Retour sur le stage de création du GFEN Arts plastiques 23 septembre 2020 Valérie Pinton Créer, Penser les processus de création Stage de création du GFEN Arts plastiques, recherche et création du mardi 18 août au dimanche 23 août 2020 Deux jours de préparation qui permettent à toutes de participer à l’élaboration collective du stage et cinq jours de stage à Saint-Denis. L’importance de ces deux jours s’est encore confirmée lors de cette semaine. 18 personnes présentes, certaines sur tout le stage, d’autres sur un ou plusieurs jours. Un stage énergique avec démarches créées pour cette occasion, dont une déambulation artistique dans Saint-Denis et une exposition avec création orale sur l’exposition. Quelques photos pour donner à voir le travail et les productions.
Stage poésie écriture GFEN dans les Vosges, 24-28 octobre 10 septembre 2020 Valérie Pinton Qu’est ce qui se fabrique dans les brèches ? Stage poésie écriture proposé par le collectif GFEN Seine et Vosges du 24 au 28 octobre 2020, dans les Vosges Ce stage s’adresse à tous ceux ou celles que la création interroge, inquiète, attire. Ce stage s’adresse à tous, car nous sommes tous capables de nous découvrir en train de créer, d’ouvrir des brèches et d’en faire émerger des mystères. Depuis une poignée d’années, un collectif s’est créé au sein du secteur Poésie & Ecriture du GFEN. Issu de la rencontre de deux associations : La Langue de Travers (88) et Ôdébi (77), ce collectif se nourrit d’échanges et de rencontres, de projets et de débats. Pendant le confinement, les liens se sont renforcés, les projets ont mûri et notamment celui d’élargir la rencontre et, pour cela, de proposer un stage en cette année si particulière, comme un défi à relever, une invitation à contribuer à l’invention de cet autre monde possible grâce aux ressorts de la création. Parce que, pour nous, écrire n’est ni « la cerise sur le gâteau » ni le baume apaisant pour une société malade. Parce qu’écrire est un formidable levier d’émancipation. Ce stage vous est proposé comme un lieu d’invention, un laboratoire d’indocilité. Un lieu où chacun pourra dire ce qu’il a à dire, où chacun sera libre d’être étonné par l’autre, par les mots et leur surgissement, où chacun prendra le temps du choix, de la trou-vaille, de l’insoumission, de la liberté. Héritier de plus de cinquante ans de recherche sur la question des ateliers d’écriture, le Secteur Poésie & Ecriture du GFEN continue l’aventure. Programme et informations pratiques
Journée pédagogique « Tous partenaires autour de l’école », 10 octobre, Dôle 9 septembre 2020 Valérie Pinton Journée pédagogique « Tous partenaires autour de l’école, des enfants et des jeunes. La coopération au service de la coéducation » Samedi 10 octobre 2020, 9h-15h45, Lycée Nodier, Dôle Journée organisée par l’office central de la coopération à l’école, en partenariat avec le GFEN Franche-Comté, le CLEMI et ATD Quart-Monde. – Présentation – Programme
Semaine studieuse pour le CAPE à Lisbonne 20 février 2020 Valérie Pinton Le séjour Mobilité du CAPE vient de se terminer. Nous vous proposons de faire mieux connaissance avec cette ville dans un premier temps, puis de revenir sur les différentes rencontres que nous avons pu faire dans les quartiers difficiles. Jacqueline Bonnard et Isabelle Lardon représentaient le GFEN au sein du groupe emmené par les CEMÉA avec 9 autres associations : le CRAP-Cahiers pédagogiques – EEDF Éclaireurs et éclaireuses de France – E&D Education & devenir – la FESPI établissements publics innovants – FORESCO réseau des échanges de savoirs – les Francas – la Ligue de l’enseignement – l’OCCE coopération à l’école et les PEP Pupilles de l’enseignement public. Logé-e-s en centre-ville, nous nous sommes largement déplacé-e-s dans les territoires éducatifs d’éducation prioritaire (TEIP), là où des associations oeuvrent au quotidien pour les enfants, les jeunes et les familles. Les projets s’y construisent avec une forte participation des habitants. Rien ne se décide sans eux et de ce point de vue, l’exemple portugais est intéressant. Nous reviendrons largement sur ces belles rencontres et vous invitons à suivre nos travaux : sur le site du GFEN sur le blog dédié au séjour 1/ Découvrir la ville et ses emblèmes Lisbonne est une capitale à taille humaine où il fait bon vivre, où tous les déplacements se font d’un coup de métro, de tram ou à pied. On y croise très peu de vélos car les pentes sont raides mais des escaliers, des ascenseurs et maintenant des escalators en plein air pour grimper dans les quartiers hauts.De nombreux touristes remplissaient les rues en cette fin de février. Il faut dire qu’il faisait un temps splendide et que la fête de carnaval (jour de mardi-gras) battait son plein – ceci expliquant sans doute cela. Nous vous proposons de faire mieux connaissance avec les emblèmes de Lisbonne que sont les vieux trams, les « calades » et les « azulejos ». Le tram à Lisboa Les calades Les azulejos 2 /Le système éducatif portugais Entrons dans le vif du sujet et voyons comment les écoles fonctionnent au Portugal. Nous avons eu la chance d’être reçus dans une école du 1er degré, équivalent d’une école élémentaire en France et dans une école des 2nd et 3ème degrés, équivalent d’un « collège ». Ces deux établissements étaient situés dans un TEIP = territoire éducatif d’intervention prioritaire. Nous avons pu nous rendre compte comment les établissement travaillent à faire participer les élèves et les parents à leurs projets et à collaborer avec les « animateurs » du centre de loisirs installé dans l’école. Lire le compte rendu de ces rencontres avec une élue municipale à l’école et la directrice adjointe du collège : Une école du 1er cycle et un centre de loisirs Une école du 2ème et 3ème cycles ambitieuse pour ses jeunes Pour en savoir plus sur le système éducatif portugais Des partenaires du CAPE en séjour Mobilité à Lisbonne Le projet Mobilité du 23 au 28 février2020 à Lisbonne répond aux intentions et objectifs suivants : Mieux comprendre comment se vit, comment s’exerce la complémentarité entre Ecole et périscolaire dans le système éducatif portugais : place et rôle des acteurs agissant hors école (associations, …) dans l’éducation des enfants et des jeunes, nature des liens entre institution scolaire et acteurs hors école, les enjeux d’une éducation globale, les dynamiques de partenariat à l’échelle d’un territoire (quartier, ville,…), le rôle des collectivités dans la conduite de projet éducatif de territoire, la place des familles, etc. Mieux connaître les processus et dynamiques relatifs à la formation des enseignants : quel parcours, quels contenus, de formation initiale et continue, le déroulé de la formation initiale, place des acteurs associatifs dans le parcours de formation des enseignants, etc. Mais au-delà des enseignants, quelle formation des acteurs éducatifs (animateurs, éducateurs, …). y a-t-il des espaces communs de formation? Sur quels enjeux, quels objets… Commun ces acteurs de l’éducation se connaissent-ils, comment apprennent-ils à travailler ensemble, … Des visites, des rencontres organisées par le CLUBE Intercultural structureront notre programme de travail. Nous préparons également un temps de rencontre et d’échanges avec des acteurs portugais pour confronter nos analyses, présenter nos pratiques et réfléchir ensemble sur les enjeux éducatifs de nos deux pays (similitudes, différences,…). Les 10 associations représentées sont,en plus du GFEN : les CEMEA, les PEP, les Francas, La Ligue de l’enseignement, la FESPI, le CRAP, l’OCCE, E&D, EEDF.
Diaporama des 12èmes Rencontres Maternelle 10 février 2020 Valérie Pinton Paris, 25 janvier 2020 Travailler ensemble pour travailler mieux à faire réussir tous les enfants – Interroger la coopération entre adultes à l’école maternelle sont les problématiques qui ont été déclinées. Cette journée a réuni 150 participant.es à la bourse du travail. Patrick Picard nous avait montré la voie au Forum de l’école maternelle de novembre 2018 pour sortir de « l’inter-incompréhension » et pointer les difficultés de « l’intermétier ». A quelles conditions cette coopération peut-elle se penser dans une écoute mutuelle et le respect des prérogatives de chacun ? Comment prendre conscience des dilemmes des métiers et les dépasser ? Comment ajuster ses gestes professionnels à ceux de l’autre, dans des espaces partagés ? Comment parvenir à mettre en place des collectifs qui s’emparent de ces questions ? Les conférences de Serge Thomazet et Marc Bablet ont explicité les conditions pour prendre soin de la dimension collective du travail. Les ateliers ont permis de réfléchir à : travailler ensemble entre enseignants pour favoriser les apprentissages ; entre enseignants et ATSEM pour une continuité éducative ; entre enseignants et AESH pour aider et accompagner les élèves handicapés ; entre enseignants et éducateurs de jeunes enfants pour construire des passerelles entre les espaces ; travailler avec les familles pour créer des relations constructives… Le diaporama ci-dessous passe en revue les différents temps de ces rencontres. Photos Isabelle Lardon Télécharger le diaporama de la conférence d’ouverture Télécharger les actes des rencontres
Stage Sud Education Guyane, journal de bord des intervenants GFEN 29 janvier 2020 Valérie Pinton Stage Sud Education Guyane « Éducation Populaire et Pédagogies Émancipatrices » 28 janvier 2020 Ça y est, les choses sérieuses ont commencé ! Cela fait maintenant 5 ans que le GFEN est invité par le syndicat pour concevoir, co-construire et co-animer un stage pédagogique, qui s’intitule cette année « éducation populaire et pédagogie émancipatrice ». L’enjeu de ce stage est d’interroger les rapports de domination, dans et hors de l’école. Déjà 60 inscrit.es pour Cayenne et une vingtaine pour Saint-Laurent du Maroni. Comme d’habitude pourrions-nous dire, tant cette formation est attendue par les collègues de Guyane. Nombreux sont, en effet, les témoignages de celles et ceux qui trouvent dans ces rencontres un moment de respiration individuelle, l’occasion de mettre en question leurs pratiques et d’oser dire les obstacles rencontrés depuis le dernier stage, enfin redonner sens collectivement à un métier de plus en plus cantonné à des tâches d’exécution par l’administration. L’accueil des camarades du syndicat est, cela va sans dire, à la hauteur de nos attentes. Cette année il y a encore de l’inédit, faisant de cette dynamique pluri annuelle une démarche en soi. Côté animation, Gatien a préparé avec Claire, prof doc de Saint-Laurent, une adaptation de sa démarche « Développement durable, développement impossible ? » pour permettre aux militant.es du syndicat de s’emparer de la problématique de la Montagne d’or, projet d’aménagement d’une mine d’or industrielle contesté par les Amérindiens et une partie des Créoles et des « Métro ». Julian, lui aussi nouveau venu, membre d’une association de Rhône-Alpes, la Coopérative Citoyenne, et contacté lors de l’Université d’été des profs en lutte à Vincennes en septembre dernier, propose des ateliers d’éducation populaire, pour déconstruire concrètement les rapports de domination et susciter du pouvoir d’agir. Quant à moi, la commande m’a été faite de croiser les processus historiques de colonisation à Madagascar et en Guyane, avec comme problématique actuelle : qu’est-ce qu’être Guyanais.e aujourd’hui ? Autrement dit interroger les rapports sociaux ici et maintenant, pour mieux les transformer. Obligé donc de réinvestir de manière créative des démarches emblématiques du GFEN. L’avantage d’être accompagné par un géographe passionné ? Observer avec un œil neuf un territoire parcouru les autres années. Nous avons pu ainsi (re)découvrir la canopée aux alentours de Cacao, un village Hmong, du nom de ce peuple laotien qui avait collaboré avec le colonisateur français puis l’armée américaine pendant les guerres du Vietnam et qui s’est réfugié ici, dans un confetti de l’Empire colonial. Nous avons parcouru les rues de Cayenne et inventorié les vestiges de cette ancienne colonie esclavagiste et pénitentiaire : la place du coq où se situait le marché aux esclaves, le fort Cépérou dont la symbolique est contradictoire (héros de la résistance amérindienne ou signataire d’un traité officialisant l’occupation française), l’hôpital colonial, dont les bâtiments se décomposent lentement dans l’attente d’un hypothétique musée des cultures guyanaises, les monuments commémoratifs dont l’austérité pèse sur l’atmosphère de la ville. Le front de mer lui n’a rien de paradisiaque, la ville est tournée vers les terres, et pour cause : l’envasement cyclique de la côte produit un milieu idéal pour les aigrettes et les palétuviers, impraticable pour les touristes. Nous avons pu mesurer, en outre, l’emprise spatiale de l’armée jusqu’au cœur de la ville, attestant du rôle géostratégique de la Guyane actuelle. Et quelle n’a pas été notre surprise quand, au détour d’un virage sur la route des plages, s’étalait devant nous un amas de tôles signalant la destruction radicale d’un bidonville haïtien, spéculation foncière et campagne électorale obligent. La société guyanaise est très hiérarchisée et clivée, les plus dévalorisé.es étant les descendant.es de la première révolution noire des Caraïbes. Allez ! On vous laisse, on a des photocopies à faire. Pascal Diard et Gatien Elie à la rédaction 30 janvier 2020 Depuis hier et encore aujourd’hui, les choses sérieuses ont commencé. Les stagiaires sont arrivés, tous niveaux confondus, de la maternelle au lycée professionnel, en passant par les IME et les RASED. Mais aussi dans tous les états psychologiques possibles et imaginables, certaines des anciennes participantes projetant de démissionner, d’autres pensant que leurs élèves ne sont pas capables, d’autres démunies face aux injonctions contradictoires et/ou aux missions au premier abord insensées (comme enseigner la laïcité et la politique de défense de la France à des Améridiens). Et pourtant beaucoup nous disent qu’ils viennent à ce stage pour (re)prendre un bol d’air, qu’ils et elles ont entendu parler de ce stage en bien, d’où leur présence. Beaucoup, enfin, ne cessent de nous remercier une fois les ateliers terminés. C’est dans cette ambiance contradictoire que nous prenons énormément de plaisir à partager nos valeurs et nos pratiques. Et que nous discutons à bâtons rompus, matin, midi et soir : pour poursuivre la réflexion engagée dans les ateliers, pour faire entre nous le retour sur ce qui s’est passé dans ces mêmes ateliers, pour modifier au dernier moment les étapes d’une démarche en cours d’invention. Du côté de Pascal, obliger de faire vivre des démarches présentées les autres années pour les nouvelles têtes, mais dans une dynamique renouvelée pour ne pas laisser tomber les anciennes. Car certaines collègues ont essayé depuis et se posent alors de nouvelles questions, nous font part des obstacles rencontrés (Pourquoi, par exemple, les textes recréés qui réussissaient les années passées, ne réussissent plus cette année ? Jusqu’où remettre en question ses propres pratiques et sur quel point en particulier ?). Et voilà qu’est décidé de mener un texte recréé particulièrement difficile (« Minerai noir » de René Depestre) pour mieux réfléchir à ce qui fait un texte résistant. De même, est proposé un nouveau texte à une lecture à questions préalables pour déconstruire l’idéologie coloniale sur l’indigène. Les questions ont alors été soumises au regard critique des participant.es. Demain, Gatien vous racontera plus en détail la coopération inédite entre Cayenne et Créteil autour de la Montagne d’or. C’est tout pour aujourd’hui. Il est temps pour nous d’aller manger en compagnie des ami.es qui font tout pour nous faciliter ce « trop bien », « trop génial » séjour (Gatien dixit). Pascal et Gatien à la rédaction 31 janvier / 2 février La troisième et dernière journée de stage s’est terminée avec la même intensité que les jours précédents. Pour Gatien et Claire, l’atelier a rencontré un certain succès ! Les stagiaires, pourtant non géographes, ont produit des cartes de grande qualité, exprimant des visions parfois complémentaires, parfois contradictoires d’un même espace. Et pour cause : repartis en petits groupe, les stagiaires incarnaient des acteurs impliqués dans le creusement d’une mine d’or industrielle très controversée, située dans la région de Saint-Laurent du Maroni. Le conflit est alors apparu comme évident pour chacun et inévitable entre les petits groupes. Une fois outillés pour débattre, ils étaient en mesure de (re)jouer le débat organisé par la CNDP (Commission nationale du débat public) en Guyane d’avril à juillet 2018. L’analyse d’extraits de discours médiatiques sur le sujet, grâce à une grille de lecture élaborée avec les stagiaires (qui parle à qui ? quelle est la situation d’énonciation ? quels sont les arguments ? Quels sont les « éléments de langage » ? (…) nous a permis enfin, stagiaires comme formateurs, d’analyser finement les stratégies de communication des uns et des autres. Beaucoup de stagiaires nous ont fait part de leur volonté de réutiliser ces outils, y compris dans des disciplines qui pourraient sembler très éloignées de la géographie : arts plastiques, mathématiques, et même EPS… Pour la deuxième partie du stage à Saint-Laurent, c’est Claire qui animera seule la démarche car Gatien rentre à Paris ! Du côté de Pascal, l’atelier d’écriture a suscité des résistances fortes, en écho à ce qui empêche d’écrire soi-même (« Je ne suis pas aussi talentueuse que les autres »), à ce qui empêche de faire écrire les élèves (« Ils ne maîtrisent pas le français »), à ce qui bouscule en situation (« Y en a marre de parler encore de la colonisation », « En quoi Madagascar nous parle de la Guyane ? »). L’idée était, en effet, de faciliter l’écriture autour du thème de l’émancipation en partant d’un texte de Gallieni sur la pacification de Madagascar en 1898, puis de poursuivre par l’écriture de textes autour du mot « émancipation » et de ses pôles idéels et matériels. En définitive, cet atelier s’est transformé en atelier d’émancipation : les premières réticences, une fois exprimées, ont suscité débat et controverses, interrompant un temps l’atelier tel qu’il avait été conçu (le 1er texte écrit en réaction ayant été lu par 12 stagiaires sur 15) ; puis, dans la dernière heure, un autre texte a été écrit en reprenant les outils de Gianni Rodari, ce qui a permis de partager des titres de textes possibles (comme « Emincé de femme », « La rébellion du ciment », « Manger maman » ou encore « s’affranchir de la constipation »). A part une stagiaire qui est partie à ce moment-là de l’atelier sans dire pourquoi, tout le monde a écrit. Et surtout tout le monde a dit comment elle/il avait fait pour écrire : « Je me suis autorisée à changer de sujet », « le titre aide à imaginer le contenu », « d’avoir brisé plusieurs glaces et de travailler ensemble nous a aidés à sortir du formatage », « le travail de confiance dans le groupe et l’humour des titres », « partir du choix et des mots des autres », « les rapports contradictoires entre ce que je m’interdis et ce que je pense pouvoir m’autoriser ». C’est cette double exigence, changer son rapport à l’écriture en produisant un texte à afficher sur les murs de la salle et formuler ce qui s’est joué pour finir dans l’atelier, tenue jusqu’au bout par l’animateur qui a sans doute permis le succès de cet atelier. Mais à quel prix ? Au prix de l’émancipation choisie, à l’opposé antagonique de la soumission volontaire ! Choix en dernière instance individuel, mais facilité par les conditions de mise en place du collectif … ou pas ! Nous parlerons plus tard et plus en détail, plongés dans la forêt des alentours de Saint-Laurent du Maroni, des ateliers proposés par Julian, le co-animateur de ce stage avec qui nous prenons beaucoup de plaisir à travailler de concert coopératif. Entre les 2 formations nous logeons à Kourou chez une militante Sud et son compagnon amérindien, rencontré sur les ronds-points du mouvement guyanais de 2017. La visite du Centre Spatial Guyanais nous a fait plonger dans l’univers militaro-industriel, version conquête de l’espace : un terrain grand comme 7 fois Paris (700 km2) entouré de réseaux de fils barbelés impressionnants ; des installations au service de « clients », mot plusieurs fois répété par nos 2 guides très professionnelles et accessibles à toutes les questions, et qui indique bien à quel point l’espace est devenu un marché, au point de remplacer le lanceur Ariane 5 (« fiable mais trop coûteux ») par Ariane 6 (moins coûteux donc, mais sera-t-il aussi fiable ? Et selon quels critères de fiabilité ?) ; une apparence de coopération avec les Russes qui, de fait, combine concurrence à l’encontre des Etats-Unis et farouche conservation des secrets industriels de chaque « collaborateurs ». La ville de Kourou est à l’image de cette installation coloniale : ville nouvelle construite à partir de la spoliation des terres amérindiennes, constructions urbaines à l’image de la hiérarchie sociale, et le prétexte de la culture et de l’écologie pour lisser tout cela (sur le terrain du Centre Spatial, il est interdit de chasser, ce qui fait de ce territoire une réserve protectrice de la faune et de la flore guyanaise, mais ailleurs … ?). Et pourtant, sur un rond-point se dresse un poing levé de couleur noire, en souvenir des luttes de 2017. Et pourtant dans un village amérindien proche de Kourou, une grande affiche indique tous les accords de 2017 non respectés par celui qui a été obligé de les signer. Comme quoi la lutte continue ! Pascal et Gatien à la rédaction 3-5 février 2020 Je vous l’avais promis dans le dernier billet : vous parler plus en détail de Julian, notre compagnon d’animation. Les notes que j’ai prises lors de notre dernier entretien essaient de traduire au plus près ses idées et principes. Autrement dit, ce sont quasiment ses mots. Autrement dit c’est sous couvert de son approbation que les mots ont été choisis. D’où vient Julian ? De l’éducation nationale et du militantisme politique ; il conçoit l’éducation populaire comme une éducation politique, rencontre qu’il fait par l’intermédiaire des conférences gesticulées de Franck Lepage, et avec un groupe de militants du Parti de Gauche qui décide de rajeunir le vieux militantisme et d’en imaginer un qui vise à co-élaborer une analyse politique en terme de conscientisation collective. Sachant que les cadres traditionnels des partis politiques sont devenus étroits, il décide avec d’autres de créer une association dédiée, sur statut propre, qui s’appelle « La coopérative citoyenne » et dont le siège social est en Rhône-Alpes (ce qui fait que Julian connaît Colette Charlet). Cela éclaire le fait que Julian ait été sollicité pour animer le stage Sud Education, sachant qu’il a déjà avec ses élèves, expérimenté les ateliers qu’il nous fait vivre. C’est pourtant la première fois qu’on lui offre un moment de distanciation critique par rapport à ce qu’il faisait tout seul dans sa classe. Ce qui a facilité notre coopération, c’est le contenu des ateliers que Julian propose : Inspiré du théâtre de l’opprimé d’Augusto Boal, une première expression d’un collectif possible par un jeu de situation ou de positionnement dans l’espace : le brise-glace en forme d’ un « espace-stop » qui permet à chacun et chacune de mieux se connaître, d’échanger entre eux, de se trouver des affinités et des singularités. Petite histoire/grande histoire : inspiré des travaux de Ricardo Monserrat, écrivain français qui a beaucoup travaillé avec le mouvement ouvrier, dont le principe est de collecter du récit de vie autobiographique et de permettre aux participant.es de constituer une matière pour une analyse sociale collective. On se retrouve ainsi à faire de l’analyse politique alors qu’on ne s’en sentait pas forcément capable. Une séance de découverte du théâtre de l’opprimé : le jeu du pouvoir pour déconstruire les rapports de domination (s’en construire une représentation collective, et distinguer les différentes étapes de conscientisation selon Colette Imbert) ; puis séance de théâtre-image ; enfin expérimentation d’une scénette de théâtre-forum que Julian avait élaboré, il y a 2 ans en Avignon, et qu’il remet sur le tapis, non sans une certaine émotion. L’entrainement mental, méthode pour structurer sa pensée et pour l’organiser en vue d’agir, outil très pertinent pour construire une autodidaxie, fidèle en cela à la théorie du maître ignorant de Jacques Rancière. Une des figures qui a mis au point cette méthode dans le maquis du Vercors c’est Joffre Dumazedier ; aujourd’hui l’association Peuple et Culture la perfectionne. L’arpentage, atelier de lecture collective, pour vaincre le sentiment d’illégitimité quand on se lance avec une certaine crainte dans la lecture d’un ouvrage long et difficile ; le choix du texte est aussi important que surprenant, puisqu’il s’agit d’une interview de Saul Alinsky, activiste américain des années 30 aux années 60, parue dans Playboy en 1972. Pourquoi ce choix ? C’est une figure « oxygénante » pour des syndicalistes qui rament au quotidien pour changer les rapports sociaux. Je conclurai ce billet en deux-trois phrases. C’est donc aussi dans les stages les plus lointains et les plus proches des préoccupations quotidiennes des collègues que se construisent des liens renouvelés entre les différents militants de l’éducation nouvelle et populaire. Et une des choses essentielles qui nous a permis de construire ensemble 2 stages de 3 jours en Guyane, c’est le commun besoin, la commune envie de rattacher au politique, l’un l’éducation populaire, les autres le pédagogique. Notre visée, commune elle aussi ? L’émancipation sociale, individuelle et intellectuelle. Sous peu l’ultime compte-rendu de ce séjour !! Pascal à la rédaction Bilan L’atterrissage est toujours problématique, surtout avec le décalage horaire !! Et pourtant les distances parcourues devraient permettre la distanciation critique, non ? Que retenir donc d’important, pour notre mouvement, de ce 5ème voyage en Guyane française ? C’est d’abord le 5ème stage d’affilé où nous sommes invités par le syndicat, preuve d’une certaine cohérence, car construite sur la durée, aussi bien du côté syndical que du nôtre. L’idée centrale est qu’il ne peut y avoir de révolution sociale sans révolution éducative, sans révolution des sujets participant à cette transformation permanente, qu’ils se pensent surtout enseignant.es et/ou qu’ils se pensent aussi éducatrices et éducateurs. Et, en Guyane, le stage Sud Education est réputé pour être ouverts à toutes et tous (à Saint-Laurent du Maroni, il y avait des non-syndiqué.es, deux de FO, quelques-uns du SNUipp et du SNES ; à Cayenne, il y avait des Créoles, une Haïtienne ; à Kourou, David, le compagnon amérindien de Béatrice, suivait avec attention nos discussions, et trouvait dans nostémoignages de pédagogues engagés un écho aux luttes de 2017 qu’il a contribué à faire vivre) ; mais il est aussi réputé pour être un stage où il se passe des choses intéressantes et bouleversantes, aux dires des nouvelles présences. En outre, le respect par nous de la commande du syndicat, côté contenus, nous a obligé à constamment inventer à partir de ce que le GFEN avait déjà défriché, labouré, engrangé. Cela n’a jamais empêché la confrontation critique, au contraire : j’entends encore Béatrice témoigner à quel point l’intervention de Christine Passerieux, lors du 2ème stage à Cayenne, avait été primordiale pour contrebalancer l’offensive des apôtres de Montessori l’année précédente. Autrement dit, le respect n’est pas mielleux, il est réciproque car bâti sur une commune recherche des possibles transformations de notre métier et de notre rapport à savoir. Une des grandes réussites de cette année a bien été la démarche construite conjointement par Claire et Gatien, autour d’une lutte écologique, politique et sociale, lutte locale à résonance mondiale. Réinvestissement créatif quand tu nous tiens !! Enfin, comme le disait Henri Bassis, l’autogestion se construit d’en bas, et non sur le mode de l’injonction descendante. Et, paradoxe en apparence, il fallait une organisation matérielle et humaine rigoureuse pour faciliter cette autogestion en mouvement dans l’animation des démarches et ateliers. Alors mille mercis et mille bisous à Claire pour sa patience à répondre à toutes nos sollicitations, pour ses visites guidées et sa conduite accompagnée, à Alex et Stéphane, à Ophélia et Marc, à Béatrice et David ainsi qu’à Marie pour leur hébergement solidaire et fort sympathique, à Thomas pour sa persévérance à nous inviter et à nous bousculer, à Philippe, Sébastien, Marion, Elsa pour leurs interventions dans la réussite de cette formation. Sacrée équipe que vous avez là !! A bientôt, car, si j’ai biencompris, l’aventure continue. Pascal Diard
L’école maternelle que nous voulons 2 décembre 2019 Valérie Pinton COMMUNIQUE L’école maternelle que nous voulons Les personnels, les parents et les associations qui constituent la communauté éducative, grands absents des assises ministérielles de mars 2018 ont créé un collectif pour organiser quelques mois plus tard, le 17 novembre 2018, le « Forum de l’école maternelle par celles et ceux qui la font vivre ». Depuis, le groupe, composé de mouvements pédagogiques et d’éducation populaire, syndicats, associations ou collectifs de métiers, continue de travailler sur les problématiques et les enjeux de l’école maternelle et publie une brochure commune. Complémentaires dans nos approches, nous avons fait de nos différences une force pour porter des valeurs et des convictions communes sur l’école maternelle que nous voulons, une école première et primordiale, démocratique et émancipatrice, une école pour tous et toutes. La brochure est disponible au téléchargement sur chacun des sites des organisations. Le 27.11.2019 Les signataires AFEF AGEEM ANCP&AF CEMEA Collectif ATSEM de France Collectif Education 94 CRAP-Cahiers pédagogiques FCPE GFEN ICEM-Pédagogie Freinet SE-UNSA UNSA Territoriaux SGEN-CFDT Interco-CFDT SNUipp-FSU SNUTER-FSU Nous proposons donc à votre lecture ce document de 8 pages à diffuser dans tous vos réseaux. Lire et télécharger la brochure
12e rencontres « Pour que la maternelle fasse école » – 25 janvier 2020, Paris 6 novembre 2019 Valérie Pinton Information LIEU : Rendez-vous à partir de 8h30 à l’annexe Varlin. L’accueil et les conférences auront lieu à l’annexe Varlin de la Bourse du travail, 29 boulevard du Temple, 75011 Paris. Les ateliers se dérouleront eux, au 3 rue du Château d’eau. Voir le plan Programme, inscription (pdf) Affiche Diaporama des Rencontres Télécharger les actes des rencontres Twitter : #GFENMATERNELLE2020 Les conférences Les conférences proposeront de sortir de « l’inter-incompréhension » (Patrick Picard), de pointer les difficultés de « l’intermétier » et faire en sorte de construire « l’école de tous ». Ces deux notions entreront en résonance dans les propos de Serge Thomazet en introduction et Marc Bablet en clôture. Le premier présentera les conditions dans lesquelles l’intermétier peut se mettre en place et les dilemmes que cela demande de dépasser. Le second tentera de montrer, à travers les différents temps de la journée, comment la complémentarité des métiers peut être bénéfique aux apprentissages des enfants les plus éloignés de l’école. Nous vous présentons ci-dessous : Serge Thomazet Marc Bablet Les ateliers Les ateliers déclineront les dilemmes des métiers et les questionnements du travail collectif et de la coopération. Les thématiques sont les suivantes : travailler ensemble 1. entre enseignants pour favoriser les apprentissages 2. entre enseignants et ATSEM pour une continuité éducative 3. entre enseignants et AESH pour aider et accompagner les élèves handicapés 4. avec les familles pour créer des relations constructives 5. entre enseignants et éducateurs de jeunes enfants pour construire des passerelles entre les espaces Les problématiques et les intervenants des ateliers du matin Les problématiques et les intervenants des ateliers de l’après-midi Travailler ensemble pour faire réussir tous les enfants En 2018, nous avons questionné le « métier » ; en 2020, nous allons interroger « l’intermétier », la coopération entre adultes à l’école maternelle. Si la dimension collective du travail et l’organisation de collectifs de travail deviennent de véritables projets partagés, alors elles constituent une réelle opportunité d’efficacité collective au bénéfice des enfants, surtout ceux des milieux populaires. C’est l’engagement du GFEN depuis de longues années de démocratiser l’accès au savoir. Travailler ensemble pour travailler mieux, et ainsi reprendre du pouvoir sur nos métiers et relever le défi de faire réussir tous les enfants. Vous trouverez ci-après : Les intentions qui nous ont animés à travers le texte argumentaire L’ergonomie de la journée dans le dépliant-programme Le descriptif des différents temps et la présentation des différents intervenants (à venir) Nous avons construit cette journée avec de nombreux partenaires : La participation aux frais d’organisation de la journée se monte à 30 € – 20 € pour les adhérents GFEN – Gratuit : étudiant-e-s d’INSPE (sur justificatif) Pour adhérer
La biennale 2019 est terminée. Vive la biennale 2021 ! 5 novembre 2019 Valérie Pinton Du 28 au 31 octobre, s’est déroulée à Poitiers la deuxième biennale internationale de l’Éducation nouvelle, à l’initiative de huit organisations : Ceméa, CRAP, FESPI, GFEN, ICEM, FIceméa, FIMEM, LIEN, rejoints par E&D et OCCE. 350 personnes ont participé aux nombreuses activités proposées : forums des pratiques, débats, tables rondes, conférences et autres activités culturelles. Pour le comité de pilotage, Jean-Luc Cazaillon a remercié à l’ouverture les participant.e.s de Belgique, de Suisse, de Russie, d’Italie, de Haïti, de Tunisie, du Liban, du Canada, du Maroc, de Grèce, de Bulgarie, de Roumanie, de Hongrie, d’Algérie, du Cameroun, des Seychelles, de Côte d’Ivoire, d’Espagne et de France. « Si l’Education nouvelle c’est Gisèle de Failly, Freinet, Cousinet, Claparède, Makarenko, ou encore Decroly, Korczak, c’est aussi Geoffroy, Isabelle, Etiennette, c’est Jean-Michel, Claudio, Oleg, c’est Mounira, Svetlana, Saïda, Tatiana, l’éducation nouvelle c’est nous. Nous héritons d’une histoire importante et il nous faut bien sûr l’accepter et en être dignes. Mais nous sommes aujourd’hui celles et ceux qui construisent l’éducation nouvelle ! » Jacqueline Bonnard, au moment de la clôture, a souligné le « climat serein et convivial, [dans lequel] chacun et chacune a pu découvrir pendant ces quatre jours la diversité et la pluralité des pratiques, des réflexions et des projets de chaque mouvement, le tout enrichi par la mixité pluriculturelle et internationale… C’est dans un sérieux impressionnant et en confiance que les échanges, les «disputes» et confrontations de points de vue ont eu lieu. » Nous proposons à votre lecture l’intégralité des propos d’ouverture et de clôture ainsi que le diaporama de quelques moments-clés de cette biennale Maintenant quelles perspectives ? Tournons-nous vers 2021 qui sera l’année du centenaire du congrès de Calais au cours duquel La ligue Internationale de l’Éducation nouvelle a été fondée. « Faisons émerger ces paradis enfouis, moteurs de nos rêves, pour ouvrir le monde des possibles vers une émancipation individuelle et collective. » Si vous voulez voir ou revoir tous les moments, nous vous invitons à aller sur le site de la biennale. Vous pouvez également lire les échos des échanges sur le site du CRAP Et rendez-vous en 2021 ! Isabelle Lardon Photos ©IL
Reportage des 12è Rencontres nationales d’Education du GFEN 16 octobre 2019 Valérie Pinton « Dans et hors l’école » Samedi 12 octobre 2019 | Besançon Les « méthodes » à l’épreuve des finalités OUVERTURE Pascale Billerey, du GFEN25, accueille les participant.e.s dans les locaux de l’INSPE pour des rencontres décentralisées pour la première fois à Besançon, ce samedi matin où le soleil brille sur les boucles du Doubs. Elle précise les intentions des organisateurs de la journée, contenues dans le dépliant-programme. On assiste actuellement au retour des « bonnes vieilles méthodes », repeintes aux couleurs des neurosciences qui, parait-il, « ont fait leurs preuves ». On instrumentalise ces recherches et on attend toujours les preuves de la réussite réelle de tous, dans des apprentissages toujours plus ambitieux, qui ne se satisfont pas d’un entraînement mécanique et répétitif visant la maîtrise de simples procédures. Il s’agit aujourd’hui de former chacun.e à comprendre, débattre, utiliser l’écrit avec facilité, développer la curiosité intellectuelle, l’esprit critique et l’ouverture aux autres. Et toutes les méthodes ne se valent pas… Tout au long de la journée, les interventions et les ateliers vont apporter des réflexions et des pratiques comme autant de « preuves » qu’on peut faire entrer les sujets apprenants, enfants et adultes, dans la complexité du monde. EXPOSES Le premier est fait par Michel Henry, administrateur de l’Union rationaliste, ancien professeur de mathématiques et toujours membre de l’IREM de Franche Comté, compagnon de route du GFEN. Il ne s’agit pas pour lui de dénigrer les avancées des neurosciences mais bien de dénoncer l’exploitation abusive de cette théorie par Jean Michel Blanquer, Stanislas Dehaene et le CSEN (Conseil scientifique de l’éducation nationale). Pour ce faire, il va s’appuyer sur de nombreuses références bibliographiques et en particulier, sur l’ouvrage « Neuropédagogie, le cerveau au centre de l’école » de Michel Blais, historien des sciences et Christian Laval, sociologue. Il emprunte d’ailleurs le titre de sa contribution à la partie écrite par ce dernier : « Le virage neuronal de l’Education ». « Cet ouvrage petit par sa dimension, mais grand par son projet entend démystifier et dénoncer une campagne idéologique qui nous ramène des dizaines d’années en arrière, à l’époque où l’on prétendait que les enfants sont doués ou non doués de naissance. » M. Henry donne de multiples citations qui éclairent les prétentions de ce « nouvel obscurantisme » et montre que « les hypothèses sur les implications pédagogiques des analyses des imageries cérébrales sont considérées comme des conclusions issues de travaux scientifiques, sans qu’aucune justification ne soit avancée. ». Ensuite il trace l’évolution des conceptions qui conduisent à considérer le cerveau comme un ordinateur muni d’algorithmes en citant Michel Blais : « Il serait temps de se rappeler qu’un homme vivant, vous et nous, n’est jamais réductible à un nombre, à une fiche, à un code ou à un algorithme…. La « science » devient alors une idéologie pouvant servir à toutes les manipulations ». Cette lecture, revigorante, de M. Henry donne d’emblée la teneur des travaux de la journée. Le deuxième exposé est intitulé « L’idée du « Tous capables » : dans les faits, une urgence ! ». Au-delà du slogan, et avec l’expérience des formations qu’il mène en tant que détaché du mouvement, Pascal Diard développe l’idée du « tous capables » dans une urgence « concrète », comme un processus à construire de conscientisation des personnes en formation, qu’elles soient enseignantes, publics en reconversion ou professionnels de la PJJ (Protection judiciaire de la jeunesse). Il rapporte des verbatim : « Vous nous apprenez à penser ; on peut s’exercer individuellement mais en collectif » et des situations de « réinvestissement créatif » dans les classes par exemple. Il faut passer du pari philosophique au défi pédagogique. Il cite Lucien Sève qui écrit dans un article du dernier numéro de la revue Carnets rouges et dans la lignée de Vigotski qu’apprendre c’est essentiellement s’approprier le monde déjà là, c’est un processus de conscientisation construit historiquement. « Une intense bataille d’idées réhumanisant l’humain en son essence est d’urgence à engager, stimuler, enfiévrer et au bout du compte remporter ! » ATELIERS 1. La copie promenée ou comment rendre explicites les stratégies opératoires pour copier de manière efficace ? Partant du constat que les élèves, même au cycle 3, font des erreurs de copie et que celle-ci n’est pas forcément enseignée, le groupe GFEN de Strasbourg en a fait un véritable objet de travail. C’est un geste professionnel implicite de demander aux élèves de « copier » mais qu’est-ce que chacun met derrière le mot ? L’atelier démarre par l’émergence des représentations des participants : qu’est-ce copier ? Pourquoi savoir copier ? Est-ce copier ou recopier ? Reproduire un modèle ? Garder une trace ? Prendre des repères de sens, de syntaxe, de marques orthographiques ou ponctuation pour copier ? Savoir copier pour écrire vite dans la prise de notes, pour transmettre, être lisible par l’autre ? Les participants vont vivre la démarche de la copie « promenée », parce qu’on déambule entre le couloir où le texte est placé et sa place dans la classe, où on va devoir l’écrire. En parallèle, chacun inscrit le nombre d’aller-retours qu’il fait pour arriver à copier le texte. Au bout de 10 mn, des échanges ont lieu pour analyser ce qui s’est passé et s’apercevoir que les stratégies des adultes sont identiques à celles des élèves : observer le mot, le prononcer phonologiquement, oraliser, regarder lettre par lettre en épelant, remarquer les lettres identiques, utiliser des bases culturelles, relire et vérifier ce qui était écrit au début, repérer les accents, photographier les mots en fermant les yeux… L’exercice a été trouvé difficile car on n’a pas de repères syntaxiques ni sémantiques, tout comme les élèves qui arrivent au CP et ne maitrisent pas la lecture. C’est en fait une copie « différée » – en référence à SCRIPTUM, l’ouvrage de Sylvie Cèbe, où l’on cache le mot ou le texte à copier au lieu de se déplacer. 2. Ecrire pour penser, apprendre et se construire Pascale Billerey et Brigitte Angeli, complices de longue date au niveau professionnel et dans leurs engagements au GFEN, animent conjointement cet atelier, objet de travail du groupe de Besançon, sur la place et le rôle des écrits dits « intermédiaires », pour apprendre à construire sa pensée par le langage et inversement (clin d’œil explicite à Vigostki et aux travaux de Dominique Bucheton). A travers l’œuvre de Kandinsky, de son époque et de ses passions, l’objectif est de permettre aux adultes apprenants de se les approprier à la fois par l’écriture et par les arts plastiques. C’est grâce à différents moments d’écrits intermédiaires ponctuant cette démarche qu’ils vont être conduits à la phase finale : l’écriture d’un courrier à Kandinsky qui leur permettra de faire un écrit réflexif, reflet ultime de ce qu’ils ont compris de son œuvre. A partir de reproductions de tableaux et de textes de Kandinski lui-même, chacun·e va créer son nouveau monde avec ses propres mots, les mots du groupe et des éléments d’un tableau qu’il ou elle choisit et décalque. La séance se termine par la phase du critique d’art où par un jeu de rôles, il s’agit d’exprimer des ressentis face aux œuvres créées avant d’écrire la lettre à Kandinski. 3. Si lire, c’est comprendre… Jacques Bernardin, du GFEN28, déplie la panoplie des petites démarches pour lecteurs fragiles ou pour apprentis lecteurs. Le mot « petit » n’est pas pris dans un sens péjoratif mais dans l’idée que ces activités sont simples à mettre en œuvre demain dans la classe, la simplicité n’étant pas synonyme de simplification. Encore une fois dans les ateliers ©GFEN, les collègues sont mis en situation d’apprenants, selon le principe d’homologie. Deux exemples de situations – lecture de textes codés, texte à trous – permettent de faire ressortir les procédures et les stratégies mises en place : prélèvement d’indices, émission d’hypothèses à partir de la silhouette du texte, vérifications, activation de connaissances antérieures sur les différents supports, l’univers culturel du texte, les marques linguistiques et syntaxiques, etc. Il s’agit de donner au lecteur un projet pour s’engager dans l’activité de lecture et de lui enseigner procédures et savoirs pour entrer dans la compréhension. 4. Des pratiques pour débattre en classe Pascal Diard fait d’abord discuter sur ce qu’est un débat. Il note tous les échanges au tableau et tente de catégoriser et de problématiser les questionnements puis il introduit une situation-problème : un élève de GS répond à sa maitresse, après avoir écrasé un ver de terre : « Mais ce n’est pas un animal, c’est un insecte ! ». La consigne est la suivante : comment allez-vous organiser un débat dans la classe, à partir de cette parole d’élève ? Et pourquoi le débat est-il nécessaire dans ce cas-là ? On discute du concept d’animal et de ses propriétés et on glisse vers la question de l’homme… Alors, les participant·e·s, en 3 groupes, construisent 3 argumentations pour présenter un colloque après avoir rassemblé de la documentation : 1/ l’homme est un animal, 2/ l’homme n’est pas un animal, 3/ l’homme n’est pas un animal comme les autres. Un jeu de rôles s’installe où un·e représentant·e va confronter les idées du groupe à celles des autres. Une contre-argumentation se construit en même temps que l’argumentation dans le débat qui s’instaure. On peut également le reprendre quelque temps après l’avoir étayé par des textes scientifiques. L’école est bien ce lieu où on passe de l’opinion et de la croyance au savoir. Entre les deux séries d’ateliers en parallèle, les moments informels à la cafétéria et à la librairie ont permis de poursuivre les discussions. 5. Peut-on conceptualiser ses pratiques ? Michel Huber, de l’institut Henri Wallon, centré sur la formation d’adultes, propose d’apprendre la conceptualisation des situations de travail. Dans un travail d’abord autonome pour ensiler des matériaux, puis en petits groupes pour mettre en commun puis de synthèse en grand groupe, la séance démarre par un retour réflexif sur nos propres pratiques : comment les définir, choisir un titre pour les qualifier, préciser quel auteur nous influence le plus et quel mot-clé il nous inspire. La phase suivante se passe dans des groupes de métiers hétérogène de 3/4 personnes et la consigne est de construire un modèle, un schéma de ce qui représente les pratiques du groupe avec les invariants et les différences. On va théoriser encore un peu plus, aidé en cela par la lecture d’un seul document choisi parmi plusieurs, extraits d’écrits de Philippe Meirieu (les neurosciences ne feront jamais la classe – dans La riposte), Michel Huber (la boussole wallonienne – dans Dialogue n° 156 d’avril 2015), Pierre Pastré (l’analyse du travail en didactique professionnelle – dans Revue française de pédagogie n° 138 de janvier 2002). 6. « Pour une anthropologie des savoirs scolaires » Geneviève Orion, du GFEN 70, s’appuie sur l’ouvrage de Lévine et Develay qui a donné son titre à l’atelier et sur les travaux de l’AGSAS (association des groupes de soutien au soutien). Les participant·e·s’enchainent le vécu d’un atelier philo et des travaux de groupes à partir d’une question, par exemple : dans quelle mesure peut-on parler de croissance d’un groupe –classe ? Les échanges vont bon train. L’approche anthropologique des savoirs… Develay parle de la genèse des savoirs, c’est par l’épistémologie que les élèves peuvent s’approprier l’idée que les savoirs se construisent dans l’histoire de l’humanité comme réponses à des problèmes qu’elle avait à résoudre. Ils deviennent alors des réinventeurs des savoirs qui ont été pensés avant eux. On peut mesurer l’autonomisation des élèves dans une classe conçue comme un collectif d’apprenants solidaires et le groupe-classe grandit quand chacun·e y acquiert une place. Pour finir l’atelier, on retourne aux textes proposés à la lecture après la question préalable et une restitution finale a lieu. 7. Les enjeux d’une démarche de construction du savoir L’objectif d’Odette Bassis, du GFEN Ile de France, qui anime cet atelier est précis : clarifier ce qui fait épistémologie, éthique et politique dans une démarche d’auto-socio construction du savoir pour mieux débusquer la falsification idéologique qui s’opère à l’encontre d’une approche constructiviste. Elle définit les trois phases de la construction d’un savoir qui passent de la computation à la conceptualisation et à la conscientisation. La computation est la répétition, l’entrainement, l’exercice : faire une opération mathématique, accorder les mots d’une phrase par exemple. Elle distingue sens et signification (ce qui fait sens pour moi et ce qui est signifié par l’histoire, le collectif, le monde) ; intériorisation et distanciation (je fais mien ce savoir qui en même temps existe en dehors de moi). Quelles difficultés cela pose-t’il au formateur ? Clarifier les nœuds conceptuels, les enjeux des disciplines pour pouvoir construire des situations d’apprentissages. Se dire que la réflexion sur les contenus est inhérente à la réflexion pédagogique. On est dans la praxis, entre le sujet et l’action. CLOTURE DES TRAVAUX TABLE RONDE Philippe Lahiani anime une table ronde avec les différents acteurs du CAPE Franche Comté (Collectif des associations partenaires de l’école publique). Eymeric MINUEL (AFEV), François SIMON (CEMEA), Jean BERNARDIN (GFEN), Yamina BELALIA (OCCE), Aline VOISIN (PEP) avaient à répondre à la question : « Au travers de vos orientations et de vos pratiques, en quoi votre association contribue-t-elle à l’éducabilité du genre humain ? ».Ils ont pu développer les actions qu’ils mènent au regard des enjeux et finalités qui les sous-tendent, dans cette table ronde comme dans les ateliers auxquels ils ont participé. INTERVENTION de Jacques BERNARDIN, président du GFEN JacquesBernardin, en écho avec les propos introductifs de Michel Henry et les ateliers, celui d’Odette Bassis en particulier, revient sur « l’impérialisme des neurosciences ». Il analyse l’imagerie cérébrale comme une construction d’artefacts de laboratoire qui induisent des biais dans leur utilisation systématique en éducation : biais scientiste (Michel Henry l’a développé), biais naturaliste (Pascal Diard l’a abordé également) selon lequel ce n’est plus un sujet mais « le cerveau qui apprend ». Ce courant fait l’impasse « sur la singularité des individus qui apprennent, sur la diversité des modes de socialisation vécus » et sur le désir d’apprendre. « Nous sommes ici d’accord avec la psychologie cognitive et les neurosciences, ravis qu’elles redécouvrent les acquis de l’Education Nouvelle et qu’elles avalisent des recherches bien antérieures. » Mais quand on analyse les promesses et la réalité de ces soi-disant méthodes, la réussite de toutes et tous n’est pas au rendez-vous et la démocratisation en prend un coup. Jacques Bernardin appuie son propos sur l’amélioration très minime des CP dédoublés en éducation prioritaire – selon l’étude de la DEPP du 23 janvier 2019, « le dispositif permet une baisse de cette proportion d’élèves en très grande difficulté de 7,8 % en français » alors qu’on en attendait entre 20 et 30 %. Les travaux de Roland Goigoux, la conférence de consensus du CNESCO montrent l’importance de tout ce qui concerne l’écriture et la compréhension dans l’apprentissage de la lecture. Que dire des méthodes de lecture « éprouvées » utilisées par l’association « Agir pour l’Ecole » ! Une étude scientifique menée par Edouard Gentaz dans l’académie de Lyon conclut : « « Notre hypothèse était que l’amplitude du progrès serait plus importante pour les classes tests. Les résultats nous ont donné tort. » Jacques Bernardin rapporte ensuite ces méthodes aux finalités de l’éducation qui sont d’ordre didactique bien sûr (maîtrise des apprentissages fondamentaux) mais aussi éducative au sens large (former la personne, le citoyen) dans une visée démocratique et émancipatrice. Toutes les pratiques d’enseignement-apprentissage ne concourent pas à œuvrer dans ces deux sens. « On aura compris que par l’intermédiaire des apprentissages, à travers la façon dont ils se déroulent, se joue le processus conjoint de personnalisation et de socialisation, l’édification du sujet singulier et social. Il n’est pas anodin de conduire les apprentissages en gardant à l’esprit – au-delà des visées didactiques – ces finalités formatives de la personne et du citoyen. A cet égard, les modalités de travail et la conduite des activités sont inégalement propices à développer la curiosité, l’appétit de savoir, l’imagination, l’aptitude à coopérer et à débattre, l’esprit critique et l’autonomie intellectuelle. Souhaite-t-on entretenir le suivisme, la docilité et la soumission ou contribuer à l’émancipation intellectuelle ? C’est une question centrale. » Le temps est venu de clore cette journée dense et de repartir sur le terrain diffuser ces idées. Compte rendu et photos Isabelle Lardon Le 15.10.2019 Voir aussi : Le texte del’intervention de Jacques Bernardin Le texte de l’exposé de Michel Henry L’article du Café pédagogique
Deuxième Biennale internationale de l’éducation nouvelle, 28-31 octobre, Poitiers 29 septembre 2019 Valérie Pinton La deuxième Biennale de l’éducation nouvelle aura lieu du 28 au 31 octobre 2019 à Poitiers (campus universitaire) Edito Programme Retour sur la biennale Du 28 au 31 octobre se déroulera la deuxième Biennale Internationale de l’Education Nouvelle à l’initiative de huit mouvements pédagogiques. 400 participants dont une cinquantaine d’internationaux sont attendus. Près de cent ans après la création de la Ligue Internationale de l’Education Nouvelle, les CEMEA, le Crap-Cahiers pédagogiques, la FESPI, le GFEN, l’ICEM, la FI-CEMEA, la FIMEM et le LIEN s’associent afin de mettre l’éducation active, la pédagogie, la formation tout au long de la vie, la recherche au coeur d’un espace collectif de réflexion, de partage d’expériences et d’échanges. Cette année, le cercle a été élargi à Education & Devenir et l’OCCE. La métropole du Grand Poitiers et la région Nouvelle-Aquitaine seront présentes à nos côtés. Pour la participation et l’accueil de militants d’éducation nouvelle étrangers, la biennale est cofinancée par l’Union Européenne via un projet Erasmus+. Des débats, tables rondes, conférences et forum des pratiques rythmeront encore cet évènement. La conférence d’ouverture sera faite par Michel Lussault, géographe, ancien directeur de l’Ifé et président du CSP, sur les notions d’éducation nouvelle à l’épreuve de l’espace et des territoires. Nathalie Mons, sociologue, directrice du CNESCO, viendra apporter un regard international sur la recherche, la formation et l’Education nouvelle. Jean-Paul Delahaye, inspecteur général, auteur du rapport « Grande pauvreté et réussite scolaire » s’interrogera sur le droit pour tous les enfants de réussir à l’école. Cony Reuter, secrétaire général de SOLIDAR, plateforme européenne qui travaille à faire progresser la justice sociale, sera présent du début à la fin de la manifestation, comme « grand témoin ». Pédagogies actives, neurosciences, marchandisation de l’éducation, mixité sociale, écologie, société et numérique, éducation populaire et éducation nouvelle sont les thématiques des tables rondes qui irrigueront les échanges et les travaux des militants pendant ces quatre jours. Quelques-unes des propositions des ateliers et des débats seront consultables sur le programme disponible en juin. Voir le site de la biennale Modalités pratiques Il s’agira pour les militants adhérents des mouvements de s’inscrire pour les quatre jours et pour la somme de 100 €. Pour tous les autres, la participation sera de 200 €. Ceci comprend l’hébergement et les repas pour la totalité de la biennale, la soirée festive et la participation aux frais pédagogiques. Renseignements pour le GFEN : Jacqueline Bonnard jacqueline.bonnard37@orange.fr Isabelle Lardon isabelle.lardon@gmail.com
Retour sur les stages d’été et de rentrée 2019 17 septembre 2019 Valérie Pinton Stage du secteur Création Ile de France du GFEN, 26 et 27 aout 2019, Ivry/Seine Qui forme qui ? Et ta ma place dans la création contemporaine A travers des ateliers de création en Ecriture/ Arts Plastiques : Le rapport que nous entretenons avec les autres- ce qu’ils nous apportent et ce que nous leur apportons- et aussi la découverte de la ville-, découvrir sa ville autrement ?comment elle peut ?être un élément de transformation de soi ?d’étonnement En quoi les mouvements en peinture traduisent ils une certaine vision du monde ? En nous appuyant sur le vécu de ces ateliers nous avons recherché ensemble les éléments incontournables qui permettaient à tous de concevoir de nouveaux ateliers et démarches pour cette nouvelle année scolaire et ce sans être« expert » Beaucoup d’enthousiasme de la part des participants, beaucoup d’audace, et de réflexion sur ce que pouvaient être les ateliers de création comme facteur d’émancipation. Les discussions menées après chaque atelier ont contribué très fortement à cette recherche Stage du secteur Philosophie du GFEN, 26, 27 et 28 août, Ivry/Seine Sexes, genre et féminismes La philosophie à l’épreuve du genre Un stage chaleureux sur un thème brûlant Le stage du secteur philo a rassemblé cette année une quinzaine de participant-e-s sur une question brûlante « Sexes, genre et féminismes ». Comme si la grosse chaleur qui planait sur la place Voltaire ne leur suffisait pas, les esprits se sont échauffés à plusieurs reprises au cours de ces trois journées de lectures, de partage d’expériences et d’échanges, histoire de faire monter encore le thermomètre de quelques degrés : comment nier la différence des sexes ? Mais si elle existe, en quoi consiste-t-elle exactement ? Sommes-nous assuré-e-s de notre identité sexuée, même sur le plan biologique ? Et si nous étions tous des intersexué-e-s qui nous ignorons ? Qui a le pouvoir et le droit de nous faire douter de notre identité et de nous demander d’en rendre compte ? Questions que nous nous sommes posé en constituant un comité d’éthique chargé d’examiner le cas de Caster Semenya. Questions vives au croisement de l’intime et du politique, de l’individuel et du collectif qui suscitent immanquablement le débat passionné, passionnel. Dur dur pour les philosophes de garder leur sang froid ! Être féministe, une évidence, oui mais quel féminisme ? Là les choses se gâtent car certains sont diamétralement opposés : quelle mesure commune entre le féminisme du care et le féminisme queer, entre le féminisme matérialiste et marxiste de Christine Delphy et un féminisme d’arrangement entre les sexes, entre le féminisme d’Antoinette Fouque affirmant l’irréductible différence entre les sexes et un féminisme visant une neutralisation des différences ou une virilisation des femmes, comme le propose Hubertine Auclert ? Au cours de ces trois journées, nous avons également effectué une relecture genrée de nos philosophes préférés en nous demandant quel travail proposer aux élèves. Kant néglige-t-il la domination masculine ou au contraire la dénonce-t-il ? Faut-il éviter de (faire) lire un certain texte de Spinoza excluant les femmes de la citoyenneté ? Le Rousseau auteur de l’Émile est-il bien le même que celui qui propose le programme éducatif de Sophie visant non pas l’émancipation des femmes mais leur maintien dans l’ordre sexué naturel et social ? La dernière matinée a été consacrée à examiner des possibles. Si nous sommes tombés d’accord pour construire un monde qui éradiquerait la domination masculine et les rapports de pouvoir entre masculin et féminin, les avis ont été partagés sur les moyens à mettre en œuvre. Une société qui serait dispensée des combats féministes ne relève-t-elle pas de l’utopie ? Faut-il lancer un vaste programme d’éducation, notamment à la sexualité, faut-il en finir avec nos limites identitaires, penser à de nouveaux contrats, abolir les catégories de sexe et de genre, notamment dans les documents administratifs, point de départ du conte philosophique de Thierry Hoquet ? Demain nous retrouverons nos élèves, nos étudiant-e-s, les adultes que nous formons : n’oublions pas que l’exercice de notre métier croise au quotidien des interrogations identitaires, des conflits et des préjugés et des ignorances qui peuvent être source de drames. Plus que jamais, il importe de se former à écouter, décrypter et répondre. Nous espérons rendre compte dans un futur Pratiques de la philosophie de quelques travaux que nous avons ou aurons menés. En attendant nous pouvons envoyer aux collègues interessé-e-s quelques suggestions de lectures et l’an prochain n’oubliez pas de vous inscrire au stage du secteur philo… Stage du GFEN 28, 26-27 août, Chartres Des apprentissages solidaires pour une réussite partagée Accueillies dans les locaux des PEP28, 42 personnes ont participé à ces deux jours de stage qui se sont déroulés dans une atmosphère studieuse et conviviale pour mieux se préparer à affronter la rentrée. Introduction Jean Bernardin a introduit le stage en insistant sur les nombreuses transformations structurelles en cours qui renvoient à une mise sous tutelle accrue, interrogeant le concept de « bienveillance due aux élèves » prônée à grand renforts médiatiques par le ministère. Des transformations inquiètent tous les enseignants soucieux de construire dans leur classe une démocratie véritable, non reproductrice des inégalités sociales croissantes. 1 – Quelques éléments : – La définition des droits et obligations des fonctionnaires, généralisant à toutes et à tous ce qui jusqu’ici ne concernait que les fonctionnaires d’autorité : toute critique portant atteinte à la réputation du service public est susceptible d’être légalement sanctionnée, voire par une révocation. Faites attention à ce que vous écrivez sur les réseaux sociaux ! – Le caractère obligatoire de l’instruction à 3 ans alors que 98% des élèves de cet âge fréquentent déjà l’école : plus de démocratisation ou cadeau au privé et facilitation pour multiplier les écoles privées de parents ? – La création d’établissements publics internationaux qui prépareront à des diplômes internationaux. Le recrutement dérogatoire, dès le très bas âge pour les enfants qui ont un bon niveau en langues, interroge sur une école républicaine. Nouvelle fabrique d’héritiers puisque l’amendement tendant à fixer des quotas de boursiers a été rejeté par la majorité ? – Si l’abandon des établissements publics des savoirs fondamentaux (EPSF) regroupant des classes de collège et du premier degré du même secteur de regroupement a été rejeté, il semble que ce projet sera prochainement remis à l’ordre du jour sous une autre forme. – Remise en cause du rôle des commissions paritaires (CAEN et CDEN) et du rôle de contrôle et de proposition des syndicats enseignants. Commissions considérées comme « fastidieuses où l’on cultive le jeu de rôle » selon notre ministre. – Mise sous tutelle de l’évaluation sur le plan national avec la quasi disparition du CNESCO, organisme indépendant du ministère, et son remplacement par le Conseil d’évaluation de l’école (CEE) dont 10 membres sur 14 sont nommés par le ministre. Ce conseil évaluera tous les établissements et les résultats pourront être publiés, renforçant la concurrence entre établissements et au sein même des établissements. – Réforme de la formation avec la transformation des ESPÉ (écoles supérieures du professorat et de l’éducation) en INSPE (instituts nationaux du professorat et de l’éducation) dont les directeurs seront directement nommés par le ministre. – Pilotage possible par ordonnances mettant l’Ecole au service du gouvernement en place, soumise aux aléas politiques et non plus de la nation et de la République. – Evaluation des élèves de CP et de CE1. 2 – A propos de ces évaluations En tant que mouvement pédagogique, nous estimons que c’est la mesure la plus problématique car elle met en cause l’indépendance des enseignants et tend à les placer un peu plus sous tutelle, leur retirant leur rôle de concepteur. Pourquoi ?[…] Lire la suite 11ème Université d’Été du Secteur Langues du GFEN, 20-23 août, Vénissieux L’ordinaire de la classe Ouverture Mardi 22 août 2019, Maria-Alice MEDIONI Nous avons le plaisir de nous retrouver cette année encore pour la 11ème Université du Secteur Langues du GFEN. Je voudrais avant toute chose remercier la Mairie de Vénissieux et le directeur de cette École du Centre pour la mise à disposition de ces locaux pour cette initiative. Et puis vous tous, ceux et celles qui reviennent fidèlement tous les ans, et ceux et celles qui viennent pour la première fois, vous qui avez pris ces quelques jours, en pleines vacances, pour travailler, réfléchir, se questionner, s’étonner, s’étranger le regard, se décoiffer, et s’enthousiasmer (j’espère)… Cette année, nous avons pensé nécessaire de regarder plus précisément qu’à l’accoutumée, l’ordinaire de la classe. La recherche, d’ailleurs, s’y intéresse beaucoup. Je citerais –outre le numéro 142 de Dialogue consacré à cette thématique et les travaux de Dominique Bucheton, sur lesquels nous reviendrons dans le cadre de cette UE –à titre d’exemple, le livre de Maurice Tardif et Claude Lessard, Le Travail enseignant au quotidien(1999),qui s’attachait à décrire, comprendre et expliquer l’acte d’enseignement défini comme « composite »; celui qu’a dirigé Claudine Blanchard-Laville, Une séance de cours ordinaire. « Mélanie tiens passe au tableau…» ui en 2003 a étudié, à la loupe, une séance de mathématiques en cinquième à propos de la multiplication des fractions permettant de mettre au jour, de façon fine, comment se jouent les interactions et le traitement différencié des élèves au sein de la classe; ou les publications de Anne Barrère dont les titres sont éloquents : Enseignants au travail. Routines incertaines, en 2002; Travail scolaire, travail enseignant en 2014; Au cœur des malaises enseignants, en 2017. Ces auteurs (et d’autres) témoignent à la fois de la complexité du travail au jour le jour, de ce qui peut passer inaperçu, à l’insu des acteurs, mais de plus en plus ils rendent compte de l’incertitude à laquelle les enseignants sont confrontés, du malaise ressenti et de la pénibilité de la tâche. Le travail enseignant est en crise, comme le soulignait déjà le rapport sur le métier d’enseignant réalisé par la sénatrice des Hauts de Seine, Brigitte Gonthier Maurin, vice-présidente de la Commission de la culture en 2012. Ce rapport évoquait, en effet,la « crise » du métier d’enseignant et les profondes inégalités au sein de l’école, revenait sur les causes de cette «crise» et formulait différentes propositions, parmi lesquelles une démocratisation de l’école et une refonte totale de la formation des enseignants. […] Lire la suite du discours d’ouverture Vous trouverez sur le site du Secteur Langues toutes les traces de la 11ème UE : – Synthèse de clôture – Le diaporama de Dominique Bucheton – Le regard de… Andreea Capitanescu Benetti
12èmes Rencontres nationales d’Education – 12 octobre, Besançon 9 septembre 2019 Valérie Pinton Lire le reportage des rencontres Programme et bulletin d’inscription Affiche Dans le champ de l’éducation, on assiste périodiquement au retour des « bonnes vieilles méthodes » – repeintes désormais aux couleurs des neurosciences – qui, parait-il, « auraient fait leurs preuves ». Or, non seulement on instrumentalise trop étroitement ces recherches, mais il y a loin du laboratoire à la salle de classe. On attend toujours les preuves de réussite réelle de tous, dans des apprentissages aujourd’hui plus ambitieux qu’hier, qui ne sauraient se satisfaire d’un entraînement mécanique et répétitif visant la maîtrise de simples procédures.Sauf à se contenter de compétences restreintes, il s’agit aujourd’hui de former chacun des élèves à comprendre, à débattre et à utiliser l’écrit avec facilité. Développer la curiosité intellectuelle, l’esprit critique et l’ouverture aux autres : à cet égard, toutes les méthodes ne se valent pas. Dans comme hors l’école, comment rompre avec les pratiques élitistes, permettre à chacun d’accéder aux savoirs de son époque, à des capacités réflexives indispensables à l’exercice d’une citoyenneté lucide, c’est tout l’enjeu de ces 12èmes Rencontres sur l’Education. Nous invitons enseignants, étudiants, éducateurs, parents, travailleurs sociaux, responsables associatifs, syndicaux, politiques autour de ces débats et pratiques de formation visant à cet enjeu d’émancipation, fondement de tout principe et action éducative. Sont invités à intervenir : Jacques BERNARDIN, Président du GFEN, Docteur en sciences de l’éducation ; auteur de Comment les enfants entrent dans la culture écrite et Le rapport à l’école des élèves de milieux populaires Odette BASSIS, Présidente d’honneur du GFEN, docteur en sciences de l’Education, a enseigné dans le secondaire, puis dans la formation initiale et continue en France et à l’étranger, auteure de Se construire dans le savoir, Concepts clés et situations problèmes en mathématiques Michel HENRY, Professeur agrégé honoraire, docteur en mathématique de l’Université de Franche-Comté, co-auteur d’ouvrages en didactique des probabilités et de la statistique, membre de l’Union Rationaliste et de l’IREM Michel HUBER, Professeur agrégé de géographie et docteur en sciences de l’Education , a été enseignant chercheur à l’Etablissement national d’enseignement supérieur agronomique de Dijon, responsable GFEN de l’Institut Henri Wallon, auteur de Apprendre en projet, Se former par les situations problèmes, Inventer des pratiques de formation … (Chronique Sociale) Pascal DIARD, Professeur d’histoire et géographie, en lycée, Détaché auprès du GFEN, a notamment dirigé un ouvrage collectif Pour en finir avec les dons, le mérite, le hasard Gilbert JEANVION, responsable de l’AGSAS (Association des Groupes de Soutien au Soutien) Collectif des Associations Partenaires de l’Ecole de l’Académie de Besançon (CAPE) : AFEV, CEMEA, FRANCAS, GFEN, Léo Lagrange, Ligue de l’enseignement, OCCE, PEP Groupes régionaux et secteurs nationaux du GFEN Programme 8h30 : ACCUEIL 9h/10h : OUVERTURE – Présentation de la journée – « Le virage neuronal de l’Education » par Michel HENRY – L’idée du « Tous capables » : dans les faits, une urgence ! par Pascal DIARD 10h/13h : QUATRE ATELIERS EN PARALLELE 1. La copie promenée ou comment rendre explicites les stratégies opératoires pour copier de manière efficace ? La copie est convoquée tout au long de la scolarité. Peu enseignée, elle induit pourtant des rapports très différents à l’écrit chez les élèves. L’enjeu de cet atelier est de mettre à jour les stratégies de réussite en copie pour déjouer les implicites de l’école. 2. Ecrire pour penser, apprendre et se construire En quoi les écrits intermédiaires, réflexifs développent la construction de savoir et transforment le sujet apprenant ? (A partir d’une démarche Arts Plastiques/Ecriture…) 3. Si lire, c’est comprendre… Quelles pratiques pour lever les (éventuels) malentendus, solliciter les mises en relation indispensables et exercer aux stratégies de compréhension ? Où l’on revisitera — entre autres — la place et le rôle des questions. 4. Des pratiques pour débattre en classe (Débattre en math ; Débattre en histoire ; Débattre en sciences) 13h/14h : REPAS 14h/16h : QUATRE ATELIERS EN PARALLELE 5. Peut-on conceptualiser ses pratiques ? Conscientiser, théoriser et conceptualiser sa pratique, quel sens cela peut-il avoir ? Et pour quelle visée sociale ? 6. Pour une anthropologie des savoirs scolaires (à partir des travaux de l’AGSAS et en référence à l’ouvrage de Lévine et Develay) A partir du vécu d’un atelier philo, mieux situer les enjeux de ces ateliers dans la question de l’anthropologie de savoirs. 7. Les enjeux d’une démarche de construction du savoir A partir d’une situation vécue : – Expliciter ce qui fait sens concernant les processus de compréhension d’un savoir et de sa dimension historique. – Interroger la portée socio- éthique, y compris dans le présent, d’une telle pratique. 8. Contribuer à l’éducabilité du genre humain Avec les différents acteurs du CAPE, relancer le débat sur les enjeux et finalités de l’Education; confronter pratiques et orientations. 16h/17h30 : CLOTURE DES TRAVAUX – Restitution des ateliers de l’après-midi – Intervention de Jacques BERNARDIN Informations pratiques Participation aux frais d’organisation : 20 € 10 € pour les adhérent-e-s au GFEN / 5 € étudiant-e-s, chômeur-euse-s, précaires Repas (traiteur) : 15 € (s’inscrire au repas avant le 10 octobre) Lieu des Rencontres : INSPE, 57 avenue de Montjoux, 25000 Besançon Transport : compter 10 min en bus de la gare Viotte à l’INSPE : bus 5 direction St Claude, descendre à l’arrêt Justices. Calculer son itinéraire en bus Hébergements : sélection Partenaires
Conférence « Le rapport au savoir en milieu populaire » de Jacques Bernardin, Verdun, 19 septembre 3 septembre 2019 Valérie Pinton Lieu : Lycée professionnel Alain-Fournier – 12, avenue du pdt Kennedy VERDUN Malgré un engagement important de la profession pour tenter d’enrayer les difficultés scolaires, celles-ci perdurent. Pourquoi touchent-elles plus fortement les jeunes de milieux populaires ? La dimension socialement ségrégative de l’échec scolaire ne cesse d’interpeller les principes de justice et d’égalité, est un défi pour les enseignants, pourtant soucieux de démocratiser l’école. Quelles logiques sont à l’oeuvre, à notre insu ? Du côté des élèves, on sait que les conditions initiales de socialisation ont des incidences sur leur façon d’être et de faire. De la maternelle au collège, qu’est-ce qui « fait la différence » ? Quel sens les élèves donnent-ils à leur présence à l’école et à ce qu’on leur enseigne ? Qu’est-ce qu’apprendre de leur point de vue ? Face aux situations et aux objets de savoir, quelles conduites adoptent-ils et dans quelle mesure contribuent-elles à la différenciation des résultats ? Autrement dit, qu’est-ce qui caractérise leur rapport à l’école et au savoir ? Du côté des pratiques enseignantes, comment répond-on usuellement aux difficultés ? Plus coûteuses en temps et en énergie, les adaptations pédagogiques ont parfois des effets décevants. Face à ce qui est ressenti comme des impasses propres à nous faire baisser les bras, il importe de faire le point pour y voir plus clair et ressaisir ces questions de métier. Mieux comprendre ce qui nous échappe mais aussi explorer des pratiques alternatives, propres à redynamiser les élèves et à revitaliser le sens d’enseigner : tel sera l’enjeu de nos échanges. Télécharger la présentation
Le GFEN présent et reconnu à la fête d’Ivry, 15-16 juin 2019 26 juin 2019 Valérie Pinton Moment propice pour prendre contact, pour proposer des petits jeux à la réflexion des passants (message codé, allumettes, énigmes…), pour se faire connaître, c’est la 4ème année consécutive que le GFEN tient un stand à la fête de la ville d’Ivry-sur-Seine. En outre, cette année, Méhadée Bernard, maire adjointe à l’enseignement, a cité le GFEN, partenaire à part entière, dans le discours d’inauguration de l’espace « enfance », soulignant son rôle : d’initiateur d’un projet Prévert repris par des animateurs et animatrices de la ville, au point qu’un stand Jacques Prévert occupait une place importante où étaient proposés des ateliers d’écriture et d’arts plastiques ; d’animateur d’un atelier d’écriture qui a permis à des usagers des Maisons de Quartier de construire une prise de parole autour de la solidarité ; de formateur au centre de formation du service ATSL au Petit Robespierre. A nous maintenant de poursuivre et développer cette coopération avec une ville où le « Tous Capables ! » est une valeur centrale de sa politique éducative !
Retour sur la journée d’études « Les moins de trois ans » GFEN Maternelle / ANDEV 20 juin 2019 Valérie Pinton Journée d’études « Les moins de trois ans* » Ivry sur Seine – samedi 15 juin 2019 *ci-après MTA Des échanges denses et respectueux ont eu lieu entre les participant-e-s de la journée : enseignante de TPS (Toute petite section), psychomotricienne, psychologue, chargée de mission Protection de l’enfance, responsables de LAEP (Lieux d’accueil Enfants Parents), d’EAJE (Etablissement d’accueil du jeune enfant), d’un service des écoles, directeur de l’éducation, formatrices d’enseignants. Dans un premier temps, chacun-e-a présenté son métier, son « territoire », ses actions de coopération, un tour de table qui a permis de mieux se connaitre et d’entrer dans toutes les expériences riches et variées. A partir d’un film d’entretiens de binômes enseignante/EJE (Educatrice de jeunes enfants) proposé par Laurent Dauty (ANDEV), le groupe a pu définir les préoccupations professionnelles et en dégager des invariants : importance des regards bienveillants et croisés des professionnels (observations partagées), importance d’un cadre « contenant », confiance dans les ressources internes des enfants, posture éducative de cheminement avec eux. Isabelle Lardon (GFEN) a de son côté proposé un diaporama, support à la discussion, sur l’actualité de l’école maternelle et l’examen des programmes de 2015. Ce qui a été l’occasion de rappeler l’ambition pour la maternelle dans un contexte de mobilisations unitaires contre un projet de loi pour l’école de la confiance, inapte à réduire les inégalités scolaires : des finalités éducatives qui embrassent toutes les dimensions du développement des jeunes élèves, le refus d’une simple subordination à l’élémentaire entretenue par l’exploitation des évaluations nationales CP, le développement des continuités et des collaborations inter-métiers dans le respect des prérogatives de chacun, entre autres. Les prolongements de cette journée sont clairs : créer une liste de diffusion– recenser et valoriser toutes les actions passerelles petite enfance/école (fiches d’expériences) – mutualiser les outils et ressources – se revoir pour continuer le travail… Le reportage de la journée GFEN/ANDEV paru dans TOUTEDUC le 21.06. lire
Congrès : reportage 17 juin 2019 Valérie Pinton Notre congrès intitulé « École sous contrôle : l’éducation peut-elle être mise au pas ? » (30-31 mai & 1er juin 2019) a été réuni à l’espace du Petit Robespierre, mis à notre disposition gracieusement par la mairie d’Ivry-sur-Seine, L’ouverture a été prononcée par le secrétariat sortant et le déroulé des trois jours annoncé. La première matinée a été consacrée à mieux cerner les différentes dimensions de la Loi dite de « l’École de la confiance » afin d’aiguiser l’analyse critique de la situation politique dans les axes suivants : Ecole maternelle/Apprentissage de la lecture au CP – Réformes du lycée et du lycée professionnel – Formation des enseignants en INSPE – Éducation prioritaire et cités éducatives – Enjeux et pratiques de l’évaluation – Liberté pédagogique et droit à l’expérimentation – Politique culturelle. Une première série de chantiers thématiques portant sur des préoccupations professionnelles ou sur des questions sociétales a permis de mutualiser et de poursuivre les recherches des groupes locaux et des secteurs : L’écologie Migrants/interculturel Les élèves perturbateurs Formation de publics en reconversion Le GFEN mouvement de recherche La librairie et les temps des repas pris dans les restaurants du quartier sont toujours des moments d’échanges plus informels et néanmoins fructueux. Le deuxième jour a permis d’échanger sur les stratégies de développement du mouvement, à partir des résultats d’une enquête élaborée par la commission idoine puis des témoignages avec les responsables de groupes nouvellement créés dans la Sarthe et le Bas-Rhin : pourquoi et comment créer un groupe ? Des partenaires réguliers ont été invités à exposer les raisons qui les poussent à solliciter le GFEN pour des formations. Ils sont coordonnateur en REP+, représentants syndicaux SNUipp-FSU et SUD Éducation, responsable de la PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse), responsable du Centre de Formation du Conseil départemental du Val-de-Marne. La deuxième série de chantiers a eu lieu autour des thèmes Travail avec des lycéens sur des questions sociétales Climat scolaire, conseils d’élèves Ecriture de pratiques professionnelles Aide aux devoirs — travail personnel Le genre L’écriture dans sa diversité Chaque jour en fin d’après-midi, les commissions statutaires ont travaillé sur les instances, les finances, la communication, l’international, le texte d’orientation, le développement du mouvement. Elles ont rendu compte de leur travail le dernier jour du congrès où se sont déroulés débats, votes et élections : Rapport moral et rapport d’activités Rapport financier Textes d’orientation Elections de la présidente d’honneur (Odette Bassis), du président (Jacques Bernardin), du trésorier (Philippe Lahiani) Elections des membres du nouveau Bureau National et du secrétariat général Les documents-ressources des différents groupes de travail du congrès et les textes d’orientation sont mis à disposition des adhérents-e-s sur le site du GFEN, dans l’espace qui leur est dédié. Ce congrès, dense, a permis de renouveler nos instances d’un tiers de leurs responsables, ce qui est gage de dynamisme associatif et promesse de développement. Lire l’interview de Jacques BERNARDIN par TOUTEDUC « La loi Blanquer et ses effets au coeur des débats du congrès du GFEN » (05/06/19)
Une priorité : l’éducation prioritaire 13 juin 2019 Valérie Pinton 21ème Journée nationale OZP, 18 mai 2019 « Pour une évaluation publique de l’éducation prioritaire en 2019 » Introduction – Pourquoi une journée sur l’évaluation de l’éducation prioritaire en 2019 ? Une histoire qui n’est pas linéaire – Marc Douaire, président de l’OZP Cette journée est particulièrement consacrée à la question de l’évaluation de l’éducation prioritaire 2014/2019. Elle se situe dans le prolongement de la rencontre publique OZP du 7 novembre 2018 qui avait présenté les raisons de notre initiative et dans la poursuite du travail engagé lors du séminaire du 9 février 2019. […] En janvier 2017, l’OZP présentait publiquement son Nouveau Manifeste pour l’éducation prioritaire pour éviter que cette refondation importante ne soit suivie comme la fondation de 1981 et comme les 3 relances qui ont suivi par des périodes de silence et d’abandon ou de tentatives de dénaturation. Il fallait affirmer cette exigence dans une période où se multipliaient les attaques idéologiques contre l’existence même de l’éducation prioritaire en dépit de toute évaluation scientifique sérieuse. C’est pour toutes ces raisons que l’OZP, reçue en avril 2017, par le cabinet de J.-M. Blanquer, a demandé que soit conduite l’évaluation nationale de l’éducation prioritaire en 2019. Constatant l’absence de réponse ministérielle, l’OZP décidait de prendre ses responsabilités et de proposer aux réseaux une évaluation des projets de réseaux. Les grandes lignes des réponses à l’enquête – Patrick Picard C’est une enquête collaborative, avec des réponses ouvertes et c’est compliqué de faire l’analyse du corpus. Il faut donc prendre ces premiers résultats avec une extrême prudence pour éviter d’en tirer des conclusions hâtives. Le travail va se poursuivre collectivement jusqu’au séminaire prévu en automne. Nous nous en tiendrons donc à évoquer les thématiques traitées dans l’enquête et attendrons quelques mois pour en avoir une meilleure vue d’ensemble. Qui a répondu à l’enquête ? Majoritairement des personnes individuelles et du 1er degré, comme le montre le schéma ci-dessous. Les questions du formulaire abordaient les points suivants : l’évolution des difficultés sociales, la stabilité des professionnels, la connaissance et l’utilité du référentiel, le développement du travail collectif et ses apports, les priorités de formation, le pourcentage de néotitulaires et de vacataires ou contractuels dans les deux degrés, les principes les plus importants et les plus difficiles à mettre en oeuvre pour la réussite des élèves des exemples de formation pertinente les leviers et obstacles à une formation efficace – avec un essai de catégorisation des obstacles. Enjeux d’une évaluation de la carte de l’éducation prioritaire, Marc Bablet […] Nous vivons dans une société qui magnifie les différences en magnifiant les identités, les individus. L’école, comme le reste de la société est confrontée aux identités sociales, mais aussi aux identités religieuses, culturelles, locales, sexuelles, sanitaires… Est-ce un hasard si l’exacerbation de l’individu, de ses identités fait ressurgir actuellement dans tous les pays développés la peur de l’autre et toutes les formes du racisme ? Si l’identité est reine alors nos malheurs ne peuvent venir que d’une autre identité. Celle du juif, de l’homosexuel, de l’arabe ou du voisin… Face à cela ne faut-il pas promouvoir à nouveau ce qui nous rassemble soit le collectif et l’universel dans l’homme ? Le plan Langevin-Wallon qui au lendemain d’une guerre, qui avait vu l’exacerbation du racisme poussé à l’horreur, proposait non pas une école de la différenciation individuelle mais un enseignement reposant sur le « principe de justice » dont ils disent : « Il offre deux aspects non point opposés mais complémentaires : l’égalité et la diversité » et plus loin « L’enseignement doit donc offrir à tous d’égales possibilités de développement, ouvrir à tous l’accès à la culture, se démocratiser moins par une sélection qui éloigne du peuple les plus doués que par une élévation continue du niveau culturel de l’ensemble de la Nation. » Pour retrouver davantage d’égalité dans la diversité, sans doute faut-il s’y appliquer en remettant en avant le collectif, l’universel et l’intérêt général. Faire classe c’est d’abord travailler avec un groupe dans lequel on respecte chaque personne. L’intérêt de la classe n’est pas d’exacerber les individualités. L’intérêt de la classe est de reconnaître ces individualités pour en faire les forces d’un collectif qui vise à l’universalité. Ainsi conçue l’école n’a pas besoin d’être inclusive pour être l’école de tous. Il suffit qu’elle soit l’école « du développement maximum » de chacun pour reprendre une autre formule du plan Langevin Wallon. Dans cette perspective le pas principal a été fait par la loi de 2013 qui a rappelé dans l’article L111-1 du code de l’éducation « Tous peuvent apprendre, tous peuvent progresser ». Et la loi en cours de discussion ne modifiera pas cet article qui est celui qui s’impose vraiment comme le cœur de la loi. Dans cette perspective il est décisif que la question de la carte de l’éducation prioritaire soit adossée à une conception de la société qui vise la mixité sociale, c’est-à-dire cette conception des espaces de vie communs à la diversité des personnes qui composent la société. Ainsi idéalement devons-nous porter l’idée de lieux de vie où se croisent toutes les couches de la société, toutes les origines, toutes les religions, toutes les réalités et pratiques personnelles. Bien sûr que nous souhaitons la mixité sociale d’abord pour la société dans son ensemble et aussi pour les enfants dans les écoles, pour leur compréhension de l’autre, le vivre ensemble, l’apprentissage de la citoyenneté démocratique. Conclusion – Marc Douaire De 2012 à 2017, beaucoup a été fait en peu de temps. […] La 20ème journée nationale de l’OZP, organisée le 26 mai 2018, était intitulée : « Quelles autonomies pour faire réussir tous les élèves ? ». Les travaux de cette journée mettaient en évidence des formes d’autonomie engagées localement depuis plusieurs années par des réseaux d’éducation prioritaire. Citons notamment l’expérience de réseaux apprenants dont l’action se fonde sur 4 principes : Des pratiques pédagogiques pensées collectivement afin de traiter la difficulté scolaire dans la classe Des collectifs de travail, avec dans certains cas l’existence d’une commission interpartenariale de suivi des difficultés des élèves Des instances de régulation : comité de pilotage, commission école/collège…mais aussi un travail collectif sur les tableaux de bord Un leadership partagé : les pilotes se situent davantage dans l’accompagnement des équipes et comme garants du projet. […] Les premiers résultats de notre enquête collaborative mettent clairement en évidence cette construction de collectifs de réseaux partageant petit à petit une culture professionnelle commune. Il s’agit là d’un processus de maturation collective autour des principaux leviers de progrès identifiés par les réseaux : les effets produits par les structures (postes supplémentaires, temps de concertation, efficience du pilotage, mesures favorisant la stabilité des personnels…), la qualité et la pertinence de la formation, l’engagement professionnel des équipes de réseau. Entreprendre cette évaluation publique de l’éducation prioritaire 2014/2019 avec l’ensemble des acteurs des réseaux : C’est avant tout pour permettre d’améliorer tout ce qui concourt à une meilleure réussite des élèves de l’éducation prioritaire, C’est mettre en évidence les actions et les évolutions professionnelles qui favorisent la démocratisation de l’école, C’est mieux faire connaître la réalité de l’éducation prioritaire telle qu’elle est engagée dans de nombreux territoires. L’intégralité est à lire sur le site de l’OZP Isabelle LARDON
Rencontre de l’AFEF 12 juin 2019 Valérie Pinton « Profession enseignante : quelles responsabilités collectives aujourd’hui ? » 11 mai 2019 La conférence d’ouverture a été faite par Dominique Bucheton. Comment réinventer le métier enseignant pour que nos élèves soient en mesure d’apporter des réponses aux grandes questions actuelles, sociétales, climatiques ? Quelle culture pour les accompagner dans l’invention d’une société plus juste et plus humaine ? Pour elle, enseigner entraine des responsabilités parce que : 1/ le monde est au bord du gouffre L’humanité en péril traverse une crise majeure des valeurs d’humanisme Notre responsabilité d’enseignant est une urgence : inventer un humanisme de notre temps 2/ l’école est dans la tourmente et dans un choc de valeurs sans précédents Le système scolaire est déstabilisé, en perte de repères, la démocratisation est en panne… Nos élèves ont du mal à penser, il y a une crise du recrutement. Le métier est à défendre, à protéger, à ré-inventer, à ré-enchanter Tentative de transformer en profondeur le système éducatif : des alertes Les neurosciences qui nient l’élève dans son environnement social et la dimension collective des apprentissages L’évaluation par rapport à des « normes » fixées par des « experts » La mise en place de « protocoles » tout faits Le formatage en formation Une gouvernance autoritaire, hiérarchique Management, méritocratie, austérité, ségrégation… 3/ l’espoir de l’ambition à la hauteur de nos problèmes Il faut avoir un projet éducatif ambitieux et novateur, prendre en compte un enchâssement des savoirs, des valeurs dans leur complexité, une éthique professionnelle basée sur trois principes : Le principe démocratique : tous capables Faire plus penser les élèves Enseigner est un métier de créativité : inventer des formes, projets, s’ajuster aux élèves, aux savoirs, à l’environnement. On ne peut pas appliquer des protocoles. Interroger les savoirs enseignés, les dépoussiérer, les décloisonner. Les savoirs sont hybrides, en mouvement… Nos élèves de collège s’ennuient ! Accepter de remettre en cause leurs enseignements 4/ la classe de français, pilier de l’école Il faut partir du postulat du rôle central du langage et de son pouvoir réflexif, être ambitieux en français, développer le fabuleux pouvoir de la langue et de la culture littéraire et artistique pour dire et comprendre le monde. La conclusion est dynamique. Dominique Bucheton croit en des enseignants sont des professionnels engagés, responsables, acteurs dans des collectifs, auteurs dans leur classe La suite de la journée enchaine des témoignages de pratiques prises tour à tour dans le premier et le second degrés, selon les thématiques suivantes. 1/ Dispositifs contraints Régulièrement l’institution prescrit de nouvelles façons de faire. L’actualité nous offre 2 dispositifs dans les écoles et en LP. Cela interroge le métier. Dans quelle mesure ces dispositifs entrainent-ils un changement de posture et d’identité professionnelles ? En CP : L’enseignement à deux dans une classe a été regardé et évalué dans le cadre d’une recherche-action associant circonscription et ESPE, utilisant notamment l’analyse de l’activité avec vidéo et entretiens d’auto-confrontation. A Montpellier, 45 % des classes sont dédoublées dans des locaux différents et 55 % travaillent à deux en co-enseignement. Ce sont des condition pour inventer de nouvelles manières de faire. Les premiers résultats montrent que sont discutées les questions concernant l’entente, le « rôle en appui », l’autorité à deux, la communication en classe. Ce dispositif doit disparaitre à la rentrée avec l’injonction du ministre en personne pour le maire d’aménager des locaux pour les dédoublements de classes. En LP : Coenseignement entre une professeure de français et une professeure d’économie-gestion par le biais des ateliers rédactionnels (« rédiger une note de synthèse ») qui nt deux référentiels de compétences dans les deux disciplines. C’est une expérience sur 3 ans de la 2nde à la terminale avec 3 enseignants La complémentarité des connaissances, les postures des enseignantes comme « guidant » et pas seulement « sachant » sont de réelles plus-values. 2/ Créativité et langage Trois expériences en théâtre et écriture sont présentées. Expression dramatique à l’école primaire : Serge Herreman (ré)affirme que les activités artistiques permettent de : construire sa personnalité, condition pour apprendre et d’acquérir une culture. Il faut pratiquer soi-même pour faire pratiquer et aller jusqu’à produire un spectacle. Les programmes de 2016 sont très bien faits en théâtre. Écriture poétique à l’école primaire : Ande Poggi nous fait entrer dans la poésie en classe sous contrainte oulipienne : cela fait écrire les élèves et leur permet de devenir auteur et poète. De multiples exemples de contraintes sont proposés : le centon, le logo-rallye, le lipogramme, la boule de neige, la méthode S + 7, les bristols, etc… La salle est d’ailleurs invitée à écrire un bristol « d’estomac creux » en utilisant 5 ou 6 mots. L’accumulation des bristols sera lue à la reprise de l’après-midi. Atelier d’écriture au long cours (1 fois par semaine sur plusieurs semaines) pour un groupe d’élèves en difficultés encadrés par 4 adultes, au lycée du Futuroscope à Poitiers. Une maison d’édition numérique a même été créée par les lycéens qui gèrent tout d’un bout à l’autre de la chaine du livre. Hélène Paumier témoigne. 3/ Conditions du développement professionnel Du côté de l’institution Le réseau CANOPE qui est devenu l’opérateur de formation du ministère construit de nouvelles modalités d’accompagnement des enseignants : gestion du stress, estime de soi, co-design en éducation, inventer un prototype, démarche collaborative, intelligence collective, coéducation, pratiques collaboratives, établissement apprenant et atelier prototypé dans le grand est qui va essaimer au niveau national : les résidences d’accompagnateurs en établissements scolaires. En formation initiale Isabelle Henry, ESPE de Caen, se demande quel enseignant former : un fonctionnaire exécutant : application, obéissance vs un sujet pensant : conception, création, réfléxivité A quelles conditions ? Laisser émerger les besoins réels, les laisser éprouver des difficultés pour mieux les analyser — interroger leur propre rapport au savoir dans la discipline (face à la lecture, l’écriture) En formation continue Karine Risselin, coordonnatrice du groupe académique Maitrise de la langue de Créteil, soutient que la formation continue est un lieu pour interroger les pratiques au secondaire dans l’accompagnement d’équipes qui n’ont pas toujours choisi la formation. Elle fait référence aux 4 invariants de la formation : analyser, débattre entre pairs, partager la métis (F Lantheaume — les ruses, les habiletés), connaitre et produire des ressources ; au sentiment de reconnaissance (ref à Lantheaume encore) : jugement d’utilité ou jugement de beauté Pour elle, un formateur qui accompagne doit surtout être lui-même formé… Enjeux du travail collaboratif des enseignants Danielle Alexandre a accompagné une circonscription de REP+ et recueilli des représentations du « travail d’équipe » qui n’ont trait qu’à des ressentis. Elle a donc professionnalisé le travail collectif des enseignants pour que ceux-ci se recentrent sur les élèves et les apprentissages à travers des appuis théoriques issus de la recherche (Bucheton) ; un va et vient théorie/pratique avec un tiers bienveillant, le formateur ; des observations dans les classes… L’usage de l’outil vidéo s’est banalisé et elle a constaté des avancées concernant la problématisation et la professionnalisation des analyses. L’intégralité du compte rendu sur le site de l’AFEF Isabelle LARDON
Journée d’études « Les moins de trois ans » GFEN Maternelle / ANDEV 6 juin 2019 Valérie Pinton Journée d’études « Les moins de trois ans (ci-après MTA) » Quelles passerelles entre accueil et scolarisation ? Quelles collaborations intermétier ? Ivry sur Seine – samedi 15 juin 2019 Objectifs Rassembler des professionnel·le·s de la petite enfance et de l’école maternelle pour échanger sur les expériences réciproques -réfléchir ensemble la scolarisation des moins de 3 ans-mobiliser sur le sujet pour faire avancer l’atelier qui sera proposé aux rencontres de janvier 2020. Argumentaire On sait avec Vigotski depuis longtemps que l’apprentissage précède le développement. Comment donc faire apprendre et se développer les très jeunes enfants dans une école maternelle à la fois respectueuse des étapes de leur développement et qui crée les conditions pour apprendre ?Il s’agit de prendre en compte les besoins du jeune enfant (affectifs, physiologiques, moteurs…), de s’adapter à son rythme lié à la maturation physique et cognitive tout en lui proposant des situations dans sa « zone de proche développement » pour le stimuler, le tirer vers le haut, l’élever, dans un climat de confiance dans lequel il osera prendre le risque d’explorer et de questionner le monde, de devenir élève. Cette première scolarisation est intéressante dès lors qu’elle se déroule dans des conditions adaptées : créer des dispositifs dédiés, faire l’objet d’un projet, aménager espaces et temps, accueillir les familles, travailler en intermétier. On doit la rendre efficace pour favoriser la réussite de tous, notamment des enfants dont les familles sont les plus éloignées de la culture scolaire. Déroulé de la journée De 10h à 10h 30 – Accueil, café – Présentation du GFEN, de l’ANDEV – De 10h30 à 11h – Point sur les actualités de l’école maternelle – De 11h à 12h – L’accueil et la scolarisation des MTA : diversité des dispositifs Echanges d’expériences – Principes organisateurs – De 12h à 13h – Respecter les besoins du jeune enfant mais aussi créer le besoin d’apprendre Besoins physiologiques, psychologiques, moteurs… Quels apprentissages ? Devenir élève : s’élever, grandir, s’émanciper Quelle place faire aux parents ? 13h – 14h – Déjeuner en commun* – De 14h à 15h – Besoins, dispositifs (suite) – De 15h à 16h30 – Quelles collaborations entre les différents métiers : éducatrices de jeunes enfants, enseignantes, ATSEM, responsables institutionnels ? A quelles conditions ces collaborations peuvent-elles se mettre en place pour mieux travailler ? – De 16h30 à 17h – Quelles perspectives en vue des rencontres 2020 ? 17h – Fin des travaux Modalités pratiques Inscription Imprimer et retourner le bulletin d’inscription ou bien le remplir et le renvoyer par mail. Participation aux frais 10 € – 5 € pour les adhérents du GFEN Envoyer chèque à l’ordre du GFEN Maternelle et bulletin d’inscription à : Isabelle Lardon – 13, faubourg de la Baratte – 58000 NEVERS – isabelle.lardon@gmail.com Attestation de formation La journée pourra donner lieu à une attestation de formation par le GFEN, à demander sur place. Horaires De 10h à 17h – possibilité d’arriver un peu plus tard et de repartir un peu plus tôt en fonction des horaires de train des participant·e·s Téléphone Isabelle Lardon 06 09 91 10 16, si besoin Pause méridienne *Chacun.e apporte un repas tiré du sac ou, mieux, des produits de sa région à partager. Lieu Siège national : Groupe Français d’Education Nouvelle 14 avenue Spinoza 94200 Ivry Sur Seine (Métro 7, Mairie d’Ivry ou RER C, Gare d’Ivry ) 01 46 72 53 17 – gfen@gfen.asso.fr Télécharger la présentation Lire le compte-rendu de la journée