Congrès du GFEN – 30 octobre-1er novembre, Paris

Education : repenser l’engagement pour relever les défis contemporains

Ouvert à toutes et tous, adhérent.e ou non

Télécharger le dossier de présentation

L’actualité de l’éducation nouvelle

Où va le monde ?
L’Education Nouvelle doit s’adapter aux exigences de son temps… sans s’y plier. Ce qui commence par un examen lucide et sans concession du contexte actuel – ici brossé à grands traits – pour y situer notre action.
– Un capitalisme débridé
– Des régressions démocratiques
– Une éducation instrumentalisée

Que peut l’éducation ?
L’éducation a vocation de préparer l’avenir des jeunes générations. Elle ne doit donc non pas former à la société et au monde tels qu’ils sont, dans une logique strictement adaptative mais être aussi prospective, inscrire son action dans une perspective ouverte à l’inattendu, visant la recherche de progrès, de mieux être commun. Une urgence dans ces temps propres à hypothéquer l’avenir de l’espèce !
– Tous capables !
– L’environnement éducatif
– Des moyens et des fins
– Comprendre, c’est (ré)inventer
– Savoirs en jeu / Enjeux de savoir
[…] Lire le texte développé

Avec les interventions de :

Christian LAVAL
François GONON
Paul DEVIN
Présentation des intervenants

Programme

Ateliers, tables rondes, interventions et temps statutaires… (programme susceptible d’être modifié)
Se projeter

Informations pratiques

Dates : 29 oct. (pré congrès) / 30-31 octobre et 1er nov. 2025
Lieu : Locaux du SNUipp / 12 rue Cabanis / Paris 14è (M° Glacière)

Restauration et hébergement au FIAP Jean Monnet (à proximité – 30 rue Cabanis)

Tarif :
Adhérent.e : Gratuit
Pas adhérent.e : 30 € (on peut adhérer ici)

Inscription

Nom
Adhérent·e au GFEN
Je souhaite
Hormis les informations concernant le Congrès, j'autorise le GFEN à m'envoyer des informations (activités, publica-tions)
Données personnelles – information : Nous recueillons vos données pour gérer votre inscription au congrès et vous informer. A tout moment, vous pouvez nous en demander l’accès, la modification et la suppression, selon les dispositions de la RGPD entrées en vigueur le 25 mai 2018.
Présence
Hébergement au FIAP (demi-pension : dîner compris)
Ch. à 2 lits (63 € par pers. + Taxe de séjour : 2,80 € / p. / j.). Formule ½ pension avec Pt déj. + Dîner
Déjeuners
L'inscription est souhaitée mais chacun règlera son repas au fur et à mesure. A titre indicatif : formule « Self Cocagne » (déjeuner ou dîner) avec : Entrée, plat, dessert, 1 verre de vin ou soft et café : 18,70 €
Dîners
L'inscription est souhaitée mais chacun règlera son repas au fur et à mesure (sauf si 1/2 pension). A titre indicatif : formule « Self Cocagne » (déjeuner ou dîner) avec : Entrée, plat, dessert, 1 verre de vin ou soft et café : 18,70 €
0,00 €

Don de soutien (déduction de vos impôts de 66 %)

Un été d’Education Nouvelle : nos stages d’été et de rentrée

Venez passer un été d’Education Nouvelle avec le GFEN. Universités et stages… d’été ou de rentrée sont ouverts à toutes et tous.
Les propositions de travail des groupes et secteurs :

4-6 juillet à Aubervilliers (93)
Lire et écrire de la philosophie
Stage d’été du secteur Philosophie

19-24 août à Nayemont les Fosses (88)
RésistanceS : Ecrire pour exister aujourd’hui
Stage du secteur Ecriture & Poésie du GFEN

22-25 août à Vénissieux (69)
En classe de langues, (se) jouer des contraintes,
bousculer les modèles
17ème Université d’Eté du Secteur Langues du GFEN

25-26 août à Mainvilliers (28)
Démarrer en Education Nouvelle
Stage de rentrée GFEN Eure et Loir

26-27 août à Fournet-Blancheroche (25)
S’outiller pour démarrer l’année et répondre aux défis éducatifs
Stage de rentrée du GFEN Franche-Comté

17-23 août à Uzeste (33)
Participation du GFEN Sud Ouest
à la 48ème Hestejada de las Arts d’Uzeste

30 août à Bègles (33) Reporté, la nouvelle date sera communiquée ultérieurement
Aider à progresser en orthographe
Journée de pré-rentrée du GFEN Sud-Ouest

Cette année le stage du secteur Arts Plastiques et création se tiendra du 19 au 24 octobre, à Toulouse Tous et toutes capables.


« La paix aura le dernier mot ! » retour sur la démarche d’art plastique animée le 14 mai

Ce mercredi 14 mai 2025, le GFEN Paris avait convié Sylviane Maillet pour animer sa démarche d’art plastique « La paix aura le dernier mot ! ». Nous avons été accueilli dans une salle où nombre de reproductions d’oeuvres autour de la guerre et de la paix avaient déjà été accrochées. 

Sylviane nous a d’abord demandé de faire un choix : nous allions produire, chacun, une oeuvre et devions, par avance, décider quelle serait sa fonction (faire un cadeau, faire une pancarte pour une manif, l’exposer dans un lieu particulier,…) Une fois ce choix fait, nous avions quantité de peinture et d’outils pour faire un fond sur un support au format de notre choix. Bien que le sujet de la paix n’était pas encore abordé, nombre d’entre nous avons déjà pris un plaisir certain à jouer avec la peinture et les outils.

Dans un deuxième temps, Sylviane nous a fait proposer un ensemble de mots en lien soit avec la guerre, soit avec la paix. Une fois les corpus suffisamment riches, nous avons dû chercher des expressions ou des titres à détourner pour pouvoir évoquer la guerre ou la paix. « J’irai cracher sur vos bombes. » « Faites l’humour pas l’enfer. ! » « La fête, c’est les autres ! » « La guerre c’est surcôté. » « Qui aime bien prend soin » « A bas les slogans, vive les jeux d’enfants ! » « 12 femmes sans colère » « La guerre est un torrent de l’arme. » « L’adieu aux larmes ». Ces expressions ou titres détournés ont constitués autant de  « problématiques » dont nous nous sommes emparés pour réaliser des illustrations sur nos fonds, avant d’ajouter et mettre en valeur cette phrase que nous avions choisi. Et pour produire ces illustrations, nous étions fortement invités à nous inspirer, à copier, voire à piller (par le décalcage) les reproductions d’oeuvres présentent autour de nous.

Nous avons terminé par une « exposition » de nos productions et par un échange autour de notre vécu de cet après-midi. Parmi les pépites qui ont émergé lors de ce retour sur expérience, nous pouvons citer : « Même si j’ai fait une production « personnelle », je n’ai cessé d’observer ce que faisaient les autres et d’échanger avec eux. J’avais un sentiment très joyeux d’être dans un travail collectif, sans craindre d’être jugé. » 

En nous mettant en relation autour de ce projet sur la paix, nous avons non seulement tenté de donner « à voir » la paix – et ainsi contribuer à une culture de paix chère au GFEN – mais aussi nous l’avons faite vivre concrètement dans notre manière de travailler ensemble. L’ensemble de la démarche a été décrite par Sylviane Maillet dans le Dialogue n°195.

Damien SAGE

Séjour Erasmus sur « la lutte contre les idées des extrêmes droites », Bruxelles, 7-11 avril

« Interdiction du mariage des étrangers le lundi, débat sur l’immigration algérienne le mardi, haro sur les prestations sociales le mercredi… L’ordre du jour du Sénat ressemble désormais à une émission de CNews. « Les Républicains », presque majoritaires avec 131 des 348 parlementaires, y font la pluie et jamais le beau temps. Propositions de loi anti-écologistes, liberticides, identitaires, anti-immigrés se succèdent.

« On assiste à une forte droitisation des textes proposés, déplore Cécile Cukierman, présidente du groupe Communiste, républicain, citoyen, écologiste – Kanaky (CRCE-K). La droite lâche la bride sur tous les sujets. Elle est à l’offensive sur les questions migratoires et sécuritaires. »

 Voici ce qu’on peut trouver au début d’un article du journal L’Humanité le mardi 15 avril 2025.

Et ce sont justement ces questions qu’un groupe de travail franco-belge d’une douzaine de personnes a traitées à Bruxelles du 7 au 11 avril 2025 lors d’un séjour Erasmus sur « la lutte contre les idées des extrêmes droites ».

Ce groupe a réuni des militants de diverses organisations d’éducation populaire et d’éducation nouvelle (les CEMEA, l’ICEM Freinet avec notamment un membre de l’organisation espagnole, le CNAJEP, l’AFS, Léo Lagrange, la Fédération des centres sociaux et le GFEN).

La semaine fut riche en surprises, à commencer par une rencontre avec la RTBF (radio télévision belge francophone) qui fait partie du ‘’cordon sanitaire médiatique’’ contre les idées d’extrême droite, simplement en respectant l’article 17 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme mise en application dès 1953.

Dès 1956, la RTBF se désolidarise de la TV française, puis à partir de 1977 ne donne pas la parole à l’extrême droite, ni en direct, ni lors de débats, après avoir démontré que les programmes de certains partis sont discriminatoires, liberticides, concernant le genre, l’origine, la religion.

L’après-midi du même jour, nous avons rencontré Benjamin Biard, membre du Centre de Recherche et d’Information Socio-Politique (CRISP) qui nous a éclairé sur l’état de la situation politique en Belgique. Il a notamment évoqué les différences notables de rapport entre les partis de Droite et d’Extrême-Droite en Wallonie et en Flandre. Quant au 1er ministre de la fédération, il affiche de plus en plus une connivence avec les idées d’extrême-droite.

Le lendemain, à Liège, nous avons rencontré deux associations de Wallonie, Peuple et Culture ainsi que Barricade, la première, née de la Résistance en France, la seconde plus récente. Toutes deux sont signataires avec plus d’une vingtaine d’autres d’un accord commun rédigé par le FAL (Front Antifasciste de Liège), luttant pour une Education Permanente (l’équivalent de notre Education Populaire) à la citoyenneté comme contre-pouvoir à la droite extrême qui gouverne en Belgique. L’échange fut très riche et nous avons eu le plaisir de sentir un vif enthousiasme militant dans un espace chaleureux doté d’une librairie militante proposant un grand choix d’ouvrages.

L’après-midi, nous avons visité un espace muséal et commémoratif à propos de la déportation dans les camps de concentration nazis. Territoire de mémoire, l’organisation initiatrice de l’exposition, a fait un choix audacieux mettant les visiteurs au plus près de la réalité des camps. Nous en sommes ressortis quelque peu ébranlés.

Jeudi, Christian Laval, sociologue spécialiste du libéralisme, a resitué dans le contexte politique mondial le ‘’néo-fascisme’’ actuel et l’action possible pour transformer l’école et penser l’ensemble du système éducatif.

Il explique que depuis une cinquantaine d’année, la politique néo-libérale impose dans le monde entier sa stratégie qui organise l’école sur le mode de l’entreprise avec toutes ses techniques d’évaluation. C’est ce même néo-libéralisme qui est responsable de la poussée néo-fasciste valorisant toutes les dominations et instillant dans les mentalités la peur d’un ennemi extérieur autant qu’intérieur rendant le réarmement nécessaire.

Aujourd’hui, les classes populaires continuent à perdre du pouvoir d’achat et des droits et à alimenter l’extrême droite nationaliste.

L’école a été transformée par le libéralisme et est devenue un espace marchand où l’on raisonne en termes d’offres scolaires, ce qui influence les éducateurs.

La connaissance n’est plus qu’un avantage compétitif au service de l’employabilité et de l’innovation, nécessitant des compétences, elles-mêmes produit majeur de la formation actuellement. S’insinue aussi une problématique de ‘’culture patriotique’’ soutenue par les idées néo-fascistes. Un réarmement moral et civique pourrait commencer à l’école.

Education démocratique : La révolution scolaire à venir (2021) de Christian Laval et Francis Vergne  est  une contre-proposition à l’école néo-libérale qui défend la liberté de pensée et de concevoir les pratiques des enseignants, car il est temps de se demander quels nouveaux savoirs introduire à l’école et quelle « pédagogie instituante » y développer.

Nous avons fait d’autres rencontres, tout aussi passionnantes, pour sentir que nous pouvions agir ensemble contre cette idéologie qui s’infiltre dans toutes les dimensions de nos vies que nous ne voulons pas soumettre à la « servitude volontaire ».

1001 TERRITOIRES est un projet en construction actuellement en France, soutenu par 17 organisations associatives et des syndicats, qui proposera dès la rentrée 2025 des actions collectives participant à ce grand débat d’idées auquel nous participerons pour lutter contre l’extrême droite et ses idées.

Le texte suivant a été produit à partir des sujets abordés pendant notre séjour et de mots ou d’expressions prononcés par chacun d’entre nous.

                                    Nous, Iroquois.

Il est des lieux, il est des peuples,
Il est des temps particuliers, il est des bruits bottés.
Weimar ou Vienne à une époque
Molenbeek ou Les Minguettes à une autre…
Il est temps.
Il est des lois
Il est des droits
Ils sont humains.
Est-ce qu’on en parle sur la grand place de Bruxelles ?
Au cœur de l’ancienne richesse marchande,
Entourés de sourires voilés, de fontaines de chocolat, de gaufres de misères,
De touristes mondialisés, arrosés du pipi du Manneken.
Dans les rues il y a foule, il y a toutes les langues.
Où est donc le danger ? Devinez. A Weimar, Molenbeek, aux Minguettes ?
Dans les têtes ? Verrouillées.
De la peur d’un virus à la peur d’un voile. Il faut se le dire :
Qu’est-ce qui nous menace,
Sinon la chute de la société du grand marchandage et du grand retournement.
Le cœur à gauche, le porte feuille à droite.
Pensons global, agissons local mais luttons contre
Toutes les forces noires, brunes ou grises sont encore et toujours là.
Et luttons pour, pour quoi…
A la manière des Iroquois.
Sur nos chevaux de toutes les couleurs, avec nos arc-en-ciel d’égalité, avec nos flèches de cœur et de corps, nos tresses de cheveux libérés, nos cris d’espoir fraternel, nos peaux de bêtes sauvages.

Sylvie Lange (GFEN Ile de France)

Parce que nous sommes l’espèce fabulatrice, nous sommes capables de formuler un autre récit. Un récit où la norme ne serait pas imposée par des dominants anthropophages mais élaborée ensemble dans une vision communiste de l’habitation du monde. Un monde où l’on ne se rangerait pas par deux dans les couloirs de l’école, mais un monde où l’autre serait une composante de soi.
Former à la rébellion par une revendication de la radicalité parce que sans racines, pas de sève, pas de feuilles, pas de canopée, pas de toit du monde pas de toi au monde.

Dominique Piveteaud (GFEN Toulouse)

Décrochage scolaire… pourquoi, quoi, quoi faire ?

Retour sur un atelier animé par le GFEN 31, le 7 février à Toulouse, sur le thème du décrochage scolaire.

Suite à une rencontre informelle avec une animatrice de l’association d’habitant-e-s du Mirail-Reynerie à Toulouse « Miroir vers l’avenir », nous avons eu la demande d’un atelier sur le « Décrochage scolaire ».

Le jour j nous étions une quinzaine, un gros tiers de parents impliqués dans l’association et des professionnels impliqués dans des structures éducatives et/ou d’aide au décrochage scolaire.

L’enjeu était donc de mettre en recherche et interaction ces divers publics tout en invitant chacun à se placer dans la perspective d’avoir à intervenir auprès par exemple d’un groupe de parents d’une école.

Première situation : Si le décrochage scolaire = déscolarisation, quelles en sont les causes probables ? Écriture perso rapide et mise commun à tour de rôle sur une affiche.

Conclusions :  un problème complexe, un mille-feuille, multiples causes, pas LA réponse, chaque situation est singulière. Des responsabilités politiques, sociales, institutionnelles, collectives…bien avant d’être familiale et de l’élève, pour autant ni impuissance ni fatalité, il y a des leviers !

Pas de culpabilisation, passer de c’est la faute à qui à c’est la faute à quoi !

Intervention : Attention, décrochage(s) ? De multiples degrés, formes et situations, commence très tôt, à bas bruit, plus ou moins visible, masqué par une certaine « réussite dans le faire » avec des étayages, mais l’implication et la compréhension n’y sont pas, il y a des ratés. Lorsqu’on est fragilisé, on préfère se mettre en retrait ou en conflit plutôt que de souffrir de l’humiliation d’un nouvel échec. Décrochage et/ou décroché ? Nécessité d’aller au cœur de ce qu’est « apprendre », accompagner à partir de situations connues de tous et chercher ensemble.

Deuxième situation : listons les apprentissages réussis dans l’environnement familial. Récolte au tableau (la marche, la parole, l’hygiène, la politesse, cuisiner, autonomie, les limites…) cf. Article de Jean Bernardin « Animer une réunion de parents dans un établissement, un quartier… » Dialogue n°146.

Donc beaucoup de réussites: les parents sont « tous capables » en tant qu’éducateurs ainsi que les enfants « tous capables »  en tant qu’apprenants ! Allons voir comment c’est possible ?

Troisième situation : Apprendre à marcher, comment avez-vous fait avec votre enfant, comment a-t-il fait ? Travaux en petits groupes, récolte collective sur affiche, vers la définition des facteurs aidants.

Quatrième situation : réinvestir les facteurs aidants dans une démarche d’accompagnement de l’enfant.

– Dans le hors scolaire : prolonger, enrichir ce qui se fait déjà en famille.

– Dans le cadre scolaire : des organisations, aux acculturations, aux suivis, à la relation à l’enseignant. Remarque : attention aux spécificités de l’école (nouveaux groupes, langage réflexivité, objets nouveaux…)

– Dans le cadre de partenaires spécialisés : affiche préparée sur les ressources institutionnelles de proximité.

– Dans le cadre de son implication de parent dans l’apprendre, la mobilisation…

Conclusions : Attention (parents, élèves) quand on est passif, délègue trop…Vous avez des ressources personnelles et sociales…Un jeune peut décrocher mais sa vie n’est pas finie pour autant… Apprendre soi-même en tant que parent… discuter, échanger, questionner, ne pas rester seul, se mettre en collectif !

Compte-rendu du comité consultatif de l’ANLCI

Le 20 mars 2025, plus de cinquante associations ont participé au Comité consultatif de l’ANLCI au siège de l’ISCPA – Groupe Igensia à Paris. Jacqueline BONNARD, secrétaire nationale y représentait le GFEN. Ce fut l’occasion d’échanger sur les différentes actions menées contre l’illettrisme, l’illectronisme, l’inumérisme.
Pour l’année 2025, le public ciblé sera les jeunes de 16 à 29 ans.

voir le compte-rendu

ANLCI : Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme – anlci.gouv.fr

Retour sur le Stage GFEN « Apprendre pour quoi faire ? » 7-8-9-10 mars 2025, Toulouse

Une manière de re-poser le rapport entre pédagogie et sens, finalités, valeurs…le politique-humain.

Un stage prévu pour accueillir un public varié (étudiants en M1 MEEF, parents enseignants, étudiantes en AS…), sur plusieurs jours (vendredi, samedi matin, dimanche matin, lundi), avec différentes entrées, sur deux lieux (Plateforme Toulouse citoyenne au Mirail, Atelier Archipel à Arnaud Bernard au centre-ville).

Des démarches et des chantiers de réflexion (utilisant aussi des outils réinvestissables) Un temps d’accueil et de présentation du gfen et du stage, de ses enjeux qui a généré, certainement de part la diversité du public, une grande richesse de questionnements. […] Lire la suite du compte-rendu

Revoir la présentation du stage

3ème Université de Printemps du FSU SNUipp 13 – 1er au 3 avril

Pour une école émancipatrice tout est fondamental

Mardi 1er avril & Jeudi 3 avril 2025
Marseille et Martigues (au choix)

  • Interventions de chercheur·ses dont :
    => Jacques Bernardin, président du GFEN.
    => Laurence De Cock, professeure d’histoire.
    => Frédéric Grimaud, PE et chercheur.
    => Des militant·es des CEMEA

  • Échanges autour des pratiques professionnelles, des enjeux de l’éducation et des perspectives pour notre métier.

  • Réflexions sur le syndicalisme dont nous avons besoin pour défendre l’école publique.

En savoir plus

Journée de travail sur l’évaluation, par le Collectif Riposte Education – 29 mars

Samedi 29 mars 2025, Paris. Organisé par le collectif Riposte Education dont fait partie le GFEN

S’agit-il de trier les élèves selon des critères présentés comme objectifs ? d’évaluer la progression des élèves ou sanctionner un niveau atteint en fin de cycle ? d’évaluer l’enseignement, d’évaluer les enseignants ? Les examens diplômants ne font-ils pas perdurer des modes d’évaluation, des systèmes de moyennes et de mentions, de contrôle continu et d’épreuves terminales qui pèsent lourdement sur les contenus et les méthodes d’enseignement sans garantir la qualité de la formation ?…
Nous vous invitons à échanger, débattre pour penser ensemble des alternatives, d’autres possibles…

Stage Sud Education Guyane 9ème édition – Journal de bord

Pour la 9è année consécutive, SUD Éducation Guyane organise la formation syndicale : « Pédagogies émancipatrices » à Saint-Laurent-du-Maroni les 17 et 18 février et à Cayenne les 20 et 21 février 2025.
Dominique Piveteaud et Claire Albert interviennent pour le GFEN et partagent avec nous leur journal de bord.

Lundi 17 février 2025 – jour 1

Voilà 10 ans maintenant que le GFEN est partie prenante du stage annuel organisé par Sud Education Guyane. Le thème de cette année de l’esprit critique à la pensée critique est né de l’idée de mettre en réflexion le fait que l’injonction de plus en plus insistante à former à l’esprit critique est concomitante d’une dynamique de resserrement des ambitions pour les élèves (sommation à appliquer une méthode unique d’apprentissage de la lecture, renforcement des évaluations et de leur utilisation pour imposer une vision de l’apprentissage, suppression de certaines filières à des visées d’adaptabilité à l’employabilité, etc…). N’y aurait-il pas un loup derrière cette apparente contradiction ?

Comme les années précédentes, la première session de stage se déroule à l’Association de Découverte de la Nature Guyanaise (ADNG) à quelques kilomètres de Saint Laurent du Maroni. 25 enseignants des 1er et 2nd degrés étaient présents. Exerçant à Saint Laurent du Maroni et dans des villages parfois éloignés sur le fleuve Maroni, ils ont fait part de réalités complexes, souvent douloureuses tant pour les élèves que pour eux-mêmes. Le désarroi qui s’exprime montre des personnes au bord de la rupture. Concevoir une formation sur ce territoire maltraité impose de prendre en compte des spécificités très particulières.

Après la présentation des enjeux du stage et du GFEN, nous ouvrons les deux journées par une parole de Patrick Chamoiseau : « Pour imaginer le monde qui nous manque, la pensée a besoin de l’impossible. » Le ton était lancé.

Suit ensuite un débat mouvant autour de la phrase : « La notion d’esprit critique est un outil de la domination ». Le débat, très riche, a commencé de semer le doute chez certains, alors que la majorité des participants semblait partager l’idée que l’esprit critique n’était pas une notion contestable. D’autres sont restés plus hésitants s’interrogeant sur le rapport entre esprit critique et domination.

Les discussions se sont poursuivies autour d’une vidéo présentant la pensée de Michel Foucault à travers une conférence interrompue (https://youtu.be/Fbr5jKZvfzg). Après un moment de surprise, chaque groupe a mené des débats autour du rapport entre savoir et pouvoir d’une part et des processus d’autosurveillance à partir de l’image du panoptique. Cette référence a fait écho à des réalités douloureuses vécues dans la pratique quotidienne de la classe. Une des questions émergentes en fin de matinée : « Comment garder notre liberté/pensée pédagogique alors que tout concourt à la pensée unique ? »

Après un déjeuner partagé, nous avons animé la démarche Que s’est-il passé le 6 février 1934 ? Adopter un point de vue qui peut être éloigné de son propre champ de valeur a pu créer de la difficulté pour certains. Au final, les participants ont joué le jeu de la mise en scène de la commission parlementaire. La démarche n’a pas été menée dans sa totalité, une place importante ayant été faite aux échanges sur le dispositif lui-même et sur l’ensemble de la journée. La discussion a une nouvelle fois fait apparaître les difficultés et l’isolement auxquels sont confrontés des enseignants titulaires et contractuels (très nombreux ici) notamment dans le 1er degré. Cet échange soulève à nouveau la question de LA méthode. Comment s’autoriser à penser de manière critique UNE méthode présentée comme solution unique sous couvert de facilitation d’entrée dans le métier ?

Certain.es stagiaires nous rappellent la spécificité de ce territoire colonial où le colorisme est à l’œuvre jusque dans la légitimité à enseigner selon ses origines sociales, culturelles et géographiques.

La nécessité du collectif pour sortir de l’isolement et envisager des réponses aux injonctions a été un marqueur fort de cette première intense et riche en débats.

Retour demain sous la canopée de la forêt amazonienne pour la suite !

Mardi 18 février 2025 – jour 2

Seconde et dernière journée du stage à Saint Laurent du Maroni. Les 25 participants ont débuté la journée par un retour bref sur la journée d’hier à partir de l’invitation à poser par écrit quelques mots-clés ou phrases.

Deux ateliers ont été proposés en parallèle.

La démarche Lecture avec questions préalables sur un texte de Lawrence Lessig Le code fait loi. De la liberté dans le cyberespace. La démarche a d’abord surpris par les questions et le texte proposé. Après un temps de lecture individuelle puis de travail en groupes, les échanges ont permis d’aborder les questions de vie privée sur internet mais aussi de ses usages, en particulier par les jeunes. L’exemple de la création d’une cartographie collaborative via Opensteetmap.org a initié une réflexion sur la réappropriation collective de cet outil.

Un atelier d’exploration sur l’utilisation de ChatGPT comme outil au service des apprentissages. Cet atelier a été conçu à partir d’une expérience dans deux classes de BTS en co-élaboration avec une professeure de lettres. A partir de premiers échanges autour de la question : En quoi l’école participe-t-elle à l’émancipation ? puis de la lecture de textes de Hannah Arendt, Condorcet, Jules Ferry, Michel Foucault, Grégory Chambat (à propos d’Illitch), les participants ont élaboré collectivement un corpus idéel et conceptuel pour permettre de commencer à répondre à la question. A ce moment de l’atelier, un texte rédigé par ChatGPT répondant à la question a été distribué aux groupes. Invitation a été faite de choisir un passage du texte et de le réécrire en l’incarnant de manière à pouvoir s’en revendiquer auteur.

La publication orale a permis de mesurer la prise de distance avec le texte de l’IA, plusieurs choix ayant été fait : combler des manquements repérés, augmenter l’espace de référence et utilisation de la métaphore, adopter un parti-pris prenant le contrepied de l’apparente neutralité du texte de l’IA.

Les échanges ont fait apparaître des questions autour de la convocation de savoirs extérieurs, de l’expression d’un point de vue, de la possibilité de compléter le texte initial. L’importance de la phase d’élaboration et du nourrissage par de la lecture des textes a été soulignée comme vectrice des apports pouvant être intégrés dans le texte de l’IA.


Après la pause déjeuner, un temps d’écriture a été proposé afin d’opérer un retour sur soi, exprimer des déplacements et des interrogations. La phrase de Patrick Chamoiseau qui avait ouvert le stage : « Pour imaginer le monde qui nous manque, la pensée a besoin de l’impossible », était l’inducteur de l’écriture. Afin de provoquer celle-ci, des citations de Hannah Arendt était disséminés sur une grande bande de papier. Les participants étaient invités à écrire en écho à ces fragments. Peu à peu des échanges écrits sont apparus sur le papier. Après un temps d’écriture individuelle, certains textes ont été publiés par leurs auteurs.

La dernière plage du stage a été consacrée à un temps d’échanges d’une heure sur la suite à donner à ce temps de formation afin de (re)créer les conditions du collectif, celui-ci pouvant répondre à une préoccupation de réconfort mutuel au vu de situations individuelles complexes et douloureuses, à un besoin d’échanges autour des pratiques et à une nécessité de répondre collectivement aux pressions et manquements de l’institution. Quelques pistes ont été envisagées, des contacts se sont noués.

Bien qu’empreint d’une certaine gravité, ces deux jours ont permis à beaucoup d’envisager les choses de manière un peu moins pessimiste, même si les termes de burn-out, de démission, de départ ont émaillé les journées.

De très belles rencontres avec de belles personnes qui y croient encore. Les marques de l’histoire de ce territoire ne se dissolvent pas dans le temps. Clin d’œil qui interroge : les autorités ont installé sur un rond-point à l’entrée de la ville une réplique de la porte d’entrée du camp de la transportation (bagne) qui a fermé après la seconde guerre mondiale… 

Mercredi 19 février 2025 – jour 3

Journée de transition. Un petit au revoir à Saint Laurent du Maroni avec un tour au marché puis la route jusqu’à Cayenne.

Le défilement des paysages autour de l’asphalte est propice à la pensée flottante. Les deux journées de la veille ont fait émerger une question induite elle-même par la dernière plage du stage intitulée : Et maintenant, comment refaire collectif ? De cette question, nous nous sommes demandé comment rendre possible, par les enseignants, la reprise en main de leur destin, de leur autonomie de penser et d’agir professionnellement et de se départir le plus possible de l’empreinte de la peur que génère visiblement l’institution.

Ce questionnement est venu du récit d’enseignants de CP évoquant l’obligation qui leur est faite d’utiliser sur tout le secteur de Saint Laurent du Maroni, une méthode de lecture dont le titre, Néo, contient en lui-même sinon un clin d’œil funeste, une intention qui en dit long sur le regard porté sur les élèves de cette région. Néo comme néocolonialisme ? L’ambiance du lieu où tout ramène à l’histoire coloniale, de la mise en esclavage à la détention dans les multiples bagnes qui ont constellé la Guyane jusque dans les années 1950 nous a fait faire ce rapprochement que certains trouveront simpliste. Pourtant, ne serait-il pas installé dans l’esprit des commanditaires que ces élèves ne sont pas capables d’autres choses que d’être alphabétisés ? L’excuse d’une maîtrise aléatoire de la langue française est la même que celle qui a présidé aux programmes d’alphabétisation au moment de la création de l’école française dans les années 1870 par un certain Jules Ferry. Le peuple ne pouvait prétendre à plus que savoir déchiffrer un acte d’état civil ou un avis de mobilisation. Il ne s’agissait pas de former des lettrés mais de leur fournir une relative autonomie pour gérer des écrits du quotidien.

La réflexion qui a occupé les pensées dans l’habitacle de la petite voiture rouge concerne l’intégration par les enseignants eux-mêmes de l’argument de facilitation que représente l’utilisation de ladite méthode. « Vous verrez, le balisage et la progression de la méthode vous faciliteront la tâche. Tout est prévu, vous n’avez qu’à suivre. » En acceptant cette argumentation, non seulement ils renoncent à se penser capables de penser leur enseignement, en déléguant les choix pédagogiques à la méthode mais ils endossent un statut d’exécutants du tuto que leur impose l’inspecteur. Ainsi l’argument du chef devient l’excuse du débutant. Le plus grave, nous semble-t-il, est que ces enseignants, pour la plupart contractuels, mettent en œuvre des conceptions qu’ils ne revendiqueraient sans doute pas s’ils avaient conscience de ce qu’elles induisent.

La question de la soi-disant neutralité de la méthode pourrait devenir un chantier intéressant pour une prochaine formation.

Une petite bière Jeune Gueule à l’arrivée à Cayenne et nous sommes repartis dans les ajustements nécessaires pour la seconde session de deux jours…

Jeudi 20 février 2025 – jour 4

Nouvelle session de stage à Cayenne. L’ambiance est très différente du stage de Saint Laurent du Maroni. Le lieu, l’université de Guyane donne une couleur plus normée, institutionnelle et urbaine. Un peu moins de 50 participant.es sont présent.es.

La proposition de démarrage du stage reste la même qu’à Saint Laurent. « La notion d’esprit critique est un outil de domination ». La discussion a essentiellement porté sur le lien entre esprit critique et domination. Comme à Saint Laurent, le terme même d’esprit critique n’a pas été remis en question par la majorité des participant.es.

La conférence interrompue a donné lieu à des échanges très riches. Elle a permis de formuler un certain nombre de questions :

– Comment créer des espaces de résistance et de liberté aux discours dominants et aux forces sociales qui nous façonnent ?
– Qu’est-ce que la pensée critique, finalement ?
– Existe-t-il une forme d’organisation du pouvoir qui n’imposerait pas son savoir ?
– Comment penser le rapport à l’autorité dans la famille, dans la classe, de manière à laisser « penser critique » ?
– Est-on certain que notre pensée est la nôtre ?
– Comment transmettre le savoir indépendamment du pouvoir en place, sans se heurter à notre place de professionnel.le au sein de l’institution ?
– A la lumière de la pensée foucaldienne, comment peut-on distinguer la vérité de la croyance ?

La discussion s’est à nouveau appuyée sur des expériences professionnelles où le rapport à l’imposition de méthodes et pratiques par la hiérarchie semblait difficilement contournable voire incontestable. La question qui s’est posée est celle de l’acceptation, au-delà des méthodes, des conceptions et des valeurs sous-jacentes. La méthode de lecture NEO, caricature du projet d’alphabétisation de la jeunesse, remet au premier plan la difficulté de perception des fondements idéologiques de cette méthode.

La démarche « Que s’est-il passé le 06 février 1934 ? » a mis les participant.es dans une situation problème. Après avoir pris connaissance de documents permettant une contextualisation de l’évènement, 6 groupes ont travaillé à élaborer un positionnement idéologique marqué (extrême droite, socialiste et communiste) afin de préparer la mise en scène d’une commission parlementaire. Les participant.es se sont pris.es au jeu. Le débat a permis de questionner le rôle de l’enseignant.e dans sa posture de sachant.e : faut-il donner tous les éléments à priori ? En quoi la teneur des documents peut-elle inciter à la curiosité ? Les échanges ont mis en valeur qu’il est nécessaire non pas de faire un copier-coller mais de se réapproprier les enjeux d’une démarche quelle quelle soit pour inspirer sa pratique. Une participante a témoigné du réinvestissement d’une démarche vécue du projet de mine « Montagne d’or », animée lors d’un précédent stage.

Cette première journée a permis à certain.es de « bouger » dans leur conception des notions d’esprit critique et de pensée critique au fur et à mesure des échanges. Quatre personnes ont fait le choix de s’éclipser discrètement… peut-être les reverrons-nous demain ?

Vendredi 21 février 2025 – jour 5

Deuxième et dernier jour du stage à Cayenne.

Le nombre de participant.es est resté stable, autour de 40, certaines personnes ayant dû se libérer à un moment ou à un autre car nous sommes en pleine période de carnaval. En ce dernier jour avant les vacances scolaires, les écoles étaient de la fête.

La journée débute par un petit moment de retour sur la journée de la veille, chaque participant.e étant invité.e à jeter sur le papier quelques mots-clés ou réflexions et à les partager. Partage, réflexion, mise en pensée, collectif… ont été les points saillants de ce premier retour. Un certain nombre de questions est apparue pendant les échanges, le climat politique général ayant été convoqué dans la discussion : Qui sont nos principaux alliés si ce ne sont les élèves ? Souhaitons-nous former des « citoyens » adaptables à une société profondément inégalitaire ou allons-nous jusqu’à penser nécessaire de former des révolutionnaires capables d’agir et de transformer cette société ? Comment prétendre former à la pensée critique sans être nous-mêmes capables de l’exercer ?

Les deux ateliers proposés en parallèle (lecture avec questions préalables autour du texte de Lawrence Lessig et exploration autour de l’utilisation de Chat-GPT) ont rencontré une très forte adhésion.

L’atelier Lecture avec questions préalable a été abordé différemment qu’à Saint Laurent du Maroni. Un temps d’échanges sur les différences entre information, savoir et connaissance a permis de faire le lien avec les trois niveaux de question (s’informer, se questionner, réagir) et de s’interroger sur l’importance de la façon dont en tant qu’enseignant.e on formule les questions. L’entrée dans la démarche a été plus facile. Les trois groupes ont produit des affiches pour réagir au texte. Le temps d’échange a été l’occasion de se questionner sur notre servitude volontaire aux règles des sites web et sur la problématique de la privatisation d’internet. Comme un préambule à l’atelier d’écriture de l’après-midi, une des participantes a proposé « d’aller au-delà du rêve » dans nos volontés de reprendre le contrôle sur le code.

Comme à Saint-Laurent du Maroni, les stratégies de réécriture de certains passages du texte de l’IA ont été multiples. Le retour sur le dispositif a fait apparaître quelques déplacements chez les participant.es, certain.es exprimant avoir revu leur jugement sur une posture de méfiance, voire de défiance à priori de ces nouvelles technologies.

L’après-midi a débuté par la distribution du texte de Jacques Bernardin Interroger notre conception du savoir où l’auteur fait la distinction entre information, connaissance et savoir.

Nous avons ensuite distribué aux participant.es le document présentant la notion d’esprit critique sur le site Eduscol. Le travail initié depuis la veille a permis de relever quelques incohérences (l’esprit critique serait quelque chose à posséder et à entretenir, la lucidité imposerait de savoir ce que l’on ignore, l’expertise du débat se repérerait à sa capacité à accepter d’avoir tort…). L’idée d’esprit a également été fortement questionnée.

Cet échange a permis de faire référence à Jacques Ardoino autour des statuts d’agent, d’acteur et d’auteur. Au-delà de l’injonction parfois sournoise de responsables hiérarchiques à endosser un rôle d’exécutant (des basses œuvres ?), la question se pose du rôle que l’on assigne nous-mêmes aux élèves. La conception des savoirs et de la manière de les transmettre est un espace à interroger dès lors que se questionne le rapport émancipation/assignation.

Le temps d’écriture à partir de fragments d’une interview d’Hannah Arendt (https://youtu.be/lCOxpdXgkHI) a initié un temps de partage de quelques textes.

Enfin, à partir de l’invitation à dire sa pépite (ce que je garde), son frigo (ce que je garde au frais), son râteau (ce que je ne garde pas ou ce que je regrette), le temps de bilan de ce stage a fait apparaître l’importance de la rencontre de différentes réalités, le bonheur du partage dans un espace sécurisé, les remerciements pour l’ambition annoncée et vécue de penser par le haut et la nécessité du collectif.

Les deux formateurices ont insisté sur le fait qu’iels-mêmes ont grandi intellectuellement grâce à cette aventure collective.

Ces deux sessions de formation ont été très politiques pas tant dans le tissage de la relation entre pédagogie et politique que dans l’interrogation sur le rôle que nous décidons d’avoir ou non dans l’installation du rapport de domination/soumission à un cadre de plus en plus autoritaire.

L’idée de se repenser capables d’un imaginaire collectif pour penser et agir le monde autrement s’est faite peu à peu jour, certain.es participant.es revendiquant le droit à croire en une utopie réalisable.

Après coup, et par esprit d’escalier, nous aurions pu conclure par ce fragment du texte de Etienne de La Boétie Discours de la servitude volontaire : « Ce maître n’a pourtant que deux yeux, deux mains, un corps, et rien de plus que n’a le dernier des habitants du nombre infini de nos villes. Ce qu’il a de plus, ce sont les moyens que vous lui fournissez pour vous détruire. D’où tire-t-il tous ces yeux qui vous épient, si ce n’est de vous ? Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper, s’il ne vous les emprunte ? Les pieds dont il foule vos cités ne sont-ils pas les vôtres ? A-t-il pouvoir sur vous, qui ne soit de vous-mêmes ? Comment oserait-il vous assaillir, s’il n’était d’intelligence avec vous ? Quel mal pourrait-il vous faire, si vous n’étiez les receleurs du larron qui vous pille, les complices du meurtrier qui vous tue et les traîtres de vous-mêmes ? » Cela pourrait être l’entrée du prochain stage, déjà très attendu… La thématique émergente encore brouillonnante s’intitulant pour l’instant : Pourquoi et comment (s’) éduquer au collectif ?

Claire et Dominique

Formation des cadres et militants des mouvements de Convergence(s)

Le dossier reprend les contenus et démarches de la formation organisée pour la première fois lors de la biennale 2024 à Nantes. Ce sont des « traces » pour les participant.e.s mais le document peut aussi être un support intéressant pour transférer cette initiative ici ou ailleurs … Lire

Voir aussi Retour sur la 4e Biennale Internationale de l’Education Nouvelle – Nantes

Stage « Ecrire avec les arts plastiques » organisé par la FSU SNUipp 70 et animé par le GFEN

Retour en images sur le stage qui s’est tenu à Vesoul, le 28 novembre 2024 et qui était animé par Hélène Cohen Solal et Nathalie Cuxac du secteur Arts plastiques, recherche et création du GFEN, ainsi que Philippe Lahiani (GFEN Franche-Comté).

« Journée artistique réussie pour les syndiqué·es de la FSU-SNUip 70 !
On recommencera, ça c’est sûr !
Sans chercher à compenser le manque cruel de formation continue, la FSU-SNUipp 70 propose des temps collectifs, coopératifs, d’échanges entre collègues qui font du bien professionnellement, qui redonne une dynamique à notre métier.
Un grand MERCI à Hélène et Philippe du GFEN qui reviendront prochainement…
« 

Publié sur le site du SNUIpp 70, le 29 novembre 2024

Retour sur la 4e Biennale Internationale de l’Education Nouvelle – Nantes

Podcasts, vidéos, textes, reportages… de la Biennale sont à retrouver sur le site de Convergence(s) pour l’Education Nouvelle

Après Poitiers et Bruxelles, la 4e Biennale s’est tenue à Saint Herblain du 30 octobre au 2 novembre 2024. Près de 500 personnes se sont réunies autour de 5 axes de travail, 5 enjeux prioritaires sur lesquels il était proposé que la Biennale puisse échanger mais aussi produire un positionnement :

  1. Éducation Nouvelle et échec scolaire socialement marqué
  2. Éducation globale, Éducation Populaire, Éducation Nouvelle
  3. L’Éducation Nouvelle face aux totalitarismes et populismes
  4. L’Éducation nouvelle face au défi écologique
  5. Privatisation, marchandisation, coopération, internationalisme
    Présentation des axes

25 débats, 90 ateliers et des rencontres ont permis de d’échanger, débattre, confronter et partager :


Discours d’ouverture de la Biennale 2024 Lire

Discours de clôture : Nos réflexions collectives autour des axes de travail Lire

Rencontre avec Edwy Plenel « L’éducation nouvelle contre l’extrême droite » Ecouter

Rencontre avec Monique Pinçon-Charlot sur le rapport des ultra riches avec l’éducation nouvelle Ecouter

Radio Convergence(s), animée par les membres de l’OCCE
Ecouter les reportages dont celui sur :
– la formation en amont de la Biennale « L’Éducation Nouvelle face aux défis d’aujourd’hui » animée par une équipe internationale coordonnée par Philippe Meirieu.

En voir d’avantage sur le site de Convergence(s) pour l’Education Nouvelle

Et sur le Café Pédagogique :
– « Que retenir de la biennale internationale de l’éducation nouvelle ? » Lire
– « A l’école néolibérale, enseigner n’est plus un métier » Lire au sujet de la conférence gesticulée que l’on peut (re)voir ici

L’été avec le GFEN

Venez passer un été d’Education Nouvelle avec le GFEN. Universités et stages… d’été ou de rentrée sont ouverts à toutes et à tous.
Retrouvez les propositions de travail des groupes et secteurs et faites vos choix :


8-10 juillet à Besançon
JNE Quel avenir pour l’éducation ?
en savoir plus

11-13 juillet à Ivry sur Seine
Découverte des démarches philosophiques
stage du secteur Philosophie

19-23 août à Saint-Denis
Quand iels ne réussissent pas, qu’est-ce que je change dans ma pratique ?
stage du secteur Arts Plastiques et création

19-23 août à Dammarie les Lys (77)
Ecrire sur les mursEcrire les murs…
L’écrit des murs…Les cris des murs
secteur Ecriture & Poésie

20-23 août à Vénissieux
Toutes et tous capables en langues… et ailleurs. L’école n’est pas l’hôpital
16ème Université du secteur Langues

26-27 août à Mainvilliers
Prendre du temps pour ne plus en perdre !
stage de préparation de la rentrée du GFEN 28
28 août à Paris
Enthousiasmons notre rentrée
journée de prérentrée du GFEN Paris
31 août à Bègles
L’urgence d’idées neuves pour une rentrée forte !
journée du GFEN Sud-Ouest

nouveau :

25-27 août à Fournet-Blancheroche
L’histoire pour comprendre le présent
et préparer l’avenir

stage de rentrée du GFEN Franche-Comté

17-24 août
le GFEN sera présent avec son stand, sa librairie, ses ateliers et ses gueuloirs à
L’Hestejada d’Uzeste

Bienvenue sur le nouveau site du GFEN !

Cela fait des semaines que l’on y travaille et la date de lancement est enfin arrivée !

Nous souhaitons la bienvenue aux visiteurs qui y trouveront des informations actualisées et détaillées sur notre activité et les ressources que nous mettons en partage.

Il a été conçu pour être plus rapide et plus facile dans la navigation, plus sécurisé et plus convivial. D’autre part, notre boutique propose désormais des paiements en ligne simplifiés.

Bonne navigation !

JNE « Quel avenir pour l’éducation ? »

Journées Nationales d’Etudes du 8 au 10 juillet 2024 à Besançon.

Sur la scène nationale, la casse structurelle et pédagogique est bien avancée, sur fond d’idéologie douteuse. Peut-on trouver réponse aux défis contemporains en proposant des recettes d’avant-hier ? Elle est suffisamment violente pour provoquer une riposte commune du monde syndical et associatif, à la recherche d’un autre avenir pour l’école publique et, plus largement, pour l’éducation.

Ces réponses ne peuvent être « au petit pied » pour s’insérer dans une société qui se complexifie et où l’incertain domine. Dans un monde interconnecté, le paysage actuel est brouillé à bien des égards : désordres environnementaux inédits, flux permanent d’informations incontrôlées, montée des nationalismes agressifs, replis identitaires, inégalités sociales insolentes, absence d’alternatives…

La conscience de ces désordres contribue au mal-être de la jeunesse[1]. Sont-ils condamnés à osciller entre acceptation cynique des règles du jeu et refus d’en savoir plus pour éviter l’effondrement ? La hausse de consommation de psychotropes et de drogues[2] est inquiétante, symptôme d’une crise de sens de l’existence, d’un manque d’horizon mobilisateur. Pourquoi se mettre en marche si on se perçoit au bord du précipice ? La violence est une autre « mise en forme » du malaise actuel.

L’éducation vise à introduire au monde, pour le comprendre mais aussi pour le transformer. Elle doit être ambitieuse et prospective au regard des défis de notre époque, stimulante pour l’imaginaire et fructueuse pour la pensée, anticipatrice d’autres rapports humains et source de développement.

Avec les Journées Nationales d’Etude, le GFEN travaillera à la prospection d’alternatives au débat national faisant « Riposte », sur une trame aux mailles larges qui restent à affiner :

1.       Relire le Plan Langevin-Wallon :

a.       Lecture-arpentage (préambule et principes)
b.       Eléments contextuels et dimensions à questionner

2.       Focus sur :

a.       Les caractéristiques majeures du contexte contemporain
b.       Les limites des propositions éducatives actuelles, au regard des recherches

3.       Quels nouveaux impératifs pour l’éducation ?

Orientations et principes

4.       Quelles pratiques à la hauteur de ces ambitions ?

a.       Contenus
b.       Démarches : situations incitatives et temps réflexifs

Divers documents (articles, ouvrages sources, film vidéo, podcast) serviront d’appui à la réflexion commune.
_________________________

[1] Les recours aux soins d’urgence pour troubles de l’humeur, idées et gestes suicidaires ont fortement augmenté depuis 2021. Les 18-24 ans étaient 20,8 % à être concernés par la dépression en 2021, contre 11,7 % en 2017. La hausse s’est poursuivie de façon marquée en 2023. (Santé publique France, 9 octobre 2023)

[2] Entre 2014 et 2021, la consommation chez les 6-17 ans aurait augmenté de 48,5 % pour les antipsychotiques, 62,6 % pour les antidépresseurs, 78 % pour les psychostimulants, 155,5 % pour les hypnotiques et sédatifs… (Rapport du HCFEA, Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge. France info, 13 mars 2023). A 17 ans, 39 % des jeunes ont déjà consommé au moins une fois du cannabis (INRS, 29 mars 2024)

Plaquette de présentation / Infos pratiques/ Inscription papier

Télécharger le Plan Langevin-Wallon :  Nous vous demandons de venir aux JNE avec votre exemplaire imprimé, si possible.

Guide des hébergements à Besançon

Formulaire d’inscription

Date limite de réservation des repas le 1er juillet

Nom
Adhérent·e au GFEN
Je souhaite
Hormis les informations concernant les JNE, j'autorise le GFEN à m'envoyer des informations (activités, publica-tions)
Données personnelles – information : Nous recueillons vos données pour gérer votre inscription aux JNE et vous informer. A tout moment, vous pouvez nous en demander l’accès, la modification et la suppression, selon les dispositions de la RGPD entrées en vigueur le 25 mai 2018.
Présence (Adhérent.e)
Présence (Non adhérent.e)
Déjeuners
Dîners (à régler sur place)
Souhaitez-vous participer à la soirée festive du mardi soir ?

Stage Sud Education Guyane 8ème édition

Pour la 8è année consécutive, SUD Éducation Guyane organise la formation syndicale : Éducation populaire et Pédagogies émancipatrices à Saint-Laurent-du-Maroni les 15 et 16 avril 2024 et à Cayenne les 18 et 19 avril 2024.
Dominique Piveteaud et Pascal Diard interviennent pour le GFEN et témoignent…

Lundi 15 avril 2024

La situation en Guyane, et particulièrement à Saint-Laurent du Maroni, est socialement explosive, instable, ne serait-ce que parce que les promesses de l’Etat, par suite du mouvement de 2017, n’ont toujours pas été tenues. Ce lundi, d’ailleurs, a eu lieu une marche en colère et en hommage à une pharmacienne assassinée. La préfecture est sous surveillance !

L’école est, elle aussi, sous tension. Les réalités dont témoignent Éric et Angélique, le couple d’enseignants en collège qui nous héberge à Saint-Laurent, sont sidérantes et disent à quel point l’Etat laisse à l’abandon les élèves comme les personnels.

C’est pourquoi le thème du stage, cette année, avait trait à « la violence à l’école », thème particulièrement casse-gueule quand les émotions sont au comble de l’incandescence.

Et pourtant nous avons décidé de concentrer notre travail autour de deux axes : la violence est aussi et d’abord celle de l’école ; transformer la violence en conflit socio-cognitif est une possibilité de dépassement des situations-impasses qui subjuguent bon nombre de nos collègues.

Le programme pour deux jours s’est alors construit comme à notre habitude : avec les camarades du syndicat, Sabine et Elsa.

Une première journée pour interroger nos pratiques professionnelles ; une seconde journée pour vivre des démarches intellectuelles dans des pratiques de transformation.

Le stage se déroule dans un lieu qui donne à voir l’autre versant de la Guyane, celui d’une nature luxuriante dont la vie cachée fait sentir sa présence. Nous travaillons dans un carbet au milieu de la forêt.

La matinée débute par un débat mouvant à partir de la phrase : « les fautes d’orthographes n’existent pas ». Les participants doivent se placer d’un côté du cercle s’ils sont d’accord, à l’opposé s’ils ne le sont pas. Un échange s’installe à partir des argumentations des uns et des autres. Les questions de la norme, du respect de la règle, de l’assignation sociale en fonction de sa maîtrise de l’orthographe, de l’erreur comme terme possible de remplacement…

La suite se déroule autour d’une proposition de lecture et d’écriture sous l’intitulé : « En quoi l’expérience personnelle de la scolarité imprime-t-elle l’identité professionnelle et le rapport à enseigner ? » Lecture et mise en voix de récits d’école d’auteurs (Sarraute, Pennac, Ernaux, Camus) puis écriture à partir de l’invitation de Pérec : « Je me souviens ». Un débat s’engage ensuite sur ce qui fait violence dans la vie quotidienne de la classe, notamment autour de la langue professionnelle qui véhicule des termes dont la violence symbolique est patente.

Après un déjeuner convivial, deux ateliers en parallèle. La démarche des allumettes animée par Pascal et une situation d’appropriation d’un roman court pour la jeunesse animée par Dominique. Chaque groupe disposait d’un chapitre du livre avec pour invitation de réagir au texte par la formulation des questions que les participants se posaient à partir de leur lecture. La publication orale de l’ensemble des questions a déclenché un débat sur les intentions des différents protagonistes de l’ouvrage et de l’auteur. L’analyse de la démarche a permis de faire le lien avec la thématique du stage en interrogeant le rôle de la question dans les pratiques enseignantes et de poser celle d’un changement de paradigme : Comment passer de la question du professeur à laquelle il faut répondre à la mise en questionnement pour légitimer le besoin de construire des réponses.

La démarche des allumettes s’imposait selon nous. Car s’il y a bien une violence primordiale de l’institution vis-à-vis des personnels, c’est de lancer dans le bain des classes de jeunes femmes et de jeunes hommes sans formation initiale pour réfléchir aux savoirs et aux pratiques pédagogiques qu’elles et ils ont vécus en tant qu’élèves. Un des débats, en fin de démarche, entre formalisme et formalisation, montre à quel point cette démarche interroge, interpelle, intéresse celles et ceux qui viennent d’être bousculé.es. Mais comme le dit si bien Henri Bassis : « Ce n’est pas l’animateur qui forme, c’est le stagiaire qui se transforme ». Chiche !!!

Mardi 16 avril 2024

La tension évoquée hier a fini par se traduire par un blocage de la ville de Saint Laurent du Maroni. Après l’évacuation par les gendarmes d’habitants installés pacifiquement aux abords de la préfecture et la réponse jugée indigente du préfet aux revendications, des barrages ont été érigés durant la nuit bloquant la ville dans sa totalité. Impossible d’entrer ni de sortir.

La deuxième journée de formation qui se déroulait à l’extérieur dans la forêt n’a pu se tenir, Pascal et Dominique se trouvant dans l’impossibilité de sortir de Saint Laurent du Maroni.

Certains participants se sont retrouvés et ont pu échanger sur leurs pratiques et partager expériences et conseils.

L’opération d’exfiltration des deux formateurs a pris des allures de film. Les 3 barrages successifs ont pu être franchis grâce à la mobilisation de plusieurs militants de Sud éducation Guyane (Eric, Pierre, Béatrice et Sabine depuis Cayenne). A l’heure où s’écrit ce papier, Pascal et Dominique sont à Mana, au bord du fleuve. Antoine doit venir depuis Cayenne demain matin pour faire le voyage retour. Des informations circulent sur des heurts à Kourou qui se trouve sur le trajet vers Cayenne.

A suivre donc…

Jeudi 18 avril 2024

Quarante personnes à Cayenne sous la pluie mais à l’université, à l’abri mais sous le regard et les protestations d’un Kikiwi qui avait fait son nid en hauteur au beau milieu de la salle et visiblement peu sensible à nos questions pédagogiques. Bruit de fond donc de pluie diluvienne et de protestations d’oiseau.

La matinée a débuté, après la présentation du GFEN, par le débat mouvant sur la même affirmation qu’à Saint Laurent du Maroni à savoir « les fautes d’orthographe n’existent pas ». Pour pousser le bouchon, nous avons proposé un temps de travail autour de certains termes courants de la langue professionnelle considérés comme problématiques c’est-à-dire à interroger (faute, correction, hors-sujet, production d’écrit, consigne…). Les participants en groupe ont échangé sur l’aspect discutable ou non de ces items et envisagé des alternatives si besoin. Un échange en plénière a permis d’élargir sur le portage insu d’une violence symbolique.

L’atelier de lecture et de mise en voix des récits d’école a contribué à nommer certaines violences des pratiques et des postures et à identifier des points de vigilance.

L’après-midi s’est déroulé sur le même schéma qu’à Saint Laurent du Maroni à savoir la démarche des allumettes et le problème sans question autour d’un texte de littérature de jeunesse.

Cayenne n’est pas Saint-Laurent, comme l’est guyanais semble à l’opposé de l’ouest guyanais. Ici, les bâtiments de l’université en témoignent, les enseignant.es sont formé.es dans de meilleures conditions. Et les questions qu’elles et ils se posent évoquent des réalités différentes, au sens où les contradictions opèrent à des degrés plus ou moins violents (par exemple, la question de la non-scolarisation massive d’élèves se pose moins à Cayenne). Ce qui fait que les dynamiques de stage se présentent sous diverses formes : les retours réflexifs engagent des débats autres (plus conceptuels à Saint-Laurent, plus didactiques à Cayenne) ; les remarques critiques se politisent très vite à Saint-Laurent, se professionnalisent plutôt à Cayenne ; les témoignages à propos des élèves se centrent sur la précarité des conditions d’existence à Saint-Laurent, sur les difficultés d’apprentissage à Cayenne.

Et pourtant, comme le soleil se lève à l’est pour mieux se coucher à l’ouest, il y a bien une complémentarité des conditions du métier enseignant en Guyane qui s’exprime dans la soif inextinguible de penser son métier pour mieux en maîtriser les possibles transformations, dans cette soif qui ne cesse de nous étonner à chaque fois. Qui nous oblige, nous militants et militantes du GFEN, à ne pas nous reposer dans l’évidence de nos certitudes, à remettre sur le tarmac le travail de la pensée pédagogique comme à refonder nos pratiques dans le dialogue avec celles et ceux qui les vivent.

Samedi 20 avril 2024

La deuxième et dernière journée de formation à Cayenne s’est déroulée sur fond d’annonce du premier ministre d’un retour à l’école du Maréchal (de la Maréchal ?). Le traitement de la violence par la violence. Celle-ci dirigée contre une jeunesse ciblée, celle qui « glisse vers le repli, les marges ou la violence ». La réponse ne sera pas éducative mais punitive, preuve que l’idée selon laquelle les classes laborieuses sont dangereuses devient une ligne de conduite revendiquée.

La démarche sur la laïcité[1] animée par Pascal le matin a fait émerger combien la formulation d’idées, aussi généreuses soient-elles, produit ses propres limites si l’on considère qu’elles se suffisent à elles-mêmes. Les débats ont parfois été vifs entre les promoteurs d’une vision égalitaire où l’horizontalité gouverne l’organisation et les porteurs d’une société qui clive l’intime et le collectif au nom du respect des croyances de chacun. Mais quelle organisation du travail, de l’éducation, de la prise en charge de la santé ?…

L’idée que « les valeurs n’existent que par les pratiques qui les font vivre » a constitué un des fils rouges de cette formation. Idée qui a fait mouche chez beaucoup. La taille de l’insecte a pu varier en fonction des cheminements singuliers.

La question de l’ambition éducative a été évoquée à l’occasion de l’atelier d’écriture de l’après-midi[2]. Les participants étaient invités à écrire un texte à partir d’un propos de Maria-Alice Médioni « Introduire systématiquement l’insolite et la perturbation dans toute situation d’apprentissage pour apprendre l’indocilité intellectuelle » et d’une citation d’Albert Einstein : « L’intelligence ne se nourrit pas de réponses mais de questions »[3].

Ecrire en se mettant en situation de laborantins a contribué, par l’utilisation de contraintes, à poser la question du rôle du collectif dans l’écriture singulière. La teneur des textes entendus a rendu public les déplacements, les prises de conscience et l’enthousiasme à se mettre en questionnement sur la pratique professionnelle.

Dans un contexte géographique, politique et social comme celui de la Guyane, la question des rapports de domination sur fond d’histoire coloniale et pénitentiaire, de la transportation puis de la relégation exsude fortement. Comment, dans nos pratiques, être suffisamment vigilants pour ne pas, à notre insu, condamner à perpétuité ces enfants et ces adolescents à une assignation à résidence ?

Nota bene de Pascal : Cela fait maintenant près de 10 ans que je sillonne ce territoire « ultra-marin » (ultra contrôlé autour du pas de tir des fusées, ultra délaissé le long du fleuve Maroni). Et je continue à m’étonner du courage, de l’inventivité des camarades, de leur accueil enthousiaste pour nos formations, et ce dans des contextes où le découragement guette, où la violence institutionnelle est crue, cruelle, sans panache, presque mécanique (les promoteurs s’en donnent à cœur joie et à forêt dévasté le long du Maroni mais 8500 élèves attendent un toit scolaire pour grandir).

Où les élèves « sont gentils » (combien de fois ai-je entendu cette phrase cette semaine !!).

La révolte est toujours à deux doigts … du réel ! Les contrastes et les contradictions sont ses moteurs. Que faudrait-il pour que ces révoltes deviennent révolution ? A notre modeste niveau, je crois que nous essayons d’y contribuer. Celles et ceux qui l’habitent et que nous avons rencontrés ont demain dans leurs mains et dans leur tête. Je les salue encore une fois !

Dominique et Pascal

_____

[1] Celle inventée par le secteur philo, agrémentée des prolongements inventés par Romain Geffrouais pour ces classes de lycée à Vitry.

[2] La démarche « Laboratoire » clôt le livre de Jeanne et Marie, le célèbre « grand livre bleu ».

[3] Ces deux citations se trouvent dans le numéro de Dialogue « Dépasser la violence … apprendre » (n°174), p 40.