heureux. L’industrie du bonheur, qui brasse des milliards d’euros, affirme ainsi pouvoir façonner les individus en créatures capables de faire obstruction aux sentiments négatifs, de tirer le meilleur parti d’elles-mêmes en contrôlant totalement leurs désirs improductifs et leurs pensées défaitistes. Mais n’aurions-nous pas affaire ici à une autre ruse destinée à nous convaincre, encore une fois, que la richesse et la pauvreté, le succès et l’échec, la santé et la maladie sont de notre seule responsabilité ? Et si la dite science du bonheur élargissait le champ de la consommation à notre intériorité, faisant des émotions des marchandises comme les autres ? Edgar Cabanas et Eva Illouz reconstituent ici avec brio les origines de cette nouvelle « science » et explorent les implications d’un phénomène parmi les plus captivants et inquiétants de ce début de siècle. Présentation du livre

 
 

Revues

 

Revues de mouvements pédagogiques

Lire c’est vraiment simple…
Les Actes de lecture n°144, AFL, décembre 2018
Le dernier numéro des Actes de Lecture n’a pas la même fonction que les revues quoi l’ont précédé. Il est consacré à la réédition d’un des premiers ouvrages de l’AFL épuisé depuis longtemps : Lire c’est vraiment simple… quand c’est l’affaire de tous ! Pourquoi ce choix ? De manière évidente, par la conjonction, d’un côté du désarroi grandissant provoqué par l’état actuel du monde scolaire et, de l’autre du renouveau perceptible d’une Education populaire. Présentation du n°

 
 

Sciences humaines dès trois ans
TRACeS n°238, Cgé, novembre-décembre 2018
Comment prétendre faire de l’éducation à la citoyenneté sans des apprentissages bien durs en sciences humaines ? Comment s’y retrouver dans les débats de politique économique sans un minimum d’économie politique et de maths, de sciences sociales et de français ? Pas de l’éducation civique qui impose l’adhésion des jeunes au système qui les baise, mais des démarches critiques pour apprendre à penser librement. Et cela dès trois ans et au moins jusqu’à quinze ans. C’est possible et on a voulu le prouver. Des gamins de sixième primaire qui font du Bourdieu, des pompoms girls qui cherchent ce qui les a machinées, une classe de professionnelle qui fait de l’analyse institutionnelle, et des petits de maternelle qui font mentir les spécialistes du développement cognitif en reconnaissant l’irréversibilité du temps… Des pratiques bien costaudes. Et du théorique exigeant aussi : que faire en économie dans le fondamental, quels savoirs citoyens enseigner dans le tronc commun, c’est quoi une idéologie aliénante… Présentation du n°

 
 

Former l’esprit critique
Cahiers pédagogiques n°550, CRAP, janvier 2019
Ce dossier sur la formation à l’esprit critique propose des exemples de pratiques concrètes mises en œuvre dans toutes les disciplines et pour tous les niveaux. Non pas pour amener à tout relativiser, mais pour défendre un effort de rationalité et d’intelligibilité. «  La formation à l’esprit critique offre des espaces où l’on se donne un pouvoir d’agir ». Présentation du n°

 
 

Apprendre à penser : la philosophie dès l’école
Animation & Education n°268, OCCE, janvier-février 2019
Tout le monde pense ! Alors pourquoi devrait-on apprendre à le faire ? Parce que la pensée ne se réduit pas à une activité mécanique qui se ferait seule en nous et sans nous ! La pensée critique, celle qui évalue, réfute, choisit ou juge, demande à être affûtée et ce, dès le plus jeune âge ! L’idée d’enfants-penseurs ou d’enfants-philosophes ne fait pourtant pas l’unanimité. Faisant fi de ces polémiques stériles, des équipes de praticiens, de formateurs et de chercheurs travaillent, depuis plus de 25 ans, à la diffusion et la mise en œuvre d’ateliers ou discussions à visée philosophique dans les écoles, les collèges, les lycées ou hors la sphère de l’Éducation nationale, au cœur même de la cité. Ce dossier invite à découvrir les méthodes, les différentes initiatives et les nouvelles pratiques de philosophie avec les enfants. Témoignages et expériences à l’appui, il montre qu’il est possible, dès quatre ans, d’apprendre à penser par soi-même, pour soi-même et avec les autres et que cet apprentissage est un enjeu démocratique majeur de notre société au XXIe siècle. Présentation du n°

 
 

Revues syndicales

 

Ecole-familles. Ensemble
Fenêtres sur cours N°453, SNUipp, janvier 2019
Le dossier se consacre aux relations école-familles, où trois questions sont posées à Jacques Bernardin pour « Renverser l’auto-dévaloriasation ». Le numéro donne à lire une double page sur les salaires et le besoin de les revaloriser et un grand angle sur les résultats des élections professionnelles qui conforte le SNUipp-FSU comme premier syndicat du primaire. Le décryptage fait le point sur les redoublements, repartis à la hausse. Le reportage métier s’intéresse à un projet autour de la laïcité à Trappes. A lire également, le portrait d’une enseignante en TPS et grand entretien avec Dominique Cau-Bareille sur la réappropriation de la prescription pour durer dans le métier. Présentation du n°

 
 

Ecrans, numérique et éducation
Questions de classe(s) n°9, N’Autre école, automne 2018
Mobiles, télés, consoles de jeu, tablettes et ordinateurs rythment et dévorent notre quotidien. Que change le numérique pour les enfants, les élèves, les enseignants et les personnels de l’éducation dans leurs vies et leurs pratiques ? Les écrans sont-ils bons pour la santé des élèves ? L’informatique et le numérique tiennent-ils leur promesse d’efficacité, de rapidité ? Libèrent-ils ou asservissent-ils davantage à des tâches répétitives et bureaucratiques ? Les TICES sont-ils les outils pédagogiques annoncés ? Dans une confrontation de points de vue et de pratiques sur chacune de ces questions, nous cherchons à donner des arguments pour une critique sociale, éducative et pédagogique du numérique à l’école. Présentation du n°

 
 

Évaluation et sélection
La Mauvaise Herbe n°5, CNT Education, 2è semestre 2018
Face à l’avalanche d’injonctions hiérarchiques, la revue se penche sur les évaluations à tous les étages, sur la sélection renforcée. Contre les dispositifs divers, elle relate la réalité du terrain, la réalité des luttes de la classe à la rue. Elle relate les différents luttes d’ici et de là-bas qui se vivent au quotidien. Mais là, pas de sélection, pas d’évaluation, le plaisir de faire ensemble, de lutter sans hiérarchie. De réfléchir sans injonction des unes et des uns envers les autres, mais de l’écoute des unes et des uns envers les autres dans une école de la « confiance » (?). Mais pas une confiance imposée. Une confiance qui se construit avec des outils coopératifs, qui se construit en partageant les savoirs, les cultures, qui se construit en luttant ensemble. Présentation du n°

 
 

Pédagogies et néolibéralisme
Les Cahiers de pédagogies radicales, dossier thématique n°1, janvier 2019
Les Cahiers de pédagogies radicales proposent un premier numéro thématique consacré au néolibéralisme. Il s’agit de s’intéresser aux relations entre pédagogie et néolibéralisme, mais également à la manière dont les pédagogies d’émancipation sociales peuvent résister au
néolibéralisme. Un dossier qui nourrit le débat sur la marchandisation de l’école et prolonge ainsi le n° 165 de notre revue Dialogue : « Mots détournés/savoirs marchandisés ». Présentation du n°

 
 

Revues scientifiques

 

Des normes pour enseigner
Mises à l’épreuve et mises en œuvre, Recherches en éducation n°35, janvier 2019
Ce qu’il est convenu d’appeler « crise de l’école », à la suite de sa massification et de l’accroissement de son rôle dans la préparation à la vie adulte, se traduit par un brouillage des normes qui la régissaient dans des périodes antérieures. Ce dossier, coordonné par Patrick Rayou, tente de montrer que, loin de disparaître, les normes sont nécessairement toujours présentes dans l’action éducative, mais qu’il importe de trouver des moyens de saisir ce qui relève davantage de la reconstruction que de la dissolution. Les recherches qu’il présente s’y emploient chacune à sa manière. Loin d’identifier l’univers normatif de l’école à un modèle universel et intemporel, elles s’intéressent à ses modes d’organisation émergents, qu’ils proviennent de l’institution centrale ou de ses acteurs locaux. Elles mettent en évidence l’importance des dispositifs, des normes intermédiaires dans un mouvement général de reconfiguration de l’école. De nombreux métissages y sont à l’œuvre, issus de normes, non exemptes de doxas, que se prescrivent à eux-mêmes les enseignants, mais aussi de valeurs et modes de faire portés par des élèves et des parents qui participent activement à la construction du monde scolaire. Présentation du n°

 
 

Enseigner le corps
Prescriptions, débats et expérimentations de 1880 à nos jours, EP&S n°86, 2018
Comprendre l’évolution de la place accordée au corps dans les programmes d’EPS de 1880 à nos jours. Une histoire replacée dans le contexte des évolutions du système éducatif et des courants d’innovation pédagogique. Courants, méthodes et conceptions qui traversent l’histoire de l’éducation physique sont présentés comme un corpus de connaissances organisé en 4 parties et 43 fiches thématiques. Les fiches mettent en regard le « pourquoi » et le « comment » grâce à une présentation du thème ; des repères temporels ; des extraits de textes officiels organisant l’enseignement de l’éducation physique et sportive, situés dans leur temporalité et illustrant l’approche institutionnelle et/ou prescriptive ; des expériences pédagogiques ou des mises en oeuvre qui constituent autant d’exemples de modélisation pragmatique en situation, parfois en rupture avec le prescriptif ; des figures et des débats qui révèlent des conceptions fondamentales, pionnières et/ou encore discutées aujourd’hui. Présentation du n°

 
 

Corps, éducation, santé
Carnets rouges n°15, réseau école du parti communiste français, janvier 2019
Si l’on considère que l’éducation a, entre autres objectifs, celui de permettre l’appropriation par tous de savoirs rendant possible une émancipation indissociablement individuelle et collective, alors doit être posée dans toute sa complexité la question de la place du corps, des corps, à l’école, ainsi que celle de ce que cette place dit d’un projet de société. Dans la diversité des contributions de ce numéro, se dessinent quelques enjeux politiques,  sociaux, idéologiques et pédagogiques de cette place. Quelles sont les évolutions  des représentations du corps dans la société et son institution scolaire ? De quelle conception du corps est porteuse la laïcité ? A propos de la « méthode de Singapour », quels sont les enjeux de la manipulation dans les apprentissages ? Comment la place à l’école des enfants en situation de handicap interroge le « tous capables » ? Savoirs ou « éducations à » ? Corps et  genre dans le système scolaire ? Quels enjeux pour l’EPS ? Telles sont quelques unes des pistes explorées dans ce  numéro, avec toujours la volonté de contribuer au nécessaire travail collectif de réflexion qu’exige la mise en oeuvre d’une école au service de l’émancipation humaine. Présentation du n°

 
 

De l’enfance au temps de l’humanité superflue
Vol. 1, Émancipation – Éducation – Aliénation, Revue Illusio n°18/19, 2018
Dans ce numéro, le Collectif Illusio invite les auteurs à penser les transformations contemporaines du statut et du temps de l’enfance. Ce premier volume (il y en aura deux) est composé de textes d’horizons disciplinaires et théoriques multiples. Il s’organise en trois parties : Émancipation – Éducation – Aliénation. Il s’agit de poser la question de l’existence, dans l’enfance, de conditions nécessaires à tout processus d’individuation, alors que celles-ci sont mises à mal dans le monde contemporain, puis de montrer comment les atteintes à l’enfance se sont développées au sein même des institutions d’éducation et de formation et pour finir, de déployer une critique des processus d’aliénations technologiques et marchandes qui font violence au déploiement de toute imagination dialectique. Présentation du n°

 
 

A écouter

 

Nathanaël Mailard, artiste musicien qui se qualifie enfant du GFEN

a écrit une chanson « pour [nous] remercier d’avoir fait de [lui] un homme
créatif et capable de tout, même de faire des chansons qui appuient là
où il faut avec le panache qu’elles se doivent. »
Dans « Zéro pointé »,
avec son groupe Things il parle de l’éducation nouvelle. Ecouter

 
 

Lire, c’est comprendre – Eveline Charmeux

Donc apprendre à lire, c’est apprendre à comprendre ce qui est écrit
Eveline Charmeux, Editions Universitaires Européennes, 2018

Livre bilan d’une vie de recherche passionnée, en réponse à l’actualité révélée par l’enquête PIRLS 2016 sur les médiocres performances des élèves français en matière de compréhension, faisant écho à ce qui  (il y a plus de 50 ans déjà)  avait légitimé les recherches de l’INRP ayant abouti dans les années 70 au Plan de rénovation de l’Enseignement du Français.

Abondamment illustré par des exemples de pratiques et une proposition de progression du cycle 1 au cycle 4 , l’ouvrage débute par la mise en cause de ce qui, aujourd’hui encore, constitue le quotidien de beaucoup d’enfants, la pratique laborieuse du déchiffrage, considéré comme prémisse incontournable de l’apprentissage de la lecture, et l’oralisation, utilisée comme moyen de sa propre finalité, faussement baptisée « lecture ». Interpellation de fond de ce qui (à nouveau aujourd’hui) est réactualisé comme voie royale pour l’apprentissage.
Si lire c’est comprendre, est-il nécessaire, souhaitable, de former préalablement les jeunes élèves à autre chose qu’apprendre à comprendre ? Interpellation forte dès les années 70-75, questionnant ces préalables comme étant de fausses pistes induisant chez les élèves une conception erronée de l’activité lecture, malentendu redoutable et qui s’avère durable pour ceux qui n’ont pas ou peu d’appui en dehors de l’école pour en contrecarrer les effets.
Quel argumentaire est avancé pour contrer cet allant de soi qui perdure ? Une relative indépendance entre ce qu’on voit et la façon de le prononcer, la valeur sonore des unités graphiques dépendant de la signification. Ainsi par exemple, l’exemple des mots homophones (ses, ces, sais, sait, c’est, s’est) dont la prononciation ne suffit pas à les comprendre, ou la terminaison graphiquement semblable mais prononcée différemment dans : il se retient, il est patient ou ils balbutient.
Autrement dit, s’il reste important se découvrir une relation entre sons et signes graphiques, il s’agit de faire percevoir aux élèves qu’elle est variable selon le contexte. « Ce qui implique (…) que cet apprentissage du fonctionnement des signes de l’écrit ne peut être le tout premier, puisqu’il ne peut s?effectuer que sur des écrits connus et compris. Toutefois  il reste indispensable, de façon à la fois distincte du travail sur la compréhension et, en même temps, parallèlement à lui. » (p. 12)
Suit un long exposé des principes d’apprentissage, à la croisée du pédagogique et du didactique, qui fait écho à l’approche du GFEN, se démarquant de ce qui relèverait d?une « méthode » pour y préférer une « démarche », attentive au déjà-là des élèves et les impliquant dans une attitude scientifique de recherche.  Quelles en sont les grandes lignes ?
  • Contrairement à l’approche usuelle qui le considère comme table rase, l’élève sait déjà des choses (sans en avoir toujours conscience) et a besoin de ressorts pour investir le travail : le besoin d’apprendre, très diversement ressenti, doit donc être stimulé et soutenu. Outre l’importance du sens des situations à cet égard, l’espace d’apprentissage gagne à être sécurisé : la clarté cognitive, une sollicitation graduelle, l’échange entre pairs, l’attention aux progrès et le climat de classe y contribuent, tout comme le temps accordé à l’apprentissage dans le cadre des cycles, encore trop souvent malmenés.
  • L’approche de l’apprentissage s’inscrit dans une dialectique libération / structuration, prenant appui sur une pédagogie du projet référant aux pratiques sociales du lire-écrire (propres à légitimer, à finaliser, à donner sens à l’apprentissage), qui conduisant à la conscience de besoins, traités en alternance lors de moments d’apprentissage. Comprenant situations-problèmes et activités d’entraînement et de réinvestissement, ces activités de construction de savoirs visent plusieurs compétences : d’orientation dans l’univers de l’écrit (connaissance des objets à lire), sémiotiques (portant sur l’activité lecture elle-même, sollicitant interprétation, mises en relation et raisonnement) et langagières (explorer les différentes variations langagières et le fonctionnement spécifique de l’écrit, au service d’une communication différée exigeant précision et concision).
  • Contre les présupposés usuels en matière d’apprentissage de la lecture, est réaffirmée l’idée qu’installer préalablement des « mécanismes » du déchiffrage au prétexte de libérer le travail nécessaire à la compréhension ne fait qu’endormir  la vigilance des élèves quand a contrario la lecture nécessite constamment raisonnement et réflexion. Par ailleurs, il n’existe pas de « savoir lire de base » qui serait mobilisable dans toutes les situations de lecture : la lecture se caractérise par une intention (on lit pour), s’exerce sur des supports spécifiques et nécessite des conduites adaptées. Ce qui a des incidences sur la nature des situations proposées en classe.

L’ouvrage décline ensuite les objectifs souhaitables selon les divers cycles, dont la réalisation est illustrée par de très nombreux exemples de pratiques expérimentées dans des classes.

  • Pour le cycle 1, les objectifs croisent les programmes officiels, invitant à la découverte et l’exploration de la diversité d’objets à lire, ainsi qu’à l’approche des spécificités de la langue écrite par rapport à la langue orale d’usage.
  • Le rappel de la légitimité de l’inscription de l’apprentissage dans une large temporalité n’est pas inutile pour le cycle 2, à l’heure où certaines recommandations semblent en faire l’impasse. Des exemples sont donnés de situations « vraies » (album, conte, chanson, poème, affiche) amenant les élèves à faire des hypothèses à partir de la pluralité des indices et à débattre collectivement de la signification, mais aussi de soumettre ces hypothèses à la vérification. Parallèlement, sont exposées des activités explorant le fonctionnement de l’écrit. Outre la précision des pratiques relatées, la progressivité des objectifs va des observations des premiers jours du CP à l?exercice de la lecture à haute voix (distinguée de l’oralisation) et à la lecture d’étude (de consignes, de documentaires, de manuels) au CE2, en prélude des cycles qui suivent.
  • Pour les cycles 3 et 4, l’auteure rappelle qu’il reste beaucoup à apprendre pour parvenir à la maîtrise, à des niveaux où trop souvent, on a pu considérer que l’essentiel était fait. Avec toujours ce souci de mailler des situations incitatrices où s’éprouve le plaisir de lire et des activités de structuration, il s’agit alors d’asseoir les stratégies de compréhension, d’apprendre à lire vite mais aussi de maîtriser la lecture à haute voix, d’apprivoiser la lecture documentaire comme la lecture littéraire, d’approcher les oeuvres intégrales et la lecture de réflexion. Là encore, les exemples sont nombreux et détaillés.

Si on y ajoute le glossaire et les références, c’est au total un ouvrage dense qu’Eveline Charmeux nous propose, à la typographie fine pour des contraintes d’édition, au risque d’une profusion visant l’exhaustivité  qui, si elle risque d’être préjudiciable à une lecture aisée, a l’immense mérite de poser avec force des problématiques de travail ambitieuses et exigeantes auxquelles le GFEN ne peut que souscrire.

En rupture avec le ressac des formules nostalgiques qui périodiquement préconisent de faire simple, c’est une invitation à l’audace intellectuelle et à la finesse d’approche d’un apprentissage complexe, étayée par de nombreux exemples qui l’opérationnalisent, comme autant d’opportunités pour faire fructifier l?intelligence des élèves.
Jacques Bernardin

Ouvres complètes de Gaston Couté

Gaston Couté (1880-1911)

poète libertaire qui a écrit de nombreux textes en « beauceron » ou en argot parisien
Les Éditions libertaires rééditent les œuvres complètes de Gaston Couté avec de nombreux inédits et de
nouvelles annexes.
Cet ouvrage sous coffret cartonné proposera le plus large corpus actuellement possible des œuvres du poète-chansonnier, poèmes, textes plus « politiques », théâtre, inédits variés, accompagnés de deux
cahiers couleur de 16 pages dont l’un contient les dessins de Gaston Couté. S’y ajoute le disque d’un spectacle conçu notamment autour du virulent antimilitarisme de l’auteur, avec son livret.TOME 1
CORPUS : Poèmes et chansons, chansons sociales et autres textes (récits, théâtre, manuscrits et courriers…), dessins de Gaston Couté.
NOTES et GLOSSAIRE.
580 pages, 15 x 22,5 cm — nombreuses illustrations, cahier couleur de 16 pages.TOME 2
BIOGRAPHIE : Une vie bellement légendée d’Alain (Georges) Leduc.
ANNEXES : La Guerre sociale, rapports de police, témoignages (Pierre Mac Orlan, Maurice Héliot, Clovis, Fernand Desprès, Jehan Rictus, Bernard Dimey…),
Le Vent du ch’min, Le musée de Meung-sur-Loire, discographie…
340 pages, 15 x 22,5 cm — nombreuses illustrations, cahier couleur de 16 pages.

+ 1 CD
LES CRIEURS (Michel di Nocera et Nicole Fourcade)
Autour de Gaston Couté — livret 15 x 22,5 cm, 32 pages

Boîte à lire octobre 2018

Livres

Lire, c’est comprendre

Donc apprendre à lire c’est apprendre à comprendre ce qui est écrit, Eveline Charmeux, Editions Universitaires Européennes, 2018, 276 p. 49,90 €
Depuis longtemps des chercheurs, des pédagogues, ont contesté l’hypothèse d’une
dissociation nécessaire entre « le code » et la compréhension, dans l’apprentissage de la lecture. Ce qui justifie en effet cette dissociation, c’est l’idée que la compréhension surgit naturellement de la connaissance : un mot reconnu est « compris » automatiquement. On peut alors en déduire qu’il
suffit que les mots reconnus soient nombreux, pour que les textes qui les contiennent soient compris. Or, le sentiment s’est installé assez vite chez les chercheurs, qu’il y avait, dans cette hypothèse, tenue pour vérité, une confusion entre « reconnaître des mots » et « comprendre des textes », que la
compréhension n’est peut-être pas la même sur des mots et sur des textes et qu’en tout état de cause, c’est la compréhension des textes qu’il faudrait viser. En fait, c’est un « anti-manuel de lecture », un guide pour enseigner celle-ci avec des livres, des vrais, et tous les « objets à lire » existants, et surtout sans manuel de lecture. Présentation du livre

Savoirs, opinions, croyances


Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Belin, coll. « Guides de l’enseignement », 128 pages, 9,90 €
Un livre qui comble un réel manque face aux déstabilisations et aux attaques
concernant les savoirs et les connaissances, par les opinions et les croyances.
Aujourd’hui, en classe de SVT, de science physique ou même d’histoire, les enseignants peuvent se trouver confrontés à une contestation du savoir scientifique. L’objet de ce livre est de leur donner les moyens d’y répondre clairement, sans polémique, et de manière laïque. Pour cela, il détaille les différences entre savoirs, opinions, et croyances (religieuses ou non). Il explique comment la science produit des connaissances. Il rappelle que le cours de sciences est un espace collectif dédié au savoir, sans que cela soit incompatible avec la liberté individuelle de croire ou la liberté d’opinion. Il détaille l’articulation de ces notions dans notre démocratie républicaine. Guillaume Lecointre est professeur du Muséum national d’Histoire naturelle. Spécialiste de la systématique et de l’évolution, il a publié de nombreux articles scientifiques et ouvrages de vulgarisation, dont certains avec des enseignants.
Il intervient fréquemment dans la formation initiale et continue des enseignants, et parfois dans les écoles, collèges et lycées. Présentation du livre

Voix et voies pédagogiques en Europe

Héritage, continuité, émancipation, Coordonné par Loïc Chalmel, L’Harmattan,
coll. « Pédagogie : crises, mémoires, repères », 2018, 180 p. 19 € (papier), 13,99 € (numérique) Le présent ouvrage fait suite au symposium « Itinéraire Héloïse» (Université de Haute-Alsace, 9-10 avril 2015), dont le but était de préparer la labellisation
d’un Itinéraire culturel du Conseil de l’Europe autour des grands pédagogues.
Ce volume défend différentes pédagogies audacieuses. Présentation du livre

Une vraie alternative à l’enfermement des mineur-es : la liberté

Evelyne Bechtold-Rognon, Nathalie Caron, Michelle Olivier, Sonia Ollivier, Anaïs Vrain (coord.), Institut de recherches de la FSU, éditions Syllepse, coll. « Avant-première
», 2018, 112 p. 7 €
Le nombre d’adolescent·es emprisonné·es dans le cadre de la détention provisoire
n’a jamais atteint le niveau d’aujourd’hui et il marque une évolution historique. Il s’agit dans ce livre de questionner l’accélération des politiques sécuritaires et les orientations générales à l’égard de la jeunesse la plus en difficulté. Toutes les études montrent pourtant que l’enfermement socialise dans un milieu criminogène, où la scolarisation, les soins, la vie familiale, la citoyenneté sont entravés et qu’il produit des effets contraires à ceux qu’il prétend obtenir. C’est pour alimenter ce débat que ce livre
éclaire les mécanismes à l’œuvre dans les lieux et situations d’enfermement, leurs effets spécifiques sur des adolescent·es et les implications sur le travail éducatif effectué avec ces jeunes. La mise en perspective historique des modalités de prise en charge pénale des enfants, les constats des
professionnel·les et des études sociologiques de terrain permettent d’éclairer l’articulation difficile—voire impossible—entre impératifs pénitentiaires et action éducative. À travers ce miroir tendu à l’institution judiciaire, ce livre tente d’ouvrir des perspectives susceptibles de répondre à l’enjeu
d’éducation de la jeunesse et de promouvoir des outils qui libèrent. Présentation du livre

Sigmaringen 4 445 — Voyage au bout de l’enfer

Michel Huber, Editons Le Hérisson, 2018, 50p. 10 €
Sigmaringen 4 445 conte la fin du règne de Vichy. L’abominable système n’échappe pas au ridicule. Le rire peut côtoyer le tragique. Cet ouvrage fait la part belle aux paroles prononcées par les principaux acteurs, ce qui en rend la lecture particulière dynamique. Cet épisode historique ainsi évoqué aidera le lecteur à comprendre les enjeux d’aujourd’hui. Commande : michel.huber44@gmail.com

Revues

Des alternatives à l’école ?

Cahiers pédagogiques, n° 547, CRAP, septembre-octobre 2018
Faire classe ou école autrement, proposer des alternatives à l’école, voilà un projet qui semble avoir le vent en poupe, quoi qu’on mette derrière cet « autrement » et ces « alternatives ». Le dossier propose un panorama de ces expériences de classes et d’écoles
alternatives, dans le système public comme à l’extérieur, voire à l’étranger et les passe au crible de l’impératif d’équité sociale. Présentation du n°

Filière qualifiante

TRACeS n°237, CGé, septembre-octobre 2018
Entre valorisation de l’enseignement qualifiant trop souvent dénigré et constats affligeants d’une filière de relégation à la dérive, la filière qualifiante est surtout méconnue et caricaturée. L’intelligence de la main « Dans ta gueule » !
Entre une vision des métiers techniques centrée sur la personne (l’artisan, l’ouvrier
qualifié, le professionnel expert) et une autre centrée sur le poste de travail (l’ouvrier spécialisé jetable et sans pouvoir de négociation), l’image de la filière qualifiante gomme la diversité des réalités qu’elle recouvre. Au plus près des acteurs, ce dossier s’attèle à vous faire mieux connaitre la réalité de l’enseignement qualifiant, ce qui s’y vit, ce qui s’y travaille, les enjeux qui le traversent, et ce qu’il pourrait être demain. Pour se rendre compte que cela demande pas mal de compétences intellectuelles, manuelles et morales pour arriver au bout de l’objet, que l’enseignement technique, ce n’est pas que du manuel, et qu’il faut savoir penser le métier. Présentation du n°

Langues d’exil

Archipels n° 2, l’Insatiable
Ce deuxième numéro de la revue franco-belge, animée avec l’équipe bruxelloise de
Culture&Démocratie, poursuit le travail de repérage et de mise en valeur de diverses pratiques d’artistes, de compagnies, d’associations qui s’emparent de la question migratoire pour faire apparaître le visage hideux d’une humanité qui refuse l’autre et comment les moyens de l’art permettent de résister à cette insupportable situation. En interrogeant l’identité et la mémoire européenne, ils réaffirment la place centrale de l’altérité. La pensée d’Édouard Glissant, dont nous suivons le fil, affirme un possible où « des différences s’ajoutent sans se détruire, et des identités varient en ne dépérissant pas », pour afficher les richesses nées des partages et pour maintenir la parole, en-deçà ou au-delà des langues, comme premier lieu commun…
Les textes sont accompagnés de belles photos de Laetitia Tura et d’images rares du collectif Coconut Valley. Présentation du n°

1968 : impact & héritage

EP&S n°380, avril-mai-juin 2018
Un demi-siècle est-il suffisant pour porter un regard critique sur l’année 1968 et la période qui l’entoure ?
Mexico, New York, Varsovie ou Paris… dans ces sociétés en ébullition, le sport, l’éducation et même l’EPS, sont interpellés : avons-nous idéalisé cette période ou minimisé son influence ? Analyses, témoignages et archives offrent l’occasion de questionner notre passé récent et de mieux comprendre notre présent. Présentation du n°

Approches de la catégorisation en éducation

Recherches en éducation, Université de Nantes, département des sciences de l’éducation, n° 33, juin 2018
Les situations d’interaction en contexte d’enseignement-apprentissage sont ici abordées par le regard des enseignants sur leurs élèves, et vice versa. Ces regards sont approchés sous l’angle des catégorisations dont les élèves font l’objet, puis, inversement, par les catégorisations dont les enseignants et leurs cours font l’objet. Après un édito qui précise l’organisation spécifique du dossier, les deux premiers articles, discutés par le troisième, abordent les questions suivantes : comment les enseignants catégorisent-ils leurs élèves ? Ont-ils recours à des routines pédagogiques particulières liées à ces catégories ? Les deux articles suivants approchent la catégorisation du
point de vue des élèves et de leur métaperception : comment les élèves se sentent catégorisés par leurs enseignants ? Un dernier article illustre l’approche par catégorisation dans une perspective interactionnelle. Présentation du n°

Quel sens des savoirs à l’école ?

Animation & Education, OCCE, n°265-266, juillet-octobre 2018
Ce dossier revient sur l’un des trois axes, intitulé « Les apprentissages en coopération : engager le rapport aux savoirs », de l’Université d’automne de l’OCCE. Il nous invite
à engager le rapport aux savoirs ; à revisiter le sens (la direction) du prescrit institutionnel et à considérer que ce sont aussi les modalités selon lesquelles, enseignants, formateurs et élèves, donnent sens (la conception) à la scolarité et interprètent les situations scolaires qui sont à l’origine de
« l’échec » ou de la « réussite » scolaire. Présentation du n°

Les enfants ont besoin de livres pour apprendre à lire !

Les Actes de lecture, AFL, n° 143, septembre 2018
Jour de pré-rentrée dans une grand librairie. Toutes les syllabiques sont là, serrées les unes contre les autres…Comment a-t-on pu à ce point échouer à donner des repères à des parents qui ont, pourtant, su apprendre à parler à leurs enfants ? Comment a-t-on été si peu audible sur le fait que l’écrit est d’abord un langage pour l’œil dont le degré de maîtrise est proportionnel à l’implication de l’enfant dans le « fonctionnement graphique du collectif », à la puissance des aides environnantes et à la qualité de l’entraînement individuel ? « Il ne faut plus seulement résister mais agir, s’adresser aux enseignants, oui, mais d’abord aux utilisateurs potentiels de l’écrit dans la cité ». Ce dossier fait état de rencontres qui s’organisent. Les enfants n’ont pas besoin de livres « lisses » mais de livres qui, tout de suite, s’emparent de leurs grandes questions. Présentation du n°

Enseigner la littérature avec et au-delà des programmes

Le français aujourd’hui, AFEF, Armand Colin, n° 202, octobre 2018
L’objectif de ce numéro est de mesurer combien les recherches en littérature et en didactique de la littérature ont infusé, d’une part, dans les programmes de «
français », d’autre part, dans les classes, depuis une vingtaine d’années.
Par-delà les réformes et ajustements politiques ou idéologiques des programmes,
y compris ceux de 2018, par-delà les effets de gommage ou de soulignement de
concepts nés de la recherche en didactique, il est apparu à l’équipe de rédaction que quatre grandes conceptions et orientations de l’enseignement de la littérature, correspondant à de véritables avancées de la recherche en littérature et en didactique de la littérature, avaient réussi à se faire une place durable dans les programmes et dans les classes. Présentation du n°

Humanités numériques

Vers l’Education Nouvelle, Ceméa, n°571, juillet 2018
Nous vivons un moment particulier de notre histoire, une révolution est à l’oeuvre qui bouleverse notre quotidien, nos vies personnelles, notre rapport au monde, à l’information, à la démocratie. Il est même parfois souvent question d’identité. Cette révolution dite numérique nous est cependant imposée par des entreprises sans que nous ne nous soyons, à aucun moment, concerté.e.s. Tout juste avons-nous le temps de nous adapter à ces nouvelles pratiques que d’autres surgissent et s’imposent à tous et toutes sous prétexte de modernité. Nous pouvons décrypter notre société en analysant la place sociale du numérique, la
manière dont il est régi politiquement et les incidences sociétales de ces choix politiques. Le numérique est un fait social total, car il déstabilise nos sociétés, réinterroge nos identités individuelles et collectives, notre rapport à l’espace, au temps, à l’autre mais aussi les conditions de production et de
diffusion des savoirs. Quel sens donner au numérique aujourd’hui et plus particulièrement dans les pratiques éducatives ? Les transformations culturelles et les révolutions pédagogiques liées au numérique nous inscrivent dans une réflexion sur ce récent concept des humanités numériques. Présentation du n°

A voir

L’Aped à la radio

Le 28 août, Jean-Pierre Kerckhofs de l’APED est passé à la RTBF sur « Débats Première » pour aborder la question : « comment enseigner la démocratie à l’école ? » Voir (à partir de la 32ème min)

Boîte à lire juin 2018

Livres

 
 

Sur l’enseignement de l’histoire

Débats, programmes et pratiques de la fin du XIXe siècle à nos jours, de Laurence De Cock, Libertalia, « Ceux d’en bas », 330 p., 17 €.
Comment sortir des sempiternelles lamentations sur les programmes ou les manuels
d’histoire ? Peut-être en posant autrement les questions soulevées par
l’enseignement de cette discipline si sensible ; sans doute aussi en donnant à voir de cet enseignement d’autres angles que les polémiques auxquelles nous ont habitués les commentateurs médiatiques ou les prophètes du désastre. L’histoire d’une discipline scolaire est inséparable de celle de ses acteurs, ses lieux, ses outils, ses espaces de discussions ou de conflits. L’histoire est bien une matière vivante dont on ne peut saisir la saveur sans entrer dans les coulisses de sa fabrication, de ses transformations, et de ses modes de transmission et d’appropriation. C’est ceci qui est tenté ici : une histoire par en bas et par les praticien·ne·s depuis le XIXe siècle, qui revisite quelques certitudes et témoigne de l’ancienneté et de la récurrence de débats qui sont pourtant toujours présentés comme inédits. Ce livre s’adresse à
celles et ceux qui souhaitent comprendre les ressorts d’une des « passions françaises », se plonger dans une autre manière de penser l’histoire à l’école et réfléchir aux vertus émancipatrices d’un enseignement libéré de ses geôliers. Présentation du livre

 
 

Arts du cirque à l’école maternelle

Avec Touminus la puce. L’équipe EPS 1er degré des Bouches-du-Rhône. EPS « Activité sportive et éducation », 120 p. 23 €
Qui, enfant, n’a jamais eu les yeux brillants à l’idée d’aller au cirque ? Plaisir,
amusement, curiosité, émerveillement, stupéfaction… les émotions et sensations
suscitées par un spectacle de cirque sont multiples et intenses… Alors pourquoi ne pas se lancer et proposer aux élèves de maternelle de « faire leur cirque » ? Les arts du cirque, dans les programmes de l’école, relèvent à la fois des activités physiques et des activités artistiques. Les unités d’apprentissage présentées s’organisent autour des trois activités accessibles
: jonglage, acrobatie, équilibre. Elles permettent de développer aussi bien les habiletés motrices (aller vers l’exploit : la difficulté, la maîtrise, la performance) que le jeu d’acteur (introduire un effet esthétique pour toucher le spectateur, le faire rêver, ou produire un effet comique pour le faire rire). Présentation du livre

 
 

Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson

Edition établie et présentée par Patrick Dubois et Philippe Meirieu. Préfacée par Pierre Nora de l’Académie Française, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2017, 32 €
Monument de l’Ecole des « Jules », fondateurs de la République, le Dictionnaire de
pédagogie de Ferdinand Buisson parait en 1887. C’est une œuvre colossale, menée
tambour battant car les souscripteurs devaient être servis avec régularité. 5500 pages, des milliers d’articles, le Dictionnaire fait travailler des centaines d’auteurs, ce qui explique des divergences assumées entre les articles. Pour la nouvelle édition, Philippe Meirieu et Patrick Dubois ont retenu 250 articles et un millier de pages. « Nous pouvons – nous devons – relire le Dictionnaire pour nous soutenir, nourrir notre détermination, aiguiser notre inventivité ». Dans la préface Philippe Meirieu montre l’actualité de cette publication. Plus d’un siècle après la 1ère édition, le Dictionnaire alimente
notre réflexion sur l’Ecole. Il interroge aussi les enseignants de ce siècle sur les finalités de l’Ecole et sur leur engagement social et politique. Présentation du livre

 
 

Les fusils sous la paille

Histoire véridique au cœur de la Résistance, Michel Huber,
Editons Le Hérisson, 2018, 98 p, 16 €

C’est une histoire vraie que Michel vous propose dans ce livre. Il retrace l’itinéraire d’un homme guidé en permanence par un idéal de justice, qui, des luttes syndicales sous le Front Populaire, en passant par l’Espagne et les Brigades Internationales, l’amène à la résistance à l’occupation allemande dans le Soissonnais. Là, il est arrêté, torturé par la Gestapo, lié au poteau d’exécution et … Commande : michel.huber44@gmail.com

 
 

Revues

 

Accompagner en pratiques

Cahiers Pédagogiques n° 545, CRAP, mai 2018
Qu’est-ce qu’accompagner au sein et hors de laclasse ? Qu’en est-il de l’accompagnement personnalisé ? Comment l’accompagnement vise-t-il à construire l’autonomie de l’élève ? Ce dossier interroge le sens donné aujourd’hui à l’accompagnement de tous les élèves par les enseignants et aussi par les coéducateurs. Présentation du n°

 
 

Neurosciences

TRACeS n°235, CGé, mars-avril 2018
Les neurosciences, on en parle de plus en plus, et pas qu’en France : rien de tel qu’un dossier pour y voir plus clair.
Finalement, les grandes vérités établies par les neurosciences ne sont pas si
nombreuses et n’apportent rien de fondamentalement neuf pour l’école. Alors, pourquoi cet engouement ? Les débats ont été vifs au sein du comité de rédaction : jusqu’où aller dans cette ouverture aux neurosciences sans trahir nos convictions ? À vous de vous construire votre propre opinion. C’est notre façon de contribuer à désamorcer l’argument d’autorité («La science a dit que…»), et à intégrer les neurosciences dans une réflexion sur l’école.
À côté du dossier, un troisième épisode de la saga et un Sois poli(tique) et tais-toi sur l’avenir du Pacte, en cette période électorale. Présentation du n°

 
 

Monde enseignant et monde socio-éducatif

Faire école. Quelles complémentarités entre le monde enseignant et le monde socio-éducatif ? Les Sciences de l’éducation – Pour l’Ère nouvelle, vol 50, n° 4, CIRNEF, 2017
Ce numéro coordonné par Martine KHERROUBI et Francis LEBON nous propose des « Regards sur les mondes professionnels de la « co-éducation » », interroge « Qui fait quoi, qui est qui ? » au sujet de la réforme des rythmes et des divisions du travail à l’école primaire, s’intéresse aux éducateurs de rue à l’épreuve du collège. Des articles sur le travail collaboratif et la transformation de l’organisation scolaire, ainsi que sur la construction située de  collaborations interprofessionnelles en milieu scolaire, nous donnerons à lire des cas concrets, d’une part celui des dispositifs relais et d’autre part celui des éducateurs sociaux au sein des écoles primaires genevoises. La scolarisation d’élèves en situation de handicap est également traitée : conceptions et pratiques d’une enseignante « ordinaire » et d’une enseignante spécialisée. Présentation du n°

 
 

Etre éducateur aujourd’hui

Vie sociale et traitements, n° 138, Ceméa, avril 2018, 16 €
Que devient le métier d’ « éducateur », ce terme générique qui signifiait pour Jacques
Ladsous l’accompagnement, le soutien, la proximité, l’engagement ? Il a progressivement été morcelé en diverses fonctions et en divers niveaux de classification. Il est aujourd’hui question que certains de ces éducateurs, ceux qui sont « spécialisés », accèdent à un grade universitaire et deviennent « coordonnateurs ». Et la relation dans tout ça ?
Éducateur rime peu à peu avec ordinateur, et moins avec public, contact, partage. Mais des jeunes, et des vieux, renâclent, résistent, s’accrochent, et inventent. Un dossier qui croise analyses et témoignages, paroles et réflexions, pour réfléchir à l’avenir d’une profession. Présentation du n°

 
 

Pas de connaissance sans reconnaissance

Le Nouvel Éducateur n° 237, revue pédagogique de l’ICEM-pédagogie Freinet, avril 2018
Ces dernières années, c’est le concept de bienveillance qui a imprégné le discours de l’Éducation nationale, une attitude pédagogique qui perpétue la position de surplomb de l’enseignant et la dépendance de l’élève. La reconnaissance telle qu’on la vit en pédagogie Freinet relève d’un tout autre rapport de l’adulte à l’enfant : le respecter, l’écouter, l’autoriser, lui permettre toutes les formes d’expression et de création, les tâtonnements, l’autonomie.
Tout ce qui va construire confiance, estime de soi et émancipation. Cette reconnaissance est réciproque : quand un tel rapport est institué dans la classe, les enfants reconnaissent l’adulte comme celui qui aide quand il le faut, celui qui crée un cadre sécurisant, où chacun a sa place, celui qui permet un travail enthousiasmant ; celui qui accompagne les essais, qui institutionnalise les découvertes. Ce numéro du Nouvel Éducateur avance des pistes de réflexion et présente des témoignages de pratiques. Présentation du n°

 
 

L’école en marché, décoder les nouveaux marketings pédagogiques

N’Autre école n° 8, Questions de classe(s), printemps 2018, 100 p. 5 €
« Si l’école faisait son travail, j’aurais du travail » … tel est le slogan de la campagne sur l’éducation lancée par le Medef au printemps 2017. Mais le patronat français, en réalité, n’a jamais cessé de s’intéresser à l’école pour y imprimer sa marque brutale. Depuis longtemps déjà, l’école est « fille et servante du capi­ta­lisme » (Célestin Freinet). Rappel utile pour celles et ceux qui voudraient nous faire croire que l’école de l’avenir serait celle d’hier ou d’avant-hier… Ce « nostalgisme », détaché de toute perspective sociale, fournit d’ailleurs des armes aux tenants d’un néolibéralisme offensif et conquérant qui se présente aujourd’hui comme « l’avant-garde » de la transformation de l’institution, pointant des dysfonctionnements qu’il a lui-même contribué à renforcer…C’est donc « en même temps » au nom de l’employabilité, de la performance, de l’efficacité, mais aussi du « bon sens », du pragmatisme et des vieilles recettes pédagogiques de grand-p·mère qu’avancent ces attaques new-look contre le service public d’éducation. Présentation du n°

 
 

Films

 

Des figues en avril

De Nadir Dendoune, sorti le 4 avril 2018 (58min)
Le documentaire « Des Figues en Avril » dessine le portrait drôle et bouleversant de Messaouda Dendoune, filmé par son fils Nadir. Au-delà de la personnalité attachante, malicieuse, déterminée et passionnée de la vieille dame de 82 ans, on la découvre au quotidien dans son deux pièces de l’Ile Saint Denis, ponctué par la présence invisible de l’absent. Elle apprend désormais à vivre seule depuis que son mari Mohand, atteint de la maladie d’Alzheimer, a été placé en maison médicalisée.
Messaouda, bercée par ses chanteurs kabyles emblématiques, comme Slimane Azem, raconte avec fierté, sa France des quartiers populaires et le devenir de ses enfants.

 
 

En guerre

De Stéphane Brizé, sorti le 16 mai 2018 (1h 53min), Avec Vincent Lindon, Mélanie Rover, Jacques Borderie
Malgré de lourds sacrifices financiers de la part des salariés et un bénéfice record de leur entreprise, la direction de l’usine Perrin Industrie décide néanmoins la fermeture totale du site. Accord bafoué, promesses non respectées, les 1100 salariés, emmenés par leur porte-parole Laurent Amédéo, refusent cette décision brutale et vont tout tenter pour sauver leur emploi.

 
 

EPS et société – Dossier Spécial : L’EPS en primaire

Ce dossier spécial est un outil destiné aux enseignant.es du primaire. Il est le fruit d’un travail collaboratif entre une équipe de formateurs (ESPE, CPD, PEMF, CPC) et de professeurs des écoles qui expérimentent les situations proposées.

Ce dossier se décline en quatre thématiques
Les fiches APSA (Activités Physiques et Sportives Artistiques) qui sont des fiches pratiques  élaborées avec des collègues du premier degré et testées en classe. Ces fiches sont classées selon le niveau d’enseignement abordé : élémentaire ou maternelle. Chacune de ces activités donne lieu à une présentation détaillée dans laquelle les enseignants « testeurs » relatent leurs expériences à partir des situations proposées. Elle décline le but pour l’élève, les critères de réussite ainsi que les règles du jeu et les contraintes liées au milieu. Au-delà du « faire », les fins de séances sont l’objet d’une réflexion sur le sens du jeu et l’organisation. Il s’agit alors de prendre conscience de ce que l’on fait, d’évaluer sa performance et comment on s’y est pris. Seul, il est difficile de se « regarder pédaler » mais l’institution du regard extérieur (juges de performance, juges de limite garants des contraintes posées) permet de corriger le geste, de l’affiner pour progresser.   De la performance individuelle à la performance collective, cela se construit dans la jubilation d’avoir appris ensemble. Chaque proposition rappelle les attendus de fin de cycle, de possibles prolongements et une invitation à partager questions et  expériences  avec les concepteurs du dossier. Des textes théoriques permettent d’approfondir les notions et concepts abordés.
Des conseils pour enseigner l’EPS qui se déclinent en « repères » qui apportent des éléments programmatiques et institutionnels d’une part, des pratiques ciblant des activités sportives et artistiques qui peuvent apparaître aux professeurs des écoles difficiles à aborder (ex : danse, rugby, gymnastique) d’autre part.
– La thématique « EPS et enjeux de l’école » propose des textes qui répondent aux questions essentielles posées par l’enseignement de l’EPS. Cette partie s’adresse davantage aux étudiants qui préparent un mémoire, aux formateurs en quête de textes théoriques pour étayer leur propos, aux cadres intermédiaires lorsqu’ils préparent une conférence pédagogique : diaporama pointant les enjeux et les contours de l’EPS à l’école primaire, repères sur les APSA et les acquisitions à l’école primaire, l’EPS en tant que discipline scolaire, des réflexions comme « apprendre n’est pas jouer » (C. Passerieux et O. Bassis), « Egalité filles/garçons en EPS à l’école primaire : Enjeux et petits riens qui changent tout ! » (Claire Pontais). Apports complétés par un entretien avec Stéphane Bonnéry ou encore des articles de spécialistes.
– La partie « Recherches et débats » vise à faire vivre débats et controverses pour que l’on avance ! Il existe peu de recherches  sur l’EPS à l’école primaire. Ce dossier met en valeur le travail d’Antoine Thépaud  qui, lors d’une thèse sur les sports collectifs à l’école primaire,  a fait un tour d’horizon des recherches sur les contenus disciplinaires et les enjeux du processus d’enseignement apprentissage à l’école primaire. Ces recherches interrogent le statut scolaire de la discipline, les pratiques de référence selon le niveau d’enseignement, le rapport au langage dans les activités dites sportives comme facteur de développement de la pensée et des apprentissages moteurs.
Un dossier très intéressant et complet alliant pratiques et réflexions qui s’adresse à tous les professionnels de l’éducation (et pas seulement les enseignants ou formateurs) qui souhaitent aborder les activités physiques et sportives artistiques avec les enfants de trois à douze ans, en se posant la question des savoirs en jeu et ce délicat passage de l’acte à la pensée pour favoriser les apprentissages.
Jacqueline Bonnard
Mai 2018

Boîte à lire mars 2018

Livres

 

La Plaine : Récits de travailleurs du productivisme agricole

Gatien Elie,  éditions Amsterdam, 156 p, 2018, 12 €

Dans la plaine de la Beauce, région spécialisée dans la céréaliculture intensive, la modernité technicienne n’admet guère de critiques. Nuisances industrielles, surcharge de travail, endettement, maladies professionnelles : rien n’y fait.
Dépossédés de leur métier, les agriculteurs continuent néanmoins, consentants ou résignés, à faire le pari du progrès. Alternant portraits de chefs d’exploitation et chapitres analytiques, ce récit éclaire d’un jour nouveau l’engrenage productiviste. Des exploitations agricoles aux réunions syndicales, des agences bancaires aux coopératives de semences, des formations techniques aux salons agricoles, La Plaine est une enquête sociale sur le consentement des travailleurs du productivisme et sur les forces sociales de l’inertie politique. Présentation du livre

 
 

Origines de l’Homme, origines d’un homme

Mémoires, Yves Coppens,
Odile Jacob, 464 pages, 2018

« Quatre-vingts ans de souvenirs, de rencontres, de voyages, d’initiatives, de résultats, de
succès, de joies, de plein de petits plaisirs et de tout petits malheurs, de grands éblouissements.
La paléoanthropologie et l’archéologie ont le devoir scientifique et philosophique de reconstituer l’histoire de l’homme ; elles ont démontré que nos racines étaient animales, prouvé notre cousinage avec les grands singes, déclaré notre origine unique, tropicale et africaine, montré la logique
de notre déploiement progressif à travers le monde, et expliqué comment conscience et connaissance ont peu à peu donné à ce drôle de petit mammifère que nous sommes des traits comportementaux que l’on n’avait pas encore vus poindre le long des 4 milliards d’années d’histoire de la vie et qui sont le libre
arbitre et la liberté, la responsabilité et la dignité. » Y. C.Au travers de ses propres Mémoires, et à la
lumière des découvertes les plus fondamentales qui ont rythmé sa vie, ce sont, en quelque sorte, les Mémoires de l’humanité que nous restitue ici Yves Coppens, conjuguant le savoir du scientifique, son humanité et le talent de l’écrivain. Présentation du livre

 
 

Innovation et société

Le cas de l’école, Françoise CROS, Iste éditions, coll. « Innovation, entrepreunariat et gestion » vol. 11, 188 pages, octobre 2017
L’innovation, terme marqueur des évolutions de nos sociétés occidentales, vénérée au cours des deux derniers siècles, n’a pas toujours été historiquement considérée
positivement. Cet ouvrage fait le point sur les significations engendrées par l’innovation, notamment par l’innovation sociale, nettement distincte de l’innovation technologique. En effet, les transformations sociétales traduisent, à travers l’innovation sociale, les réponses apportées à la nouveauté, à son investissement, à ses valeurs et à ses impacts. Si l’innovation sociale en général a produit de nombreux ouvrages en sciences sociales, l’innovation à l’école, à laquelle elle appartient, n’a pas eu cette faveur et a souvent pris l’aspect d’une description de l’action innovante, sans en dégager une théorisation de compréhension des enjeux, des processus et des instrumentalisations, notamment dans les politiques de pilotage des systèmes éducatifs. L’innovation à l’école méritait donc d’être considérée comme un
objet d’attention à part entière. Cet ouvrage traite de la question grâce à une théorisation qui présente l’évolution de l’école. Présentation du livre

 
 

L’Envers de Flins
Une féministe révolutionnaire à l’atelier, Fabienne Lauret, éditions Syllepse, Coll. « Les années 68 », 300 p., 2018

Le mai 1972, Fabienne Lauret est embauchée à l’atelier couture de Renault-Flins. Issue
de la génération de Mai 68, membre du groupe Révolution !, elle est une établie, comme on appelle ces jeunes militant·es qui entraient en usine pour changer le monde. Loin des clichés habituels, elle nous raconte la condition ouvrière moderne, la souffrance au travail, l’exploitation quotidienne. Féministe, elle est plus particulièrement sensible à la condition des ouvrières et au sexisme dont elles sont victimes, tant de la part de leurs collègues ouvriers que de la direction patronale. La bataille qu’elle mène avec détermination est longue, rude et exige une infinie patience. Militante CFDT, puis déléguée syndicale, elle anime ses premières grèves. Indissociables de son parcours professionnel, ses activités syndicales nous plongent au cœur des fortes luttes sociales qui ont secoué l’usine de Flins. Élue au comité d’entreprise, puis salariée de celui-ci, elle participe au développement d’une autre conception de cette institution sociale, qui heurte les conservatismes de la direction syndicale qui succède à la CFDT et qui utilise contre elle les méthodes patronales les plus éculées. L’Envers de Flins, parcours de vie, parcours de lutte, est aussi le témoignage vivant et fort d’une féministe ouvrière qui n’a jamais renoncé à transformer le monde.

 
 

Emanciper

Une visée émancipatrice de l’éducation a-t-elle toute – sa place à l’école de la République? Sous la dir. de Céline Chauvigné, Préface de Michel Fabre, Postface de Roger Monjo, l’Haramattan, Coll. Evaluer, 118 pages, 2018
Émanciper et/ou intégrer,instruire, former, éduquer telles sont les grandes questions qui entourent l’École. Les auteurs de cet ouvrage interrogent leur possible articulation dans
le domaine des apprentissages scolaires, des pratiques citoyennes et de l’évaluation des élèves tout au long de leur parcours. Jusqu’où ces formes d’éducation permettent-elles un processus d’émancipation des élèves ? Céline Chauvigné est maître de conférences en sciences de l’éducation à l’École supérieure du professorat et de l’éducation et chercheur titulaire du Centre de recherche en éducation de l’Université de Nantes. Présentation du livre

 
 

Revues

 

Enseigner la programmation informatique 

Le 27ème numéro 27 des Notes du CREN (Centre de Recherche en Éducation de Nantes) interrogent : « Enseigner la programmation informatique : comment réagissent les professeurs des écoles ? »
Depuis la rentrée 2016, les professeurs des écoles doivent initier les élèves à la programmation informatique. Comment les enseignants perçoivent-ils cet enseignement ? Ont-ils rencontré des difficultés pour le mettre en œuvre ? Le CREN et le LS2N ont effectué une recherche auprès de 578 professeurs des écoles. Les premiers résultats de cette recherche montrent que 45% d’entre eux
n’ont pas réalisé cet enseignement au cours de l’année scolaire 2016/2017. Présentation du n°

 
 

Enseigner par cycles

CRAP, Cahiers Pédagogiques, n° 543
La réécriture des programmes de l’école obligatoire réaffirme de façon explicite la notion de cycle dans le parcours de l’élève, mise en place dès la loi d’orientation de 1989. Cela change vraiment les objectifs et les conceptions des enseignements et donc interpelle les enseignants au cœur de leur pratique de classe. Présentation du n°

 
 

La formation, pensée et action
Ceméa, Les cahiers de l’Animation, n° 101
En BPJEPS, en stage Bafa, en Auvergne, en Occitanie ou ailleurs, en séjour de vacances, à l’école, c’est chaque fois l’occasion de vivre des nouveautés aux mille éclats. Certaines éblouissent et font changer, d’autres écorchent les habitudes d’un chez soi qui rassure mais fige aussi, et font réfléchir. La formation, ça remue le corps et l’esprit,. ça agite l’idée d’agir, ça sollicite, ça incite, ça invite à se lancer des défis et à les relever sans cesse. et ça installe comme un sentiment d’aventure dans la pensée et dans le geste. Présentation du n°

 
 

Lever les empêchements…

ICEM-pédagogie Freinet, Le Nouvel Éducateur, n° 236
Les empêchements auxquels les enfants sont confrontés sont de plus en plus présents dans notre quotidien d’enseignant, et plus largement d’éducateur. Ces freins à l’apprentissage résultent, entre autres, des conditions de vie de nos élèves, des faibles possibilités qu’ils rencontrent de s’en sortir quand ils sont nés au mauvais endroit ou dans des familles en difficulté ou en souffrance ; ils sont en lien avec le manque honteux de structures de soins, et avec l’injonction émise par nos institutions de résultats à court terme. Ce numéro avance des pistes de réflexion et des ébauches de propositions, sachant qu’une des réponses
principales à ces empêchements, pas forcément visibles dans le comportement des élèves, réside dans une prise en compte sensible des personnes qu’on nous a confiées et dans la puissance du travail inhérente à la pédagogie Freinet. Présentation du n°

 
 

Regards sur la mobilité internationale des jeunes d’outre-mer

INJEP, Cahiers de l’action  n°49
Dans les territoires ultramarins, la mobilité est ancienne, complexe, faite de mouvements
d’immigration et d’émigration. Ces mobilités sont subies, refusées, voulues, selon les territoires, les temporalités et les populations qu’elles concernent.
Dans ce contexte, comment appréhender les mobilités des jeunes ultramarins et les actions des professionnels de jeunesse dans ce champ ? Quelles en sont les particularités et comment sont-elles vécues ? En s’appuyant sur des cas et des territoires spécifiques (La Réunion, la Guyane, la Martinique,
Mayotte), ce numéro propose d’apporter un éclairage sur la mobilisation d’outils et de dispositifs de mobilité internationale tant du point de vue des professionnels que des jeunes. Comment les dispositifs pensés en métropole et en Europe peuvent-ils s’appliquer dans des territoires caractérisés par
l’éloignement géographique avec les lieux de décision ? Présentation du n°

 
 

Ecriture numérique : la conversion du littéraire

Français Aujourd’hui, n° 200
Le français aujourd’hui interroge la conversion par le numérique de la culture scolaire, en matière d’écriture et d’écriture littéraire en particulier. Il s’agit de voir quelle peut être l’incidence de l’insertion du numérique de l’école à l’université sur les démarches et dispositifs d’écriture, les formats et les genres pratiqués. Ce numéro envisage la manière dont le choix de travailler dans la classe, au développement d’une littéracie numérique générative ou encore à l’apprentissage d’activités numériques d’écriture littéraire, conduit à des modifications des démarches habituelles d’enseignement-apprentissage de la production d’écrits. C’est donc à la manière dont la culture numérique, au sens le plus ambitieux de « processus civilisateur », revisite la culture scolaire de l’écriture aboutie que la revue s’attache, en tentant de mesurer un état présent des représentations du littéraire rapportées dans les pratiques scolaires et universitaires. Présentation du n°

 
 

Mathématiques et interdisciplinarité

APMEP, n° 525-526
Le bulletin vert nous propose un dossier interdisciplinarité, dont l’objectif du premier texte est d’analyser la complexité épistémologique et institutionnelle de tout projet interdisciplinaire, insistant sur la dimension dépaysement et sur la nécessité d’une relation ouverte, permettant le reconnaissance de ce que l’autre sait et sait faire. Interdisciplinarité et maths : outil ? leurre ? discipline de service ? Les articles interrogent le principe même d’activités interdisciplinaires ainsi que leurs modalités au collège et au lycée, mais également dans la formation universitaire. Présentation du n°

 
 

A propos d’Ecole : des paroles d’experts et quelques certitudes…

OCCE, Animation et Education, n°262
A&E propose une rétrospective partielle des dix dernières années ; vous trouvez dans ce numéro des articles parus depuis 2008 dans différentes rubriques et dossiers. Un retour arrière pour trouver ou retrouver quelques repères pédagogiques. Marie Duru-Bellat, à propos des fonctions de l’éducation ouvre le propos. Elle y déplore « la méritocratie qui distille un climat de compétition au sein de l’école obligatoire ». Lui fait écho un article reprenant l’apport de Viviane Bouysse, permettant de comprendre l’intérêt de la coopération pour les adultes et les enfants au sein de l’Ecole. Vient ensuite une réflexion de Philippe Meirieu sur le « faire ensemble »  et un article reprenant les travaux de Michel Develay nous dit combien l’interdisciplinarité est « incontournable ». Les déclarations de ces quatre personnalités soutiennent l’idée de mener des actions collectives, permettent d’affirmer l’intérêt des liances disciplinaires pour aborder la complexité du monde, à
hauteur d’enfants. Les articles sélectionnés sont le reflet de quelques questions éducatives majeures qui se sont posées ces dix dernières années et qui restent vives aujourd’hui pour aborder des concepts ensemble, avec les élèves. Présentation du n°

 
 

La Plaine : Récits de travailleurs du productivisme agricole, Gatien ELIE

Gatien Elie, adhérent du GFEN et membre du Bureau National publie…
 
éditions Amsterdam 156 p, mars 2018, 12 €


Dans la plaine de la Beauce, région spécialisée dans la céréaliculture intensive, la modernité technicienne n’admet guère de critiques. Nuisances industrielles, surcharge de travail, endettement, maladies professionnelles : rien n’y fait. Dépossédés de leur métier, les agriculteurs continuent néanmoins, consentants ou résignés, à faire le pari du progrès. Alternant portraits de chefs d’exploitation et chapitres analytiques, ce récit éclaire d’un jour nouveau l’engrenage productiviste. Des exploitations agricoles aux réunions syndicales, des agences bancaires aux coopératives de semences, des formations techniques aux salons agricoles, La Plaine est une enquête sociale sur le consentement des travailleurs du productivisme et sur les forces sociales de l’inertie politique.

 

Vendredi 6 avril 2018, 19h30, à la librairie Folies d’encre à Saint-Ouen (métro Garibaldi)

Rencontre débat avec Gatien Elie, géographe, en présence également d’Allan Popelard directeur de cette nouvelle collection « l’ordinaire du capital » : une collection de documentaires littéraires.
Dédiée à la critique de la vie quotidienne, elle décrit comment le capitalisme, à travers la production, la
consommation, la circulation et la territorialisation du capital, organise et conforme l’ordinaire des sociétés.

Journal de l’alpha 208 : les conflits

Le journal de l’ALPHA est le périodique de LIre et Ecrire (Wallonie-Bruxelles). Il se propose d’aborder la notion de conflit au coeur des dynamiques d’alphabétisation populaire.

Maria-Alice Médioni (secteur Langues du GFEN) et Michel Neumayer (GFEN Provence) y ont écrit chacun un article.
  • Faire du conflit un levier pour l’apprentissage pour Maria-Alice Médioni. p.64 lire
  • Opposant ? Adjuvant ? Du conflit comme trésor pour le pédagogue pour Michel Neunayer. p11 lire