Nouveaux programmes de cycles 1 et 2, l’entêtement d’un ministère déconnecté de la réalité

Tribune signée par :

FSU-SNUipp, SE Unsa, CFDT EFRP, CGT Educ’Action, SUD Éducation, AGEEM, ANCP, AFEF, APMEP, ICEM, GFEN

Publiée dans le Café Pédagogique le 12 mars 2025

Des programmes au service des élèves, vraiment ?

Le 5 décembre 2023, jour des résultats des évaluations PISA, Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation nationale, faisait des annonces à grand renfort de communication sur ce qu’il appelle alors le « Choc des savoirs », présenté comme le seul outil pour « relever le niveau des élèves ». Pour le premier degré, ces annonces concernaient une modification en profondeur des programmes de français et de mathématiques. Elles témoignent une nouvelle fois de la volonté ministérielle de tout axer sur les seuls « fondamentaux », jugés comme la pierre angulaire de tous les apprentissages.

Après un semblant de concertation, le Conseil Supérieur des Programmes a produit des contenus pour le cycle 1 et 2 en lien avec la feuille de route du ministère, mais pas avec l’ensemble des travaux de la recherche. Ces programmes beaucoup plus détaillés et donc beaucoup plus contraignants sont parus malgré un vote quasiment unanime en contre du Conseil Supérieur de l’Éducation. Selon nous, ils déroulent une conception mécaniste des apprentissages avec des objectifs à atteindre fixés à chaque âge, comme si tous les enfants apprenaient à parler, à lire, à écrire, à compter ou à résoudre des problèmes au même moment. La diversité des rythmes d’apprentissage des enfants est niée, ainsi que les recherches en la matière. Ces programmes partent du principe que ce qui est enseigné est immédiatement compris, appris et retenu par les élèves. Or, l’enseignement est bien plus complexe. Maitriser des compétences demande du temps et des méthodes diverses et adaptées selon les élèves.

Un grand nombre d’enfants, notamment les plus fragiles, se retrouveront en difficulté dès le plus jeune âge car ils ne correspondent pas à l’élève type théorique pris comme norme universelle.  Alors que l’inclusion scolaire et la prise en compte des élèves à besoins particuliers font partie des enjeux de l’École d’aujourd’hui, ces programmes les ignorent complètement.

Un ministère qui n’écoute pas les personnels

Anne Genetet a poursuivi cette politique avec l’acte 2 du « Choc des savoirs » qui, sous prétexte de réduire les inégalités, n’en produira que davantage.

Les programmes de cycle 3 sont à l’écriture et entreront également en vigueur en septembre 2025. Au vu des premiers échanges avec la Dgesco, force est de constater qu’ils s’inscrivent dans la même logique. Une logique à l’opposé des programmes de 2015 qui avaient été conçus avec la coopération des enseignantes et enseignants au travers d’une réelle concertation, mais également avec l’ensemble de la recherche en sciences de l’éducation et en didactique. Des programmes ambitieux, fondés sur un consensus académique avec des repères de progressivité au sein de chaque cycle, à la main des équipes pédagogiques. Il est plus que dommageable qu’ils aient été remis en cause dès 2017 par le ministre Jean-Michel Blanquer car l’École, pour se transformer, a besoin d’un temps long qui n’est pas celui du politique.

Alors que l’École traverse une crise structurelle et fait face à un effondrement du recrutement, ces changements incessants de programmes ne répondent pas aux enjeux et sont source d’épuisement pour les professionnel·les qui se retrouvent déstabilisé·es par des ordres et des contre ordres qui font perdre le sens du métier.

Les évaluations des différentes mesures mises en œuvre depuis 2017 montrent clairement leur inefficacité comme vient de le montrer la DEPP. Ces programmes sont de la même veine et ne vont en rien permettre la réussite des élèves.

Une professionnalité niée

En visant principalement l’objectif d’améliorer les « scores » des jeunes élèves lors des évaluations nationales et internationales, les nouveaux programmes brident à la fois les choix didactiques et pédagogiques des équipes enseignantes, nient leur expertise et transforment les professeur·es des écoles en de simples exécutant·es de programmes livrés « clés en main ». Les équipes de formateurs et formatrices se retrouvent dans l’obligation de les mettre en œuvre, tout comme les professeur·es des écoles, alors qu’elles savent que ces programmes ne tiennent pas compte du réel et sont impossibles à mettre en œuvre sans exclure une majorité d’élèves.

Actuellement dans les départements, les plans de formations engagés depuis la rentrée sont modifiés et adaptés (une nouvelle fois en urgence) en fonction de l’agenda ministériel.

Tout, sur le fond comme la forme, semble réuni par le ministère pour que l’adhésion de la profession soit la plus faible possible. Or ce qui est certain, c’est qu’une politique éducative qui n’est pas approuvée par le terrain a peu de chance d’avoir des effets bénéfiques pour l’amélioration globale d’un système éducatif qui reste profondément marqué par les inégalités scolaires. A l’opposé de ce qui est proposé actuellement, une formation initiale repensée s’inscrivant dans la réalité des classes et des élèves est nécessaire.

Pour tâcher de résorber les inégalités, l’École n’a pas besoin de nouveaux programmes, mais d’une diminution du nombre d’élèves par classe, ce qui passe par un recrutement de professeur·es des écoles, à rebours des suppressions de postes annoncées pour la rentrée 2025.

Manifeste pour le développement de la mixité sociale et pour la consolidation de la politique d’éducation prioritaire

L’absence de tout discours et tout projet conséquents sur l’éducation prioritaire de ce gouvernement, comme de ceux qui l’ont précédé depuis 2017, est révélatrice d’orientations politiques qui ont renoncé à toute visée de lutte contre les inégalités scolaires et de démocratisation de notre système éducatif. Les dédoublements des classes de CP, CE1 et GS, obtenus grâce à la baisse démographique et dont les premiers résultats sont décevants, ne sauraient suffire.

Les soussignés, acteurs de l’éducation, résolus dans leur volonté de faire réussir tous les élèves en élevant le niveau d’ensemble, en luttant contre les inégalités scolaires et en visant l’émancipation des futurs citoyens, veulent alerter les pouvoirs publics sur la nécessité de réorienter l’action éducative pour parvenir à ces fins.

La mixité sociale est une des conditions de la réussite de tous dans la perspective d’une société plus égalitaire et fraternelle. Deux principaux obstacles sont très clairement identifiés : l’existence de deux systèmes d’enseignement avec un enseignement privé qui accueille massivement, et de plus en plus, les enfants des couches sociales les plus favorisées, et un urbanisme qui concentre dans certains secteurs les familles les plus fragiles sur le plan économique et social. Dans le premier cas, il s’agit d’une ségrégation choisie, dans le second d’une ségrégation subie.

Face à cela les soussignés vous demandent d’être résolus pour améliorer la mixité sociale dans les quartiers et une hétérogénéité scolaire raisonnable dans les établissements en donnant sens et force à la loi SRU (solidarité et renouvellement urbain), en consolidant la politique de la ville, en luttant pour de meilleures conditions de logement pour tous et en imposant dans l’immédiat plus nettement à l’enseignement privé de ne pas sélectionner ses élèves notamment sur des critères économiques ou sociaux, sans pour autant augmenter sa part des effectifs globaux. Il conviendrait aussi de mieux encadrer l’enseignement privé hors contrat.

En attendant que la mixité sociale que nous appelons de nos vœux et qui est inscrite dans l’article L111-1 du code de l’éducation progresse significativement, certains quartiers, certaines petites villes et même certains villages connaissent des situations de concentration de populations économiquement pauvres et socialement éloignées des attendus de l’école.

En conséquence, les soussignés vous demandent de maintenir, développer et soutenir durablement pour les écoles et collèges de ces secteurs une politique de réseau d’éducation prioritaire sur la base du référentiel de l’éducation prioritaire publié par le Ministère de l’Education Nationale en 2014. Ce document est en effet le résultat d’un large travail d’analyse et de synthèse des facteurs déterminants de la réussite dans les réseaux, élaboré avec l’expertise de nombre d’acteurs du système éducatif à commencer par les personnels de terrain eux-mêmes. Il faut en outre répondre prioritairement aux besoins des lycées et des écoles qui ne s’inscrivent pas dans un réseau mais présentent des situations sociales difficiles dans la perspective d’une politique prioritaire qui vise à élever le niveau culturel et scolaire de tous les élèves issus des milieux populaires quel que soit leur lieu de scolarisation.

Pour consolider ces priorités il faut :
• Confirmer et étoffer le référentiel de l’éducation prioritaire en s’appuyant sur toutes les données de recherche et sur les savoirs d’expérience des professionnels sans imposer de manière simpliste et autoritaire des solutions prétendument issues de « la » science. En revanche il faut permettre aux équipes de travailler à développer des collectifs professionnels formés à résoudre les difficultés d’enseignement des enseignants et les difficultés d’apprentissage des élèves. La formation initiale doit donner, pour tous les personnels, une place plus importante aux pratiques professionnelles reconnues pour favoriser la réussite des élèves des milieux populaires. La formation continue doit, pour une large part, être conçue en se fondant sur des concertations préalables avec les professionnels. Des travaux doivent pouvoir être conduits dans ces écoles et établissements avec des équipes de recherche.
• Inscrire dans la durée cette politique largement concertée avec ses acteurs en évitant désormais les stop and go préjudiciables à la continuité d’un travail qui nécessite du temps, de la cohérence et une approche systémique, sur la durée de la scolarité obligatoire a minima.
• Faciliter le développement d’appuis à l’activité d’enseignement, qui ne laissent pas croire que tout se jouerait en dehors de l’école, mais qui viseraient à soutenir l’école dans sa tâche d’enseignement en adaptant de manière pertinente les interventions extérieures pour répondre aux besoins identifiés par les professionnels de l’éducation (interventions médico-sociales, aides scolaires, relations avec les parents…). La réorientation d’une partie de l’action des cités éducatives est souhaitable à cet égard.
• Continuer à rendre les postes en éducation prioritaire attractifs par des moyens financiers (indemnités) mais aussi en développant l’accès à des ressources culturelles et des outillages pédagogiques qui répondent aux besoins identifiés par les professionnels et la recherche, et redonnent à ces écoles et collèges des moyens d’agir et du sens à l’exercice des métiers de l’éducation.
• Attribuer les moyens d’enseignement sur l’ensemble du système non seulement en fonction des effectifs et des structures mais en en distribuant une part très significative en fonction de la situation sociale des écoles et établissements. Les écoles et établissements qui ont les IPS (Indicateurs de positionnement social) les plus bas doivent recevoir à effectif égal plus de moyens que les autres. Dans tous les cas, l’enseignement public qui accueille tous les élèves doit recevoir plus de moyens que le privé contrairement à ce qui apparaît actuellement dans les lycées.
• Revoir la carte de l’éducation prioritaire au moyen des IPS en n’incluant pas le privé. Une démarche comparable est souhaitable pour déterminer une liste de lycées prioritaires qui pourraient par ailleurs bénéficier d’un référentiel spécifique dans une perspective bac-3/bac+3.
• Enfin, veiller à ce qu’à tous les niveaux du système éducatif, le pilotage soit respectueux des orientations du référentiel et respectueux des acteurs en favorisant davantage leur travail collectif pour la résolution des problèmes professionnels qu’ils rencontrent.

Les soussignés demandent qu’une politique de mixité sociale soit sérieusement remise en œuvre et qu’une politique d’éducation prioritaire soit réaffirmée et conduite de manière pérenne. Des rencontres nationales, académiques et départementales ainsi que dans les réseaux devront permettre de faire le point sur ces deux dimensions fondamentales de la politique éducative afin de remobiliser tous les acteurs sur cet enjeu essentiel pour l’avenir du pays.

Les premiers signataires :
Marc Bablet, Lilia Ben Hamouda, Michèle Coulon, Marc Douaire, Jean-Claude Emin, François-Régis Guillaume, Cintia Indarramendi, Marc Megret, Jean-Yves Rochex, Jean-Paul Tauvel, Blandine Tissier, Arlette Toussaint, Jean-Michel Zakhartchouk, membres du Conseil scientifique de l’OZP
Alain Bourgarel fondateur de l’OZP
Jacques Bernardin président du GFEN
Gwenael Le Guevel président des CRAP Cahiers pédagogiques
Viviane Youx présidente de l’ AFEF
Elisabeth Allain-Moreno secrétaire générale du SE-UNSA
Catherine Nave-Bekhti secrétaire générale de la CFDT éducation formation et recherches publiques
Sophie Venetitay secrétaire générale du SNES-FSU

Publié dans le Café Pédagogique le 6 janvier 2025.

Signer le Manifeste sur le site de l’OZP

Refonder une institution éducative démocratique, humaniste, moderne

Par le collectif Riposte Éducation, auquel participe le GFEN.

6 décembre 2024.

Il y a bientôt un an, près d’une cinquantaine de mouvements pédagogiques, associations complémentaires de l’école, associations d’usager·ères, et organisations syndicales, plusieurs centaines de chercheur·es et personnalités de l’éducation lançaient le collectif Riposte éducation, à travers un premier appel rassemblant toutes celles et ceux qui ne peuvent se résigner à une École du tri social. Faisant le constat d’un service public d’éducation « qui va mal », où les inégalités scolaires se creusent, où la réussite scolaire est de plus en plus marquée par l’origine sociale et où les personnels sont à bout, où les enfants et les jeunes sont en souffrance, elles et ils appelaient à rompre avec les politiques éducatives menées depuis 2017 pour « refonder une institution éducative démocratique, humaniste, moderne. »

Un an après, nous lançons un nouvel appel dans un contexte politique instable et inquiétant, hostile à l’école publique et face à une nouvelle dégradation du système éducatif en France. Ce contexte appelle à repenser la finalité de notre système éducatif et à définir collectivement son rôle sociétal. Il est urgent de redonner à l’École et à ses personnels, aux parents, aux associations d’éducation populaire et d’éducation nouvelle, les moyens de travailler conjointement à l’épanouissement et à l’émancipation des jeunes, et de retisser les liens humains qui sous-tendent la société. […]
LIRE LA SUITE DE L’APPEL et les signataires

Prise de position de la Biennale sur la non-obtention des visas

Prise de position de l’ensemble des organisations et des militant.e.s présent.e.s lors de la 4ème Biennale Internationale de l’Education Nouvelle.

Nous, militantes et militants de Convergence(s) pour l’Education Nouvelle, rassemblé·es pour la 4ème Biennale internationale de l’Education Nouvelle, à Saint Herblain, du 30 octobre au 2 novembre 2024, dénonçons la non obtention des visas pour de nombreux camarades.

Réunissant 26 organisations de différents pays du monde, notre collectif international se réunit tous les deux ans pour échanger sur ses pratiques et ses recherches en éducation nouvelle.

La politique de refus systématique des visas dont l’instruction est déléguée dans les pays de l’espace Schengen à des sociétés privées, porte atteinte au droit à la libre circulation des individus et met à mal notre liberté d’association, de rencontre et de coopération au plan international.

Nous demandons l’application de l’article 13 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui précise :

1 – Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un état.

2 – Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien et de revenir dans son pays.

Saint-Herblain le 2 novembre 2024

NON au projet éducatif de l’extrême droite OUI pour préparer ensemble l’avenir de l’école

Communiqué du Collectif Riposte Éducation, le 19 juin 2024

Nous sommes un collectif d’enseignants, de personnels éducatifs, de chercheurs et de parents mobilisés pour faire évoluer l’École. Nous luttons contre les réformes successives qui ont mis à mal l’Éducation Nationale et l’Université et nous travaillons à un projet alternatif.

Avec la perspective de voir arriver au pouvoir le rassemblement national et ses affidés de droite, le danger est encore plus grand. Leur projet pour l’École aggravera encore des transformations néfastes déjà engagées. Nous courons le risque d’une politique encore plus élitiste, plus ségrégationniste, une caporalisation encore plus forte des enseignants, une école habillée de tous ses oripeaux déjà connus : programmes réducteurs et peu ambitieux, imposés sans discussion, uniforme, autoritarisme, sanctions…

Le travail enseignant serait réduit à un métier d’exécution et encore moins attractif avec une formation au rabais. Mais surtout le tri social serait encore plus renforcé alors que notre école est parmi les plus inégalitaires et où la réussite scolaire dépend le plus du niveau social. Nous devons collectivement être à la hauteur de cet enjeu. Il en va de la cohésion sociale et de la confiance dans la démocratie.

Ensemble et unis, nous appelons les enseignants, parents, tous les personnels, cadres de l’éducation, tous les démocrates à refuser ce projet, dès le premier tour. Il nous faut sauvegarder et renforcer les ambitions de l’école de la République : démocratie, égalité (réelle) des droits, éducation de haut niveau, liberté de penser.

Ensemble et unis pour exiger la mise en oeuvre de mesures claires pour 2024-2027 : réparer en urgence les fonctionnements démocratiques de l’institution, la formation des enseignants, la titularisation et la formation des précaires, rendre meilleur l’accueil des élèves et améliorer les conditions de travail et les salaires des enseignants et personnels. On ne transforme pas une école avec des personnels qui vont mal.

Ensemble et unis pour demander, dès le début de septembre, l’ouverture d’une vaste concertation démocratique : un Grenelle alternatif réunissant les personnels et les usagers pour une rénovation profonde et audacieuse du système éducatif.

Face à l’individualisme, la sélection, la compétition, le séparatisme social et l’intolérance qui se développent aujourd’hui, cette École doit reconstruire les conditions de l’égalité et de la mixité sociale. La pédagogie doit favoriser la coopération, l’inclusion et l’altérité. Elle doit aussi donner des outils pour agir face à l’urgence écologique et permettre de penser la complexité de notre société et de notre planète. La nécessaire transformation de l’École ne peut attendre !

Ensemble et unis pour un front de refus contre un nouveau désastre pour l’école.

Ensemble et unis, partenaires et acteurs de l’éducation nationale, parents, syndicats, associations diverses, étudiants, votons pour un projet clairement engagé sur ces valeurs et enjeux démocratiques et au service d’une École pour tous.

Télécharger le communiqué

Site de Riposte

Avis de tempête : l’heure des choix… Faire front contre l’extrême droite

Convergence(s) pour l’Éducation nouvelle écrit un communiqué commun pour faire front contre l’extrême droite. A chacune et chacun des lecteurs de ce texte d’en assurer la diffusion (16 juin 2024)

Les résultats électoraux du 9 juin confirment globalement une poussée de l’extrême-droite en Europe, inédite en France. On pourrait y voir le résultat d’une politique sociale affligeante accompagnée d’une banalisation de thèmes réactionnaires ces dernières années, au prétexte d’y faire front.

Les horizons politiques sont bousculés et confirment d’importants dangers pour les démocraties.

Les éducateurs (parents, enseignants, animateurs, travailleurs sociaux, …) ne peuvent qu’être inquiets du programme rétrograde de la vague brune, « choc des savoirs » mais en pire : limitation des apprentissages aux fondamentaux et à une histoire nationale revisitée, renforcement de l’orientation précoce des élèves, remise en cause d’une filière secondaire ouvertes à toutes et tous, suppression de l’enseignement des langues et cultures d’origine, port de l’uniforme à l’école, reprise en main de la formation, du contenu et des modalités des enseignements… Les autres lieux d’éducation moins formelle, de culture, de loisirs ne sont pas épargnés…l’ensemble visant la « restauration du principe de transmission et de l’autorité ».

Promesse d’une politique éducative au pas de l’oie, alliant conservatisme pédagogique, promotion de la préférence nationaliste et sélection au mérite. Au prétexte de « rétablir l’excellence éducative », c’est une violente ségrégation sociale qui serait renforcée, associée à la promotion de valeurs rances.

Ces options sont aux antipodes de l’Éducation nouvelle, rassemblée autour de pratiques, d’orientations et de principes communs, propres à fonder une autre éducation au regard des enjeux du siècle. Elles sont aussi aux antipodes des valeurs de toutes celles et ceux qui militent pour une vie digne pour tous, pour une bifurcation du monde vers la construction d’un nouvel ordre social. Cf le Manifeste de Convergence(s) pour l’Éducation Nouvelle

Notre époque appelle en effet à une démocratisation élargie de l’accès à une culture commune et émancipatrice dans un monde complexe et mouvant, à développer l’esprit critique vis-à-vis d’un flux informatif permanent et incontrôlé, à promouvoir une école qui réponde à des perspectives politiques et transformatrices à visée émancipatrice, à développer des rapports de coopération et de compréhension réciproque entre nos communautés d’appartenance et entre les peuples, pour un monde pacifié où prévaut – contre tous les égoïsmes, replis identitaires et prédations – le souci du bien commun. A l’heure où notre rapport à l’autre, à une altérité incluant notre rapport au vivant, est fortement dégradé, où la crise climatique creuse encore davantage les inégalités, nous avons besoin de solidarités fortes.

Face au danger, nous appelons les Éducateurs à faire front : demain reste à écrire !

Convergence(s) pour l’Éducation Nouvelle est un collectif qui rassemble plus de 100 organisations (associations nationales et locales, fédérations internationales) de plus de 35 pays du Monde. Toutes se réfèrent aux principes de l’Éducation Nouvelle.
https://convergences-educnouv.org/ Contact : jean.luc.cazaillon@cemea.asso.fr

Télécharger le communiqué que nous vous invitons à diffuser

Halte à la casse de l’école : une riposte collective s’impose

Ce texte d’appel pour reconstruire l’école républicaine fait suite à une rencontre en ligne, proposée par l’AFEF le 13 décembre 2023, annoncée dans le Café pédagogique du 22 novembre 2023. Les associations – dont le GFEN -, syndicats, chercheurs présents ont approuvé le projet d’une riposte collective aux annonces ministérielles et présidentielle pour l’école, particulièrement inadaptées aux défis éducatifs actuels, et dangereuses. Ils ont décidé d’une action à long terme pour analyser la situation de l’école et de son environnement, pour chercher des propositions communes, notamment lors d’un Grenelle alternatif de l’école, et pour les diffuser largement. Ce texte constitue une première base, un premier état des lieux des problèmes pour lancer ce chantier.

Appel public paru in Café pédagogique du 19/01/2024 :

Pour relever le défi d’une école plus égalitaire, pour former des citoyennes et des citoyens de demain éclairé.es, à même de relever les enjeux majeurs posés par les crises climatiques, démocratiques, sociales qui pèsent sur nos sociétés, une bifurcation est plus que jamais nécessaire.

L’école française, dans son ensemble, va mal. Les signaux sont au rouge, le président en fait son affaire personnelle dans une direction amplifiant la fracture sociale qui ronge déjà notre école. Rejoignant d’autres études, les dernières évaluations PISA soulignent et confirment des indicateurs inquiétants : poursuite de la baisse des résultats des élèves de 15-16 ans en maths et lecture, confirmation des écarts de réussite selon les milieux sociaux, mal-être scolaire sensible des élèves, et souffrance des professionnels de l’éducation.

Ce constat accablant est le fruit de politiques éducatives anciennes (réactualisées et amplifiées ces dernières années), conjuguées à un sous-investissement chronique, qui ont mené le système scolaire au bord de la rupture. Et les annonces récentes de Gabriel Attal avant qu’il ne quitte le ministère de l’Éducation Nationale, parce qu’elles se situent dans la parfaite continuité des réformes précédentes, ne peuvent qu’aggraver le caractère inégalitaire et ségrégatif de l’école, et la mise sous tutelle des métiers de l’enseignement.

Pour relever le défi d’une école plus égalitaire, pour former des citoyennes et des citoyens de demain éclairé.es, à même de relever les enjeux majeurs posés par les crises climatiques, démocratiques, sociales qui pèsent sur nos sociétés, une bifurcation est plus que jamais nécessaire.

Nous ne pouvons plus accepter une gouvernance autoritaire, un management violent qui augmentent la souffrance des personnels. Nous ne pouvons plus accepter l’organisation de la ségrégation des acquisitions scolaires, évinçant les élèves majoritairement issu.es des classes populaires de la maitrise des savoirs permettant de penser le monde pour le transformer. Nous ne pouvons plus accepter les manques de moyens financiers et humains participant de la dégradation du service public d’éducation.

C’est pourquoi nous appelons à une riposte, unitaire et collective.

Nous, mouvements pédagogiques et associations complémentaires de l’école, associations d’usagers.ères, organisations syndicales, chercheuses et chercheurs, actrices et acteurs de l’éducation, lançons un grand mouvement d’élaboration d’alternatives pour l’École, visant à une grande réforme pour refonder une institution éducative démocratique, humaniste, moderne. Nous appelons toutes celles et tous ceux qui ne peuvent se résigner à une école du tri social, à participer à nos travaux pour un Grenelle alternatif.

Rejoignez-nous. Nous avons besoin de vous.

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Retrouvez la version longue du texte sur le site de l’AFEF

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Les chantiers de réflexion et élaboration du projet RIPOSTE

De la liquidation du programme du Conseil national de la résistance : le cas du droit à l’éducation et à la culture pour tous

Tribune du Collectif Langevin Wallon, 21 décembre 2023
G. Attal renonce au principe de démocratisation scolaire porté par les autorités publiques depuis 1945

   « La crise consiste justement dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître :
pendant cet interrègne on observe les phénomènes morbides les plus variés
. »
Antonio Gramsci, Cahiers de prison.

A l’heure où les autorités politiques ont tendance, avec une apparente ferveur, à exalter la grandeur de notre histoire nationale, à travers des commémorations grandiloquentes et la « panthéonisation » de nos « grands hommes » (Anthonioz-de Gaulle, Brossolette, Tillion, Zay), elles liquident ce qu’elles considèrent comme étant un vestige d’un autre temps : le programme du Conseil national de la Résistance. Déjà en 2004, les derniers résistants de la première heure s’en étaient émus. Ils avaient lancé un appel aux jeunes générations pour qu’elles fassent « vivre et retransmettre l’héritage de la résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle ». Ils étaient loin de prévoir l’attaque frontale de Denis Kessler en 2007. Celui-ci, alors patron de Scor, l’un des principaux réassureurs mondiaux, après avoir été un temps vice-président du MEDEF, affirmait, dans un éditorial du magazine Challenges, que « le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance […], un compromis entre gaullistes et communistes ». Il ajoutait ceci : « Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie. Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme… A y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! (1) »

Aujourd’hui, nous y sommes. L’héritage du CNR, tant ses institutions que sa philosophie, a bel et bien été liquidé. Nous ne reprendrons pas ici la liste de toutes « les conquêtes sociales » dont le socle a été démantelé au fil des présidences, nous ne parlerons pas non plus des restrictions des « libertés publiques » (notamment la liberté d’association, de réunion et de manifestation) toujours plus nombreuses, nous n’aborderons pas non plus les lois violant « le respect de la personne humaine » ni « l’égalité absolue de tous les citoyens devant la loi », nous évoquerons encore moins « la liberté de la presse » et son indépendance malmenées du fait « des puissances d’argent »… Autant de principes affirmés par le programme du Conseil national de la Résistance qui ont été bafoués depuis, et continuent de l’être sous cette présidence, jusqu’au détournement indécent de son acronyme dans une opération de communication de petite envergure (l’insipide conseil national de la refondation (2)), alors que l’exercice même du pouvoir depuis 2017 se trouve à l’exact opposé de ce qui était promu par le CNR, le vrai, celui qui, issu des combats contre le nazisme et son allié, le pétainisme, n’était pas un artifice de communication. Jusqu’ici, un domaine était relativement épargné par cette liquidation — encore que Jean-Michel Blanquer ait frontalement attaqué le paritarisme —, c’était l’éducation. Les dernières annonces de Gabriel Attal visent à lui porter le coup de grâce. […] lire la suite sur le site de ToutEduc et ses signataires dont le GFEN

Loi immigration : Communiqué du Collectif des Associations Partenaires de l’École d’Indre-et-Loire

24 janvier 2024

Nous, associations partenaires de l’éducation nationale, issues de l’éducation populaire, rappelons que la loi immigration votée le 19 décembre à l’Assemblée Nationale est contraire aux principes même d’une vie en société, juste, égalitaire, émancipatrice.
Nous, associations membres d’un vaste mouvement pédagogique émancipateur par essence, populaire et respectueux de la personnalité de chaque enfant et de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant par voie de conséquence, ne pouvons accepter que la vie de certain?e?s élèves soit rendue encore plus difficile en raison de la nationalité de leurs parents.

Nous dénonçons avec force cette nouvelle discrimination qui aurait des applications intolérables dans une éducation nationale déjà violemment attaquée depuis de longues années dans ses fondements égalitaires et émancipateurs.

En effet, avec le principe de préférence nationale instauré de fait par la loi immigration, c’est une discrimination par la nationalité qui s’avance.

Encore une fois l’État, par cette loi inspirée du concept d’extrême-droite de « préférence nationale », compte faire porter la responsabilité de leur situation aux personnes dans la misère, créant une distinction insupportable entre bons et mauvais pauvres, selon l’origine et la nationalité.

Les associations partenaires de l’éducation nationale signataires rappellent que les enfants sont toujours les premières victimes de la barbarie des adultes et que tous les éducateurs et toutes les éducatrices ayant la Convention Internationale des Droits de l’Enfant comme texte de référence ne peuvent accepter tout ce qui va à son encontre.

Nous rappelons également que les valeurs éducatives d’un pays démocratique sont fondées sur le respect de la différence, la découverte de l’altérité et l’aide apportée sans aucune condition préalable à qui en a besoin.

Ce sont les raisons pour lesquelles nous demandons la non-promulgation d’une loi Immigration contraire à toutes les valeurs universelles et émancipatrices que nous défendons.

Télécharger le communiqué

Tribune du GFEN : Pour une véritable formation professionnelle des enseignants

septembre-novembre 2023

Le vaste mouvement de libéralisation des services publics initié dans les années 1990, gangrène notre système éducatif. Comme tous les services publics (transports, santé…), l’école se voit soumise à la « loi du marché ». Outre la perte de confiance dans l’école publique, son démantèlement entraîne le développement d’écoles privées alternatives, refuge pour les enfants de classes sociales privilégiées ainsi que toujours plus « d’école à la maison ».

Passées à coup d’ordonnances ou d’amendements, ces réformes forment système et visent à transformer l’école pour adapter élèves et enseignants aux besoins d’une société basée sur l’individualisme et la concurrence. Tout se déroule sans concertation avec les acteurs et les actrices impliqué.es, et sans concertation avec l’ensemble des chercheurs et associations éducatives, mais en faisant appel à de soi-disant « expert.es » chargé.es de concevoir et penser à la place des citoyen.nes et des professionnel?les. Les décisions prises ainsi s’opposent à l’intérêt général : personnels en nombre insuffisant, établissements pouvant recruter en fonction des projets, des spécificités affichées…

Progressivement les droits chèrement acquis par les professionnels de l’éducation sont remis en cause. Monsieur le Ministre, l’école publique que nous défendons mérite que ses enseignant.es soient traité.es avec le respect qui leur est dû et bénéficient d’une formation digne de ce nom. Mais nous ne voulons pas de n’importe quelle formation professionnelle, ni dans n’importe quelles conditions ! Nous ne sommes d’accord ni sur les modalités (présentiel/à distance, durées et temps de formation) ni sur les finalités que les ministres successifs nous imposent.

Nous, GFEN, mouvement pédagogique d’Education Nouvelle, affirmons que notre école a besoin d’une formation qui permette l’analyse des pratiques ordinaires et leur abandon quand elles se révèlent socialement discriminantes. Elle a besoin d’une formation qui analyse les pratiques dogmatiques pour mieux les éviter, des formations qui permettent l’émergence de pratiques émancipatrices qui rassemblent et s’appuient sur l’intelligence collective. Elle a besoin d’une formation qui assure l’interface entre les pratiques et les recherches dans différents domaines. Elle a besoin d’une formation qui permette rencontres et débats entre les enseignants. Elle a besoin d’une formation qui s’appuie sur l’hétérogénéité et la considère comme une richesse et non comme un obstacle, qui permette et redonne envie d’apprendre.

L’école étant le creuset de la société future, il nous faut réfléchir et élaborer des pratiques qui permettent de faire face au quadruple problème planétaire actuel : le changement climatique, le problème économique et social, l’effondrement de la biodiversité et la montée des fascismes et des intégrismes. Il faut donc former des citoyens capables de problématiser, de chercher, d’inventer des solutions, de prendre démocratiquement des décisions. Autant de choses qui ne vont pas de soi, qui s’apprennent par le vécu, tous ensemble et non sur des logiciels ou en assimilant un discours préfabriqué. Il est grand temps de développer la formation à des pratiques de coopération et d’entraide, et non de pérenniser des pratiques de compétition de rivalité ou de développement personnel, tout en prônant une égalité de façade.

L’école est un bien commun qu’il faut préserver de toute emprise de marchandisation dans le respect de la laïcité. Seule une éducation avec des pratiques non dogmatiques, favorisant l’émancipation individuelle et collective et l’élaboration d’un esprit critique peut garantir l’apprentissage de la démocratie. Faute de quoi, on peut craindre le pire.

Il y a nécessité de maintenir une formation continue sur temps de travail, ce qui est à la fois un droit du travailleur et un devoir de l’État.

Continuer à éduquer à la démocratie – Tribune du GFEN, 27 mars 2023

Tribune du GFEN, 27 mars 2023

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 Continuer à éduquer à la démocratie

La jeunesse que nous voyons battre le pavé nous incite à prendre la parole aujourd’hui. Parce que, depuis plus d’un siècle, l’éducation nouvelle porte un message d’espoir dans les valeurs de la démocratie, celles et ceux qui s’en réclament aujourd’hui ne peuvent se taire.

Cette jeunesse que nous nous engageons au quotidien à former aux principes et exigences d’une pratique démocratique, à laquelle on nous charge de montrer les vertus d’un gouvernement démocratique, c’est elle que nous préparons à une citoyenneté active forte de l’exercice d’une pensée critique. Depuis longtemps, déjà, il nous faut faire preuve d’une foi et d’une conviction sans faille pour répondre au scepticisme, au relativisme, à la défiance de ces jeunes citoyen.nes, alors même que la réalité des faits invalide notre action éducative. En contredisant méthodiquement chaque principe qu’il nous est demandé d’inculquer aux élèves par des discours, des actes et des choix, l’exercice actuel du pouvoir sape la confiance en notre parole et entame le respect des institutions républicaines.

– Comment expliquer l’interdit du recours à la violence (entendue comme l’atteinte délibérée à l’intégrité d’une personne) lorsque le recours aux violences policières est tel qu’il est dénoncé par le Conseil de l’Europe ?

– Comment affirmer que la loi protège les citoyen.nes de toute arrestation arbitraire et garantit leur sécurité, quand chaque jour les personnes, même mineures sont arrêtées au hasard, prises dans le piège des nasses ?

– Comment parler du droit de manifester quand le gouvernement a recours à des mesures dissuasives et que des représentant.es du peuple affichent leur mépris à l’égard « des foules qui gesticulent dans la rue » ?

– Comment démontrer que les décisions démocratiques se construisent grâce à la prise en compte du dissensus, grâce au recours au dialogue et à la diplomatie, grâce à la recherche de compromis, quand un gouvernement revendique son inflexibilité ?

– Comment faire entendre que la « démocratie des urnes » est la seule légitime quand s’accumulent les effets de ses faiblesses ?

– Comment enseigner les principes d’une autorité fondée sur les compétences à faire advenir des sujets autonomes alors que les pratiques et les postures actuelles visent à faire disparaître toute singularité dès lors qu’elle est considérée comme non conforme ?

Face à de telles contradictions comment porter nos valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité pour tous les humains ? Ce n’est pas seulement l’enseignement moral et civique qui devient caduc, c’est l’école dans son ensemble qui risque de perdre tout son crédit, ce sont les enseignant.es qui risquent de se retrouver en position d’imposture.

Or, le mouvement de protestation de fond, qui ne cesse de s’amplifier, révèle des aspirations à une autre société, rappelle qu’il existe des alternatives et dénonce les inégalités économiques insupportables.

En continuant à revendiquer le monopole de la vérité et de la légitimité, au nom de l’expertise et de la légalité, en s’enfermant dans le déni, en refusant de s’accorder le droit à l’erreur, le gouvernement semble décidé à se séparer définitivement d’un peuple qui refuse de se démettre de sa souveraineté et affirme sa volonté de reprendre la main sur son avenir. En criminalisant les expressions pacifiques de la démocratie sociale, il met en péril la confiance dans les fondements même de la démocratie.

Parce que nous pensons que les valeurs n’existent que dans les pratiques qui les construisent, nous dénonçons la « pédagogie » du matraquage qui asservit les intelligences.

Nous voulons que nos enfants et nos élèves deviennent des esprits libres qui s’autorisent à réfléchir, à proposer, à inventer, à distinguer l’obéissance de la soumission, le consentement de la résignation. Nous leur apprenons que les lois autorisent avant d’interdire et que le droit délivre de la peur.

Nous voulons que demain, les jeunes gens gardent confiance dans le politique et continuent à se battre pour des projets de société porteurs de justice sociale, d’égalité et de paix.

« L’école maternelle que nous voulons » (2023)

Le groupe forum Maternelle regroupant associations, syndicats, enseignants spécialistes de la maternelle a été réactivé à l’occasion de l’annonce par le ministère d’un Plan Maternelle. Il réclame, dans une tribune collective publiée au Monde le 9 janvier 2023, une école « démocratisante », à rebours des objectifs de performance qui gagnent du terrain.

 

 

L’école maternelle que nous voulons

Nous sommes enseignantes et enseignants de l’école maternelle, ATSEM, parents d’élèves, chercheur.es, militantes et militants de syndicats enseignants, de mouvements pédagogiques et d’associations complémentaires de l’école.

Au moment où le ministre annonce un Plan maternelle, nous tenons à réaffirmer notre attachement à l’école maternelle définie par le programme de 2015 : une école accueillante, bienveillante, exigeante où la place centrale du langage et le rôle du jeu comme l’une des entrées dans les apprentissages ont été réinstaurés. Une école, soucieuse du développement de l’enfant dans toutes ses dimensions : langagière, cognitive, sociale, affective, physique, artistique… Une école attentive aux progrès et réussites de chaque élève, aux objectifs communs ambitieux, mais avec le respect des différences de rythmes et de développement si prégnantes chez les plus jeunes, sans mise en compétition, ni culte de la performance.

Déjà signataires d’une tribune commune en janvier 2021 lors des préconisations du conseil supérieur des programmes (CSP) lequel proposait une réorientation profonde du programme de la maternelle transformant ses missions jusqu’à les réduire à la seule préparation du CP, nous restons déterminé.es parce que :

Nous ne voulons pas d’une école maternelle uniquement centrée sur les savoirs dits « fondamentaux ». Si l’objectif de « Garantir la réussite scolaire dès le plus jeune âge » est partagé, il ne peut être atteint en orientant certains enseignements afin de préparer au CP dès la maternelle. Cela ne peut que nuire au bien-être et aux apprentissages des jeunes enfants, notamment ceux des milieux les plus populaires.

Nous ne voulons pas d’une école maternelle qui cantonnerait les enseignements à des séances répétées d’entraînement à des techniques pour préparer les évaluations standardisées en CP. L’école maternelle est le lieu où l’enfant qui devient élève doit avoir accès à de nombreux apprentissages, tous fondamentaux, devant être évalués de manière positive.

Nous ne voulons pas d’une école maternelle où les équipes enseignantes ne seraient que des exécutantes sommées de « se conformer à des protocoles précis ». Enseigner est un métier de conception qui demande une formation initiale et continue d’ampleur et de qualité, qui part des besoins des équipes, axée sur tous les domaines d’apprentissages.

L’école maternelle que nous voulons porte une toute autre ambition. Elle suppose un investissement à la hauteur des besoins. Au-delà de l’abaissement des effectifs, de locaux et de matériel adaptés, de la présence de personnels spécialisés (RASED), de la présence d’autant d’ATSEM à temps plein que de classes, il faut veiller à renforcer la co-éducation en associant les parents. Les formations doivent favoriser des rencontres entre tou.tes les professionnel.les permettant un regard croisé sur l’enfant et pouvant faire naitre de véritables projets porteurs de sens.

L’ensemble des écoles doit pouvoir bénéficier des moyens nécessaires pour mener à bien ses missions.

L’école maternelle que nous voulons est un lieu d’apprentissages émancipateurs et de socialisation et elle oeuvre à former des enfants désireux d’apprendre pour comprendre et agir dans le monde.

Lire la tribune sur le site du Monde (accessible aux abonnés)

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AFEF — Association française pour l’enseignement du français
AGEEM — Association générale des enseignants des écoles et classes maternelles publiques — Association générale des enseignants des écoles et classes maternelles publiques
ANCP&AF — Association nationale des conseillers pédagogiques et autres formateurs
CEMEA — Centres d’entrainement aux méthodes d’éducation active
CGT-Éduc’action — Union nationale des syndicats de l’éducation nationale — Confédéra-tion générale du travail
CRAP-Cahiers pédagogiques — Cercle de recherche et d’action pédagogiques
FCPE — Fédération des conseils de parents d’élèves
GFEN — Groupe français d’éducation nouvelle
ICEM-Pédagogie Freinet — Institut coopératif de l’école moderne — Pédagogie Freinet
Ligue de l’Enseignement
SE-UNSA — Syndicat des enseignants — Union nationale des syndicats autonomes
SGEN-CFDT — Syndicat général de l’éducation nationale — Confédération française démocratique du travail
SNUipp-FSU — Syndicat national unitaire des instituteurs et professeurs des écoles et PEGC — Fédération syndicale unitaire
SNUter-FSU — Syndicat national unitaire territoriaux — Fédération syndicale unitaire
SUD-Education
SUI-FSU
– Syndicat unitaire de l’inspection pédagogique — Fédération syndicale unitaire

Contacts :
Guislaine David SNUipp-FSU 06 43 15 80 03
Laurent Gauthier CEMEA 07 56 21 46 86

Une baisse drastique des subventions ministérielles aux associations d’éducation nouvelle

Monsieur le Ministre, le GFEN a perdu 50 % des subventions ministérielles en 3 ans.

Nous pensons que ce serait justice de reconsidérer l’appui de votre ministère à l’action résolue de nos mouvements pour démocratiser l’accès au savoir et à la culture, pour lutter contre les discriminations et favoriser l’émancipation intellectuelle.

Cette lettre ouverte des 5 mouvements CEMEA/CRAP/FESPI/GFEN/ICEM est écrite au lendemain de
l’édition 2022 de la Biennale internationale de l’Éducation Nouvelle qui a réuni à Bruxelles plus de 500 personnes, venant de 23 pays pendant 4 jours.


Monsieur le Ministre,
Nous vous écrivons au lendemain de l’édition 2022 des Biennales internationales de l’Éducation Nouvelle qui ont réuni à Bruxelles plus de 500 personnes, venant de 23 pays pendant 4 jours. Ces personnes ont débattu, échangé, confronté leurs pratiques pédagogiques et analysé l’environnement de leur quotidien.

Monsieur le Ministre, nous souhaitons attirer votre attention sur les dangereuses similitudes entre la situation actuelle qui, il y a 100 ans, avaient conduit nos illustres ancêtres à se réunir à Calais en 1921. Ils et elles y ont rédigé le premier manifeste de l’Éducation Nouvelle avec comme intention sous-jacente : « plus jamais ça ».

Nous sortions alors de la Grande Guerre, et il fallait repenser les modèles éducatifs européens pour faire en sorte que plus jamais des citoyens et citoyennes du monde ne s’entretuent.

La situation française, européenne et mondiale est dramatique : urgence climatique, fascisme aux portes de nombreuses capitales européennes, guerre dans de nombreux pays, lutte pour l’exploitation de matières premières, violence sur les réseaux sociaux, essentialisation de nombreuses personnes, remise en cause de nos valeurs démocratiques… Il y a urgence à (re)penser les modèles

pédagogiques de nos espaces éducatifs : école, accueil collectif de mineurs, maison d’enfants à caractère social, institut médico-éducatif…

Les mouvements pédagogiques ont toujours joué, et continuent encore de le faire, un rôle prépondérant, essentiel dans la construction de ces nouvelles démarches pédagogiques. Ils le font de façon démocratique et collective, car ils savent que l’intelligence collective est toujours plus forte et pertinente que l’initiative individuelle, bien que celle-ci puisse paraitre plus efficace et plus rapide.

C’est pourquoi nous voulons attirer votre attention sur les baisses drastiques des subventions que votre ministère a décidé d’appliquer à de nombreuses associations pour cette année 2022 de façon unilatérale et sans explication. Ces baisses ont été annoncées en octobre et concernent l’exercice en cours, les budgets sont déjà bien engagés ! Certaines associations ont vu leur financement baisser de 50 % ou 67 % en 3 ans ; à ce rythme-là, elles ne pourront bientôt plus participer activement à l’expérimentation pédagogique nécessaire à la cohésion nationale et à l’éducation des futurs citoyens et futures citoyennes de notre pays.
Monsieur le Ministre, nous connaissons votre attachement à la réussite éducative de toutes et tous, à la lutte contre les inégalités et la lutte contre toute forme d’obscurantisme. L’ensemble de nos mouvements pédagogiques, réunis à Bruxelles, partage avec vous ces combats et ces valeurs. Nous

pensons que ce serait justice de reconsidérer l’appui de votre ministère à l’action résolue de nos mouvements pour démocratiser l’accès au savoir et à la culture, pour lutter contre les discriminations et favoriser l’émancipation intellectuelle

A Paris, le 3 novembre 2022

Les associations signataires :
CEMEACRAPFESPIGFENICEM

Contact presse :
Jean-Baptiste CLERICO – CEMEA – jean-baptiste.clerico@cemea.asso.fr / 06 07 24 25 48
Isabelle LARDON – GFEN – isabelle.lardon@gmail.com / 06 09 91 10 16

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Les professeurs continuent de défendre l’école publique contre toutes les attaques qui visent à la détruire

Ce 12 novembre 2021, le Figaro Magazine a titré sa une  » École. Comment on endoctrine nos enfants ». Le sous-titre est encore plus racoleur : « Antiracisme, idéologie LGBT+, décolonialisme… Enquête sur une dérive bien organisée ». À l’heure où le ministère de l’Éducation nationale clame la nécessité de « revenir » aux valeurs de la république, cet article dénonce des enseignant .e.s qui les mettent en œuvre!

La charge se fait par l’intermédiaire de témoignages anonymes. La dénonciation en particulier d’une enseignante d’EMC à partir des déclarations d’une élève n’a rien à envier aux méthodes qui ont
conduit à la décapitation de notre collègue Samuel Paty : le mensonge, la calomnie, la dénonciation publique d’enseignant.es.

Le vocabulaire employé relève d’un complotisme qu’on s’étonne de trouver dans un magazine issu d’un quotidien national. De quel côté se situe l’endoctrinement ? Faudrait-il donc sanctionner des enseignant.es qui luttent contre toutes les discriminations et les préjugés qui mènent à la violence ?

Hier, ils dénigraient l’Université publique en taxant les universitaires d’Islamo-gauchistes. Aujourd’hui, c’est au tour de l’École publique et de toute la profession enseignante, sans égards pour les attaques dont elle souffre depuis de nombreuses années.

Cet article est une caricature outrancière. Il est l’illustration et le résultat de l’abandon d’un service
public d’éducation depuis trop d’années. Au lieu de parler des moyens, à l’heure où le ministère de l’Éducation nationale rend pour la troisième fois en deux ans des dizaines de millions d’euros à Bercy tandis que l’école publique implose, on préfère lancer des anathèmes et discréditer une institution dans
son ensemble. Un cap dans la stratégie de délégitimation de l’Ecole publique vient d’être franchi. Il ne s’agit plus seulement de détruire, il faut maintenant salir.

Trop c’est trop !

Depuis trop d’années, l’Ecole est la cible d’attaques organisées si bien que le prof-bashing est devenu un sport national, désormais alimenté par le ministère. La réalité des salles de classes, des cours de récréation et des établissements scolaires, où le savoir se construit avec un recul critique, n’est lue nulle part, entendue nulle part.
Au lieu de cela, ce sont les commentateurs et commentatrices  les plus éloigné·es de la sphère scolaire qui font naître des peurs et de véritables paniques morales plaquées sur une Ecole qui n’existe que dans leurs fantasmes.
Nous ne sommes pas responsables des comptes qu’ils ont à régler avec l’institution
scolaire.

Ici, un nouveau pas est franchi, puisque depuis la publication du dossier et le tollé qu’il a suscité, par son
silence, Jean-Michel Blanquer lui apporte sa caution. Du titre aux articles, le torrent de boue déversé, les accusations infondées, auraient pourtant mérité réaction d’autant plus que certaines  « valeurs de la
République » y sont malmenées, tel l’antiracisme ou la lutte contre les LGBT+-phobies qui s’inscrivent bien, aux dernières nouvelles, dans le principe de fraternité. Pire, par la voix de Souâd Ayada, présidente du Conseil Supérieur des Programmes, on peut lire une caution de la rue de Grenelle à des  propos pourtant faiblement étayés. Elle va jusqu’à souhaiter contrôler et épurer l’édition scolaire, pratique qui masque mal un désir inassouvi de censure de certains débats.

Ajoutons que ce dossier opère une opportune diversion et sert les intérêts d’un ministère désormais incapable d’assurer à tous les enfants de la République des conditions d’accueil scolaire conformes au code de l’éducation. Le manque d’enseignantes et d’enseignants est criant dans certaines académies, et prive des enfants toujours plus nombreux de leur droit essentiel à l’éducation. Quant à l’intégration des élèves en situation de handicap, elle est d’une insuffisance au-delà du scandale. Devant cette rupture majeure du principe d’égalité, largement dénoncée, le silence est pourtant de mise dans les Rectorats concernés comme rue de Grenelle.

Les collectifs signataires de cette tribune dénoncent, sans réserve, ces attaques infondées. L’Ecole publique n’endoctrine personne. Au contraire, chaque jour, des centaines de milliers d’enseignant·es œuvrent pour que chaque élève, chaque enfant, chaque jeune puisse apprendre, progresser, grandir et former son jugement, loin du spectaculaire médiatique et des fake-news. Qu’ils et elles soient ici remercié·es et félicité·es, pour ce labeur quotidien, le plus souvent exercé dans l’ombre de ces coups médiatiques scandaleux et dangereux, faisant le lit de l’extrême-droitisation des discours sur l’Ecole. Ça suffit !

La profession enseignante, à plusieurs reprises endeuillée et meurtrie ces derniers mois, a droit à un peu de reconnaissance et de tranquillité. Que ses ennemis récurrents le lui accordent, est-ce trop demander ?

Au court terme des échéances électorales et des discours caricaturaux répond le temps long de l’éducation. Nous en appelons dès lors à ce que l’Ecole soit protégée de ces attaques. Nous
adressons notre plus entière solidarité aux collègues et collectifs nommément visés dans le dossier du Figaro Magazine. Sans faire fi de notre diversité, nous exprimons avec force et clarté notre attachement au service public d’éducation nationale. Puissions-nous collectivement trouver le courage nécessaire à la continuation de notre métier car nos élèves, nos enfants, en ont besoin et se tiennent fort heureusement loin du monde ténébreux dessiné par le Figaro Magazine.

Signataires :

  • Carnets rouges
  • Collectif Aggiornamento Histoire-Géo
  • Collectif Questions de classe(s) — N’Autre école
  • Collectif pour la défense du service public d’éducation 38
  • ICEM Pédagogie Freinet
  • GFEN
  • Institut bell hooks/Paulo Freire
  • Collectif Pédagogie Solidaire
  • Collectif Lettres vives
  • Collectif SVT Égalité
  • Collectif Enseignant·e·s Pour La Planète
  • Cahiers de pédagogies radicales
  • Fondation Copernic
  • L’APSES (association des professeurs de sciences économiques et sociales)
  • Cahiers d’histoire, revue d’histoire critique
  • GRDS (Groupe de recherche sur la démocratisation scolaire)
  • ATTAC
  • AFEF (association française des enseignants de français)
  • OCCE (office central de la coopération à l’école)
  • Comité thématique Education de Génération.s
  • CRAP-Cahiers pédagogiques

Mouvement ambition école – juin 2021

 
Pour un renouveau du service public d’Éducation : associations, mouvements pédagogiques, collectivités, syndicats, parents… Engagé.es et responsables ensemble !
 
 
La crise sanitaire met en exergue la capacité des différents acteurs de la communauté éducative à agir conjointement, au-delà des périmètres existants et des champs d’intervention habituels, pour répondre aux besoins sociaux, sanitaires, éducatifs et culturels des enfants et des jeunes. La communauté éducative dans son ensemble a assuré et assure la continuité du service public d’éducation, et attesté de ses capacités à réfléchir ensemble, dans un contexte difficile, à la meilleure collaboration éducative dans l’intérêt des enfants.
 
 
Dans un contexte où les phénomènes de repli sur soi et de rejet de l’altérité minent notre avenir commun et menacent la démocratie, dans un environnement où la frange la plus vulnérable des enfants et des adolescents est insuffisamment soutenue par un système éducatif qui ne parvient pas toujours à effacer les inégalités sociales et scolaires, les organisations signataires affirment qu’il n’y a pas de fatalité !
 
 
Au contraire, la période à venir doit être le fondement d’une nouvelle façon de concevoir l’action éducative sur notre territoire. C’est en unissant nos compétences, en renforçant des alliances éducatives respectueuses des identités de chacun, que nous pouvons construire un environnement éducatif global au plus près des territoires, unis dans la diversité et la complémentarité de nos métiers et savoirs d’expériences. Situant depuis toujours leurs projets au coeur des enjeux de cohésion sociale et territoriale, de démocratie et d’équité, les signataires agissent pour que l’École, mais plus largement l’ensemble des espaces éducatifs, soient ces terrains fertiles de confiance, de vie collective, de pouvoir d’agir et de penser favorisant, par des pratiques émancipatrices, la construction d’une identité citoyenne. Dans les territoires que l’existence de véritables projets éducatifs est un enjeu central car ils favorisent la cohérence entre les dispositifs existants en appui sur un pilotage au plus près des besoins des populations.
 
 
Nous affirmons vouloir agir pour une ambition éducative commune qui a pour centre l’enfant au-delà du seul champ de la scolarité. Car si l’Ecole est un lieu éminemment social de cohésion et de vivre-ensemble qui développe la collaboration et la solidarité, les activités de vacances et les loisirs collectifs participent eux aussi à l’éducation des enfants et des jeunes et à la lutte contre les inégalités. Ensemble, aux côtés des familles, ces différents espaces répondent à des enjeux éducatifs et sociaux communs en promouvant la mixité sociale, en agissant contre les ségrégations territoriales et résidentielles en imaginant des espaces de « faire-ensemble ».
 
 
Les défis sont nombreux !
 
  • Agir pour que l’École de la République renoue avec ses ambitions fondatrices : passer d’une École centrée sur la fabrique des « meilleurs » à une École qui permette à tous les enfants et à tous les jeunes de se préparer à faire les choix personnels, professionnels et citoyens qui jalonnent toute vie humaine.
  • Militer pour un système éducatif gratuit, laïque et inclusif qui lutte contre les inégalités et accueille tous les enfants quels que soient leurs besoins,
  • Promouvoir un véritable service public de l’éducation favorisant les coopérations contre les concurrences et faisant barrière à la marchandisation de l’éducation.
  • Agir pour que l’Ecole, mais plus largement l’ensemble des espaces éducatifs, permettent aux générations à venir d’être mieux armées pour relever les défis de notre temps : transition écologique, place du numérique, …
C’est dans ce but que, nous, acteurs du champ de l’éducation, lançons cet appel à mobilisation.
Il y a urgence à faire entendre notre voix et celles des citoyens en mobilisant le plus grand nombre pour soutenir l’émergence d’une véritable politique éducative qui prennent en compte les défis d’aujourd’hui. Il y a donc urgence à ce que l’Éducation revienne dans le débat public, à l’échelle de tous les territoires.
 
 
Rejoindre cet appel, c’est soutenir une conception de l’action éducative fondée sur le principe de la confiance en l’autre et dans les cadres collectifs. C’est cette confiance, posée comme principe de base, qui permet à chacun, jeune ou adulte, d’oser, d’entreprendre, d’expérimenter, de se risquer dans des situations nouvelles car c’est dans les pratiques du quotidien, dans des situations d’apprentissage ou de prise de responsabilité, que s’expérimente l’exercice collectif d’une citoyenneté active.
 
 

Rejoindre cet appel, c’est réaffirmer avec force deux convictions essentielles pour une pleine égalité de droits au service de la réussite de toute entreprise d’éducation : tous les êtres humains sont capables et éducables et l’École doit permettre aux enfants et aux jeunes d’exprimer et de développer toutes leurs potentialités humaines.

Rejoindre cet appel c’est prendre l’engagement de participer demain à la mise en oeuvre de débats citoyens, de forums locaux, au plus près des territoires pour ouvrir des espaces de dialogues, des espaces de concertations pour construire un renouveau du service public d’Education !
 
 
Alors, associations, mouvements pédagogiques, collectivités, syndicats, parents… Engagé.es et responsables ensemble !
 
 

Premiers signataires :
Association nationale des directeurs de l’éducation des villes (ANDEV)
Ceméa
Les Francas
La Ligue de l’enseignement
Observatoire des rythmes et des temps des enfants et des jeunes (ORTEJ)
Réseau français des villes éducatrices (RFVE)
Sgen-CFDT
SE-UNSA

FSU
Le GFEN est également signataire

Sauvons l’enseignement professionnel public sous statut scolaire

PÉTITION

L’enseignement professionnel sous statut scolaire est en péril. En 30 ans, les Lycées Professionnels et les Établissements Régionaux d’Enseignement Adaptés ont perdu 100.000 élèves. Dans le même temps, la formation professionnelle par apprentissage qui ne cesse d’être vantée comme l’eldorado et la voie royale, a vu ses effectifs augmenter de 36 % ! Mais les objectifs de ces deux systèmes de formation sont bien différents : l’enseignement professionnel sous statut scolaire instruit l’homme, le travailleur et le citoyen alors que l’apprentissage patronal privilégie l’employabilité et la rentabilité immédiates du travailleur en formation… avec l’argent du contribuable ! D’un côté le jeune est un élève en cours d’émancipation sociale et intellectuelle, de l’autre il est un salarié soumis aux ordres de son employeur.
L’enseignement professionnel sous statut scolaire est une fierté du système éducatif français. Ne le laissons pas mourir dans une indifférence quasi générale. Pour l’éducation de nos jeunes et l’avenir de notre pays.
Pour tous ceux qui sont attachés à une réelle éducation nationale pour nos enfants et adolescents. AGISSONS !
Signons massivement cet appel POUR SAUVER L’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL SOUS STATUT SCOLAIRE !
 
septembre 2021

Défendons l’école maternelle, toujours !

communiqué de presse, 25 mai 2021

Défendons l’école maternelle, toujours !

Après la publication de la note d’analyse du Conseil Supérieur des Programmes parue en décembre et suite à une tribune publiée dans Libération, notre collectif a demandé une audience au ministre de l’Éducation nationale le 11 février. Nous souhaitions, en tant que professionnels de l’éducation, être associés aux travaux de réflexion sur les programmes de l’école maternelle.

Après une relance le 19 mars, nous avons obtenu une réponse de non recevoir le 8 avril. Il nous a été stipulé qu’un groupe de travail, dont on ne connait pas les membres, réuni depuis janvier, proposait un texte « amodié » (sic) aux organisations représentatives siégeant au Conseil Supérieur de l’Éducation. Il nous a été recommandé de nous rapprocher des syndicats faisant partie du collectif pour en prendre connaissance et ainsi contribuer à la consultation.

Les organisations syndicales ont effectivement reçu, le même jour, un « projet de programme 2021 » et une convocation à une réunion le 14 avril. Depuis, une nouvelle version du texte ministériel a été envoyée le 5 mai aux syndicats et une commission spécialisée du Conseil supérieur de l’Éducation s’est tenue. Le 19 mai, nous avons reçu une dernière version qui prend en compte certaines modifications portées par les organisations membres de notre collectif qui siègent au CSE.

Néanmoins, le CSP n’a pas fait son travail pour évaluer le programme de 2015 avec celles et ceux qui le mettent en oeuvre, c’est à dire les enseignant·e·s en maternelle, et cette concertation n’a pas inclus les mouvements pédagogiques qui ont des analyses et des propositions à faire valoir.

Les aménagements de ce « programme 2021 » de la loi « pour une École de la confiance » ne modifient pas complètement les grandes orientations du programme 2015 mais en changent en partie l’esprit qui était celui de la loi « sur la refondation de l’École de la République ».

Les éléments de progressivité ajoutés, notamment concernant la langue et la phonologie, et une anticipation des attendus nous inquiètent. Ils se rapprochent fortement des contenus des évaluations de CP qui semblent alors piloter les attendus alors que celles ci, selon leurs concepteurs, identifient certaines habiletés remarquables qui ne peuvent être attendues de tous les enfants.

À la veille du vote de ce texte au Conseil supérieur de l’éducation le 27 mai, nous restons vigilants et continuons de défendre une école soucieuse du développement de l’enfant dans toutes ses dimensions et des progrès de chaque élève, dans le respect des différences si prégnantes chez les jeunes enfants mais aussi une école avec des objectifs communs ambitieux pour tous. Nous vous demandons à nouveau de prendre en compte toutes les modifications proposées lors de la séance plénière car celles ci se fondent sur nos savoirs d’expérience professionnelle et les savoirs des recherches.

Organisations signataires
AFEF
AFPEN
ANCP&AF
APMEP
CEMÉA
CRAP Cahiers pédagogiques
Collectif Éducation 94
FCPE
GFEN
ICEM Pédagogie Freinet
SE UNSA
SNUipp FSU

 

Défendons l’école maternelle !

Un collectif de mouvements pédagogiques – dont le GFEN, associations, parents, syndicats d’enseignants et de personnels territoriaux publie une tribune dans Libération du 9 février pour défendre l’école maternelle, suite à la note du CSP qui propose des aménagements des programmes de 2015.

Ce collectif avait organisé en 2018 le « Forum de l’École maternelle par celles et ceux qui la font vivre », en riposte aux assises ministérielles, montrant que les acteurs de terrain avaient des choses à dire et des pratiques à défendre pour transformer l’école maternelle tout en mettant  en œuvre les programmes de 2015.

La note du Conseil supérieur des programmes parue en décembre dernier a forcé le collectif à réactiver et élargir son réseau. Nous écrivions en 2019 que « malgré nos différences structurelles et avec nos points de vue respectifs qui peuvent parfois être en tension, nous sommes unis pour porter des valeurs et des convictions communes » ; c’est plus que jamais d’actualité, deux ans plus tard, de rester unis et déterminés.

La tribune collective que nous venons d’écrire est signée par une inter-syndicale large et une multitude d’associations dont  voici la liste (par ordre alphabétique) :

AFEF – AGEEM – ANCP&AF – CAPE – CEMEA – Collectif éducation 94 ; CRAP-Cahiers pédagogiques – DDEN – DEI-France – FCPE – GFEN – ICEM-Pédagogie Freinet – Ligue de l’enseignement

CGT-Éduc’action –  CNT-SO –  SE-UNSA – SGEN-CFDT – INTERCO-CFDT –SNUipp-FSU – SNUTER-FSU – Sud-Éducation

Tribune collective, Paris, le 2 février 2021

Défendons l’école maternelle !

Nous sommes enseignantes et enseignants de l’école maternelle, ATSEM, parents d’élèves, chercheur.e.s, militantes et militants de syndicats enseignants, d’associations complémentaires de l’école, de mouvements pédagogiques. Nous faisons vivre l’école maternelle… et pourtant notre expertise n’a pas été jugée digne d’intérêt par le conseil supérieur des programmes (CSP) qui, sur instruction du ministre, propose une réorientation profonde du programme de la maternelle
transformant ses missions jusqu’à les réduire à la seule préparation du CP et à ses tests d’entrée. Cette rupture avec l’équilibre trouvé en 2015 autour du triptyque « accueil, éducation, préparation à la scolarité future » dessine le portrait d’une maternelle où l’importation brutale de contenus inspirés d’une certaine vision de l’école élémentaire et recentrés sur les seuls « fondamentaux » ne peut que nuire au bien-être et aux apprentissages des jeunes enfants, en particulier des plus éloignés de la culture scolaire.

Le programme de 2015 avait été plébiscité et approprié par les équipes pédagogiques. Toutes se retrouvent dans le projet d’une école maternelle accueillante, bienveillante, exigeante où la place centrale du langage et le rôle du jeu comme l’une des entrées dans les apprentissages ont été réinstaurés. Une école, soucieuse du développement de l’enfant dans toutes ses dimensions : langagières, cognitives, sociales, affectives, physiques, artistiques… Une école attentive aux progrès et réussites de chaque élève, aux objectifs communs ambitieux, mais avec le respect des différences de rythmes et de développement si prégnantes chez les plus jeunes, sans mise en compétition, ni culte de la performance.

Cette école est caricaturée et accusée de ne pas préparer suffisamment aux évaluations standardisées d’entrée au CP. Il est vrai que ces tests fondés sur une conception appauvrie de la lecture et des mathématiques, réalisés en format papier-crayon et instaurant des normes arbitraires sans rapport avec le programme en vigueur sont éloignés de ses objectifs actuels et de la richesse des apprentissages menés dans tous les domaines. Une richesse qui a valu à la maternelle la confiance sans faille des familles, bien avant que l’instruction à trois ans soit rendue obligatoire, cette dernière servant
aujourd’hui de prétexte à la révision du programme, alors qu’elle a surtout permis une augmentation du financement public des écoles privées par les collectivités territoriales.

Absence de consultation, volonté de mainmise sur l’école, reprise sans condition du projet ministériel de resserrement de l’école sur les « fondamentaux » étriqués… témoignent que l’élève est perçu comme un perroquet docile. Le service public d’éducation, réduit dans ses missions, ne formerait plus à une citoyenneté éclairée.

Cette ré-orientation aboutirait à des propositions qui confinent à l’absurde : instruire les élèves
de trois ans à l’organisation grammaticale de la phrase ou à la phonologie (relation entre les lettres et les sons)… Comme si le langage pouvait se réduire à l’étude de la langue, avant même que d’être un moyen de communiquer et de penser le monde, comme si la priorité n’était pas de mettre en confiance tous les enfants pour qu’ils et elles osent s’exprimer et s’approprier les pratiques langagières de l’école.

De même, sous prétexte que la connaissance des nombres de 1 à 20 est difficile pour beaucoup d’élèves au CP, il faudrait obtenir des élèves de la Grande Section le comptage jusqu’à 100, de 10 en 10… Comme si rapprocher l’obstacle permettait de le franchir plus facilement ! Exercices systématiques de transformation de phrases, cahier de mots, carnet d’expériences scientifiques… comme si reproduire les formes scolaires de l’élémentaire permettait la réussite de toutes et tous, quand la recherche démontre que « faire trop vite, trop tôt » génère l’échec, en particulier des élèves issus des classes populaires !

La mesure systématique de compétences en fin d’école maternelle cantonnerait les enseignements à des séances répétées d’entraînement à des techniques puis à un « bachotage » pour préparer les tests en CP. Comment cette note du conseil supérieur des programmes qui évoque une évaluation standardisée des élèves non seulement en fin de Grande Section mais également dès trois ans peut-elle prétendre prendre en compte le bien-être du jeune enfant découvrant l’école ?

Les contenus proposés et la performance précoce induite font de la bienveillance une injonction paradoxale intenable pour les personnels enseignants.

De plus, l’idée d’apprendre ensemble disparaît et c’est au contraire un renforcement de l’individualisation qui se profile, renvoyant chaque enfant, chaque élève à lui-même, ses pré-requis et son adaptation anticipée à une forme scolaire empruntée à l’école élémentaire. Ainsi, par exemple, le jeu est vidé de sa composante sociale, et est sommé de se mettre au service exclusif d’apprentissages « sérieux ». Est-ce ainsi que peut se construire l’école du plaisir et du goût d’apprendre ensemble ?

Nous refusons fermement cette école qui soumet les plus jeunes enfants et leurs familles à la pression du résultat dès l’entrée en Petite Section.
Quitte à faire assumer au seul apprenant et à sa famille la responsabilité d’une inadaptation à une norme scolaire renforcée et uniformément imposée à toutes et tous, le plus tôt possible.

Nous refusons cette école de la perte de sens des savoirs, de la performance précoce à tout crin, qui tourne le dos à la spécificité de l’école maternelle française. C’est en étant soucieuse de faire grandir les enfants qu’elle accueille, en explorant à l’égal tous les champs d’apprentissage, en multipliant les découvertes, les expériences de l’échange, de l’esprit et du corps, en construisant un langage réflexif et des savoirs ambitieux, que l’école maternelle cultivera l’envie d’apprendre et contribuera à une émancipation future.

Nous refusons cette école où les équipes enseignantes ne seraient que des exécutantes sommées de « se conformer à des protocoles précis ». Enseigner est un métier de conception.

L’école maternelle que nous voulons porte une toute autre ambition. Elle suppose un investissement à la hauteur des besoins : des effectifs réduits dans toutes les classes, des locaux et du matériel adaptés pour favoriser accueil et apprentissages, la présence d’une ATSEM garantie à temps plein dans chaque classe, la reconstitution des Réseaux d’Aide Spécialisés aux Elèves en Difficulté (RASED) et leur intervention dans toutes les écoles, à des fins de prévention… Cela implique également une formation initiale et continue d’ampleur et de qualité. Seul le maintien du programme de 2015 permet aux équipes pédagogiques de poursuivre en continuité les enseignements au cours des trois années du cycle d’une école maternelle, en préservant son identité.

Nous portons ainsi l’ambition d’une école maternelle œuvrant à former des enfants désireux d’apprendre et de comprendre le monde. Former des citoyennes et citoyens éclairés et critiques, oui, cela commence à l’école maternelle !

 

Les organisations signataires :

AFEF – Association française pour l’enseignement du  français ; AGEEM – Association générale des enseignants des écoles et classes maternelles publiques – Association générale des enseignants des écoles et classes  maternelles publiques ; ANCP&AF – Association nationale des conseillers pédagogiques et autres formateurs ; CAPE – Collectif des associations complémentaires de l’école
publique ; CEMEA – Centres d’entrainement aux méthodes d’éducation active ; CGT-Éduc’action CNT-SO – Confédération nationale des travailleurs – solidarité ouvrière ; Collectif éducation 94 ; CRAP-Cahiers pédagogiques – Cercle de recherche et d’action pédagogiques ; DDEN – Fédération des délégués départementaux de l’Éducation nationale ; DEI-France – Défense des enfants international
– France ; FCPE – Fédération des conseils de parents d’élèves ; GFEN – Groupe français d’éducation nouvelle ; ICEM-Pédagogie Freinet – Institut coopératif de l’école moderne – Pédagogie Freinet ; SE-UNSA – Syndicat des enseignants – Union nationale des syndicats autonomes ; SGEN-CFDT
Syndicat général de l’éducation nationale – Confédération française démocratique du travail ; INTERCO-CFDT – Inter-collectivités territoriales – CFDT ; SNUipp-FSU – Syndicat national unitaire des instituteurs et professeurs des écoles et PEGC – Fédération syndicale unitaire ; SNUTER-FSU – Syndicat national unitaire Territoriaux – Sud-Éducation

La tribune en pdf

La tribune dans Libération du 9 février Lire

Une autre tribune de chercheur.e.s est parue dans le Monde du 8 février. Lire

Un site dédié recense la liste des quelques 80 signataires Lire

Maternelle : Monsieur le Ministre, ça suffit !

Une tribune signée de plusieurs personnalités, dont Christine Passerieux, réagit à l’enquête ministérielle sur l’évaluation des
comportements des élèves d’école maternelle. Le GFEN a toujours milité pour qu’on cherche la nature des difficultés des élèves plutôt que d’en chercher la cause.

En effet, c’est dans l’espace des « malentendus socio-cognitifs » (qui relèvent d’évidences qui ne sont pas les mêmes d’un milieu social à l’autre) que les différences sociales et culturelles se transforment en inégalités scolaires. Ainsi, on va parler d’« élèves-en-difficulté » – presque écrit en un seul mot ! On va « risquer de glisser vers une naturalisation des difficultés qui seraient inhérentes à l’élève », constitutives de sa nature,  « et qui n’interrogeraient pas les processus » et les pratiques « qui ont participé à constituer ces difficultés ».

Si on analyse finement la nature de ces difficultés au lieu d’essayer d’en trouver l’origine, on pourra intervenir dessus de façon pertinente dans des situations d’apprentissage les plus ajustées possible, sans en rejeter la responsabilité au jeune ou à sa famille. C’est d’autant plus vrai à l’école maternelle où l’enfant a tout à apprendre de l’école.

Voir Jacques Bernardin

Tribune de Christine Passerieux, Véronique Boiron, Maryse Rebière, Joël, Briand et Patrick Lamouroux

« Nous avons choisi de commencer le nouveau panel en maternelle car désormais l’instruction est obligatoire à 3 ans et on voit bien que par exemple les inégalités sociales sont déjà très fortes en termes scolaires en début de CP et c’est donc très important de suivre des parcours dès l’entrée en
maternelle » annonce la DEPP sur le site du ministère.

Se trouve confirmé, comme l’ont démontré les éternels « contestataires » que dénonce le ministère, que l’obligation scolaire dès trois ans n’avait rien à voir avec la volonté de réduire les écarts ! L’urgence n’est pas de changer quoi que ce soit à l’existant d’une école ségrégative mais bien de mettre en place des dispositifs de remédiation dans lesquels les « fondamentaux » (voir note du CSP) occupent une place centrale.

C’est un renforcement de l’individualisation qui consiste à remédier au cas par cas avant même que d’enseigner à tous.

Lire la suite de la tribune dans le Café pédagogique du 27.01.2021

Les organisations syndicales, les mouvements pédagogiques, les associations qui s’engagent sur le terrain pour faire vivre l’Ecole Maternelle ne savent pas lire !

 

Le communiqué de presse du Conseil supérieur des programmes (CSP) du 08.01.2021 écrit que la «Note d’analyse et de propositions du CSP sur le programme d’enseignement de l’école maternelle » du 08.12.2020  fait l’objet « d’allégations mensongères ». Il ne précise pas les coupables. Nous n’avons rien compris ! Nous ne serions pas capables de décrypter ce qui ressemble tout de même fort à une ré-orientation des finalités du programme de 2015 ! Il n’y a même pas à lire « entre les lignes », les choses sont dites explicitement.

Revenons sur les analyses des différentes organisations et des chercheur-e-s, que nous partageons bien évidemment au GFEN. Certaines détaillent particulièrement le vocabulaire employé par le CSP dans sa note pour en montrer les incohérences et les contradictions – et comme chacun sait, derrière les mots, il y a des concepts.
D’autres qui sont spécialistes de didactique ou de pédagogie, décrivent bien comment les programmes sont détricotés et vidés de leur substance. D’autres encore insistent sur le caractère indispensable de l’Ecole maternelle dans l’accès à la démocratisation de l’accès au savoir et à la culture et dans
l’émancipation individuelle et collective. Christine Passerieux, ancienne membre du groupe de travail sur le projet de programme en 2015, évoque dans son article la maternelle comme « une nécessité démocratique ». Marc Bablet, ancien inspecteur, s’émeut de cette casse programmée et nous exhorte à ne pas « les laisser abîmer l’école maternelle ». Les responsables, nous les désignons : le CSP ne fait que répondre aux sollicitations du ministre qui, petit à petit, change les objectifs de l’école maternelle, prétextant l’instruction obligatoire à trois ans.

En 2018, à la suite des Assises ministérielles en mars, le GFEN avait coordonné un collectif de syndicats, associations, mouvements représentant les professionnels de l’éducation et les parents et co-organisé en novembre la riposte avec le « Forum par celles et ceux qui font vivre l’Ecole maternelle» au quotidien. A l’époque, nous étions inquiets pour la scolarisation des moins de trois ans, le programme de 2015, les évaluations qui commençaient à se mettre en place au CP, le recentrage sur les
fondamentaux, le langage conçu comme lexique à enrichir et phonologie à aborder précocement, pour les formations, le travail inter-métiers et les relations Ecole/familles décrétés mais non construits, les rythmes de vie de l’enfant mis à mal avec l’arrêt des PEDT, etc.

Trois ans après, dans cette période si particulière de la pandémie et des contraintes sanitaires, où les inégalités socio-scolaires se sont aggravées, le GFEN est toujours aussi inquiet sur tous les sujets cités et surtout sur la pérennité du programme de 2015.

Il nous apparait important de dire et redire, s’il en est encore besoin, combien ce programme est équilibré et utilisable pour les équipes enseignantes… et combien il est utile de transformer cette école pour la défendre et la défendre pour la transformer.

L’école maternelle : un cycle unique, fondamental pour la réussite de tous

« L’école maternelle est une école bienveillante, plus encore que les étapes ultérieures du parcours scolaire. Sa mission principale est de donner envie aux enfants d’aller à l’école pour apprendre, affirmer et épanouir leur personnalité. Elle s’appuie sur un principe fondamental : tous les enfants sont capables d’apprendre et de progresser. »

Quatre principes : accueillir, accompagner les transitions, tenir compte du développement, évaluer les progrès. Equilibre entre tenir compte des besoins de l’enfant et créer le besoin d’apprendre ; organiser une entrée à l’école adaptée aux besoins des petits et tout petits ; avoir l’ambition que l’école élève chacune et chacun ; interroger les façons d’évaluer les élèves pour que l’exercice soit positif ; refuser toute forme de fatalisme biologique ou sociologique.

Deux buts pour devenir élève : comprendre la fonction de l’école et se construire comme personne singulière au sein d’un groupe. Individuation et socialisation. Expliquer aux familles et aux enfants
les enjeux de l’école, pour qu’ils identifient ce qu’on y fait, ce qu’on y enseigne, ce qu’on y apprend…

Quatre modalités d’apprentissage : il s’agit d’apprendre en jouant, en réfléchissant, en s’exerçant, en se remémorant et mémorisant. Tout est dit là. Il ne s’agit pas de ludifier les activités mais par le jeu, de permettre aux élèves d’imiter, imaginer, se sociabiliser… Il ne s’agit pas de manipuler, jouer, faire sans parler et penser, langage pris en charge par l’adulte qui donne à voir sa pensée aux jeunes enfants qui progressivement de la PS à la GS, vont le faire eux-mêmes.

Cinq domaines d’apprentissage : mobiliser le langage dans toutes ses dimensions ; agir, s’exprimer, comprendre à travers l’activité physique ; à travers les activités artistiques ; construire les premiers outils pour structurer  sa pensée ; explorer le monde. Présentés ainsi linéairement, ils ont un ordre mais ils ont tous la même importance pour la construction de la pensée de l’enfant, non pas pour que celui-ci répète des gammes de vocabulaire ou la comptine numérique par exemple, à travers des activités mécaniques et des protocoles étriqués mais pour s’approprier les savoirs pour comprendre le monde. D’ailleurs le mot « comprendre » a un taux de fréquence dans ce texte jamais atteint auparavant.

Si le monde est complexe à comprendre, enseigner à comprendre ce monde dès la maternelle est également complexe et pour nous au GFEN, qui jonglons sans cesse avec la recherche, la formation et l’enseignement, il faut pouvoir s’appuyer sur les trois univers de recherche  (non pas uniquement sur le premier que notre ministre affectionne) :

–          les neurosciences (comment marche un cerveau humain), le substrat biologique des comportements humains (à ne pas confondre avec la psychologie) ;

–         les sciences du comportement (psychologie cognitive, psychologie du
développement, psychologie sociale, sociologie…)

–         les sciences de l’intervention (les didactiques disciplinaires, la didactique professionnelle, les sciences de l’éducation, la pédagogie…)

Lire

Notre réponse à toutes ces attaques envers l’Ecole maternelle, ce sont nos rencontres nationales qui ont lieu depuis 13 ans le dernier samedi de janvier. Elles vont nous permettre, encore plus cette année que les précédentes, de creuser les questions vives, de recherches ou de métiers mais aussi  de déconstruire les intentions idéologiques du ministère et faire connaitre des pratiques qui ne valent que par les valeurs qui les portent.

Isabelle Lardon

Le 15.01.2021

Nous vous invitons à lire les prises de position ci-dessous.

Les textes qui font polémique

  • Communiqué de presse – La note du CSP sur l’école maternelle est une note d’analyse et de propositions et non un projet de programme

Le 08.01.2021 Lire

  •  Note d’analyse et de propositions du CSP sur le programme d’enseignement de l’école maternelle

Le 08.12.2020 Lire

Ripostes

GFEN
– 13èmes rencontres nationales  « Explorer et développer le pouvoir du langage dès l’école maternelle » À distance – Samedi 30 janvier 2021
– de 9h15 à 12h45 Lire

Réactions — textes syndicaux, articles de presse, tribunes de chercheurs ou de praticiens (ordre chronologique du plus récent au plus ancien)

SNUipp
— 19.01.2021

Maternelle attaquée : quelle riposte ?

Webinaire spécial maternelle avec Véronique Boiron et Joël Briand — revoir la vidéo Lire

 

OZP — 20.01.2021

Conférence de Viviane BOUYSSE

Rencontre OZP virtuelle sur les programmes de maternelle Lire

 

Café pédagogique — 13.01.2021

Interview de Jacques Bernardin sur les rencontres du GFEN mais aussi sur la note du CSP Lire

TOUTEDUC – La Lettre du 13.01.2021

Editorial. « Le Conseil supérieur des programmes a publié le 9 décembre, ses propositions… » Lire

CEMEA — 11.01.2021

L’école maternelle, les fondamentaux et le fondamental Lire

Blogs Mediapart
– Sébastien Rome – directeur d’école – 11.01.2021 – ½

Vers une réforme de la maternelle ? La note boiteuse du CSP Lire

Café pédagogique — 11.01.2021

Maternelle : Le CSP fait-il marche arrière ? Lire

TOUTEDUC — 08.01.2021

Maternelle : la note du Conseil supérieur des programmes a été mal comprise, déformée par des « allégations mensongères » (CSP) Lire

L’Humanité – 08.01.2021

Tribune de Christine PASSERIEUX – Éducation nationale. La maternelle, une nécessité démocratique Lire

SGEN-CFDT — 07.01.2021

École maternelle : veut-on en faire une « classe prépa » du CP ? Lire

Libération – 18.12.2020

Tribune de Sylvie PLANE – Pourquoi tant de haine contre l’école maternelle ? Lire

Café pédagogique – 17.12.2020

Patrick LAMOUROUX – Maternelle : nouvelle casse Lire

Café pédagogique – 16.12.2020

Gilles BROUGERE – Le jeu et l’école maternelle française, une incompréhension récurrente Lire

CRAP-Cahiers pédagogiques et Slate – 16.12.2020

Maëliss ROUSSEAU – La start-up nation commence désormais en maternelle

Lire sur le site des cahiers-pedagogiques

Lire sur Slate

SE-UNSA — 15.12.2020

Maternelle : une étape supplémentaire vers la fin des programmes de 2015 ? Lire

Café pédagogique – 15.12.2020

Ghislain LEROY – Pour une école maternelle de la résistance Lire

SNUipp-FSU — 14.12.2020

L’école maternelle menacée Lire

Café pédagogique – 14.12.2020

Joël BRIAND – Maternelle : Quand on veut tuer son chien…. Lire

Blogs Mediapart – 12.12.2020

Marc BABLET – Ne les laissons pas abîmer l’école maternelle Lire

Café pédagogique – 11.12.2020

  • Mireille BRIGAUDIOT – « On va vers des échecs considérables »Lire
  • Sylvie Plane : Le CSP tente de réorienter l’école maternelle Lire

Café pédagogique – 10.12.2020

  • Pascale GARNIER – La fin du programme de 2015 en maternelle ? Lire
  • Une note du CSP annonce un nouveau programme de maternelle Lire